L'évaluation de la force musculaire constitue une composante essentielle de l'examen de l'épaule (Roy et al, 2009, Schrama et al, 2014, Ashworth et al, 2018, Królikowska et al, 2022). L'évaluation, le traitement et l'amélioration des performances d'un athlète peuvent être considérablement facilités par des procédures de tests isocinétiques, dont l'utilisation dans le sport et la rééducation est justifiée scientifiquement et cliniquement. Comme les tests isocinétiques fournissent des données objectives faciles à interpréter, ils sont communément reconnus comme le gold standard des tests de force. Cependant, en raison de leur coût élevé, ces méthodes ne sont pas accessibles à de nombreux cliniciens (Królikowska et al, 2022).
Au vu de son faible prix, de sa taille pratique et de sa facilité d'utilisation, la dynamométrie à main a été considérée comme une alternative statique dans les mesures de force (Cools et al, 2014, Ashworth et al, 2018, Chamorro et al, 2021, Królikowska et al, 2022). Cependant, la fiabilité de cette technique reste discutable en raison d'un manque de consensus concernant les protocoles de test, des nombreuses sources potentielles d'erreur dans les mesures comme les stratégies d'échauffement ou positions de départ pour le testeur et la personne examinée, la position de l'épaule examinée, la stabilisation du membre testé et la stabilisation du dispositif de mesure (Schrama et al, 2014, Cools et al, 2014, Ashworth et al, 2018, Chamorro et al, 2021, Królikowska et al, 2022).
L’Athletic Shoulder Test ou AST a été développé par Ashworth et al. en 2018 comme une nouvelle série de tests isométriques du haut du corps à long bras de levier réalisés avec l'utilisation de plateformes de force. L'utilisation de plateformes de force pour mesurer la force isométrique a été présentée comme une alternative potentielle aux dynamomètres à main. Comme la personne examinée applique une force à un dispositif fixe, la force du testeur comme source potentielle d'erreur de mesure est éliminée (Ashworth et al, 2018, Królikowska et al, 2022).
L’AST se compose de 3 variantes positionnelles : les tests I,Y et T faisant référence à la position du corps et du bras. Tous les tests sont effectués avec le patient en décubitus ventral sur le sol, le front reposant sur un mousse ou un essui de 4cm pour normaliser la position du cou. Le coude du bras à travailler est en extension complète tandis que le talon de la main est placé sur une plateforme de force. Dans le test en I, l'épaule est placée en abduction complète dans le prolongement de l'axe du corps, l'avant-bras en pronation. Dans le test en Y, le bras est placé à 135° d’abduction d’épaule et dans le test en T, le bras est à 90° d’abduction (Ashworth et al, 2018, Królikowska et al, 2022).
Le bras controlatéral est placé derrière le dos de manière à ce que le coude ne puisse pas se fixer au sol et fournir une stabilité anti-rotation du tronc. Le patient doit aussi maintenir sa scapula en position naturelle par rapport au bras levé en évitant un mouvement en rotation/élévation excessive de la scapula vers le haut ou une inclinaison antérieure (Ashworth et al, 2018, Królikowska et al, 2022).
La position du sujet est vérifiée avant chaque essai pour éliminer les compensations visibles.
Avant d’effectuer le test, les patients vont réaliser un échauffement standardisé consistant en deux efforts sub-maximaux de 80%-90% dans chacune des positions du test.
Pour réaliser le test, le patient doit pousser le plus vite et le plus fort possible sur la plateforme pour générer une force maximale et la maintenir pendant 3 secondes. La procédure consiste en trois essais dans chacune des trois positions différentes sur le même membre, avec un temps de repos de 20s entre les répétitions. La même procédure est ensuite appliquée avec le membre controlatéral pour comparer (Ashworth et al, 2018, Królikowska et al, 2022).Les tests sont arrêtés s'il y a un contre-mouvement avec la main qui se lève avant d’appliquer une pression sur la plateforme, si des stratégies compensatoires visibles sont utilisées, telles que l'utilisation excessive du membre inférieur pour augmenter la stabilité, l'inclinaison antérieure de la scapula, la flexion du coude ou si le sujet n'a pas effectué le testcorrectement (Ashworth et al, 2018, Królikowska et al, 2022).
L’AST a démontré une excellente fiabilité pour chaque position de test, ce qui confirme son utilisation en tant qu'outil fiable pour quantifier la capacité à produire et à transférer la force à travers la ceinture scapulaire même si sa sensibilité reste à déterminer. On notera également que le test en I avec le côté non-dominant est le seul à avoir un coefficient de variation >10%, le rendant le moins fiable des tests (Ashworth et al, 2018).
L’AST pourrait être utilisé pour évaluer les performances en cas de blessure à l'épaule et pour suivre les progrès pendant la rééducation avec un MDC de 13,3 à 25,9N selon la position et le membre concerné (Ashworth et al, 2018, Królikowska et al, 2022).
Afin de rendre l’AST plus facilement applicable, Tooth et son équipe ont développé une version modifiée ou M-AST avec l’utilisation d’un dynamomètre à main lors de ce protocole. Une forte concordance a été constatée entre les valeurs du test AST et du M-AST dans toutes les positions (ICC = 0,86-0,97 ; p > 0,05) (Tooth et al, 2022).
D’après les auteurs, Le M-AST semblerait être une alternative fiable, moins chère et plus facile à mettre en œuvre que l'AST pour mesurer l'état de récupération après les matchs ou les séances d'entraînement chez les athlètes (Tooth et al, 2022).
Enfin, une autre possibilité a été avancée par Królikowska et ses collaborateurs en 2022 pour rendre ce test le plus facile et attractif possible pour les cliniciens. Ils ont utilisé un appareil de mesure de force isométrique nommé Activ5 qui peut se connecté au téléphone ou à une tablette par bluetooth. La concordance avec les mesures obtenues avec une plateforme de force sont bonnes pour le test en I et en T mais moins pour le test en Y (Królikowska et al, 2022).
Ashworth, Ben, Patrick Hogben, Navraj Singh, Laura Tulloch, et Daniel D. Cohen. « The Athletic Shoulder (ASH) Test: Reliability of a Novel Upper Body Isometric Strength Test in Elite Rugby Players ». BMJ Open Sport & Exercise Medicine 4, no 1 (1 juillet 2018): e000365.
Chamorro, Claudio, Miguel Arancibia, Benjamín Trigo, Leónidas Arias-Poblete, et Daniel Jerez-Mayorga. « Absolute Reliability and Concurrent Validity of Hand-Held Dynamometry in Shoulder Rotator Strength Assessment: Systematic Review and Meta-Analysis ». International Journal of Environmental Research and Public Health 18, no 17 (3 septembre 2021): 9293.
Cools, Ann M.; De Wilde, Lieven; Van Tongel, Alexander; Ceyssens, Charlotte; Ryckewaert, Robin; Cambier, Dirk C. (2014). Measuring shoulder external and internal rotation strength and range of motion: comprehensive intra-rater and inter-rater reliability study of several testing protocols. Journal of Shoulder and Elbow Surgery, 23(10), 1454–1461.
Królikowska, Aleksandra, Anna Mika, Bartosz Plaskota, Maciej Daszkiewicz, Monika Kentel, Anna Kołcz, Maciej Kentel, et al. « Reliability and Validity of the Athletic Shoulder (ASH) Test Performed Using Portable Isometric-Based Strength Training Device ». Biology 11, no 4 (11 avril 2022): 577.
Roy Jean-Sébastien ; Joy C. MacDermid; Brock Orton; Thomas Tran; Kenneth J. Faber; Darren Drosdowech; George S. Athwal (2009). The Concurrent Validity of a Hand-held versus a Stationary Dynamometer in Testing Isometric Shoulder Strength. , 22(4), 320–327.
Schrama, Patrick P.M.; Stenneberg, Martijn S.; Lucas, Cees; van Trijffel, Emiel (2014). Intraexaminer Reliability of Hand-Held Dynamometry in the Upper Extremity: A Systematic Review. Archives of Physical Medicine and Rehabilitation, 95(12), 2444–2469.
Tooth, Camille, Bénédicte Forthomme, Jean-Louis Croisier, Amandine Gofflot, Stephen Bornheim, et Cédric Schwartz. « The Modified-Athletic Shoulder Test: Reliability and Validity of a New on-Field Assessment Tool ». Physical Therapy in Sport: Official Journal of the Association of Chartered Physiotherapists in Sports Medicine 58 (novembre 2022): 8‑15.
L'évaluation de la force musculaire constitue une composante essentielle de l'examen de l'épaule (Roy et al, 2009, Schrama et al, 2014, Ashworth et al, 2018, Królikowska et al, 2022). L'évaluation, le traitement et l'amélioration des performances d'un athlète peuvent être considérablement facilités par des procédures de tests isocinétiques, dont l'utilisation dans le sport et la rééducation est justifiée scientifiquement et cliniquement. Comme les tests isocinétiques fournissent des données objectives faciles à interpréter, ils sont communément reconnus comme le gold standard des tests de force. Cependant, en raison de leur coût élevé, ces méthodes ne sont pas accessibles à de nombreux cliniciens (Królikowska et al, 2022).
Au vu de son faible prix, de sa taille pratique et de sa facilité d'utilisation, la dynamométrie à main a été considérée comme une alternative statique dans les mesures de force (Cools et al, 2014, Ashworth et al, 2018, Chamorro et al, 2021, Królikowska et al, 2022). Cependant, la fiabilité de cette technique reste discutable en raison d'un manque de consensus concernant les protocoles de test, des nombreuses sources potentielles d'erreur dans les mesures comme les stratégies d'échauffement ou positions de départ pour le testeur et la personne examinée, la position de l'épaule examinée, la stabilisation du membre testé et la stabilisation du dispositif de mesure (Schrama et al, 2014, Cools et al, 2014, Ashworth et al, 2018, Chamorro et al, 2021, Królikowska et al, 2022).
L’Athletic Shoulder Test ou AST a été développé par Ashworth et al. en 2018 comme une nouvelle série de tests isométriques du haut du corps à long bras de levier réalisés avec l'utilisation de plateformes de force. L'utilisation de plateformes de force pour mesurer la force isométrique a été présentée comme une alternative potentielle aux dynamomètres à main. Comme la personne examinée applique une force à un dispositif fixe, la force du testeur comme source potentielle d'erreur de mesure est éliminée (Ashworth et al, 2018, Królikowska et al, 2022).
L’AST se compose de 3 variantes positionnelles : les tests I,Y et T faisant référence à la position du corps et du bras. Tous les tests sont effectués avec le patient en décubitus ventral sur le sol, le front reposant sur un mousse ou un essui de 4cm pour normaliser la position du cou. Le coude du bras à travailler est en extension complète tandis que le talon de la main est placé sur une plateforme de force. Dans le test en I, l'épaule est placée en abduction complète dans le prolongement de l'axe du corps, l'avant-bras en pronation. Dans le test en Y, le bras est placé à 135° d’abduction d’épaule et dans le test en T, le bras est à 90° d’abduction (Ashworth et al, 2018, Królikowska et al, 2022).
Le bras controlatéral est placé derrière le dos de manière à ce que le coude ne puisse pas se fixer au sol et fournir une stabilité anti-rotation du tronc. Le patient doit aussi maintenir sa scapula en position naturelle par rapport au bras levé en évitant un mouvement en rotation/élévation excessive de la scapula vers le haut ou une inclinaison antérieure (Ashworth et al, 2018, Królikowska et al, 2022).
La position du sujet est vérifiée avant chaque essai pour éliminer les compensations visibles.
Avant d’effectuer le test, les patients vont réaliser un échauffement standardisé consistant en deux efforts sub-maximaux de 80%-90% dans chacune des positions du test.
Pour réaliser le test, le patient doit pousser le plus vite et le plus fort possible sur la plateforme pour générer une force maximale et la maintenir pendant 3 secondes. La procédure consiste en trois essais dans chacune des trois positions différentes sur le même membre, avec un temps de repos de 20s entre les répétitions. La même procédure est ensuite appliquée avec le membre controlatéral pour comparer (Ashworth et al, 2018, Królikowska et al, 2022).Les tests sont arrêtés s'il y a un contre-mouvement avec la main qui se lève avant d’appliquer une pression sur la plateforme, si des stratégies compensatoires visibles sont utilisées, telles que l'utilisation excessive du membre inférieur pour augmenter la stabilité, l'inclinaison antérieure de la scapula, la flexion du coude ou si le sujet n'a pas effectué le testcorrectement (Ashworth et al, 2018, Królikowska et al, 2022).
L’AST a démontré une excellente fiabilité pour chaque position de test, ce qui confirme son utilisation en tant qu'outil fiable pour quantifier la capacité à produire et à transférer la force à travers la ceinture scapulaire même si sa sensibilité reste à déterminer. On notera également que le test en I avec le côté non-dominant est le seul à avoir un coefficient de variation >10%, le rendant le moins fiable des tests (Ashworth et al, 2018).
L’AST pourrait être utilisé pour évaluer les performances en cas de blessure à l'épaule et pour suivre les progrès pendant la rééducation avec un MDC de 13,3 à 25,9N selon la position et le membre concerné (Ashworth et al, 2018, Królikowska et al, 2022).
Afin de rendre l’AST plus facilement applicable, Tooth et son équipe ont développé une version modifiée ou M-AST avec l’utilisation d’un dynamomètre à main lors de ce protocole. Une forte concordance a été constatée entre les valeurs du test AST et du M-AST dans toutes les positions (ICC = 0,86-0,97 ; p > 0,05) (Tooth et al, 2022).
D’après les auteurs, Le M-AST semblerait être une alternative fiable, moins chère et plus facile à mettre en œuvre que l'AST pour mesurer l'état de récupération après les matchs ou les séances d'entraînement chez les athlètes (Tooth et al, 2022).
Enfin, une autre possibilité a été avancée par Królikowska et ses collaborateurs en 2022 pour rendre ce test le plus facile et attractif possible pour les cliniciens. Ils ont utilisé un appareil de mesure de force isométrique nommé Activ5 qui peut se connecté au téléphone ou à une tablette par bluetooth. La concordance avec les mesures obtenues avec une plateforme de force sont bonnes pour le test en I et en T mais moins pour le test en Y (Królikowska et al, 2022).
Ashworth, Ben, Patrick Hogben, Navraj Singh, Laura Tulloch, et Daniel D. Cohen. « The Athletic Shoulder (ASH) Test: Reliability of a Novel Upper Body Isometric Strength Test in Elite Rugby Players ». BMJ Open Sport & Exercise Medicine 4, no 1 (1 juillet 2018): e000365.
Chamorro, Claudio, Miguel Arancibia, Benjamín Trigo, Leónidas Arias-Poblete, et Daniel Jerez-Mayorga. « Absolute Reliability and Concurrent Validity of Hand-Held Dynamometry in Shoulder Rotator Strength Assessment: Systematic Review and Meta-Analysis ». International Journal of Environmental Research and Public Health 18, no 17 (3 septembre 2021): 9293.
Cools, Ann M.; De Wilde, Lieven; Van Tongel, Alexander; Ceyssens, Charlotte; Ryckewaert, Robin; Cambier, Dirk C. (2014). Measuring shoulder external and internal rotation strength and range of motion: comprehensive intra-rater and inter-rater reliability study of several testing protocols. Journal of Shoulder and Elbow Surgery, 23(10), 1454–1461.
Królikowska, Aleksandra, Anna Mika, Bartosz Plaskota, Maciej Daszkiewicz, Monika Kentel, Anna Kołcz, Maciej Kentel, et al. « Reliability and Validity of the Athletic Shoulder (ASH) Test Performed Using Portable Isometric-Based Strength Training Device ». Biology 11, no 4 (11 avril 2022): 577.
Roy Jean-Sébastien ; Joy C. MacDermid; Brock Orton; Thomas Tran; Kenneth J. Faber; Darren Drosdowech; George S. Athwal (2009). The Concurrent Validity of a Hand-held versus a Stationary Dynamometer in Testing Isometric Shoulder Strength. , 22(4), 320–327.
Schrama, Patrick P.M.; Stenneberg, Martijn S.; Lucas, Cees; van Trijffel, Emiel (2014). Intraexaminer Reliability of Hand-Held Dynamometry in the Upper Extremity: A Systematic Review. Archives of Physical Medicine and Rehabilitation, 95(12), 2444–2469.
Tooth, Camille, Bénédicte Forthomme, Jean-Louis Croisier, Amandine Gofflot, Stephen Bornheim, et Cédric Schwartz. « The Modified-Athletic Shoulder Test: Reliability and Validity of a New on-Field Assessment Tool ». Physical Therapy in Sport: Official Journal of the Association of Chartered Physiotherapists in Sports Medicine 58 (novembre 2022): 8‑15.