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La tendinopathie de la coiffe des rotateurs - Traitement & prise en charge

EBP Module
Updated
7/30/2024
Fullphysio
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3 - Traitement - Prise en charge

‍Vous pouvez tĂ©lĂ©charger ici une fiche pratique vous permettant de prescrire des exercices Ă  votre patient.

a - Pronostic général des tendinopathies

La tendinopathie de la coiffe des rotateurs est réfractaire aux traitements, et les preuves actuelles ne permettent pas d'identifier les interventions conservatrices et chirurgicales optimales pour la tendinopathie de la coiffe des rotateurs. En effet, environ 60% des patients ont répondu de maniÚre satisfaisante aux traitements conservateurs avec plus de la moitié présentant une récidive des symptÎmes et des douleurs persistantes à long terme (Brox et al., 1999 ; Holmgren et al., 2012 ; Ludewig et Borstad, 2003; Winters et al., 1999 ).

Bien que gĂ©nĂ©ralement le pronostic des pathologies d’épaules soit gĂ©nĂ©ralement bon, certaines plaintes Ă  l'Ă©paule peuvent avoir une issue dĂ©favorable.
En effet des études ont indiqué que seulement environ 50 % de tous les nouveaux épisodes de plaintes à l'épaule se présentant dans la pratique médicale montrant une guérison complÚte dans les 6 mois. (Van der Windt et al. 1996 ; Croft et al. 1996). AprÚs 1 an, cette proportion passe à 60 % (Van der Windt et al. 1996).

Des preuves montrent que l'invalidité causée par la tendinopathie RC a un impact significatif sur la vie quotidienne et peut entraßner un fardeau social en raison de l'absentéisme et des coûts des ressources de santé (Linaker et al. 2015).

La moitié des personnes touchées souffrent de ces problÚmes pendant plus de 12 mois en continu et finissent souvent par subir une intervention chirurgicale (Bartolozzi et al. 1994).

b - Consensus gĂ©nĂ©ral‍

Concernant les traitements, il faut savoir qu’à l’heure actuelle il n’y aucun consensus.

Les recommandations de l'HAS :

En 2023, l'HAS a proposé cet algorithme décisionnel pour nous guider lors de la prise en charge d'un patent souffrant d'une tendinopathie de la coiffe des rotateurs.

On retrouve également ce tableau qui vient résumer les derniÚres recommandations de l'HAS concernant la prise en charge des tendinopathies de la coiffe des rotateurs :

c - Traitements médicamenteux

1 - Infiltrations/PRP

1.1 Infiltrations

‍Maintenant par rapport aux infiltrations, Meng-Ting et al. ont rĂ©alisĂ© en 2019 une mĂ©ta-analyse chez des sujets ayant une tendinopathie de la coiffe des rotateurs.
Ils ont pu constater que les infiltrations de corticostĂ©roĂŻdes sont relativement efficaces Ă  court terme (3 Ă  6 semaines) mais pas Ă  long terme en ce qui concerne la rĂ©duction de la douleur et l’amĂ©lioration de la fonction.
Sur le long terme, ils ont remarquĂ© que les patients souffrant d’une tendinopathie pouvaient subir une rĂ©gression et le risque de rĂ©cidive Ă©tait plus important Ă  1 an.

1.2 Acide hyaluronique

Concernant les injections d'acide hyaluronique, l'HAS (2023) indiquent qu'elles n’ont pas dĂ©montrĂ© leur efficacitĂ© dans le syndrome douloureux sub-acromial.

1.3 PRP

En 2020, les mĂȘmes auteurs ont publiĂ© une mĂ©ta-analyse indiquant que l'injection de PRP peut ĂȘtre plus efficace qu’une injection fictive, pas d'injection ou la kinĂ©sithĂ©rapie seule pour rĂ©duire la douleur Ă  long terme (plus de 24 semaines) chez les patients souffrant de tendinopathie de la coiffe des rotateurs (Meng-Ting et al. 2020). L'injection de PRP n'a pas apportĂ© de bĂ©nĂ©fice significatif en termes d'amĂ©lioration fonctionnelle. De plus, l'analyse des sous-groupes comprenant le PRP et la physiothĂ©rapie n'a montrĂ© aucune diffĂ©rence significative entre les groupes en ce qui concerne la rĂ©duction de la douleur et le rĂ©sultat fonctionnel dans cette Ă©tude. D'autres recherches sont nĂ©cessaires pour dĂ©terminer si l'injection de PRP peut apporter un avantage par rapport Ă  la kinĂ©sithĂ©rapie (Meng-Ting et al. 2020).

Comme pour l'acide hyaluronique, l'HAS (2023) indiquent que les injections de PRP n’ont pas dĂ©montrĂ© leur efficacitĂ© dans le syndrome douloureux sub-acromial.

d - Chirurgies

‍Dans cette Ă©tude (Challoumas et al. de 2019), ils ont comparĂ© Ă  moyen terme (12 mois) et Ă  long terme (> 12 mois) des patients ayant eu une tendinopathie.
‍
Ils les ont répartis en 4 groupes :

  • ceux qui ont subi une chirurgie,
  • ceux qui ont subi une fausse chirurgie,
  • ceux qui ont rĂ©alisĂ© uniquement des exercices,
  • ceux n’ayant reçu aucun traitement.

Les rĂ©sultats montrent que les effets sont identiques chez les patients ayant subi une chirurgie et les patients ayant subi une fausse chirurgie concernant la douleur, la fonction, l’amplitude des mouvements et ce, Ă  moyen et long terme.
Le fait de rentrer dans l’épaule et de dire "je vous ai opĂ©rĂ©â€ donne d’aussi bons rĂ©sultats qu’une vraie chirurgie. Par ailleurs, la chirurgie est aussi efficace que les exercices en kinĂ©sithĂ©rapie, que ce soit Ă  moyen ou long terme, Ă  nouveau pour la fonction, la mobilitĂ©, la douleur, la force et la qualitĂ© de vie.

Il n’est pas pertinent de conseiller dans un premier temps la chirurgie Ă  nos patients . L’étude de Challoumas et al. de 2019 recommande donc aux professionnels qui traitent les tendinopathies, d’encourager les patients Ă  se conformer au traitement basĂ© sur des exercices pendant au moins 12 mois avant d’envisager une Ă©ventuelle chirurgie.

e - Traitement conservateur en Kinésithérapie

1 - Stratégie de traitement

Les objectifs du traitement et les interventions thérapeutiques dépendent principalement de l'irritabilité tissulaire (McClure et al. 2015).

Le concept d'"irritabilité" tissulaire est censé refléter la capacité du tissu à gérer le stress physique et est théoriquement lié à son état physique et au degré d'activité inflammatoire présent.
Trois phases d'irritabilité, développées par consensus (Kelley et al. 2013), sont définies dans la prochaine diapositive en utilisant les niveaux de douleur, la relation entre la douleur et le mouvement, et l'auto-évaluation de l'incapacité.

Ces phases d'irritabilitĂ© sont censĂ©es ĂȘtre mutuellement exclusives et constituent donc le principal moyen de classification Ă  ce niveau. L'intensitĂ© physique de l'intervention peut alors correspondre directement au stade d'irritabilitĂ©.

La stadification de l'irritabilitĂ© tissulaire est utile pour guider la rĂ©Ă©ducation qui vise Ă  placer le stress physique appropriĂ© sur le tissu Ă  chaque Ă©tape. Les patients prĂ©sentant une irritabilitĂ© Ă©levĂ©e ne sont pas prĂȘts Ă  subir un stress physique important sur les tissus affectĂ©s.

Par consĂ©quent, lorsque le patient est en phase d’irritabilitĂ© Ă©levĂ©e, le contrĂŽle de la douleur et le soulagement des symptĂŽmes, le contrĂŽle (diminution) de la charge tendineuse (modification de l’activitĂ©) et la gestion des facteurs de risque sont les principaux objectifs.

L'éducation du patient à ce stade met l'accent sur la maniÚre d'éviter un stress nuisible aux tissus affectés tout en maintenant un stress approprié aux tissus non affectés.

Si le patient présente une tendinopathie avec une faible irritabilité, la gestion de la charge tendineuse (en augmentation), la restauration de la fonction et le retour du patient à son niveau sportif pré-blessure sont les objectifs.

Bien que le meilleur traitement pour la tendinopathie de la coiffe des rotateurs ne soit pas clairement établi, les exercices progressifs ont prouvé leur efficacité. Des études ont montré que les exercices, qu'ils soient supervisés ou pratiqués à domicile, sont plus bénéfiques qu'un placebo ou l'absence de traitement (Littlewood et al. 2015 ; 2016). 

En 2023, Oscar Vila-Dieguez a confirmé l'efficacité des exercices pour cette pathologie. Il a en effet démontré que les exercices étaient le traitement qui fonctionnaient le mieux pour les tendinopathies de la coiffe des rotateurs.

Par ailleurs, Cooper et al. (2023) ont dĂ©montrĂ© qu'une douleur expĂ©rimentale Ă  l'Ă©paule rĂ©duit l'activitĂ© musculaire chez les sujets sains, un phĂ©nomĂšne observĂ© de façon plus marquĂ©e chez les patients souffrant. Les exercices trouvent lĂ  encore tout leur intĂ©rĂȘt dans la rĂ©Ă©ducation.

Powell et al. (2023) ont identifié plusieurs facteurs expliquant l'efficacité des exercices, notamment l'amélioration de la force, les changements psycho-émotionnels, et la conviction des bienfaits de l'exercice. Toutefois, ces bénéfices dépendent d'une relation thérapeutique solide, d'un programme d'exercices adapté, et de progrÚs cliniques notables.

En 2024, Moffatt et son équipe ont réalisé une étude visant à étudier la pratique actuelle de la kinésithérapie au Royaume-Uni en ce qui concerne la prise en charge des troubles de la coiffe des rotateurs de l'épaule

Les auteurs ont conclu que l’éducation et les exercices restent les outils les plus pertinents Ă  proposer dans le cadre des problĂšmes en lien avec la coiffe des rotateurs.
La thĂ©rapie manuelle, l’électrothĂ©rapie et l’acupuncture restent des thĂ©rapies en manque de preuves dans ce genre d’atteintes. 

En 2023, Vila-Dieguez et son Ă©quipe ont proposĂ© un modĂšle d’explication pour l'exercice de rĂ©sistance chez les patients atteints de tendinopathie de la coiffe des rotateurs (RC). Le modĂšle contient quatre domaines par lesquels l'exercice est thĂ©orisĂ© pour amĂ©liorer les rĂ©sultats cliniques : la structure du tendon, les facteurs neuromusculaires, les facteurs psychosociaux, et le traitement de la douleur et du sensorimoteur. Ce cadre fournit aux cliniciens un modĂšle de quatre constructions uniques Ă  considĂ©rer sur la maniĂšre dont l'exercice peut amĂ©liorer la douleur et l'invaliditĂ©. 

L'exercice résisté peut normaliser ces facteurs, mais des preuves limitées existent pour expliquer la relation des quatre domaines proposés avec la trajectoire de la récupération et la définition des déficits persistants limitant les résultats. 

La présence de chaque construction de ces modÚles peut varier d'un patient à l'autre et dans le temps. Identifier les déficits de base et le changement des déficits au cours de l'intervention d'exercice peut aider à affiner et à fournir un exercice spécifique au patient qui peut optimiser les résultats du patient ou utiliser une approche étagée et adaptée pour référer à des soins alternatifs.

Les patients qui ne répondent pas à l'exercice de résistance seraient orientés vers des soins alternatifs, et des soins qui correspondent aux déficits résiduels associés à des résultats limités. 

Les auteurs encouragent les chercheurs Ă  utiliser ces modĂšles dans de futures Ă©tudes sur l'exercice. Ils spĂ©culent que cela permettra le dĂ©veloppement de sous-groupes de traitement homogĂšnes pour les patients avec tendinopathie de la CR. Tout cela encore une fois pour ĂȘtre encore plus spĂ©cifique Ă  son patient.

Ce cadre peut ĂȘtre applicable Ă  d'autres tendinopathies.

Bouger c’est bien, mais selon quelles modalitĂ©s ? Quels types d’exercices ? PlutĂŽt en chaĂźne ouverte ? En chaĂźne fermĂ©e ? Excentrique? IsomĂ©trique ? Avec quelle charge? Combien de rĂ©pĂ©titions ?

‍2 - Exercices de chaĂźne cinĂ©matique ouverte et fermĂ©e

‍Lorsqu’on prescrit des exercices dans le cadre de la rĂ©Ă©ducation ou pour l’amĂ©lioration des performances, le thĂ©rapeute a le choix entre les exercices en chaĂźne cinĂ©tique dite fermĂ©e (CCF) et ouverte (CCO).  De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, les exercices en CCF sont trĂšs souvent utilisĂ©s dans la rĂ©Ă©ducation du membre infĂ©rieur, comme par exemple suite Ă  une ligamentoplastie du LCA. En effet, pour le membre infĂ©rieur, les exercices en CCF sont considĂ©rĂ©s comme plus sĂ»rs et sollicitant davantage l'articulation de maniĂšre fonctionnelle que les exercices en chaĂźne ouverte. En revanche, pour ce qui est de la rĂ©Ă©ducation du membre supĂ©rieur, la popularitĂ© des exercices en CCF est moins Ă©vidente.
Dans un premier temps, il nous semble important de définir au mieux les mouvements et exercices en CCO et CCF.

‍2.2  Exercices de la chaĂźne cinĂ©matique ouverte

De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, le mouvement tridimensionnel le plus complexe de la main nĂ©cessite 6 degrĂ©s de libertĂ© (3 pour tourner dans n’importe quelle direction et 3 pour effectuer des mouvements linĂ©aires dans n’importe quelle direction). Si les degrĂ©s de libertĂ© diminuent en dessous de 6 (par exemple une articulation raide), la main perd sa capacitĂ© Ă  se positionner Ă  n’importe quel endroit dans l’espace.
Par consĂ©quent, que ce soit dans la vie de tous les jours ou lors d’activitĂ©s sportives, de nombreux mouvements se dĂ©roulent dans une CCO.
Quelques exemples dans la vie de tous les jours : le fait de tendre la main, de saluer

Quelques exemples dans  la vie sportive : le mouvement de lancer, effectuer un service au tennis, au volley-ball.
Les mouvements et exercices en CCO tendent à créer des forces de cisaillement dans l'articulation, comprenant des mouvements de roulement et de glissement selon la direction du mouvement.
Les mouvements de glissements sont nĂ©cessaires pour une cinĂ©matique articulaire optimale dans l’articulation et sont possibles grĂące Ă  l’activitĂ© musculaire environnante. Si on prend l’exemple de l’abduction du bras, le deltoĂŻde provoque un glissement supĂ©rieur de la tĂȘte humĂ©rale qui est lui-mĂȘme contrĂŽlĂ© par les muscles de la coiffe des rotateurs. Par consĂ©quent, ces muscles ont une ligne d’actions opposĂ©e sur la tĂȘte humĂ©rale crĂ©ant un cisaillement plus ou moins important en fonction du mouvement, de l’activitĂ© musculaire et de la charge imposĂ©e.

2.3  Exercices de la chaßne cinématique fermée

‍Il est couramment admis que lors d’un exercice en chaĂźne fermĂ©e, le dernier maillon de la chaĂźne est fixĂ© sur une surface. Par consĂ©quent, les degrĂ©s de libertĂ© et l’amplitude disponible lors du mouvement seront beaucoup plus limitĂ©s que lors d’un mouvement en CCO. Par ailleurs, la mobilitĂ© disponible lors d’un exercice en CCF dĂ©pend du nombre d’articulations participant Ă  la chaĂźne.
Quelques exemples dans la vie de tous les jours : les positions d'appui sur les mains sur une table, un mur ou le sol
Quelques exemples dans la vie sportive : certains mouvements en gymnastique (cheval d’arçons, ATR, barres-fixes
).
Ces exercices en chaĂźne fermĂ©e sont connus pour fournir une compression axiale dans l’articulation, stimuler les mĂ©canorĂ©cepteurs pĂ©ri- et intra-articulaires de l'articulation, augmenter la co-contraction locale des muscles stabilisateurs et accroĂźtre non seulement la stabilitĂ© statique mais aussi les qualitĂ©s proprioceptives de l’articulation (Wilk et al. 1996).
C’est pourquoi ces exercices sont souvent encouragĂ©s dans les premiers stades de la rĂ©Ă©ducation de l’épaule instable (cf : module « instabilitĂ© de l’épaule »).

2.4. Faut-il changer de terminologie ?

‍Certains auteurs comme Cools (2021) remettent en question la terminologie de la CCO et la CCF Ă©tant donnĂ© que cette terminologie ne couvre probablement pas totalement le concept de ce Ă  quoi elle est destinĂ©e, et plus particuliĂšrement encore dans la rĂ©Ă©ducation des membres supĂ©rieurs. En effet, il n’est pas rare de douter du fait que certains exercices soient davantage en CCO ou CCF. Certains exercices proposĂ©s par le thĂ©rapeute peuvent comprendre une limite fixe (la main qui ne peut pas bouger) ou bien une limite mobile (la main est sur une surface mais peut bouger). Lors des exercices oĂč le patient glisse sa main sur le mur ou sur la table, la chaĂźne est « fermĂ©e » puisque la main est sur une surface, toutefois, la main peut se dĂ©placer en roulant sur une balle ou une serviette sur la table ou le mur.
‍
Si l’on se penche davantage sur la clinique, on sait aujourd’hui que la prise en charge d’une tendinopathie repose souvent sur une gestion de la charge et une mise en charge progressive. Par consĂ©quent, les exercices en CCF et CCO sont trĂšs complĂ©mentaires (grande amplitude + compression axiale) et offrent au patient un large panel de mouvements progressifs.
Dillman et al. (1994) ont proposĂ© dans les annĂ©es 90 une classification qui incluait le fait que l’articulation subissait des forces de compression (chargement axial) ou plutĂŽt des forces de cisaillement.

De cette classification dĂ©coulait 3 type d’exercices :

  • (1) limite fixe + charge externe (exercices classiques en CCF),
  • (2) limite mobile + charge externe (par exemple le fait de glisser la main sur le banc ou le mur)
  • (3) limite mobile sans charge (exercices classiques en CCO)

Toutefois, Cools (2021) souligne que ces auteurs n'ont pas pris en compte le fait qu'un exercice à limite fixe (exercice typique en CCF) peut provoquer des forces de cisaillement dans l'articulation (par exemple des contractions musculaires isométriques isolées contre une résistance fixe du thérapeute) ou qu'un exercice en CCO typique peut stimuler la compression de l'articulation (par exemple le mouvement de la presse militaire.

C’est pourquoi, plutĂŽt que de se demander si tel exercice est en chaĂźne ouverte ou fermĂ©e, il serait prĂ©fĂ©rable de se concentrer sur la question de savoir si les exercices prescrits engendrent des forces de cisaillement ou s’ils provoquent plutĂŽt une compression axiale sur l’articulation.

2.5 Application clinique

‍En tant que thĂ©rapeute, il est important de connaĂźtre toutes les variables d’exercice que nous pouvons modifier afin d'augmenter la difficultĂ© / complexitĂ© de l'exercice.
Si nous nous penchons dans un premier temps sur ces diffĂ©rentes variables dans l’exercice en chaĂźne fermĂ©e, on peut dans un premier temps faire ressortir 3 variables de base (Cools. 2021) :

  • La charge (poids du corps)
  • La modalitĂ© (statique ? Dynamique ? Surface stable ? Surface instable ? )
  • Le plan dans lequel l’exercice est effectuĂ©

IntĂ©ressons-nous Ă  la premiĂšre variable : la charge (de faible Ă  modĂ©rĂ©e Ă  Ă©levĂ©e). Étant donnĂ© que nous sommes en CCF, il s’agit lĂ  de la quantitĂ© de poids corporel sur l’épaule.
Par consĂ©quent, chez un patient particuliĂšrement algique, avec une forte irritabilitĂ©, le thĂ©rapeute pourra commencer avec une faible charge (sans poids corporel sur l’épaule), avec par exemple les mains contre le mur. Progressivement, des exercices avec charge modĂ©rĂ©e pourront ĂȘtre proposĂ©s dans lesquels un certain poids corporel sera imposĂ© aux Ă©paules, mais jamais le poids corporel complet.
Par exemple, le patient peut effectuer des exercices en position quadrupĂ©dique ou au moins avec un genou au sol. Enfin la progression se poursuivra avec des exercices Ă  charge Ă©levĂ©e oĂč cette fois, le poids du corps est supportĂ© en grande partie par les Ă©paules. L’exemple classique est l’exercice de pompes en chute faciale.

La deuxiĂšme variable consiste Ă  se demander si l’exercice est exĂ©cutĂ© de maniĂšre statique ou dynamique. De maniĂšre assez logique l’exercice statique dans lequel l’épaule ne bouge pas constitue la premiĂšre Ă©tape. La progression se fera ensuite vers une surface instable dans laquelle le patient doit garder le bras aussi stable que possible. Enfin le dernier Ă©chelon consiste Ă  effectuer l’exercice de maniĂšre dynamique (avec l’épaule qui bouge).
Ces exercices peuvent ĂȘtre exĂ©cutĂ©s en chaĂźne fermĂ©e Ă  surface fixe (par exemple le mouvement de pompes) ou en chaĂźne fermĂ©e Ă  surface mobile (par exemple faire rouler une balle vers le haut contre le mur ou vers l'avant sur la table).

La troisiĂšme variable fait donc rĂ©fĂ©rence au plan dans lequel l’exercice est effectuĂ©. Classiquement pour l’épaule, nous retenons les plans suivants : le plan sagittal, le plan scapulaire et le plan frontal. Cette variable est surtout modifiĂ©e dans le cadre d’une instabilitĂ© de l’épaule pour permettre dans un premier temps de rassurer le patient dans des plans plus « safe » pour lui (ex :  le patient prĂ©sentant une instabilitĂ© antĂ©rieure ressent moins de risque d'instabilitĂ© lorsque l'Ă©paule reste dans le plan sagittal).
‍
Pour progresser entre ces variables, il est fortement conseillĂ© de ne jamais modifier plus d’une variable Ă  la fois pour augmenter la difficultĂ© et la complexitĂ© de l’exercice (Cools. 2021).
Mise Ă  part ces 3 variables de base, il existe Ă©videmment d’autres facteurs contextuels qui peuvent influencer la complexitĂ© de l’exercice pour le patient. Par exemple, le kinĂ©sithĂ©rapeute peut demander au patient d’exĂ©cuter l’exercice les yeux fermĂ©s pour rendre l’exercice plus difficile et mettre l’accent sur la coordination neuromusculaire.

Également, le thĂ©rapeute peut venir manuellement perturber l’épaule, le corps, ou la surface d’exercice du patient pour augmenter l’impact externe. Le thĂ©rapeute peut Ă©galement jouer sur la vitesse d’exĂ©cution de l’exercice. L’augmentation de la vitesse d’exĂ©cution nĂ©cessite des rĂ©ponses neuromusculaires plus rapides et plus automatisĂ©es. De plus, l'activitĂ© musculaire peut ĂȘtre augmentĂ©e chez les antagonistes lorsque les mouvements rapides doivent ĂȘtre ralentis.  
Le thĂ©rapeute peut Ă©galement proposer au patient d’effectuer l’exercice en double tĂąches ou bien avec des codes couleurs (pour une couleur donnĂ©e, la tĂąche sera diffĂ©rente).

En général, il est connu que l'activité de la coiffe des rotateurs est plus faible dans une chaßne fermée (à faible charge) par rapport à une chaßne ouverte (Lephart et al. 1996), et que les niveaux d'activité de la CR en chaßne fermée augmentent avec l'augmentation de la charge.  Pour les muscles scapulaires, en général, l'activité du SA est plus élevée en chaßne fermée qu'en chaßne ouverte ;  cependant, une activité accrue a également été trouvée dans le petit pectoral lors d'une prolongation en chaßne fermée, par rapport à une chaßne ouverte.

Dans une étude menée par Heron et al. (2017), trois programmes d'exercices dynamiques ont été comparés dans une population de patients atteints de tendinopathie de la coiffe des rotateurs : des exercices avec bande résistante à une chaßne (OC), des exercices en chaßne fermée (CC) et des exercices d'amplitude de mouvement à charge minimale (ROM).  Les auteurs ont montré que tous les programmes ont entraßné une amélioration significative des résultats rapportés par le patient (PROM) ;  cependant, il n'y avait pas de différence significative entre les groupes.

En résumé :

3 - Renforcement de la CDR

Plusieurs types d’exercices permettent de renforcer la coiffe des rotateurs (Twnsend et al. 1991 ; Reinold et al. 2009 ; Ganderton et al. 2013 ; Edwards et al. 2017). Le kinĂ©sithĂ©rapeute peut ainsi proposer des exercices en :

  • Rotation externe
  • Full can
  • RE allongĂ©
  • Abduction horizontale avec RE / Ă©lĂ©vation de l’épaule en procubitus
  • Push-up plus
3.1 Études EMG (CDR)

‍La revue systĂ©matique d’Edwards et al. (2017) fournit au clinicien une sĂ©rie d'exercices, fondĂ©e sur des donnĂ©es probantes, qui pourrait ĂȘtre utilisĂ©e pour Ă©laborer et appliquer un programme de rĂ©Ă©ducation progressive de la coiffe des rotateurs. 

Les diapositives suivantes présentent une fourchette du pourcentage de contraction isométrique volontaire maximale (MVIC) de l'infra-épineux et du supra-épineux selon le classement des exercices.

3.2 EMG et dentelé antérieur (SA)

Comme nous l’avons mentionnĂ© dans la premiĂšre partie, le muscle dentelĂ© antĂ©rieur (SA) est considĂ©rĂ© comme un important stabilisateur de la scapula (Smith et al. 2003). GrĂące Ă  la coopĂ©ration avec le trapĂšze infĂ©rieur (LT), le SA est positionnĂ© de façon optimale pour maintenir l'alignement de la scapula avec le thorax et assurer la stabilisation dynamique.

Les patients souffrant de troubles de l'épaule présentent une activité musculaire périscapulaire altérée [par exemple, une diminution de l'activité du serratus anterior (SA) et une augmentation de celle du trapezius supérieur (UT)]. Plusieurs études EMG ont cherché à savoir quels exercices permettaient une bonne activation du  SA sans activation excessive du TU.

Dans la littĂ©rature, on se rend compte que l’exercice du Push-up plus est intĂ©ressant Ă  proposer au patient pour renforcer le dentelĂ© antĂ©rieur (Maenhout et al. 2010). Cet exercice peut ĂȘtre dĂ©clinĂ© de diffĂ©rentes maniĂšres. Nous dĂ©velopperons les 3 premiĂšres dĂ©clinaisons, notamment pour l’intĂ©rĂȘt des exercices 2 et 3 :

  • Exercice 1 : le patient est en position de push-up plus sur les genoux, bras tendus. On va lui demander de rĂ©aliser des mouvements de protractions et des rĂ©tractions de la scapula durant lesquels le dentelĂ© antĂ©rieur va ĂȘtre sollicitĂ©. Lors de cet exercice, Maenhout et son Ă©quipe ont indiquĂ© que l’activitĂ© du SA Ă©tait modĂ©rĂ©e (environ 31% d’activation) et l'activitĂ© du trapĂšze infĂ©rieur faible (environ 11% d’activation) (Maenhout et al. 2010).
    ‍
  • Exercice 2 : Le patient va rĂ©aliser le mĂȘme exercice mais avec la jambe controlatĂ©rale Ă©levĂ©e (controlatĂ©rale au cĂŽtĂ© que l’on souhaite renforcer). On se rend compte que l’activation du trapĂšze infĂ©rieur est la plus importante (environ 20 % d’activation) comparĂ© aux 6 autres exercices visibles sur la diapositive (Maenhout et al. 2010).
    ‍
  • Exercice 3 : Le patient rĂ©alise un push-up plus avec la jambe homolatĂ©rale Ă©levĂ©e (homolatĂ©rale au cĂŽtĂ© que l’on souhaite renforcer). Dans cet exercice, le SA est activĂ© de maniĂšre modĂ©rĂ©e, proche d’une activation Ă©levĂ©e (environ 44 % d’activation).
    ‍
  • Exercice 4 : mĂȘme exercice que l’exercice 1 sur plan instable.
    ‍
  • Exercice 5 : mĂȘme exercice que l’exercice 2 sur plan instable.
    ‍
  • Exercice 6 : mĂȘme exercice que l’exercice 3 sur plan instable.
    ‍
  • Exercice 7 : mĂȘme exercice que l’exercice 1 sur un seul bras.

En fonction des diffĂ©rentes dĂ©clinaisons, l’étude de Maenhout et al. (2010) indique que  certains exercices prĂ©sentent un ratio qui va ĂȘtre davantage en faveur du SA sur le trapĂšze supĂ©rieur (UT) ou davantage en faveur du LT sur le UT. Lorsque le patient rĂ©alise l’exercice 1, 3, 6 et 7, l’EMG montre un ratio en faveur du SA par rapport au UT. Dans ces exercices, l’activitĂ© du SA est plus importante que celle du UT.

Une étude de 2021 a conçu une nouvelle méthode pour renforcer le SA sans activation excessive du UT, appelée exercice Squeezing Ball (SB-ex), dans lequel les patients serrent une balle entre les deux coudes avec une contraction isométrique volontaire maximale dans la direction de l'adduction horizontale avec les bras élevés à un angle de 45°.

L'activité SA et UT moyenne était de 69,9 % ± 30,8 % et 10,2 % ± 6,3 % MVIC pendant le SB-ex, respectivement, alors que le rapport UT/SA du cÎté affecté était de 0,15 ± 0,07. (Miyasaka et al. 2021).

4 - Isométrique, Concentrique, Excentrique, etc


Exercices excentriques

La raison derriÚre l'utilisation d'exercices excentriques est qu'ils doivent entraßner des charges mécaniques plus élevées sur l'unité musculo-tendineuse et ainsi optimiser le remodelage des fibres pour réduire la douleur et augmenter la force et la fonction.  

Il a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© que les exercices de renforcement excentriques des muscles de la coiffe des rotateurs sont supĂ©rieurs Ă  une approche de surveillance et d'attente pour amĂ©liorer la douleur et la fonction de l'Ă©paule (Bernhardsson et al. 2011 ; Camargo et al. 2014 : Jonsson et al. 2006). Ils ne peuvent cependant pas ĂȘtre supĂ©rieurs aux autres types de renforcement.  Holmgren et al. 2014 ont conclu que les exercices excentriques chargĂ©s (charge externe avec poids ou bande Ă©lastique pour la coiffe des rotateurs et les muscles scapulothoraciques) entraĂźnent une rĂ©duction de la douleur et une amĂ©lioration de la fonction par rapport aux exercices sans charge (mouvement actif sans aucune charge externe ajoutĂ©e) Holmgren et al. 2014.  

Bien que cela ne soit pas directement comparable, Maenhout et al. 2013 ont montré que les exercices de renforcement excentriques (phase excentrique d'abduction complÚte dans le plan scapulaire réalisée avec un poids pendant 3 séries de 15 répétitions, deux fois par jour) entraßnaient des gains en force isométrique d'abduction lorsqu'ils étaient mesurés à 90° d'abduction dans le plan de l'omoplate.  

Le programme excentrique, rĂ©gulĂ© par la douleur et non par le poids, n’a apportĂ© aucun bĂ©nĂ©fice supplĂ©mentaire au LLE (exercices de rotation mĂ©diale et latĂ©rale avec bande Ă©lastique de rĂ©sistance) Maenhout et al. 2013. 

‍Dans l’étude de Dejaco, et al de 2017, les auteurs ont cherchĂ© Ă  savoir si la rĂ©alisation d’un programme d'entraĂźnement basĂ© sur des exercices excentriques Ă©tait plus bĂ©nĂ©fique qu’un programme d’exercices conventionnels.Ils ont inclus 36 patients atteints de tendinopathie de la coiffe des rotateurs chroniques et les ont rĂ©partis en 2 groupes. Les 2 groupes ont dĂ» suivre un programme d’exercices quotidien Ă  domicile sur 12 semaines et ont reçu 9 sĂ©ances de prise en charge.

Le 1er groupe devait rĂ©aliser 2 exercices excentriques isolĂ©s diffĂ©rents 2 fois par jour : un exercice excentrique des RE de l’épaule et un autre exercice excentrique d’abduction en empty-can dans le plan de la scapula.
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En plus de ces 2 exercices, les sujets effectuaient des exercices d’étirement du petit pectoral, de la capsule postĂ©rieure et des muscles postĂ©rieurs de l’épaule. L’autre groupe devait rĂ©aliser 8 exercices conventionnels diffĂ©rents 1 fois par jour : le full can en abduction avec haltĂšre, des rotations externes et internes Ă  0°d’abduction avec Ă©lastique, des haussements d’épaules, des pompes (push-up) sur les genoux, des exercices d’étirement en adduction, des Ă©tirements du petit pectoral, etc


Durant ces exercices, c’est d’abord le nombre de rĂ©pĂ©titions qui a Ă©tĂ© augmentĂ© puis la rĂ©sistance de l’élastique ou le poids de l’haltĂšre. AprĂšs 12 semaines, les sujets ont repris leurs activitĂ©s habituelles.

En rĂ©sumĂ©, il s’avĂšre que le programme d'entraĂźnement en excentrique de la coiffe des rotateurs est bĂ©nĂ©fique pour la fonction de l'Ă©paule et la douleur aprĂšs 26 semaines chez les patients atteints de tendinopathie de la coiffe des rotateurs.
Cependant, ce programme n'est pas plus bénéfique qu'un programme d'exercices conventionnels pour la coiffe des rotateurs et les muscles scapulaires.

Sur la base des résultats de cette étude, les thérapeutes doivent tenir compte du fait que la réalisation de 2 exercices excentriques 2 fois par jour est aussi efficace que la réalisation de 8 exercices concentriques / excentriques 1 fois par jour chez les patients atteints de tendinopathie de la coiffe des rotateurs.
En pratique, on pourra donc conseiller au patient d’effectuer 2 fois par jour 2 exercices plutĂŽt que 8 exercices 1 fois par jour, ce qui est quand mĂȘme plus rapide et plus facile Ă  faire au quotidien.
Donc en fonction du temps que le patient est prĂȘt Ă  mettre pour effectuer des exercices Ă  domicile, on pourra choisir un programme plutĂŽt excentrique ou bien un programme avec des exercices plus conventionnels.
Ce qui est Ă©galement important, c’est que le patient puisse effectuer les exercices qu’il apprĂ©cie, ceux avec lesquels il se sent Ă  l’aise afin qu’il y adhĂšre. Si on le pousse Ă  faire des exercices auxquels il n’adhĂšre pas, il risque sans doute d’abandonner.

Exercices isométriques
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La justification du recours aux exercices isomĂ©triques est qu'ils permettent une recharge progressive de l'unitĂ© musculo-tendineuse de l'Ă©paule et prĂ©viennent l'inhibition musculaire (Dupuis et al. 2018). Bien que couramment utilisĂ©, Dupuis et al. 2018 n'a montrĂ© aucune diffĂ©rence Ă  court terme (Ă  deux et six semaines) en termes de douleur et de fonction entre un programme d’exercices de recharge progressive de deux semaines (contractions isomĂ©triques incrĂ©mentielles en rotation latĂ©rale et en abduction Ă  50-75 % de la contraction volontaire maximale) et de cryothĂ©rapie (application de glace pendant 15 minutes, 3 fois par jour) dans une population avec rupture de la coiffe aiguĂ«. Il n’y avait pas non plus d’augmentation significative de la force dans les deux groupes.

Parle et al. 2017 ont randomisé leurs participants pour des exercices isométriques, une thérapie par la glace ou une combinaison des deux pendant 1 semaine et n'ont trouvé aucune différence entre les groupes au suivi d'une semaine en ce qui concerne la douleur (EVA), l'incapacité fonctionnelle (questionnaire DASH), la force musculaire ou l'intégrité structurelle (échographie). Les trois groupes ont démontré des améliorations statistiquement significatives dans toutes les mesures de résultats à 1 semaine par rapport à la ligne de base.

En 2022, Al Anazi et al. ont proposĂ© un protocole d'exercices isomĂ©triques basĂ© sur l'amĂ©lioration de la force du grip dans diffĂ©rentes positions d'Ă©paule. Ce protocole, adaptable avec tout outil permettant une rĂ©sistance contre le poing fermĂ©, implique de rĂ©aliser trois sĂ©ries de dix contractions d'une minute dans quatre positions : coudes tendus Ă  30°, 60°, 90° d'abduction d’épaule et Ă  90° avec coude flĂ©chi Ă  90° (position de chandelier).

Chaque position est rĂ©alisĂ©e pendant deux semaines consĂ©cutives, en suivant la progression de la position d’épaule. L'exercice est Ă  rĂ©aliser quotidiennement. Les auteurs ont observĂ© une amĂ©lioration de la fonction, de la douleur, de la force musculaire et de l'amplitude de mouvement active chez les patients atteints de syndrome de conflit sous-acromial primaire (AlAnazietal, 2022).

En revanche, concernant l'analgésie induite par les exercices isométriques, les preuves sont beaucoup plus controversées.
La conclusion de la revue systĂ©matique de Bonello et al. 2021 indique qu'il n'y a pas de preuves cohĂ©rentes que l'exercice isomĂ©trique induit une analgĂ©sie induite par l'exercice (EIH) chez les personnes souffrant de douleur musculosquelettique. Les auteurs ajoutent que ces rĂ©sultats diffĂšrent de ceux obtenus chez les populations asymptomatiques, oĂč l'EIH est frĂ©quemment observĂ©e, et dans des conditions telles que la fibromyalgie, oĂč l'exercice isomĂ©trique peut provoquer une hyperalgĂ©sie.
Il est possible que les variations dans la dose, le lieu de contraction et l'intensité des protocoles pourraient expliquer ces résultats inconsistants (Bonello et al. 2021). 

L’analyse de Powell et ses collĂšgues (2024) s'est penchĂ©e sur le type de contraction musculaire le plus efficace.

L'intĂ©rĂȘt pour l'exercice excentrique dans le traitement de la tendinopathie d'Achille, suite Ă  des rĂ©sultats positifs (Alfredson et al., 1998), s'est Ă©tendu aux RCRSP, oĂč il semblait initialement prometteur en termes d'amĂ©lioration de la douleur et de la fonction de l'Ă©paule (Holmgren et al., 2012; Maenhout et al., 2013). NĂ©anmoins, les Ă©tudes subsĂ©quentes ont montrĂ© que l'exercice excentrique n'Ă©tait pas supĂ©rieur aux exercices concentriques (Blume et al., 2015) ou isotoniques (Dejaco et al., 2017), avec une tendance vers l'Ă©quivalence confirmĂ©e par les revues systĂ©matiques et mĂ©ta-analyses les plus rĂ©centes (Larsson et al., 2019).

Dans le sillage des exercices excentriques, les exercices isométriques ont gagné en popularité pour leur effet analgésique sur la tendinopathie patellaire aprÚs une étude de Rio et al. (2015). Cependant, en ce qui concerne les RCRSP, les meilleures preuves indiquent que les exercices isométriques ne sont pas plus bénéfiques qu'une simple thérapie par la glace (Dupuis et al., 2018; Parle et al., 2017). Pour les tendinopathies en général, il semble qu'ils ne sont pas supérieurs aux exercices isotoniques pour le soulagement immédiat de la douleur ou les résultats cliniques (Clifford et al., 2020). Ainsi, d'aprÚs les preuves actuelles, il n'y aurait pas de type de contraction musculaire nettement supérieur à un autre.

‍Les exercices controlatĂ©raux ?

Dans le domaine clinique, les exercices controlatéraux (CEs) sont envisagés comme une méthode pour traiter simultanément la douleur et les déficits de l'amplitude de mouvement (ROM). Les CEs peuvent affecter significativement l'activation musculaire et la force ipsilatérale ainsi que la mobilité du membre controlatéral. Néanmoins, les recherches sur les effets des CEs sur la douleur sont limitées. Les preuves actuelles suggÚrent que les CEs sont une option viable pour améliorer la ROM des patients, avec des effets potentiels sur la stabilité, la force musculaire et l'activation musculaire. Des études supplémentaires sont recommandées pour approfondir ces constatations (Fermin et al. 2018).

5 - Quelle charge ?

Pour parler de la charge, on peut parler du PHLE (Exercices progressifs Ă  charge Ă©levĂ©e) dont l'objectif est d'appliquer suffisamment de charge mĂ©canique aux tendons et aux muscles pour induire des changements morphologiques et augmenter leur tolĂ©rance Ă  la charge.  Bien que cette hypothĂšse soit sĂ©duisante, la supĂ©rioritĂ© du PHLE chez les personnes souffrant de douleurs Ă  l’épaule n’a pas Ă©tĂ© dĂ©montrĂ©e.  

Lombardi et al. 2008 ont Ă©tudiĂ© un protocole PHLE basĂ© sur 6 RM (c'est-Ă -dire le poids maximum pouvant ĂȘtre soulevĂ© 6 fois) pour les flĂ©chisseurs, les extenseurs et les rotateurs mĂ©diaux/latĂ©raux de l'Ă©paule.  Le programme comprenait 2 sĂ©ries de 8 rĂ©pĂ©titions, la premiĂšre sĂ©rie Ă©tant de 50 % de 6 RM et la seconde de 70 % de 6 RM ;  la charge de 6 RM Ă©tait rĂ©Ă©valuĂ©e toutes les deux semaines Lombardi et al. 2008. AprĂšs un suivi de deux mois, par rapport au groupe de surveillance et d'attente, les participants du groupe 6 RM ont prĂ©sentĂ© des amĂ©liorations de la douleur et de la fonction, mais il n'y a eu aucune augmentation significative de la force dans aucun des deux groupes.

L’étude d’Ingwersen et al, 2017 montrent qu’il n’y a pas de diffĂ©rence entre le fait d’augmenter progressivement la charge lors des exercices et le fait de rĂ©aliser des exercices avec une faible charge.
Charge Ă©levĂ©e ou charge faible ? Il faut s’adapter en fonction du patient. S’il prĂ©fĂšre une charge Ă©levĂ©e parce qu’il fait du body-building par exemple, on peut alors lui donner une charge Ă©levĂ©e.
Dans tous les cas, les rĂ©sultats sont les mĂȘmes, Ă  peu de choses prĂšs : c’est-Ă -dire que quelle que soit la charge adoptĂ©e, ça va aider le patient.

Par rapport au nombre de rĂ©pĂ©titions ou Ă  la vitesse d’exĂ©cution, il n’y a pas de rĂ©ponse Ă  ce sujet. Lorsqu'on doit choisir les exercices avec le patient, pas besoin non plus de se focaliser sur le cĂŽtĂ© concentrique ou excentrique : il n’y a aucune preuve clinique convaincante pour dĂ©montrer que l’exercice excentrique serait Ă  privilĂ©gier par rapport Ă  d’autres modalitĂ©s de traitement (Dominguez-Romero et al. 2021).
C’est au thĂ©rapeute de voir ce qui convient le mieux au patient.

Certains ont tendance à dire qu’on peut proposer des exercices dans le mouvement qui est douloureux, dans la direction qui fait mal au patient.

En effet, sur la base d'une étude contrÎlée randomisée (ECR) ( n = 22) avec un faible risque de biais (échelle PEDro), les deux méthodologies d'exercice (exercices avec douleur VS sans douleur) se sont avérées améliorer de maniÚre significative la douleur, la fonction et l'amplitude de l'épaule sans différences entre elles (Vallés-Carrascosa et al. 2018)

Quelle dose d’exercice ? ‍

L’analyse de Powell et ses collĂšgues (2024) montre que la quantitĂ© d'exercice (dose), qui comprend la charge soulevĂ©e, le nombre de rĂ©pĂ©titions et de sĂ©ries, est cruciale dans la gestion des RCRSP. Une revue systĂ©matique par Malliaras et al. (2020) a comparĂ© les exercices de rĂ©sistance Ă  haute et basse dose pour les RCRSP, concluant avec une certitude limitĂ©e que les doses plus Ă©levĂ©es pourraient offrir de meilleurs rĂ©sultats fonctionnels. 

Cependant, avec seulement trois ECR inclus et des résultats ne soutenant pas fermement la supériorité des doses élevées, la question reste ouverte. De plus, un ECR de Clausen et al. (2021) n'a trouvé aucun avantage à ajouter une forte dose d'exercices de résistance aux soins standards pour les RCRSP. Néanmoins, Clausen et al. (2023) ont observé que les individus avec moins de pensées catastrophiques initiales tiraient davantage profit des doses élevées d'exercices de résistance, tandis que ceux plus enclins à la catastrophisation avaient tendance à de moins bons résultats.

D'autres études, dont celle de Schydlowsky et al. (2022) qui n'était pas incluse dans la revue de Malliaras et al. (2020), n'ont signalé aucune différence notable entre les programmes d'exercices à charge élevée ou faible. Pour les tendinopathies en général, y compris les RCRSP, il semble que les exercices de résistance avec charges externes soient plus bénéfiques que ceux qui utilisent uniquement le poids du corps (Pavlova et al., 2023), suggérant un certain bénéfice d'une charge externe.

Quant Ă  la frĂ©quence et Ă  la durĂ©e des exercices pour les RCRSP, l'incertitude demeure, bien que des programmes de 4 Ă  12 semaines aient montrĂ© des bĂ©nĂ©fices (McConnell et al., 2022). Il semble qu'il n'y ait pas de corrĂ©lation constante entre la dose d'exercice et les rĂ©sultats cliniques pour les personnes atteintes de RCRSP, sauf peut-ĂȘtre pour ceux ayant de faibles pensĂ©es catastrophiques. Les objectifs de traitement, le stade de rĂ©Ă©ducation et la sensibilitĂ© des symptĂŽmes sont des facteurs Ă  considĂ©rer dans la dĂ©cision partagĂ©e sur la dose d'exercice optimale.

Et les exercices de contrĂŽle moteur alors ?

Le but de l’analyse de Powell et ses collĂšgues (2024) est d'identifier oĂč se situent les zones floues concernant les exercices recommandĂ©s pour les douleurs d'Ă©paule associĂ©es aux muscles rotateurs (RCRSP), en examinant les donnĂ©es pertinentes Ă  la fois quantitatives et qualitatives.

Y a-t-il un type d'exercices supérieurs pour les muscles de l'épaule ? 

Choisir un type d'exercice pour traiter les RCRSP est complexe pour les cliniciens en raison des nombreuses méthodes disponibles (résistance, contrÎle moteur, étirement), souvent combinées dans un seul programme (Powell et al., 2022b). La revue de Powell et ses collÚgues (2024) se concentre sur les exercices de résistance progressive et de contrÎle moteur, ainsi que sur les exercices de facilitation du mouvement (Powell et al., 2022a, 2022b). Les méta-analyses ne montrent généralement pas de différence notable entre les exercices de contrÎle moteur spécifiques et les exercices de résistance généraux pour le RCRSP (Bury et al., 2016; Shire et al., 2017). Un ECR de 2023 confirme cela, n'indiquant aucune différence marquée entre l'éducation seule, l'éducation plus exercices de contrÎle moteur, et l'éducation plus exercices de résistance en termes de résultats cliniques (Dube et al., 2023).

Vu l'équivalence entre les formes les plus communes d'exercice, il est judicieux de choisir l'approche selon les préférences du patient et son irritabilité (Lewis et al., 2022; McClure, 2015).

Il est important de garder Ă  l’esprit que chez les patients prĂ©sentant des douleurs musculo-squelettiques plutĂŽt chroniques, certains processus au niveau du systĂšme nerveux central peuvent ĂȘtre perturbĂ© (Woolf et al. 2011).

Le systĂšme immunitaire (Neugebauer et al. 2020) ou le cĂŽtĂ© biopsychosocial (Meints et al. 2018) peuvent venir influencer cette douleur et les exercices permettent d’amĂ©liorer cette perception.
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C’est pourquoi, dans la plupart des cas, on pourrait proposer au patient de rĂ©aliser des exercices dans la douleur (VallĂ©s-Carrascosa et al. 2018). Il faudra bien Ă©videmment expliquer au prĂ©alable au patient que la douleur n’est pas forcĂ©ment quelque chose de nĂ©faste et qu’il existe parfois une adaptation, une perception de la douleur perturbĂ©e.
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Lorsqu’on parle de faire des exercices dans la douleur, comprenons-nous bien, il ne s’agit pas d'atteindre 10/10 Ă  l’EVA. Bien qu’il n’existe pas de consensus, l’idĂ©e est d’autoriser une douleur autour de 3-4/10 pendant l’exercice sachant que cette douleur doit diminuer dans les quelques heures qui suivent.

D’un point de vue plus pratique, comment pouvons-nous procĂ©der avec notre patient ?

Dans un premier temps, il peut ĂȘtre intĂ©ressant de questionner le patient concernant sa comprĂ©hension de sa douleur. On peut ensuite tester ses croyances et lui demander s’il trouve normal le fait de faire des exercices, s’il trouve normal d’éviter de faire certains mouvements... On va chercher Ă  amĂ©liorer son auto-efficacitĂ© en lui fournissant des conseils pour sa sĂ©curitĂ©, en essayant de le rassurer.
On va Ă©galement lui donner des conseils sur le niveau de douleur le plus appropriĂ© Ă  adopter lors de la rĂ©alisation des exercices et des conseils Ă  propos des modifications Ă  apporter, comme par exemple ajuster le nombre de rĂ©pĂ©titions, adapter la rĂ©sistance, etc
 Il est vraiment important d’essayer de faire comprendre au patient que la douleur n’est pas toujours un signe d’alarme et qu’il faut parfois aller dans ce sens-lĂ , surtout si les douleurs sont chroniques et qu’on sait qu’il n’y a pas d’autres pathologies sous-jacentes.

Certaines astuces peuvent ĂȘtre mises en place pour amĂ©liorer la compliance du patient au traitement.
Par exemple, on peut lui proposer des exercices avec un bras de levier plus court dans un premier temps ; on peut l’encourager Ă  accepter un fond de douleur lors des exercices ; lui proposer de commencer par une sĂ©rie d’exercices une fois par jour ; en fonction de l’évolution de la douleur pendant la sĂ©ance et dans les heures qui suivent, on pourra conseiller au patient, en tenant compte de son ressenti, d’augmenter ou de diminuer le nombre de rĂ©pĂ©titions ou de sĂ©ries dans la journĂ©e.
En fin de compte, l'objectif au terme de la premiĂšre sĂ©ance, est que le patient puisse retourner chez lui avec des exercices simples Ă  rĂ©aliser (2, 3 maximum) et avec quelques informations lui permettant d’adapter lui-mĂȘme la charge.

La mĂ©ta-analyse de Ralston et al. de 2017 et l’étude de Claire Minshull montrent que, malgrĂ© une absence de consensus dans la littĂ©rature, il serait plus efficace d’effectuer un petit nombre de rĂ©pĂ©titions avec une charge Ă©levĂ©e pour obtenir un gain en force. On parle de 3 Ă  5 RM (RĂ©pĂ©titions maximum) pour la force par exemple, c’est-Ă -dire le nombre maximal de rĂ©pĂ©titions que l’on peut effectuer avec la charge utilisĂ©e. Lorsqu’on rĂ©alise entre 6 et 12 rĂ©pĂ©titions, on observe davantage une hypertrophie du muscle et enfin, lorsqu’on souhaite se focaliser sur une amĂ©lioration de l’endurance musculaire, on peut partir sur un nombre de rĂ©pĂ©titions supĂ©rieur Ă  12.
Si on regarde attentivement la diapositive ci-dessous, on se rend compte que rĂ©aliser des sĂ©ries de 10 Ă  12 rĂ©pĂ©titions est probablement un gaspillage de temps et d’effort puisque les rĂ©sultats obtenus sont mĂ©diocres en force, en puissance et en endurance. Pour Claire Minshull, 3 sĂ©ries de 10 rĂ©pĂ©titions peuvent ĂȘtre utiles seulement si le patient a besoin de se familiariser avec la charge, parce qu’il est en phase aiguĂ« par exemple. En rĂ©sumĂ©, pour obtenir un gain de force ou de puissance, il est prĂ©fĂ©rable d’effectuer entre 3 et 6 RM et pour obtenir une amĂ©lioration de l’endurance, il est prĂ©fĂ©rable de rĂ©aliser un nombre de rĂ©pĂ©titions supĂ©rieur Ă  12.
En pratique maintenant, lorsqu’on est face au patient et qu’on doit doser l’exercice, l’idĂ©e est de se baser davantage sur ce qu’il ressent plutĂŽt que sur des pourcentages de RM. Cependant, il faut expliquer au patient qu’à la fin de ses rĂ©pĂ©titions, il ne doit quasiment plus ĂȘtre capable d’en rajouter une : il doit donner son maximum. Si le patient rĂ©alise 3 sĂ©ries de 10 rĂ©pĂ©titions mais qu’il ne sent rien, c'est inutile.

Concernant la frĂ©quence de rĂ©pĂ©titions des sĂ©ries d’exercices dans la semaine, l’étude de Ralston et al montre qu’une charge d'entraĂźnement hebdomadaire moyenne ou Ă©levĂ©e est plus efficace pour produire un gain de force qu’une charge d'entraĂźnement hebdomadaire faible (Ralston et al. 2017). Selon la mĂ©ta-analyse de Rhea et al de 2002, un sujet non-entraĂźnĂ© pourrait obtenir un gain de force en effectuant 3 jours d'entraĂźnement par semaine avec 4 sĂ©ries par groupe musculaire, et un sujet entraĂźnĂ© devrait s'entraĂźner tous les 2 jours avec 4 sĂ©ries par groupe musculaire pour obtenir lui aussi un gain de force musculaire.

A propos du temps de rĂ©cupĂ©ration entre chaque sĂ©rie lors d’un renforcement musculaire segmentaire, l’étude de Koch et al de 2020 prĂ©conise de respecter des temps de pause allant de 60 Ă  90 secondes selon le nombre de rĂ©pĂ©titions effectuĂ©es et selon l’état du patient. Tout ceci dans le but de ne pas ĂȘtre dĂ©lĂ©tĂšre et donc de maximiser le gain de force du patient.
Alors par rapport Ă  la durĂ©e, dans les Ă©tudes ils disent qu’il faut attendre entre 4 Ă  6 semaines pour voir des amĂ©liorations au niveau musculaire, au niveau de la force et de l’endurance. Donc il faut se laisser le temps.

Si nous résumons les derniers éléments, il semblerait donc intéressant de commencer les exercices avec 1 série de 8-10 répétitions par exemple, puis ajuster le nombre de répétitions et le nombre de séries en fonction du ressenti et de la douleur du patient. 

On peut tolĂ©rer une certaine douleur lors de la rĂ©alisation de l’exercice (max 3-4/10 Ă  l’EVA). Il sera important de vĂ©rifier que la douleur diminue bien dans les quelques heures suivant l’exercice (2-3 heures max) et si dans les 24h, il n'y a pas de changement dans l'irritabilitĂ© de l'Ă©paule.

Le kinĂ©sithĂ©rapeute et le patient devront adapter la charge pour qu’elle soit toujours supportable.

Pour expliquer le concept de gestion de la douleur pendant l'exĂ©cution des exercices, voici une approche Ă  adopter lors de votre sĂ©ance avec le patient (tĂ©lĂ©charger la fiche). Au lieu d'interrompre l'exercice dĂšs l'apparition de la douleur, nous pouvons rassurer le patient en soulignant qu'une certaine intensitĂ© de douleur peut ĂȘtre tolĂ©rĂ©e pendant l'exercice sans risque d'aggravation, surtout lorsque la plupart des mouvements quotidiens sont douloureux. En cas de douleur trop intense, plutĂŽt que de cesser l'exercice, diffĂ©rentes adaptations peuvent ĂȘtre proposĂ©es pour le rendre plus supportable.

Un Ă©lĂ©ment essentiel Ă  souligner ici est la nature exclusivement subjective de cette perception. Cette subjectivitĂ© peut fluctuer dans le temps, influencĂ©e par les Ă©preuves que traverse le patient. Il n'est pas rare de rencontrer des cas oĂč les patients progressent favorablement, puis soudainement dĂ©crivent des douleurs plus intenses, mĂȘme si leur fonction continue Ă  s'amĂ©liorer. Dans de telles situations, il peut ĂȘtre pertinent d'Ă©valuer l'aspect psychologique actuel du patient, et Ă©ventuellement de dĂ©dramatiser une situation qui pourrait ĂȘtre Ă  l'origine d'une focalisation accrue sur les problĂšmes d'Ă©paule, par rapport Ă  la normale. Une attention particuliĂšre sera portĂ©e Ă  cela, surtout s'il s'agit d'une augmentation de la douleur non mĂ©canique.

Il est crucial de ne pas se limiter à l'évaluation des exercices prescrits, mais aussi d'examiner les autres activités du patient au cours de la semaine. En élargissant notre compréhension à l'ensemble de son mode de vie, nous pourrons mieux cibler les facteurs qui pourraient influencer ses perceptions et adapter notre approche de rééducation en conséquence.

Pour revenir Ă  la rĂ©alisation des exercices, il conviendra d’encourager le patient Ă  donner son maximum lors de la rĂ©alisation des exercices de renforcement : il ne doit quasiment plus pouvoir effectuer une rĂ©pĂ©tition de plus au terme de la sĂ©rie. Une maniĂšre plus ludique d’expliquer cela avec les patients est de lui prĂ©senter l’échelle RPE (rate of perceived exertion) qui permet l’évaluation de l’effort perçu, autrement dit, la sensation de fatigue que perçoit le patient pendant l’effort. 

Globalement, si Ă  la fin de sa sĂ©rie, le patient indique qu’il se situe Ă  4-6 / 10 sur l’échelle de perception de l’effort, il est trĂšs probablement capable d’effectuer un nombre plus important de rĂ©pĂ©titions. Il sera donc important de lui rappeler qu’il doit se rapprocher le plus possible d’une perception d’effort Ă©quivalente Ă  10/10 sur l’échelle, Ă  la fin de chaque sĂ©rie. Bien entendu, ici, nous ne parlons pas de douleur mais bien de sensation de fatigue. Si le patient n’est pas assez fatiguĂ© aprĂšs la sĂ©rie effectuĂ©e, le kinĂ©sithĂ©rapeute peut l’inviter Ă  augmenter le nombre de rĂ©pĂ©titions ou la rĂ©sistance imposĂ©e. 

Nous tenons tout de mĂȘme Ă  signaler qu’il n’y a rien de trĂšs scientifique concernant cette Ă©chelle : il s’agit simplement d’un outil intĂ©ressant pour faire comprendre au patient ce qu’il doit rĂ©aliser.

On peut retenir de maniĂšre gĂ©nĂ©rale que le patient doit ĂȘtre content de faire des pauses entre les sĂ©ries.

Une revue systĂ©matique avec mĂ©ta-analyse publiĂ©e dans le British journal of Sports Medicine a regroupĂ© les donnĂ©es de 110 Ă©tudes (n=3953) qui ont utilisĂ© des exercices avec rĂ©sistance comme traitement dominant pour les tendinopathies (de la coiffe des rotateurs, achilĂ©enne, latĂ©rale du coude, patellaire ou du moyen fessier) pour dĂ©terminer les effets modĂ©rateurs potentiels de l’intensitĂ©, du volume et de la frĂ©quence des exercices (Pavlova et al. 2023).

En rÚgle générale, le dosage des exercices avec résistance est plutÎt mal rapporté, dans les études sur la gestion des tendinopathies.

Malgré une grande variabilité entre les protocoles des études, la méta-analyse a identifié des tendances générales.

IntensitĂ© : il serait prĂ©fĂ©rable d’utiliser des poids lourds plutĂŽt que le poids du corps

FrĂ©quence : il serait prĂ©fĂ©rable d’effectuer ces exercices moins d’une fois par jour plutĂŽt que plus d’une fois par jour

Volume : 3 sĂ©ries de 15 rĂ©pĂ©titions. Toutefois, les comparaisons de cette mĂ©ta-analyse n’ont pas produit de rĂ©sultats cohĂ©rents Ă  cet effet.

Par consĂ©quent, on peut retenir comme recommandation qu’il faut charger les tendons par des exercices avec poids lourds et une rĂ©cupĂ©ration suffisante entre les sĂ©ances.

Bien entendu, nous devrons individualiser nos prescriptions en fonction du profil de nos patients.

Pour les tendinopathies au membre inférieur, nous progresserons graduellement en ajoutant des sauts et de la pliométrie.

Utilisation de la chaßne cinétique

Un point essentiel Ă  noter concernant la chaĂźne cinĂ©tique : ici, nous n'abordons pas les concepts de chaĂźne cinĂ©tique ouverte ou fermĂ©e. Au lieu de cela, nous considĂ©rons la chaĂźne cinĂ©tique dans le contexte du mouvement fonctionnel qui engage l'ensemble du corps (Lluch-GirbĂ©s et al. 2023). Lluch-GirbĂ©s et al. ont indiquĂ© comme convenu que le dysfonctionnement d'un segment de la chaĂźne (c'est-Ă -dire d'un maillon faible) entraĂźnait une altĂ©ration des performances ou des lĂ©sions des segments distaux. Les experts ont estimĂ© qu'il Ă©tait important d'Ă©valuer et de traiter la chaĂźne cinĂ©tique en particulier chez les athlĂštes de lancer/overhead et ont convenu qu'il n'existait pas d'approche unique pour la mise en Ɠuvre d'exercices de chaĂźnes ouvertes de l'Ă©paule dans le cadre du processus de rĂ©adaptation (Lluch-GirbĂ©s et al. 2023). 

Il s'agit d'un systĂšme potentiellement utile pour "dĂ©bloquer" le patient. Par exemple, un patient pourrait avoir du mal Ă  soulever un poids au-dessus de sa tĂȘte, mais en le faisant monter sur une marche (Richardson et al. 2020), activant ainsi les membres infĂ©rieurs, il peut rĂ©ussir. 

On peut essayer avec une activation du tronc en plus, une activation du membre supĂ©rieur en entier
 Cette approche peut ĂȘtre bĂ©nĂ©fique pour surmonter certaines Ă©tapes.

Cependant, il est crucial de ne pas toujours travailler avec cette approche. Si notre objectif est de se concentrer spécifiquement sur la coiffe des rotateurs, il sera nécessaire de demander au patient d'exécuter l'exercice sans utiliser la chaßne cinétique, afin de cibler de maniÚre plus précise la région souhaitée.

Pour en parler de maniĂšre plus approfondie, vous pouvez visualiser la masterclass de Ian Horsley Ă  ce sujet.

Éducation thĂ©rapeutique

‍Les attentes du patient et sa confiance en sa capacitĂ© Ă  gĂ©rer sa condition sont des prĂ©dicteurs clĂ©s du succĂšs d'un traitement non chirurgical, plus que les aspects structurels de la lĂ©sion tendineuse (Dunn et al. 2005). Encourager l'autogestion peut renforcer ces facteurs (Jonkman et al. 2016). Il est donc crucial que les professionnels de santĂ© mettent en place une Ă©ducation personnalisĂ©e au patient, qui respecte ses besoins et valeurs individuels (Jayadevappa et al. 2011 ; Delaney et al. 2018 ; Casimir et al. 2014 ; Oosterhaven. 2018). En 2020, White et al. ont identifiĂ© le besoin d'une intervention prĂ©coce pour rĂ©pondre Ă  la peur, aux idĂ©es fausses et aux attentes vis-Ă -vis du traitement de la tendinopathie de la CDR.
Il est essentiel d'accorder au patient le temps nĂ©cessaire pour comprendre que sa problĂ©matique peut ĂȘtre davantage fonctionnelle que structurelle.
De maniÚre progressive, nous pouvons aborder les contraintes et les facteurs favorisants sans pour autant culpabiliser le patient. La quantification du stress mécanique et la gestion de la charge seront également des points à aborder.
Nous pouvons rassurer le patient en l'informant qu'il peut utiliser son bras atteint tout en contrĂŽlant sa douleur, afin d'Ă©viter une sur-sollicitation du bras non atteint, qui pourrait entraĂźner des douleurs Ă©galement. Enfin, il est envisageable de planifier le traitement avec une perspective Ă  long terme, favorisant ainsi une approche durable et efficace. N’oublions pas jusqu'Ă  40 % des personnes touchĂ©es souffriront d'une incapacitĂ© au-delĂ  de 12 mois (Lewis et al. 2016).

Pour une communication efficace sur la tendinopathie de la coiffe des rotateurs, il est crucial de saisir les objectifs du patient et de clarifier que la douleur ne reflĂšte pas toujours l'Ă©tat fonctionnel. Mentionnez que le rĂ©tablissement peut durer en moyenne 12 semaines, avec des variations individuelles. Encouragez le suivi en contactant le patient deux jours aprĂšs la prescription des exercices pour s'assurer de leur bon dĂ©roulement. L'adhĂ©sion peut ĂȘtre renforcĂ©e par l'Ă©coute active, des instructions claires et une prescription d'exercices adaptĂ©e, parfois rĂ©duite Ă  un seul exercice quotidien pour faciliter la routine. Trouvez avec le patient le moment le plus adaptĂ© pour rĂ©aliser ses exercices quotidiennement.

7 - Devons-nous voir nos patients 3 fois par semaines ?

‍Il sera important de faire comprendre au patient qu’il s’agit d’un long processus. En tant que thĂ©rapeute, il peut ĂȘtre pertinent de prĂ©venir les patients du temps moyen que nĂ©cessite une rĂ©Ă©ducation d'une douleur d'Ă©paule (cf : partie “pronostic”) . En effet, les patients peuvent se prĂ©senter avec de faux-espoirs, un dĂ©sir de guĂ©rison rapide...Il est important de prĂ©ciser Ă©galement qu'Ă©tant donnĂ© la longue durĂ©e de rĂ©Ă©ducation, l'un des objectifs du thĂ©rapeute est de rendre les patients autonomes.
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Dans la littĂ©rature scientifique, et en ce qui concerne les pathologies musculo-squelettiques, il ne semble pas exister de corrĂ©lation entre l’augmentation du nombre de sĂ©ances et les rĂ©sultats cliniques (Clewley et al. 2020). De plus, sachant que les traitements actifs semblent apporter les meilleurs rĂ©sultats, il est peut-ĂȘtre prĂ©fĂ©rable d’étaler, d'espacer les sĂ©ances dans le temps : par exemple voir 1 fois / semaine ou 1 fois / 2 semaines tout en responsabilisant les patients.
Bien entendu, certaines situations peuvent nécessiter de rapprocher les séances :

  • Si vous n’ĂȘtes pas certains du diagnostic posĂ© ou de la classification
  • Si vous souhaitez observer l’effet des exercices sur l’irritabilitĂ© du patient
  • Si le patient a de fortes attentes par rapport aux soins passifs
  • Si vous sentez que le patient manque d’observance
  • 
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Enfin, espacer les sĂ©ances ne signifie pas abandonner nos patients : c’est au kinĂ©sithĂ©rapeute de trouver le juste milieu et de s’adapter aux attentes et aux contexte de chacun.

Par rapport à ce timing, l'article d'Ebonie Rio et Docking en 2017 souligne que la pathologie et la douleur en médecine musculosquelettique ne sont pas bien liées et que la normalisation de la structure des tissus à l'imagerie n'est pas nécessaire pour l'amélioration clinique. Il mentionne que l'adaptation peut se produire dans d'autres systÚmes comme le systÚme nerveux central et les muscles, et que la suppression de la douleur ne garantit pas une issue positive à long terme. L'adaptation est un processus multisystémique, nécessitant l'intégration de plusieurs systÚmes pour un retour à la fonction sans douleur (Rio et al. 2017).
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Il sera donc important d'expliquer au patient que l'adaptation du tendon est un processus qui prend du temps. Le premier aspect à s'améliorer est généralement l'adaptation du systÚme nerveux central, ce qui souligne l'importance de commencer la rééducation avec des exercices dÚs que possible pour rétablir la fonction du systÚme nerveux central. Ensuite, l'adaptation des structures musculaires suit, ce qui se produit généralement environ douze semaines aprÚs le début des exercices, soit un minimum de trois mois. Ces délais sont des moyennes, et la progression peut varier d'un patient à l'autre. Il est donc essentiel d'informer le patient dÚs le début que le traitement demandera du temps et de la patience. Les résultats ne sont pas instantanés.

8 - Self-management & exercices Ă  domicile

À propos du self-management et des exercices à domicile, que pouvons-nous mettre en place avec le patient ?

L’essai contrĂŽlĂ© randomisĂ© de Santello et son Ă©quipe (2020), a rĂ©vĂ©lĂ© qu'un programme d'exercices Ă  domicile, comprenant des instructions au patient et exĂ©cutĂ© pendant plus de deux mois, a amĂ©liorĂ© la fonction de l'Ă©paule et rĂ©duit l'intensitĂ© de la douleur et la prise de mĂ©dicaments sur deux mois.
Dans un premier temps, il peut ĂȘtre intĂ©ressant de conseiller au patient d’effectuer le mouvement dans la direction la plus symptomatique.
Il sera pertinent Ă©galement de lui proposer des exercices avec des maniĂšres de progresser et de rĂ©gresser afin qu’il puisse lui-mĂȘme adapter la charge en fonction de ce qu’il ressent.
D’aprĂšs leur Ă©tude, Littlewood et al. de 2016 ont proposĂ© un programme d’exercices unique autogĂ©rĂ© par le patient, qu'ils ont comparĂ© Ă  un traitement classique de kinĂ©sithĂ©rapie pour la tendinopathie de la coiffe des rotateurs.
Il en ressort qu’il est important de faire comprendre au patient qu’il est parti pour environ 12 semaines d’exercices.
Dans leur Ă©tude, ils ont constatĂ© que les exercices Ă  domicile Ă©taient tout aussi bĂ©nĂ©fiques que les sĂ©ances de kinĂ©sithĂ©rapie supervisĂ©es au cabinet. Dans l'Ă©tude, le patient venait seulement 4 fois en sĂ©ance de kinĂ©sithĂ©rapie pour Ă©ventuellement faire des modifications d’exercices.
Le fait de voir le patient 1 fois toutes les semaines ou toutes les 2 semaines en fonction de ses besoins permet un suivi Ă  plus long terme.
Vous pouvez télécharger ici une fiche pratique vous permettant de prescrire des exercices à votre patient.

Les mĂ©ta-analyses rĂ©centes ne montrent aucune diffĂ©rence significative entre les exercices supervisĂ©s et ceux non supervisĂ©s pour les personnes souffrant de RCRSP (Gutierrez-Espinoza et al., 2020; Liaghat et al., 2021). Cependant, un essai contrĂŽlĂ© randomisĂ© ultĂ©rieur a comparĂ© un programme d'exercices supervisĂ©s par un kinĂ©sithĂ©rapeute Ă  un groupe qui a reçu des informations Ă©ducatives et des exercices aprĂšs une injection de corticostĂ©roĂŻdes pour les deux groupes (Roddy et al., 2020). AprĂšs six mois, une amĂ©lioration significative a Ă©tĂ© notĂ©e pour le groupe supervisĂ© en termes de douleur et de fonction de l'Ă©paule, mais aucune diffĂ©rence n'a Ă©tĂ© constatĂ©e Ă  six semaines et Ă  douze mois. L'adhĂ©sion plus Ă©levĂ©e aux exercices dans le groupe supervisĂ© pourrait expliquer ces rĂ©sultats. Ces donnĂ©es suggĂšrent que les dĂ©cisions relatives Ă  la supervision des exercices doivent ĂȘtre personnalisĂ©es en fonction de chaque patient.

9 - Les exercices améliorent-t-ils la structure du tendon ?

Selon certaines Ă©tudes, les changements structurels pourraient potentiellement expliquer les rĂ©sultats positifs obtenus suite Ă  ces exercices. Cependant, les mĂ©canismes de l’efficacitĂ© de ces exercices restent incompris.
L’étude de Drew et al de 2014 s’est intĂ©ressĂ©e Ă  la relation entre les changements structurels observables des tendons et les rĂ©sultats cliniques faisant suite Ă  des exercices thĂ©rapeutiques.
Ils ont voulu observer si les changements structurels Ă©taient liĂ©s Ă  la rĂ©duction de la douleur, Ă  l’amĂ©lioration de la fonction ou encore Ă  la satisfaction Ă©prouvĂ©e par le patient par rapport au traitement.
La rĂ©ponse est "non" : le tendon peut ne pas s’ĂȘtre amĂ©liorĂ© structurellement parlant, mais le patient peut aller mieux.
Donc l’imagerie n’est pas forcĂ©ment quelque chose d’important Ă  prendre en compte dans notre traitement car le problĂšme n’est pas toujours liĂ© Ă  la structure.
Les exercices vont la plupart du temps permettre au patient de se sentir mieux, mais on ne sait pas vraiment pourquoi Ă©tant donnĂ© qu'il n’y a pas toujours de changements structurels au niveau tendineux.

Est-ce qu'un exercice doit ĂȘtre douloureux pour ĂȘtre efficace ? 

Une mĂ©ta-analyse systĂ©matique a montrĂ© que la douleur ressentie pendant les exercices thĂ©rapeutiques n'empĂȘche pas l'atteinte de rĂ©sultats positifs pour diverses conditions musculo-squelettiques, et pourrait mĂȘme ĂȘtre bĂ©nĂ©fique Ă  court terme (Smith et al., 2017). Cette analyse incluait trois Ă©tudes sur les RCRSP (Holmgren et al., 2012; Littlewood et al., 2016; Maenhout et al., 2013), ne trouvant pas de diffĂ©rence notable Ă  long terme entre les programmes d'exercices avec ou sans douleur. À court terme, cependant, l'Ă©tude de Holmgren et al. (2012) a rĂ©vĂ©lĂ© que les exercices douloureux pouvaient ĂȘtre associĂ©s Ă  de meilleurs rĂ©sultats.

Cela ne signifie pas que la douleur pendant l'exercice est une cause directe de meilleurs rĂ©sultats, mais plutĂŽt que l'exercice douloureux ne doit pas ĂȘtre systĂ©matiquement Ă©vitĂ©. Cependant, des recherches supplĂ©mentaires sont nĂ©cessaires pour confirmer cette hypothĂšse. Les dĂ©cisions sur la quantitĂ© de douleur acceptable lors des exercices devraient tenir compte des circonstances individuelles, et il est suggĂ©rĂ© que l'exercice dans la douleur pourrait ĂȘtre contre-productif en prĂ©sence de pensĂ©es catastrophiques Ă©levĂ©es (Clausen et al., 2023).

Les auteurs se sont ensuite intéressés à ce que nous pouvons apprendre de l'expérience vécue des individus avec une atteinte de la coiffe concernant l'exercice. 

La recherche qualitative montre que les participants d'un essai clinique orientés vers l'exercice peuvent se sentir déçus et sceptiques, préférant une approche basée sur la thérapie manuelle (Littlewood et al., 2014). 

À l'inverse, certains individus prĂ©fĂšrent la rĂ©habilitation par l'exercice suite Ă  l'Ă©chec des approches traditionnelles manuelles (Littlewood et al., 2014; Powell et al., 2023). Ces donnĂ©es rejoignent celles de recherches rĂ©centes indiquant que les individus attendent souvent des exercices de la part de leur kinĂ©sithĂ©rapeute, comme l'exprime un participant dans l'Ă©valuation qualitative de Subialka et al. (2022) (Jensen et al., 2022; Subialka et al., 2022) : "Je cherche juste Ă  ce qu'ils m'apprennent Ă  faire les exercices nĂ©cessaires chez moi pour maintenir cette amplitude de mouvement et rĂ©duire le niveau de douleur sans passer par une chirurgie importante."

Une enquĂȘte qualitative s'intĂ©ressant Ă  comment et pourquoi les individus ayant vĂ©cu avec RCRSP croient que l'exercice a aidĂ© Ă  leurs symptĂŽmes a rĂ©vĂ©lĂ© que tous les participants de l'Ă©tude ont eu une expĂ©rience positive avec l'exercice, mais seulement sous certaines conditions (Powell et al., 2023). 

La condition la plus importante était la relation thérapeutique avec leur clinicien traitant, une relation faible menant inévitablement à l'échec des exercices prescrits. Un autre aspect crucial, souligné dans cette étude et d'autres (Sandford et al., 2017), était l'importance d'un programme d'exercices personnalisé, plutÎt qu'un programme générique.

Parmi les obstacles couramment exprimés à l'engagement dans un programme d'exercices, on trouve le manque d'accÚs à l'équipement, l'incertitude quant au délai de récupération, le manque de motivation et de temps, ainsi que les croyances et attentes quant à l'adéquation de l'exercice pour leur douleur à l'épaule (O'Shea et al., 2022; Sandford et al., 2017). 

À l'opposĂ©, des conseils pertinents et l'Ă©ducation sur leur condition de l'Ă©paule, l'accĂšs Ă  l'Ă©quipement, une charge d'exercice raisonnable et un rĂ©seau social soutenant Ă©taient des facteurs clĂ©s facilitant l'adhĂ©sion Ă  un programme d'exercices (O'Shea et al., 2022; Sandford et al., 2017).

La littérature qualitative met en lumiÚre la complexité et la dépendance au contexte de l'expérience individuelle de s'engager dans un programme d'exercices. Néanmoins, lorsque proposé dans un contexte clinique approprié, l'exercice est souvent attendu, souhaité et, pour la plupart, positivement accueilli par les individus avec RCRSP.

MĂ©canismes qui pourraient expliquer comment l'exercice aide les individus atteint de la coiffe

Les auteurs se sont ensuite intéressés aux mécanismes qui pourraient expliquer comment l'exercice aide les individus atteint de la coiffe. Powell et al. (2022a, 2022b) ont recensé 32 mécanismes potentiels expliquant les bienfaits de l'exercice chez les sujets atteints de la coiffe, principalement axés sur des facteurs biomécaniques tels que la force, le contrÎle moteur et l'espace acromio-huméral. Ces mécanismes biomécaniques n'ont que rarement été éprouvés ou confirmés par des approches expérimentales et statistiques rigoureuses et demeurent donc spéculatifs (Powell et al., 2022b; Powell & Lewis, 2021).

Hotta et al. (2022) n'ont trouvé aucun lien entre le mouvement, la position ou la force de la scapula et la douleur ou le handicap à l'épaule chez les patients avec atteinte de la coiffe.

GutiĂ©rrez Espinoza et al. (2023) ont comparĂ© des exercices spĂ©cifiques Ă  des exercices gĂ©nĂ©raux pour les RCRSP, avec une attention particuliĂšre Ă  l'orientation scapulaire et Ă  la position de la tĂȘte humĂ©rale dans la cavitĂ© glĂ©noĂŻde pour prĂ©venir une translation supĂ©rieure et possiblement Ă©viter un conflit sous-acromial. Bien que l'exercice spĂ©cifique ait montrĂ© une amĂ©lioration, la diffĂ©rence n'Ă©tait pas cliniquement pertinente. L'Ă©tude suggĂšre que les bĂ©nĂ©fices pourraient ĂȘtre partiellement attribuĂ©s Ă  une rĂ©duction de la kinĂ©siophobie, un Ă©lĂ©ment Ă  considĂ©rer pour les cliniciens traitant des patients ayant une forte apprĂ©hension du mouvement. Il reste Ă  dĂ©terminer quel aspect de l'exercice a permis cette rĂ©duction ou si d'autres formes d'exercice pourraient avoir un effet similaire. Des Ă©tudes qualitatives ont indiquĂ© que la kinĂ©siophobie peut ĂȘtre attĂ©nuĂ©e par des exercices de renforcement simples (Powell et al., 2023).

Lorsque des personnes souffrant de RCRSP ont été interrogées sur la façon dont l'exercice atténuait leur douleur, trois mécanismes ont émergé : l'augmentation de la force musculaire, des changements dans l'état psycho-émotionnel et une reconnaissance des bénéfices de l'exercice sur la santé en général (Powell et al., 2023). Ces perceptions rejoignent les propositions scientifiques concernant la force des épaules mais mettent davantage l'accent sur les aspects psycho-émotionnels.

Actuellement, il y a un manque de connaissances sur les processus précis par lesquels l'exercice améliore les symptÎmes du syndrome de douleur régionale complexe de l'épaule (RCRSP). 

Les hypothÚses conventionnelles telles que l'accroissement de la force musculaire, l'amélioration de la position et du mouvement de la scapula ou l'augmentation de l'espace acromio-huméral pourraient ne pas suffire à expliquer les améliorations de la douleur et de la fonction de l'épaule observées en clinique (Powell et al., 2022b; Powell et Lewis, 2021). 

Des concepts psychologiques comme la kinésiophobie et l'auto-efficacité face à la douleur se présentent comme des intermédiaires et des cibles thérapeutiques intéressants, quoique des recherches approfondies soient nécessaires pour valider ces idées. 

La rééquilibration biochimique au sein des tissus de l'épaule est également considérée comme un mécanisme potentiel nécessitant plus d'étude (Docherty et al., 2022). 

En l'état, il est recommandé aux cliniciens de ne pas se reposer sur des explications simplistes et uniques pour l'efficacité de l'exercice, comme l'optimisation du mouvement scapulaire ou l'augmentation de la force. Il est plutÎt suggéré de considérer que l'exercice peut soulager la douleur et améliorer la fonction de l'épaule à travers une variété de mécanismes biopsychosociaux qui sont interconnectés (Powell et Lewis, 2021). 

Des études supplémentaires sont cruciales pour déchiffrer les voies causales grùce auxquelles l'exercice procure un avantage aux personnes souffrant de RCRSP, ce qui pourrait à son tour améliorer l'application et les résultats de la thérapie par l'exercice.

Naviguer dans l’incertitude : considĂ©rations thĂ©oriques pour l’utilisation de la thĂ©rapie par l’exercice

Dans les cas non traumatiques de troubles musculo-squelettiques, dont les RCRSP, les interventions chirurgicales et non chirurgicales offrent des bénéfices équivalents et modestes, ce qui complique le choix d'un traitement. 

L'exercice pour les RCRSP est modĂ©rĂ©ment efficace, souvent souhaitĂ© par les patients, abordable et offre un bon rapport coĂ»t-efficacitĂ© (Babatunde et al., 2021; Naunton et al., 2020; Steuri et al., 2017). L'exercice est considĂ©rĂ© comme Ă©quitable et judicieux dans l'utilisation des ressources, en particulier comparĂ© Ă  la chirurgie (Lewis, 2022), et peut ĂȘtre mis en Ɠuvre rapidement sans supervision intensive, Ă©tant Ă©galement bĂ©nĂ©fique pour les patients en attente de chirurgie (Holmgren et al., 2012). La pertinence de la thĂ©rapie par l'exercice dans une situation clinique donnĂ©e devrait rĂ©sulter d'une dĂ©cision partagĂ©e entre le patient et le clinicien (Hoffmann et al., 2020).

La prise de dĂ©cision partagĂ©e est un processus collaboratif oĂč clinicien et patient Ă©valuent ensemble les options de traitement, en tenant compte des bĂ©nĂ©fices, risques et prĂ©fĂ©rences personnelles (Hoffmann et al., 2020, 2022). Elle est recommandĂ©e quand il n'y a pas d'option thĂ©rapeutique clairement supĂ©rieure et concerne la sĂ©lection comme la mise en Ɠuvre du traitement, dont les modalitĂ©s de l'exercice. Face Ă  l'incertitude qui accompagne souvent la prescription d'exercices thĂ©rapeutiques pour les RCRSP, il est considĂ©rĂ© comme une bonne pratique d'adopter une dĂ©cision partagĂ©e lors de la sĂ©lection et de l'application d'un traitement. Bien que l'exercice soit une option parmi d'autres pour les RCRSP, il semble remplir les critĂšres de soins appropriĂ©s et reste une option de traitement privilĂ©giĂ©e pour cette affection.

Dans le contexte de la thĂ©rapie par l'exercice, face Ă  l'incertitude entourant la mise en Ɠuvre, la dĂ©cision partagĂ©e peut conduire Ă  un essai de thĂ©rapie par l'exercice, accompagnĂ© de conseils appropriĂ©s (Dube et al., 2023).

L'incertitude quant Ă  la maniĂšre dont l'exercice soulage la douleur ne dicte pas nĂ©cessairement le choix des exercices sur la base de critĂšres traditionnels comme la faiblesse ou la tension musculaire. Les praticiens sont encouragĂ©s Ă  privilĂ©gier les exercices confortables pour le patient et pratiques d'un point de vue logistique et financier, qui correspondent Ă  leur prĂ©sentation clinique. La nature de l'exercice de rĂ©sistance, l'intensitĂ© et la dose dĂ©pendent de la tolĂ©rance et des objectifs de rĂ©adaptation du patient. Les cliniciens pourraient adopter des "expĂ©riences d'exercices", testant et ajustant le type d'exercice, l'intensitĂ© et le contexte en fonction des rĂ©actions du patient, comme dans le programme Shape-Up-My-Shoulder (Lewis et al., 2022) et les approches de la thĂ©rapie cognitive fonctionnelle (O'Sullivan, 2018). Cette mĂ©thode est soutenue par des personnes avec les RCRSP (Powell et al., 2023). La supervision par un physiothĂ©rapeute doit ĂȘtre discutĂ©e, et en l'absence de preuves claires, la dĂ©cision dĂ©pendra du contexte clinique. Il est conseillĂ© d'informer de maniĂšre transparente les patients sur l'efficacitĂ© Ă©quivalente des exercices supervisĂ©s et non supervisĂ©s pour les RCRSP.

Quand la douleur diminue, l'exercice peut ĂȘtre orientĂ© vers l'amĂ©lioration de la fonction et des performances, pour prĂ©parer le retour au travail ou Ă  des activitĂ©s de loisir. À ce stade, on peut envisager l'exercice d'un point de vue biomĂ©canique, considĂ©rant la force nĂ©cessaire pour les activitĂ©s souhaitĂ©es. La rĂ©Ă©ducation peut Ă©galement intĂ©grer la chaĂźne cinĂ©tique (Richardson et al., 2020). Il est suggĂ©rĂ© que la spĂ©cificitĂ© de l'exercice, l'intensitĂ©, le volume et le type de contraction importent peu pour la rĂ©duction de la douleur mais sont plus pertinents pour amĂ©liorer la fonction et la performance de l'Ă©paule.

10 - Traitements passifs

10.1 Les Ultrasons  

Sur la base de preuves de faible niveau, la thĂ©rapie par ultrasons n'est pas supĂ©rieure Ă  un placebo et ne prĂ©sente aucun avantage supplĂ©mentaire lorsqu'elle est utilisĂ©e en association avec l'exercice, en termes de rĂ©duction de la douleur et de fonction autodĂ©clarĂ©e chez le patient prĂ©sentant une tendinopathie de la CR (​​Desmeules et al. 2015).

10.2 Le TENS

En raison du nombre limitĂ© d'Ă©tudes et du risque global Ă©levĂ© de biais des Ă©tudes portant sur l’efficacitĂ© du TENS pour la tendinopathie de la coiffe des rotateurs, aucune conclusion ne peut ĂȘtre tirĂ©e quant Ă  son apport (nocif ou bĂ©nĂ©fique) pour le contrĂŽle de la douleur, le handicap et la qualitĂ© de vie en cas de lĂ©sion de la coiffe des rotateurs (Desmeules et al. 2016 ; Gibson et al. 2019).
Par consĂ©quent, en attendant la survenue d’autres Ă©tudes plus solides, il serait prĂ©fĂ©rable que les thĂ©rapeutes privilĂ©gient d’autres types d’interventions qui s’avĂšrent dĂ©jĂ  efficaces d’aprĂšs la littĂ©rature.

10.3 Cryothérapie et mise en charge progressive en stade aigu

Une Ă©tude a voulu savoir s’il Ă©tait plus intĂ©ressant de charger petit Ă  petit l’épaule avec des exercices ou bien simplement appliquer de la glace (Dupuis et al. de 2018).
Vous pouvez consulter l’étude de Dupuis et al. de 2018 pour obtenir davantage de dĂ©tails quant aux modalitĂ©s utilisĂ©es.
Globalement, ils ont réparti les patients en 2 groupes : un groupe effectuait des RE isométriques et un 2e groupe appliquait de la glace. Ces 2 groupes ont réalisé leur protocole pendant 14 jours, puis ils ont effectué des exercices de mise en charge progressive en RE, RI et abduction pendant 4 semaines.
Les auteurs ont constatĂ© qu’il n’y a pas vraiment de diffĂ©rence Ă  court terme entre un programme de mise en charge progressive de la coiffe et un protocole de cryothĂ©rapie dans le but de diminuer les douleurs et d’amĂ©liorer la fonction.
Cependant, il faut ĂȘtre prudent par rapport Ă  ces rĂ©sultats Ă©tant donnĂ© qu'ils n’ont pas utilisĂ© de groupe contrĂŽle dans leur Ă©tude. Les 2 groupes ont certes Ă©voluĂ© positivement, aucun n’ayant pris le dessus sur l’autre, mais il est tout de mĂȘme impossible de savoir si l’évolution observĂ©e est simplement un processus normal liĂ© au temps ou pas.
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Que peut-on tirer de cette Ă©tude pour notre pratique ?
On pourrait en dĂ©duire qu’en fonction de la croyance des patients et de leur adhĂ©rence au traitement proposĂ©, peut-ĂȘtre vaut-il mieux proposer Ă  certains patients d'appliquer de la glace s’ils trouvent que ça les soulage. D'autres patients prĂ©fĂ©reront bouger : dans ce cas on peut leur proposer des exercices isomĂ©triques comme par exemple effectuer 3 sĂ©ries de 20 Ă  30 secondes de contraction isomĂ©trique en RE ou en abduction, et ce 3 fois par jour.

10.4 Ondes de chocs (ODC)

IntĂ©ressons-nous maintenant aux ondes de choc et Ă  l’étude de Kyalyaag et al de 2018. Ils ont rĂ©parti des patients ĂągĂ©s de 25 Ă  70 ans en 2 groupes. Les patients avaient des symptĂŽmes depuis au moins 3 mois, ils n’avaient pas de rupture de coiffe et venaient avec des douleurs de type “conflit”. Certains avaient des tendinopathies avec et sans calcifications.
Dans leur étude, ils ont couplé de fausses ondes de choc avec des exercices et de vraies ondes de choc avec des exercices.
Ils se sont rendus compte que l’évolution Ă©tait la mĂȘme dans les 2 groupes. Les rĂ©sultats Ă©taient moins bons chez les personnes qui avaient une moins bonne attente vis-Ă -vis des rĂ©sultats en kinĂ©sithĂ©rapie.
Autre élément intéressant : les gens qui ne travaillaient pas, ceux qui étaient célibataires et ceux qui avaient tendance à moins venir aux séances de kinésithérapie présentaient également de moins bons résultats.
On se rend compte que le cÎté psychosocial vient véritablement influencer la rééducation.
D'un point de vue pratique, si le patient pense que les ODC lui font du bien et qu’il a l’impression que ça l’aide, alors peut-ĂȘtre est-ce intĂ©ressant de l’essayer.

Je vous invite à découvrir le module sur les ondes de choc disponible sur Fullphysio.

10.5 Mobilisations passives et thérapie manuelle

Sur la base de preuves de niveau faible Ă  modĂ©rĂ©, la thĂ©rapie manuelle (TM), utilisĂ©e seule ou en conjonction avec d'autres interventions (US, TENS, exercices
), rĂ©duit significativement la douleur chez les personnes souffrant de tendinopathie de la CR, et cet effet peut ou non ĂȘtre cliniquement important.

Sur la base de preuves de faible niveau, une intervention de TM ajoutĂ©e Ă  un programme d'exercices rĂ©duit significativement la douleur chez les personnes souffrant de tendinopathie de la CR, et cet effet peut ou non ĂȘtre cliniquement important. Sur la base de preuves de faible niveau, il n'est pas clair si la TM peut amĂ©liorer la fonction dans le traitement de la tendinopathie RC (Desjardins-Charbonneau et al. 2015).

Qu'est-ce qu’on entend par thĂ©rapie manuelle ?

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Plusieurs choses selon les Ă©tudes. Pour certaines il s’agit de mobilisations thoraciques, pour d’autres des mobilisations au niveau cervical, au niveau glĂ©no-humĂ©ral ou bien acromio-claviculaire.
Certains vont faire des mouvements de type Mulligan, d'autres vont faire du MTP (massage transverse profond) et d’autres encore plutît un travail de la scapula.
La dĂ©finition de la thĂ©rapie manuelle est trĂšs diffĂ©rente d’un groupe d’étude Ă  l’autre. Il n’est donc pas Ă©vident de rĂ©aliser des comparaisons d’autant plus que ces groupes d’études ont eux-mĂȘmes Ă©tĂ© comparĂ©s avec d’autres types d’interventions comme des US, du TENS, des exercices, etc

D’un point de vue raisonnement clinique, dans les cas de tendinopathies aiguĂ«s et hyper-rĂ©actives, le kinĂ©sithĂ©rapeute pourrait Ă©ventuellement envisager de faire des mobilisations passives, des techniques de thĂ©rapie manuelle, non dans l’idĂ©e d’amĂ©liorer la mobilisation passive du patient (gĂ©nĂ©ralement peu de dĂ©ficits d’amplitude dans les tendinopathies) mais Ă©ventuellement dans le but de soulager la douleur du patient.

En 2024, une revue systĂ©matique et mĂ©ta-analyse s’est concentrĂ©e sur l’intĂ©rĂȘt de la thĂ©rapie manuelle dans les problĂ©matiques d’épaule. 

Malheureusement aucune RCTs de bonne qualitĂ© n’a pu ĂȘtre intĂ©grĂ© dans cette revue systĂ©matique. Les auteurs le dĂ©plorent Ă©tant donnĂ© que la thĂ©rapie manuelle est l'une des interventions les plus prescrites dans la pratique de la kinĂ©sithĂ©rapie et le dysfonctionnement de l'Ă©paule une dĂ©ficience courante chez nos patients, il est de la plus haute importance de crĂ©er des essais cliniques randomisĂ©s solides et fiables sur l'efficacitĂ© de la thĂ©rapie manuelle dans le traitement des patients souffrant de dysfonctionnement de l'Ă©paule.

Pour conclure provisoirement, les auteurs indiquent qu’il n’existe pas de preuves suffisantes aujourd’hui en faveur de l’utilisation de la thĂ©rapie manuelle dans les problĂ©matiques d’épaule (Flowers et al. 2024). 

10.6 Strappe et taping ?

La revue systĂ©matique et mĂ©ta-analyse de Desjardins‐Charbonneau et al. (2015) a indiquĂ© qu’il Ă©tait impossible de dĂ©montrer une efficacitĂ© du taping non Ă©lastique (TNE) seul ou en conjonction avec d’autres interventions pour le traitement de la tendinopathie de la CR.

Concernant le kinĂ©siotape (KT) il existe des preuves qu'il pourrait amĂ©liorer la ROM sans douleur, mais ces amĂ©liorations ne se traduisent pas par une rĂ©duction de la douleur et une augmentation de la fonction. En ce qui concerne l'efficacitĂ© du KT en conjonction avec une autre intervention, les preuves sont insuffisantes pour recommander cette approche (Desjardins‐Charbonneau et al. 2015).

Pour plus d'informations à ce sujets, nous vous recommandons vivement de découvrir le module sur le strapping et taping de l'épaule disponible sur la plateforme.

‍Traitement multimodal et modulation de symptîmes

La modulation de la douleur dĂ©signe les rĂ©ponses inhibitrices et facilitatrices aux stimuli sensoriels nocifs. Une altĂ©ration de ce systĂšme peut contribuer Ă  des symptĂŽmes persistants et influencer la rĂ©activitĂ© au traitement. Cette modulation peut ĂȘtre mesurĂ©e par deux protocoles :

  1. Modulation conditionnée de la douleur (CPM) : Inhibition de la douleur aprÚs un stimulus conditionné, utilisant un second stimulus nociceptif.
  2. Somation temporelle (TS) : Facilitation de la douleur par répétition d'un stimulus nociceptif, augmentant la douleur perçue.

Ces protocoles sont fiables et leur combinaison prédit mieux l'intensité de la douleur.

Des améliorations dans la modulation de la douleur ont été observées aprÚs des interventions spécifiques pour d'autres conditions musculosquelettiques, comme l'arthrose du genou. Cependant, il reste incertain si les traitements conservateurs peuvent induire des changements de modulation de la douleur chez les personnes souffrant de douleurs à l'épaule, et si ces changements sont corrélés avec des améliorations cliniques.

En 2022, Haik et son équipe ont étudié l'effet de la thérapie manuelle et de l'exercice sur la modulation de la douleur chez les personnes souffrant de douleurs musculosquelettiques à l'épaule. Dans cette étude pilote, des participants souffrant de douleurs à l'épaule depuis plus de 6 semaines ont suivi 4 semaines de mobilisation gléno-humérale avec mouvement et exercices thérapeutiques.

Les participants étaient assis, les pieds à plat. Le thérapeute appliquait un glissement postérolatéral sur l'humérus pendant que le participant élevait et abaissait activement le bras. 3 séries de 10 répétitions ont été réalisées.

Le protocole comprenait également des étirements et des exercices de renforcement pour le muscle dentelé antérieur, le trapÚze inférieur et les muscles de la coiffe des rotateurs, effectués avec des bandes de résistance.

Cette Ă©tude a montrĂ© que la thĂ©rapie manuelle et les exercices amĂ©liorent la douleur, la mobilitĂ© et l'incapacitĂ© de l'Ă©paule, mais n'induisent pas de changements dans la modulation de la douleur ou les rĂ©sultats psychosociaux Ă  court terme. Attention Ă  l'interprĂ©tation des rĂ©sultats, cette Ă©tude comporte de nombreuses limites comme l’absence de groupe contrĂŽle.

11 - Le cas de l’épaule du sportif : Consensus de Bern 2022

Les experts présents à la réunion ont convenu que les cliniciens qui soutiennent les athlÚtes aprÚs une blessure à l'épaule devraient viser à :

- Améliorer la biomécanique/technique spécifique au sport.
- Augmenter l'intensité de la rééducation afin de pousser les athlÚtes à la limite de leurs capacités.
- Développer la résilience : augmenter la capacité à supporter la charge d'un point de vue physiologique et psychologique.
- Impliquer l'équipe multidisciplinaire dans un processus décisionnel partagé, y compris les entraßneurs et l'athlÚte, afin de soutenir l'intégration des mesures de réadaptation et de performance qui font progresser l'objectif ultime de retour à la performance (Ardern et al. 2016 ; Dijkstra et al. 2017).

L'équipe de la réunion de consensus a identifié, discuté et défini sept principes clés pour guider la planification et la progression de la rééducation des athlÚtes souffrant de blessures à l'épaule.

  • Principe clĂ© 1 : Laisser l'irritabilitĂ© propre au patient guider la progression de la rĂ©adaptation. Comme nous l’avons mentionnĂ© plus haut dans le module, une approche par Ă©tapes a Ă©tĂ© dĂ©crite pour les troubles de l'Ă©paule, avec une classification de la rĂ©Ă©ducation basĂ©e sur l'irritabilitĂ© (McClure et al. 2015). 
    ‍
    Les experts stipulent qu’il n'y a pas d'ordre spĂ©cifique pour savoir quand inclure la chaĂźne cinĂ©tique ou favoriser la cinĂ©matique scapulaire ou renforcer la coiffe des rotateurs. Il semble plus intĂ©ressant d’intĂ©grer ces stratĂ©gies simultanĂ©ment. Par ailleurs, la structure et les moments du programme de rĂ©Ă©ducation seront dictĂ©s par les marqueurs (douleur, faiblesse, irritabilitĂ©) du dysfonctionnement.
  • Principe clĂ© 2 : Traiter les dĂ©ficits d'amplitude glĂ©no-humĂ©rale cliniquement pertinents en utilisant une thĂ©rapie active par l'exercice. Les membres de l’équipe de la rĂ©union de consensus soulignent les relations incohĂ©rentes entre les mesures de ROM en RM et RL avant la saison et les blessures ultĂ©rieures de l'Ă©paule dans les sports aĂ©riens et de lancer.
    Chez les athlĂštes ayant des problĂšmes d’épaule, la perte ou le gain d’amplitude de mouvement (ROM) est chose courante. Par consĂ©quent, les auteurs soulignent que le terme GIRD suscite beaucoup de confusion et conseillent vivement aux thĂ©rapeutes d’utiliser l’arc totale de rotation avant de conclure trop rapidement Ă  un GIRD pathologique. Par ailleurs, les experts indiquent qu’il manque de preuves pour diffĂ©rencier clairement l'adaptation physiologique de l'adaptation pathologique. 
    ‍
    Concernant le GIRD symptomatique,  il semble qu’actuellement, il n’existe aucun consensus pour savoir s’il faut le gĂ©rer avec un traitement actif ou passif. Pour le gain en RE, bien qu’il puisse s’agir lĂ  d’une adaptation normale, les experts recommandent de le prendre en charge de maniĂšre Ă  prĂ©parer l’athlĂšte Ă  agir en toute sĂ©curitĂ© dans cette ROM supplĂ©mentaire.
    Les cliniciens peuvent envisager d'inclure des exercices basés sur la force pour restaurer les déficits d'amplitude articulaire.

    Il est Ă©galement conseillĂ© aux thĂ©rapeutes de se pencher sur d’éventuelles pertes de fin de ROM en flexion et abduction qui sont frĂ©quentes dans les sports aĂ©riens (par exemple, le baseball, la natation et le volleyball). 
  • Principe clĂ© 3 : Il est conseillĂ© de traiter la scapula dans la rĂ©Ă©ducation mais ne pas dĂ©pister la dyskinĂ©sie. En effet, les experts soulignent que le dĂ©pistage de la dyskinĂ©sie scapulaire chez les athlĂštes qui ne prĂ©sentent pas de symptĂŽmes au niveau de l'Ă©paule peut ĂȘtre peu ou pas utile. 
    Les experts préconisent alors de considérer la scapula comme faisant partie d'une approche holistique de la rééducation du complexe de l'épaule, par exemple en renforçant la chaßne cinétique pour améliorer la mécanique de la scapula (Richardson et al. 2020).

    Comme nous l’avons mentionnĂ© plus haut dans le module, l'effet de la dyskinĂ©sie scapulaire sur la performance n'est pas clair (Bern et al. 2022). 
  • Principe clĂ© 4 : En 4Ăšme point, les experts conseillent de choisir l'exercice appropriĂ© (chaĂźne ouverte ou chaĂźne fermĂ©e). Comme nous l’avons dĂ©jĂ  dĂ©veloppĂ© plus haut dans le module, le choix de l'exercice dĂ©pendra de la blessure spĂ©cifique et de la phase de rĂ©Ă©ducation. Nous avions en effet Ă©noncĂ© que chez un athlĂšte souffrant d'une instabilitĂ© antĂ©rieure de l’épaule, des exercices en chaĂźne fermĂ©e et Ă  faible charge peuvent constituer une porte d’entrĂ©e adĂ©quate dans le processus de rĂ©Ă©ducation. Dans tous les cas, la derniĂšre Ă©tape de rĂ©Ă©ducation devra proposer des exercices en fonction des exigences imposĂ©es dans le sport de l’athlĂšte. 
    ‍
    Globalement, les experts recommandent d’inclure des exercices Ă  chaĂźne ouverte et fermĂ©e dans un programme de rĂ©Ă©ducation pour les athlĂštes pratiquant des sports de lancer et des sports de contact.
  • Principe clĂ© 5 : Les auteurs du consensus de Bern invite les thĂ©rapeutes Ă  inclure la pliomĂ©trie assez tĂŽt dans le programme de rĂ©Ă©ducation chez les athlĂštes pratiquant des sports de lancer et de contact. L'inclusion d'exercices pliomĂ©triques est cruciale pour aider les athlĂštes Ă  se prĂ©parer Ă  la charge spĂ©cifique au sport. Bien entendu, “ĂȘtre progressif” sera toujours le mot d’ordre en commençant par des exercices pliomĂ©triques Ă  faible charge par exemple (Singla et al. 2018 ; Werin et al. 2020).

    Il peut s'agir de mouvements d'attrapé-lùché de faible amplitude en position latérale ou de RE avec un theraband avec une phase concentrique rapide et une phase excentrique lente en position couchée. Il sera alors bon de progresser en ajoutant davantage de résistance et en modifiant la position du corps afin de placer une charge plus ciblée sur l'épaule ou de se rapprocher des mouvements spécifiques au sport pratiqué. 
    ‍
  • Principe clĂ© 6 : Pour ce 6Ăšme point, les experts recommandent d’entraĂźner le cerveau. En effet, il a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© que la blessure provoque des changements dans la zone corticale du cerveau qui durent plus longtemps que la blessure elle-mĂȘme (Haller et al. 2014). C’est pourquoi, lors de la rĂ©Ă©ducation, le thĂ©rapeute peut stimuler la formidable plasticitĂ© cĂ©rĂ©brale pour inverser les changements nĂ©fastes suite Ă  la blessure. Les experts du consensus proposent des astuces en faisant le parallĂšle avec la rĂ©Ă©ducation post-ligamentoplastie du LCA : le kinĂ©sithĂ©rapeute peut utiliser la focalisation externe de l’attention, l’apprentissage implicite, l’apprentissage diffĂ©rentiel, l’apprentissage autocontrĂŽlĂ© et l'interfĂ©rence contextuelle (Gokeler et al. 2019).
    De mĂȘme que pour la lombalgie, il est possible d’intĂ©grer l’exposition graduelle Ă  des mouvements qui provoquent l’anxiĂ©tĂ© chez l’athlĂšte (instabilitĂ© +++). L’imagerie motrice et les neurones miroirs avec mimĂ©tisme pourront ĂȘtre des outils intĂ©ressants Ă©galement (Boudreau et al. 2010 ; Rizzolatti et al. 2009 ; Snodgrass et al. 2014).
    ConcrĂštement, le patient peut ĂȘtre invitĂ© Ă  exĂ©cuter une tĂąche en comptant Ă  rebours, le kinĂ© peut utiliser un focus externe plutĂŽt qu’interne (par exemple : amĂšne le bĂąton vers la cible supĂ©rieure plutĂŽt que “lĂšve ton bras”), l’imagerie mentale pour un athlĂšte en Ă©charpe, un mĂ©tronome ou de la musique pour rythmer la tĂąche Ă  effectuer.
    Parmi les exemples pratiques, on peut citer l'exécution d'une tùche en comptant à rebours, l'utilisation d'indices externes plutÎt qu'internes (par exemple, "amÚne la balle vers la ligne supérieure du mur" au lieu de "lÚve ton bras"), le fait de demander à un athlÚte d'imaginer le mouvement tout en portant une écharpe, et l'exécution d'une tùche au rythme d'un métronome ou de la musique (Boudreau et al. 2010 ; Gokeler et al. 2019 ; Snodgrass et al. 2014).
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  • Principe clĂ© 7 : Enfin pour le dernier point clĂ©, les experts recommandent d’utiliser des exercices spĂ©cifiques au sport. Si dans un premier temps il est conseillĂ© d’utiliser des exercices sur un seul plan pour atteindre des objectifs divers tels qu’un renforcement musculaire en force, puissance ou endurance, il sera bon de s’assurer que les athlĂštes progressent vers des exercices plus complexes, multiplans pour enfin arriver aux mouvements spĂ©cifiques au sport.

12 - Le retour au sport (consensus de Bern. 2022)

‍Le retour au sport s'inscrit dans un continuum : du retour à la participation, au RTS, et le retour à la performance (Ardern et al. 2016). 

Ces ne sont pas des catĂ©gories distinctes, et doivent ĂȘtre interprĂ©tĂ©es comme un flux progressif.
Quelques définitions sont cependant nécessaires avant de poursuivre ce développement : 
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Retour Ă  la participation : l'athlĂšte participe Ă  la rĂ©Ă©ducation, Ă  l'entraĂźnement (modifiĂ© ou non) ou au sport, mais Ă  un niveau infĂ©rieur Ă  son objectif de RTS. L'athlĂšte est physiquement actif, mais il n'est pas encore "prĂȘt" (mĂ©dicalement, physiquement et/ou psychologiquement) pour le RTS. Il est possible de s'entraĂźner, mais cela ne signifie pas automatiquement RTS.

Retour au sport :
l'athlÚte reprend son sport, mais participe en dessous de son niveau de performance antérieur ou "souhaité".
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Retour Ă  la performance : l'athlĂšte joue un match complet sans restrictions ou effectue le nombre de lancers dans un match Ă  la mĂȘme vitesse qu'avant la blessure.

Les experts de la rĂ©union de consensus ont relevĂ© 6 domaines de la structure et de la fonction du corps pouvant affecter le succĂšs d’un athlĂšte pendant le RTS aprĂšs une blessure Ă  l’épaule.
Ces cas illustrent la nĂ©cessitĂ© d’une bonne cohĂ©sion de travail entre le thĂ©rapeute et l’athlĂšte de maniĂšre Ă  prendre en compte les informations recueillies et agir efficacement dessus avant le RTS.

Bien entendu les cas reflĂštent les exigences variables du sport
Les cas reflÚtent les exigences variables du sport : au-dessus de la hauteur de l'épaule, avec ou sans projection ; en dessous de la hauteur de l'épaule, avec ou sans projection ; et les exigences de la chaßne inverse. Les sports de contact comportent un risque supplémentaire que l'athlÚte et le clinicien doivent prendre en compte lors de la prise de décision concernant le RTS.

Les experts attirent notre attention sur le fait que les cas sont des exemples de raisonnement cliniques et non des recettes. En effet, le raisonnement clinique pendant le RTS est multifactorielle et souvent influencĂ© par des facteurs externes (contexte) sur lesquels le kinĂ©sithĂ©rapeute n’a pas ou peu d’influence. A l’heure actuelle, aucun test unique ou batterie de tests n’ont Ă©tĂ© validĂ©s pour Ă©clairer les dĂ©cision de RTS aprĂšs une blessure Ă  l’épaule.
Par consĂ©quent, il est recommandĂ© aux cliniciens de sĂ©lectionner les tests qui sont spĂ©cifiques Ă  la tĂąche, au sport et Ă  l’athlĂšte lors de la planification du RTS. Avant de dĂ©velopper les 6 cas, la diapositive suivante dresse une liste de tests recommandĂ©s par la rĂ©union de consensus.

Test video SET :

Test vidéo PSET :

Test vidéo SMBT :

Test vidéo CKCUEST :

Test vidéo ULRT :

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CritÚres RTS : 6 domaines à considérer pour l'athlÚte qui reprend le sport aprÚs une blessure à l'épaule.

Les experts insistent sur le fait que les 6 domaines ne constituent pas une hiĂ©rarchie et que le thĂ©rapeute devra prendre en compte le sport et la blessure spĂ©cifique de l’athlĂšte afin de juger la pertinence d’un domaine par rapport Ă  un autre. Également, les critĂšres de chaque domaine peuvent varier en fonction de la position de l'athlĂšte sur le continuum RTS. 

Domaine 1 : Douleur
Les blessures Ă  l'Ă©paule Ă  apparition progressive (Asker et al. 2018) sont mal dĂ©finies, mais la prĂ©sence d'une douleur durable peut empĂȘcher les athlĂštes de participer pleinement Ă  l'entraĂźnement et Ă  la compĂ©tition. Le groupe de consensus recommande que les athlĂštes pratiquant des sports overhead /de lancer puissent revenir Ă  la compĂ©tition avec des douleurs, mais ils doivent ĂȘtre indemnes de douleur lorsqu'ils tentent de revenir Ă  la performance.

En ce qui concerne le retour Ă  la participation et le RTS, il semble ne pas y avoir eu de consensus sur la question de savoir si les athlĂštes pratiquant le lancer/ les sports overhead devaient ĂȘtre indolores, mais les athlĂštes pratiquant des sports de contact devaient ĂȘtre indolores. 

Domaine 2 : ROM active de l'articulation de l'Ă©paule
Les experts de la rĂ©union insiste sur l'importance de retrouver une ROM complĂšte de l'articulation de l'Ă©paule spĂ©cifique au sport. Cet Ă©lĂ©ment devra ĂȘtre abordĂ© assez tĂŽt dans le continuum du RTS (c'est-Ă -dire le retour Ă  la participation). Bien que de nombreux sports ne requiĂšrent pas une ROM complĂšte pour participer Ă  des compĂ©titions, d'autres ont des exigences spĂ©cifiques en termes d'amplitude qui sont des conditions prĂ©alables au retour Ă  la performance (par exemple, les sports de lancer comme le baseball ou la natation).
Il arrive qu’aprĂšs certaines blessures et interventions (ex : rĂ©paration chirurgicale post-luxation traumatique), l’athlĂšte se retrouve avec un dĂ©ficit de ROM. Dans ce cas lĂ , il est recommandĂ© de davantage tenir compte des exigences du sport (en termes de ROM) plutĂŽt que sur les capacitĂ©s antĂ©rieures.
Concernant les athlĂštes pratiquant des sports de contact, les experts soulignent que la ROM complĂšte de l’articulation de l’épaule est probablement moins une prioritĂ©, bien que cela dĂ©pende du sport.

Domaine 3 : Force, puissance et endurance ‍

Tous les sports qui sollicitent l'Ă©paule ont des exigences en matiĂšre de force de l'Ă©paule.

La force, la puissance et l'endurance englobent de nombreuses composantes, comme la force maximale, le taux de développement de la force, la résistance à la fatigue, la vitesse de contraction, etc. Les exigences en matiÚre de force de l'épaule sont spécifiques au sport et à la position.

Chez les lanceurs et dans d'autres sports oĂč les mouvements de l'Ă©paule sont rapides, comme le tennis et le badminton, la vitesse est essentielle.

Il en va de mĂȘme pour la dĂ©cĂ©lĂ©ration du bras lors de la phase d'enchaĂźnement. Dans des sports tels que le rugby et la gymnastique, l'immobilisation et la stabilitĂ© en prĂ©sence de perturbations externes sont plus importantes que les mouvements rapides de l'Ă©paule.

La puissance est importante en haltérophilie, tandis que la force et l'endurance sont importantes en natation.
La plupart des sports ont plus d'un type d'exigence de force (par exemple, le handball comprend la vitesse, la puissance et la stabilitĂ©, et il existe une interaction complexe entre ces variables). Pour la suite du dĂ©veloppement le terme “force” sera utilisĂ© sans autre prĂ©cision. Les experts invitent les cliniciens Ă  faire la diffĂ©rence en fonction des besoins de l’athlĂšte.

Il a Ă©tĂ© rapportĂ© que la force de l’épaule pouvait ĂȘtre Ă©valuĂ©e de maniĂšre fiable avec un dynamomĂštre portatif. Toutefois, les experts mettent en garde sur la variabilitĂ© des valeurs cliniques de la force en fonction du mode de test (isomĂ©trique versus excentrique ou un break test), de l’expĂ©rience et des compĂ©tences du thĂ©rapeute et de l’athlĂšte, de la position du test et du sport pratiquĂ© (Cools et al. 2014 ; Cools et al. 2016).

Concernant les rations de force RL / RM, la rĂ©union de consensus a soutenu leurs intĂ©rĂȘts pour les athlĂštes pratiquant des sports overhead / de lancer Ă  condition qu’ils ne soient pas utilisĂ©s isolĂ©ment. Les valeurs de force absolue doivent Ă©galement ĂȘtre prises en compte pour dĂ©terminer la capacitĂ© fonctionnelle de l'Ă©paule.

Pour les sports de contacts, il ne semble pas y avoir eu de consensus sur l’utilisation des ratios RL / RM. Il peut ĂȘtre prĂ©fĂ©rable de comparer chez eux la force absolue aux rĂ©sultats des tests effectuĂ©s avant la blessure (Edouard et al. 2009).

Point important, les experts indiquent que les valeurs absolues ou brutes de la force et de la puissance en RL et RM sont plus importantes qu'un ratio universel RL/ RM, car les ratios seuls n'indiquent pas l'Ă©tat de prĂ©paration au RTS (c'est-Ă -dire qu'un athlĂšte qui est faible peut quand mĂȘme avoir un ratio RL/ RM parfait s'il est faible dans les deux mouvements).

Pour ceux qui choisissent d’utiliser des valeurs brutes, il est recommandĂ© de normaliser les rĂ©sultats en fonction du poids corporel pour permettre une comparaison entre athlĂštes. Également, il semble plus pertinent d’établir des normes chez le mĂȘme athlĂšte (ex : pendant la prĂ©-saison) afin de guider le processus de RTS, plutĂŽt que de se fier aux normes de la population. 

Domaine 4 : Chaßne cinétique
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La biomĂ©canique de la frappe (ex : smash) et du lancer met en Ă©vidence la chaĂźne cinĂ©tique : des segments liĂ©s qui fonctionnent dans une sĂ©quence proximale Ă  distale de transfert d'Ă©nergie (Endo et al. 2016), oĂč la vitesse produite au niveau du segment le plus proximal progresse vers les segments distaux (Putnam et al. 1993). Une chaĂźne cinĂ©tique efficace gĂ©nĂšre, regroupe et facilite le transfert contrĂŽlĂ© d'Ă©nergie mĂ©canique tout au long de la chaĂźne, contribuant ainsi Ă  l'amĂ©lioration de la performance (vitesse, force) (Chu et al. 2016). 

Par consĂ©quent, l'inefficacitĂ© de l'un des maillons proximaux de la chaĂźne peut augmenter les demandes distales, ce qui oblige les autres Ă©lĂ©ments constitutifs de la chaĂźne Ă  augmenter leur contribution pour Ă©viter la perte d'Ă©nergie. L'identification des stratĂ©gies de mouvement inadĂ©quates (quelque soit l’endroit dans la chaĂźne cinĂ©tique) et leur traitement sont essentiels Ă  une rĂ©adaptation de qualitĂ© (Horsley. 2019).

Domaine 5 : PrĂ©paration psychologique ‍

Il est grandement recommandĂ© d’intĂ©grer la prĂ©paration psychologique dans la prise en charge lorsqu’on accompagne un athlĂšte vers le RTS. En effet, les experts indiquent que l’athlĂšte doit se sentir Ă  l’aise avant de passer Ă  la phase suivante du continuum RTS. Avant le retour Ă  la compĂ©tition, il sera important de vĂ©rifier si l’athlĂšte ne prĂ©sente plus aucune apprĂ©hension en fin de ROM lors d’un entraĂźnement en rĂ©sistance ou lors d’un lancer Ă  une intensitĂ© spĂ©cifique. Avant le RTS et le retour Ă  la performance, l’absence d’apprĂ©hension lors du contact avec les adversaires et une faible peur se blesser Ă  nouveau peuvent ĂȘtre des Ă©lĂ©ments pertinents dans le cadre de la prĂ©paration psychologique au RTS (Ardern et al. 2016 ; Gerometta et al. 2018).

Domaine 6 : SpĂ©cifique au sport ‍

Les experts soutiennent qu’il est essentiel de connaĂźtre les exigences du sport de l’athlĂšte pour favoriser la rĂ©ussite du RTS, en particulier pour le retour Ă  la performance.

Il est essentiel de connaĂźtre les exigences du sport de l'athlĂšte pour favoriser la rĂ©ussite du RTS, en particulier pour le retour Ă  la performance (Ardern et al. 2016). Dans certains sports, les exigences spĂ©cifiques Ă  l'Ă©paule diffĂšrent considĂ©rablement selon les diffĂ©rentes positions de jeu, ce qui doit ĂȘtre pris en compte lors du choix des critĂšres du RTS.

Conseils Ă  communiquer au patient avant la reprise sportive :

Indépendamment du sport pratiqué par le patient, il est essentiel de lui fournir des instructions spécifiques pour la reprise de l'activité. Ayant identifié les mouvements problématiques lors du traitement, il est conseillé au patient de réintégrer ces gestes de maniÚre progressive. Par exemple, pour un joueur de tennis ayant eu des douleurs lors du service, il ne serait pas judicieux de lui recommander de reprendre avec une série complÚte de services dÚs son retour sur le court. On pourrait plutÎt lui suggérer de commencer avec un nombre limité de services, disons 5 à 10, et d'observer les réactions dans les 24h. Si aucune douleur ou complication ne survient dans les heures suivant cette reprise, il peut alors augmenter progressivement le nombre de services, passant à 15-20 et ainsi de suite. Ces conseils progressifs sont cruciaux pour une reprise sportive sûre et efficace.

En concluant ce module sur la tendinopathie de la coiffe des rotateurs, il est essentiel de retenir quelques points clés :

  • Approche CentrĂ©e sur le Patient : Notre prioritĂ© est de traiter le patient dans son intĂ©gralitĂ©, et non de nous limiter Ă  une pathologie ou une structure spĂ©cifique. Chaque patient prĂ©sente un cas unique et mĂ©rite une approche personnalisĂ©e qui prend en compte ses besoins et ses objectifs individuels.
  • Importance d'un Bilan Approfondi : Un bilan dĂ©taillĂ© et cohĂ©rent est crucial. Il ne permet pas seulement une planification et une programmation de rĂ©Ă©ducation plus prĂ©cises, mais il forge Ă©galement une alliance thĂ©rapeutique solide avec le patient. Cela facilite la communication et augmente les chances de rĂ©ussite du traitement.
  • VariĂ©tĂ© des Stimulations : La diversification des techniques et des stimulations est fondamentale pour stimuler efficacement la guĂ©rison et l'adaptation des tissus. Cela implique d'adapter les exercices et les techniques thĂ©rapeutiques pour rĂ©pondre aux besoins changeants du patient au cours de sa rĂ©Ă©ducation.
  • Personnalisation du Traitement : La rĂ©Ă©ducation doit ĂȘtre ajustĂ©e pour correspondre aux objectifs spĂ©cifiques du patient. Que ce soit pour le retour Ă  des activitĂ©s quotidiennes, des loisirs ou des sports de haut niveau, le plan de traitement doit ĂȘtre alignĂ© sur les aspirations et les capacitĂ©s du patient.
  • Au-delĂ  de la Douleur : Enfin, il est important de comprendre que la disparition de la douleur n'est pas le seul indicateur de la rĂ©ussite du traitement. L'amĂ©lioration de la fonction et la prĂ©vention des rĂ©cidives sont Ă©galement des aspects cruciaux du processus de rĂ©Ă©ducation. Nous devons Ă©valuer et adresser les problĂšmes fonctionnels et les facteurs de risque pour garantir une rĂ©cupĂ©ration complĂšte et durable.

En gardant ces principes à l'esprit, nous pouvons aborder la tendinopathie de la coiffe des rotateurs de maniÚre efficace, en fournissant à nos patients les meilleurs soins possibles et en les aidant à retrouver leur mobilité et leur qualité de vie.

Exemples d'exercices

Bibliographie

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3 - Traitement - Prise en charge

‍Vous pouvez tĂ©lĂ©charger ici une fiche pratique vous permettant de prescrire des exercices Ă  votre patient.

a - Pronostic général des tendinopathies

La tendinopathie de la coiffe des rotateurs est réfractaire aux traitements, et les preuves actuelles ne permettent pas d'identifier les interventions conservatrices et chirurgicales optimales pour la tendinopathie de la coiffe des rotateurs. En effet, environ 60% des patients ont répondu de maniÚre satisfaisante aux traitements conservateurs avec plus de la moitié présentant une récidive des symptÎmes et des douleurs persistantes à long terme (Brox et al., 1999 ; Holmgren et al., 2012 ; Ludewig et Borstad, 2003; Winters et al., 1999 ).

Bien que gĂ©nĂ©ralement le pronostic des pathologies d’épaules soit gĂ©nĂ©ralement bon, certaines plaintes Ă  l'Ă©paule peuvent avoir une issue dĂ©favorable.
En effet des études ont indiqué que seulement environ 50 % de tous les nouveaux épisodes de plaintes à l'épaule se présentant dans la pratique médicale montrant une guérison complÚte dans les 6 mois. (Van der Windt et al. 1996 ; Croft et al. 1996). AprÚs 1 an, cette proportion passe à 60 % (Van der Windt et al. 1996).

Des preuves montrent que l'invalidité causée par la tendinopathie RC a un impact significatif sur la vie quotidienne et peut entraßner un fardeau social en raison de l'absentéisme et des coûts des ressources de santé (Linaker et al. 2015).

La moitié des personnes touchées souffrent de ces problÚmes pendant plus de 12 mois en continu et finissent souvent par subir une intervention chirurgicale (Bartolozzi et al. 1994).

b - Consensus gĂ©nĂ©ral‍

Concernant les traitements, il faut savoir qu’à l’heure actuelle il n’y aucun consensus.

Les recommandations de l'HAS :

En 2023, l'HAS a proposé cet algorithme décisionnel pour nous guider lors de la prise en charge d'un patent souffrant d'une tendinopathie de la coiffe des rotateurs.

On retrouve également ce tableau qui vient résumer les derniÚres recommandations de l'HAS concernant la prise en charge des tendinopathies de la coiffe des rotateurs :

c - Traitements médicamenteux

1 - Infiltrations/PRP

1.1 Infiltrations

‍Maintenant par rapport aux infiltrations, Meng-Ting et al. ont rĂ©alisĂ© en 2019 une mĂ©ta-analyse chez des sujets ayant une tendinopathie de la coiffe des rotateurs.
Ils ont pu constater que les infiltrations de corticostĂ©roĂŻdes sont relativement efficaces Ă  court terme (3 Ă  6 semaines) mais pas Ă  long terme en ce qui concerne la rĂ©duction de la douleur et l’amĂ©lioration de la fonction.
Sur le long terme, ils ont remarquĂ© que les patients souffrant d’une tendinopathie pouvaient subir une rĂ©gression et le risque de rĂ©cidive Ă©tait plus important Ă  1 an.

1.2 Acide hyaluronique

Concernant les injections d'acide hyaluronique, l'HAS (2023) indiquent qu'elles n’ont pas dĂ©montrĂ© leur efficacitĂ© dans le syndrome douloureux sub-acromial.

1.3 PRP

En 2020, les mĂȘmes auteurs ont publiĂ© une mĂ©ta-analyse indiquant que l'injection de PRP peut ĂȘtre plus efficace qu’une injection fictive, pas d'injection ou la kinĂ©sithĂ©rapie seule pour rĂ©duire la douleur Ă  long terme (plus de 24 semaines) chez les patients souffrant de tendinopathie de la coiffe des rotateurs (Meng-Ting et al. 2020). L'injection de PRP n'a pas apportĂ© de bĂ©nĂ©fice significatif en termes d'amĂ©lioration fonctionnelle. De plus, l'analyse des sous-groupes comprenant le PRP et la physiothĂ©rapie n'a montrĂ© aucune diffĂ©rence significative entre les groupes en ce qui concerne la rĂ©duction de la douleur et le rĂ©sultat fonctionnel dans cette Ă©tude. D'autres recherches sont nĂ©cessaires pour dĂ©terminer si l'injection de PRP peut apporter un avantage par rapport Ă  la kinĂ©sithĂ©rapie (Meng-Ting et al. 2020).

Comme pour l'acide hyaluronique, l'HAS (2023) indiquent que les injections de PRP n’ont pas dĂ©montrĂ© leur efficacitĂ© dans le syndrome douloureux sub-acromial.

d - Chirurgies

‍Dans cette Ă©tude (Challoumas et al. de 2019), ils ont comparĂ© Ă  moyen terme (12 mois) et Ă  long terme (> 12 mois) des patients ayant eu une tendinopathie.
‍
Ils les ont répartis en 4 groupes :

  • ceux qui ont subi une chirurgie,
  • ceux qui ont subi une fausse chirurgie,
  • ceux qui ont rĂ©alisĂ© uniquement des exercices,
  • ceux n’ayant reçu aucun traitement.

Les rĂ©sultats montrent que les effets sont identiques chez les patients ayant subi une chirurgie et les patients ayant subi une fausse chirurgie concernant la douleur, la fonction, l’amplitude des mouvements et ce, Ă  moyen et long terme.
Le fait de rentrer dans l’épaule et de dire "je vous ai opĂ©rĂ©â€ donne d’aussi bons rĂ©sultats qu’une vraie chirurgie. Par ailleurs, la chirurgie est aussi efficace que les exercices en kinĂ©sithĂ©rapie, que ce soit Ă  moyen ou long terme, Ă  nouveau pour la fonction, la mobilitĂ©, la douleur, la force et la qualitĂ© de vie.

Il n’est pas pertinent de conseiller dans un premier temps la chirurgie Ă  nos patients . L’étude de Challoumas et al. de 2019 recommande donc aux professionnels qui traitent les tendinopathies, d’encourager les patients Ă  se conformer au traitement basĂ© sur des exercices pendant au moins 12 mois avant d’envisager une Ă©ventuelle chirurgie.

e - Traitement conservateur en Kinésithérapie

1 - Stratégie de traitement

Les objectifs du traitement et les interventions thérapeutiques dépendent principalement de l'irritabilité tissulaire (McClure et al. 2015).

Le concept d'"irritabilité" tissulaire est censé refléter la capacité du tissu à gérer le stress physique et est théoriquement lié à son état physique et au degré d'activité inflammatoire présent.
Trois phases d'irritabilité, développées par consensus (Kelley et al. 2013), sont définies dans la prochaine diapositive en utilisant les niveaux de douleur, la relation entre la douleur et le mouvement, et l'auto-évaluation de l'incapacité.

Ces phases d'irritabilitĂ© sont censĂ©es ĂȘtre mutuellement exclusives et constituent donc le principal moyen de classification Ă  ce niveau. L'intensitĂ© physique de l'intervention peut alors correspondre directement au stade d'irritabilitĂ©.

La stadification de l'irritabilitĂ© tissulaire est utile pour guider la rĂ©Ă©ducation qui vise Ă  placer le stress physique appropriĂ© sur le tissu Ă  chaque Ă©tape. Les patients prĂ©sentant une irritabilitĂ© Ă©levĂ©e ne sont pas prĂȘts Ă  subir un stress physique important sur les tissus affectĂ©s.

Par consĂ©quent, lorsque le patient est en phase d’irritabilitĂ© Ă©levĂ©e, le contrĂŽle de la douleur et le soulagement des symptĂŽmes, le contrĂŽle (diminution) de la charge tendineuse (modification de l’activitĂ©) et la gestion des facteurs de risque sont les principaux objectifs.

L'éducation du patient à ce stade met l'accent sur la maniÚre d'éviter un stress nuisible aux tissus affectés tout en maintenant un stress approprié aux tissus non affectés.

Si le patient présente une tendinopathie avec une faible irritabilité, la gestion de la charge tendineuse (en augmentation), la restauration de la fonction et le retour du patient à son niveau sportif pré-blessure sont les objectifs.

Bien que le meilleur traitement pour la tendinopathie de la coiffe des rotateurs ne soit pas clairement établi, les exercices progressifs ont prouvé leur efficacité. Des études ont montré que les exercices, qu'ils soient supervisés ou pratiqués à domicile, sont plus bénéfiques qu'un placebo ou l'absence de traitement (Littlewood et al. 2015 ; 2016). 

En 2023, Oscar Vila-Dieguez a confirmé l'efficacité des exercices pour cette pathologie. Il a en effet démontré que les exercices étaient le traitement qui fonctionnaient le mieux pour les tendinopathies de la coiffe des rotateurs.

Par ailleurs, Cooper et al. (2023) ont dĂ©montrĂ© qu'une douleur expĂ©rimentale Ă  l'Ă©paule rĂ©duit l'activitĂ© musculaire chez les sujets sains, un phĂ©nomĂšne observĂ© de façon plus marquĂ©e chez les patients souffrant. Les exercices trouvent lĂ  encore tout leur intĂ©rĂȘt dans la rĂ©Ă©ducation.

Powell et al. (2023) ont identifié plusieurs facteurs expliquant l'efficacité des exercices, notamment l'amélioration de la force, les changements psycho-émotionnels, et la conviction des bienfaits de l'exercice. Toutefois, ces bénéfices dépendent d'une relation thérapeutique solide, d'un programme d'exercices adapté, et de progrÚs cliniques notables.

En 2024, Moffatt et son équipe ont réalisé une étude visant à étudier la pratique actuelle de la kinésithérapie au Royaume-Uni en ce qui concerne la prise en charge des troubles de la coiffe des rotateurs de l'épaule

Les auteurs ont conclu que l’éducation et les exercices restent les outils les plus pertinents Ă  proposer dans le cadre des problĂšmes en lien avec la coiffe des rotateurs.
La thĂ©rapie manuelle, l’électrothĂ©rapie et l’acupuncture restent des thĂ©rapies en manque de preuves dans ce genre d’atteintes. 

En 2023, Vila-Dieguez et son Ă©quipe ont proposĂ© un modĂšle d’explication pour l'exercice de rĂ©sistance chez les patients atteints de tendinopathie de la coiffe des rotateurs (RC). Le modĂšle contient quatre domaines par lesquels l'exercice est thĂ©orisĂ© pour amĂ©liorer les rĂ©sultats cliniques : la structure du tendon, les facteurs neuromusculaires, les facteurs psychosociaux, et le traitement de la douleur et du sensorimoteur. Ce cadre fournit aux cliniciens un modĂšle de quatre constructions uniques Ă  considĂ©rer sur la maniĂšre dont l'exercice peut amĂ©liorer la douleur et l'invaliditĂ©. 

L'exercice résisté peut normaliser ces facteurs, mais des preuves limitées existent pour expliquer la relation des quatre domaines proposés avec la trajectoire de la récupération et la définition des déficits persistants limitant les résultats. 

La présence de chaque construction de ces modÚles peut varier d'un patient à l'autre et dans le temps. Identifier les déficits de base et le changement des déficits au cours de l'intervention d'exercice peut aider à affiner et à fournir un exercice spécifique au patient qui peut optimiser les résultats du patient ou utiliser une approche étagée et adaptée pour référer à des soins alternatifs.

Les patients qui ne répondent pas à l'exercice de résistance seraient orientés vers des soins alternatifs, et des soins qui correspondent aux déficits résiduels associés à des résultats limités. 

Les auteurs encouragent les chercheurs Ă  utiliser ces modĂšles dans de futures Ă©tudes sur l'exercice. Ils spĂ©culent que cela permettra le dĂ©veloppement de sous-groupes de traitement homogĂšnes pour les patients avec tendinopathie de la CR. Tout cela encore une fois pour ĂȘtre encore plus spĂ©cifique Ă  son patient.

Ce cadre peut ĂȘtre applicable Ă  d'autres tendinopathies.

Bouger c’est bien, mais selon quelles modalitĂ©s ? Quels types d’exercices ? PlutĂŽt en chaĂźne ouverte ? En chaĂźne fermĂ©e ? Excentrique? IsomĂ©trique ? Avec quelle charge? Combien de rĂ©pĂ©titions ?

‍2 - Exercices de chaĂźne cinĂ©matique ouverte et fermĂ©e

‍Lorsqu’on prescrit des exercices dans le cadre de la rĂ©Ă©ducation ou pour l’amĂ©lioration des performances, le thĂ©rapeute a le choix entre les exercices en chaĂźne cinĂ©tique dite fermĂ©e (CCF) et ouverte (CCO).  De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, les exercices en CCF sont trĂšs souvent utilisĂ©s dans la rĂ©Ă©ducation du membre infĂ©rieur, comme par exemple suite Ă  une ligamentoplastie du LCA. En effet, pour le membre infĂ©rieur, les exercices en CCF sont considĂ©rĂ©s comme plus sĂ»rs et sollicitant davantage l'articulation de maniĂšre fonctionnelle que les exercices en chaĂźne ouverte. En revanche, pour ce qui est de la rĂ©Ă©ducation du membre supĂ©rieur, la popularitĂ© des exercices en CCF est moins Ă©vidente.
Dans un premier temps, il nous semble important de définir au mieux les mouvements et exercices en CCO et CCF.

‍2.2  Exercices de la chaĂźne cinĂ©matique ouverte

De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, le mouvement tridimensionnel le plus complexe de la main nĂ©cessite 6 degrĂ©s de libertĂ© (3 pour tourner dans n’importe quelle direction et 3 pour effectuer des mouvements linĂ©aires dans n’importe quelle direction). Si les degrĂ©s de libertĂ© diminuent en dessous de 6 (par exemple une articulation raide), la main perd sa capacitĂ© Ă  se positionner Ă  n’importe quel endroit dans l’espace.
Par consĂ©quent, que ce soit dans la vie de tous les jours ou lors d’activitĂ©s sportives, de nombreux mouvements se dĂ©roulent dans une CCO.
Quelques exemples dans la vie de tous les jours : le fait de tendre la main, de saluer

Quelques exemples dans  la vie sportive : le mouvement de lancer, effectuer un service au tennis, au volley-ball.
Les mouvements et exercices en CCO tendent à créer des forces de cisaillement dans l'articulation, comprenant des mouvements de roulement et de glissement selon la direction du mouvement.
Les mouvements de glissements sont nĂ©cessaires pour une cinĂ©matique articulaire optimale dans l’articulation et sont possibles grĂące Ă  l’activitĂ© musculaire environnante. Si on prend l’exemple de l’abduction du bras, le deltoĂŻde provoque un glissement supĂ©rieur de la tĂȘte humĂ©rale qui est lui-mĂȘme contrĂŽlĂ© par les muscles de la coiffe des rotateurs. Par consĂ©quent, ces muscles ont une ligne d’actions opposĂ©e sur la tĂȘte humĂ©rale crĂ©ant un cisaillement plus ou moins important en fonction du mouvement, de l’activitĂ© musculaire et de la charge imposĂ©e.

2.3  Exercices de la chaßne cinématique fermée

‍Il est couramment admis que lors d’un exercice en chaĂźne fermĂ©e, le dernier maillon de la chaĂźne est fixĂ© sur une surface. Par consĂ©quent, les degrĂ©s de libertĂ© et l’amplitude disponible lors du mouvement seront beaucoup plus limitĂ©s que lors d’un mouvement en CCO. Par ailleurs, la mobilitĂ© disponible lors d’un exercice en CCF dĂ©pend du nombre d’articulations participant Ă  la chaĂźne.
Quelques exemples dans la vie de tous les jours : les positions d'appui sur les mains sur une table, un mur ou le sol
Quelques exemples dans la vie sportive : certains mouvements en gymnastique (cheval d’arçons, ATR, barres-fixes
).
Ces exercices en chaĂźne fermĂ©e sont connus pour fournir une compression axiale dans l’articulation, stimuler les mĂ©canorĂ©cepteurs pĂ©ri- et intra-articulaires de l'articulation, augmenter la co-contraction locale des muscles stabilisateurs et accroĂźtre non seulement la stabilitĂ© statique mais aussi les qualitĂ©s proprioceptives de l’articulation (Wilk et al. 1996).
C’est pourquoi ces exercices sont souvent encouragĂ©s dans les premiers stades de la rĂ©Ă©ducation de l’épaule instable (cf : module « instabilitĂ© de l’épaule »).

2.4. Faut-il changer de terminologie ?

‍Certains auteurs comme Cools (2021) remettent en question la terminologie de la CCO et la CCF Ă©tant donnĂ© que cette terminologie ne couvre probablement pas totalement le concept de ce Ă  quoi elle est destinĂ©e, et plus particuliĂšrement encore dans la rĂ©Ă©ducation des membres supĂ©rieurs. En effet, il n’est pas rare de douter du fait que certains exercices soient davantage en CCO ou CCF. Certains exercices proposĂ©s par le thĂ©rapeute peuvent comprendre une limite fixe (la main qui ne peut pas bouger) ou bien une limite mobile (la main est sur une surface mais peut bouger). Lors des exercices oĂč le patient glisse sa main sur le mur ou sur la table, la chaĂźne est « fermĂ©e » puisque la main est sur une surface, toutefois, la main peut se dĂ©placer en roulant sur une balle ou une serviette sur la table ou le mur.
‍
Si l’on se penche davantage sur la clinique, on sait aujourd’hui que la prise en charge d’une tendinopathie repose souvent sur une gestion de la charge et une mise en charge progressive. Par consĂ©quent, les exercices en CCF et CCO sont trĂšs complĂ©mentaires (grande amplitude + compression axiale) et offrent au patient un large panel de mouvements progressifs.
Dillman et al. (1994) ont proposĂ© dans les annĂ©es 90 une classification qui incluait le fait que l’articulation subissait des forces de compression (chargement axial) ou plutĂŽt des forces de cisaillement.

De cette classification dĂ©coulait 3 type d’exercices :

  • (1) limite fixe + charge externe (exercices classiques en CCF),
  • (2) limite mobile + charge externe (par exemple le fait de glisser la main sur le banc ou le mur)
  • (3) limite mobile sans charge (exercices classiques en CCO)

Toutefois, Cools (2021) souligne que ces auteurs n'ont pas pris en compte le fait qu'un exercice à limite fixe (exercice typique en CCF) peut provoquer des forces de cisaillement dans l'articulation (par exemple des contractions musculaires isométriques isolées contre une résistance fixe du thérapeute) ou qu'un exercice en CCO typique peut stimuler la compression de l'articulation (par exemple le mouvement de la presse militaire.

C’est pourquoi, plutĂŽt que de se demander si tel exercice est en chaĂźne ouverte ou fermĂ©e, il serait prĂ©fĂ©rable de se concentrer sur la question de savoir si les exercices prescrits engendrent des forces de cisaillement ou s’ils provoquent plutĂŽt une compression axiale sur l’articulation.

2.5 Application clinique

‍En tant que thĂ©rapeute, il est important de connaĂźtre toutes les variables d’exercice que nous pouvons modifier afin d'augmenter la difficultĂ© / complexitĂ© de l'exercice.
Si nous nous penchons dans un premier temps sur ces diffĂ©rentes variables dans l’exercice en chaĂźne fermĂ©e, on peut dans un premier temps faire ressortir 3 variables de base (Cools. 2021) :

  • La charge (poids du corps)
  • La modalitĂ© (statique ? Dynamique ? Surface stable ? Surface instable ? )
  • Le plan dans lequel l’exercice est effectuĂ©

IntĂ©ressons-nous Ă  la premiĂšre variable : la charge (de faible Ă  modĂ©rĂ©e Ă  Ă©levĂ©e). Étant donnĂ© que nous sommes en CCF, il s’agit lĂ  de la quantitĂ© de poids corporel sur l’épaule.
Par consĂ©quent, chez un patient particuliĂšrement algique, avec une forte irritabilitĂ©, le thĂ©rapeute pourra commencer avec une faible charge (sans poids corporel sur l’épaule), avec par exemple les mains contre le mur. Progressivement, des exercices avec charge modĂ©rĂ©e pourront ĂȘtre proposĂ©s dans lesquels un certain poids corporel sera imposĂ© aux Ă©paules, mais jamais le poids corporel complet.
Par exemple, le patient peut effectuer des exercices en position quadrupĂ©dique ou au moins avec un genou au sol. Enfin la progression se poursuivra avec des exercices Ă  charge Ă©levĂ©e oĂč cette fois, le poids du corps est supportĂ© en grande partie par les Ă©paules. L’exemple classique est l’exercice de pompes en chute faciale.

La deuxiĂšme variable consiste Ă  se demander si l’exercice est exĂ©cutĂ© de maniĂšre statique ou dynamique. De maniĂšre assez logique l’exercice statique dans lequel l’épaule ne bouge pas constitue la premiĂšre Ă©tape. La progression se fera ensuite vers une surface instable dans laquelle le patient doit garder le bras aussi stable que possible. Enfin le dernier Ă©chelon consiste Ă  effectuer l’exercice de maniĂšre dynamique (avec l’épaule qui bouge).
Ces exercices peuvent ĂȘtre exĂ©cutĂ©s en chaĂźne fermĂ©e Ă  surface fixe (par exemple le mouvement de pompes) ou en chaĂźne fermĂ©e Ă  surface mobile (par exemple faire rouler une balle vers le haut contre le mur ou vers l'avant sur la table).

La troisiĂšme variable fait donc rĂ©fĂ©rence au plan dans lequel l’exercice est effectuĂ©. Classiquement pour l’épaule, nous retenons les plans suivants : le plan sagittal, le plan scapulaire et le plan frontal. Cette variable est surtout modifiĂ©e dans le cadre d’une instabilitĂ© de l’épaule pour permettre dans un premier temps de rassurer le patient dans des plans plus « safe » pour lui (ex :  le patient prĂ©sentant une instabilitĂ© antĂ©rieure ressent moins de risque d'instabilitĂ© lorsque l'Ă©paule reste dans le plan sagittal).

‍
Pour progresser entre ces variables, il est fortement conseillĂ© de ne jamais modifier plus d’une variable Ă  la fois pour augmenter la difficultĂ© et la complexitĂ© de l’exercice (Cools. 2021).
Mise Ă  part ces 3 variables de base, il existe Ă©videmment d’autres facteurs contextuels qui peuvent influencer la complexitĂ© de l’exercice pour le patient. Par exemple, le kinĂ©sithĂ©rapeute peut demander au patient d’exĂ©cuter l’exercice les yeux fermĂ©s pour rendre l’exercice plus difficile et mettre l’accent sur la coordination neuromusculaire.

Également, le thĂ©rapeute peut venir manuellement perturber l’épaule, le corps, ou la surface d’exercice du patient pour augmenter l’impact externe. Le thĂ©rapeute peut Ă©galement jouer sur la vitesse d’exĂ©cution de l’exercice. L’augmentation de la vitesse d’exĂ©cution nĂ©cessite des rĂ©ponses neuromusculaires plus rapides et plus automatisĂ©es. De plus, l'activitĂ© musculaire peut ĂȘtre augmentĂ©e chez les antagonistes lorsque les mouvements rapides doivent ĂȘtre ralentis.  
Le thĂ©rapeute peut Ă©galement proposer au patient d’effectuer l’exercice en double tĂąches ou bien avec des codes couleurs (pour une couleur donnĂ©e, la tĂąche sera diffĂ©rente).

En général, il est connu que l'activité de la coiffe des rotateurs est plus faible dans une chaßne fermée (à faible charge) par rapport à une chaßne ouverte (Lephart et al. 1996), et que les niveaux d'activité de la CR en chaßne fermée augmentent avec l'augmentation de la charge.  Pour les muscles scapulaires, en général, l'activité du SA est plus élevée en chaßne fermée qu'en chaßne ouverte ;  cependant, une activité accrue a également été trouvée dans le petit pectoral lors d'une prolongation en chaßne fermée, par rapport à une chaßne ouverte.

Dans une étude menée par Heron et al. (2017), trois programmes d'exercices dynamiques ont été comparés dans une population de patients atteints de tendinopathie de la coiffe des rotateurs : des exercices avec bande résistante à une chaßne (OC), des exercices en chaßne fermée (CC) et des exercices d'amplitude de mouvement à charge minimale (ROM).  Les auteurs ont montré que tous les programmes ont entraßné une amélioration significative des résultats rapportés par le patient (PROM) ;  cependant, il n'y avait pas de différence significative entre les groupes.

En résumé :

3 - Renforcement de la CDR

Plusieurs types d’exercices permettent de renforcer la coiffe des rotateurs (Twnsend et al. 1991 ; Reinold et al. 2009 ; Ganderton et al. 2013 ; Edwards et al. 2017). Le kinĂ©sithĂ©rapeute peut ainsi proposer des exercices en :

  • Rotation externe
  • Full can
  • RE allongĂ©
  • Abduction horizontale avec RE / Ă©lĂ©vation de l’épaule en procubitus
  • Push-up plus
3.1 Études EMG (CDR)

‍La revue systĂ©matique d’Edwards et al. (2017) fournit au clinicien une sĂ©rie d'exercices, fondĂ©e sur des donnĂ©es probantes, qui pourrait ĂȘtre utilisĂ©e pour Ă©laborer et appliquer un programme de rĂ©Ă©ducation progressive de la coiffe des rotateurs. 

Les diapositives suivantes présentent une fourchette du pourcentage de contraction isométrique volontaire maximale (MVIC) de l'infra-épineux et du supra-épineux selon le classement des exercices.

3.2 EMG et dentelé antérieur (SA)

Comme nous l’avons mentionnĂ© dans la premiĂšre partie, le muscle dentelĂ© antĂ©rieur (SA) est considĂ©rĂ© comme un important stabilisateur de la scapula (Smith et al. 2003). GrĂące Ă  la coopĂ©ration avec le trapĂšze infĂ©rieur (LT), le SA est positionnĂ© de façon optimale pour maintenir l'alignement de la scapula avec le thorax et assurer la stabilisation dynamique.

Les patients souffrant de troubles de l'épaule présentent une activité musculaire périscapulaire altérée [par exemple, une diminution de l'activité du serratus anterior (SA) et une augmentation de celle du trapezius supérieur (UT)]. Plusieurs études EMG ont cherché à savoir quels exercices permettaient une bonne activation du  SA sans activation excessive du TU.

Dans la littĂ©rature, on se rend compte que l’exercice du Push-up plus est intĂ©ressant Ă  proposer au patient pour renforcer le dentelĂ© antĂ©rieur (Maenhout et al. 2010). Cet exercice peut ĂȘtre dĂ©clinĂ© de diffĂ©rentes maniĂšres. Nous dĂ©velopperons les 3 premiĂšres dĂ©clinaisons, notamment pour l’intĂ©rĂȘt des exercices 2 et 3 :

  • Exercice 1 : le patient est en position de push-up plus sur les genoux, bras tendus. On va lui demander de rĂ©aliser des mouvements de protractions et des rĂ©tractions de la scapula durant lesquels le dentelĂ© antĂ©rieur va ĂȘtre sollicitĂ©. Lors de cet exercice, Maenhout et son Ă©quipe ont indiquĂ© que l’activitĂ© du SA Ă©tait modĂ©rĂ©e (environ 31% d’activation) et l'activitĂ© du trapĂšze infĂ©rieur faible (environ 11% d’activation) (Maenhout et al. 2010).
    ‍
  • Exercice 2 : Le patient va rĂ©aliser le mĂȘme exercice mais avec la jambe controlatĂ©rale Ă©levĂ©e (controlatĂ©rale au cĂŽtĂ© que l’on souhaite renforcer). On se rend compte que l’activation du trapĂšze infĂ©rieur est la plus importante (environ 20 % d’activation) comparĂ© aux 6 autres exercices visibles sur la diapositive (Maenhout et al. 2010).
    ‍
  • Exercice 3 : Le patient rĂ©alise un push-up plus avec la jambe homolatĂ©rale Ă©levĂ©e (homolatĂ©rale au cĂŽtĂ© que l’on souhaite renforcer). Dans cet exercice, le SA est activĂ© de maniĂšre modĂ©rĂ©e, proche d’une activation Ă©levĂ©e (environ 44 % d’activation).
    ‍
  • Exercice 4 : mĂȘme exercice que l’exercice 1 sur plan instable.
    ‍
  • Exercice 5 : mĂȘme exercice que l’exercice 2 sur plan instable.
    ‍
  • Exercice 6 : mĂȘme exercice que l’exercice 3 sur plan instable.
    ‍
  • Exercice 7 : mĂȘme exercice que l’exercice 1 sur un seul bras.

En fonction des diffĂ©rentes dĂ©clinaisons, l’étude de Maenhout et al. (2010) indique que  certains exercices prĂ©sentent un ratio qui va ĂȘtre davantage en faveur du SA sur le trapĂšze supĂ©rieur (UT) ou davantage en faveur du LT sur le UT. Lorsque le patient rĂ©alise l’exercice 1, 3, 6 et 7, l’EMG montre un ratio en faveur du SA par rapport au UT. Dans ces exercices, l’activitĂ© du SA est plus importante que celle du UT.

Une étude de 2021 a conçu une nouvelle méthode pour renforcer le SA sans activation excessive du UT, appelée exercice Squeezing Ball (SB-ex), dans lequel les patients serrent une balle entre les deux coudes avec une contraction isométrique volontaire maximale dans la direction de l'adduction horizontale avec les bras élevés à un angle de 45°.

L'activité SA et UT moyenne était de 69,9 % ± 30,8 % et 10,2 % ± 6,3 % MVIC pendant le SB-ex, respectivement, alors que le rapport UT/SA du cÎté affecté était de 0,15 ± 0,07. (Miyasaka et al. 2021).

4 - Isométrique, Concentrique, Excentrique, etc


Exercices excentriques

La raison derriÚre l'utilisation d'exercices excentriques est qu'ils doivent entraßner des charges mécaniques plus élevées sur l'unité musculo-tendineuse et ainsi optimiser le remodelage des fibres pour réduire la douleur et augmenter la force et la fonction.  

Il a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© que les exercices de renforcement excentriques des muscles de la coiffe des rotateurs sont supĂ©rieurs Ă  une approche de surveillance et d'attente pour amĂ©liorer la douleur et la fonction de l'Ă©paule (Bernhardsson et al. 2011 ; Camargo et al. 2014 : Jonsson et al. 2006). Ils ne peuvent cependant pas ĂȘtre supĂ©rieurs aux autres types de renforcement.  Holmgren et al. 2014 ont conclu que les exercices excentriques chargĂ©s (charge externe avec poids ou bande Ă©lastique pour la coiffe des rotateurs et les muscles scapulothoraciques) entraĂźnent une rĂ©duction de la douleur et une amĂ©lioration de la fonction par rapport aux exercices sans charge (mouvement actif sans aucune charge externe ajoutĂ©e) Holmgren et al. 2014.  

Bien que cela ne soit pas directement comparable, Maenhout et al. 2013 ont montré que les exercices de renforcement excentriques (phase excentrique d'abduction complÚte dans le plan scapulaire réalisée avec un poids pendant 3 séries de 15 répétitions, deux fois par jour) entraßnaient des gains en force isométrique d'abduction lorsqu'ils étaient mesurés à 90° d'abduction dans le plan de l'omoplate.  

Le programme excentrique, rĂ©gulĂ© par la douleur et non par le poids, n’a apportĂ© aucun bĂ©nĂ©fice supplĂ©mentaire au LLE (exercices de rotation mĂ©diale et latĂ©rale avec bande Ă©lastique de rĂ©sistance) Maenhout et al. 2013. 

‍Dans l’étude de Dejaco, et al de 2017, les auteurs ont cherchĂ© Ă  savoir si la rĂ©alisation d’un programme d'entraĂźnement basĂ© sur des exercices excentriques Ă©tait plus bĂ©nĂ©fique qu’un programme d’exercices conventionnels.Ils ont inclus 36 patients atteints de tendinopathie de la coiffe des rotateurs chroniques et les ont rĂ©partis en 2 groupes. Les 2 groupes ont dĂ» suivre un programme d’exercices quotidien Ă  domicile sur 12 semaines et ont reçu 9 sĂ©ances de prise en charge.

Le 1er groupe devait rĂ©aliser 2 exercices excentriques isolĂ©s diffĂ©rents 2 fois par jour : un exercice excentrique des RE de l’épaule et un autre exercice excentrique d’abduction en empty-can dans le plan de la scapula.
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En plus de ces 2 exercices, les sujets effectuaient des exercices d’étirement du petit pectoral, de la capsule postĂ©rieure et des muscles postĂ©rieurs de l’épaule. L’autre groupe devait rĂ©aliser 8 exercices conventionnels diffĂ©rents 1 fois par jour : le full can en abduction avec haltĂšre, des rotations externes et internes Ă  0°d’abduction avec Ă©lastique, des haussements d’épaules, des pompes (push-up) sur les genoux, des exercices d’étirement en adduction, des Ă©tirements du petit pectoral, etc


Durant ces exercices, c’est d’abord le nombre de rĂ©pĂ©titions qui a Ă©tĂ© augmentĂ© puis la rĂ©sistance de l’élastique ou le poids de l’haltĂšre. AprĂšs 12 semaines, les sujets ont repris leurs activitĂ©s habituelles.

En rĂ©sumĂ©, il s’avĂšre que le programme d'entraĂźnement en excentrique de la coiffe des rotateurs est bĂ©nĂ©fique pour la fonction de l'Ă©paule et la douleur aprĂšs 26 semaines chez les patients atteints de tendinopathie de la coiffe des rotateurs.
Cependant, ce programme n'est pas plus bénéfique qu'un programme d'exercices conventionnels pour la coiffe des rotateurs et les muscles scapulaires.

Sur la base des résultats de cette étude, les thérapeutes doivent tenir compte du fait que la réalisation de 2 exercices excentriques 2 fois par jour est aussi efficace que la réalisation de 8 exercices concentriques / excentriques 1 fois par jour chez les patients atteints de tendinopathie de la coiffe des rotateurs.
En pratique, on pourra donc conseiller au patient d’effectuer 2 fois par jour 2 exercices plutĂŽt que 8 exercices 1 fois par jour, ce qui est quand mĂȘme plus rapide et plus facile Ă  faire au quotidien.
Donc en fonction du temps que le patient est prĂȘt Ă  mettre pour effectuer des exercices Ă  domicile, on pourra choisir un programme plutĂŽt excentrique ou bien un programme avec des exercices plus conventionnels.
Ce qui est Ă©galement important, c’est que le patient puisse effectuer les exercices qu’il apprĂ©cie, ceux avec lesquels il se sent Ă  l’aise afin qu’il y adhĂšre. Si on le pousse Ă  faire des exercices auxquels il n’adhĂšre pas, il risque sans doute d’abandonner.

Exercices isométriques
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La justification du recours aux exercices isomĂ©triques est qu'ils permettent une recharge progressive de l'unitĂ© musculo-tendineuse de l'Ă©paule et prĂ©viennent l'inhibition musculaire (Dupuis et al. 2018). Bien que couramment utilisĂ©, Dupuis et al. 2018 n'a montrĂ© aucune diffĂ©rence Ă  court terme (Ă  deux et six semaines) en termes de douleur et de fonction entre un programme d’exercices de recharge progressive de deux semaines (contractions isomĂ©triques incrĂ©mentielles en rotation latĂ©rale et en abduction Ă  50-75 % de la contraction volontaire maximale) et de cryothĂ©rapie (application de glace pendant 15 minutes, 3 fois par jour) dans une population avec rupture de la coiffe aiguĂ«. Il n’y avait pas non plus d’augmentation significative de la force dans les deux groupes.

Parle et al. 2017 ont randomisé leurs participants pour des exercices isométriques, une thérapie par la glace ou une combinaison des deux pendant 1 semaine et n'ont trouvé aucune différence entre les groupes au suivi d'une semaine en ce qui concerne la douleur (EVA), l'incapacité fonctionnelle (questionnaire DASH), la force musculaire ou l'intégrité structurelle (échographie). Les trois groupes ont démontré des améliorations statistiquement significatives dans toutes les mesures de résultats à 1 semaine par rapport à la ligne de base.

En 2022, Al Anazi et al. ont proposĂ© un protocole d'exercices isomĂ©triques basĂ© sur l'amĂ©lioration de la force du grip dans diffĂ©rentes positions d'Ă©paule. Ce protocole, adaptable avec tout outil permettant une rĂ©sistance contre le poing fermĂ©, implique de rĂ©aliser trois sĂ©ries de dix contractions d'une minute dans quatre positions : coudes tendus Ă  30°, 60°, 90° d'abduction d’épaule et Ă  90° avec coude flĂ©chi Ă  90° (position de chandelier).

Chaque position est rĂ©alisĂ©e pendant deux semaines consĂ©cutives, en suivant la progression de la position d’épaule. L'exercice est Ă  rĂ©aliser quotidiennement. Les auteurs ont observĂ© une amĂ©lioration de la fonction, de la douleur, de la force musculaire et de l'amplitude de mouvement active chez les patients atteints de syndrome de conflit sous-acromial primaire (AlAnazietal, 2022).

En revanche, concernant l'analgésie induite par les exercices isométriques, les preuves sont beaucoup plus controversées.
La conclusion de la revue systĂ©matique de Bonello et al. 2021 indique qu'il n'y a pas de preuves cohĂ©rentes que l'exercice isomĂ©trique induit une analgĂ©sie induite par l'exercice (EIH) chez les personnes souffrant de douleur musculosquelettique. Les auteurs ajoutent que ces rĂ©sultats diffĂšrent de ceux obtenus chez les populations asymptomatiques, oĂč l'EIH est frĂ©quemment observĂ©e, et dans des conditions telles que la fibromyalgie, oĂč l'exercice isomĂ©trique peut provoquer une hyperalgĂ©sie.
Il est possible que les variations dans la dose, le lieu de contraction et l'intensité des protocoles pourraient expliquer ces résultats inconsistants (Bonello et al. 2021). 

L’analyse de Powell et ses collĂšgues (2024) s'est penchĂ©e sur le type de contraction musculaire le plus efficace.

L'intĂ©rĂȘt pour l'exercice excentrique dans le traitement de la tendinopathie d'Achille, suite Ă  des rĂ©sultats positifs (Alfredson et al., 1998), s'est Ă©tendu aux RCRSP, oĂč il semblait initialement prometteur en termes d'amĂ©lioration de la douleur et de la fonction de l'Ă©paule (Holmgren et al., 2012; Maenhout et al., 2013). NĂ©anmoins, les Ă©tudes subsĂ©quentes ont montrĂ© que l'exercice excentrique n'Ă©tait pas supĂ©rieur aux exercices concentriques (Blume et al., 2015) ou isotoniques (Dejaco et al., 2017), avec une tendance vers l'Ă©quivalence confirmĂ©e par les revues systĂ©matiques et mĂ©ta-analyses les plus rĂ©centes (Larsson et al., 2019).

Dans le sillage des exercices excentriques, les exercices isométriques ont gagné en popularité pour leur effet analgésique sur la tendinopathie patellaire aprÚs une étude de Rio et al. (2015). Cependant, en ce qui concerne les RCRSP, les meilleures preuves indiquent que les exercices isométriques ne sont pas plus bénéfiques qu'une simple thérapie par la glace (Dupuis et al., 2018; Parle et al., 2017). Pour les tendinopathies en général, il semble qu'ils ne sont pas supérieurs aux exercices isotoniques pour le soulagement immédiat de la douleur ou les résultats cliniques (Clifford et al., 2020). Ainsi, d'aprÚs les preuves actuelles, il n'y aurait pas de type de contraction musculaire nettement supérieur à un autre.

‍Les exercices controlatĂ©raux ?

Dans le domaine clinique, les exercices controlatéraux (CEs) sont envisagés comme une méthode pour traiter simultanément la douleur et les déficits de l'amplitude de mouvement (ROM). Les CEs peuvent affecter significativement l'activation musculaire et la force ipsilatérale ainsi que la mobilité du membre controlatéral. Néanmoins, les recherches sur les effets des CEs sur la douleur sont limitées. Les preuves actuelles suggÚrent que les CEs sont une option viable pour améliorer la ROM des patients, avec des effets potentiels sur la stabilité, la force musculaire et l'activation musculaire. Des études supplémentaires sont recommandées pour approfondir ces constatations (Fermin et al. 2018).

5 - Quelle charge ?

Pour parler de la charge, on peut parler du PHLE (Exercices progressifs Ă  charge Ă©levĂ©e) dont l'objectif est d'appliquer suffisamment de charge mĂ©canique aux tendons et aux muscles pour induire des changements morphologiques et augmenter leur tolĂ©rance Ă  la charge.  Bien que cette hypothĂšse soit sĂ©duisante, la supĂ©rioritĂ© du PHLE chez les personnes souffrant de douleurs Ă  l’épaule n’a pas Ă©tĂ© dĂ©montrĂ©e.  

Lombardi et al. 2008 ont Ă©tudiĂ© un protocole PHLE basĂ© sur 6 RM (c'est-Ă -dire le poids maximum pouvant ĂȘtre soulevĂ© 6 fois) pour les flĂ©chisseurs, les extenseurs et les rotateurs mĂ©diaux/latĂ©raux de l'Ă©paule.  Le programme comprenait 2 sĂ©ries de 8 rĂ©pĂ©titions, la premiĂšre sĂ©rie Ă©tant de 50 % de 6 RM et la seconde de 70 % de 6 RM ;  la charge de 6 RM Ă©tait rĂ©Ă©valuĂ©e toutes les deux semaines Lombardi et al. 2008. AprĂšs un suivi de deux mois, par rapport au groupe de surveillance et d'attente, les participants du groupe 6 RM ont prĂ©sentĂ© des amĂ©liorations de la douleur et de la fonction, mais il n'y a eu aucune augmentation significative de la force dans aucun des deux groupes.

L’étude d’Ingwersen et al, 2017 montrent qu’il n’y a pas de diffĂ©rence entre le fait d’augmenter progressivement la charge lors des exercices et le fait de rĂ©aliser des exercices avec une faible charge.
Charge Ă©levĂ©e ou charge faible ? Il faut s’adapter en fonction du patient. S’il prĂ©fĂšre une charge Ă©levĂ©e parce qu’il fait du body-building par exemple, on peut alors lui donner une charge Ă©levĂ©e.
Dans tous les cas, les rĂ©sultats sont les mĂȘmes, Ă  peu de choses prĂšs : c’est-Ă -dire que quelle que soit la charge adoptĂ©e, ça va aider le patient.

Par rapport au nombre de rĂ©pĂ©titions ou Ă  la vitesse d’exĂ©cution, il n’y a pas de rĂ©ponse Ă  ce sujet. Lorsqu'on doit choisir les exercices avec le patient, pas besoin non plus de se focaliser sur le cĂŽtĂ© concentrique ou excentrique : il n’y a aucune preuve clinique convaincante pour dĂ©montrer que l’exercice excentrique serait Ă  privilĂ©gier par rapport Ă  d’autres modalitĂ©s de traitement (Dominguez-Romero et al. 2021).
C’est au thĂ©rapeute de voir ce qui convient le mieux au patient.

Certains ont tendance à dire qu’on peut proposer des exercices dans le mouvement qui est douloureux, dans la direction qui fait mal au patient.

En effet, sur la base d'une étude contrÎlée randomisée (ECR) ( n = 22) avec un faible risque de biais (échelle PEDro), les deux méthodologies d'exercice (exercices avec douleur VS sans douleur) se sont avérées améliorer de maniÚre significative la douleur, la fonction et l'amplitude de l'épaule sans différences entre elles (Vallés-Carrascosa et al. 2018)

Quelle dose d’exercice ? ‍

L’analyse de Powell et ses collĂšgues (2024) montre que la quantitĂ© d'exercice (dose), qui comprend la charge soulevĂ©e, le nombre de rĂ©pĂ©titions et de sĂ©ries, est cruciale dans la gestion des RCRSP. Une revue systĂ©matique par Malliaras et al. (2020) a comparĂ© les exercices de rĂ©sistance Ă  haute et basse dose pour les RCRSP, concluant avec une certitude limitĂ©e que les doses plus Ă©levĂ©es pourraient offrir de meilleurs rĂ©sultats fonctionnels. 

Cependant, avec seulement trois ECR inclus et des résultats ne soutenant pas fermement la supériorité des doses élevées, la question reste ouverte. De plus, un ECR de Clausen et al. (2021) n'a trouvé aucun avantage à ajouter une forte dose d'exercices de résistance aux soins standards pour les RCRSP. Néanmoins, Clausen et al. (2023) ont observé que les individus avec moins de pensées catastrophiques initiales tiraient davantage profit des doses élevées d'exercices de résistance, tandis que ceux plus enclins à la catastrophisation avaient tendance à de moins bons résultats.

D'autres études, dont celle de Schydlowsky et al. (2022) qui n'était pas incluse dans la revue de Malliaras et al. (2020), n'ont signalé aucune différence notable entre les programmes d'exercices à charge élevée ou faible. Pour les tendinopathies en général, y compris les RCRSP, il semble que les exercices de résistance avec charges externes soient plus bénéfiques que ceux qui utilisent uniquement le poids du corps (Pavlova et al., 2023), suggérant un certain bénéfice d'une charge externe.

Quant Ă  la frĂ©quence et Ă  la durĂ©e des exercices pour les RCRSP, l'incertitude demeure, bien que des programmes de 4 Ă  12 semaines aient montrĂ© des bĂ©nĂ©fices (McConnell et al., 2022). Il semble qu'il n'y ait pas de corrĂ©lation constante entre la dose d'exercice et les rĂ©sultats cliniques pour les personnes atteintes de RCRSP, sauf peut-ĂȘtre pour ceux ayant de faibles pensĂ©es catastrophiques. Les objectifs de traitement, le stade de rĂ©Ă©ducation et la sensibilitĂ© des symptĂŽmes sont des facteurs Ă  considĂ©rer dans la dĂ©cision partagĂ©e sur la dose d'exercice optimale.

Et les exercices de contrĂŽle moteur alors ?

Le but de l’analyse de Powell et ses collĂšgues (2024) est d'identifier oĂč se situent les zones floues concernant les exercices recommandĂ©s pour les douleurs d'Ă©paule associĂ©es aux muscles rotateurs (RCRSP), en examinant les donnĂ©es pertinentes Ă  la fois quantitatives et qualitatives.

Y a-t-il un type d'exercices supérieurs pour les muscles de l'épaule ? 

Choisir un type d'exercice pour traiter les RCRSP est complexe pour les cliniciens en raison des nombreuses méthodes disponibles (résistance, contrÎle moteur, étirement), souvent combinées dans un seul programme (Powell et al., 2022b). La revue de Powell et ses collÚgues (2024) se concentre sur les exercices de résistance progressive et de contrÎle moteur, ainsi que sur les exercices de facilitation du mouvement (Powell et al., 2022a, 2022b). Les méta-analyses ne montrent généralement pas de différence notable entre les exercices de contrÎle moteur spécifiques et les exercices de résistance généraux pour le RCRSP (Bury et al., 2016; Shire et al., 2017). Un ECR de 2023 confirme cela, n'indiquant aucune différence marquée entre l'éducation seule, l'éducation plus exercices de contrÎle moteur, et l'éducation plus exercices de résistance en termes de résultats cliniques (Dube et al., 2023).

Vu l'équivalence entre les formes les plus communes d'exercice, il est judicieux de choisir l'approche selon les préférences du patient et son irritabilité (Lewis et al., 2022; McClure, 2015).

Il est important de garder Ă  l’esprit que chez les patients prĂ©sentant des douleurs musculo-squelettiques plutĂŽt chroniques, certains processus au niveau du systĂšme nerveux central peuvent ĂȘtre perturbĂ© (Woolf et al. 2011).

Le systĂšme immunitaire (Neugebauer et al. 2020) ou le cĂŽtĂ© biopsychosocial (Meints et al. 2018) peuvent venir influencer cette douleur et les exercices permettent d’amĂ©liorer cette perception.
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C’est pourquoi, dans la plupart des cas, on pourrait proposer au patient de rĂ©aliser des exercices dans la douleur (VallĂ©s-Carrascosa et al. 2018). Il faudra bien Ă©videmment expliquer au prĂ©alable au patient que la douleur n’est pas forcĂ©ment quelque chose de nĂ©faste et qu’il existe parfois une adaptation, une perception de la douleur perturbĂ©e.
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Lorsqu’on parle de faire des exercices dans la douleur, comprenons-nous bien, il ne s’agit pas d'atteindre 10/10 Ă  l’EVA. Bien qu’il n’existe pas de consensus, l’idĂ©e est d’autoriser une douleur autour de 3-4/10 pendant l’exercice sachant que cette douleur doit diminuer dans les quelques heures qui suivent.

D’un point de vue plus pratique, comment pouvons-nous procĂ©der avec notre patient ?

Dans un premier temps, il peut ĂȘtre intĂ©ressant de questionner le patient concernant sa comprĂ©hension de sa douleur. On peut ensuite tester ses croyances et lui demander s’il trouve normal le fait de faire des exercices, s’il trouve normal d’éviter de faire certains mouvements... On va chercher Ă  amĂ©liorer son auto-efficacitĂ© en lui fournissant des conseils pour sa sĂ©curitĂ©, en essayant de le rassurer.
On va Ă©galement lui donner des conseils sur le niveau de douleur le plus appropriĂ© Ă  adopter lors de la rĂ©alisation des exercices et des conseils Ă  propos des modifications Ă  apporter, comme par exemple ajuster le nombre de rĂ©pĂ©titions, adapter la rĂ©sistance, etc
 Il est vraiment important d’essayer de faire comprendre au patient que la douleur n’est pas toujours un signe d’alarme et qu’il faut parfois aller dans ce sens-lĂ , surtout si les douleurs sont chroniques et qu’on sait qu’il n’y a pas d’autres pathologies sous-jacentes.

Certaines astuces peuvent ĂȘtre mises en place pour amĂ©liorer la compliance du patient au traitement.
Par exemple, on peut lui proposer des exercices avec un bras de levier plus court dans un premier temps ; on peut l’encourager Ă  accepter un fond de douleur lors des exercices ; lui proposer de commencer par une sĂ©rie d’exercices une fois par jour ; en fonction de l’évolution de la douleur pendant la sĂ©ance et dans les heures qui suivent, on pourra conseiller au patient, en tenant compte de son ressenti, d’augmenter ou de diminuer le nombre de rĂ©pĂ©titions ou de sĂ©ries dans la journĂ©e.
En fin de compte, l'objectif au terme de la premiĂšre sĂ©ance, est que le patient puisse retourner chez lui avec des exercices simples Ă  rĂ©aliser (2, 3 maximum) et avec quelques informations lui permettant d’adapter lui-mĂȘme la charge.

A prĂ©sent, nous allons nous intĂ©resser aux effets du renforcement sur les muscles. La mĂ©ta-analyse de Ralston et al. de 2017 et l’étude de Claire Minshull montrent que, malgrĂ© une absence de consensus dans la littĂ©rature, il serait plus efficace d’effectuer un petit nombre de rĂ©pĂ©titions avec une charge Ă©levĂ©e pour obtenir un gain en force. On parle de 3 Ă  5 RM (RĂ©pĂ©titions maximum) pour la force par exemple, c’est-Ă -dire le nombre maximal de rĂ©pĂ©titions que l’on peut effectuer avec la charge utilisĂ©e. Lorsqu’on rĂ©alise entre 6 et 12 rĂ©pĂ©titions, on observe davantage une hypertrophie du muscle et enfin, lorsqu’on souhaite se focaliser sur une amĂ©lioration de l’endurance musculaire, on peut partir sur un nombre de rĂ©pĂ©titions supĂ©rieur Ă  12.
Si on regarde attentivement la diapositive ci-dessous, on se rend compte que rĂ©aliser des sĂ©ries de 10 Ă  12 rĂ©pĂ©titions est probablement un gaspillage de temps et d’effort puisque les rĂ©sultats obtenus sont mĂ©diocres en force, en puissance et en endurance. Pour Claire Minshull, 3 sĂ©ries de 10 rĂ©pĂ©titions peuvent ĂȘtre utiles seulement si le patient a besoin de se familiariser avec la charge, parce qu’il est en phase aiguĂ« par exemple. En rĂ©sumĂ©, pour obtenir un gain de force ou de puissance, il est prĂ©fĂ©rable d’effectuer entre 3 et 6 RM et pour obtenir une amĂ©lioration de l’endurance, il est prĂ©fĂ©rable de rĂ©aliser un nombre de rĂ©pĂ©titions supĂ©rieur Ă  12.
En pratique maintenant, lorsqu’on est face au patient et qu’on doit doser l’exercice, l’idĂ©e est de se baser davantage sur ce qu’il ressent plutĂŽt que sur des pourcentages de RM. Cependant, il faut expliquer au patient qu’à la fin de ses rĂ©pĂ©titions, il ne doit quasiment plus ĂȘtre capable d’en rajouter une : il doit donner son maximum. Si le patient rĂ©alise 3 sĂ©ries de 10 rĂ©pĂ©titions mais qu’il ne sent rien, c'est inutile.

Concernant la frĂ©quence de rĂ©pĂ©titions des sĂ©ries d’exercices dans la semaine, l’étude de Ralston et al montre qu’une charge d'entraĂźnement hebdomadaire moyenne ou Ă©levĂ©e est plus efficace pour produire un gain de force qu’une charge d'entraĂźnement hebdomadaire faible (Ralston et al. 2017). Selon la mĂ©ta-analyse de Rhea et al de 2002, un sujet non-entraĂźnĂ© pourrait obtenir un gain de force en effectuant 3 jours d'entraĂźnement par semaine avec 4 sĂ©ries par groupe musculaire, et un sujet entraĂźnĂ© devrait s'entraĂźner tous les 2 jours avec 4 sĂ©ries par groupe musculaire pour obtenir lui aussi un gain de force musculaire.

A propos du temps de rĂ©cupĂ©ration entre chaque sĂ©rie lors d’un renforcement musculaire segmentaire, l’étude de Koch et al de 2020 prĂ©conise de respecter des temps de pause allant de 60 Ă  90 secondes selon le nombre de rĂ©pĂ©titions effectuĂ©es et selon l’état du patient. Tout ceci dans le but de ne pas ĂȘtre dĂ©lĂ©tĂšre et donc de maximiser le gain de force du patient.
Alors par rapport Ă  la durĂ©e, dans les Ă©tudes ils disent qu’il faut attendre entre 4 Ă  6 semaines pour voir des amĂ©liorations au niveau musculaire, au niveau de la force et de l’endurance. Donc il faut se laisser le temps.

Si nous résumons les derniers éléments, il semblerait donc intéressant de commencer les exercices avec 1 série de 8-10 répétitions par exemple, puis ajuster le nombre de répétitions et le nombre de séries en fonction du ressenti et de la douleur du patient. 

On peut tolĂ©rer une certaine douleur lors de la rĂ©alisation de l’exercice (max 3-4/10 Ă  l’EVA). Il sera important de vĂ©rifier que la douleur diminue bien dans les quelques heures suivant l’exercice (2-3 heures max) et si dans les 24h, il n'y a pas de changement dans l'irritabilitĂ© de l'Ă©paule.

Le kinĂ©sithĂ©rapeute et le patient devront adapter la charge pour qu’elle soit toujours supportable.

Pour expliquer le concept de gestion de la douleur pendant l'exĂ©cution des exercices, voici une approche Ă  adopter lors de votre sĂ©ance avec le patient (tĂ©lĂ©charger la fiche). Au lieu d'interrompre l'exercice dĂšs l'apparition de la douleur, nous pouvons rassurer le patient en soulignant qu'une certaine intensitĂ© de douleur peut ĂȘtre tolĂ©rĂ©e pendant l'exercice sans risque d'aggravation, surtout lorsque la plupart des mouvements quotidiens sont douloureux. En cas de douleur trop intense, plutĂŽt que de cesser l'exercice, diffĂ©rentes adaptations peuvent ĂȘtre proposĂ©es pour le rendre plus supportable.

Un Ă©lĂ©ment essentiel Ă  souligner ici est la nature exclusivement subjective de cette perception. Cette subjectivitĂ© peut fluctuer dans le temps, influencĂ©e par les Ă©preuves que traverse le patient. Il n'est pas rare de rencontrer des cas oĂč les patients progressent favorablement, puis soudainement dĂ©crivent des douleurs plus intenses, mĂȘme si leur fonction continue Ă  s'amĂ©liorer. Dans de telles situations, il peut ĂȘtre pertinent d'Ă©valuer l'aspect psychologique actuel du patient, et Ă©ventuellement de dĂ©dramatiser une situation qui pourrait ĂȘtre Ă  l'origine d'une focalisation accrue sur les problĂšmes d'Ă©paule, par rapport Ă  la normale. Une attention particuliĂšre sera portĂ©e Ă  cela, surtout s'il s'agit d'une augmentation de la douleur non mĂ©canique.

Il est crucial de ne pas se limiter à l'évaluation des exercices prescrits, mais aussi d'examiner les autres activités du patient au cours de la semaine. En élargissant notre compréhension à l'ensemble de son mode de vie, nous pourrons mieux cibler les facteurs qui pourraient influencer ses perceptions et adapter notre approche de rééducation en conséquence.

Pour revenir Ă  la rĂ©alisation des exercices, il conviendra d’encourager le patient Ă  donner son maximum lors de la rĂ©alisation des exercices de renforcement : il ne doit quasiment plus pouvoir effectuer une rĂ©pĂ©tition de plus au terme de la sĂ©rie. Une maniĂšre plus ludique d’expliquer cela avec les patients est de lui prĂ©senter l’échelle RPE (rate of perceived exertion) qui permet l’évaluation de l’effort perçu, autrement dit, la sensation de fatigue que perçoit le patient pendant l’effort. 

Globalement, si Ă  la fin de sa sĂ©rie, le patient indique qu’il se situe Ă  4-6 / 10 sur l’échelle de perception de l’effort, il est trĂšs probablement capable d’effectuer un nombre plus important de rĂ©pĂ©titions. Il sera donc important de lui rappeler qu’il doit se rapprocher le plus possible d’une perception d’effort Ă©quivalente Ă  10/10 sur l’échelle, Ă  la fin de chaque sĂ©rie. Bien entendu, ici, nous ne parlons pas de douleur mais bien de sensation de fatigue. Si le patient n’est pas assez fatiguĂ© aprĂšs la sĂ©rie effectuĂ©e, le kinĂ©sithĂ©rapeute peut l’inviter Ă  augmenter le nombre de rĂ©pĂ©titions ou la rĂ©sistance imposĂ©e. 

Nous tenons tout de mĂȘme Ă  signaler qu’il n’y a rien de trĂšs scientifique concernant cette Ă©chelle : il s’agit simplement d’un outil intĂ©ressant pour faire comprendre au patient ce qu’il doit rĂ©aliser.

On peut retenir de maniĂšre gĂ©nĂ©rale que le patient doit ĂȘtre content de faire des pauses entre les sĂ©ries.

Une revue systĂ©matique avec mĂ©ta-analyse publiĂ©e dans le British journal of Sports Medicine a regroupĂ© les donnĂ©es de 110 Ă©tudes (n=3953) qui ont utilisĂ© des exercices avec rĂ©sistance comme traitement dominant pour les tendinopathies (de la coiffe des rotateurs, achilĂ©enne, latĂ©rale du coude, patellaire ou du moyen fessier) pour dĂ©terminer les effets modĂ©rateurs potentiels de l’intensitĂ©, du volume et de la frĂ©quence des exercices (Pavlova et al. 2023).

En rÚgle générale, le dosage des exercices avec résistance est plutÎt mal rapporté, dans les études sur la gestion des tendinopathies.

Malgré une grande variabilité entre les protocoles des études, la méta-analyse a identifié des tendances générales.

IntensitĂ© : il serait prĂ©fĂ©rable d’utiliser des poids lourds plutĂŽt que le poids du corps

FrĂ©quence : il serait prĂ©fĂ©rable d’effectuer ces exercices moins d’une fois par jour plutĂŽt que plus d’une fois par jour

Volume : 3 sĂ©ries de 15 rĂ©pĂ©titions. Toutefois, les comparaisons de cette mĂ©ta-analyse n’ont pas produit de rĂ©sultats cohĂ©rents Ă  cet effet.

Par consĂ©quent, on peut retenir comme recommandation qu’il faut charger les tendons par des exercices avec poids lourds et une rĂ©cupĂ©ration suffisante entre les sĂ©ances.

Bien entendu, nous devrons individualiser nos prescriptions en fonction du profil de nos patients.

Pour les tendinopathies au membre inférieur, nous progresserons graduellement en ajoutant des sauts et de la pliométrie.

Utilisation de la chaßne cinétique

Un point essentiel Ă  noter concernant la chaĂźne cinĂ©tique : ici, nous n'abordons pas les concepts de chaĂźne cinĂ©tique ouverte ou fermĂ©e. Au lieu de cela, nous considĂ©rons la chaĂźne cinĂ©tique dans le contexte du mouvement fonctionnel qui engage l'ensemble du corps (Lluch-GirbĂ©s et al. 2023). Lluch-GirbĂ©s et al. ont indiquĂ© comme convenu que le dysfonctionnement d'un segment de la chaĂźne (c'est-Ă -dire d'un maillon faible) entraĂźnait une altĂ©ration des performances ou des lĂ©sions des segments distaux. Les experts ont estimĂ© qu'il Ă©tait important d'Ă©valuer et de traiter la chaĂźne cinĂ©tique en particulier chez les athlĂštes de lancer/overhead et ont convenu qu'il n'existait pas d'approche unique pour la mise en Ɠuvre d'exercices de chaĂźnes ouvertes de l'Ă©paule dans le cadre du processus de rĂ©adaptation (Lluch-GirbĂ©s et al. 2023). 

Il s'agit d'un systĂšme potentiellement utile pour "dĂ©bloquer" le patient. Par exemple, un patient pourrait avoir du mal Ă  soulever un poids au-dessus de sa tĂȘte, mais en le faisant monter sur une marche (Richardson et al. 2020), activant ainsi les membres infĂ©rieurs, il peut rĂ©ussir. 

On peut essayer avec une activation du tronc en plus, une activation du membre supĂ©rieur en entier
 Cette approche peut ĂȘtre bĂ©nĂ©fique pour surmonter certaines Ă©tapes.

Cependant, il est crucial de ne pas toujours travailler avec cette approche. Si notre objectif est de se concentrer spécifiquement sur la coiffe des rotateurs, il sera nécessaire de demander au patient d'exécuter l'exercice sans utiliser la chaßne cinétique, afin de cibler de maniÚre plus précise la région souhaitée.

Pour en parler de maniĂšre plus approfondie, vous pouvez visualiser la masterclass de Ian Horsley Ă  ce sujet.

Éducation thĂ©rapeutique

‍Les attentes du patient et sa confiance en sa capacitĂ© Ă  gĂ©rer sa condition sont des prĂ©dicteurs clĂ©s du succĂšs d'un traitement non chirurgical, plus que les aspects structurels de la lĂ©sion tendineuse (Dunn et al. 2005). Encourager l'autogestion peut renforcer ces facteurs (Jonkman et al. 2016). Il est donc crucial que les professionnels de santĂ© mettent en place une Ă©ducation personnalisĂ©e au patient, qui respecte ses besoins et valeurs individuels (Jayadevappa et al. 2011 ; Delaney et al. 2018 ; Casimir et al. 2014 ; Oosterhaven. 2018). En 2020, White et al. ont identifiĂ© le besoin d'une intervention prĂ©coce pour rĂ©pondre Ă  la peur, aux idĂ©es fausses et aux attentes vis-Ă -vis du traitement de la tendinopathie de la CDR.
Il est essentiel d'accorder au patient le temps nĂ©cessaire pour comprendre que sa problĂ©matique peut ĂȘtre davantage fonctionnelle que structurelle.
De maniÚre progressive, nous pouvons aborder les contraintes et les facteurs favorisants sans pour autant culpabiliser le patient. La quantification du stress mécanique et la gestion de la charge seront également des points à aborder.
Nous pouvons rassurer le patient en l'informant qu'il peut utiliser son bras atteint tout en contrĂŽlant sa douleur, afin d'Ă©viter une sur-sollicitation du bras non atteint, qui pourrait entraĂźner des douleurs Ă©galement. Enfin, il est envisageable de planifier le traitement avec une perspective Ă  long terme, favorisant ainsi une approche durable et efficace. N’oublions pas jusqu'Ă  40 % des personnes touchĂ©es souffriront d'une incapacitĂ© au-delĂ  de 12 mois (Lewis et al. 2016).

Pour une communication efficace sur la tendinopathie de la coiffe des rotateurs, il est crucial de saisir les objectifs du patient et de clarifier que la douleur ne reflĂšte pas toujours l'Ă©tat fonctionnel. Mentionnez que le rĂ©tablissement peut durer en moyenne 12 semaines, avec des variations individuelles. Encouragez le suivi en contactant le patient deux jours aprĂšs la prescription des exercices pour s'assurer de leur bon dĂ©roulement. L'adhĂ©sion peut ĂȘtre renforcĂ©e par l'Ă©coute active, des instructions claires et une prescription d'exercices adaptĂ©e, parfois rĂ©duite Ă  un seul exercice quotidien pour faciliter la routine. Trouvez avec le patient le moment le plus adaptĂ© pour rĂ©aliser ses exercices quotidiennement.

7 - Devons-nous voir nos patients 3 fois par semaines ?

‍Il sera important de faire comprendre au patient qu’il s’agit d’un long processus. En tant que thĂ©rapeute, il peut ĂȘtre pertinent de prĂ©venir les patients du temps moyen que nĂ©cessite une rĂ©Ă©ducation d'une douleur d'Ă©paule (cf : partie “pronostic”) . En effet, les patients peuvent se prĂ©senter avec de faux-espoirs, un dĂ©sir de guĂ©rison rapide...Il est important de prĂ©ciser Ă©galement qu'Ă©tant donnĂ© la longue durĂ©e de rĂ©Ă©ducation, l'un des objectifs du thĂ©rapeute est de rendre les patients autonomes.
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Dans la littĂ©rature scientifique, et en ce qui concerne les pathologies musculo-squelettiques, il ne semble pas exister de corrĂ©lation entre l’augmentation du nombre de sĂ©ances et les rĂ©sultats cliniques (Clewley et al. 2020). De plus, sachant que les traitements actifs semblent apporter les meilleurs rĂ©sultats, il est peut-ĂȘtre prĂ©fĂ©rable d’étaler, d'espacer les sĂ©ances dans le temps : par exemple voir 1 fois / semaine ou 1 fois / 2 semaines tout en responsabilisant les patients.
Bien entendu, certaines situations peuvent nécessiter de rapprocher les séances :

  • Si vous n’ĂȘtes pas certains du diagnostic posĂ© ou de la classification
  • Si vous souhaitez observer l’effet des exercices sur l’irritabilitĂ© du patient
  • Si le patient a de fortes attentes par rapport aux soins passifs
  • Si vous sentez que le patient manque d’observance
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Enfin, espacer les sĂ©ances ne signifie pas abandonner nos patients : c’est au kinĂ©sithĂ©rapeute de trouver le juste milieu et de s’adapter aux attentes et aux contexte de chacun.

Par rapport à ce timing, l'article d'Ebonie Rio et Docking en 2017 souligne que la pathologie et la douleur en médecine musculosquelettique ne sont pas bien liées et que la normalisation de la structure des tissus à l'imagerie n'est pas nécessaire pour l'amélioration clinique. Il mentionne que l'adaptation peut se produire dans d'autres systÚmes comme le systÚme nerveux central et les muscles, et que la suppression de la douleur ne garantit pas une issue positive à long terme. L'adaptation est un processus multisystémique, nécessitant l'intégration de plusieurs systÚmes pour un retour à la fonction sans douleur (Rio et al. 2017).
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Il sera donc important d'expliquer au patient que l'adaptation du tendon est un processus qui prend du temps. Le premier aspect à s'améliorer est généralement l'adaptation du systÚme nerveux central, ce qui souligne l'importance de commencer la rééducation avec des exercices dÚs que possible pour rétablir la fonction du systÚme nerveux central. Ensuite, l'adaptation des structures musculaires suit, ce qui se produit généralement environ douze semaines aprÚs le début des exercices, soit un minimum de trois mois. Ces délais sont des moyennes, et la progression peut varier d'un patient à l'autre. Il est donc essentiel d'informer le patient dÚs le début que le traitement demandera du temps et de la patience. Les résultats ne sont pas instantanés.

8 - Self-management & exercices Ă  domicile

À propos du self-management et des exercices à domicile, que pouvons-nous mettre en place avec le patient ?

L’essai contrĂŽlĂ© randomisĂ© de Santello et son Ă©quipe (2020), a rĂ©vĂ©lĂ© qu'un programme d'exercices Ă  domicile, comprenant des instructions au patient et exĂ©cutĂ© pendant plus de deux mois, a amĂ©liorĂ© la fonction de l'Ă©paule et rĂ©duit l'intensitĂ© de la douleur et la prise de mĂ©dicaments sur deux mois.
Dans un premier temps, il peut ĂȘtre intĂ©ressant de conseiller au patient d’effectuer le mouvement dans la direction la plus symptomatique.
Il sera pertinent Ă©galement de lui proposer des exercices avec des maniĂšres de progresser et de rĂ©gresser afin qu’il puisse lui-mĂȘme adapter la charge en fonction de ce qu’il ressent.
D’aprĂšs leur Ă©tude, Littlewood et al. de 2016 ont proposĂ© un programme d’exercices unique autogĂ©rĂ© par le patient, qu'ils ont comparĂ© Ă  un traitement classique de kinĂ©sithĂ©rapie pour la tendinopathie de la coiffe des rotateurs.
Il en ressort qu’il est important de faire comprendre au patient qu’il est parti pour environ 12 semaines d’exercices.
Dans leur Ă©tude, ils ont constatĂ© que les exercices Ă  domicile Ă©taient tout aussi bĂ©nĂ©fiques que les sĂ©ances de kinĂ©sithĂ©rapie supervisĂ©es au cabinet. Dans l'Ă©tude, le patient venait seulement 4 fois en sĂ©ance de kinĂ©sithĂ©rapie pour Ă©ventuellement faire des modifications d’exercices.
Le fait de voir le patient 1 fois toutes les semaines ou toutes les 2 semaines en fonction de ses besoins permet un suivi Ă  plus long terme.
Vous pouvez télécharger ici une fiche pratique vous permettant de prescrire des exercices à votre patient.

Les mĂ©ta-analyses rĂ©centes ne montrent aucune diffĂ©rence significative entre les exercices supervisĂ©s et ceux non supervisĂ©s pour les personnes souffrant de RCRSP (Gutierrez-Espinoza et al., 2020; Liaghat et al., 2021). Cependant, un essai contrĂŽlĂ© randomisĂ© ultĂ©rieur a comparĂ© un programme d'exercices supervisĂ©s par un kinĂ©sithĂ©rapeute Ă  un groupe qui a reçu des informations Ă©ducatives et des exercices aprĂšs une injection de corticostĂ©roĂŻdes pour les deux groupes (Roddy et al., 2020). AprĂšs six mois, une amĂ©lioration significative a Ă©tĂ© notĂ©e pour le groupe supervisĂ© en termes de douleur et de fonction de l'Ă©paule, mais aucune diffĂ©rence n'a Ă©tĂ© constatĂ©e Ă  six semaines et Ă  douze mois. L'adhĂ©sion plus Ă©levĂ©e aux exercices dans le groupe supervisĂ© pourrait expliquer ces rĂ©sultats. Ces donnĂ©es suggĂšrent que les dĂ©cisions relatives Ă  la supervision des exercices doivent ĂȘtre personnalisĂ©es en fonction de chaque patient.

9 - Les exercices améliorent-t-ils la structure du tendon ?

Selon certaines Ă©tudes, les changements structurels pourraient potentiellement expliquer les rĂ©sultats positifs obtenus suite Ă  ces exercices. Cependant, les mĂ©canismes de l’efficacitĂ© de ces exercices restent incompris.
L’étude de Drew et al de 2014 s’est intĂ©ressĂ©e Ă  la relation entre les changements structurels observables des tendons et les rĂ©sultats cliniques faisant suite Ă  des exercices thĂ©rapeutiques.
Ils ont voulu observer si les changements structurels Ă©taient liĂ©s Ă  la rĂ©duction de la douleur, Ă  l’amĂ©lioration de la fonction ou encore Ă  la satisfaction Ă©prouvĂ©e par le patient par rapport au traitement.
La rĂ©ponse est "non" : le tendon peut ne pas s’ĂȘtre amĂ©liorĂ© structurellement parlant, mais le patient peut aller mieux.
Donc l’imagerie n’est pas forcĂ©ment quelque chose d’important Ă  prendre en compte dans notre traitement car le problĂšme n’est pas toujours liĂ© Ă  la structure.
Les exercices vont la plupart du temps permettre au patient de se sentir mieux, mais on ne sait pas vraiment pourquoi Ă©tant donnĂ© qu'il n’y a pas toujours de changements structurels au niveau tendineux.

Est-ce qu'un exercice doit ĂȘtre douloureux pour ĂȘtre efficace ? 

Une mĂ©ta-analyse systĂ©matique a montrĂ© que la douleur ressentie pendant les exercices thĂ©rapeutiques n'empĂȘche pas l'atteinte de rĂ©sultats positifs pour diverses conditions musculo-squelettiques, et pourrait mĂȘme ĂȘtre bĂ©nĂ©fique Ă  court terme (Smith et al., 2017). Cette analyse incluait trois Ă©tudes sur les RCRSP (Holmgren et al., 2012; Littlewood et al., 2016; Maenhout et al., 2013), ne trouvant pas de diffĂ©rence notable Ă  long terme entre les programmes d'exercices avec ou sans douleur. À court terme, cependant, l'Ă©tude de Holmgren et al. (2012) a rĂ©vĂ©lĂ© que les exercices douloureux pouvaient ĂȘtre associĂ©s Ă  de meilleurs rĂ©sultats.

Cela ne signifie pas que la douleur pendant l'exercice est une cause directe de meilleurs rĂ©sultats, mais plutĂŽt que l'exercice douloureux ne doit pas ĂȘtre systĂ©matiquement Ă©vitĂ©. Cependant, des recherches supplĂ©mentaires sont nĂ©cessaires pour confirmer cette hypothĂšse. Les dĂ©cisions sur la quantitĂ© de douleur acceptable lors des exercices devraient tenir compte des circonstances individuelles, et il est suggĂ©rĂ© que l'exercice dans la douleur pourrait ĂȘtre contre-productif en prĂ©sence de pensĂ©es catastrophiques Ă©levĂ©es (Clausen et al., 2023).

Les auteurs se sont ensuite intéressés à ce que nous pouvons apprendre de l'expérience vécue des individus avec une atteinte de la coiffe concernant l'exercice. 

La recherche qualitative montre que les participants d'un essai clinique orientés vers l'exercice peuvent se sentir déçus et sceptiques, préférant une approche basée sur la thérapie manuelle (Littlewood et al., 2014). 

À l'inverse, certains individus prĂ©fĂšrent la rĂ©habilitation par l'exercice suite Ă  l'Ă©chec des approches traditionnelles manuelles (Littlewood et al., 2014; Powell et al., 2023). Ces donnĂ©es rejoignent celles de recherches rĂ©centes indiquant que les individus attendent souvent des exercices de la part de leur kinĂ©sithĂ©rapeute, comme l'exprime un participant dans l'Ă©valuation qualitative de Subialka et al. (2022) (Jensen et al., 2022; Subialka et al., 2022) : "Je cherche juste Ă  ce qu'ils m'apprennent Ă  faire les exercices nĂ©cessaires chez moi pour maintenir cette amplitude de mouvement et rĂ©duire le niveau de douleur sans passer par une chirurgie importante."

Une enquĂȘte qualitative s'intĂ©ressant Ă  comment et pourquoi les individus ayant vĂ©cu avec RCRSP croient que l'exercice a aidĂ© Ă  leurs symptĂŽmes a rĂ©vĂ©lĂ© que tous les participants de l'Ă©tude ont eu une expĂ©rience positive avec l'exercice, mais seulement sous certaines conditions (Powell et al., 2023). 

La condition la plus importante était la relation thérapeutique avec leur clinicien traitant, une relation faible menant inévitablement à l'échec des exercices prescrits. Un autre aspect crucial, souligné dans cette étude et d'autres (Sandford et al., 2017), était l'importance d'un programme d'exercices personnalisé, plutÎt qu'un programme générique.

Parmi les obstacles couramment exprimés à l'engagement dans un programme d'exercices, on trouve le manque d'accÚs à l'équipement, l'incertitude quant au délai de récupération, le manque de motivation et de temps, ainsi que les croyances et attentes quant à l'adéquation de l'exercice pour leur douleur à l'épaule (O'Shea et al., 2022; Sandford et al., 2017). 

À l'opposĂ©, des conseils pertinents et l'Ă©ducation sur leur condition de l'Ă©paule, l'accĂšs Ă  l'Ă©quipement, une charge d'exercice raisonnable et un rĂ©seau social soutenant Ă©taient des facteurs clĂ©s facilitant l'adhĂ©sion Ă  un programme d'exercices (O'Shea et al., 2022; Sandford et al., 2017).

La littérature qualitative met en lumiÚre la complexité et la dépendance au contexte de l'expérience individuelle de s'engager dans un programme d'exercices. Néanmoins, lorsque proposé dans un contexte clinique approprié, l'exercice est souvent attendu, souhaité et, pour la plupart, positivement accueilli par les individus avec RCRSP.

MĂ©canismes qui pourraient expliquer comment l'exercice aide les individus atteint de la coiffe

Les auteurs se sont ensuite intéressés aux mécanismes qui pourraient expliquer comment l'exercice aide les individus atteint de la coiffe. Powell et al. (2022a, 2022b) ont recensé 32 mécanismes potentiels expliquant les bienfaits de l'exercice chez les sujets atteints de la coiffe, principalement axés sur des facteurs biomécaniques tels que la force, le contrÎle moteur et l'espace acromio-huméral. Ces mécanismes biomécaniques n'ont que rarement été éprouvés ou confirmés par des approches expérimentales et statistiques rigoureuses et demeurent donc spéculatifs (Powell et al., 2022b; Powell & Lewis, 2021).

Hotta et al. (2022) n'ont trouvé aucun lien entre le mouvement, la position ou la force de la scapula et la douleur ou le handicap à l'épaule chez les patients avec atteinte de la coiffe.

GutiĂ©rrez Espinoza et al. (2023) ont comparĂ© des exercices spĂ©cifiques Ă  des exercices gĂ©nĂ©raux pour les RCRSP, avec une attention particuliĂšre Ă  l'orientation scapulaire et Ă  la position de la tĂȘte humĂ©rale dans la cavitĂ© glĂ©noĂŻde pour prĂ©venir une translation supĂ©rieure et possiblement Ă©viter un conflit sous-acromial. Bien que l'exercice spĂ©cifique ait montrĂ© une amĂ©lioration, la diffĂ©rence n'Ă©tait pas cliniquement pertinente. L'Ă©tude suggĂšre que les bĂ©nĂ©fices pourraient ĂȘtre partiellement attribuĂ©s Ă  une rĂ©duction de la kinĂ©siophobie, un Ă©lĂ©ment Ă  considĂ©rer pour les cliniciens traitant des patients ayant une forte apprĂ©hension du mouvement. Il reste Ă  dĂ©terminer quel aspect de l'exercice a permis cette rĂ©duction ou si d'autres formes d'exercice pourraient avoir un effet similaire. Des Ă©tudes qualitatives ont indiquĂ© que la kinĂ©siophobie peut ĂȘtre attĂ©nuĂ©e par des exercices de renforcement simples (Powell et al., 2023).

Lorsque des personnes souffrant de RCRSP ont été interrogées sur la façon dont l'exercice atténuait leur douleur, trois mécanismes ont émergé : l'augmentation de la force musculaire, des changements dans l'état psycho-émotionnel et une reconnaissance des bénéfices de l'exercice sur la santé en général (Powell et al., 2023). Ces perceptions rejoignent les propositions scientifiques concernant la force des épaules mais mettent davantage l'accent sur les aspects psycho-émotionnels.

Actuellement, il y a un manque de connaissances sur les processus précis par lesquels l'exercice améliore les symptÎmes du syndrome de douleur régionale complexe de l'épaule (RCRSP). 

Les hypothÚses conventionnelles telles que l'accroissement de la force musculaire, l'amélioration de la position et du mouvement de la scapula ou l'augmentation de l'espace acromio-huméral pourraient ne pas suffire à expliquer les améliorations de la douleur et de la fonction de l'épaule observées en clinique (Powell et al., 2022b; Powell et Lewis, 2021). 

Des concepts psychologiques comme la kinésiophobie et l'auto-efficacité face à la douleur se présentent comme des intermédiaires et des cibles thérapeutiques intéressants, quoique des recherches approfondies soient nécessaires pour valider ces idées. 

La rééquilibration biochimique au sein des tissus de l'épaule est également considérée comme un mécanisme potentiel nécessitant plus d'étude (Docherty et al., 2022). 

En l'état, il est recommandé aux cliniciens de ne pas se reposer sur des explications simplistes et uniques pour l'efficacité de l'exercice, comme l'optimisation du mouvement scapulaire ou l'augmentation de la force. Il est plutÎt suggéré de considérer que l'exercice peut soulager la douleur et améliorer la fonction de l'épaule à travers une variété de mécanismes biopsychosociaux qui sont interconnectés (Powell et Lewis, 2021). 

Des études supplémentaires sont cruciales pour déchiffrer les voies causales grùce auxquelles l'exercice procure un avantage aux personnes souffrant de RCRSP, ce qui pourrait à son tour améliorer l'application et les résultats de la thérapie par l'exercice.

Naviguer dans l’incertitude : considĂ©rations thĂ©oriques pour l’utilisation de la thĂ©rapie par l’exercice

Dans les cas non traumatiques de troubles musculo-squelettiques, dont les RCRSP, les interventions chirurgicales et non chirurgicales offrent des bénéfices équivalents et modestes, ce qui complique le choix d'un traitement. 

L'exercice pour les RCRSP est modĂ©rĂ©ment efficace, souvent souhaitĂ© par les patients, abordable et offre un bon rapport coĂ»t-efficacitĂ© (Babatunde et al., 2021; Naunton et al., 2020; Steuri et al., 2017). L'exercice est considĂ©rĂ© comme Ă©quitable et judicieux dans l'utilisation des ressources, en particulier comparĂ© Ă  la chirurgie (Lewis, 2022), et peut ĂȘtre mis en Ɠuvre rapidement sans supervision intensive, Ă©tant Ă©galement bĂ©nĂ©fique pour les patients en attente de chirurgie (Holmgren et al., 2012). La pertinence de la thĂ©rapie par l'exercice dans une situation clinique donnĂ©e devrait rĂ©sulter d'une dĂ©cision partagĂ©e entre le patient et le clinicien (Hoffmann et al., 2020).

La prise de dĂ©cision partagĂ©e est un processus collaboratif oĂč clinicien et patient Ă©valuent ensemble les options de traitement, en tenant compte des bĂ©nĂ©fices, risques et prĂ©fĂ©rences personnelles (Hoffmann et al., 2020, 2022). Elle est recommandĂ©e quand il n'y a pas d'option thĂ©rapeutique clairement supĂ©rieure et concerne la sĂ©lection comme la mise en Ɠuvre du traitement, dont les modalitĂ©s de l'exercice. Face Ă  l'incertitude qui accompagne souvent la prescription d'exercices thĂ©rapeutiques pour les RCRSP, il est considĂ©rĂ© comme une bonne pratique d'adopter une dĂ©cision partagĂ©e lors de la sĂ©lection et de l'application d'un traitement. Bien que l'exercice soit une option parmi d'autres pour les RCRSP, il semble remplir les critĂšres de soins appropriĂ©s et reste une option de traitement privilĂ©giĂ©e pour cette affection.

Dans le contexte de la thĂ©rapie par l'exercice, face Ă  l'incertitude entourant la mise en Ɠuvre, la dĂ©cision partagĂ©e peut conduire Ă  un essai de thĂ©rapie par l'exercice, accompagnĂ© de conseils appropriĂ©s (Dube et al., 2023).

L'incertitude quant Ă  la maniĂšre dont l'exercice soulage la douleur ne dicte pas nĂ©cessairement le choix des exercices sur la base de critĂšres traditionnels comme la faiblesse ou la tension musculaire. Les praticiens sont encouragĂ©s Ă  privilĂ©gier les exercices confortables pour le patient et pratiques d'un point de vue logistique et financier, qui correspondent Ă  leur prĂ©sentation clinique. La nature de l'exercice de rĂ©sistance, l'intensitĂ© et la dose dĂ©pendent de la tolĂ©rance et des objectifs de rĂ©adaptation du patient. Les cliniciens pourraient adopter des "expĂ©riences d'exercices", testant et ajustant le type d'exercice, l'intensitĂ© et le contexte en fonction des rĂ©actions du patient, comme dans le programme Shape-Up-My-Shoulder (Lewis et al., 2022) et les approches de la thĂ©rapie cognitive fonctionnelle (O'Sullivan, 2018). Cette mĂ©thode est soutenue par des personnes avec les RCRSP (Powell et al., 2023). La supervision par un physiothĂ©rapeute doit ĂȘtre discutĂ©e, et en l'absence de preuves claires, la dĂ©cision dĂ©pendra du contexte clinique. Il est conseillĂ© d'informer de maniĂšre transparente les patients sur l'efficacitĂ© Ă©quivalente des exercices supervisĂ©s et non supervisĂ©s pour les RCRSP.

Quand la douleur diminue, l'exercice peut ĂȘtre orientĂ© vers l'amĂ©lioration de la fonction et des performances, pour prĂ©parer le retour au travail ou Ă  des activitĂ©s de loisir. À ce stade, on peut envisager l'exercice d'un point de vue biomĂ©canique, considĂ©rant la force nĂ©cessaire pour les activitĂ©s souhaitĂ©es. La rĂ©Ă©ducation peut Ă©galement intĂ©grer la chaĂźne cinĂ©tique (Richardson et al., 2020). Il est suggĂ©rĂ© que la spĂ©cificitĂ© de l'exercice, l'intensitĂ©, le volume et le type de contraction importent peu pour la rĂ©duction de la douleur mais sont plus pertinents pour amĂ©liorer la fonction et la performance de l'Ă©paule.

10 - Traitements passifs

10.1 Les Ultrasons  

Sur la base de preuves de faible niveau, la thĂ©rapie par ultrasons n'est pas supĂ©rieure Ă  un placebo et ne prĂ©sente aucun avantage supplĂ©mentaire lorsqu'elle est utilisĂ©e en association avec l'exercice, en termes de rĂ©duction de la douleur et de fonction autodĂ©clarĂ©e chez le patient prĂ©sentant une tendinopathie de la CR (​​Desmeules et al. 2015).

10.2 Le TENS

En raison du nombre limitĂ© d'Ă©tudes et du risque global Ă©levĂ© de biais des Ă©tudes portant sur l’efficacitĂ© du TENS pour la tendinopathie de la coiffe des rotateurs, aucune conclusion ne peut ĂȘtre tirĂ©e quant Ă  son apport (nocif ou bĂ©nĂ©fique) pour le contrĂŽle de la douleur, le handicap et la qualitĂ© de vie en cas de lĂ©sion de la coiffe des rotateurs (Desmeules et al. 2016 ; Gibson et al. 2019).
Par consĂ©quent, en attendant la survenue d’autres Ă©tudes plus solides, il serait prĂ©fĂ©rable que les thĂ©rapeutes privilĂ©gient d’autres types d’interventions qui s’avĂšrent dĂ©jĂ  efficaces d’aprĂšs la littĂ©rature.

10.3 Cryothérapie et mise en charge progressive en stade aigu

Une Ă©tude a voulu savoir s’il Ă©tait plus intĂ©ressant de charger petit Ă  petit l’épaule avec des exercices ou bien simplement appliquer de la glace (Dupuis et al. de 2018).
Vous pouvez consulter l’étude de Dupuis et al. de 2018 pour obtenir davantage de dĂ©tails quant aux modalitĂ©s utilisĂ©es.
Globalement, ils ont réparti les patients en 2 groupes : un groupe effectuait des RE isométriques et un 2e groupe appliquait de la glace. Ces 2 groupes ont réalisé leur protocole pendant 14 jours, puis ils ont effectué des exercices de mise en charge progressive en RE, RI et abduction pendant 4 semaines.
Les auteurs ont constatĂ© qu’il n’y a pas vraiment de diffĂ©rence Ă  court terme entre un programme de mise en charge progressive de la coiffe et un protocole de cryothĂ©rapie dans le but de diminuer les douleurs et d’amĂ©liorer la fonction.
Cependant, il faut ĂȘtre prudent par rapport Ă  ces rĂ©sultats Ă©tant donnĂ© qu'ils n’ont pas utilisĂ© de groupe contrĂŽle dans leur Ă©tude. Les 2 groupes ont certes Ă©voluĂ© positivement, aucun n’ayant pris le dessus sur l’autre, mais il est tout de mĂȘme impossible de savoir si l’évolution observĂ©e est simplement un processus normal liĂ© au temps ou pas.
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Que peut-on tirer de cette Ă©tude pour notre pratique ?
On pourrait en dĂ©duire qu’en fonction de la croyance des patients et de leur adhĂ©rence au traitement proposĂ©, peut-ĂȘtre vaut-il mieux proposer Ă  certains patients d'appliquer de la glace s’ils trouvent que ça les soulage. D'autres patients prĂ©fĂ©reront bouger : dans ce cas on peut leur proposer des exercices isomĂ©triques comme par exemple effectuer 3 sĂ©ries de 20 Ă  30 secondes de contraction isomĂ©trique en RE ou en abduction, et ce 3 fois par jour.

10.4 Ondes de chocs (ODC)

IntĂ©ressons-nous maintenant aux ondes de choc et Ă  l’étude de Kyalyaag et al de 2018. Ils ont rĂ©parti des patients ĂągĂ©s de 25 Ă  70 ans en 2 groupes. Les patients avaient des symptĂŽmes depuis au moins 3 mois, ils n’avaient pas de rupture de coiffe et venaient avec des douleurs de type “conflit”. Certains avaient des tendinopathies avec et sans calcifications.
Dans leur étude, ils ont couplé de fausses ondes de choc avec des exercices et de vraies ondes de choc avec des exercices.
Ils se sont rendus compte que l’évolution Ă©tait la mĂȘme dans les 2 groupes. Les rĂ©sultats Ă©taient moins bons chez les personnes qui avaient une moins bonne attente vis-Ă -vis des rĂ©sultats en kinĂ©sithĂ©rapie.
Autre élément intéressant : les gens qui ne travaillaient pas, ceux qui étaient célibataires et ceux qui avaient tendance à moins venir aux séances de kinésithérapie présentaient également de moins bons résultats.
On se rend compte que le cÎté psychosocial vient véritablement influencer la rééducation.
D'un point de vue pratique, si le patient pense que les ODC lui font du bien et qu’il a l’impression que ça l’aide, alors peut-ĂȘtre est-ce intĂ©ressant de l’essayer.

Je vous invite à découvrir le module sur les ondes de choc disponible sur Fullphysio.

10.5 Mobilisations passives et thérapie manuelle

Sur la base de preuves de niveau faible Ă  modĂ©rĂ©, la thĂ©rapie manuelle (TM), utilisĂ©e seule ou en conjonction avec d'autres interventions (US, TENS, exercices
), rĂ©duit significativement la douleur chez les personnes souffrant de tendinopathie de la CR, et cet effet peut ou non ĂȘtre cliniquement important.

Sur la base de preuves de faible niveau, une intervention de TM ajoutĂ©e Ă  un programme d'exercices rĂ©duit significativement la douleur chez les personnes souffrant de tendinopathie de la CR, et cet effet peut ou non ĂȘtre cliniquement important. Sur la base de preuves de faible niveau, il n'est pas clair si la TM peut amĂ©liorer la fonction dans le traitement de la tendinopathie RC (Desjardins-Charbonneau et al. 2015).

Qu'est-ce qu’on entend par thĂ©rapie manuelle ?

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Plusieurs choses selon les Ă©tudes. Pour certaines il s’agit de mobilisations thoraciques, pour d’autres des mobilisations au niveau cervical, au niveau glĂ©no-humĂ©ral ou bien acromio-claviculaire.
Certains vont faire des mouvements de type Mulligan, d'autres vont faire du MTP (massage transverse profond) et d’autres encore plutît un travail de la scapula.
La dĂ©finition de la thĂ©rapie manuelle est trĂšs diffĂ©rente d’un groupe d’étude Ă  l’autre. Il n’est donc pas Ă©vident de rĂ©aliser des comparaisons d’autant plus que ces groupes d’études ont eux-mĂȘmes Ă©tĂ© comparĂ©s avec d’autres types d’interventions comme des US, du TENS, des exercices, etc

D’un point de vue raisonnement clinique, dans les cas de tendinopathies aiguĂ«s et hyper-rĂ©actives, le kinĂ©sithĂ©rapeute pourrait Ă©ventuellement envisager de faire des mobilisations passives, des techniques de thĂ©rapie manuelle, non dans l’idĂ©e d’amĂ©liorer la mobilisation passive du patient (gĂ©nĂ©ralement peu de dĂ©ficits d’amplitude dans les tendinopathies) mais Ă©ventuellement dans le but de soulager la douleur du patient.

En 2024, une revue systĂ©matique et mĂ©ta-analyse s’est concentrĂ©e sur l’intĂ©rĂȘt de la thĂ©rapie manuelle dans les problĂ©matiques d’épaule. 

Malheureusement aucune RCTs de bonne qualitĂ© n’a pu ĂȘtre intĂ©grĂ© dans cette revue systĂ©matique. Les auteurs le dĂ©plorent Ă©tant donnĂ© que la thĂ©rapie manuelle est l'une des interventions les plus prescrites dans la pratique de la kinĂ©sithĂ©rapie et le dysfonctionnement de l'Ă©paule une dĂ©ficience courante chez nos patients, il est de la plus haute importance de crĂ©er des essais cliniques randomisĂ©s solides et fiables sur l'efficacitĂ© de la thĂ©rapie manuelle dans le traitement des patients souffrant de dysfonctionnement de l'Ă©paule.

Pour conclure provisoirement, les auteurs indiquent qu’il n’existe pas de preuves suffisantes aujourd’hui en faveur de l’utilisation de la thĂ©rapie manuelle dans les problĂ©matiques d’épaule (Flowers et al. 2024). 

10.6 Strappe et taping ?

La revue systĂ©matique et mĂ©ta-analyse de Desjardins‐Charbonneau et al. (2015) a indiquĂ© qu’il Ă©tait impossible de dĂ©montrer une efficacitĂ© du taping non Ă©lastique (TNE) seul ou en conjonction avec d’autres interventions pour le traitement de la tendinopathie de la CR.

Concernant le kinĂ©siotape (KT) il existe des preuves qu'il pourrait amĂ©liorer la ROM sans douleur, mais ces amĂ©liorations ne se traduisent pas par une rĂ©duction de la douleur et une augmentation de la fonction. En ce qui concerne l'efficacitĂ© du KT en conjonction avec une autre intervention, les preuves sont insuffisantes pour recommander cette approche (Desjardins‐Charbonneau et al. 2015).

Pour plus d'informations à ce sujets, nous vous recommandons vivement de découvrir le module sur le strapping et taping de l'épaule disponible sur la plateforme.

Traitement multimodal et modulation de symptĂŽmes

La modulation de la douleur dĂ©signe les rĂ©ponses inhibitrices et facilitatrices aux stimuli sensoriels nocifs. Une altĂ©ration de ce systĂšme peut contribuer Ă  des symptĂŽmes persistants et influencer la rĂ©activitĂ© au traitement. Cette modulation peut ĂȘtre mesurĂ©e par deux protocoles :

  1. Modulation conditionnée de la douleur (CPM) : Inhibition de la douleur aprÚs un stimulus conditionné, utilisant un second stimulus nociceptif.
  2. Somation temporelle (TS) : Facilitation de la douleur par répétition d'un stimulus nociceptif, augmentant la douleur perçue.

Ces protocoles sont fiables et leur combinaison prédit mieux l'intensité de la douleur.

Des améliorations dans la modulation de la douleur ont été observées aprÚs des interventions spécifiques pour d'autres conditions musculosquelettiques, comme l'arthrose du genou. Cependant, il reste incertain si les traitements conservateurs peuvent induire des changements de modulation de la douleur chez les personnes souffrant de douleurs à l'épaule, et si ces changements sont corrélés avec des améliorations cliniques.

En 2022, Haik et son équipe ont étudié l'effet de la thérapie manuelle et de l'exercice sur la modulation de la douleur chez les personnes souffrant de douleurs musculosquelettiques à l'épaule. Dans cette étude pilote, des participants souffrant de douleurs à l'épaule depuis plus de 6 semaines ont suivi 4 semaines de mobilisation gléno-humérale avec mouvement et exercices thérapeutiques.

Les participants étaient assis, les pieds à plat. Le thérapeute appliquait un glissement postérolatéral sur l'humérus pendant que le participant élevait et abaissait activement le bras. 3 séries de 10 répétitions ont été réalisées.

Le protocole comprenait également des étirements et des exercices de renforcement pour le muscle dentelé antérieur, le trapÚze inférieur et les muscles de la coiffe des rotateurs, effectués avec des bandes de résistance.

Cette Ă©tude a montrĂ© que la thĂ©rapie manuelle et les exercices amĂ©liorent la douleur, la mobilitĂ© et l'incapacitĂ© de l'Ă©paule, mais n'induisent pas de changements dans la modulation de la douleur ou les rĂ©sultats psychosociaux Ă  court terme. Attention Ă  l'interprĂ©tation des rĂ©sultats, cette Ă©tude comporte de nombreuses limites comme l’absence de groupe contrĂŽle.

11 - Le cas de l’épaule du sportif : Consensus de Bern 2022

Les experts présents à la réunion ont convenu que les cliniciens qui soutiennent les athlÚtes aprÚs une blessure à l'épaule devraient viser à :

- Améliorer la biomécanique/technique spécifique au sport.
- Augmenter l'intensité de la rééducation afin de pousser les athlÚtes à la limite de leurs capacités.
- Développer la résilience : augmenter la capacité à supporter la charge d'un point de vue physiologique et psychologique.
- Impliquer l'équipe multidisciplinaire dans un processus décisionnel partagé, y compris les entraßneurs et l'athlÚte, afin de soutenir l'intégration des mesures de réadaptation et de performance qui font progresser l'objectif ultime de retour à la performance (Ardern et al. 2016 ; Dijkstra et al. 2017).

L'équipe de la réunion de consensus a identifié, discuté et défini sept principes clés pour guider la planification et la progression de la rééducation des athlÚtes souffrant de blessures à l'épaule.

  • Principe clĂ© 1 : Laisser l'irritabilitĂ© propre au patient guider la progression de la rĂ©adaptation. Comme nous l’avons mentionnĂ© plus haut dans le module, une approche par Ă©tapes a Ă©tĂ© dĂ©crite pour les troubles de l'Ă©paule, avec une classification de la rĂ©Ă©ducation basĂ©e sur l'irritabilitĂ© (McClure et al. 2015). 
    ‍
    Les experts stipulent qu’il n'y a pas d'ordre spĂ©cifique pour savoir quand inclure la chaĂźne cinĂ©tique ou favoriser la cinĂ©matique scapulaire ou renforcer la coiffe des rotateurs. Il semble plus intĂ©ressant d’intĂ©grer ces stratĂ©gies simultanĂ©ment. Par ailleurs, la structure et les moments du programme de rĂ©Ă©ducation seront dictĂ©s par les marqueurs (douleur, faiblesse, irritabilitĂ©) du dysfonctionnement.
  • Principe clĂ© 2 : Traiter les dĂ©ficits d'amplitude glĂ©no-humĂ©rale cliniquement pertinents en utilisant une thĂ©rapie active par l'exercice. Les membres de l’équipe de la rĂ©union de consensus soulignent les relations incohĂ©rentes entre les mesures de ROM en RM et RL avant la saison et les blessures ultĂ©rieures de l'Ă©paule dans les sports aĂ©riens et de lancer.
    Chez les athlĂštes ayant des problĂšmes d’épaule, la perte ou le gain d’amplitude de mouvement (ROM) est chose courante. Par consĂ©quent, les auteurs soulignent que le terme GIRD suscite beaucoup de confusion et conseillent vivement aux thĂ©rapeutes d’utiliser l’arc totale de rotation avant de conclure trop rapidement Ă  un GIRD pathologique. Par ailleurs, les experts indiquent qu’il manque de preuves pour diffĂ©rencier clairement l'adaptation physiologique de l'adaptation pathologique. 
    ‍
    Concernant le GIRD symptomatique,  il semble qu’actuellement, il n’existe aucun consensus pour savoir s’il faut le gĂ©rer avec un traitement actif ou passif. Pour le gain en RE, bien qu’il puisse s’agir lĂ  d’une adaptation normale, les experts recommandent de le prendre en charge de maniĂšre Ă  prĂ©parer l’athlĂšte Ă  agir en toute sĂ©curitĂ© dans cette ROM supplĂ©mentaire.
    Les cliniciens peuvent envisager d'inclure des exercices basés sur la force pour restaurer les déficits d'amplitude articulaire.

    Il est Ă©galement conseillĂ© aux thĂ©rapeutes de se pencher sur d’éventuelles pertes de fin de ROM en flexion et abduction qui sont frĂ©quentes dans les sports aĂ©riens (par exemple, le baseball, la natation et le volleyball). 
  • Principe clĂ© 3 : Il est conseillĂ© de traiter la scapula dans la rĂ©Ă©ducation mais ne pas dĂ©pister la dyskinĂ©sie. En effet, les experts soulignent que le dĂ©pistage de la dyskinĂ©sie scapulaire chez les athlĂštes qui ne prĂ©sentent pas de symptĂŽmes au niveau de l'Ă©paule peut ĂȘtre peu ou pas utile. 
    Les experts préconisent alors de considérer la scapula comme faisant partie d'une approche holistique de la rééducation du complexe de l'épaule, par exemple en renforçant la chaßne cinétique pour améliorer la mécanique de la scapula (Richardson et al. 2020).

    Comme nous l’avons mentionnĂ© plus haut dans le module, l'effet de la dyskinĂ©sie scapulaire sur la performance n'est pas clair (Bern et al. 2022). 
  • Principe clĂ© 4 : En 4Ăšme point, les experts conseillent de choisir l'exercice appropriĂ© (chaĂźne ouverte ou chaĂźne fermĂ©e). Comme nous l’avons dĂ©jĂ  dĂ©veloppĂ© plus haut dans le module, le choix de l'exercice dĂ©pendra de la blessure spĂ©cifique et de la phase de rĂ©Ă©ducation. Nous avions en effet Ă©noncĂ© que chez un athlĂšte souffrant d'une instabilitĂ© antĂ©rieure de l’épaule, des exercices en chaĂźne fermĂ©e et Ă  faible charge peuvent constituer une porte d’entrĂ©e adĂ©quate dans le processus de rĂ©Ă©ducation. Dans tous les cas, la derniĂšre Ă©tape de rĂ©Ă©ducation devra proposer des exercices en fonction des exigences imposĂ©es dans le sport de l’athlĂšte. 
    ‍
    Globalement, les experts recommandent d’inclure des exercices Ă  chaĂźne ouverte et fermĂ©e dans un programme de rĂ©Ă©ducation pour les athlĂštes pratiquant des sports de lancer et des sports de contact.
  • Principe clĂ© 5 : Les auteurs du consensus de Bern invite les thĂ©rapeutes Ă  inclure la pliomĂ©trie assez tĂŽt dans le programme de rĂ©Ă©ducation chez les athlĂštes pratiquant des sports de lancer et de contact. L'inclusion d'exercices pliomĂ©triques est cruciale pour aider les athlĂštes Ă  se prĂ©parer Ă  la charge spĂ©cifique au sport. Bien entendu, “ĂȘtre progressif” sera toujours le mot d’ordre en commençant par des exercices pliomĂ©triques Ă  faible charge par exemple (Singla et al. 2018 ; Werin et al. 2020).

    Il peut s'agir de mouvements d'attrapé-lùché de faible amplitude en position latérale ou de RE avec un theraband avec une phase concentrique rapide et une phase excentrique lente en position couchée. Il sera alors bon de progresser en ajoutant davantage de résistance et en modifiant la position du corps afin de placer une charge plus ciblée sur l'épaule ou de se rapprocher des mouvements spécifiques au sport pratiqué. 
    ‍
  • Principe clĂ© 6 : Pour ce 6Ăšme point, les experts recommandent d’entraĂźner le cerveau. En effet, il a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© que la blessure provoque des changements dans la zone corticale du cerveau qui durent plus longtemps que la blessure elle-mĂȘme (Haller et al. 2014). C’est pourquoi, lors de la rĂ©Ă©ducation, le thĂ©rapeute peut stimuler la formidable plasticitĂ© cĂ©rĂ©brale pour inverser les changements nĂ©fastes suite Ă  la blessure. Les experts du consensus proposent des astuces en faisant le parallĂšle avec la rĂ©Ă©ducation post-ligamentoplastie du LCA : le kinĂ©sithĂ©rapeute peut utiliser la focalisation externe de l’attention, l’apprentissage implicite, l’apprentissage diffĂ©rentiel, l’apprentissage autocontrĂŽlĂ© et l'interfĂ©rence contextuelle (Gokeler et al. 2019).
    De mĂȘme que pour la lombalgie, il est possible d’intĂ©grer l’exposition graduelle Ă  des mouvements qui provoquent l’anxiĂ©tĂ© chez l’athlĂšte (instabilitĂ© +++). L’imagerie motrice et les neurones miroirs avec mimĂ©tisme pourront ĂȘtre des outils intĂ©ressants Ă©galement (Boudreau et al. 2010 ; Rizzolatti et al. 2009 ; Snodgrass et al. 2014).
    ConcrĂštement, le patient peut ĂȘtre invitĂ© Ă  exĂ©cuter une tĂąche en comptant Ă  rebours, le kinĂ© peut utiliser un focus externe plutĂŽt qu’interne (par exemple : amĂšne le bĂąton vers la cible supĂ©rieure plutĂŽt que “lĂšve ton bras”), l’imagerie mentale pour un athlĂšte en Ă©charpe, un mĂ©tronome ou de la musique pour rythmer la tĂąche Ă  effectuer.
    Parmi les exemples pratiques, on peut citer l'exécution d'une tùche en comptant à rebours, l'utilisation d'indices externes plutÎt qu'internes (par exemple, "amÚne la balle vers la ligne supérieure du mur" au lieu de "lÚve ton bras"), le fait de demander à un athlÚte d'imaginer le mouvement tout en portant une écharpe, et l'exécution d'une tùche au rythme d'un métronome ou de la musique (Boudreau et al. 2010 ; Gokeler et al. 2019 ; Snodgrass et al. 2014).
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  • Principe clĂ© 7 : Enfin pour le dernier point clĂ©, les experts recommandent d’utiliser des exercices spĂ©cifiques au sport. Si dans un premier temps il est conseillĂ© d’utiliser des exercices sur un seul plan pour atteindre des objectifs divers tels qu’un renforcement musculaire en force, puissance ou endurance, il sera bon de s’assurer que les athlĂštes progressent vers des exercices plus complexes, multiplans pour enfin arriver aux mouvements spĂ©cifiques au sport.

12 - Le retour au sport (consensus de Bern. 2022)

‍Le retour au sport s'inscrit dans un continuum : du retour à la participation, au RTS, et le retour à la performance (Ardern et al. 2016). 

Ces ne sont pas des catĂ©gories distinctes, et doivent ĂȘtre interprĂ©tĂ©es comme un flux progressif.
Quelques définitions sont cependant nécessaires avant de poursuivre ce développement : 
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Retour Ă  la participation : l'athlĂšte participe Ă  la rĂ©Ă©ducation, Ă  l'entraĂźnement (modifiĂ© ou non) ou au sport, mais Ă  un niveau infĂ©rieur Ă  son objectif de RTS. L'athlĂšte est physiquement actif, mais il n'est pas encore "prĂȘt" (mĂ©dicalement, physiquement et/ou psychologiquement) pour le RTS. Il est possible de s'entraĂźner, mais cela ne signifie pas automatiquement RTS.

Retour au sport :
l'athlÚte reprend son sport, mais participe en dessous de son niveau de performance antérieur ou "souhaité".
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Retour Ă  la performance : l'athlĂšte joue un match complet sans restrictions ou effectue le nombre de lancers dans un match Ă  la mĂȘme vitesse qu'avant la blessure.

Les experts de la rĂ©union de consensus ont relevĂ© 6 domaines de la structure et de la fonction du corps pouvant affecter le succĂšs d’un athlĂšte pendant le RTS aprĂšs une blessure Ă  l’épaule.
Ces cas illustrent la nĂ©cessitĂ© d’une bonne cohĂ©sion de travail entre le thĂ©rapeute et l’athlĂšte de maniĂšre Ă  prendre en compte les informations recueillies et agir efficacement dessus avant le RTS.

Bien entendu les cas reflĂštent les exigences variables du sport
Les cas reflÚtent les exigences variables du sport : au-dessus de la hauteur de l'épaule, avec ou sans projection ; en dessous de la hauteur de l'épaule, avec ou sans projection ; et les exigences de la chaßne inverse. Les sports de contact comportent un risque supplémentaire que l'athlÚte et le clinicien doivent prendre en compte lors de la prise de décision concernant le RTS.

Les experts attirent notre attention sur le fait que les cas sont des exemples de raisonnement cliniques et non des recettes. En effet, le raisonnement clinique pendant le RTS est multifactorielle et souvent influencĂ© par des facteurs externes (contexte) sur lesquels le kinĂ©sithĂ©rapeute n’a pas ou peu d’influence. A l’heure actuelle, aucun test unique ou batterie de tests n’ont Ă©tĂ© validĂ©s pour Ă©clairer les dĂ©cision de RTS aprĂšs une blessure Ă  l’épaule.
Par consĂ©quent, il est recommandĂ© aux cliniciens de sĂ©lectionner les tests qui sont spĂ©cifiques Ă  la tĂąche, au sport et Ă  l’athlĂšte lors de la planification du RTS. Avant de dĂ©velopper les 6 cas, la diapositive suivante dresse une liste de tests recommandĂ©s par la rĂ©union de consensus.

Test video SET :

Test vidéo PSET :

Test vidéo SMBT :

Test vidéo CKCUEST :

Test vidéo ULRT :

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CritÚres RTS : 6 domaines à considérer pour l'athlÚte qui reprend le sport aprÚs une blessure à l'épaule.

Les experts insistent sur le fait que les 6 domaines ne constituent pas une hiĂ©rarchie et que le thĂ©rapeute devra prendre en compte le sport et la blessure spĂ©cifique de l’athlĂšte afin de juger la pertinence d’un domaine par rapport Ă  un autre. Également, les critĂšres de chaque domaine peuvent varier en fonction de la position de l'athlĂšte sur le continuum RTS. 

Domaine 1 : Douleur
Les blessures Ă  l'Ă©paule Ă  apparition progressive (Asker et al. 2018) sont mal dĂ©finies, mais la prĂ©sence d'une douleur durable peut empĂȘcher les athlĂštes de participer pleinement Ă  l'entraĂźnement et Ă  la compĂ©tition. Le groupe de consensus recommande que les athlĂštes pratiquant des sports overhead /de lancer puissent revenir Ă  la compĂ©tition avec des douleurs, mais ils doivent ĂȘtre indemnes de douleur lorsqu'ils tentent de revenir Ă  la performance.

En ce qui concerne le retour Ă  la participation et le RTS, il semble ne pas y avoir eu de consensus sur la question de savoir si les athlĂštes pratiquant le lancer/ les sports overhead devaient ĂȘtre indolores, mais les athlĂštes pratiquant des sports de contact devaient ĂȘtre indolores. 

Domaine 2 : ROM active de l'articulation de l'Ă©paule
Les experts de la rĂ©union insiste sur l'importance de retrouver une ROM complĂšte de l'articulation de l'Ă©paule spĂ©cifique au sport. Cet Ă©lĂ©ment devra ĂȘtre abordĂ© assez tĂŽt dans le continuum du RTS (c'est-Ă -dire le retour Ă  la participation). Bien que de nombreux sports ne requiĂšrent pas une ROM complĂšte pour participer Ă  des compĂ©titions, d'autres ont des exigences spĂ©cifiques en termes d'amplitude qui sont des conditions prĂ©alables au retour Ă  la performance (par exemple, les sports de lancer comme le baseball ou la natation).
Il arrive qu’aprĂšs certaines blessures et interventions (ex : rĂ©paration chirurgicale post-luxation traumatique), l’athlĂšte se retrouve avec un dĂ©ficit de ROM. Dans ce cas lĂ , il est recommandĂ© de davantage tenir compte des exigences du sport (en termes de ROM) plutĂŽt que sur les capacitĂ©s antĂ©rieures.
Concernant les athlĂštes pratiquant des sports de contact, les experts soulignent que la ROM complĂšte de l’articulation de l’épaule est probablement moins une prioritĂ©, bien que cela dĂ©pende du sport.

Domaine 3 : Force, puissance et endurance ‍

Tous les sports qui sollicitent l'Ă©paule ont des exigences en matiĂšre de force de l'Ă©paule.

La force, la puissance et l'endurance englobent de nombreuses composantes, comme la force maximale, le taux de développement de la force, la résistance à la fatigue, la vitesse de contraction, etc. Les exigences en matiÚre de force de l'épaule sont spécifiques au sport et à la position.

Chez les lanceurs et dans d'autres sports oĂč les mouvements de l'Ă©paule sont rapides, comme le tennis et le badminton, la vitesse est essentielle.

Il en va de mĂȘme pour la dĂ©cĂ©lĂ©ration du bras lors de la phase d'enchaĂźnement. Dans des sports tels que le rugby et la gymnastique, l'immobilisation et la stabilitĂ© en prĂ©sence de perturbations externes sont plus importantes que les mouvements rapides de l'Ă©paule.

La puissance est importante en haltérophilie, tandis que la force et l'endurance sont importantes en natation.
La plupart des sports ont plus d'un type d'exigence de force (par exemple, le handball comprend la vitesse, la puissance et la stabilitĂ©, et il existe une interaction complexe entre ces variables). Pour la suite du dĂ©veloppement le terme “force” sera utilisĂ© sans autre prĂ©cision. Les experts invitent les cliniciens Ă  faire la diffĂ©rence en fonction des besoins de l’athlĂšte.

Il a Ă©tĂ© rapportĂ© que la force de l’épaule pouvait ĂȘtre Ă©valuĂ©e de maniĂšre fiable avec un dynamomĂštre portatif. Toutefois, les experts mettent en garde sur la variabilitĂ© des valeurs cliniques de la force en fonction du mode de test (isomĂ©trique versus excentrique ou un break test), de l’expĂ©rience et des compĂ©tences du thĂ©rapeute et de l’athlĂšte, de la position du test et du sport pratiquĂ© (Cools et al. 2014 ; Cools et al. 2016).

Concernant les rations de force RL / RM, la rĂ©union de consensus a soutenu leurs intĂ©rĂȘts pour les athlĂštes pratiquant des sports overhead / de lancer Ă  condition qu’ils ne soient pas utilisĂ©s isolĂ©ment. Les valeurs de force absolue doivent Ă©galement ĂȘtre prises en compte pour dĂ©terminer la capacitĂ© fonctionnelle de l'Ă©paule.

Pour les sports de contacts, il ne semble pas y avoir eu de consensus sur l’utilisation des ratios RL / RM. Il peut ĂȘtre prĂ©fĂ©rable de comparer chez eux la force absolue aux rĂ©sultats des tests effectuĂ©s avant la blessure (Edouard et al. 2009).

Point important, les experts indiquent que les valeurs absolues ou brutes de la force et de la puissance en RL et RM sont plus importantes qu'un ratio universel RL/ RM, car les ratios seuls n'indiquent pas l'Ă©tat de prĂ©paration au RTS (c'est-Ă -dire qu'un athlĂšte qui est faible peut quand mĂȘme avoir un ratio RL/ RM parfait s'il est faible dans les deux mouvements).

Pour ceux qui choisissent d’utiliser des valeurs brutes, il est recommandĂ© de normaliser les rĂ©sultats en fonction du poids corporel pour permettre une comparaison entre athlĂštes. Également, il semble plus pertinent d’établir des normes chez le mĂȘme athlĂšte (ex : pendant la prĂ©-saison) afin de guider le processus de RTS, plutĂŽt que de se fier aux normes de la population. 

Domaine 4 : Chaßne cinétique
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La biomĂ©canique de la frappe (ex : smash) et du lancer met en Ă©vidence la chaĂźne cinĂ©tique : des segments liĂ©s qui fonctionnent dans une sĂ©quence proximale Ă  distale de transfert d'Ă©nergie (Endo et al. 2016), oĂč la vitesse produite au niveau du segment le plus proximal progresse vers les segments distaux (Putnam et al. 1993). Une chaĂźne cinĂ©tique efficace gĂ©nĂšre, regroupe et facilite le transfert contrĂŽlĂ© d'Ă©nergie mĂ©canique tout au long de la chaĂźne, contribuant ainsi Ă  l'amĂ©lioration de la performance (vitesse, force) (Chu et al. 2016). 

Par consĂ©quent, l'inefficacitĂ© de l'un des maillons proximaux de la chaĂźne peut augmenter les demandes distales, ce qui oblige les autres Ă©lĂ©ments constitutifs de la chaĂźne Ă  augmenter leur contribution pour Ă©viter la perte d'Ă©nergie. L'identification des stratĂ©gies de mouvement inadĂ©quates (quelque soit l’endroit dans la chaĂźne cinĂ©tique) et leur traitement sont essentiels Ă  une rĂ©adaptation de qualitĂ© (Horsley. 2019).

Domaine 5 : PrĂ©paration psychologique ‍

Il est grandement recommandĂ© d’intĂ©grer la prĂ©paration psychologique dans la prise en charge lorsqu’on accompagne un athlĂšte vers le RTS. En effet, les experts indiquent que l’athlĂšte doit se sentir Ă  l’aise avant de passer Ă  la phase suivante du continuum RTS. Avant le retour Ă  la compĂ©tition, il sera important de vĂ©rifier si l’athlĂšte ne prĂ©sente plus aucune apprĂ©hension en fin de ROM lors d’un entraĂźnement en rĂ©sistance ou lors d’un lancer Ă  une intensitĂ© spĂ©cifique. Avant le RTS et le retour Ă  la performance, l’absence d’apprĂ©hension lors du contact avec les adversaires et une faible peur se blesser Ă  nouveau peuvent ĂȘtre des Ă©lĂ©ments pertinents dans le cadre de la prĂ©paration psychologique au RTS (Ardern et al. 2016 ; Gerometta et al. 2018).

Domaine 6 : SpĂ©cifique au sport ‍

Les experts soutiennent qu’il est essentiel de connaĂźtre les exigences du sport de l’athlĂšte pour favoriser la rĂ©ussite du RTS, en particulier pour le retour Ă  la performance.

Il est essentiel de connaĂźtre les exigences du sport de l'athlĂšte pour favoriser la rĂ©ussite du RTS, en particulier pour le retour Ă  la performance (Ardern et al. 2016). Dans certains sports, les exigences spĂ©cifiques Ă  l'Ă©paule diffĂšrent considĂ©rablement selon les diffĂ©rentes positions de jeu, ce qui doit ĂȘtre pris en compte lors du choix des critĂšres du RTS.

Conseils Ă  communiquer au patient avant la reprise sportive :

Indépendamment du sport pratiqué par le patient, il est essentiel de lui fournir des instructions spécifiques pour la reprise de l'activité. Ayant identifié les mouvements problématiques lors du traitement, il est conseillé au patient de réintégrer ces gestes de maniÚre progressive. Par exemple, pour un joueur de tennis ayant eu des douleurs lors du service, il ne serait pas judicieux de lui recommander de reprendre avec une série complÚte de services dÚs son retour sur le court. On pourrait plutÎt lui suggérer de commencer avec un nombre limité de services, disons 5 à 10, et d'observer les réactions dans les 24h. Si aucune douleur ou complication ne survient dans les heures suivant cette reprise, il peut alors augmenter progressivement le nombre de services, passant à 15-20 et ainsi de suite. Ces conseils progressifs sont cruciaux pour une reprise sportive sûre et efficace.

En concluant ce module sur la tendinopathie de la coiffe des rotateurs, il est essentiel de retenir quelques points clés :

  • Approche CentrĂ©e sur le Patient : Notre prioritĂ© est de traiter le patient dans son intĂ©gralitĂ©, et non de nous limiter Ă  une pathologie ou une structure spĂ©cifique. Chaque patient prĂ©sente un cas unique et mĂ©rite une approche personnalisĂ©e qui prend en compte ses besoins et ses objectifs individuels.
  • Importance d'un Bilan Approfondi : Un bilan dĂ©taillĂ© et cohĂ©rent est crucial. Il ne permet pas seulement une planification et une programmation de rĂ©Ă©ducation plus prĂ©cises, mais il forge Ă©galement une alliance thĂ©rapeutique solide avec le patient. Cela facilite la communication et augmente les chances de rĂ©ussite du traitement.
  • VariĂ©tĂ© des Stimulations : La diversification des techniques et des stimulations est fondamentale pour stimuler efficacement la guĂ©rison et l'adaptation des tissus. Cela implique d'adapter les exercices et les techniques thĂ©rapeutiques pour rĂ©pondre aux besoins changeants du patient au cours de sa rĂ©Ă©ducation.
  • Personnalisation du Traitement : La rĂ©Ă©ducation doit ĂȘtre ajustĂ©e pour correspondre aux objectifs spĂ©cifiques du patient. Que ce soit pour le retour Ă  des activitĂ©s quotidiennes, des loisirs ou des sports de haut niveau, le plan de traitement doit ĂȘtre alignĂ© sur les aspirations et les capacitĂ©s du patient.
  • Au-delĂ  de la Douleur : Enfin, il est important de comprendre que la disparition de la douleur n'est pas le seul indicateur de la rĂ©ussite du traitement. L'amĂ©lioration de la fonction et la prĂ©vention des rĂ©cidives sont Ă©galement des aspects cruciaux du processus de rĂ©Ă©ducation. Nous devons Ă©valuer et adresser les problĂšmes fonctionnels et les facteurs de risque pour garantir une rĂ©cupĂ©ration complĂšte et durable.

En gardant ces principes à l'esprit, nous pouvons aborder la tendinopathie de la coiffe des rotateurs de maniÚre efficace, en fournissant à nos patients les meilleurs soins possibles et en les aidant à retrouver leur mobilité et leur qualité de vie.

Exemples d'exercices

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