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La tendinopathie d'Achille - Traitement et Prise en charge

Module EBP
Mis Ă  jour le
9/10/2024
Fullphysio
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3 - Traitement - Prise en charge

À noter : Retrouvez des exemples de prises en charge en vidĂ©os en fonction de l'irritabilitĂ© du patient en bas de cette page
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« Traitez le donut, pas le trou » est une métaphore que de nombreux praticiens ont déjà entendue. Dans cette métaphore, le trou correspond au tendon dégénératif et le donut correspond au tendon sain ou réactif.

De maniÚre générale, le thérapeute va souvent travailler avec des patients qui ont une partie du tendon qui est dégénérative et une partie du tendon qui est réactive et donc douloureuse.

Concernant la partie dĂ©gĂ©nĂ©rative, les interventions influençant la structure sont moins pertinentes, car la pathologie semble avoir une rĂ©versibilitĂ© limitĂ©e. Cela est dĂ» au fait que les rĂ©gions du tendon dĂ©gĂ©nĂ©ratif peuvent ĂȘtre mĂ©caniquement silencieuses (c'est-Ă -dire incapables de transmettre et de sentir la charge de traction due Ă  une dĂ©sorganisation fibrillaire) et ne rĂ©pondent donc pas au chargement.

L'incapacité de charger les cellules du tendon pour fournir suffisamment de stimulus pour l'adaptation peut expliquer la réversibilité limitée des tendons dégénératifs. Par conséquent, la réalisation des traitements dans l'espoir de guérir le tendon dégénératif est futile (thérapie manuelle, chaleur, etc.).

De plus, un tendon pathologique semble compenser efficacement les zones de désorganisation en modifiant son architecture pour maintenir des volumes suffisants de fibres de collagÚne alignées (Docking et al. 2015). Par conséquent, Docking et al suggÚrent que les traitements devraient viser à améliorer la force et la capacité du tendon dans le volume existant de tendon normal (Docking et al. 2015).

Gestion de la Tendinopathie d'Achille

En 2022, Malliaras propose sur base des donnĂ©es probantes une gestion de la tendinopathie d’Achille reposant sur une vision biopsychosociale.

Voici sur la diapositive suivante la proposition faite par Malliaras (2022) fondĂ©e sur son raisonnement clinique croisĂ© avec les donnĂ©es probantes jusqu’à 2022.

Le processus de dépistage et d'évaluation est crucial pour déterminer les patients nécessitant une intervention médicale, que ce soit via leur médecin généraliste ou par une orientation vers des soins plus spécialisés. 

La prise en charge initiale en kinĂ© devrait englober des conseils Ă©ducatifs, des recommandations d'exercices et des ajustements d'activitĂ©. L'objectif principal est d'encourager les patients Ă  comprendre leur condition et les facteurs biopsychosociaux qui lui sont associĂ©s, et de renforcer leur capacitĂ© Ă  se gĂ©rer eux-mĂȘmes par des stratĂ©gies d'adaptation de la charge et d'exercice. La rĂ©ussite de cette approche dĂ©pend largement de l'Ă©tablissement d'une relation de collaboration entre le professionnel de santĂ© et le patient, facilitant la prise de dĂ©cisions partagĂ©es sur les traitements et les objectifs, ainsi que la comprĂ©hension des dĂ©fis et des leviers personnels (Mallows et al. 2018).


Quel dosage ?
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Une revue systĂ©matique avec mĂ©ta-analyse publiĂ©e dans le British journal of Sports Medicine a regroupĂ© les donnĂ©es de 110 Ă©tudes (n=3953) qui ont utilisĂ© des exercices avec rĂ©sistance comme traitement dominant pour les tendinopathies (de la coiffe des rotateurs, achilĂ©enne, latĂ©rale du coude, patellaire ou du moyen fessier) pour dĂ©terminer les effets modĂ©rateurs potentiels de l’intensitĂ©, du volume et de la frĂ©quence des exercices (Pavlova et al. 2023).

Bien que non tous soutenus par des preuves, certains traitements de kinésithérapie relativement sûrs et accessibles peuvent aider à soulager la douleur. Ces traitements incluent des conseils sur l'application de glace ou de chaleur, l'utilisation de bandes rigides pour limiter l'amplitude de mouvement de la cheville, et l'usage de talonnettes de 0,8 à 1,2 cm, généralement ajustées selon le confort (Malliaras. 2022).

Il est également recommandé de porter des chaussures avec un talon surélevé de plus de 8 mm et d'éviter de marcher pieds nus ou avec des chaussures plates. Ces méthodes, y compris l'utilisation de talonnettes et de chaussures adaptées, contribuent aussi à réduire les charges de compression chez les individus souffrant de tendinopathie d'Achille d'insertion. 

Des conseils sur l'utilisation d'anti-inflammatoires non stĂ©roĂŻdiens pour des symptĂŽmes soudains ou nouveaux, ou d'analgĂ©siques pour des cas plus persistants, peuvent Ă©galement ĂȘtre donnĂ©s. Des interventions complĂ©mentaires ciblant les facteurs biopsychosociaux peuvent nĂ©cessiter une Ă©quipe multidisciplinaire, incluant diĂ©tĂ©ticiens et psychologues pour gĂ©rer respectivement le poids et les troubles de l'humeur graves (voir diapositive prĂ©cĂ©dente). La comprĂ©hension des facteurs pronostiques, incluant l'obĂ©sitĂ©, l'indice de masse corporelle et les aspects psychologiques (FĂ€rnqvist et al. 2021 ; Mallows et al. 2020), reste partielle, mais peut ĂȘtre abordĂ©e Ă  travers les traitements principaux et les complĂ©ments dĂ©crits.

Dans des cas oĂč l'adhĂ©sion aux recommandations est faible, une prolongation de la prise en charge primaire peut ĂȘtre dĂ©cidĂ©e conjointement. Sinon, une prise en charge secondaire peut ĂȘtre initiĂ©e (voir diapositive prĂ©cĂ©dente), impliquant une consultation mĂ©dicale pour envisager une imagerie et des soins spĂ©cialisĂ©s, gĂ©nĂ©ralement par un mĂ©decin du sport ou orthopĂ©dique, avec ou sans rĂ©pĂ©tition des traitements primaires. Bien que rare, les personnes prĂ©sentant des dĂ©ficiences persistantes pourraient envisager une intervention chirurgicale.

Les diapositives suivantes résument les données probantes de 2022 selon Malliaras concernant l'éducation, l'exercice et les interventions complémentaires spécifiques à la tendinopathie d'Achille.

Éducation et Conseils

Malliaras (2022) le rappelle, améliorer la compréhension d'un patient sur sa condition peut faciliter la prise de décision partagée et l'autogestion efficace. L'éducation, qui implique la transmission de connaissances, et les conseils, qui concernent les actions que le patient peut entreprendre pour gérer sa condition, pour la tendinopathie d'Achille sont basés sur des principes tirés d'études qualitatives (Ceravolo et al. 2020 ; Mallows et al. 2021 ; Mc Auliffe et al. 2017 ; Turner et al. 2020) et de recommandations de pratique clinique (Lewis et al. 2020). 

Les patients atteints de TA ont souvent le besoin de comprendre les causes, la pathologie, les résultats possibles et les actions nécessaires pour surmonter la maladie. Ils partagent également des inquiétudes sur l'aggravation de la condition ou une rupture du tendon; des croyances erronées comme le besoin de repos pour soulager la douleur; et un désir pour des soins et un soutien personnalisés. 

Malliaras (2022) proposent des thĂšmes et stratĂ©gies pour l'Ă©ducation et les conseils visant Ă  renforcer l'engagement du patient. L’importance de "l'Ă©ducation au-delĂ  des mots" (Turner et al. 2020) est soulignĂ©e et peut ĂȘtre rĂ©alisĂ©e grĂące Ă  l'utilisation de dĂ©monstrations interactives, l'utilisation de donnĂ©es pour remettre en question les croyances erronĂ©es, et des ressources multimĂ©dias comme les sites web et vidĂ©os. Il est essentiel que les recommandations Ă©ducatives et les conseils soient personnalisĂ©s selon les besoins spĂ©cifiques identifiĂ©s lors de l'Ă©valuation (Malliaras. 2022).

Deux études (Silbernagel et al. 2007 ; Chimenti et al. 2022) rapportées par Malliaras (2022) ont examiné spécifiquement l'efficacité de l'éducation ou des conseils par rapport à d'autres formes d'éducation ou de conseils pour la tendinopathie d'Achille. Chimenti et al. (2022) ont comparé l'enseignement des sciences de la douleur, qui se concentre sur la neurophysiologie de la douleur et la peur du mouvement, à un enseignement de contrÎle centré sur la physiopathologie et la pathoanatomie. Les résultats montrent des preuves de faible certitude que ces interventions n'ont pas montré de différences significatives en termes de douleur à court terme, de douleur composite, d'incapacité, ou de résultats de changement global à court et moyen terme. Les deux groupes ont amélioré leur auto-efficacité et réduit leur peur du mouvement, probablement en raison de l'éducation sur la gestion acceptable de la douleur liée à l'exercice et à l'activité, ce qui est crucial pour apaiser les craintes liées au mouvement (Littlewood et al. 2013). 

Silbernagel et al. ont explorĂ© les effets de l'exercice en ajoutant soit la continuation de l'activitĂ© sportive si la douleur Ă©tait acceptable, soit un arrĂȘt forcĂ© de l'activitĂ© sportive pendant six semaines. Les preuves, de faible certitude, indiquent qu'il n'y avait pas de diffĂ©rence entre les groupes en termes de douleur composite, d'incapacitĂ© ou de rĂ©sultats de douleur Ă  tous les moments mesurĂ©s, mais il existe des preuves de fonction physique moins bonne Ă  12 mois dans le groupe contraint Ă  l'arrĂȘt du sport. Ainsi, les lignes directrices de pratique clinique (Martin et al. 2018) recommandent de continuer l’activitĂ© dans les limites de douleur acceptable plutĂŽt que de forcer le repos.

En pratique, la modification de l'activitĂ© est une stratĂ©gie cruciale pour gĂ©rer la douleur et est donc essentielle pour le succĂšs de la gestion physiothĂ©rapeutique. La suppression des activitĂ©s qui provoquent la douleur, identifiĂ©es lors de l'anamnĂšse, ainsi que la rĂ©duction des activitĂ©s de cycle d'Ă©tirement-raccourcissement de haute intensitĂ© comme la course, la marche rapide ou les cĂŽtes, et la rĂ©duction du volume d'activitĂ© de ≄ 50 % sont souvent nĂ©cessaires pour une pĂ©riode de 2 Ă  6 semaines lorsque la tolĂ©rance Ă  la charge est gravement compromise. Il est crucial de noter que, bien que rare, les personnes souffrant de niveaux de douleur trĂšs Ă©levĂ©s peuvent bĂ©nĂ©ficier d'une cessation complĂšte (100 %) de l'activitĂ© provocatrice Ă  court terme, comme l'arrĂȘt du sport ou le port de bottes si la marche est l'activitĂ© en cause. Expliquer la justification de la modification de l'activitĂ©, surtout pour ceux qui continuent l'activitĂ© malgrĂ© la douleur dans une « stratĂ©gie d'endurance Ă  l'activitĂ© » (Hasenbring et al. 2010), facilite l'Ă©tablissement d'objectifs d'activitĂ© partagĂ©s et efficaces. Ceux qui adoptent la stratĂ©gie opposĂ©e de l'Ă©vitement de l'activitĂ© (Hasenbring et al. 2010), souvent motivĂ©e par la crainte que l'activitĂ© n'aggrave leur Ă©tat (Mc Auliffe et al. 2017  ; Turner et al. 2020), bĂ©nĂ©ficieront d'une exposition progressive Ă  l'activitĂ©, couplĂ©e Ă  une Ă©ducation sur la gestion acceptable de la douleur et des stratĂ©gies de surveillance de la douleur et de l'activitĂ©. 

Pour optimiser l'application des stratĂ©gies d'exercices d'autogestion et de modification des activitĂ©s, il est crucial de prendre en compte plusieurs stratĂ©gies de changement de comportement. Cela inclut de prendre en compte les croyances et attentes des patients concernant les rĂ©sultats, la dĂ©finition d'objectifs communs qui sont significatifs pour le patient (nĂ©cessitant une comprĂ©hension de ses motivations pour atteindre ces objectifs), l'Ă©laboration de stratĂ©gies d'intention d'action, et la mise en place de feedback et de suivi adaptĂ©s aux besoins et prĂ©fĂ©rences individuels. Il est Ă©galement important de mettre en Ɠuvre des stratĂ©gies pratiques pour renforcer l'auto-efficacitĂ© en matiĂšre d'exercice, comme la fourniture de vidĂ©os d'exercices (Bassett 2015).

L'objectif principal de l’essai contrĂŽlĂ© randomisĂ© de Chimenti et al. 2023 Ă©tait de dĂ©terminer si le traitement par PSE (Patient-Specific Education) combinĂ© Ă  de l'exercice est plus efficace pour rĂ©duire la douleur et amĂ©liorer la fonctionnalitĂ© que le placebo associĂ© Ă  une Ă©ducation patho-anatomique (PAE) et de l'exercice chez les patients souffrant de tendinopathie achillĂ©enne chronique.

L'éducation sur la science de la douleur (PSE) visait à (1) comprendre la neurophysiologie de la douleur sous un angle biopsychosocial, (2) appliquer les connaissances concernant la peur du mouvement et la catastrophisation de la douleur lors de la participation à un programme progressif de charge des tendons, et (3) promouvoir une augmentation de l'activité physique comme moyen de réduire la douleur et de maintenir le soulagement de la douleur.

L'éducation pathoanatomique (PAE) avait pour objectifs de (1) apprendre sur la pathophysiologie de la tendinopathie achilléenne, y compris les sources biomédicales potentielles de douleur, (2) appliquer les connaissances sur la pathoanatomie lors de la participation à un programme progressif de charge des tendons, et (3) promouvoir la participation à des exercices comme moyen d'améliorer la santé physique globale.

Le programme d'exercice suivi par tous les participants comportait trois phases : isométrique, lever de talon, et saut, avec instructions personnalisées par un physiothérapeute, et renforcées par des vidéos et dépliants. La progression entre les phases était basée sur l'évolution des symptÎmes et la capacité à réaliser les exercices. En cas d'aggravation des symptÎmes, les exercices de la phase actuelle étaient réduits ou ceux de la phase précédente étaient réintroduits. Tous les exercices étaient effectués sur sol plat pour uniformité et des modifications étaient proposées pour minimiser les symptÎmes durant l'exercice thérapeutique et récréatif. De la 8e à la 12e semaine, les participants devaient maintenir leur programme pour augmenter progressivement leur activité physique.

Contrairement à leur hypothÚse, il n'y a eu aucune différence entre les groupes concernant les résultats principaux ni à 8 semaines, ni lors du suivi à 12 semaines. Les aspects du traitement communs aux deux groupes, tels que l'utilisation d'une éducation basée sur des preuves, une adhésion supérieure à 90% à un programme d'exercice de haute qualité et une forte alliance thérapeutique avec le physiothérapeute, pourraient avoir surpassé l'effet de l'éducation. De plus, le programme de charge progressive des tendons utilisé dans l'étude est similaire à une approche d'exposition graduelle à l'exercice, ce qui pourrait avoir contribué à l'amélioration des facteurs psychologiques liés à la douleur dans le groupe PAE malgré l'absence d'éducation PSE.

Pour conclure, Chimenti et al ont indiquĂ© qu’ajouter une Ă©ducation sur la science de la douleur (PSE) Ă  l'exercice pour la tendinopathie achillĂ©enne (TA) n'a pas amĂ©liorĂ© la rĂ©duction de la douleur et la fonction par rapport Ă  l'ajout d'une Ă©ducation basĂ©e sur la biomĂ©decine. Les amĂ©liorations de l'auto-efficacitĂ© et de l'acquisition de connaissances Ă©taient associĂ©es Ă  une plus grande amĂ©lioration de la douleur et de la fonction, suggĂ©rant que l'acquisition de compĂ©tences pour l'auto-gestion des symptĂŽmes et le processus d'apprentissage pourraient ĂȘtre plus importants que le contenu spĂ©cifique de l'approche Ă©ducative. L'Ă©ducation des patients combinĂ©e Ă  l'exercice Ă©tait efficace pour amĂ©liorer la fonction basĂ©e sur la performance et les facteurs psychosociaux, mais pas le traitement de la douleur par le systĂšme nerveux central chez les participants atteints de TA. 

AmĂ©liorer l’adhĂ©rence du patient : quelles sont les barriĂšres ?

En 2023, Merry et al ont exploré les schémas de pratique clinique des kinésithérapeutes qui traitent les personnes atteintes de TA, et identifier les barriÚres perçues et les facteurs facilitant la prescription et l'engagement dans l'exercice thérapeutique parmi les kinésithérapeutes et les personnes atteintes de TA.

Les auteurs ont trouvé que bien que les pratiques de physiothérapie auto-déclarées soient bien alignées avec les lignes directrices cliniques, les physiothérapeutes interrogés ont signalé une faible adhérence des patients aux programmes d'exercices prescrits et la lenteur de la récupération comme obstacles à la gestion de la tendinopathie achilléenne (TA). Les personnes souffrant de TA ont identifié le manque de temps, de ressources physiques et une efficacité perçue insuffisante à court terme comme barriÚres à la réalisation des exercices thérapeutiques. En revanche, les facteurs facilitant pour les physiothérapeutes le développement, la prescription et le suivi des programmes d'exercices thérapeutiques pour la TA comprennent l'élaboration de programmes individualisés et captivants, ainsi qu'une éducation et une communication adéquates avec leurs patients. Les personnes atteintes de TA ont mentionné l'accÚs aux ressources physiques, l'efficacité du traitement et la supervision du clinicien comme facteurs facilitant la réalisation des exercices thérapeutiques pour la TA (Merry et al. 2023). 

Exercices

Les programmes d'exercices les plus courants sont le programme excentrique d’Alfredson (ou versions modifiĂ©es), le programme Silbernagel, le programme Stanish et Curwin et le programme de rĂ©sistance lente et lourde (HSR), comme dĂ©crit dans le tableau plus bas.

Exercice versus attentisme ou placebo

Il n'existe pas d'étude comparant directement l'exercice à un placebo, mais deux essais (Rompe et al. 2007 ; Horstmann et al. 2013) ont évalué l'efficacité d'un programme d'exercices excentriques par rapport à une approche attentiste. Les résultats montrent une certitude de preuve faible à trÚs faible indiquant un bénéfice cliniquement significatif de l'exercice pour la réduction de la douleur et du handicap à moyen terme. Une méta-analyse de 2021 a démontré que la plupart des traitements examinés, qu'il s'agisse de l'exercice seul ou combiné avec une thérapie par ondes de choc extracorporelles (ESWT) ou des adjuvants, de l'ESWT seule, ou de l'acupuncture, étaient supérieurs à l'approche attentiste et ce, jusqu'à 12 semaines (Van Der Vlist et al. 2021).

Quels exercices proposer ?

Dans la revue de Malliaras 2022, neuf essais (Beyer et al. 2015 ; Gatz et al. 2020 ; Habets et al. 2021 ; Mafi et al. 2001 ; NĂžrregaard et al. 2007 ; Stasinopoulos et al. 2013 ; Stevens et al. 2014 ; Tumilty et al. 2016 ; Yu et al. 2013) ont comparĂ© diffĂ©rents programmes d'exercices chez les personnes souffrant de tendinopathie d'Achille. Tous ces essais utilisaient une version du programme Alfredson. Les donnĂ©es montrent des preuves de certitude modĂ©rĂ©e Ă  long terme et trĂšs faible Ă  moyen terme d'un bĂ©nĂ©fice des programmes Silbernagel ou de rĂ©sistance lente et intense par rapport au programme Alfredson. Il existe Ă©galement des preuves contradictoires de bĂ©nĂ©fices d'autres programmes (uniquement Ă  moyen terme pour la douleur et le handicap et Ă  court terme pour la douleur) favorisant des approches alternatives (programmes variĂ©s mais tous avec un volume infĂ©rieur Ă  celui d'Alfredson, ce qui peut ĂȘtre plus pratique) comparĂ©s au programme Alfredson. Murphy et al. (2019) ont rapportĂ© des rĂ©sultats similaires dans une mĂ©ta-analyse rĂ©cente. Des bĂ©nĂ©fices trĂšs faibles ont Ă©tĂ© observĂ©s pour les exercices excentriques par rapport aux exercices concentriques Ă  court terme pour la douleur et Ă  moyen terme pour le changement global, qui Ă©tait Ă©galement cliniquement important. Cependant, l'essai (Mafi et al. 2001) indiquant un bĂ©nĂ©fice Ă  moyen terme comparait un programme d'exercices concentriques de trĂšs faible volume et intensitĂ© Ă  un programme d'exercices excentriques de trĂšs haut volume et intensitĂ©, laissant incertaines les variables explicatives du bĂ©nĂ©fice.

Les cliniciens devraient envisager les programmes modifiĂ©s d'Alfredson, de Silbernagel et de rĂ©sistance lourde et lente comme alternatives au programme d'Alfredson traditionnel. Étant donnĂ© la variabilitĂ© des approches, il est recommandĂ© d'adopter une stratĂ©gie de prescription d'exercices individualisĂ©e et centrĂ©e sur le patient, prenant en compte les prĂ©fĂ©rences du patient (par exemple, pour la frĂ©quence ou le soutien des exercices) et sa motivation, ainsi que ses ressources disponibles (par exemple, temps et Ă©quipement).

a - Protocole d'Alfredson

Protocole Sibernagel

Protocole Slow Heavy Resistance (SHR)

En 2023, PrudĂȘncio et al ont rĂ©alisĂ© une revue systĂ©matique et une mĂ©ta-analyse pour Ă©tudier l'efficacitĂ© de l'exercice excentrique dans l'amĂ©lioration de la douleur et de la fonction chez les patients adultes souffrant de tendinopathie achillĂ©enne moyenne par rapport Ă  d'autres formes d'exercice.

Selon les auteurs, les données disponibles soutiennent l'utilisation de l'exercice excentrique dans la prise en charge de la TA. La charge continue sur le tendon d'Achille n'affecte pas négativement les résultats de la douleur et de la fonction, ce qui suggÚre la possibilité de pratiquer certaines activités physiques pendant l'intervention. Certains auteurs rapportent que l'EE et le HSR (Heavy Slow Resistance) produisent des résultats similaires, mais d'autres études sont nécessaires pour le confirmer. Par ailleurs, les approches repos/attente  ne jouent probablement pas de rÎle dans la prise en charge de la TA.

L'objectif de la revue systématique de Sivrika et al. 2023 était d'étudier la forme d'exercice la plus efficace pour gérer les symptÎmes liés à la douleur et la capacité fonctionnelle ainsi que les activités de retour à la vie garantissant la qualité de vie des patients atteints de TA et de créer un protocole d'exercice optimal à utiliser dans le cadre de la rééducation de la TA.

Les auteurs ont indiquĂ© que l'application d'exercices excentriques est prĂ©conisĂ©e. Les auteurs ajoutent que d'autres Ă©tudes sont nĂ©cessaires pour dĂ©terminer le dosage et le mode de charge des protocoles d'exercices excentriques pour l'ensemble des patients souffrant de TA, ainsi que pour confirmer l'efficacitĂ© du choix d'un programme excentrique-concentrique ou d'un programme de rĂ©sistance lourde exĂ©cutĂ© Ă  un rythme lent (HSR). Fait intĂ©ressant, la mĂ©thode Pilates pourrait ĂȘtre appliquĂ©e comme un outil alternatif et utile dans la gestion de la TA (Sivrika et al. 2023).

Pourquoi ça marche les exercices ?

D'un point de vue biomĂ©dical, les exercices destinĂ©s Ă  traiter la tendinopathie d'Achille, et plus largement la tendinopathie en gĂ©nĂ©ral, amĂ©liorent les rĂ©sultats tels que la douleur, l'incapacitĂ© et la fonction par le biais de mĂ©canismes mĂ©caniques locaux affectant le muscle et le tendon (Merry et al. 2022). Les processus envisagĂ©s incluent la perturbation de la croissance neurovasculaire qui engendre la douleur dans le tendon (Öhberg et al. 2004) et la stimulation de la guĂ©rison du tendon Ă  travers la synthĂšse de collagĂšne (Langberg et al. 2007).

Le dĂ©veloppement de la force physique, comme l'activation neuromusculaire ou l'hypertrophie, peut amĂ©liorer l'incapacitĂ© et la fonction, mĂȘme si les liens entre l'augmentation de la force et la rĂ©duction de la douleur ne sont pas totalement Ă©lucidĂ©s (Smith et al. 2009). Les mĂ©canismes mĂ©caniques locaux sont cependant remis en question, car l'exercice n'influence pas de maniĂšre systĂ©matique les marqueurs de croissance neurovasculaire (Tol et al. 2012), la guĂ©rison des tendons dĂ©tectĂ©e par imagerie (Drew et al. 2014), ni la force musculaire (Hasani et al. 2021), malgrĂ© les amĂ©liorations notĂ©es concernant la douleur, l'incapacitĂ©, et d'autres rĂ©sultats rapportĂ©s par les patients. Les bĂ©nĂ©fices comparables obtenus Ă  travers des approches d'exercice trĂšs variĂ©es soulignent que d'autres mĂ©canismes tels qu'une meilleure auto-efficacitĂ© ou une diminution de la peur du mouvement peuvent jouer un rĂŽle important dans l'efficacitĂ© des exercices.

Smith et al. (2017) dans une rĂ©cente mĂ©ta-analyse, ont dĂ©couvert des preuves de faible certitude indiquant que les rĂ©sultats concernant la douleur peuvent ĂȘtre mieux amĂ©liorĂ©s Ă  court et moyen terme par des exercices provoquant une douleur tolĂ©rable plutĂŽt qu'indolore. Recommander des exercices induisant une douleur gĂ©rable peut normaliser l'expĂ©rience de la douleur que ressentent gĂ©nĂ©ralement les patients atteints de tendinopathie d'Achille lors de l'exercice et pourrait positivement influencer la peur liĂ©e au mouvement (Littlewood et al. 2013).

Approche graduelle

À la lumiĂšre des mĂ©canismes d'exercice proposĂ©s, l'approche thĂ©rapeutique pour la tendinopathie d'Achille peut ĂȘtre conceptualisĂ©e comme une « exposition graduelle ». L'objectif est d'introduire progressivement le patient Ă  des activitĂ©s, calibrĂ©es selon le niveau de menace et d'apprĂ©hension perçues, utiles pour ceux qui expĂ©rimentent la kinĂ©siophobie et l'Ă©vitement par peur, mais aussi selon le niveau de douleur rapportĂ© par le patient (Coronado et al. 2020). Cette progression comprend gĂ©nĂ©ralement une augmentation de la difficultĂ© des exercices, comme l'ajout de charge externe ou l'introduction de cycles d'Ă©tirement-raccourcissement de faible Ă  haute intensitĂ©, permettant ainsi une recontextualisation de la douleur et de sa perception de menace (Smith et al. 2019).

La premiÚre phase consiste en des exercices isométriques, souvent un point de départ pour les patients qui ressentent des symptÎmes trop importants avec des exercices isotoniques, permettant de trouver un niveau de symptÎmes tolérables. Bien que les premiÚres données suggÚrent que les exercices isométriques peuvent réduire immédiatement la douleur plus efficacement que les charges isotoniques, ces résultats ont été contestés (Clifford et al. 2020).

La deuxiĂšme phase, intĂ©grant des exercices isotoniques en termes de charge externe, devrait ĂȘtre le point de dĂ©part si tolĂ©rable ; sinon, l'objectif serait de progresser rapidement vers cette phase. Les exercices de cette phase sont gĂ©nĂ©ralement exĂ©cutĂ©s lentement (l'utilisation d'un mĂ©tronome rĂ©glĂ© Ă  60 bpm pour viser 2 Ă  3 secondes pour chaque phase concentrique et excentrique peut assurer une technique correcte) sur toute l'amplitude de mouvement pour garantir que la tolĂ©rance et la confiance sont dĂ©veloppĂ©es tout au long de l'exercice. Il est crucial de progresser selon la tolĂ©rance jusqu'Ă  l'amplitude complĂšte de la dorsiflexion de la cheville, lĂ  oĂč les charges les plus importantes sont appliquĂ©es sur le tendon d'Achille (Yeh et al. 2021). Des programmes comme le programme Alfredson modifiĂ©, Silbernagel, et la rĂ©sistance lente lourde (impliquant des exercices de trois fois par semaine Ă  quotidiennement) sont recommandĂ©s, basĂ©s sur les donnĂ©es synthĂ©tisĂ©es.

La troisiĂšme phase inclut l'introduction progressive de cycles d'Ă©tirement-raccourcissement comme la marche et la course, basĂ©s sur des objectifs mutuellement convenus, gĂ©nĂ©ralement pratiquĂ©s deux Ă  trois fois par semaine avec des jours de repos intercalĂ©s. Cette phase, impliquant des charges tendineuses plus Ă©levĂ©es et un risque accru de poussĂ©e de douleur par rapport aux phases prĂ©cĂ©dentes, nĂ©cessite une surveillance attentive de la tolĂ©rance Ă  la charge. L'introduction de charges de marche ou de course doit ĂȘtre progressive et guidĂ©e par des donnĂ©es objectives comme la durĂ©e et l'intensitĂ© de la course, et les donnĂ©es sur le nombre de pas.

Baxter et al. ont réalisé une étude afin d'évaluer les profils de charge du tendon d'Achille pour différents exercices et d'élaborer des directives pour augmenter progressivement le taux et l'ampleur de la charge du tendon d'Achille pendant la rééducation.La diapositive suivante vous donne un résumé de la progression suggérée par Baxter et ses collÚgues. Nous y reviendrons plus bas avec une traduction en français de chacun des intitulés d'exercice.

Quel dosage pour une tendinopathie en général ?

Une revue systĂ©matique avec mĂ©ta-analyse publiĂ©e dans le British journal of Sports Medicine a regroupĂ© les donnĂ©es de 110 Ă©tudes (n=3953) qui ont utilisĂ© des exercices avec rĂ©sistance comme traitement dominant pour les tendinopathies (de la coiffe des rotateurs, achilĂ©enne, latĂ©rale du coude, patellaire ou du moyen fessier) pour dĂ©terminer les effets modĂ©rateurs potentiels de l’intensitĂ©, du volume et de la frĂ©quence des exercices (Pavlova et al. 2023).

En rÚgle générale, le dosage des exercices avec résistance est plutÎt mal rapporté, dans les études sur la gestion des tendinopathies.

Malgré une grande variabilité entre les protocoles des études, la méta-analyse a identifié des tendances générales.

IntensitĂ© : il serait prĂ©fĂ©rable d’utiliser des poids lourds plutĂŽt que le poids du corps

FrĂ©quence : il serait prĂ©fĂ©rable d’effectuer ces exercices moins d’une fois par jour plutĂŽt que plus d’une fois par jour

Volume : 3 sĂ©ries de 15 rĂ©pĂ©titions. Toutefois, les comparaisons de cette mĂ©ta-analyse n’ont pas produit de rĂ©sultats cohĂ©rents Ă  cet effet.

Par consĂ©quent, on peut retenir comme recommandation qu’il faut charger les tendons par des exercices avec poids lourds et une rĂ©cupĂ©ration suffisante entre les sĂ©ances.

Bien entendu, nous devrons individualiser nos prescriptions en fonction du profil de nos patients.

Variabilité du temps de progression dans les phases de rééducation

Le temps nécessaire pour qu'un individu progresse à travers chaque phase de rééducation est trÚs variable et dépend principalement de sa tolérance à la charge et de sa capacité à progresser.

Par exemple, si un patient tolĂšre bien la charge, il peut ĂȘtre en mesure de progresser vers la restauration des charges du cycle d'Ă©tirement-raccourcissement dĂšs la premiĂšre sĂ©ance. Les phases des cycles isotoniques et d'Ă©tirement-raccourcissement sont typiquement rĂ©alisĂ©es deux Ă  trois fois par semaine chacune. IdĂ©alement, l'exercice en cycle d'Ă©tirement et de raccourcissement devrait ĂȘtre effectuĂ© avant l'exercice isotonique, par exemple le matin, pour permettre des jours de repos complets.

Cette planification est possible uniquement avec des programmes isotoniques réalisés trois fois par semaine. Une alternative consiste à effectuer les exercices de cycle d'étirement et de raccourcissement les jours de repos des charges isotoniques (Malliaras 2022).

Aborder la capacité spécifique des mollets

Malgré l'amélioration de la douleur suite à la rééducation, certains patients souffrant de tendinopathie d'Achille présentent des déficiences persistantes en matiÚre de force des mollets et de capacité de puissance (Silbernagel et al. 2007). Cette faiblesse est critique car la déficience de la force des mollets est un facteur de risque connu pour l'apparition d'une tendinopathie d'Achille (Mahieu et al. 2006) et peut contribuer à une récidive.

Les mollets doivent se contracter fortement pour permettre au tendon de stocker et de libérer de l'énergie pendant les activités de cycle d'étirement et de raccourcissement. Ce processus de stockage et de libération d'énergie par les tendons réduit à son tour le coût énergétique de la locomotion et permet une production d'énergie accrue (Roberts et al. 2013). Ainsi, adopter des stratégies spécifiques pour récupérer la force et la puissance des mollets peut aider certains patients à retrouver une fonction optimale.

Adaptation des phases d'exposition graduelle en fonction de la capacité

Les recommandations de Malliaras (2022) sur l'adaptation des phases d'exposition graduelle en fonction de la capacité du patient ont été présentées précédemment. Durant la phase isotonique, progresser vers des exercices d'une plus grande intensité, tels que ceux du programme de résistance lourde et lente incluant des gammes de répétitions réduites, peut cibler spécifiquement la force maximale.
L'ajout de vitesse, ou l'intention de se dĂ©placer rapidement, peut amĂ©liorer le taux de dĂ©veloppement de la force (Bird et al. 2005). L'entraĂźnement en surcharge excentrique, rĂ©alisĂ© avec des charges trop lourdes pour ĂȘtre dĂ©placĂ©es concentriquement, est envisagĂ© pour maximiser le stimulus mĂ©canique, le potentiel d'adaptation des tissus, et les adaptations neuronales issues de l'entraĂźnement en rĂ©sistance (Enoka, 1996 ; Agyi et al. 2001).
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L'intensitĂ© de l'entraĂźnement par sĂ©ance peut ĂȘtre surveillĂ©e et ajustĂ©e Ă  l'aide de rĂ©pĂ©titions en rĂ©serve ou d'Ă©chelles d'intensitĂ© d'exercice, telles que l'Ă©chelle de Borg. Il est essentiel d'entraĂźner les deux cĂŽtĂ©s individuellement, sauf si l'individu ne peut gĂ©rer que des exercices bilatĂ©raux. Souvent, la charge soulevĂ©e peut ĂȘtre plus Ă©levĂ©e du cĂŽtĂ© non affectĂ© pour atteindre le mĂȘme objectif d'intensitĂ©. L'inclusion d’exercices avec le genou tendu et flĂ©chi garantit une concentration adĂ©quate sur le solĂ©aire. La charge peut ĂȘtre ajoutĂ©e Ă  l'aide d'un sac Ă  dos contenant des poids en position debout ou avec des sacs de sable de 20 kg en position assise, bien que la limite pratique soit de 60 kg (3 × 20 kg de sacs de sable), ce qui est donc utile uniquement pour les patients ayant une force moindre. L'utilisation d'appareils de musculation tels que les appareils Smith, pour soulever les mollets debout ou assis, peut permettre une progression d'intensitĂ© de charge plus Ă©levĂ©e.

Considérations sur l'exercice de haute intensité et l'adaptation des tendons

Un tendon sain s'adapte à des exercices de haute intensité (>70% de la contraction volontaire maximale (MVC), ce qui équivaut à 4,5 à 6,5% de contrainte) indépendamment du type de contraction (isométrique ou isotonique) (Merry et al. 2022). Il reste incertain comment cela se traduit pour des tendons pathologiques. Néanmoins, s'assurer qu'au moins un exercice atteigne une haute intensité peut augmenter les chances d'adaptation du tendon, à condition que cela soit possible pour un tendon pathologique (Merry et al. 2022). Les défis de cette approche incluent l'absence de moyen fiable pour évaluer la MVC dans un contexte clinique et la variation de la tension tendineuse pour ce niveau de MVC d'un individu à l'autre (Merry et al. 2022). Une approche clinique pragmatique est d'utiliser une note sur l'échelle de Borg de 8 à 9 sur 10, basée sur le confort individuel.

Les capacitĂ©s de force rĂ©active peuvent ĂȘtre dĂ©veloppĂ©es par des interventions pliomĂ©triques progressives, telles que l'atterrissage, le saut, et le saut pour les coureurs rĂ©crĂ©atifs (Sancho et al. 2019). Selon les objectifs individuels, le dĂ©veloppement de compĂ©tences pour la course Ă  grande vitesse et le changement de direction spĂ©cifique au sport peut Ă©galement ĂȘtre envisagĂ©. Une force musculaire adĂ©quate est essentielle avant de progresser vers la puissance; par exemple, il est souhaitable d'atteindre (ou d'approcher) 1,5 fois le poids corporel pour un 6RM assis (ou 0,5 fois le poids corporel debout) pour les coureurs rĂ©crĂ©atifs avant d'entamer la course et les sauts sous-maximaux (Sancho et al. 2022). Une force maximale adĂ©quate devrait ĂȘtre Ă©tablie avant d'entreprendre des progressions pliomĂ©triques maximales ou de la course Ă  grande vitesse (Malliaras 2022).

Déficiences de capacité

Une déficience courante est l'incapacité d'effectuer une élévation du mollet sur une seule jambe, indiquant soit une incapacité à effectuer l'exercice du tout, soit une hauteur inadéquate, ce qui révÚle qu'un 1RM d'élévation du mollet debout est inférieur au poids corporel de l'individu. Cela nécessite une approche d'exercice spécifique. Une stratégie est de débuter avec un chargement concentrique-excentrique à deux jambes. L'utilisation d'un pÚse-personne sous chaque jambe peut s'assurer que la jambe non affectée n'est pas favorisée, avec l'objectif de progresser vers 60 à 100 % du poids corporel du cÎté affecté, en assurant une hauteur adéquate des fléchisseurs plantaires avant de progresser. Une autre méthode pour une application de charge plus spécifique et mesurable est l'élévation des mollets assis sur une seule jambe, en augmentant progressivement la proportion du poids corporel selon la capacité individuelle.

Ces mĂ©thodes peuvent ĂȘtre complĂ©tĂ©es par des isomĂ©tries prĂšs de la flexion plantaire complĂšte pour obtenir des gains de force spĂ©cifiques Ă  cette partie de l'amplitude (Oranchuk et al. 2019) ou par des exercices uniquement excentriques, qui sont faisables lorsque les exercices excentrique-concentrique ne le sont pas, car ils utilisent moins d'unitĂ©s motrices actives que les contractions concentriques lorsque la charge externe et la vitesse sont constantes (Lieber, 2002). Une progression vers des exercices concentriques est nĂ©cessaire, car l'adaptation de la force peut ĂȘtre spĂ©cifique au type de contraction (Lieber, 2002).

Un exemple de progression

Si nous décidons de débuter nos séances avec des exercices isométriques, qui sont parfois mieux supportés par les patients du fait de l'absence de mouvement, nous pouvons choisir parmi divers exemples d'exercices. Nous ajusterons ces exercices en fonction des préférences et de la capacité de tolérance de nos patients, ainsi que de leur accÚs aux équipements et de leurs besoins spécifiques. En ce qui concerne les modalités des exercices, nous les personnaliserons également.

Par exemple, nous pourrions demander Ă  nos patients de rĂ©aliser 3 Ă  5 sĂ©ries de maintien de 45 secondes chacune, avec un repos de 2 minutes entre chaque sĂ©rie. Alternativement, nous pourrions utiliser l'Ă©chelle de Borg pour ajuster une des variables, en demandant au patient de maintenir la position jusqu'Ă  atteindre une sensation de fatigue musculaire de 7-8 sur 10, ou bien maintenir pour une durĂ©e fixe en ajustant la charge pour obtenir le mĂȘme stade sur l’échelle de Borg.

Pour progresser vers l'Ă©tape suivante, celle des contractions dynamiques, nous pouvons envisager diffĂ©rentes façons d'augmenter progressivement la charge sur le tendon, toujours en nous adaptant aux besoins de nos patients. Vous voyez dans la diapositive suivante, nous passons d’un sol plat sur deux jambes, Ă  un sol plat Ă  une jambe puis nous ajoutons une flexion dorsale de la cheville sans et puis avec charge.
Comment procéder ? Adopterons-nous une modalité de 3 séries de 15 répétitions, ou préférerons-nous ajuster l'intensité en nous basant sur l'échelle de Borg pour cibler un niveau spécifique d'effort ?

Dans son Ă©tude de 2021, Yeh et son Ă©quipe ont indiquĂ© qu’une flexion dorsale maximale pouvait augmenter la force du tendon d'Achille pendant l'exercice pour les tendinopathies d’Achilles moyennes.

On pourra Ă©galement progresser en utilisant des machines de musculation comme nous l’avons mentionnĂ© plus haut, comme la machine Smith, ou d’une presse ou bien en demandant au patient de rĂ©aliser l’exercice avec le pied avant sur un support.

Comme mentionnĂ© prĂ©cĂ©demment, nous mettrons un accent particulier sur le renforcement du muscle solĂ©aire. Nous proposerons une progression qui commence en position assise, demandant au patient de rĂ©aliser des Ă©lĂ©vations sur un sol plat. Nous insisterons sur l'importance d'une contraction lente et contrĂŽlĂ©e. Ensuite, nous ajouterons une flexion dorsale tout en maintenant cette mĂȘme lenteur et contrĂŽle. Nous pourrions Ă©galement intĂ©grer l'utilisation d'Ă©quipements de musculation, tels que la machine Smith ou adapter une machine de leg extension, et utiliser des poids ou des sacs de sable pour augmenter la rĂ©sistance.

On peut également proposer au patient de travailler le soléaire en position debout avec ou sans équilibre si on souhaite complexifier la tùche. La position du genou fléchi peut également se travailler en position de chaise contre le mur ou en pont fessier. Ces positions sont toutefois moins optimales en raison des exigences en matiÚre d'équilibre et de coordination, et les plus gros muscles activés se fatiguent souvent en premier.

Il sera vraiment important d’insister pour rĂ©aliser le mouvement lentement et de maniĂšre contrĂŽlĂ©e et non de rebondir au sol pour remonter plus facilement.

Concernant les Ă©tirements, ils ne sont pas forcĂ©ment nĂ©cessaires. Nous obtenons les mĂȘmes effets avec la dorsiflexion rĂ©alisĂ©e lors du renforcement musculaire. 

Aussi concernant le nombre de rĂ©pĂ©titions. Nous l’avons vu plus haut, plutĂŽt que de faire pleins de rĂ©pĂ©titions au poids du corps, il est prĂ©fĂ©rable sur du long terme d’ajouter des charges externes.

Il sera aussi intĂ©ressant d’introduire des exercices pour renforcer l’ensemble du membre infĂ©rieur.

Nous intégrerons progressivement au renforcement des exercices de sauts, d'atterrissages, de pliométrie et d'autres activités qui nécessitent un chargement plus rapide. Il y a de nombreuses façons d'aborder cet entraßnement. Par exemple, nous pouvons commencer par demander au patient de sauter sur place, les deux pieds joints, les mains sur les hanches et le regard droit devant, en essayant de minimiser le temps de contact avec le sol.

Si cela s'avĂšre trop difficile, le patient peut pratiquer le rebounding heel, en restant sur place avec le dos lĂ©gĂšrement inclinĂ© contre un mur. Si le patient rĂ©ussit ces petits bonds sur place, il pourra essayer de sauter plus haut, tout en rĂ©duisant le temps au sol. Nous continuerons Ă  progresser en ajoutant des sauts en avant et en arriĂšre, puis latĂ©ralement. Cette mĂȘme progression pourra ensuite ĂȘtre adaptĂ©e pour des sauts sur une seule jambe.

Sinon, autre maniĂšre de travailler, on pourra proposer au patient de commencer par effectuer un saut vertical sous-maximal sur deux jambes avant de passer Ă  un saut vertical maximal sur deux jambes. La mĂȘme formule sera proposĂ©e sur la jambe 

Vous pouvez ensuite pratiquer des sauts en avant, de cÎté à cÎté et en diagonale. Ici on visera moins de répétitions. On pourra par exemple proposer des séries de 6 à 8 répétitions.

Concernant la reprise du sport, il est crucial d'expliquer au patient que cela ne signifie pas un retour immédiat à la pratique habituelle. Il est nécessaire de poursuivre le renforcement du mollet et d'autres groupes musculaires tout en s'approchant progressivement de l'activité sportive spécifique.

Pour les exercices Ă  rĂ©aliser Ă  domicile, il est essentiel de mettre en place un programme qui progresse graduellement. C'est dans cet esprit que nous proposons, via Fullphysio, un programme de neuf semaines qui commence avec une phase d'irritabilitĂ© Ă©levĂ©e et Ă©volue vers une irritabilitĂ© rĂ©duite. Á la fin de la rĂ©Ă©ducation nous planifierons les sĂ©ances de course Ă  pied, les entraĂźnements et autres activitĂ©s sportives du patient, en tenant compte de son emploi du temps, de ses symptĂŽmes et de sa capacitĂ© fonctionnelle. Selon les objectifs du patient, il pourrait ne pas ĂȘtre nĂ©cessaire d'inclure des exercices de pliomĂ©trie, de saut etc. Donc la programmation, le calendrier d’entraĂźnement du patient sera propre Ă  ses objectifs.

De plus, si le patient est un adepte de la course Ă  pied, celle-ci peut ĂȘtre intĂ©grĂ©e Ă  sa rĂ©Ă©ducation, avec des ajustements initiaux pour diminuer les symptĂŽmes. On pourrait envisager un protocole de course qui augmenterait progressivement en volume et en distance. Pour tous, marcheurs ou non, la marche est aussi un Ă©lĂ©ment clĂ© de la rĂ©Ă©ducation, car chaque pas sollicite le tendon d'Achille. Le pĂ©rimĂštre de marche sera aussi progressivement augmentĂ© tout au long de la rĂ©Ă©ducation.

Il faudra expliquer au patient que les étapes se chevauchent. Le patient passera d'une étape à l'autre en fonction de ses symptÎmes, de sa fonction et de sa tolérance plutÎt que d'un calendrier donné ou aprÚs avoir atteint des critÚres spécifiques.

Le patient peut Ă©galement envisager des traitements complĂ©mentaires pour soulager la douleur, bien qu'ils ne soient pas centraux dans le processus de rĂ©Ă©ducation et doivent ĂȘtre envisagĂ©s prudemment, surtout s'ils sont onĂ©reux ou risquĂ©s. Il est important de souligner qu'il n'existe pas de remĂšde rapide pour la tendinopathie d'Achille; cela nĂ©cessite du temps, de la patience, de la constance et un engagement envers un plan bien structurĂ©.

Faire de l’exercice quand on a mal

Un autre Ă©lĂ©ment fondamental de la rĂ©Ă©ducation est de comprendre et de surveiller la douleur. La question qu’on se pose souvent : doit-on Ă©viter la douleur pendant l'exercice, ou est-il sĂ»r de pousser un peu dans la douleur ? 

Beaucoup de patients craignent que faire de l'exercice dans la douleur signifie qu'ils endommagent leur tendon ou pire. 

Un article de Turner et al. en 2020 a interviewé des personnes atteintes de tendinopathie d'Achille. Voici ce que deux personnes avaient à dire.

« Je suis sĂ»r que si je jouais au tennis de table, ce serait certainement pire. Je n'essaie mĂȘme pas cela, parce que j'ai juste peur de rompre un tendon. »

« Si je fais du surentraĂźnement ou quelque chose comme ça, je ne sais pas trop, peut-ĂȘtre le frottement des tendons provoquant des mini fractures ? »

Silbernagel et al. en 2007 ont aidé à populariser le modÚle qui est le plus souvent utilisé aujourd'hui, qui implique de faire de l'exercice à un niveau tolérable de douleur. 

Nous avons rĂ©alisĂ© une infographie pour vos patients afin qu’il puisse gĂ©rer leur douleur pendant l’exercice et plutĂŽt que de l’arrĂȘter, de l’adapter.

Cette tolĂ©rance Ă  la douleur est vraiment propre Ă  chacun. De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, on demandera au patient de surveiller les symptĂŽmes pendant l'exercice, mais Ă©galement immĂ©diatement aprĂšs et le lendemain. Il est recommandĂ© au patient de se poser 3 questions. PremiĂšrement ma douleur est-elle tolĂ©rable pendant l'exercice ? Le patient peut utiliser la fiche pour jauger sa douleur de 1 Ă  10. Soit le patient effectue l’exercice avec une douleur qu’il juge acceptable soit nous, en tant que kinĂ©, nous pouvons recommander au patient de ne pas dĂ©passer 2/10 ou bien 5/10.
DeuxiĂšme question que le patient doit se poser : Ma douleur est-elle meilleure, pire ou la mĂȘme aprĂšs l'exercice ? Bien entendu, il n’est pas rare qu’un patient nous dise qu’il a mal au dĂ©but et qu’avec l’échauffement ça va de mieux en mieux. Ce phĂ©nomĂšne est en partie expliquĂ© dans la partie 1 de ce module.
TroisiĂšme question : Ma douleur est-elle meilleure, pire ou la mĂȘme le lendemain de l'exercice ? C’est probablement la question la plus pertinente car elle donne une indication sur le fait que le patient est respectĂ© ou non l’homĂ©ostasie de son tendon, en gros la charge imposĂ©e a bien Ă©tĂ© tolĂ©rĂ©e ou pas. Le patient peut trĂšs bien ne pas avoir de douleur pendant et juste aprĂšs l’exercice mais le lendemain matin, il va dĂ©crire une plus grande raideur et une augmentation significative des symptĂŽmes. À ce moment-lĂ  on devra lui demander de rĂ©duire le volume et/ou l’intensitĂ© et/ou la charge et/ou la frĂ©quence. Cette logique peut se prĂȘter aux autres formes de tendinopathies.

On se mettra alors d’accord avec le patient de choisir un marqueur qui nous permettra de rĂ©-Ă©valuer les symptĂŽmes du patient le lendemain. Dans le cas de la TA, on peut par exemple choisir la marche, ou bien une action plus spĂ©cifique comme une Ă©lĂ©vation du talon. On demandera au patient de le rĂ©aliser toujours de la mĂȘme maniĂšre et si possible au mĂȘme moment.

De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, on devra rassurer notre patient, il n’est pas grave de ressentir de la douleur pendant l’exercice.

DeuxiĂšmement, il sera important d’expliquer au patient que c’est une pathologie qui prend souvent du temps, cela peut prendre 3 Ă  6 mois voire davantage. Les symptĂŽmes fluctueront au jour le jour et semaine aprĂšs semaine, c'est pourquoi notre objectif doit ĂȘtre sur la fonction tout en surveillant la douleur pour guider la quantitĂ© appropriĂ©e d'activitĂ© physique.

Une augmentation de la fonction ne se traduira pas toujours par une diminution linĂ©aire de la douleur. Si notre patient fait toujours le mĂȘme parcours de course de 5km et que les douleurs qui au dĂ©part apparaissent dĂšs le 2Ăšme km surviennent dĂ©sormais au dernier km, c’est un progrĂšs. La douleur peut sembler rester la mĂȘme, mais techniquement, elle s'amĂ©liore car elle nĂ©cessite plus d'activitĂ© pour atteindre le mĂȘme niveau de douleur que vous avez initialement ressenti.

On demandera au patient de surveiller ses symptĂŽmes pendant et aprĂšs l'exercice pour s’assurer qu’il ne dĂ©passe pas ses capacitĂ©s actuelles tout en gardant une trace de ses progrĂšs avec les diffĂ©rents exercices. En mĂȘme temps, on demandera au patient de rĂ©duire la frĂ©quence, l'intensitĂ© ou le volume des activitĂ©s telles que la course ou la pratique sportive qui aggravent ses symptĂŽmes et limitent ses progrĂšs fonctionnels. Si nĂ©cessaire, on pourra conseiller au patient de remplacer la rĂ©duction de cette activitĂ© spĂ©cifique par une activitĂ© diffĂ©rente qui n'exacerbe pas vos symptĂŽmes pour maintenir votre condition physique.

Adjuvants

En complément du traitement primaire 

Plusieurs études ont évalué l'efficacité de divers compléments lorsqu'ils sont ajoutés à l'exercice. 

L’ajout des ondes de choc

Il y a des preuves de faible certitude indiquant que l'ajout d'ESWT radiale Ă  l'exercice peut amĂ©liorer la douleur/l'incapacitĂ© et les rĂ©sultats de la douleur Ă  tous les stades ainsi que le changement global Ă  moyen terme. Il est important de noter que les bĂ©nĂ©fices Ă©taient toujours prĂ©sents mĂȘme avec l'utilisation d'un comparateur placebo (Rompe et al. 2009 ; Abdelkader et al. 2021). Par contre, des preuves de trĂšs faible certitude indiquent des bĂ©nĂ©fices contradictoires ou nuls lors de l'ajout d'ESWT ciblĂ©e ou d'une combinaison radiale/focalisĂ©e par rapport Ă  un placebo (en termes de douleur et de changement global Ă  divers moments). Les preuves actuelles favorisent l'ajout de la modalitĂ© radiale par rapport Ă  d'autres formes d'ESWT, mais, Ă©tant donnĂ© la faible certitude des preuves, des essais Ă  grande Ă©chelle comparant cette modalitĂ© Ă  un placebo sont nĂ©cessaires. 

Les données probantes, de faible à trÚs faible certitude, suggÚrent que l'ajout d'autres compléments à l'exercice (incluant la thérapie au laser de faible intensité [LLLT], l'orthÚse AirHeel, l'attelle de nuit, le dry needling, le massage par pression, et les orthÚses personnalisées) n'offre aucun bénéfice supplémentaire.

Adjuvants comme alternative au traitement primaire

D’autres Ă©tudes ont examinĂ© l'efficacitĂ© de l'exercice par rapport aux adjuvants et d’autres encore ont comparĂ© un adjuvant au contrĂŽle (Malliaras. 2022). Bien que les preuves soient limitĂ©es, certaines donnĂ©es suggĂšrent des alternatives valides Ă  l'exercice. 

Acupuncture

Des preuves de faible certitude indiquent que l'acupuncture pourrait surpasser l'exercice physique pour réduire la douleur/le handicap à tous les stades, avec une signification clinique à court et moyen terme (Malliaras 2022).

Talonnettes

Les seules autres preuves positives concernent les cales de talon, avec des preuves de trÚs faible certitude montrant un avantage par rapport à l'exercice en termes de douleur/handicap, de douleur et de changement global à moyen terme, mais avec des résultats contradictoires à court terme (Malliaras 2022).

Physiothérapie traditionnelle

Des preuves de trĂšs faible certitude suggĂšrent que la physiothĂ©rapie traditionnelle, incluant les frictions et les ultrasons, pourrait ĂȘtre moins bĂ©nĂ©fique que l'exercice pour la douleur/le handicap Ă  court et moyen terme, la rendant donc une alternative inappropriĂ©e  (Malliaras 2022).

ESWT, attelle de nuit, orthĂšse AirHeel, massage par pression, US

Des Ă©tudes de qualitĂ© basse Ă  trĂšs basse suggĂšrent qu'il y a peu de diffĂ©rence d’efficacitĂ© entre certains traitements supplĂ©mentaires (comme l'ESWT, les attelles de nuit, l'orthĂšse AirHeel, le massage par pression, l'ultrason) et les exercices pour traiter certaines conditions Ă  diffĂ©rents moments. MĂȘme si ces traitements supplĂ©mentaires montrent souvent des bĂ©nĂ©fices significatifs pour les patients traitĂ©s seuls, les comparaisons directes avec les exercices restent incertaines. Il est donc recommandĂ© de ne pas considĂ©rer ces interventions comme Ă©quivalentes sans analyser attentivement les donnĂ©es des Ă©tudes (intervalle de confiance ++) (Malliaras 2022).

Adjuvants VS Placebo

Les comparaisons entre les adjuvants et le placebo ont révélé que ni le LLLT ni l'acupuncture ne montrent de bénéfice significatif (preuves de trÚs faible certitude pour la douleur/l'incapacité à court et moyen terme). Les résultats de l'acupuncture incitent à la prudence concernant son efficacité par rapport à l'exercice, basée sur une seule étude mentionnée précédemment. Il existe des preuves de faible certitude en faveur de l'efficacité de l'ESWT radial par rapport à l'attente, mais aucun avantage n'a été trouvé pour l'ESWT ciblée par rapport au placebo. Les variations entre les types d'ESWT et les comparateurs compliquent l'interprétation de ces résultats.

Tendinopathie d'Achille insertionnelle

La littĂ©rature sur la tendinopathie d'Achille insertionnelle est limitĂ©e, ne comportant aucun essai comparant l'exercice Ă  des programmes de contrĂŽle ou Ă  d'autres programmes d'exercices. Trois essais rapportĂ©s dans le papier de Malliaras (2022) (McAleenan et al. 2010 ; Mansur et al. 2021 ; Pinitkwamdee et al. 2020) ont Ă©valuĂ© l'efficacitĂ© d’adjuvants ajoutĂ©s Ă  l'exercice, tandis que deux autres (Kedia et al. 2014 ; Rompe et al. 2008) ont comparĂ© des adjuvants Ă  l'exercice. Les donnĂ©es, de faible certitude, montrent un avantage de l'ajout de thĂ©rapie manuelle instrumentĂ©e Ă  l'exercice pour la douleur et le handicap Ă  moyen et long terme (cliniquement significatif Ă  moyen terme), mais sans bĂ©nĂ©fice pour la douleur ou le handicap Ă  court terme, ni pour le changement global Ă  moyen terme ou la douleur Ă  tout moment.

Des donnĂ©es de haute certitude (pour la douleur) et de certitude modĂ©rĂ©e (pour la douleur/le handicap) rĂ©vĂšlent qu'ajouter l'ESWT Ă  l'exercice n'apporte aucun bĂ©nĂ©fice notable, avec toutefois des preuves de faible certitude suggĂ©rant une efficacitĂ© supĂ©rieure de l'ESWT seul comparĂ© Ă  l'exercice pour divers rĂ©sultats Ă  moyen terme. Il est Ă  noter que cela contraste avec la tendinopathie d'Achille de la partie mĂ©diane oĂč l'ajout d'ESWT Ă  l'exercice peut ĂȘtre justifiĂ©.

Une explication potentielle de ces rĂ©sultats moins favorables pourrait ĂȘtre liĂ©e Ă  l'efficacitĂ© rĂ©duite des exercices dans les cas de tendinopathie d'Achille d'insertion (Fahlström et al. 2003). De plus, il existe des preuves de trĂšs faible certitude indiquant qu'il n'y a pas de diffĂ©rence entre l'Ă©tirement, le massage, l’élĂ©vation bilatĂ©rale du talon, et l'attelle de nuit avec ou sans l'exercice excentrique d'Alfredson pratiquĂ© sur une marche pour la douleur Ă  moyen terme. Cela peut ĂȘtre attribuĂ© aux exercices excentriques d'Alfredson pratiquant une ROM complĂšte de dorsiflexion, aux Ă©tirements, et Ă  l’attelle de nuit qui peuvent augmenter la compression sur le tendon d'insertion et aggraver les symptĂŽmes (Malliaras. 2022).

MalgrĂ© ce manque de preuves spĂ©cifiques, les principes de gestion dĂ©crits dans la revue de Malliaras (2022) sont applicables Ă  la tendinopathie d'Achille insertionnelle. D'aprĂšs des sĂ©ries de cas indiquant des rĂ©sultats mĂ©diocres avec l'entraĂźnement excentrique traditionnel d'Alfredson (exercice de dorsiflexion de la cheville), (Fahlström et al. 2003) il est recommandĂ© de limiter la dorsiflexion de la cheville (et donc la compression) dans les cas de tendinopathie d'Achille d'insertion (Jonsson et al. 2008). Il faut ĂȘtre prudent, car Ă©viter complĂštement la dorsiflexion de la cheville pourrait prolonger la rĂ©cupĂ©ration (Testa et al. 2016) et diminuer les rĂ©sultats, Ă©tant donnĂ© que la force tendineuse est maximale en dorsiflexion (Yeh et al. 2021). 

Durant la phase isotonique, il est conseillĂ© de limiter la dorsiflexion si elle provoque de la douleur, mais de viser Ă  introduire progressivement la dorsiflexion selon les symptĂŽmes. Des supports sur mesure de tailles croissantes (10 mm, 20 mm, 30 mm) peuvent ĂȘtre utilisĂ©s pour avancer dans la ROM de dorsiflexion en fonction de la tolĂ©rance, en Ă©vitant l'extrĂȘme car comme le dit Malliaras 2022, tous les individus ne progressent pas jusqu'Ă  20 mm ou 30 mm).

Exemples d'exercices

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