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Les douleurs de l'aine (pubalgie) - Diagnostic & Bilan

EBP Module
Updated
5/25/2024
Fullphysio
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2 – Diagnostique – Bilan clinique

a – PrĂ©sentation clinique

La plupart des auteurs parlent du diagnostic de la pubalgie comme un diagnostic d’exclusion (Caudil et al. 2008 ; Morales-Conde et al. 2010 ; Moeller et al. 2007 ; Atkins et al. 2010 ; Kachingwe et al. 2008 ; Tyler et al. 2010 ; Christel et al. 1997) lorsque toutes les autres pathologies ont Ă©tĂ© Ă©cartĂ©es. Il est donc important que le thĂ©rapeute reste prudent afin de ne pas annoncer de diagnostic trop rapidement sous prĂ©texte qu’il s’agisse par exemple d’un jeune footballeur.

De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, la douleur de l’aine reprĂ©sente une pathologie qui a tendance Ă  s’installer progressivement (le plus souvent), et qui est associĂ©e ou non Ă  une souffrance du canal inguinal. Bien que les symptomatologies soient relativement variables d’un patient Ă  l’autre en fonction de la forme clinique dominante, les douleurs se situent prĂ©fĂ©rentiellement en proximal du cĂŽtĂ© interne de la hanche (autour du tubercule pubien). Les symptĂŽmes peuvent s’étendre au niveau de l’insertion du tendon du long adducteur sur l’os pubien ou au niveau de l’insertion du muscle droit abdominal (Caudil et al. 2008 ; Falvey et al. 2009 ; Diesen et al. 2007).

Dans des cas moins fréquents, des patients peuvent également présenter une sensibilité ou des douleurs le long du ligament inguinal, au niveau de la symphyse pubienne et parfois une irradiation au niveau du périnée et du scrotum (Meyers et al. 2000 ; Moeller et al. 2007; Kachingwe et al. 2008).

b - Points d’attention lors de la 1ùre rencontre

La douleur Ă  l'aine est gĂ©nĂ©ralement plus frĂ©quente chez les athlĂštes masculins (Orchard et al. 2015 ; WaldĂ©n et al. 2015), mais certaines blessures spĂ©cifiques, telles que les fractures de stress dans et autour de l'anneau pelvien, sont plus frĂ©quentes chez les athlĂštes fĂ©minines (Edouard et al. 2015). Chez les jeunes athlĂštes au squelette immature, les apophyses pelviennes sont vulnĂ©rables aux blessures (Sailly et al. 2015). Les activitĂ©s Ă  forte charge, telles que les coups de pied et les sprints, peuvent entraĂźner des fractures par avulsion, les Ă©pines iliaques antĂ©ro-infĂ©rieures et supĂ©rieures Ă©tant les 2 emplacements les plus frĂ©quemment blessĂ©s (Rossi et al. 2001 ; Schuett et al. 2015). De plus , comme la symphyse pubienne est la derniĂšre partie du squelette humain Ă  mĂ»rir, l'apophysite pubienne doit ĂȘtre prise en compte dans le diagnostic diffĂ©rentiel des douleurs Ă  la hanche et Ă  l'aine chez les athlĂštes Ă  mesure qu'ils vieillissent au dĂ©but de la vingtaine (Sailly et al. 2015).

Les athlĂštes adolescents sont Ă©galement exposĂ©s Ă  un risque accru de problĂšmes liĂ©s Ă  la hanche s'ils ont des antĂ©cĂ©dents d'Ă©piphyse fĂ©morale capitale glissĂ©e (Degen et al. 2017) maladie de Legg-CalvĂ©-Perthes (Morris et al. 2018) ou dysplasie acĂ©tabulaire. La douleur Ă  l'aine liĂ©e Ă  la hanche est plus susceptible de survenir chez les athlĂštes adultes Ă  partir du dĂ©but de la vingtaine (Clohisy et al. 2009 ; Kivlan et al. 2017) et l'arthrose de la hanche (OA) en tant que cause de douleur Ă  l'aine doit Ă©galement ĂȘtre envisagĂ©e chez les athlĂštes plus ĂągĂ©s (Clohisy et al. 2009).

c - Types de sports et blessures

En raison du nombre élevé d'athlÚtes participant à des sports multidirectionnels, tels que le football, de nombreux athlÚtes souffrant de lésions aiguës ou de blessures de surmenage liées à la région de l'aine sont observés en pratique clinique.

Les lésions aiguës surviennent souvent à la jonction musculo-tendineuse, en particulier des muscles long adducteur, droit fémoral et iliopsoas (Serner et al. 2018 (a) ; Serner et al. 2018 (b)). Les lésions aiguës du long adducteur et du droit fémoral peuvent également impliquer une rupture/avulsion tendineuse, principalement au niveau des insertions proximales (Serner et al. 2018 (a) ; Serner et al. 2018 (b)).

Contrairement aux lésions aigues, les blessures de surmenage à l'aine impliquent plus souvent les os et les tendons et leurs insertions, et impliquent rarement le rectus femoris (Hölmich et al. 2007). Les lésions aiguës des muscles adducteurs surviennent généralement lors des coups de pied et des changements de direction (Serner et al. 2015).

En comparaison, les lésions aiguës du rectus femoris surviennent principalement lors de coups de pied et de sprints, tandis que les lésions aiguës de l'iliaque et du psoas surviennent principalement lors de mouvements nécessitant un changement de direction (Serner et al. 2018 (b). Les coureurs et les danseurs peuvent également présenter des douleurs à l'aine, souvent dues à une surutilisation.
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Les blessures aux fléchisseurs de la hanche, les douleurs articulaires de la hanche et les fractures de stress sont les blessures les plus courantes observées chez ces personnes (Bradshaw et al. 2008 ; Khan et al. 1995 ; Knapik et al. 2017 ; Rankin et al. 2015) et, comme la plupart des autres blessures de surmenage, elles sont plus souvent liées à une surcharge répétitive et accumulée.

1 - Classification des douleurs

Le thĂ©rapeute et le sportif peuvent utiliser une classification des douleurs en 4 stades pour suivre l’évolution tout au long de la rĂ©Ă©ducation (Bouvard et al. 2012).

- Stade 1 : Uniquement aprĂšs le sport

- Stade 2 : Pendant le sport sans retentir sur la performance

- Stade 3 : Pendant le sport restreignant l’activitĂ©

- Stade 4 : Chronique touchant la vie courante

d - DĂ©pistage des pathologies graves provoquant des douleurs Ă  l'aine

Les preuves Ă  l'appui des signes et symptĂŽmes d'alerte « diagnostiquement » prĂ©cis dans la rĂ©gion de l'aine sont limitĂ©es (Downie et al. 2013) et incohĂ©rentes dans les lignes directrices de pratique actuelles (Koes et al. 2010). NĂ©anmoins, les cliniciens doivent ĂȘtre conscients des troubles des organes abdominaux et pelviens imitant des douleurs Ă  l'aine d'origine musculo-squelettique (Cibulka et al. 2017).

Des antécédents de cancer, comme le cancer de la prostate chez l'homme, le cancer du sein chez la femme ou le cancer de tout organe reproducteur, sont un signal d'alarme potentiel, car ils sont associés à des métastases dans la région de la hanche et de l'aine (Cibulka et al. 2007).

D'autres signaux d'alarme préoccupants sont les antécédents de traumatisme, la fiÚvre, la perte de poids inexpliquée, les mictions douloureuses, les douleurs nocturnes et l'utilisation prolongée de corticostéroïdes (Gabbe et al. 2010 ; Leerar et al. 2007 ; Van den Bruel et al. 2010).

Les pathologies graves provoquant des douleurs à l'aine comprennent la nécrose avasculaire, la fracture du col du fémur ou la fracture de fatigue de la diaphyse fémorale. Les informations sur le dépistage de la nécrose avasculaire sont limitées, mais il a été suggéré qu'une amplitude de mouvement normale de la hanche (ROM) est utile pour exclure cette condition (Joe et al. 2002). Le test de percussion patella-pubienne (sensibilité, 95 % ; rapport de vraisemblance négatif = 0,07) et le fulcrum test (sensibilité, 88 % ; rapport de vraisemblance négatif = 0,92) offrent une utilité clinique bonne à limitée pour aider à éliminer les fractures de stress du col du fémur et de la diaphyse fémorale, respectivement (Reiman et al. 2013).

En cas de suspicion de pathologie sous-jacente grave, une imagerie spĂ©cifique doit toujours ĂȘtre rĂ©alisĂ©e. Les radiographies simples sont un bon examen primaire pour dĂ©tecter les nĂ©oplasmes du squelette. MĂȘme chez les athlĂštes apparemment en bonne santĂ©, cela devrait ĂȘtre envisagĂ© pour les douleurs Ă  l'aine inexpliquĂ©es ou de longue date qui ne s'amĂ©liorent pas avec le traitement. Si une fracture de stress est envisagĂ©e, les radiographies sont souvent nĂ©gatives, en particulier dans les premiers stades, et ne peuvent donc pas ĂȘtre utilisĂ©es pour exclure ces blessures (Davies et al. 2010 ; Knapik et al. 2017). Alternativement, l'imagerie par rĂ©sonance magnĂ©tique (IRM), qui visualise les rĂ©actions de stress osseux Ă  un stade plus prĂ©coce, en particulier dans les sites Ă  haut risque, est donc recommandĂ©e (Davies et al. 2010 ; Knapik et al. 2017). Chez l'athlĂšte adolescent au squelette immature, des radiographies simples sont utilisĂ©es pour dĂ©tecter les avulsions osseuses dans les lĂ©sions de distraction musculo-tendineuses, la nĂ©crose avasculaire et l'Ă©piphysiolyse du col fĂ©moral (Armfield et al. 2006 ; Georgiadis et al. 2014).

e - Examen physique

Une fois qu'une pathologie grave a été exclue, le clinicien doit rechercher une pathologie potentielle liée à la colonne lombaire et à l'articulation sacro-iliaque en utilisant des antécédents subjectifs et des tests d'examen clinique trÚs sensibles. Un manque de périphérisation ou de centralisation (sensibilité, 92 % ; rapport de vraisemblance négatif = 0,12) des symptÎmes de l'athlÚte avec des tests répétés d'amplitude de mouvement de la colonne lombaire, des tests négatifs en SLR (sensibilité, 97 % ; rapport de vraisemblance négatif = 0,05) et en SLUMP test (sensibilité , 83 % ; rapport de vraisemblance négatif = 0,32) aident à exclure l'existence potentielle d'une pathologie discogÚne/radiculopathie (Devillé et al. 2000 ; van der Windt et al. 2010).  

La pathologie de l'articulation facettaire est mieux exclue avec un test d'extension-rotation négatif (sensibilité, 100 % ; rapport de vraisemblance négatif = 0,00) (Laslett et al. 2006 ; Schwarzer et al. 1994). Malgré la nature controversée des tests de pathologie de l'articulation sacro-iliaque, le test de poussée de la cuisse a une bonne utilité clinique pour exclure (sensibilité, 88 % ; rapport de vraisemblance négatif = 0,18) une pathologie potentielle de l'articulation sacro-iliaque (Laslett et al. 2005).

L'accord de Doha concernant l'examen des athlÚtes souffrant de douleurs à l'aine suggÚre de classer les athlÚtes selon certaines entités cliniques sur la base de tests de provocation de la douleur (Hölmich et al. 2007 ; Hölmich et al. 2004 ; Weir et al. 2015).

1 - Douleurs de l’aine liĂ©es aux adducteurs de hanche

À son insertion, le tendon du long adducteur forme une aponĂ©vrose commune avec les muscles abdominaux droits antĂ©rieurs sur la partie antĂ©rieure du pubis. Les tendons du droit antĂ©rieur et/ou du long adducteur peuvent alors subir des tensions ou des dĂ©chirures Ă  divers degrĂ©s (Zuckerbraun et al. 2020).

L’atteinte de la souche des adducteurs reprĂ©sente l’une des blessures de l’aine les plus frĂ©quentes chez l’athlĂšte de haut niveau. Cette atteinte se produit principalement au niveau de la jonction musculo-tendineuse , mais elle peut Ă©galement se produire Ă  la jonction os-tendon (enthĂ©sopathie). Le long adducteur est le plus souvent touchĂ© (Tyler et al. 2010) (avec une prĂ©valence de 44—60 %), mais il existe des atteintes isolĂ©es des autres muscles adducteurs, y compris du pectinĂ©.

Typiquement les souffrances au niveau des adducteurs vont ĂȘtre mises en Ă©vidence grĂące Ă  des tests de palpation douloureux au niveau des insertions des adducteurs, des contractions contrariĂ©es douloureuses (Accord de Doha, 2015). Fait important, l'absence de douleur Ă  la palpation dans les adducteurs de la hanche possĂšde la valeur prĂ©dictive la plus Ă©levĂ©e pour exclure une blessure aiguĂ« de ces structures (Serner et al. 2016).

Les gestes nĂ©cessitant une contraction excentrique des adducteurs sont trĂšs frĂ©quemment symptomatiques chez ces patients (Bouvard et al. 2012). Les patients rapporteront Ă©galement une augmentation des douleurs lors d’accĂ©lĂ©rations rapides, lors de freinages et lors des changements brutaux de direction (Orchard et al. 1998 ; Farber et al. 2007 ; Jansen et al. 2008 ; Morales-Conde et al. 2010 ; Morelli et al. 2005) qu’on retrouve dans de nombreuses phases de jeu du football, du hockey, ou du rugby
.

En pratique, le thĂ©rapeute peut rĂ©aliser un test simple : le Squeez Test pour les adducteurs de hanche. Le patient est sur le dos, les genoux flĂ©chis, on va lui demander de serrer les genoux Ă  diffĂ©rents angles de flexion de hanche : 45°, 90° et 0° (genoux tendus). Classiquement, les adducteurs seront plus douloureux si on effectue le test jambes tendues (0°). Le fait que ce test soit davantage douloureux en position d’« extension» de hanche plutĂŽt qu’en flexion permet de mettre en Ă©vidence une souffrance des adducteurs (Light et al. 2015).

Toutefois, s’il est vrai que la douleur provoquĂ©e par la contraction rĂ©sistĂ©e des muscles adducteurs semble ĂȘtre le signe le plus sensible, il est cependant trĂšs peu spĂ©cifique. En effet, Ă©tant donnĂ© l’étroite relation des diffĂ©rentes structures anatomiques dans cette zone, ce test peut tout aussi bien ĂȘtre positif pour une vĂ©ritable atteinte des adducteurs tout comme pour une atteinte de la symphyse pubienne ou du canal inguinal (Garvey et al. 2010 ; Morelli et al. 2005 ; Harmon et al. 2007 ; Verrall et al. 2005).

Les athlĂštes souffrant de douleurs de l'aine liĂ©es aux adducteurs et au pubis ont Ă©galement montrĂ© une diminution de l’abduction de la hanche et de la force des muscles abdominaux (Kloskowska et al. 2016 ; Mosler et al. 2015).

En pratique, il est probable de rencontrer des formes aiguës (traumatiques) et plus fréquemment des formes chroniques (micro-traumatiques).

Globalement, Thorborg et al. (2018) indiquent dans leur papier que de nouvelles études examinant la précision de l'examen clinique des tests de provocation de la douleur par palpation, étirement et résistance chez les athlÚtes souffrant de blessures aiguës à l'aine ont été publiées depuis la réunion de l'accord de Doha (Serner et al. 2015 ; Serner et al. 2016). Ces études démontrent que l'examen clinique est précis pour localiser les blessures aiguës aux adducteurs, généralement avec une précision supérieure à 90 % pour les différents tests des adducteurs (Serner et al. 2016).

1.1 LĂ©sions traumatiques

Les blessures aiguës font référence à la maniÚre dont l'athlÚte a ressenti la douleur pour la premiÚre fois, c'est-à-dire une apparition soudaine (Weir et al. 2015). Les lésions traumatiques surviennent fréquemment aprÚs une contraction excentrique soudaine (McIntyre et al. 2006).

Le thĂ©rapeute devra faire une anamnĂšse approfondie Ă  la recherche du mĂ©canisme lĂ©sionnel, d’une Ă©ventuelle notion de craquement, d’une impotence fonctionnelle rapide. À l’interrogatoire on retrouve souvent un dĂ©but brutal puis une Ă©volution chronique de la douleur aggravĂ©e par les gestes ou postures Ă©tirant les adducteurs. Il est Ă  noter que la prĂ©sence retardĂ©e d’une ecchymose Ă  la face mĂ©diale de la cuisse constitue un signe de gravitĂ©.

L’examen clinique comprendra une palpation des structures douloureuses, des tests de contraction rĂ©sistĂ©, des tests d’étirement
 Toutefois, dans les cas d’une douleur intense, il peut ĂȘtre difficile voire impossible d'effectuer un examen physique approfondi dans les premiers jours (Bouvard et al. 2012).

Il est important de faire comprendre au patient que si la lésion est négligée, le risque de récurrences et de récidives est important.

La majoritĂ© des Ă©tudes traitent des douleurs de l’aine de longue date. Cette notion de longue date ne fait pas rĂ©fĂ©rence au mĂ©canisme d’apparition mais plutĂŽt Ă  la durĂ©e des symptĂŽmes.

1.2 LĂ©sions chroniques

On a plutĂŽt tendance Ă  parler d’enthĂ©sopathie plutĂŽt que de tendinopathie vraie pour dĂ©signer ces lĂ©sions microtraumatiques chroniques (McIntyre et al. 2006 ; Hölmich et al. 2009). Le patient a tendance Ă  prĂ©senter des douleurs dans la zone sous-pubienne, Ă  la face mĂ©diale de la racine de la cuisse. À l’examen clinique, les symptĂŽmes sont reproduits lors de la contraction rĂ©sistĂ©e et Ă  la palpation.

Si l’imagerie est nĂ©gative, la douleur ressentie au niveau des adducteurs peut faire penser Ă  une souffrance des nerfs ilio-inguinaux et ilio-hypogastriques dans le canal inguinal. Un bloc anesthĂ©sique (Weir et al. 2009) de ces nerfs permettra de lever le doute.

Dans certains cas, l’inflammation chronique des structures voisines ou bien la fibrose provoquĂ©e par des lĂ©sions musculaires rĂ©pĂ©tĂ©es peuvent provoquer un « entrappement » ou une compression du nerf obturateur (Bruckner et al. 1999). Cette compression Ă  tendance Ă  se localiser au niveau du foramen obturateur pouvant alors provoquer des paresthĂ©sies et des douleurs lors de l’étirement des adducteurs ou lors de la rotation externe contrariĂ©e de la hanche (Morelli et al. 2005). Dans ce cas, un bloc anesthĂ©sique et/ou un Ă©lectromyogramme (aprĂšs 3 mois) peuvent venir confirmer l’atteinte du nerf (Morelli et al. 2005 ; Bruckner et al. 1999).

2 - Douleurs de l’aine liĂ©es aux flĂ©chisseurs de hanche

Les douleurs de l’aine liĂ©es aux flĂ©chisseurs de hanche (ilio-psoas et droit fĂ©moral) peuvent ĂȘtre identifiĂ©es par :

- une douleur Ă  la palpation du muscle Ă  travers la paroi abdominale (bien que les structures soient tout de mĂȘme profondes)

- une douleur Ă  l’étirement passif (Test de Thomas positif)

- une faiblesse ou une douleur lors de la flexion de hanche résistée

- une attitude en hyperlordose et en antéversion du bassin (Silvis et al. 2011).

Le patient peut donc rapporter des difficultés et des douleurs dans diverses situations de la vie quotidienne :

- pour marcher ou courir sur de longues distances

- pour monter les escaliers

- en levant une jambe pour s’habiller

- pour monter ou descendre de voiture

- lors de la toux

Pour les lĂ©sions aiguĂ«s des flĂ©chisseurs de la hanche, il peut parfois ĂȘtre difficile de faire la distinction entre l'atteinte de l'iliopsoas ou du rectus femoris proximal sur la base des rĂ©sultats cliniques.

De la mĂȘme maniĂšre que pour les adducteurs :

- le patient peut présenter plusieurs entités, par exemple une atteinte des adducteurs et des fléchisseurs, ce qui peut complexifier le diagnostic.

- l'absence de douleur à la palpation des fléchisseurs de hanche possÚde la valeur prédictive la plus élevée pour exclure une blessure aiguë de ces structures (Serner et al. 2016).

3 - Douleurs de l’aine liĂ©es Ă  la symphyse pubienne

Les formes symphysaires pures reprĂ©sentent 7 Ă  17% des douleurs de l’aine (Vidalin et al. 2006). Ces atteintes constituent de vĂ©ritables pathologies microtraumatiques articulaires pouvant ĂȘtre dĂ©crites en 4 stades Ă©volutifs (Vidalin et al. 2006) :

- Le surmenage articulaire

- L’ostĂ©oenthĂ©sopathie symphysaire

- L’ostĂ©oarthropathie

- L’arthrose

Cette douleur irradie rarement au niveau des adducteurs ou du périnée (Atkins et al. 2010 ; McIntyre et al. 2006).

Typiquement la douleur peut ĂȘtre rĂ©veillĂ©e par la palpation et la compression de la symphyse pubienne (McIntyre et al. 2006, Fon et al. 2000) et des os immĂ©diatement adjacents. De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, les formes pubiennes sont insensibles Ă  la contraction musculaire (adducteurs et abdominaux) contre rĂ©sistance sauf en cas d’ƓdĂšme important (McIntyre et al. 2006). Éventuellement, la rĂ©pĂ©tition de sauts en appui unipodal alternĂ© pourrait reproduire les douleurs (Ellattar et al. 2016).

Toutefois, lors de l’accord de Doha de 2015, les experts ont constatĂ© qu’il n’existait pas de tests spĂ©cifiques capables de provoquer les douleurs de l’aine liĂ©es au pubis. Le diagnostic repose presque exclusivement sur l’examen clinique et l’anamnĂšse. Les radiographies sont rarement utiles. Chez des footballeurs ayant une longue expĂ©rience dans le football, il n’est pas rare de retrouver des arthropathies pubiennes non symptomatiques (O’Connell et al. 2002). Il est donc difficile de faire le lien avec les douleurs de l’aine. Lorsqu’il s’agit vĂ©ritablement d’une douleur de l’aine associĂ©e Ă  une forme symphysaire pure, l’évolution est longue (Bouvard et al. 2012).

4 - Douleurs de l’aine liĂ©es Ă  la zone pariĂ©to-abdominale

En français on parle de pathologies pariéto-abdominales, qui incluent donc le canal inguinal.

Dans cette entitĂ© clinique, les formes d’installation progressive sont bien plus frĂ©quentes que les formes traumatiques. Les chirurgiens constatent frĂ©quemment des dĂ©fauts sur la paroi postĂ©rieure (lĂ©sion de l’aponĂ©vrose de l’oblique externe, dĂ©hiscence du tendon conjoint, du ligament inguinal et du fascia transversalis) mais Ă©galement des dĂ©fauts de la paroi antĂ©rieure (hockey) du canal inguinal (Farber et al. 2007 ; Caudill  et al. 2008 ; Harmon et al. 2007  ; Swan et al. 2006 ; Tyler et al. 2010; Fon et al. 2000 ;  Irshad et al. 2001).

Ces dĂ©fauts de paroi du canal inguinal peuvent provoquer dans un second temps des compressions et des irritations des nerfs sensoriels inguinaux (ilio-inguinaux et ilio-hypogastriques et de la branche gĂ©nitale des nerfs gĂ©nito-fĂ©moraux) (Comin et al. 2013). Cette thĂ©orie a Ă©tĂ© plus ou moins confirmĂ©e par la fait que des anesthĂ©sies de ces nerfs peuvent parfois arrĂȘter les symptĂŽmes chez les patients douloureux chroniques.

Lors de l’anamnĂšse, le thĂ©rapeute recherchera une douleur inguinale en regard du canal inguinal (McIntyre et al. 2006). Cette douleur est gĂ©nĂ©ralement localisĂ©e plus haut que dans les formes tendineuses liĂ©es aux adducteurs mais peut irradier vers le bas vers les adducteurs, testicules et scrotum (Farber et al. 2007). Le patient rapportera un dĂ©clenchement des douleurs aprĂšs la pratique sportive et/ou au lever du lit (Farber et al. 2007 ; Meyers et al. 2000, Swan et al. 2006).
Cette douleur doit s’effacer avec le repos (Meyers et al. 2000 ; McIntyre et al. 2006). Lors de l’examen clinique, les douleurs peuvent ĂȘtre rĂ©veillĂ©es par une palpation du ligament inguinal et aucune hernie inguinale palpable n’est prĂ©sente (Ahumada et al. 2005 ; Hackney et al. 1993).

Dans l’accord de Doha rĂ©alisĂ© en 2015, les experts ont convenu que la douleur de l’aine d’origine inguinale Ă©tait plus probable si la douleur Ă©tait aggravĂ©e par des tests de rĂ©sistance des muscles abdominaux ou par des efforts de toux, Ă©ternuements, Valsalva (Weir et al. 2015). Si le patient ne prĂ©sente aucun signe de Valsalva positif, on pourrait trĂšs bien exclure avec une bonne certitude une souffrance d’origine pariĂ©to-abdominale.

En termes de kinĂ©sithĂ©rapie, on est moins efficace Ă  ce jour sur cette forme pariĂ©to-abdominale. Aucune solution intĂ©ressante n’a Ă©tĂ© proposĂ©e si ce n’est la gestion de la charge... De plus, on observe un taux de rĂ©cidives important chez ces patients.

5 - Et si c'Ă©tait la hanche ?

Comme nous l’avons mentionnĂ© prĂ©cĂ©demment, l’un des principaux dĂ©fis pour le thĂ©rapeute est que les personnes qui prĂ©sentent des douleurs Ă  l’aine peuvent prĂ©senter une combinaison d’élĂ©ments pathologiques Ă©tant donnĂ© que des problĂšmes de hanche d’origine articulaire peuvent coexister avec d’autres causes de douleur de l’aine. MĂȘme s’il est vrai que les douleurs de l’articulation de hanche peuvent provoquer des douleurs dans l’aine (Griffin et al. 2016), elles seront plus frĂ©quemment situĂ©es en latĂ©ral vers la fesse.

D’autres signes nous ferons Ă©galement penser Ă  une douleur articulaire de hanche ou du labrum.

- Augmentation des douleurs lors du passage de la position assise Ă  debout (en sortant de la voiture par exemple).

- Sensation de ressaut ou de blocage dans différentes pistes de mouvements ?

- Sensation de raideur de la hanche ?  

- Clusters de tests :

o FADIR : Flexion, adduction, rotation interne positif ?

o FABER : Flexion, abduction, rotation externe positif ?

o Mise en Ă©vidence d’une perte d’amplitude ? (Conflit fĂ©moro-acĂ©tabulaire)

La plupart des tests cliniques de l'articulation de la hanche ont une bonne sensibilitĂ© mais une faible spĂ©cificitĂ©, (Whittaker et al. 2015 ; Mosler et al. 2015) autrement dit, ces derniers peuvent ĂȘtre utilisĂ©s dans la pratique pour exclure une douleur de l’aine associĂ©e Ă  la hanche.

Un test positif ne peut qu'indiquer la nécessité d'un examen plus approfondi de la hanche (Reiman et al. 2015 ; Reiman et al. 2013).

Certains patients prĂ©sentent simultanĂ©ment des pathologies de l'articulation de la hanche et un syndrome de douleur de l'aine, Ă©tant donnĂ© que l'activitĂ© physique sollicite ces 2 zones simultanĂ©ment. Il est possible que dans certains cas, la compensation biomĂ©canique provoquĂ©e par l’atteinte de la hanche ajoute un stress mĂ©canique sur l’articulation pubienne pouvant entraĂźner un syndrome de douleur de l’aine (Hammoud et al. 2014).

Il faut Ă©galement garder Ă  l’esprit que les symptĂŽmes des diffĂ©rentes causes de douleur de l’aine peuvent se combiner. À ce moment-lĂ , l’imagerie diagnostique est nĂ©cessaire pour corroborer les symptĂŽmes de l'athlĂšte et les rĂ©sultats cliniques (Reiman et al. 2014).

Cette approche a été établie par un panel de spécialistes et formulée dans l'Accord de Warwick de 2016 sur le syndrome de conflit fémoro-acétabulaire (FAI). Le syndrome de conflit fémoro-acétabulaire a été défini comme un trouble clinique de la hanche lié au mouvement avec une triade de symptÎmes, de signes cliniques et de résultats d'imagerie (Griffin et al. 2016). Les principaux symptÎmes du syndrome CFA sont des douleurs liées au mouvement ou à la position dans la région de la hanche ou de l'aine, (Griffin et al. 2016) avec un potentiel de cliquetis, d'accrochage, de blocage, de raideur, de mobilité réduite de la hanche ou d'abandon.

Par conséquent, les meilleures preuves actuelles soutiennent un examen complet (par exemple, antécédents subjectifs, dépistage, examen physique) de toute la région de l'aine pour les athlÚtes présentant des douleurs à l'aine.

Test de FABER :

6 - Une bonne indication en kinésithérapie ?

Si lors du bilan clinique on retrouve de nombreux Ă©lĂ©ments en faveur d’une enthĂ©sopathie isolĂ©e des adducteurs ou de l’ilio-psoas isolĂ© sans autres signes associĂ©s, Ă  ce moment-lĂ , on a un bon pronostic et une bonne indication d’un traitement en kinĂ©sithĂ©rapie. On sait qu’on va pouvoir proposer un traitement qui gĂ©nĂ©ralement suffira Ă  amĂ©liorer les choses.

Lorsqu’il s’agit plutĂŽt d’une forme pariĂ©to-abdominale, l’évolution est plus longue, nĂ©cessitant parfois une intervention chirurgicale.

g - Imagerie

L'imagerie ajoute-t-elle à la prise de décision clinique au-delà de son rÎle potentiellement important dans la détection/l'élimination d'une pathologie grave ? Lorsqu'une pathologie grave n'est pas suspectée, les lignes directrices du systÚme de classification de l'accord de Doha sont utiles (Weir et al. 2015).

Pour les athlĂštes prĂ©sentant des symptĂŽmes et des signes cliniques qui peuvent facilement ĂȘtre classĂ©s dans 1 ou plusieurs des 4 entitĂ©s cliniques dĂ©finies, il n'existe actuellement aucune preuve disponible suggĂ©rant une amĂ©lioration des indicateurs diagnostiques ou pronostiques avec l'imagerie (Branci et al. 2013).

De plus, l'utilisation inappropriĂ©e et excessive de l'imagerie peut ĂȘtre problĂ©matique, car la morphologie seule n'est pas synonyme de pathologie (Branci et al. 2015 ; Frank et al. 2015). La consĂ©quence d'une imagerie inutile est que les athlĂštes peuvent se concentrer sur ces changements tissulaires morphologiques normaux, ce qui peut leur faire craindre le mouvement et l'exercice et entraver un traitement efficace.

1 - Imagerie pour les douleurs à l'aine liées au pubis et aux adducteurs

Des rĂ©sultats d'imagerie anormaux autour de la symphyse pubienne sont frĂ©quemment rapportĂ©s chez les athlĂštes souffrant de douleurs Ă  l'aine liĂ©es aux adducteurs et au pubis (Branci et al. 2013). Bon nombre de ces rĂ©sultats, tels que l'ƓdĂšme de la moelle osseuse pubienne de bas grade, se retrouvent Ă©galement chez les athlĂštes asymptomatiques (Branci et al. 2015). Chez les joueurs de football avec et sans douleur Ă  l'aine, seuls des degrĂ©s Ă©levĂ©s d'ƓdĂšme de la moelle osseuse pubienne et une protrusion du disque articulaire symphysaire Ă©taient associĂ©s Ă  la douleur (Branci et al. 2015). L'ƓdĂšme de la moelle osseuse pubienne peut ĂȘtre dĂ©crit comme une rĂ©action de stress osseux, car les analyses histologiques des biopsies osseuses ne montrent aucun signe d'inflammation (Verrall et al. 2008).

Par consĂ©quent, le terme diagnostique « ostĂ©ite pubienne » n'est pas recommandĂ© sur la base des preuves actuelles. La question de savoir si un degrĂ© de sĂ©vĂ©ritĂ© plus Ă©levĂ© de l'ƓdĂšme de la moelle osseuse pubienne est associĂ©e Ă  un temps de rĂ©Ă©ducation plus long n'a jamais Ă©tĂ© rapportĂ©e, mais ne peut ĂȘtre Ă©cartĂ©e. Sur la base des preuves actuelles des rĂ©sultats d'imagerie en relation avec l'articulation symphysaire et l'os pubien adjacent, les cliniciens doivent tenir compte de l'Ăąge, du type de sport, de la charge et des symptĂŽmes prĂ©sentĂ©s par l'athlĂšte lors de l'interprĂ©tation de ces rĂ©sultats d'imagerie.

Chez les adolescents, les douleurs Ă  l'aine liĂ©es au pubis ou aux adducteurs peuvent ĂȘtre dues Ă  une apophysite (Sailly et al. 2015). Il s'agit d'une considĂ©ration diagnostique diffĂ©rentielle importante, car le pilier du traitement est la gestion supervisĂ©e de la charge. La meilleure modalitĂ© d'imagerie pour montrer les apophyses est la tomodensitomĂ©trie, une modalitĂ© dĂ©conseillĂ©e aux jeunes athlĂštes en raison de la forte dose de rayonnement ionisant. Au lieu de cela, l'Ăąge, la localisation de la douleur Ă  l'insertion de l'adducteur sur l'os pubien et l'aggravation inhabituelle de la douleur avec des exercices d'adducteurs devraient faire envisager ce diagnostic.

L'imagerie peut ĂȘtre envisagĂ©e pour dĂ©terminer la gravitĂ© initiale des lĂ©sions aiguĂ«s des muscles adducteurs. Les blessures par avulsion reprĂ©sentent une proportion Ă©levĂ©e de blessures au niveau de l'insertion proximale de l'adducteur long (Serner et al. 2018) et ces blessures ont gĂ©nĂ©ralement un temps de rĂ©Ă©ducation plus long que les blessures de grade infĂ©rieur (Schlegel et al. 2009 ; Werner et al. 2009). Par consĂ©quent, si une avulsion est suspectĂ©e, une Ă©chographie ou une IRM peuvent ĂȘtre utilisĂ©es pour confirmation (Serner et al. 2015 ; Serner et al. 2016). Chez les athlĂštes souffrant de douleurs Ă  l'aine liĂ©es aux adducteurs de longue date, l'Ă©chographie est souvent la modalitĂ© d'imagerie de choix (Hölmich et al. 2006).

2 - Imagerie pour la douleur inguinale Ă  l'aine

Dans les douleurs inguinales liĂ©es Ă  l'aine, l'Ă©chographie est aussi le plus souvent l'imagerie de choix, utilisĂ©e dans le cadre du processus de diagnostic. Une Ă©tiologie proposĂ©e de la douleur inguinale est que la faiblesse de la paroi abdominale postĂ©rieure conduit Ă  un renflement des structures abdominales qui comprime la branche gĂ©nitale du nerf gĂ©nito-fĂ©moral (Campanelli et al. 2010). Cette faiblesse peut parfois ĂȘtre visualisĂ©e par Ă©chographie dynamique. Cependant, le renflement seul n'a pas Ă©tĂ© associĂ© Ă  des douleurs Ă  l'aine, et il existe un risque Ă©levĂ© de rĂ©sultats faussement positifs en raison de la forte prĂ©valence de renflement chez les athlĂštes asymptomatiques (Orchard et al. 1998).

Actuellement, il n'existe aucune preuve de la validitĂ© ou de la reproductibilitĂ© de ces rĂ©sultats d'imagerie Ă©chographique (Branci et al. 2013 ; Orchard et al. 1998) et par consĂ©quent, les rĂ©sultats de l'Ă©chographie chez les athlĂštes souffrant de douleurs Ă  l'aine d'origine inguinale doivent ĂȘtre interprĂ©tĂ©s avec prudence.

3 - Imagerie pour la douleur à l'aine liée au psoas-iliaque

Chez les athlĂštes souffrant de douleurs Ă  l'aine, le diagnostic de douleurs Ă  l'aine liĂ©es au psoas iliaque peut parfois ĂȘtre difficile, (Serner et al. 2015) car une douleur gĂ©nĂ©ralisĂ©e peut entraĂźner plusieurs examens cliniques positifs (Serner et al. 2016). L'imagerie par rĂ©sonance magnĂ©tique ou l'Ă©chographie peuvent donc ĂȘtre utiles pour amĂ©liorer la prĂ©cision du diagnostic initial (Blankenbaker et al. 2008 ; Nelson et al. 2005), bien que les preuves concernant la pertinence thĂ©rapeutique ou pronostique de ces rĂ©sultats fassent actuellement dĂ©faut.

4 - Imagerie pour la douleur à l'aine liée à la hanche

Dans les douleurs Ă  l'aine liĂ©es Ă  la hanche, il existe plusieurs cas oĂč l'imagerie peut aider au diagnostic (Reiman et al. 2015 ; Reiman et al. 2013 ; Reiman et al. 2017). Comme mentionnĂ© prĂ©cĂ©demment, l'Ă©valuation des mesures radiologiques de la morphologie en came et/ou en pince est nĂ©cessaire pour le diagnostic du syndrome CFA (Griffin et al. 2016). L'imagerie diagnostique initiale devrait donc inclure une radiographie antĂ©ropostĂ©rieure du bassin et une vue latĂ©rale du col du fĂ©mur pour examiner la morphologie osseuse de la hanche et dĂ©terminer la prĂ©sence d'autres sources possibles de douleur Ă  l'aine liĂ©e Ă  la hanche (Griffin et al. 2016).

Dans des Ă©tudes prospectives, la prĂ©sence d'une dysplasie acĂ©tabulaire et la prĂ©sence d'une morphologie cam sont associĂ©es Ă  un risque jusqu'Ă  5 fois (Agricola et al. 2013 (b)) et 10 fois (Agricola et al. 2013 (a) ; Nicholls et al. 2011) supĂ©rieur de dĂ©veloppement de l'arthrose, respectivement, dans les cohortes d'Ăąge moyen prĂ©sentant des douleurs Ă  la hanche. La morphologie de la grande came, dĂ©finie comme un angle alpha supĂ©rieur Ă  78°, a Ă©tĂ© identifiĂ©e comme le seuil le plus distinctif des hanches qui dĂ©veloppent une arthrose (Agricola et al. 2014). En revanche, il semble que la prĂ©sence d'une dĂ©formation en pince puisse avoir un effet protecteur contre le dĂ©veloppement de l'arthrose (Agricola et al. 2014 ; Saberi Hosnijeh et al. 2017). On ignore actuellement si ces rĂ©sultats peuvent ĂȘtre extrapolĂ©s aux athlĂštes de moins de 40 ans. Chez les athlĂštes plus ĂągĂ©s, l'arthrose de la hanche doit toujours ĂȘtre envisagĂ©e et est cliniquement indiquĂ©e par une flexion de la hanche de 115° ou moins et une rotation interne de la hanche infĂ©rieure Ă  15°, et vĂ©rifiĂ©e radiographiquement comme un rĂ©trĂ©cissement de l'espace articulaire ou la prĂ©sence d'ostĂ©ophytes fĂ©moraux ou acĂ©tabulaires (Altman et al. 1991).

Si une Ă©valuation plus approfondie de la morphologie, du cartilage ou de la lĂ©sion labrale est justifiĂ©e, une imagerie en coupe transversale est appropriĂ©e, de prĂ©fĂ©rence en utilisant une IRM 3,0-T (Agricola et al. 2014 ; Griffin et al. 2016). ConformĂ©ment Ă  l'accord de Warwick (Griffin et al. 2016) et Ă  d'autres travaux, (Reiman et al. 2015) il est recommandĂ© que les rĂ©sultats d'imagerie de la pathologie intra-articulaire soient appariĂ©s avec les rĂ©sultats de l'examen clinique et les symptĂŽmes de l'athlĂšte avant qu'un diagnostic spĂ©cifique ne soit fourni sous l'Ă©gide de douleurs Ă  l’aine associĂ©es Ă  la hanche.

Sur la base des nombreux résultats faussement positifs et du manque de compréhension entre la pathologie sous-jacente spécifique et sa manifestation spécifique à l'imagerie, l'utilisation de l'imagerie comme principal guide de traitement n'est pas recommandée. Cependant, comme mentionné précédemment, l'imagerie a un rÎle dans la détection de pathologies graves et peut, dans certains cas, également servir à donner plus de crédibilité au processus de bilan diagnostique s'il correspond aux signes cliniques et aux symptÎmes.

h - Quand les patients consultent-ils ?

Habituellement, l’athlĂšte qui souffre de douleurs Ă  l’aine se prĂ©sente pour une Ă©valuation aprĂšs plusieurs mois voire plusieurs annĂ©es dans certains cas (Ahumada et al. 2005 ; Genitsaris et al. 2004 ; Kluin et al. 2004). Or, ce syndrome est d’autant plus long et difficile Ă  guĂ©rir que le diagnostic lĂ©sionnel prĂ©cis est tardif (Farber et al. 2007 ; Caudil et al. 2008 ; Jansen et al. 2008 ; Meyers et al. 2000). Ce dernier est gĂ©nĂ©ralement confirmĂ© entre 6 semaines et 5 ans (en moyenne 20 mois) aprĂšs les premiers symptĂŽmes (Caudil et al. 2008 ).

En effet, la plupart des athlĂštes souffrant de douleurs Ă  l'aine continuent de s'entraĂźner pendant plusieurs mois avant que la douleur ne les oblige Ă  cesser de pratiquer leur activitĂ© (Thorborg et al. 2014). Or la poursuite de l’activitĂ© sportive avec ces douleurs peut entraĂźner des stratĂ©gies de compensations inadĂ©quates et une diminution des fonctions et des performances (Edwards et al. 2017 ; Franklyn-Miller et al. 2017 ; Janse van et al. 2017)

En l’absence de traitement, les douleurs peuvent progressivement survenir plus frĂ©quemment et plus rapidement pendant et aprĂšs la fin de l’effort, en durant plus longtemps jusqu’à empiĂ©ter dans les activitĂ©s de la vie courante du patient (Bouvard et al. 2012). C’est ainsi que certains patients se plaignent de douleurs en se levant du lit, lors de changements de positions pendant leur sommeil ou encore en sortant de leur voiture (Bouvard et al. 2012).

S’il est vrai que l’abandon des activitĂ©s provoquant les douleurs, et l’abandon de toute activitĂ© physique en gĂ©nĂ©ral, peut sembler une solution au premier abord, on observe toutefois un taux de rĂ©cidive important lors du retour au sport (Farber et al. 2007). Ce syndrome est effectivement particuliĂšrement rĂ©current, notamment dans les sports collectifs professionnels (32 Ă  44%) lorsque les facteurs physiopathologiques ne sont pas corrigĂ©s (McIntyre et al. 2006 ; Tyler et al. 2010). Il a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© qu’un antĂ©cĂ©dent de syndrome pubien multiplie par 2 le risque d’un nouvel Ă©pisode (Hölmich et al., 2009) et par 3 si le patient est sportif de haut niveau (Garvey et al. 2010 ; Hölmich et al. 2009).

Étant donnĂ© les consĂ©quences que peut engendrĂ© le syndrome pubien sur la fonction physique, il conviendra d’évaluer l'amplitude articulaire, la force musculaire, la fonction et la performance et les mesures appropriĂ©es des rĂ©sultats rapportĂ©s par le patient (Reiman et al. 2014).

i - Évaluation de la fonction et de l’incapacitĂ©

1 - ROM de la hanche

Nous l’avons vu plus haut, il existe des preuves contradictoires quant Ă  savoir si les athlĂštes souffrant de douleurs Ă  l'aine ont des dĂ©ficiences en ROM par rapport aux tĂ©moins (Kloskowska et al. 2016 ; Mosler et al. 2015 ; Tak et al. 2017). Une revue systĂ©matique de 2016 examinant les dĂ©ficiences chez les athlĂštes n'a rapportĂ© aucune diffĂ©rence significative dans la ROM entre les athlĂštes atteints du syndrome CFA et les tĂ©moins sains (Freke et al. 2016).
La valeur clinique de l'inclusion de la ROM de hanche reste encore incertaine. S'il existe des diffĂ©rences ou des changements clairement mesurables d'un cĂŽtĂ© Ă  l'autre entre le test et le retest (supĂ©rieurs Ă  5°), (ThomeĂ© et al. 2014) cela pourrait alors potentiellement Ă©clairer les stratĂ©gies de gestion ciblĂ©es individuellement (Griffin  et al. 2016). Cependant, il est important de chercher Ă  comprendre si les restrictions d’amplitude sont causĂ©es par la morphologie osseuse ou sont la consĂ©quence d'un statut chondral sous-jacent et/ou d'une protection musculaire protectrice.

2 - Force musculaire de la hanche

Les athlÚtes souffrant de douleurs à l'aine liées aux adducteurs et au pubis ont également montré une réduction de l'abduction de la hanche et de la force des muscles abdominaux (Kloskowska et al. 2016 ; Mosler et al. 2015).

Les mesures objectives de la force de la hanche dans tous les plans de mouvement sont donc importantes. Lors de l'utilisation du dynamomĂ©tre manuel, les rĂ©sultats peuvent ĂȘtre interprĂ©tĂ©s soit sur la base de valeurs normatives publiĂ©es pour des populations spĂ©cifiques (types d'athlĂštes) (Mosler et al. 2017), soit en comparaison avec le membre non affectĂ© chez les individus prĂ©sentant une blessure unilatĂ©rale (Mosler et al. 2017).

Lors de la comparaison avec le cĂŽtĂ© non affectĂ©, un indice de symĂ©trie du membre infĂ©rieur peut alors ĂȘtre calculĂ© en divisant la force du membre affectĂ© par celle du membre non affectĂ©.

De plus, les rapports entre les groupes de muscles agonistes et antagonistes de la hanche ont été rapportés pour les athlÚtes avec et sans douleur à l'aine, fournissant des critÚres de référence supplémentaires pour mesurer les progrÚs (Mosler et al. 2017 ; Thorborg et al. 2013 ; Thorborg et al. 2011 ; Tyler et al. 2001).  

Cliniquement, les changements/diffĂ©rences de la force musculaire supĂ©rieurs Ă  15% Ă  20% peuvent ĂȘtre appliquĂ©e de maniĂšre fiable dans toutes les directions de mouvement de la hanche en utilisant le mĂȘme testeur (Thorborg et al. 2011). Il est intĂ©ressant de noter que des dĂ©ficits supĂ©rieurs Ă  20% pour les adducteurs et les abdominaux ont Ă©tĂ© frĂ©quemment documentĂ©s chez des athlĂštes souffrant de douleurs liĂ©es aux adducteurs et au pubis (Malliaras et al. 2009 ; Nevin et al. 2014 ; Sayed Mohammad et al. 2014 ; Thorborg et al. 2014). Le test de force de compression des adducteurs est une mesure clinique trĂšs prĂ©cise (Light et al. 2016 ; Malliaras et al. 2009). Chez les athlĂštes souffrant de douleurs liĂ©es aux adducteurs et au pubis, une Ă©valuation numĂ©rique de la douleur (0-10) peut ĂȘtre obtenue simultanĂ©ment, (Wollin et al. 2018) et le test est un indicateur rapide et valide de la fonction sportive spĂ©cifique Ă  la hanche et Ă  l'aine (Thorborg et al. 2017).

3 – Évaluation fonctionnelle et performance physique

Une revue systématique de 2015 soutient l'utilisation du Single Leg Stance, du squat unipodal, et du star excursion balance test pour les athlÚtes souffrant d'une pathologie de la hanche (Diamond et al. 2015). Cependant, les déficits de performance fonctionnelle et physique n'ont pas été systématiquement rapportés chez les athlÚtes, à moins qu'une pathologie de la hanche ou des antécédents de chirurgie de la hanche ne soient présents (Wörner et al. 2017).

Chez les athlÚtes qui ne présentent pas de pathologie claire de la hanche ou d'antécédents de chirurgie de la hanche, la diminution de la performance fonctionnelle n'a été documentée qu'en laboratoire, à l'aide d'une analyse du mouvement en 3D, montrant des changements et des différences dans la cinématique lors de mouvements nécessitant des changements de direction (Edwards et al. 2017 ; Franklyn-Miller et al. 2017).
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Bien que ces rĂ©sultats soient intrigants, on ne sait pas encore dans quelle condition ces mesures cinĂ©matiques sont applicables en clinique et comment elles sont liĂ©es Ă  la prise en charge. Les mesures de performance qui incluent le temps de « cutting » (changement de direction) semblent toutefois prometteuses, car l’action de « cutting » est fonctionnellement liĂ©e Ă  l'amplitude de l'inclinaison latĂ©rale du bassin et Ă  la rotation latĂ©rale du thorax (Marshall et al. 2014). De plus, le test du temps de cutting est fiable et possible dans la plupart des contextes cliniques (Marshall et al. 2014). Des recherches supplĂ©mentaires sont toutefois nĂ©cessaires avant de suggĂ©rer la mise en Ɠuvre clinique standard et gĂ©nĂ©ralisĂ©e de tests liĂ©s Ă  la performance pour les athlĂštes souffrant de douleurs Ă  l'aine non liĂ©es Ă  la hanche.

4 - Mesures des résultats rapportés par les patients

Les athlÚtes souffrant de douleurs à l'aine présentent des réductions substantielles des scores obtenus dans les questionnaires d'auto-évaluation de la douleur, de la fonction physique, de la participation/performance et de la qualité de vie (Sansone et al. 2014 ; Thorborg et al. 2014). Le Copenhagen Hip and Groin Outcome Score (HAGOS) et le Hip Outcome Tool international sont des mesures fiables, valides et adaptées aux patients souffrant de douleurs à la hanche et/ou à l'aine (Thorborg et al. 2015). Ces deux mesures ont récemment été traduites et validées dans différentes langues et par différents groupes de recherche, et des valeurs de référence ont été fournies dans différents sous-groupes (Thorborg et al. 2015).

La rĂ©alisation standard et rĂ©pĂ©tĂ©e de l'HAGOS et/ou de l'outil international Hip Outcome Tool peut aider Ă  Ă©valuer les progrĂšs et Ă  guider le plan de traitement. Cliniquement, des changements de 10 Ă  30 points peuvent ĂȘtre mesurĂ©s au niveau individuel, en fonction de la population spĂ©cifique de patients et de la sous-Ă©chelle utilisĂ©e (ThomeĂ© et al. 2014 ; Thorborg et al. 2011). De tels changements dĂ©passent Ă©galement le changement minimal important, (ThomeĂ© et al. 2014 ; Thorborg et al. 2011) et la plupart des athlĂštes souffrant de douleurs Ă  l'aine chercheront un traitement lorsque leurs scores HAGOS pour la fonction et la participation/performance liĂ©es au sport seront infĂ©rieurs Ă  50 points sur une Ă©chelle de 100 points, 100 points indiquant une fonction parfaite (Sansone et al. 2014 ; Thorborg et al. 2014).

Pour déterminer quels sont les facteurs psycho-sociaux à prendre en compte chez nos patients, il est intéressant de réaliser le FABQ.

j – Quelles mesures cliniques pour Ă©valuer la progression de la rĂ©Ă©ducation ?

MalgrĂ© la forte prĂ©valence des lĂ©sions aiguĂ«s de l'adducteur dans le sport il n'est pas clair de savoir quelles mesures cliniques devraient ĂȘtre utilisĂ©es pour Ă©valuer les progrĂšs de la rĂ©Ă©ducation.

C’était l’objectif de l’étude prospective de Serner et al en 2021.

Dans leur étude, les athlÚtes masculins souffrant de blessures aiguës aux adducteurs ont reçu un programme de rééducation standardisé basé sur des critÚres, avec 4 mesures cliniques répétées pendant la rééducation : l'étendue de la douleur à la palpation (longueur et largeur en centimÚtres), le test de chute du genou fléchi (BKFO ; en centimÚtres), l'amplitude du mouvement d'abduction de la hanche (en degrés) et la force d'adduction excentrique de la hanche (en Newton-mÚtres par kilogramme). Serner et son équipe ont analysé l'association entre chaque mesure clinique et le pourcentage de progression de la rééducation jusqu'au retour au sport (RTS), divisé en deux étapes RTS : (1) absence de douleur clinique, et (2) achÚvement d'un entraßnement sportif contrÎlé.

Les auteurs ont indiqué que les quatres mesures cliniques répétées expliquent individuellement 13 à 36 % de la variation de la progression de la rééducation que les analyses soient effectuées pour RTS1 ou RTS2. L'étendue de la douleur à la palpation (longueur et largeur) expliquait la variance la plus élevée de la progression de la rééducation avec une association linéaire vers l'absence de douleur (RTS1), aprÚs quoi elle est restée sans douleur. Les mesures de la force excentrique ont considérablement augmenté relativement tÎt dans la rééducation, et ont ensuite continué à augmenter avec de plus petits incréments tout au long de la rééducation. Les deux mesures de flexibilité (BKFO et ROM ABD de la hanche) se sont améliorées trÚs tÎt et étaient similaires à celles du cÎté non blessé aprÚs environ 20-40% de la durée totale de la rééducation. Les améliorations de l'une ou l'autre des mesures cliniques n'ont fourni qu'une impression approximative de la récupération, sans permettre de définir un point précis de récupération pendant la rééducation.

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