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La tendinopathie patellaire - Traitement & Prise en charge

EBP Module
Updated
5/25/2024
Jérémy Vanderweyen
Kinésithérapeute
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3 - Traitement - Prise en charge

Vous pouvez télécharger ici une fiche pratique vous permettant de prescrire des exercices à votre patient.

a - Éducation thĂ©rapeutique

Dans un premier temps, il semble important de bien expliquer au patient la relation entre la charge et la blessure. Le modÚle de l'homéostasie tissulaire de Dye (2005) permet d'expliquer schématiquement cette relation.
Vous pouvez télécharger ici une fiche que vous pouvez transmettre à votre patient pour lui expliquer le principe de la quantification du stress mécanique.

Il est Ă©galement important de prĂ©venir le patient que la rĂ©Ă©ducation va prendre du temps et qu’il va falloir ĂȘtre patient pour voir les premiers rĂ©sultats du renforcement. Il est important de suivre le plan de traitement. La durĂ©e moyenne des symptĂŽmes est de 19 mois et peut dĂ©passer 32 mois chez les athlĂštes d’élite (Swenson et al. 2013).

« Traitez le donut, pas le trou » est une métaphore que de nombreux praticiens ont déjà entendue. Dans cette métaphore, le trou correspond au tendon dégénératif et le donut correspond au tendon sain ou réactif.
De maniÚre générale, le thérapeute va souvent travailler avec des patients qui ont une partie du tendon qui est dégénérative et une partie du tendon qui est réactive et donc douloureuse.

Concernant la partie dĂ©gĂ©nĂ©rative, les interventions influençant la structure sont moins pertinentes, car la pathologie semble avoir une rĂ©versibilitĂ© limitĂ©e. Cela est dĂ» au fait que les rĂ©gions du tendon dĂ©gĂ©nĂ©ratif peuvent ĂȘtre mĂ©caniquement silencieuses (c’est-Ă -dire incapables de transmettre et de sentir la charge de traction due Ă  une dĂ©sorganisation fibrillaire) et ne rĂ©pondent donc pas Ă  la mise en charge.
L’incapacitĂ© de charger les cellules du tendon pour fournir suffisamment de stimulus pour l’adaptation peut expliquer la rĂ©versibilitĂ© limitĂ©e des tendons dĂ©gĂ©nĂ©ratifs. Par consĂ©quent, la rĂ©alisation des traitements dans l’espoir de guĂ©rir le tendon dĂ©gĂ©nĂ©ratif est futile (thĂ©rapie manuelle, chaleur, etc.).
De plus, un tendon pathologique semble compenser efficacement les zones de désorganisation en modifiant son architecture pour maintenir des volumes suffisants de fibres de collagÚne alignées (Docking et al. 2015).
Par conséquent, Docking et al suggÚrent que les traitements devraient viser à améliorer la force et la capacité du tendon dans le volume existant de tendon normal (Docking et al. 2015).

La modulation des symptĂŽmes peut ĂȘtre rĂ©alisĂ©e avec des approches passives, mais elles ont des avantages limitĂ©s Ă  court terme et ne visent pas l’inhibition motrice, la force musculaire rĂ©duite et la capacitĂ© de chargement des tendons. LES TENDONS DOIVENT ÊTRE CHARGÉS !

De nombreuses mĂ©thodes de traitement de la TP ont Ă©tĂ© Ă©valuĂ©es, et il n’existe pas de vĂ©ritable consensus sur la stratĂ©gie de traitement la plus efficace.
De nombreuses techniques ont Ă©tĂ© utilisĂ©es pour traiter cette affection, notamment les exercices (isomĂ©triques, excentriques et isotoniques), le strapping et le taping, les injections d’agents sclĂ©rosants, les ultrasons pulsĂ©s de faible intensitĂ©, la thĂ©rapie par ondes de choc, les injections de plasma riche en plaquettes (PRP), les injections de corticostĂ©roĂŻdes, le dry Needling et enfin la chirurgie (Everhart et al. 2017 ; Vander-Doelen et al. 2019).

Nous l’avons vu prĂ©cĂ©demment, la tendinopathie peut ĂȘtre une lĂ©sion de surcharge. Sa rĂ©solution se base sur le concept de « load management » ou gestion de la charge. Si dans la majoritĂ© des cas, les modalitĂ©s de traitement passives permettent de diminuer la douleur, elles seront insuffisantes pour rendre au tendon ses capacitĂ©s. Par consĂ©quent, la clĂ© du succĂšs pour amĂ©liorer la qualitĂ© du tendon est de favoriser avant tout les modalitĂ©s de traitement actif.

La pratique d’exercices actifs est avant tout un prĂ©texte pour stresser le tendon, crĂ©er des adaptations et augmenter la capacitĂ© Ă  tolĂ©rer le stress mĂ©canique. La rĂ©ussite du traitement passera alors par un dosage rigoureux de ces exercices. Pour faire le parallĂšle avec la notion du verre et du robinet, l’objectif est d’augmenter ou de rĂ©-augmenter la taille du verre donc la capacitĂ© du tendon (Dubois et al. 2019).

Dans une rĂ©cente Ă©tude, l’auteur propose chronologiquement les 3 grands objectifs Ă  suivre (Muaidi 2020) :

  • Modulation de la douleur et gestion de la charge
  • Renforcement et mise en charge progressive
  • Renforcement fonctionnel et retour au sport

b - Modulation de la douleur et gestion de la charge

Dans un premier temps, le but recherchĂ© est de rĂ©duire la douleur en modifiant la charge imposĂ©e au tendon. La gestion de la charge et la modification de l’activitĂ© font partie des mĂ©thodes les plus efficaces pour rĂ©duire la douleur et les autres symptĂŽmes de la TP (Rudavsky et al., 2014). 

En termes de raisonnement, on pourrait imaginer que chez un patient qui se plaint de douleur antérieure du genou depuis trÚs peu de temps (1 ou 2 semaines par exemple), le simple fait de réduire la charge pourrait éventuellement suffire. En revanche, chez un patient qui rapporte une ou plusieurs récidives ou une plus longue histoire de symptÎmes, la phase de renforcement progressif sera davantage pertinente. 

Il existe de nombreuses façons de rĂ©duire la charge sur le tendon patellaire. Le joueur doit modifier son entraĂźnement et peut-ĂȘtre son temps de jeu, en rĂ©duisant la quantitĂ© de sauts ou de sprints dans une sĂ©ance, (par exemple au volleyball « faire 1 saut sur 2 » et puis on Ă©valuera l’irritabilitĂ© le lendemain avec le squat unipodal dĂ©clinĂ©). Il devra aussi rĂ©duire le nombre de jours comportant des charges importantes ainsi que le nombre total d’heures d’entraĂźnement hebdomadaire.

Le repos absolu est contre-indiquĂ© et une certaine mise en charge continue du membre infĂ©rieur qui n’inclut pas de charges de stockage d’énergie excessives (c’est-Ă -dire saut, changements de direction, dĂ©cĂ©lĂ©ration) sur le tendon est essentielle pour maintenir l’intĂ©gritĂ© du tendon, la fonction de la chaĂźne cinĂ©tique et la forme cardiovasculaire.

Introduction Ă  la mise en charge progressive du tendon

L'adaptation tendineuse via la mécanotransduction est un processus par lequel les stimuli mécaniques sont convertis en réponses cellulaires, favorisant des modifications structurelles tendineuses (Bohm et al., 2015 ; Khan & Scott, 2009). Cette notion fonde la pratique des exercices basés sur la charge, élevés au rang de gold standard pour la rééducation tendineuse (Cook et al., 2016 ; KjÊr et al., 2009 ; Rio, Kidgell, Purdam, et al. 2015). Les preuves actuelles attestent de l'efficacité des exercices de mise en charge dans la gestion des tendinopathies des membres inférieurs (Malliaras et al., 2013 ; Skjong et al., 2011 ; Everhart et al., 2016), bien que le mécanisme précis derriÚre la réduction de la douleur, appelé hypoalgésie induite par l'exercice (HIE), demeure partiellement élucidé (Bahr et al., 2006 ; Sayana et al., 2007 ; Clifford et al., 2019). La sensibilisation centrale pourrait jouer un rÎle chez certains patients non-répondants, notamment pour des douleurs musculosquelettiques chroniques (Naugle et al., 2012 ; Plinsinga et al., 2015).

Exercices excentriques: analyse et application

La stratégie d'entraßnement excentrique a été corroborée par des preuves significatives pour l'amélioration des symptÎmes de la tendinopathie patellaire (TP), notamment par l'augmentation des scores VISA post-traitement (Everhart et al., 2017 ; Dimitrios et al. 2012). Malgré l'usage répandu des contractions excentriques pour les tendinopathies chroniques (Alfredson et al., 1998 ; Jonsson & Alfredson, 2005 ; Mafi et al., 2001), leur efficacité n'est pas universelle (Fredberg et al., 2008 ; Purdam et al., 2004). Une attention particuliÚre est requise pour les athlÚtes actifs gérant simultanément leur pratique sportive et une tendinopathie patellaire (Cook & Purdam, 2014 ; Visnes et al., 2005).

La revue systématique de Llombart et al. 2024 a analysé les méta-analyses disponibles sur le traitement de la tendinopathie patellaire afin de résumer les recommandations basées sur les meilleures preuves actuelles. 

Concernant l'exercice excentrique, il a Ă©tĂ© reconnu bĂ©nĂ©fique dans le traitement de la tendinopathie patellaire. Cependant, son efficacitĂ© fait l'objet de controverses en raison des diffĂ©rences dans les protocoles d'exercice utilisĂ©s dans diverses Ă©tudes. Des preuves suggĂšrent que l'exercice excentrique peut amĂ©liorer les symptĂŽmes Ă  court terme de la tendinopathie patellaire. NĂ©anmoins, il peut ĂȘtre difficile de dĂ©terminer si ces exercices ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s de maniĂšre adĂ©quate et si les protocoles d'exercice sont suffisants. De plus, il se pourrait qu'il n'existe pas d'approche universelle en termes de protocoles d'exercice, et il pourrait ĂȘtre nĂ©cessaire de personnaliser les exercices selon les besoins individuels des patients.

Les contractions isométriques comme intervention antalgique

Bien qu'omises dans la revue systĂ©matique d'Everhart et al. de 2017, les contractions isomĂ©triques ont rĂ©cemment suscitĂ© un intĂ©rĂȘt significatif, soutenu par des preuves encourageant leur utilisation pour la tendinopathie patellaire symptomatique. Ces contractions ont dĂ©montrĂ© des amĂ©liorations de la douleur, de la fonction et de l'inhibition (Rio, Kidgell, Purdam, et al. 2015 ; Rio, van Ark, Docking, et al.2016 ; van Ark et al., 2015), avec une acceptation remarquable lorsqu'elles sont intĂ©grĂ©es durant la saison sportive. Le protocole de cinq rĂ©pĂ©titions de 45 secondes Ă  70 % de la contraction volontaire maximale (CMV) s'est avĂ©rĂ© efficace pour attĂ©nuer la douleur jusqu'Ă  45 minutes post-exercice (Rio et al., 2015 ; Malliaras et al., 2015), bien que l'Ă©tude de Pietrosimone et al. (2020) suggĂšre que le mode de contraction n'influe pas significativement sur la biomĂ©canique de l'atterrissage ou les niveaux de douleur chez les athlĂštes masculins.

Comparaison entre contractions isométriques et dynamiques

Il ressort que les contractions isométriques ont un effet antalgique immédiat, alors que les exercices excentriques offrent des bienfaits à plus long terme (Vander Doelen et al. 2020 ; Lim et al. 2018). Néanmoins, la supériorité d'une modalité par rapport à une autre n'est pas définitivement établie (Holden et al. 2020 ; Clifford et al. 2020), soulignant l'importance de personnaliser le traitement en fonction du continuum de sévérité de la tendinopathie et des besoins spécifiques du patient.

En 2020 Breda et al ont comparĂ© l’efficacitĂ© d’une thĂ©rapie d’exercices de mise en charge progressive des tendons Ă  un programme ne contenant que des exercices de renforcement excentrique chez les patients atteints de tendinopathie patellaire (Breda et al., 2020). Les auteurs ont trouvĂ© que les exercices de mise en charge progressive des tendons ont donnĂ© lieu Ă  un rĂ©sultat clinique significativement meilleur aprĂšs 24 semaines que les EET (protocole excentrique). Selon Breda et al. 2020, les PTLE (protocole de mise en charge progressive) sont supĂ©rieurs aux EET et sont donc recommandĂ©s avec des exercices supplĂ©mentaires ciblant les facteurs de risque, la gestion de la charge et l’éducation du patient comme base du traitement pour les patients physiquement actifs atteints de TP.

En 2022, Breda et son Ă©quipe ont rĂ©alisĂ© une Ă©tude afin d’évaluer les associations entre : 1) la raideur initiale du tendon patellaire et le rĂ©sultat clinique aprĂšs la thĂ©rapie d'exercice chez les athlĂštes souffrant de tendinopathie patellaire et 2) le changement de la raideur du tendon patellaire et le rĂ©sultat clinique pendant la thĂ©rapie d'exercice de mise en charge progressive du tendon et la thĂ©rapie d'exercice excentrique.

Pour vous dĂ©crire rapidement l’étude, des athlĂštes souffrant de tendinopathie patellaire, ĂągĂ©s de 18 Ă  35 ans et pratiquant des sports sollicitant les tendons au moins 3 fois par semaine, ont Ă©tĂ© randomisĂ©s entre une thĂ©rapie d'exercice de mise en charge progressive des tendons (PTLE) et une thĂ©rapie d'exercice excentrique (EET) pendant 24 semaines. 

La PTLE (traitement interventionnel) a été réalisée dans les limites d'une douleur acceptable et a consisté en quatre étapes consécutives (exercices isométriques, isotoniques, pliométriques et spécifiques au sport) (Malliaras et al. 2015). Le groupe EET a effectué des squats unipodaux avec douleur habituelle sur une planche de déclin (Bourke et al. 2016).

La raideur du tendon patellaire a diminué de maniÚre significative au cours de la thérapie d'exercice chez les athlÚtes qui ont effectué une thérapie d'exercice de mise en charge progressive du tendon (PTLE), mais pas chez les athlÚtes qui ont effectué une thérapie d'exercice excentrique (EET) de soins habituels. La diminution de la rigidité a été associée de maniÚre significative à l'amélioration des résultats cliniques à 12 semaines chez tous les athlÚtes, et à 12 et 24 semaines chez les athlÚtes ayant suivi la PTLE.

Intensité de la charge: Quels impacts cliniques ?

En 2021, Agergaard et son Ă©quipe ont rĂ©alisĂ© un essai clinique randomisĂ© afin d’évaluer si l’importance de la charge influençait l’effet d’une intervention de charge de 12 semaines pour la tendinopathie patellaire Ă  court terme (12 semaines) et Ă  long terme (52 semaines).
Les auteurs ont conclu qu’il n’y avait pas d’effet supĂ©rieur de l’exercice avec une amplitude de charge Ă©levĂ©e (HSR ; 90% d’1 RM) par rapport Ă  une amplitude de charge modĂ©rĂ©e (MSR ; 55% d’1 RM) pour le rĂ©sultat clinique, la structure tendineuse ou la fonction tendineuse dans le traitement de la tendinopathie patellaire Ă  court terme. Le HSR et le MSR ont tous deux montrĂ© des amĂ©liorations continues et tout aussi bonnes des rĂ©sultats Ă  long terme, mais n’ont pas atteint des valeurs normales pour des tendons sains.

Une revue systĂ©matique avec mĂ©ta-analyse publiĂ©e dans le British journal of Sports Medicine a regroupĂ© les donnĂ©es de 110 Ă©tudes (n=3953) qui ont utilisĂ© des exercices avec rĂ©sistance comme traitement dominant pour les tendinopathies (de la coiffe des rotateurs, achilĂ©enne, latĂ©rale du coude, patellaire ou du moyen fessier) pour dĂ©terminer les effets modĂ©rateurs potentiels de l’intensitĂ©, du volume et de la frĂ©quence des exercices (Pavlova et al. 2023).

En rÚgle générale, le dosage des exercices avec résistance est plutÎt mal rapporté, dans les études sur la gestion des tendinopathies.

Malgré une grande variabilité entre les protocoles des études, la méta-analyse a identifié des tendances générales.

IntensitĂ© : il serait prĂ©fĂ©rable d’utiliser des poids lourds plutĂŽt que le poids du corps

FrĂ©quence : il serait prĂ©fĂ©rable d’effectuer ces exercices moins d’une fois par jour plutĂŽt que plus d’une fois par jour

Volume : 3 sĂ©ries de 15 rĂ©pĂ©titions. Toutefois, les comparaisons de cette mĂ©ta-analyse n’ont pas produit de rĂ©sultats cohĂ©rents Ă  cet effet.

Par consĂ©quent, on peut retenir comme recommandation qu’il faut charger les tendons par des exercices avec poids lourds et une rĂ©cupĂ©ration suffisante entre les sĂ©ances.

Bien entendu, nous devrons individualiser nos prescriptions en fonction du profil de nos patients.

Pour les tendinopathies au membre inférieur, nous progresserons graduellement en ajoutant des sauts et de la pliométrie.

La gestion de la charge et la mise en charge progressive se basent toutes deux sur la douleur du patient et son Ă©volution lors de la rĂ©habilitation. NĂ©anmoins, une faible douleur reste acceptable pendant et aprĂšs l’exercice, mais les symptĂŽmes doivent disparaĂźtre assez rapidement et ne doivent pas s’aggraver durant les 24h post-exercice (Kongsgaard et al., 2009). Dans leur protocole d’exercice, Breda et al ont par exemple tolĂ©rĂ© une douleur Ă©gale ou infĂ©rieure Ă  3/10 pendant et 24h aprĂšs les exercices (Breda et al. 2020). Les auteurs mesurent la rĂ©ponse Ă  la douleur en utilisant un test de provocation tel que le squat unilatĂ©ral sur plan inclinĂ© (Purdam et al., 2003).

Le test est administrĂ© quotidiennement, tout au long du processus de rĂ©Ă©ducation et de prĂ©fĂ©rence au mĂȘme moment de la journĂ©e. La douleur tendineuse Ă©tant intimement liĂ©e Ă  la charge, les auteurs qualifient la rĂ©ponse au test de « tolĂ©rance Ă  la charge ». Le test peut ĂȘtre effectuĂ© Ă  l’issue d’une sĂ©ance de rĂ©Ă©ducation ou dans les 24h suivant celle-ci.

Si le score de la douleur ne s’aggrave pas, alors la charge a Ă©tĂ© bien tolĂ©rĂ©e. Si les exercices provoquent plus de douleur que celle tolĂ©rĂ©e (> 3/10) et que les symptĂŽmes persistent aprĂšs l’exĂ©cution des exercices, l’intensitĂ© des exercices doit ĂȘtre rĂ©duite en effectuant moins de rĂ©pĂ©titions et/ou en rĂ©duisant le poids supplĂ©mentaire. Si cela ne permet pas de ramener les symptĂŽmes au niveau prĂ©cĂ©dent, les exercices spĂ©cifiques doivent ĂȘtre interrompus temporairement. Il est alors conseillĂ© de poursuivre les exercices qui peuvent ĂȘtre effectuĂ©s sans douleur (Breda et al. 2020). 

En phase d'irritabilitĂ© Ă©levĂ©e, il peut mĂȘme ĂȘtre conseillĂ© de ne tolĂ©rer aucune douleur pour Ă©viter que celle-ci ne s’installe. En revanche si le patient se plaint dĂ©jĂ  de douleurs depuis longtemps (ex : 6 semaines), on considĂšre alors qu’une activitĂ© donnant une douleur de maximum 3/10 peut ĂȘtre effectuĂ©e tous les jours. Une activitĂ© causant une douleur de 5/10 pourra Ă©galement ĂȘtre effectuĂ©e Ă  condition d’instaurer un certain dĂ©lai ( ex : au moins 2 ou 3 jours) avant d’effectuer de nouveau cette activitĂ©. Certes ces intensitĂ©s sont arbitraires, mais les thĂ©rapeutes peuvent s’apercevoir facilement si l’intensitĂ© de douleur pour la mĂȘme activitĂ© a tendance Ă  dĂ©river.

Par exemple, si la  mĂȘme activitĂ© provoque le lendemain une douleur de 3/10 puis de 4/10 puis de 5/10 puis de 6/10
 Ă  ce moment-lĂ , le thĂ©rapeute peut conclure que la charge Ă©tait trop importante pour les structures.
Il sera important de faire comprendre aux patients que les activitĂ©s doivent rester Ă  une intensitĂ© de douleur de 3/10 ou moins et qu’ils ne doivent pas augmenter l’intensitĂ© de douleur tolĂ©rĂ©e au fur et Ă  mesure des sĂ©ances. 

c -Quel protocole de mise en charge progressive ?‍

Dans l'Ă©tude de Breda et al. 2020, les patients qui ont Ă©tĂ© assignĂ©s au protocole d’exercices de mise en charge progressive ont effectuĂ© consĂ©cutivement des exercices quotidiens isomĂ©triques (statiques), isotoniques (dynamiques), de stockage d’énergie (explosifs) et spĂ©cifiques au sport, dans les limites de la douleur acceptable.
Comme nous l'avons mentionnĂ© plus haut, il est intĂ©ressant de spĂ©cifier qu’une charge progressive a Ă©tĂ© administrĂ©e en fonction de la rĂ©ponse individuelle Ă  la douleur (Échelle visuelle analogique, score VAS ≀3 points sur une Ă©chelle de 0 Ă  10).

Ce programme comportait 4 Ă©tapes :

L’étape 1 consistait en des exercices isomĂ©triques quotidiens (presse ou leg-extension avec une jambe, 5 rĂ©pĂ©titions de 45 s Ă  mi-course (flexion du genou Ă  60°) avec 2 minutes de repos). Le thĂ©rapeute augmente la charge progressivement jusqu’à un maintien isomĂ©trique du quadriceps de 70 % de contraction volontaire maximale (CVM).

Dans le cas oĂč le thĂ©rapeute ne dispose pas des machines de leg extension ou de la presse, il peut inviter le patient Ă  effectuer un exercice alternatif isomĂ©trique Ă  savoir la chaise isomĂ©trique (en augmentant Ă©ventuellement l’intensitĂ© de l’exercice en ajoutant des poids externes).

C’est Ă©galement durant cette phase que le thĂ©rapeute donnera des exercices ciblant les facteurs de risque Ă  effectuer 3 fois par semaine.

Le stade 2 peut ĂȘtre initiĂ© lorsque :
Les exercices du stade 1 peuvent ĂȘtre effectuĂ©s dans les limites d’un niveau de douleur acceptable (3/10 ou moins) pendant 1 semaine. Le test de provocation peut ĂȘtre effectuĂ© dans les limites d’un niveau de douleur acceptable (3/10 ou moins).

Dans la deuxiÚme étape, une charge isotonique était appliquée pour restaurer la force des membres inférieurs à travers des gammes de mouvements fonctionnels.

Ce stade comprenait donc les exercices isomĂ©triques du stade 1 tous les premiers jours et de nouveaux exercices isotoniques tous les deux jours. Les exercices isotoniques ont Ă©galement Ă©tĂ© effectuĂ©s sous forme de presse ou d’extension de jambe sur une jambe, et ont commencĂ© par 4 sĂ©ries de 15 RM entre 10° et 60° de flexion du genou et ont progressivement Ă©voluĂ©s jusqu’à 4 sĂ©ries de 6 RM avec une augmentation de la charge et de l’amplitude (0° et 90°).

Les exercices alternatifs qui peuvent ĂȘtre effectuĂ©s lorsqu’il n’y a pas de machine d’extension des jambes ou de presse Ă  jambes sont les suivants : les exercices de walking lunge et de step up. Durant cette phase, les exercices ciblant les facteurs de risques sont poursuivis 3 fois par semaine.

Le stade 3 peut ĂȘtre initiĂ© lorsque les exercices du stade 2 peuvent ĂȘtre effectuĂ©s dans les limites d’un niveau de douleur acceptable (3/10 ou moins) pendant 1 semaine et lorsque le test de provocation peut ĂȘtre effectuĂ© dans les limites d’un niveau de douleur acceptable (3/10 ou moins).

L’étape 3 consiste en des exercices de chargement et de course pliomĂ©triques (stockage d’énergie) (countermovement jump, jump squats, box jumps et manƓuvres de cutting).

Il nous semble important de revenir sur la notion de pliométrie et de cycle d'étirement-raccourcissement (SSC).

1 - La pliométrie

Le SSC est un type naturel de fonction musculaire dans lequel le muscle est Ă©tirĂ© immĂ©diatement avant d'ĂȘtre contractĂ©. Ce couplage excentrique/concentrique de la contraction musculaire produit une contraction plus puissante que celle qui rĂ©sulterait d'une action purement concentrique (Komi et al. 1992). Le SSC est observĂ© dans un large Ă©ventail d'activitĂ©s. Dans des situations rĂ©elles, l'exercice implique rarement une forme pure d'actions isomĂ©triques, concentriques ou excentriques ( Komi et al. 2000). Le SSC semble ĂȘtre la forme naturelle de la fonction musculaire, et il est Ă©vident dans les activitĂ©s quotidiennes, telles que la marche et la course, ainsi que dans les actions plus difficiles, y compris le lancer et le saut (Flanagan et al. 2008).

Pendant la phase excentrique, les muscles actifs sont pré-étirés et absorbent de l'énergie. Une partie de cette énergie est temporairement stockée puis réutilisée lors de la phase de contraction concentrique du SSC (Bobbert et al. 1996). Une courte transition entre la phase excentrique et la phase concentrique est nécessaire pour que cette énergie élastique soit utilisée de maniÚre optimale (Flanagan et al. 2008).

Bobbert et al. (1996) a dĂ©terminĂ© que dans les tĂąches telles que les sauts verticaux Ă  effort maximal, dans lesquels un couplage excentrique-concentrique est utilisĂ© par rapport aux squats jump purement concentriques, l'amĂ©lioration des performances dans le SSC est probablement causĂ©e par la phase excentrique, permettant un temps accru pour dĂ©velopper la force. La phase excentrique lente permet aux muscles de dĂ©velopper un niveau Ă©levĂ© d'Ă©tat actif (plus de ponts transversaux attachĂ©s) avant le dĂ©but du mouvement concentrique. En consĂ©quence, la force dĂ©veloppĂ©e et les moments articulaires sont plus importants au dĂ©but de la phase concentrique et plus de travail est produit dans la premiĂšre partie du mouvement concentrique par rapport aux sauts de squat concentriques uniquement. Des travaux antĂ©rieurs de Bobbert et al. (1987) soutient cette thĂ©orie, montrant que dans un "countermovement jump" (rĂ©ception en contre-bas + saut), la force maximale est dĂ©jĂ  approchĂ©e de prĂšs ou mĂȘme atteinte au point de transition entre le mouvement excentrique et concentrique (avant mĂȘme que la phase concentrique n'ait commencĂ©).

Une modalitĂ© courante pour amĂ©liorer les capacitĂ©s SSC de l'athlĂšte est l'entraĂźnement pliomĂ©trique (Flanagan et al. 2008).« EntraĂźnement pliomĂ©trique » est un terme familier utilisĂ© pour dĂ©crire des mouvements rapides et puissants utilisant un prĂ©-Ă©tirement ou un contre-mouvement qui implique le SSC ( Potach et al. 2000). La pliomĂ©trie a Ă©tĂ© couramment utilisĂ©e dans l'entraĂźnement de puissance et de vitesse. Des exercices de pliomĂ©trie spĂ©cifiques peuvent ĂȘtre utilisĂ©s pour entraĂźner le SSC lent ou rapide. Des exemples de pliomĂ©trie SSC lente incluent les sauts verticaux et les box jump. Les sauts de haies bondissants, rĂ©pĂ©tĂ©s et les depht jumps (l'athlĂšte tombe d'une hauteur fixe et, immĂ©diatement aprĂšs l'atterrissage, effectue un saut vertical explosif) sont gĂ©nĂ©ralement considĂ©rĂ©s comme des mouvements SSC rapides.

L'indice de force réactive (RSI) a été utilisé dans le cadre de la force et du conditionnement pratiques ainsi que dans la littérature scientifique sur l'exercice comme moyen de quantifier les performances pliométriques ou SSC (Flanagan et al. 2007 ; McClymont et al. 2003). A l'aide d'un tapis de contact lors d'un exercice de saut en profondeur (depht jump), on calcule le RSI en divisant la hauteur sautée par le temps de contact avec le sol avant le décollage (McClymont et al. 2003).

Young a dĂ©crit le RSI comme la capacitĂ© d'un individu Ă  passer rapidement d'une contraction excentrique Ă  une contraction concentrique et peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une mesure de « l'explosivitĂ© » (Young et al. 1995). 

Dans leur étude de 2008, Flanagan et al. proposent un programme pliométrique progressif pour les athlÚtes qui ont une expérience limitée de l'entraßnement pliométrique. Ce programme a été conçu pour garantir que les athlÚtes effectuent des exercices pliométriques rapides avec une technique correcte du point de vue de la performance et de la sécurité.

La bonne technique d'exercice de pliométrie rapide implique le respect des points d'entraßnement suivants

- (a) minimiser le temps de contact avec le sol,

- (b) maximiser la hauteur de saut,

- (c) imaginer que le sol est une surface chaude,

- (d) imaginer que votre jambe est un ressort rigide qui rebondit sur le sol à la réception

- (e) pré-contracter vos jambes avant de se réceptionner

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La premiÚre étape de leur progression en 4 étapes implique une phase de saut excentrique. Dans cette phase, l'accent est mis sur la mécanique de réception et l'athlÚte se concentre sur la tenue de la réception d'un saut de faible intensité, tel qu'un saut de cheville (sur pointe de pied), avec le centre de gravité au-dessus de la base d'appui. Le patient est invité à se concentrer sur la réalisation d'une réception « silencieuse » et est encouragé à présenter une flexion minimale des articulations de la cheville, du genou et de la hanche lors de la réception (en imaginant qu'il se fige au contact du sol). Ces exercices sont inclus pour améliorer la capacité du joueur à tolérer la vitesse descendante des exercices pliométriques et la charge excentrique associée au SSC rapide.

AprĂšs cette Ă©tape, l'Ă©tape suivante consiste Ă  apprendre Ă  l'athlĂšte Ă  minimiser les temps de contact avec le sol. Au cours de tout exercice pliomĂ©trique rapide, la jambe doit agir comme un ressort rigide et rebondir avec un laps de temps minimum de contact au sol. Ceci est accompli avec l'instauration d'exercices pliomĂ©triques rapides et de faible intensitĂ©, tels que des sauts de cheville et des sauts, oĂč l'accent est mis sur des temps de contact avec le sol courts (« imaginez que le sol est une surface chaude »). L'athlĂšte peut recevoir l'instruction de garder la pointe de ses pieds tendue en tout temps et de prĂ©-contracter les muscles du bas de la jambe avant d'atterrir pour l'aider dans cette action.

La progression se poursuit en faisant sauter maintenant le joueur par-dessus une sĂ©rie d'obstacles bas oĂč l'accent est mis sur la minimisation du temps de contact avec le sol et le franchissement de l'obstacle. Le temps de contact est donnĂ© ici en tant que score de rĂ©troaction. Une fois que le joueur peut franchir la haie basse avec un temps de contact au sol faible, la hauteur de la haie peut ĂȘtre augmentĂ©e pour fournir un effet de surcharge. Dans ces exemples, la hauteur est contrĂŽlĂ©e par la haie de sorte que l'accent est mis sur l'apprentissage du joueur Ă  effectuer l'exercice pliomĂ©trique avec un temps de contact au sol minimum.

Une fois que les joueurs ont appris Ă  effectuer ces exercices pliomĂ©triques rapides avec des temps de contact au sol courts , des sauts en profondeur peuvent ĂȘtre introduits oĂč l'accent est mis Ă  la fois sur la minimisation des temps de contact au sol courts et sur la maximisation de la hauteur sautĂ©e. Dans ce cas, le RSI peut ĂȘtre utilisĂ© comme variable de rĂ©troaction pour l'athlĂšte ou comme outil d'entraĂźnement pour optimiser les exercices pliomĂ©triques ou pour surveiller les performances pliomĂ©triques des athlĂštes.

Ces exercices seront rĂ©alisĂ©s tous les trois jours, commençant par 3 sĂ©ries de 10 rĂ©pĂ©titions en utilisant les deux jambes et progressant lentement jusqu’à 6 sĂ©ries de 10 rĂ©pĂ©titions en utilisant une jambe. L’objectif est d’augmenter encore la tolĂ©rance Ă  la charge du tendon patellaire et d’amĂ©liorer la puissance.

Le type d’exercices de charge de stockage d’énergie sera individualisĂ© en fonction des sports pratiquĂ©s par l’athlĂšte. Par exemple, les joueurs de basket-ball et de volley-ball se concentreront davantage sur les sauts et les atterrissages, tandis que les joueurs de football ou de hockey sur gazon se concentreront davantage sur l’accĂ©lĂ©ration/dĂ©cĂ©lĂ©ration et les capacitĂ©s de cutting. Les auteurs prĂ©conisent tout de mĂȘme de commencer par des jump squats et des split jump squats pour tous les athlĂštes.

Les exercices isométriques et isotoniques ont été poursuivis respectivement tous les premier et deuxiÚme jours et les exercices ciblant les facteurs de risque 3 fois par semaine.

Le stade 4 peut ĂȘtre initiĂ© lorsque :
Les exercices du stade 3 peuvent ĂȘtre effectuĂ©s dans les limites des niveaux de douleur acceptables (3/10 ou moins) pendant 1 semaine.
Le test de provocation peut ĂȘtre effectuĂ© dans les limites d’un niveau de douleur acceptable (3/10 ou moins).

Les athlĂštes peuvent reprendre progressivement l’entraĂźnement spĂ©cifique au sport (stade 4) lorsque tous les exercices de stockage d’énergie issus de l’étape 3 peuvent ĂȘtre effectuĂ©s sans provoquer de symptĂŽmes du genou pendant l’exercice et 24 heures aprĂšs avoir effectuĂ© les exercices des Ă©tapes 1-2-3.

Les exercices spécifiques au sport sont idéalement effectués tous les 2 ou 3 jours, afin de permettre la récupération aprÚs des exercices à forte charge tendineuse.
Le type d’exercices spĂ©cifiques au sport sera individualisĂ© en fonction des sports pratiquĂ©s par l’athlĂšte. Par exemple, les joueurs de basket-ball peuvent se concentrer sur les dribbles, les sauts et les actions de cutting avec le ballon.
Les joueurs de football se concentreront davantage sur les exercices de tir et de passe. Si ces exercices individuels ne provoquent pas de douleur, les joueurs peuvent commencer Ă  s’entraĂźner en groupe (commencez par 30 minutes d’entraĂźnement en groupe de faible intensitĂ© et augmentez progressivement la durĂ©e et l’intensitĂ© de l’entraĂźnement). Lorsqu’un minimum de 3 entraĂźnements collectifs complets peut ĂȘtre effectuĂ© dans les limites acceptables de la douleur, le retour au jeu en match est autorisĂ©.

D - Retour à la compétition

‍Le retour Ă  la compĂ©tition n’est conseillĂ© que lorsque le test de provocation 24 heures aprĂšs un minimum de 3 entraĂźnements en groupe complet peut ĂȘtre effectuĂ© dans les limites acceptables de la douleur (3/10 ou moins) ;

Pendant ce type de protocole, faut-il demander au patient de stopper son entraßnement et compétition en club ?

Les auteurs indiquent qu’une modification de l’activitĂ© sportive (intensitĂ©, durĂ©e, frĂ©quence et type de charge) sera nĂ©cessaire pour les activitĂ©s qui entraĂźnent une douleur considĂ©rable du tendon patellaire tout au long du programme d’exercices. Cela signifie que les activitĂ©s sportives avec une charge sur le tendon patellaire ou un stockage et une libĂ©ration d’énergie rĂ©pĂ©titifs, comme les sauts/atterrissages, les accĂ©lĂ©rations/dĂ©cĂ©lĂ©rations et les actions de cutting, doivent ĂȘtre considĂ©rablement rĂ©duites, voire Ă©vitĂ©es, si cela entraĂźne une douleur au genou. Ces activitĂ©s sportives provocatrices doivent ĂȘtre arrĂȘtĂ©es ou adaptĂ©es pendant au moins 4 semaines.

Protocole de rééducation de la tendinopathie patellaire :

Quid du BFR ? 

L'entraßnement en résistance à faible charge avec restriction du débit sanguin (LL-BFR) est devenu une alternative viable aux régimes conventionnels d'entraßnement en résistance à charge élevée (HL).
Dans leur étude de 2021, Centner et al ont évalué 29 participants masculins (sportifs récréatifs). Ces participants ont été répartis au hasard dans les deux groupes suivants : entraßnement en résistance LL-BFR (20-35 % une répétition maximum/1RM) ou entraßnement en résistance HL (70-85 % 1RM). Les deux groupes se sont entraßnés trois fois par semaine pendant 14 semaines. Une semaine avant et aprÚs l'intervention, les propriétés mécaniques et morphologiques du tendon rotulien ont été évaluées par échographie et imagerie par résonance magnétique (IRM). De plus, les changements dans la section transversale musculaire (CSA) ont été quantifiés par IRM et la force musculaire via des mesures dynamiques 1RM.
Les rĂ©sultats de leur Ă©tude ont dĂ©montrĂ© que l'entraĂźnement LL-BFR et HL entraĂźnait des changements comparables dans la rigiditĂ© du tendon patellaire (LL-BFR : + 25,2 %, p = 0,003 ; HL : + 22,5 %, p = 0,024) sans diffĂ©rences significatives entre les groupes. Des augmentations similaires du CSA tendineux ont Ă©tĂ© observĂ©es dans le HL et le LL-BFR. La masse et la force musculaires ont Ă©galement augmentĂ© de maniĂšre significative dans les deux groupes, mais n'Ă©taient pas statistiquement diffĂ©rentes entre le HL (+ 38 %) et le LL-BFR (+ 34 %), Ă  l'exception de l'extension du genou 1RM oĂč des changements plus importants ont Ă©tĂ© observĂ©s dans le LL-BFR (Centner et al. 2021).

E - Autres thérapies passives

Bien que la mise en charge progressive du tendon reste le traitement prĂ©fĂ©rentiel, de nombreuses Ă©tudes se sont penchĂ©es sur d’autres thĂ©rapies plus passives :

Thérapie par ondes de choc
Dans la revue systĂ©matique d’Everhart et al. 2017, les auteurs indiquent que la monothĂ©rapie par ondes de choc peut ĂȘtre bĂ©nĂ©fique, mĂȘme si les rĂ©sultats varient selon le protocole de dosage. Ils conseillent d’éviter les densitĂ©s d’énergie Ă©levĂ©es (prĂšs de 50 mJ/mm2).

Wang et al. ont rapportĂ© les meilleurs rĂ©sultats en utilisant une dose intermĂ©diaire (1500 impulsions d’ODCE Ă  14 KV (Ă©quivalent Ă  0,18 mJ/mm(2) de densitĂ© de flux d’énergie)) en une seule sĂ©ance (Wang et al. 2007).

En 2024, la revue systĂ©matique de Llombart et al. ont indiquĂ© que l'ESWT est apparu comme une option supĂ©rieure aux alternatives non chirurgicales et comparable Ă  la chirurgie Ă  long terme, ce qui indique qu'il peut ĂȘtre particuliĂšrement efficace pour les patients n'ayant pas bĂ©nĂ©ficiĂ© d'une prise en charge conservatrice.

Traitement au plasma riche en plaquettes
Bien que le PRP puisse confĂ©rer un certain bĂ©nĂ©fice, Everhart et al. 2017 ont indiquĂ© qu’ il y avait une grande variabilitĂ© dans l’effet estimĂ© du traitement. Une source possible de variabilitĂ© des rĂ©sultats Ă©tait l’utilisation de protocoles de traitement diffĂ©rents entre les Ă©tudes. Vetrano et al. ont utilisĂ© le systĂšme MyCells (Kalight, Ramat-Hasharon, IsraĂ«l) pour la prĂ©paration de 2 injections intralĂ©sionnelles de PRP guidĂ©es par Ă©chographie, administrĂ©es sur une pĂ©riode de 2 semaines, et ont conclu que la thĂ©rapie PRP Ă©tait la stratĂ©gie de traitement efficace (Vetrano et al. 2013) ) en termes de rĂ©duction de la douleur et d’amĂ©lioration de la fonction du genou lors du suivi Ă  2 mois, 6 mois et 12 mois (Van der doelen 2019).  

Gosens et al, par contre, ont utilisĂ© le Recover System (Biomet Biologics, Warsaw, IN) pour une seule injection non guidĂ©e par imagerie de PRP et n’ont pas trouvĂ© de rĂ©ponse thĂ©rapeutique aussi robuste dans aucun de ses bras de traitement, traitement prĂ©alable ou non (Gosens et al. 2012).

L’utilisation de la PRP-LR (leukocyte-rich) pour traiter la tendinopathie patellaire chronique rĂ©fractaire a Ă©tĂ© Ă©tayĂ©e par des Ă©tudes contrĂŽlĂ©es randomisĂ©es. Dragoo et ses collĂšgues ont Ă©valuĂ© 23 patients souffrant de tendinopathie patellaire dont le traitement conservateur avait Ă©chouĂ© (Dragoo et al., 2014). Les patients ont Ă©tĂ© randomisĂ©s pour recevoir un placebo (aiguilles sĂšches) guidĂ©es par ultrasons ou l’injection de PRP-LR. Ils ont ensuite Ă©tĂ© suivis pendant plus de 26 semaines.

Le groupe traitĂ© par PRP-LR a prĂ©sentĂ© une amĂ©lioration significative des symptĂŽmes, mesurĂ©s par le VISA-P, Ă  12 semaines, mais la diffĂ©rence n’était pas significative Ă  > 26 semaines, ce qui suggĂšre que l’avantage du PRP pourrait ĂȘtre une amĂ©lioration plus prĂ©coce des symptĂŽmes. Le PRP semble ĂȘtre une option thĂ©rapeutique viable pour la tendinopathie patellaire rĂ©fractaire chronique, et la prĂ©paration riche en leucocytes est recommandĂ©e (Le et al., 2018).

Sur la base des résultats de la revue systématique de Llombart et al. 2024, les cliniciens devraient envisager des injections multiples de PRP plutÎt que des exercices excentriques seuls pour les cas réfractaires tout en optimisant les protocoles PRP.

‍ThĂ©rapie par injection de corticostĂ©roĂŻdes
Everhart et al. 2017 indiquent que la corticothĂ©rapie par injection n’offre aucun avantage significatif bĂ©nĂ©fice significatif pour la TP. Kongsgaard et al. ont trouvĂ© aucune amĂ©lioration des scores VISA aprĂšs 6 mois de suivi (Kongsgaard et al. 2009). Crisp et al. ont notĂ© une amĂ©lioration modĂ©rĂ©e des symptĂŽmes (Crisp et al. 2008) ; cependant, leur protocole d’étude comprenait un programme de squats excentriques aprĂšs l’injection, ce qui fausse considĂ©rablement leurs rĂ©sultats (Everhart et al. 2017). A ce jour, aucune Ă©tude n’encourage l’utilisation d’injection de corticostĂ©roĂŻdes dans le cadre de la tendinopathie du tendon patellaire.

Injections en général
Dans leur Ă©tude de 2019, Nuhmani et al ont conclu que les thĂ©rapies par injection donnent des rĂ©sultats prometteurs dans la gestion de la TP. Cependant, en raison de la faible qualitĂ© des recherches et de la variation du protocole et de la population, il est difficile de fournir une conclusion ferme sur l’efficacitĂ© de ces thĂ©rapies. Les auteurs soulignent Ă©galement que le raisonnement derriĂšre l’utilisation des injections diffĂšre Ă©galement. Des Ă©tudes cliniques de plus grande qualitĂ© sont donc recommandĂ©es pour dĂ©terminer l’efficacitĂ© des injections et Ă  quel stade particulier de la TP elles sont les plus efficaces.

Il est également important de surveiller les effets secondaires de ces thérapies par injection sur une période prolongée.
En 2020, Sisk et al ont indiquĂ© que le traitement par injection de la tendinopathie patellaire est prometteur en cas d’échec du traitement non interventionnel, mais des Ă©tudes supplĂ©mentaires sont nĂ©cessaires pour Ă©valuer l’efficacitĂ© du PRP, des cellules souches et d’autres injections expĂ©rimentales (Sisk et al. 2020).

Ultrasons et sclérothérapie
Everhart et al. 2017 indiquent qu’une seule Ă©tude a Ă©tĂ© identifiĂ©e dans la revue systĂ©matique pour les ultrasons et la sclĂ©rothĂ©rapie. Warden et al. suggĂšrent que les ultrasons pulsĂ©s de faible intensitĂ© n’apportent aucun avantage supplĂ©mentaire par rapport au placebo dans la gestion des symptĂŽmes associĂ©s Ă  la TP (Warden et al. 2008).

Hoksrud et al. ont constatĂ© une amĂ©lioration similaire des scores VISA lors du suivi de 24 mois, aprĂšs l’administration jusqu’à 5 traitements sclĂ©rosants guidĂ©s par Ă©chographie (Hoksrud et al. 2012).

Taping et strapping
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L’une des neuf Ă©tudes de la revue systĂ©matique de Vander-Doelen (2019) a Ă©valuĂ© le taping et le strapping au niveau du genou. Les auteurs de cette Ă©tude ont Ă©tabli qu’un strapping, un tape non extensible et un tape placebo utilisĂ© pendant deux semaines pendant le sport pouvaient rĂ©duire la douleur pendant et jusqu’à 2h aprĂšs l’exercice (De Vries et al., 2016). Le tape placebo a Ă©tĂ© effectuĂ© en utilisant une application non spĂ©cifique d’un tape extensible sur le tendon patellaire.

Les auteurs ont avancĂ© une explication possible des rĂ©sultats de la bande placebo. Ils ont Ă©mis l’hypothĂšse qu’en appliquant n’importe quelle orthĂšse au genou (y compris un bande placebo), la douleur sera rĂ©duite en raison de la stimulation des structures cutanĂ©es sous-jacentes (De Vries et al., 2016).

Bien que les rĂ©sultats soient prometteurs, il est important de prĂ©ciser que l'amĂ©lioration de la douleur constatĂ©e dans cette derniĂšre Ă©tude Ă©tait en dessous du niveau de pertinence clinique (moins de 1 point sur l’EVA). Par consĂ©quent, de futures Ă©tudes devront confirmer l'effet du taping et strapping Ă  court et long terme.
En ce qui concerne le kinĂ©siotape, une Ă©tude a regroupĂ© 7 jeunes femmes atteintes de tendinopathie du tendon patellaire. Les atteintes Ă©taient bilatĂ©rales pour 6 d’entre-elles. Lors du test maximal de saut, la douleur Ă©tait significativement rĂ©duite comparativement au groupe ayant reçu le placebo (Tamura et al., 2020).

Cependant les performances en termes de hauteur Ă©taient diminuĂ©es au sein du groupe ayant reçu le kinĂ©siotape (Tamura et al., 2020). D’autres Ă©tudes possĂ©dant un Ă©chantillon plus consĂ©quent sont requises dans le but d’affirmer la pertinence clinique de l’utilisation du kinĂ©siotape pour la tendinopathie du tendon patellaire.

‍Chirurgie
Everhart et al. indiquent qu’il existe des preuves solides en faveur du recours Ă  la chirurgie pour traiter les cas de TP rĂ©calcitrants. Dans leur revue systĂ©matique les patients qui en bĂ©nĂ©ficient prĂ©sentaient les symptĂŽmes de base les plus sĂ©vĂšres (score VISA moyen de 33,1) et avaient dĂ©jĂ  Ă©chouĂ© Ă  une prise en charge conservatrice. L’hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© modĂ©rĂ©e dans les rĂ©sultats a Ă©tĂ© considĂ©rĂ©e comme Ă©tant due Ă  des diffĂ©rences dans la technique chirurgicale. Bien qu’il ne semble pas y avoir de diffĂ©rences significatives, sur des critĂšres qualitatifs, entre chirurgie ouverte et arthroscopie, Coleman et al. ont trouvĂ© un pourcentage d’amĂ©lioration plus faible dans leur groupe traitĂ© par arthroscopie comparĂ© au groupe de chirurgie ouverte (Coleman et al. 2000).

F - DiffĂ©rence d’efficacitĂ© Ă  court terme et Ă  long terme ?

‍Certaines interventions non-chirurgicales de la revue systĂ©matique de Vander-Doelen et al se sont avĂ©rĂ©es plus efficaces Ă  court terme, notamment l’exercice isomĂ©trique, le taping sportif et le strapping patellaire, tandis que d’autres injections de PRP et DN (Dry Needling) se sont avĂ©rĂ©es avoir des rĂ©sultats durables et sont donc bĂ©nĂ©fiques pour la rĂ©duction de la douleur et l’amĂ©lioration fonctionnelle Ă  plus long terme. Toutefois Ă©tant donnĂ© le peu d'Ă©tudes incluses dans la revue systĂ©matique, il convient d'ĂȘtre prudent quant Ă  ses affirmations, et attendre davantage de preuves. 
Dans un protocole de 4 Ă©tapes comme celui que Breda et al ont prĂ©sentĂ©, les interventions passives peuvent ĂȘtre utilisĂ©es en complĂ©ment des exercices.
La revue systĂ©matique de Vander-Doelen et al soutient l’incorporation d’interventions de modulation de la douleur Ă  court terme, telles que le strapping patellaire et le taping sportif, dans toutes les Ă©tapes de la progression de la rĂ©Ă©ducation. Toutefois comme nous l'avons mentionnĂ© prĂ©cĂ©demment, le changement sur l’EVA n'Ă©tait pas cliniquement pertinent. Il conviendra donc de tester l'efficacitĂ© du taping / strapping au cas par cas. 

De Vries et al. 2016 ont effectivement montrĂ© que le strapping rotulien, le taping sportif et une bande placebo utilisĂ©s pendant le sport pendant deux semaines pouvaient rĂ©duire la douleur pendant et immĂ©diatement aprĂšs l’exercice pendant une durĂ©e maximale de deux heures. Le bandage placebo consistait en une application non spĂ©cifique d’une bande extensible sur le tendon patellaire.

Les auteurs ont avancĂ© une explication possible pour les rĂ©sultats de la bande placebo. Ils ont Ă©mis l’hypothĂšse qu’en appliquant n’importe quelle orthĂšse, y compris le ruban adhĂ©sif placebo, sur le genou, la douleur sera rĂ©duite en raison de la stimulation des structures cutanĂ©es. Cette Ă©tude n’a pas fait l’objet d’un suivi Ă  long terme.

Contrairement Ă  la douleur fĂ©moro-patellaire, l’objectif du taping n’est pas de modifier la mĂ©canique de l’articulation patellaire mais potentiellement de rĂ©duire le stress sur la partie proximale du tendon.
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Les interventions qui ont montrĂ© un effet Ă  plus long terme, comme les injections de PRP et le DN, pourraient Ă©ventuellement ĂȘtre intĂ©grĂ©es au stade deux de la progression de la rĂ©Ă©ducation de Breda et al. 2020. Toutefois, des Ă©tudes supplĂ©mentaires sont nĂ©cessaires pour confirmer l'efficacitĂ© de ces interventions.

Les auteurs indiquent qu’il n’y a pas de preuves actuelles qui suggĂšrent comment utiliser ces options potentielles ensemble pour un bĂ©nĂ©fice maximal.

G - Influence des facteurs psychologiques

Qualité de vie

La tendinopathie, comme toutes les maladies musculo-squelettiques, provoque des douleurs et peut avoir un impact nĂ©gatif sur la santĂ© mentale, la qualitĂ© de vie, le travail et la participation sportive et sociale (Fearon et al. 2014 ; Picavet et al. 2004). La majoritĂ© des recherches sur la tendinopathie se sont concentrĂ©es sur l’amĂ©lioration des dĂ©ficiences physiques liĂ©es Ă  la pathologie (Mc Auliffe et al. 2017) ; cependant, il existe peu de recherches de l’influence des tendinopathies sur la qualitĂ© de vie et leur impact psychosocial. Cette raretĂ© va Ă  l’encontre de la prise de conscience croissante de l’importance de ces facteurs dans la gestion optimale des affections musculo-squelettiques (Mallows et al. 2017 ; Linton et al. 2011).

En plus d’entrainer des  douleurs, il a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© que les tendinopathies affectent nĂ©gativement la qualitĂ© de vie, la participation aux sports, aux loisirs, au travail, qu’elles sont associĂ©es au stress psychologique, Ă  la dĂ©pression et Ă  l’anxiĂ©tĂ© chez les patients. L’impact de la rĂ©duction de l’activitĂ© physique comme consĂ©quence de la tendinopathie peut avoir un impact sur la santĂ© gĂ©nĂ©rale du patient.

Il a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© que la dĂ©pression et l’anxiĂ©tĂ© sont corrĂ©lĂ©es Ă  la douleur (Celiker et al. 1997 ; de Heer et al. 2014), l’absence de prise en charge de ces paramĂštres pourrait donc avoir un effet nĂ©gatif sur la rĂ©cupĂ©ration et entraĂźner des rĂ©sultats sous-optimaux chez les patients atteints de tendinopathie (Mallows et al. 2017). Chez les personnes souffrant de tendinopathie patellaire, la performance sportive est affectĂ©e (pour 55% des cas de l'Ă©tude), mais Ă©galement la capacitĂ© de travail (16%) et la productivitĂ© (36%), en particulier chez ceux ayant une profession physiquement exigeante (De Vries et al. 2017).

Dans une Ă©tude transversale de 2021, les auteurs ont fourni des preuves d’altĂ©rations des facteurs psychologiques lors de la rĂ©Ă©ducation des patients atteints de tendinopathies achillĂ©Ăšnne et patellaire. La dĂ©gradation de la  plupart des facteurs psychologiques semble ĂȘtre associĂ©e avec la sĂ©vĂ©ritĂ© de la tendinopathie, la fonction, la participation et la satisfaction. Les kinĂ©sithĂ©rapeutes doivent ĂȘtre capables d’identifier les patients manquant de prĂ©paration psychologique et de confiance en eux vis-Ă -vis de la reprise du sport, ainsi que les patients souffrant de kinĂ©siophobie ou de pensĂ©es catastrophiques liĂ©es Ă  la douleur (Slagers et al. 2021).

Exemples d'exercices

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