Test de flexion crânio-cervicale

Test clinique
Mis à jour le
3/4/2023
Rachis cervical
Cervicalgie
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Objectif de ce test

Le test de flexion crâniocervicale est couramment utilisé dans l’évaluation des fléchisseurs profonds du cou dans le cadre des cervicalgies (Jull et al. 2008).

Les patients présentant des douleurs cervicales aiguës ou chroniques présentent régulièrement un déficit d’activation et une altération de l’endurance des muscles fléchisseurs cervicaux profonds et ce, quel que soit le mécanisme d’apparition des douleurs (Chiu et al. 2005 ; Johnston et al. 2008 ; Jull et al. 2008 ; Sterling et al. 2003).

Exécution du test

Ce test s'effectue à charge faible et est exécuté dans les premières évaluations des patients qui présentent des épisodes de cervicalgie aiguë ou chronique. Avant de faire le test, le thérapeute va chercher à mettre en évidence la présence d’une mécano-sensibilité du tissu nerveux. Pour ce faire, le thérapeute fléchi passivement la région crâniocervicale et enregistre les amplitudes, la sensation de fin de mouvement et la réponse douloureuse. La flexion crâniocervicale est répétée plus de quatre fois avec chaque membre inférieur en position de flexion de hanche et extension de genou puis chaque membre supérieur dans une position neurodynamique. Dans ces positions, le thérapeute juge l’amplitude, la sensation de fin de mouvement et la réponse douloureuse. Toute légère modification dans l’amplitude de flexion disponible ne doit pas être habituelle. La reproduction de douleurs dans le cou ou la tête est un signe positif et habituellement associé à une sensation de fin de mouvement ferme et une diminution de l’amplitude définitive.

Si ce test est positif, le test de flexion crâniocervicale est reporté et au contraire, la priorité sera donnée à la prise en charge du tissu nerveux. Le thérapeute évalue également l'amplitude des mouvements crâniocervicaux lors de l'examen clinique préliminaire, de façon à obtenir une base pour l'analyse du mouvement lors d'une flexion crâniocervicale.

Pour préparer le test de flexion crâniocervicale, le patient est couché sur le dos, avec les genoux fléchis, la tête et le cou en position neutre de façon à ce que la ligne du visage soit horizontale. Quand la tête du patient est en légère extension, ce qui est souvent le cas chez les patients avec une cyphose thoracique ou cervico-thoracique, le kiné peut ajouter des épaisseurs de linge sous la tête pour obtenir une position neutre. Souvent, des couches de serviettes doivent alors être placées sous le cou avec une épaisseur ne dépassant pas 0,5 à 1 cm afin de diminuer l’espace entre le cou et la table. Un espace trop grand induit un risque de pression en biofeedback, ce qui pourrait entraîner une extension du cou et rendre le test non valide. Si le patient part en flexion, on lui enseigne la position neutre en regardant un point au plafond qui soit légèrement derrière sa tête. Il revient à cette position neutre entre chacune des étapes du test de flexion crâniocervicale.

Le coussin plié, appelé Stabilizer, faisant office d'appareil de contrôle de pression par biofeedback est placé sous le cou du patient en contact avec l’occiput. Malheureusement, cette position empêche l’observation ou la palpation des muscles fléchisseurs profonds afin de savoir s'ils sont contractés.Cet appareil va guider le patient en lui fournissant un feedback sur les pressions à atteindre à chaque étape du test. La pression de l’air comprimé permet de modifier la forme du coussin puisqu'il s'aplatit avec les contractions des fléchisseurs profonds (Mayoux-Benhamou et al. 1994). Le capteur de pression du coussin est gonflé à une pression de base de 20mmHg, qui correspond à une pression standard suffisante pour remplir l'espace entre la surface de test et le cou. L'air doit être bien réparti dans tout le coussin et la pression stabilisée avant de commencer le test.


Le test de flexion crâniocervicale est enseigné comme un mouvement actif où l’instruction est de sentir l'arrière du crâne se soulever de la table, comme pour hocher la tête, avec le menton rentrant dans le cou. A partir de la pression de départ, une augmentation progressive de la pression d'environ 2 mmHg est ciblé sur 5 paliers, soit un total de 10 mmHg jusqu'à un maximum de 30 mmHg.
Le mouvement doit être exécuté lentement et avec régularité, chaque palier est suivi d’un temps de repos de 2 à 3 secondes. Le patient doit effectuer un à deux tests d'essais avant l'évaluation officielle dans le but de bien saisir le mouvement.


Le test définitif est exécuté en deux étapes (Jull et al. 2008) :
-       étape 1 : analyse de l'amplitude et de la qualité des 5 paliers de la flexion crâniocervicale
-       étape 2 : bilan musculaire isométrique des fléchisseurs cervicaux profonds

Pour la première étape du test, le patient va rapprocher le menton du cou et sentir lentement l'arrière de sa tête se soulever de la table afin d'atteindre le premier palier de 22 mmHg. Il tient cette position pendant 2 à 3 secondes puis il se relâche. Il répète ensuite cette séquence pendant les 4 paliers restants.
Durant la flexion crânio-cervicale, le thérapeute analyse l'harmonie et l'amplitude du mouvement, et il observe toute activité excessive des muscles fléchisseurs superficiels comme par exemple le Sterno-cléido-mastoïdien et les scalènes. Le thérapeute enregistre le score d’activation comme l’étape atteinte et maintenue pendant le temps imparti avec un mouvement correcte et sans compensation des muscles superficiels.

Les scores obtenus dans une population asymptomatique peuvent varier, mais la plupart des sujets obtiennent un score de 26 à 30 mmHg.  Les sujets atteints de cervicalgie ont habituellement un score de 22 à 24 mmHg.
Une mauvaise performance lors de ce test peut avoir plusieurs causes :
-       Il n'y a pas de progression de l'amplitude de flexion crâniocervicale pendant les différents paliers du test.
-      Le patient utilise différentes tactiques de compensation afin d’atteindre les différentes pressions prévues dans l'évolution du test. Par exemple une subtile action de diminution de la cyphose cervicale en effectuant une poussée postérieure sur le coussin (Falla et al. 2004).
-       Le patient ne peut pas atteindre toutes les étapes du test quelle que soit la stratégie utilisée.
-       Le mouvement est effectué rapidement pour masquer la faiblesse des muscles.
-       Le thérapeute observe ou palpe une contraction excessive du SCM et des scalènes.
Si un certain niveau de contraction de ces muscles est normale, en particulier dans les dernières étapes de ce test, l'importance de la contraction est nettement inférieure chez les sujets sains que chez les sujets cervicalgiques (Falla et al. 2004 ; Jull et al. 2007 ; Jull et al. 2004 ; Sterling et al. 2003). Il faut également souligner qu'il existe une relation inverse entre l'activité du SCM et celle des fléchisseurs cervicaux profonds pendant le test de flexion crâniocervicale : plus l’activation du SCM augmente, plus l’activation des fléchisseurs cervicaux profonds diminue (Jull et al. 2016).

Une mauvaise performance lors de ce test peut également être remarquée si :
-       Le patient a une respiration costale haute, le test doit être exécuté pendant une lente expiration pour minorer l'activité des muscles scalènes antérieurs (Cagnie et al. 2008).
-       Le patient serre les dents en utilisant les muscles hyoïdes pour augmenter la contraction dans les muscles fléchisseurs profonds. On doit alors corriger cette stratégie en demandant au patient d'adopter une position de détente des mâchoires pendant le test. Pour cela, il peut placer doucement sa langue sur le voile du palais et serrer les lèvres l'une contre l'autre avec les dents légèrement écartées.
-       Lors de la phase de retour à la position de départ, l'aiguille du cadran descend en dessous de 20 mmHg. Il faut alors vérifier que la pression était bien stable avant de commencer le test. Sinon cela peut être dû à un déficit de proprioception, avec un patient qui dépasse la position de départ lors de la phase retour, à l’origine de l’importante chute de pression.
-       Quand le sujet revient à la position de départ, le cadran montre une pression supérieure à 20 mmHg. Cela est généralement dû à l'incapacité de relâcher les muscles après une contraction. Les muscles se relâcheront et la pression reviendra au niveau de départ en demandant au patient de regarder le point sur le plafond en arrière de sa tête.

La deuxième étape du test évalue l'endurance ou le tonus de maintien des muscles fléchisseurs profonds du cou. Elle peut être exécutée immédiatement après la première étape, mais elle est généralement retardée quand des mouvements de substitution sont dominants pendant l'étape une. Il n'y a pas d'intérêt à tester l'endurance si l’on ne parvient pas à cibler le muscle car le patient adopte une mauvaise stratégie. Dans ce cas, les muscles long de la tête et du cou sont renforcés en premier avec un mouvement correct et leur endurance sera évaluée ultérieurement. La capacité d'endurance à faible charge des fléchisseurs profonds du cou peut être évaluée en mesurant le niveau de pression qu'un patient peut maintenir stable pendant 10 secondes, avec une contraction minimale des muscles SCM et scalène antérieur.

On commence le test au niveau le plus faible soit 22 mmHg et si 10 répétitions de 10 secondes de maintien sont exécutées avec succès, le test est poursuivi au palier suivant, et ainsi de suite jusqu'à 30 mmHg ou jusqu'à l’échec. Toutefois, ce protocole prend beaucoup de temps et une version abrégée peut être utilisée, dans laquelle on supprime les mesures formelles qui ne sont nécessaires que dans la recherche.

Cette version clinique démarre également à 22 mmHg mais les contractions sont ici maintenues pendant 5 secondes et si après 2 ou 3 répétitions, le patient arrive à maintenir le mouvement, il se relâche quelques secondes et recommence au palier supérieur. Le test est poursuivi jusqu'à ce que le niveau d'échec soit atteint.
En pratique, on mesure le niveau de pression auquel le patient échoue afin d’avoir un repère pour le renforcement musculaire qui commencera au niveau de pression juste en dessous. Par exemple, si la pression d'échec est à 24mmHg, alors le renforcement commencera à 22mmHg.
Globalement, les sujets sains peuvent exécuter des répétitions de ce test à au moins 26 mmHg tandis que les patients cervicalgiques n'atteignent pas souvent avec succès le premier ou le deuxième palier du test (Jull et al. 2002 ; Jull et al. 1999 ; Jull et al. 2000).


Une mauvaise performance ou un échec sont constatés lorsque le patient :
-       Ne peut pas maintenir la flexion crâniocervicale et revient vers une stratégie de compensation ou de diminution de la cyphose cervicale.
-       Ne peut pas maintenir la pression stable à un niveau prédéterminé (l'aiguille du cadran oscille vivement même si le patient semble avoir la bonne position).
-       Ne peut pas maintenir la position sans une contraction excessive des fléchisseurs cervicaux superficiels
-       Maintient la position mais avec des saccades indiquant de la fatigue.

Valeur clinique

Ce test possède une bonne validité de contenu (Falla et al. 2004) ainsi qu’une bonne fiabilité inter et intra-examinateur (Arumugam et al. 2011 ; James et al. 2010 ; Jull et al. 1999 ; Juul et al. 2008).

Bibliographie

Arumugam, Ashokan, Ramakrishnan Mani, et Kavitha Raja. « Interrater Reliability of the Craniocervical Flexion Test in Asymptomatic Individuals--a Cross-Sectional Study ». Journal of Manipulative and Physiological Therapeutics 34, no 4 (mai 2011): 247‑53.

Cagnie, Barbara, Lieven Danneels, Ann Cools, Nele Dickx, et Dirk Cambier. « The Influence of Breathing Type, Expiration and Cervical Posture on the Performance of the Cranio-Cervical Flexion Test in Healthy Subjects ». Manual Therapy 13, no 3 (juin 2008): 232‑38.

Chiu, Thomas Tai Wing, Ellis Yuk Hung Law, et Tony Hiu Fai Chiu. « Performance of the Craniocervical Flexion Test in Subjects with and without Chronic Neck Pain ». The Journal of Orthopaedic and Sports Physical Therapy 35, no 9 (septembre 2005): 567‑71.

Falla, Deborah L., Gwendolen A. Jull, et Paul W. Hodges. « Patients with Neck Pain Demonstrate Reduced Electromyographic Activity of the Deep Cervical Flexor Muscles during Performance of the Craniocervical Flexion Test ». Spine 29, no 19 (1 octobre 2004): 2108‑14.

James, Gill, et Tom Doe. « The Craniocervical Flexion Test: Intra-Tester Reliability in Asymptomatic Subjects ». Physiotherapy Research International: The Journal for Researchers and Clinicians in Physical Therapy 15, no 3 (septembre 2010): 144‑49.

Jull, Gwendolen A., Shaun P. O’Leary, et Deborah L. Falla. « Clinical Assessment of the Deep Cervical Flexor Muscles: The Craniocervical Flexion Test ». Journal of Manipulative and Physiological Therapeutics 31, no 7 (septembre 2008): 525‑33.

Jull, G., M. Amiri, J. Bullock-Saxton, R. Darnell, et C. Lander. « Cervical Musculoskeletal Impairment in Frequent Intermittent Headache. Part 1: Subjects with Single Headaches ». Cephalalgia: An International Journal of Headache 27, no 7 (juillet 2007): 793‑802.

Jull, G., C. Barrett, R. Magee, et P. Ho. « Further Clinical Clarification of the Muscle Dysfunction in Cervical Headache ». Cephalalgia: An International Journal of Headache 19, no 3 (avril 1999): 179‑85.

Juul, Tina, Henning Langberg, Flemming Enoch, et Karen Søgaard. « The intra- and inter-rater reliability of five clinical muscle performance tests in patients with and without neck pain ». BMC Musculoskeletal Disorders 14, no 1 (3 décembre 2013): 339.

Jull, Gwendolen A. « Deep Cervical Flexor Muscle Dysfunction in Whiplash ». Journal of Musculoskeletal Pain 8, no 1‑2 (1 janvier 2000): 143‑54.

Jull, Gwendolen, et Deborah Falla. « Does Increased Superficial Neck Flexor Activity in the Craniocervical Flexion Test Reflect Reduced Deep Flexor Activity in People with Neck Pain? » Manual Therapy 25 (septembre 2016): 43‑47.

Jull, Gwendolen, Patricia Trott, Helen Potter, Guy Zito, Ken Niere, Debra Shirley, Jonathan Emberson, Ian Marschner, et Carolyn Richardson. « A Randomized Controlled Trial of Exercise and Manipulative Therapy for Cervicogenic Headache ». Spine 27, no 17 (1 septembre 2002): 1835‑43; discussion 1843.

Jull, G., C. Barrett, R. Magee, et P. Ho. « Further Clinical Clarification of the Muscle Dysfunction in Cervical Headache ». Cephalalgia: An International Journal of Headache 19, no 3 (avril 1999): 179‑85.

Mayoux-Benhamou, M. A., M. Revel, C. Vallée, R. Roudier, J. P. Barbet, et F. Bargy. « Longus Colli Has a Postural Function on Cervical Curvature ». Surgical and Radiologic Anatomy: SRA 16, no 4 (1994): 367‑71.

Sterling, M., G. Jull, B. Vicenzino, J. Kenardy, et R. Darnell. « Development of motor system dysfunction following whiplash injury ». PAIN®, 2003.

Objectif de ce test

Le test de flexion crâniocervicale est couramment utilisé dans l’évaluation des fléchisseurs profonds du cou dans le cadre des cervicalgies (Jull et al. 2008).

Les patients présentant des douleurs cervicales aiguës ou chroniques présentent régulièrement un déficit d’activation et une altération de l’endurance des muscles fléchisseurs cervicaux profonds et ce, quel que soit le mécanisme d’apparition des douleurs (Chiu et al. 2005 ; Johnston et al. 2008 ; Jull et al. 2008 ; Sterling et al. 2003).

Exécution du test

Ce test s'effectue à charge faible et est exécuté dans les premières évaluations des patients qui présentent des épisodes de cervicalgie aiguë ou chronique. Avant de faire le test, le thérapeute va chercher à mettre en évidence la présence d’une mécano-sensibilité du tissu nerveux. Pour ce faire, le thérapeute fléchi passivement la région crâniocervicale et enregistre les amplitudes, la sensation de fin de mouvement et la réponse douloureuse. La flexion crâniocervicale est répétée plus de quatre fois avec chaque membre inférieur en position de flexion de hanche et extension de genou puis chaque membre supérieur dans une position neurodynamique. Dans ces positions, le thérapeute juge l’amplitude, la sensation de fin de mouvement et la réponse douloureuse. Toute légère modification dans l’amplitude de flexion disponible ne doit pas être habituelle. La reproduction de douleurs dans le cou ou la tête est un signe positif et habituellement associé à une sensation de fin de mouvement ferme et une diminution de l’amplitude définitive.

Si ce test est positif, le test de flexion crâniocervicale est reporté et au contraire, la priorité sera donnée à la prise en charge du tissu nerveux. Le thérapeute évalue également l'amplitude des mouvements crâniocervicaux lors de l'examen clinique préliminaire, de façon à obtenir une base pour l'analyse du mouvement lors d'une flexion crâniocervicale.

Pour préparer le test de flexion crâniocervicale, le patient est couché sur le dos, avec les genoux fléchis, la tête et le cou en position neutre de façon à ce que la ligne du visage soit horizontale. Quand la tête du patient est en légère extension, ce qui est souvent le cas chez les patients avec une cyphose thoracique ou cervico-thoracique, le kiné peut ajouter des épaisseurs de linge sous la tête pour obtenir une position neutre. Souvent, des couches de serviettes doivent alors être placées sous le cou avec une épaisseur ne dépassant pas 0,5 à 1 cm afin de diminuer l’espace entre le cou et la table. Un espace trop grand induit un risque de pression en biofeedback, ce qui pourrait entraîner une extension du cou et rendre le test non valide. Si le patient part en flexion, on lui enseigne la position neutre en regardant un point au plafond qui soit légèrement derrière sa tête. Il revient à cette position neutre entre chacune des étapes du test de flexion crâniocervicale.

Le coussin plié, appelé Stabilizer, faisant office d'appareil de contrôle de pression par biofeedback est placé sous le cou du patient en contact avec l’occiput. Malheureusement, cette position empêche l’observation ou la palpation des muscles fléchisseurs profonds afin de savoir s'ils sont contractés.Cet appareil va guider le patient en lui fournissant un feedback sur les pressions à atteindre à chaque étape du test. La pression de l’air comprimé permet de modifier la forme du coussin puisqu'il s'aplatit avec les contractions des fléchisseurs profonds (Mayoux-Benhamou et al. 1994). Le capteur de pression du coussin est gonflé à une pression de base de 20mmHg, qui correspond à une pression standard suffisante pour remplir l'espace entre la surface de test et le cou. L'air doit être bien réparti dans tout le coussin et la pression stabilisée avant de commencer le test.


Le test de flexion crâniocervicale est enseigné comme un mouvement actif où l’instruction est de sentir l'arrière du crâne se soulever de la table, comme pour hocher la tête, avec le menton rentrant dans le cou. A partir de la pression de départ, une augmentation progressive de la pression d'environ 2 mmHg est ciblé sur 5 paliers, soit un total de 10 mmHg jusqu'à un maximum de 30 mmHg.
Le mouvement doit être exécuté lentement et avec régularité, chaque palier est suivi d’un temps de repos de 2 à 3 secondes. Le patient doit effectuer un à deux tests d'essais avant l'évaluation officielle dans le but de bien saisir le mouvement.


Le test définitif est exécuté en deux étapes (Jull et al. 2008) :
-       étape 1 : analyse de l'amplitude et de la qualité des 5 paliers de la flexion crâniocervicale
-       étape 2 : bilan musculaire isométrique des fléchisseurs cervicaux profonds

Pour la première étape du test, le patient va rapprocher le menton du cou et sentir lentement l'arrière de sa tête se soulever de la table afin d'atteindre le premier palier de 22 mmHg. Il tient cette position pendant 2 à 3 secondes puis il se relâche. Il répète ensuite cette séquence pendant les 4 paliers restants.
Durant la flexion crânio-cervicale, le thérapeute analyse l'harmonie et l'amplitude du mouvement, et il observe toute activité excessive des muscles fléchisseurs superficiels comme par exemple le Sterno-cléido-mastoïdien et les scalènes. Le thérapeute enregistre le score d’activation comme l’étape atteinte et maintenue pendant le temps imparti avec un mouvement correcte et sans compensation des muscles superficiels.

Les scores obtenus dans une population asymptomatique peuvent varier, mais la plupart des sujets obtiennent un score de 26 à 30 mmHg.  Les sujets atteints de cervicalgie ont habituellement un score de 22 à 24 mmHg.
Une mauvaise performance lors de ce test peut avoir plusieurs causes :
-       Il n'y a pas de progression de l'amplitude de flexion crâniocervicale pendant les différents paliers du test.
-      Le patient utilise différentes tactiques de compensation afin d’atteindre les différentes pressions prévues dans l'évolution du test. Par exemple une subtile action de diminution de la cyphose cervicale en effectuant une poussée postérieure sur le coussin (Falla et al. 2004).
-       Le patient ne peut pas atteindre toutes les étapes du test quelle que soit la stratégie utilisée.
-       Le mouvement est effectué rapidement pour masquer la faiblesse des muscles.
-       Le thérapeute observe ou palpe une contraction excessive du SCM et des scalènes.
Si un certain niveau de contraction de ces muscles est normale, en particulier dans les dernières étapes de ce test, l'importance de la contraction est nettement inférieure chez les sujets sains que chez les sujets cervicalgiques (Falla et al. 2004 ; Jull et al. 2007 ; Jull et al. 2004 ; Sterling et al. 2003). Il faut également souligner qu'il existe une relation inverse entre l'activité du SCM et celle des fléchisseurs cervicaux profonds pendant le test de flexion crâniocervicale : plus l’activation du SCM augmente, plus l’activation des fléchisseurs cervicaux profonds diminue (Jull et al. 2016).

Une mauvaise performance lors de ce test peut également être remarquée si :
-       Le patient a une respiration costale haute, le test doit être exécuté pendant une lente expiration pour minorer l'activité des muscles scalènes antérieurs (Cagnie et al. 2008).
-       Le patient serre les dents en utilisant les muscles hyoïdes pour augmenter la contraction dans les muscles fléchisseurs profonds. On doit alors corriger cette stratégie en demandant au patient d'adopter une position de détente des mâchoires pendant le test. Pour cela, il peut placer doucement sa langue sur le voile du palais et serrer les lèvres l'une contre l'autre avec les dents légèrement écartées.
-       Lors de la phase de retour à la position de départ, l'aiguille du cadran descend en dessous de 20 mmHg. Il faut alors vérifier que la pression était bien stable avant de commencer le test. Sinon cela peut être dû à un déficit de proprioception, avec un patient qui dépasse la position de départ lors de la phase retour, à l’origine de l’importante chute de pression.
-       Quand le sujet revient à la position de départ, le cadran montre une pression supérieure à 20 mmHg. Cela est généralement dû à l'incapacité de relâcher les muscles après une contraction. Les muscles se relâcheront et la pression reviendra au niveau de départ en demandant au patient de regarder le point sur le plafond en arrière de sa tête.

La deuxième étape du test évalue l'endurance ou le tonus de maintien des muscles fléchisseurs profonds du cou. Elle peut être exécutée immédiatement après la première étape, mais elle est généralement retardée quand des mouvements de substitution sont dominants pendant l'étape une. Il n'y a pas d'intérêt à tester l'endurance si l’on ne parvient pas à cibler le muscle car le patient adopte une mauvaise stratégie. Dans ce cas, les muscles long de la tête et du cou sont renforcés en premier avec un mouvement correct et leur endurance sera évaluée ultérieurement. La capacité d'endurance à faible charge des fléchisseurs profonds du cou peut être évaluée en mesurant le niveau de pression qu'un patient peut maintenir stable pendant 10 secondes, avec une contraction minimale des muscles SCM et scalène antérieur.

On commence le test au niveau le plus faible soit 22 mmHg et si 10 répétitions de 10 secondes de maintien sont exécutées avec succès, le test est poursuivi au palier suivant, et ainsi de suite jusqu'à 30 mmHg ou jusqu'à l’échec. Toutefois, ce protocole prend beaucoup de temps et une version abrégée peut être utilisée, dans laquelle on supprime les mesures formelles qui ne sont nécessaires que dans la recherche.

Cette version clinique démarre également à 22 mmHg mais les contractions sont ici maintenues pendant 5 secondes et si après 2 ou 3 répétitions, le patient arrive à maintenir le mouvement, il se relâche quelques secondes et recommence au palier supérieur. Le test est poursuivi jusqu'à ce que le niveau d'échec soit atteint.
En pratique, on mesure le niveau de pression auquel le patient échoue afin d’avoir un repère pour le renforcement musculaire qui commencera au niveau de pression juste en dessous. Par exemple, si la pression d'échec est à 24mmHg, alors le renforcement commencera à 22mmHg.
Globalement, les sujets sains peuvent exécuter des répétitions de ce test à au moins 26 mmHg tandis que les patients cervicalgiques n'atteignent pas souvent avec succès le premier ou le deuxième palier du test (Jull et al. 2002 ; Jull et al. 1999 ; Jull et al. 2000).


Une mauvaise performance ou un échec sont constatés lorsque le patient :
-       Ne peut pas maintenir la flexion crâniocervicale et revient vers une stratégie de compensation ou de diminution de la cyphose cervicale.
-       Ne peut pas maintenir la pression stable à un niveau prédéterminé (l'aiguille du cadran oscille vivement même si le patient semble avoir la bonne position).
-       Ne peut pas maintenir la position sans une contraction excessive des fléchisseurs cervicaux superficiels
-       Maintient la position mais avec des saccades indiquant de la fatigue.

Valeur clinique

Ce test possède une bonne validité de contenu (Falla et al. 2004) ainsi qu’une bonne fiabilité inter et intra-examinateur (Arumugam et al. 2011 ; James et al. 2010 ; Jull et al. 1999 ; Juul et al. 2008).

Bibliographie

Arumugam, Ashokan, Ramakrishnan Mani, et Kavitha Raja. « Interrater Reliability of the Craniocervical Flexion Test in Asymptomatic Individuals--a Cross-Sectional Study ». Journal of Manipulative and Physiological Therapeutics 34, no 4 (mai 2011): 247‑53.

Cagnie, Barbara, Lieven Danneels, Ann Cools, Nele Dickx, et Dirk Cambier. « The Influence of Breathing Type, Expiration and Cervical Posture on the Performance of the Cranio-Cervical Flexion Test in Healthy Subjects ». Manual Therapy 13, no 3 (juin 2008): 232‑38.

Chiu, Thomas Tai Wing, Ellis Yuk Hung Law, et Tony Hiu Fai Chiu. « Performance of the Craniocervical Flexion Test in Subjects with and without Chronic Neck Pain ». The Journal of Orthopaedic and Sports Physical Therapy 35, no 9 (septembre 2005): 567‑71.

Falla, Deborah L., Gwendolen A. Jull, et Paul W. Hodges. « Patients with Neck Pain Demonstrate Reduced Electromyographic Activity of the Deep Cervical Flexor Muscles during Performance of the Craniocervical Flexion Test ». Spine 29, no 19 (1 octobre 2004): 2108‑14.

James, Gill, et Tom Doe. « The Craniocervical Flexion Test: Intra-Tester Reliability in Asymptomatic Subjects ». Physiotherapy Research International: The Journal for Researchers and Clinicians in Physical Therapy 15, no 3 (septembre 2010): 144‑49.

Jull, Gwendolen A., Shaun P. O’Leary, et Deborah L. Falla. « Clinical Assessment of the Deep Cervical Flexor Muscles: The Craniocervical Flexion Test ». Journal of Manipulative and Physiological Therapeutics 31, no 7 (septembre 2008): 525‑33.

Jull, G., M. Amiri, J. Bullock-Saxton, R. Darnell, et C. Lander. « Cervical Musculoskeletal Impairment in Frequent Intermittent Headache. Part 1: Subjects with Single Headaches ». Cephalalgia: An International Journal of Headache 27, no 7 (juillet 2007): 793‑802.

Jull, G., C. Barrett, R. Magee, et P. Ho. « Further Clinical Clarification of the Muscle Dysfunction in Cervical Headache ». Cephalalgia: An International Journal of Headache 19, no 3 (avril 1999): 179‑85.

Juul, Tina, Henning Langberg, Flemming Enoch, et Karen Søgaard. « The intra- and inter-rater reliability of five clinical muscle performance tests in patients with and without neck pain ». BMC Musculoskeletal Disorders 14, no 1 (3 décembre 2013): 339.

Jull, Gwendolen A. « Deep Cervical Flexor Muscle Dysfunction in Whiplash ». Journal of Musculoskeletal Pain 8, no 1‑2 (1 janvier 2000): 143‑54.

Jull, Gwendolen, et Deborah Falla. « Does Increased Superficial Neck Flexor Activity in the Craniocervical Flexion Test Reflect Reduced Deep Flexor Activity in People with Neck Pain? » Manual Therapy 25 (septembre 2016): 43‑47.

Jull, Gwendolen, Patricia Trott, Helen Potter, Guy Zito, Ken Niere, Debra Shirley, Jonathan Emberson, Ian Marschner, et Carolyn Richardson. « A Randomized Controlled Trial of Exercise and Manipulative Therapy for Cervicogenic Headache ». Spine 27, no 17 (1 septembre 2002): 1835‑43; discussion 1843.

Jull, G., C. Barrett, R. Magee, et P. Ho. « Further Clinical Clarification of the Muscle Dysfunction in Cervical Headache ». Cephalalgia: An International Journal of Headache 19, no 3 (avril 1999): 179‑85.

Mayoux-Benhamou, M. A., M. Revel, C. Vallée, R. Roudier, J. P. Barbet, et F. Bargy. « Longus Colli Has a Postural Function on Cervical Curvature ». Surgical and Radiologic Anatomy: SRA 16, no 4 (1994): 367‑71.

Sterling, M., G. Jull, B. Vicenzino, J. Kenardy, et R. Darnell. « Development of motor system dysfunction following whiplash injury ». PAIN®, 2003.

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