Le test d'endurance des extenseurs cervicaux est couramment utilisé pour déterminer la présence d'une faiblesse des extenseurs du cou dans le cadre des cervicalgies. Lors de son introduction en 2015, Sebastian et al ont tenté à travers ce test de différencier une faiblesse des extenseurs superficiels par rapport aux extenseurs profonds.
D’un point de vue anatomique, une distinction a été décrite entre les extenseurs superficiels, qui seraient mieux activés lors de l'extension cranio-cervicale, et les extenseurs profonds qui le seraient davantage lors de la flexion cranio-cervicale (Sebastian et al. 2015). Le groupe des muscles profonds semble ainsi assurer la stabilité locale et inter-segmentaire tandis que le groupe superficiel est capable de produire les mouvements globaux de la colonne cervicale (Kahlaee et al. 2017).
Un ensemble de modifications a été constaté au niveau de la structure physique (surface transversale, infiltration graisseuse, type de fibres) ainsi que dans le comportement (synchronisation et niveau d'activation) des muscles cervicaux en cas de cervicalgie. Des études récentes ont ainsi montré que les extenseurs profonds comme le semi-épineux et le multifide étaient moins bien activés en cas de douleurs cervicales (Schomacher and Falla, 2013). De même, le muscle sous-occipital est souvent atrophié ou sujet à une infiltration graisseuse chez des patients après une flexion/extension forcée du cou ainsi que chez des patients âgés faisant état de céphalées (Mc Partland et al. 1997, Elliott et al. 2006, Elliott et al. 2011, Elliott et al. 2014).
De tels changements suggèrent une capacité réduite des muscles cervicaux pour garantir une fonction optimale et ont potentiellement des conséquences délétères pour la région cervicale qui dépend fortement de ces muscles pour la stabilité mécanique (O'Leary et al. 2009, Kahlaee et al. 2017).
Pour réaliser le test d’endurance des extenseurs du cou, le sujet est allongé sur le ventre, la tête et le cou dépassent du bord de la table et la jonction cervico-thoracique est stabilisée par la main du kiné. Le patient va rentrer son menton en position de rétraction en conservant la colonne cervicale bien alignée avec le tronc. On va ensuite évaluer la capacité du patient à maintenir la tête droite et le menton en position neutre pendant 20 secondes. (Sebastian et al. 2015)
Une faiblesse des extenseurs du cou sera observée si le patient ne parvient pas à garder la position de départ.
Un résultat positif pour la faiblesse des extenseurs profonds du cou est objectivée par la "longueur du menton" qui n’est pas maintenue pendant la durée du test ou qui augmente avec l'extension du cou, indiquant une dominance des extenseurs superficiels du cou.
Dans la plupart des études, les auteurs utilisent un inclinomètre placé au niveau de l’occiput afin d’apprécier les déviations cervicales lors de ce test. Dans leur étude en 2015, Sebastian et al. ont indiqué qu’une déviation de 5 à 10 degrés d'une position de flexion cranio-cervicale maximale à une position d'extension crânio-cervicale était considérée comme positif pour le test cervical profond.
Ce test est également positif si on observe une déviation en flexion de plus de 10 degrés pour le test global. Toutefois, les auteurs précisent que l’inclinomètre n’est pas forcément nécessaire dans la pratique clinique puisque les mouvements crâniens peuvent être visualisés par un œil entrainé (Sebastian et al. 2015).
L’endurance peut également être évaluée en utilisant des charges légères sur la tête afin de mesurer l’endurance à des intensités de force différentes.
De manière générale, les tests dédiés à la force et à l’endurance sont exécutés selon une progression dans l’évaluation au fur et à mesure de la prise en charge dès que le patient réalise une extension dans l’amplitude complète en maintenant la région cranio-cervicale dans une position neutre.
Si ce test semble valide pour détecter la présence d’une faiblesse des extenseurs du cou (Selistre et al. 2021), certaines études sont contradictoires quant à sa capacité à différencier une faiblesse des muscles profonds par rapports aux muscles superficiels (Kahlaee et al. 2017).
Amir H Kahlaee, Asghar Rezasoltani, Leila Ghamkhar, Is the clinical cervical extensor endurance test capable of differentiating the local and global muscles?, The Spine Journal (2017), http://dx.doi.org/doi: 10.1016/j.spinee.2017.01.014
Elliott JM et al. Craniocervical orientation affects muscle activation when exercising the cervical extensors in healthy subjects. Arch Phys Med Rehab. 2010; 91(9):1418-22.
Elliott, James M., Ashley R. Pedler, Gwendolen A. Jull, Luke Van Wyk, Graham G. Galloway, et Shaun P. OʼLeary. « Differential Changes in Muscle Composition Exist in Traumatic and Nontraumatic Neck Pain ». Spine 39, no 1 (1 janvier 2014): 39‑47.
Elliott, James, Gwendolen Jull, Jon Timothy Noteboom, Ross Darnell, Graham Galloway, et Wayne W. Gibbon. « Fatty Infiltration in the Cervical Extensor Muscles in Persistent Whiplash-Associated Disorders: A Magnetic Resonance Imaging Analysis ». Spine 31, no 22 (15 octobre 2006): E847-855.
Elliott, James, Ashley Pedler, Justin Kenardy, Graham Galloway, Gwendolen Jull, et Michele Sterling. « The Temporal Development of Fatty Infiltrates in the Neck Muscles Following Whiplash Injury: An Association with Pain and Posttraumatic Stress ». PLOS ONE 6, no 6 (16 juin 2011): e21194.
Johnston, V., Jull, G., Souvlis, T., & Jimmieson, N. L. (2008). Neck Movement and Muscle Activity Characteristics in Female Office Workers With Neck Pain. Spine, 33(5), 555–563.
McPartland, J. M., R. R. Brodeur, et R. C. Hallgren. « Chronic Neck Pain, Standing Balance, and Suboccipital Muscle Atrophy--a Pilot Study ». Journal of Manipulative and Physiological Therapeutics 20, no 1 (janvier 1997): 24‑29.
O'Leary S., Falla D., Elliott J.M., Jull G. Muscle dysfunction in cervical spine pain: implications for assessment and management. J Orthop Sports Phys Ther. 2009; 39: 324-333
Schomacher, J., & Falla, D. (2013). Function and structure of the deep cervical extensor muscles in patients with neck pain. Manual Therapy, 18(5), 360–366.
Selistre, L. F. A., Melo, C. S. M., & Noronha, M. A. (2021). Reliability and Validity of Clinical Tests for Measuring Strength or Endurance of Cervical Muscles : A Systematic Review and Meta-analysis. Arch Phys Med Rehabil, 102(6), 1210‑1227
Sebastian, D., Chovvath, R., Malladi, R., The neck extensor endurance test: An inter-rater reliability study, Journal of Bodywork & Movement Therapies (2015), doi: 10.1016/ j.jbmt.2014.04.014
Le test d'endurance des extenseurs cervicaux est couramment utilisé pour déterminer la présence d'une faiblesse des extenseurs du cou dans le cadre des cervicalgies. Lors de son introduction en 2015, Sebastian et al ont tenté à travers ce test de différencier une faiblesse des extenseurs superficiels par rapport aux extenseurs profonds.
D’un point de vue anatomique, une distinction a été décrite entre les extenseurs superficiels, qui seraient mieux activés lors de l'extension cranio-cervicale, et les extenseurs profonds qui le seraient davantage lors de la flexion cranio-cervicale (Sebastian et al. 2015). Le groupe des muscles profonds semble ainsi assurer la stabilité locale et inter-segmentaire tandis que le groupe superficiel est capable de produire les mouvements globaux de la colonne cervicale (Kahlaee et al. 2017).
Un ensemble de modifications a été constaté au niveau de la structure physique (surface transversale, infiltration graisseuse, type de fibres) ainsi que dans le comportement (synchronisation et niveau d'activation) des muscles cervicaux en cas de cervicalgie. Des études récentes ont ainsi montré que les extenseurs profonds comme le semi-épineux et le multifide étaient moins bien activés en cas de douleurs cervicales (Schomacher and Falla, 2013). De même, le muscle sous-occipital est souvent atrophié ou sujet à une infiltration graisseuse chez des patients après une flexion/extension forcée du cou ainsi que chez des patients âgés faisant état de céphalées (Mc Partland et al. 1997, Elliott et al. 2006, Elliott et al. 2011, Elliott et al. 2014).
De tels changements suggèrent une capacité réduite des muscles cervicaux pour garantir une fonction optimale et ont potentiellement des conséquences délétères pour la région cervicale qui dépend fortement de ces muscles pour la stabilité mécanique (O'Leary et al. 2009, Kahlaee et al. 2017).
Pour réaliser le test d’endurance des extenseurs du cou, le sujet est allongé sur le ventre, la tête et le cou dépassent du bord de la table et la jonction cervico-thoracique est stabilisée par la main du kiné. Le patient va rentrer son menton en position de rétraction en conservant la colonne cervicale bien alignée avec le tronc. On va ensuite évaluer la capacité du patient à maintenir la tête droite et le menton en position neutre pendant 20 secondes. (Sebastian et al. 2015)
Une faiblesse des extenseurs du cou sera observée si le patient ne parvient pas à garder la position de départ.
Un résultat positif pour la faiblesse des extenseurs profonds du cou est objectivée par la "longueur du menton" qui n’est pas maintenue pendant la durée du test ou qui augmente avec l'extension du cou, indiquant une dominance des extenseurs superficiels du cou.
Dans la plupart des études, les auteurs utilisent un inclinomètre placé au niveau de l’occiput afin d’apprécier les déviations cervicales lors de ce test. Dans leur étude en 2015, Sebastian et al. ont indiqué qu’une déviation de 5 à 10 degrés d'une position de flexion cranio-cervicale maximale à une position d'extension crânio-cervicale était considérée comme positif pour le test cervical profond.
Ce test est également positif si on observe une déviation en flexion de plus de 10 degrés pour le test global. Toutefois, les auteurs précisent que l’inclinomètre n’est pas forcément nécessaire dans la pratique clinique puisque les mouvements crâniens peuvent être visualisés par un œil entrainé (Sebastian et al. 2015).
L’endurance peut également être évaluée en utilisant des charges légères sur la tête afin de mesurer l’endurance à des intensités de force différentes.
De manière générale, les tests dédiés à la force et à l’endurance sont exécutés selon une progression dans l’évaluation au fur et à mesure de la prise en charge dès que le patient réalise une extension dans l’amplitude complète en maintenant la région cranio-cervicale dans une position neutre.
Si ce test semble valide pour détecter la présence d’une faiblesse des extenseurs du cou (Selistre et al. 2021), certaines études sont contradictoires quant à sa capacité à différencier une faiblesse des muscles profonds par rapports aux muscles superficiels (Kahlaee et al. 2017).
Amir H Kahlaee, Asghar Rezasoltani, Leila Ghamkhar, Is the clinical cervical extensor endurance test capable of differentiating the local and global muscles?, The Spine Journal (2017), http://dx.doi.org/doi: 10.1016/j.spinee.2017.01.014
Elliott JM et al. Craniocervical orientation affects muscle activation when exercising the cervical extensors in healthy subjects. Arch Phys Med Rehab. 2010; 91(9):1418-22.
Elliott, James M., Ashley R. Pedler, Gwendolen A. Jull, Luke Van Wyk, Graham G. Galloway, et Shaun P. OʼLeary. « Differential Changes in Muscle Composition Exist in Traumatic and Nontraumatic Neck Pain ». Spine 39, no 1 (1 janvier 2014): 39‑47.
Elliott, James, Gwendolen Jull, Jon Timothy Noteboom, Ross Darnell, Graham Galloway, et Wayne W. Gibbon. « Fatty Infiltration in the Cervical Extensor Muscles in Persistent Whiplash-Associated Disorders: A Magnetic Resonance Imaging Analysis ». Spine 31, no 22 (15 octobre 2006): E847-855.
Elliott, James, Ashley Pedler, Justin Kenardy, Graham Galloway, Gwendolen Jull, et Michele Sterling. « The Temporal Development of Fatty Infiltrates in the Neck Muscles Following Whiplash Injury: An Association with Pain and Posttraumatic Stress ». PLOS ONE 6, no 6 (16 juin 2011): e21194.
Johnston, V., Jull, G., Souvlis, T., & Jimmieson, N. L. (2008). Neck Movement and Muscle Activity Characteristics in Female Office Workers With Neck Pain. Spine, 33(5), 555–563.
McPartland, J. M., R. R. Brodeur, et R. C. Hallgren. « Chronic Neck Pain, Standing Balance, and Suboccipital Muscle Atrophy--a Pilot Study ». Journal of Manipulative and Physiological Therapeutics 20, no 1 (janvier 1997): 24‑29.
O'Leary S., Falla D., Elliott J.M., Jull G. Muscle dysfunction in cervical spine pain: implications for assessment and management. J Orthop Sports Phys Ther. 2009; 39: 324-333
Schomacher, J., & Falla, D. (2013). Function and structure of the deep cervical extensor muscles in patients with neck pain. Manual Therapy, 18(5), 360–366.
Selistre, L. F. A., Melo, C. S. M., & Noronha, M. A. (2021). Reliability and Validity of Clinical Tests for Measuring Strength or Endurance of Cervical Muscles : A Systematic Review and Meta-analysis. Arch Phys Med Rehabil, 102(6), 1210‑1227
Sebastian, D., Chovvath, R., Malladi, R., The neck extensor endurance test: An inter-rater reliability study, Journal of Bodywork & Movement Therapies (2015), doi: 10.1016/ j.jbmt.2014.04.014