Bilan-Diagnostic OBJECTIFS DE LâEXAMEN CLINIQUE Lâobjectif de lâexamen clinique est de dresser un Ă©tat des lieux le plus objectif et chiffrĂ© possible afin dâen faire dĂ©couler un plan de soin adaptĂ© et de pouvoir par la suite sây rĂ©fĂ©rer pour comparer lâĂ©volution clinique du patient au dĂ©cours de la chirurgie ou de la rĂ©Ă©ducation.
ANAMNĂSE LâanamnĂšse doit sâintĂ©resser en premier lieu au dĂ©but et Ă lâĂ©volution des symptĂŽmes afin dâen comprendre le retentissement fonctionnel : la gĂȘne au chaussage, Ă la station debout et Ă la marche voire douleur dans ces mĂȘmes conditions, selon les travaux de Nix et al (14). Les consĂ©quences de ses gĂȘnes Ă douleurs peuvent conduire le patient Ă trouver des stratĂ©gies d'esquive qui seront Ă examiner durant le bilan-diagnostic MK.
Le thĂ©rapeute doit sâenquĂ©rir des antĂ©cĂ©dents mĂ©dicaux et chirurgicaux du patient pouvant avoir un rapport avec les retentissements fonctionnels dâun HV : posture et station debout, marche et Ă©quilibre. Ainsi, il sâagit de chercher les lĂ©sions orthopĂ©diques ou neurologiques du membre infĂ©rieur voire les atteintes des circuits de lâĂ©quilibration dont lâHV pourrait amplifier les symptĂŽmes.Â
Le constat de gĂȘne au chaussage et Ă la station debout peut immĂ©diatement conduire le thĂ©rapeute Ă prodiguer des conseils de port de chaussures : pas ou peu de talon, extrĂ©mitĂ© non pointue et large⊠afin de permettre au patient de se tenir debout et de marcher en rĂ©duisant lâembarras causĂ© par la dĂ©formation, dâaprĂšs les travaux de Hecht et Lin en 2014 (8).
EXAMENS COMPLEMENTAIRES & DIAGNOSTIC Le diagnostic est couramment clinique tandis que lâĂ©valuation de la sĂ©vĂ©ritĂ© se fait usuellement grĂące Ă la radiographie. En outre, la radiographie permet dâĂ©valuer de la prĂ©sence Ă lâĂ©tendue de lâarthrose pouvant ĂȘtre trouvĂ©e sur la tĂȘte du 1er mĂ©tatarsien accompagnant la dĂ©formation, Gribbin et al 2017 (23).Â
Dans de rare cas, lâHV peut ĂȘtre une complication de pathologie rhumatismale systĂ©mique dont lâexemple le plus frĂ©quent est la polyarthrite rhumatoĂŻde, Gribbin et al 2017 (23). LâinstabilitĂ© du tarse, causĂ© par la formation de pannus rhumatoĂŻdes est Ă lâorigine de la dĂ©formation de lâavant-pied, qui peut en outre se compliquer dâune arthrose de lâarticulation mĂ©tatarso-phalangienne.Â
â
â
TRAITEMENT PRĂVENTIF Les mesures orthopĂ©diques conservatrices ne peuvent prĂ©venir la dĂ©tĂ©rioration de l'hallux valgus qu'Ă un stade prĂ©coce de la maladie dâaprĂšs Zirngibl et al en 2017 (24). Il sâagit tantĂŽt dâorthĂšses de maintien ou de correction. Le podologue peut ĂȘtre consultĂ© afin de rĂ©aliser une orthĂšse sur mesure voire une semelle modifiant les points dâappuis.Â
â
â
De la kinĂ©sithĂ©rapie peut ĂȘtre prescrite dans de rare cas afin dâapaiser les douleurs et de proposer un travail de renforcement musculaire stabilisateur de la voĂ»te plantaire et du tibial postĂ©rieur, muscle incriminĂ© dans lâinstabilitĂ© de la 1Ăšre colonne par les travaux de Blackwood et Gossett (25) en 2018 comme facteur de risque de pied plat et dâeffondrement de lâarche mĂ©diale.Â
A notre connaissance, aucun traitement prĂ©ventif nâa prouvĂ© son efficacitĂ© dans le retard dâapparition de la dĂ©formation ni rĂ©ellement dans la gestion des symptĂŽmes de lâHV.
EXAMEN CLINIQUE PRE-OPERATOIRE DOULEUR  La douleur peut ĂȘtre le motif de consultation selon Nair et al en 2022 (12). Cela justifie de sây intĂ©resser lors de lâexamen clinique prĂ©-opĂ©ratoire ou en dehors du parcours opĂ©ratoire. Il nâexiste pas de consensus quant au mode dâĂ©valuation de la douleur, mais il est judicieux de conseiller une Ă©valuation quantitative type Ăchelle Visuelle Analogique (EVA) ou Ăchelle NumĂ©rique (EN), en plus de donnĂ©es qualitatives (localisation, sensation, horairesâŠ).Â
Il est judicieux de questionner le patient afin de comprendre ses sensations et de faire le lien avec lâanamnĂšse et lâimagerie pour lier les douleurs avec une potentielle arthrose, par exemple. Cela permet une meilleure comprĂ©hension de ses douleurs par le patient et de dĂ©finir, avant lâintervention, la stratĂ©gie de prise en charge.Â
â
MORPHO-STATIQUE Lâexamen morpho-statique se rĂ©alise dans un but postural, il sâagit de comprendre quelles sont les consĂ©quences sur la posture du membre infĂ©rieur de la dĂ©formation. Ainsi il sâagit dâobserver et lorsque cela est rendu possible de mesurer :Â
Angle mĂ©tatarso-phalangien Hauteur du naviculaire Ces mesures doivent ĂȘtre comparatives afin de comprendre la posture du membre concernĂ© mais surtout de mettre en lumiĂšre dâĂ©ventuelles compensations que lâon pourrait retrouver sur le membre controlatĂ©ral.
â
â
La posture du pied est observable dans le sens oĂč elle permet de comprendre la stratĂ©gie Ă©volutive de la dĂ©formation et les consĂ©quences fonctionnelles de la potentielle douleur ou gĂȘne Ă lâappui. Ainsi on distingue deux principales stratĂ©gies : lâĂ©vitement de lâappui, qui creuse la voĂ»te plantaire et engendre un varus de lâarriĂšre-pied et au contraire, la consĂ©quence majeure de lâinstabilitĂ© cunĂ©o-mĂ©tatarsienne, lâeffondrement de lâarche mĂ©diale qui est Ă lâorigine dâun valgus plus ou moins marquĂ© de la subtalaire. Ces notions dâaxe verticaux peuvent sâobserver et se mesurer par lâangle que forme le tendon achillĂ©en avec le calcanĂ©um, nommĂ© axe achillĂ©en, cet axe est directement corrĂ©lĂ© avec lâangle valgisant/varisant du genou.
â
â
Un signe objectivant la dysfonction du tibial postĂ©rieur et reliĂ© Ă lâimagerie diagnostiquant un pied plat est le « too many toes sign », traduisible par le signe des orteils qui dĂ©passent, selon Bubra et al en 2015 (26) et observable dans le cercle vert dans lâimage ci-dessus (ici le test est nĂ©gatif, le valgus reste physiologique et lâarche mĂ©diale fonctionnelle). Ce test permet de facilement mettre en Ă©vidence un faux pied-plat valgus pathologique, soulignant lâimpotence fonctionnelle du tibial postĂ©rieur, et par consĂ©quent lâinstabilitĂ© cunĂ©o-mĂ©tatarsienne, aux stades prĂ©coces de la dĂ©formation.
â
â
ARTICULAIRE Le bilan articulaire sâintĂ©resse prĂ©cisĂ©ment Ă la colonne de lâhallux. Il nâexiste pas de test diagnostic particulier, ni de symptĂŽme articulaire Ă rechercher. Lâattention du thĂ©rapeute se doit dâĂȘtre globale. Il sâagit de mettre en Ă©vidence lâinstabilitĂ© cunĂ©o-mĂ©tatarsienne par des mobilisations passives comparative au cĂŽtĂ© opposĂ© (pris en rĂ©fĂ©rence) et une sensation douloureuse voire dâapprĂ©hension du sujet.Â
Par la suite, le thĂ©rapeute prospectera autour de la rĂ©ductibilitĂ© de la dĂ©formation de la MTP1 et recueillera lâensemble de ses mobilitĂ©s, se comparant ainsi au cĂŽtĂ© controlatĂ©ral, si celui-ci ne prĂ©sente pas de dĂ©formation, ou bien aux normes de mobilitĂ©s Ă©tablies en cas dâatteinte bilatĂ©rale.Â
La mobilitĂ© de lâarticulation inter-phalangienne de lâhallux peut aussi faire lâobjet dâun examen, plus utile en cas de prĂ©sence dâune arthrose marquĂ©e de la MTP1 et dans le cas oĂč le chirurgien envisagerait plutĂŽt une arthrodĂšse quâun protocole de chirurgie de correction prĂ©cĂ©demment citĂ©.Â
â
SENSITIF & POSTURAL La baro-podomĂ©trie offre la possibilitĂ© au clinicien dâobserver la rĂ©partition des appuis plantaires autant que la forme de ceux-ci. Une rĂ©partition Ă©quivalente du poids du corps entre les deux membres infĂ©rieurs est attendue, une rĂ©partition inĂ©gale serait signe dâesquive de lâappui. La stabilomĂ©trie permet lâanalyse du positionnement du centre de pression, assimilable au centre de masse projetĂ© au sol, selon les normes 85 dĂ©terminĂ©e par Gagey et al (27).Â
Les travaux de Bryant et al en 1999 (28) montrent une mĂ©dialisation du centre de pression observĂ© sur plateforme de force suggĂ©rant que lâeffondrement de lâarche mĂ©diale du pied et donc sa pronation serait intimement liĂ©e au dĂ©veloppement de la dĂ©formation. Ainsi lâobservation de lâempreinte plantaire offrira au praticien une empreinte Ă©largie.
Cette mĂ©dialisation du centre de pression ne sâobserve quâen lâabsence de douleur, auquel cas ce sera plutĂŽt une latĂ©ralisation du centre de pression qui sera observĂ©, consĂ©quence dâune esquive de lâappui comme lâobservent Koller et al en 2014 (29). Dans cette situation, lâempreinte observĂ©e donnera lieu Ă une empreinte rĂ©duite dont la charge sera marquĂ©e sur le bord latĂ©ral du pied, comme le serait celle dâun pied ayant une tendance creuse.
â
â
Ces conclusions confirment le travail de Mickle et al en 2011 (17) qui observaient alors un transfert postĂ©rieur des appuis plantaires, soulignant de ce fait une esquive de lâappui sur la partie antĂ©rieure du pied ou la palette mĂ©tatarsienne. Cette esquive peut ĂȘtre la rĂ©sultante de douleurs ou dâapprĂ©hension de celle-ci.Â
Si lâHV conduit Ă une perte dâĂ©quilibre selon les travaux de Sadra et al (30), il convient au kinĂ©sithĂ©rapeute dâinvestiguer cette fonction dans toutes ses dimensions pouvant ĂȘtre impliquĂ©e : tant selon lâaspect sensitif que dans lâaspect moteur. La douleur dĂ©crite par Abhishek et al en 2010 (6) est un frein Ă la sensation extĂ©roceptive comme proprioceptive, les voies sensorielles Ă©tant partagĂ©es.Â
En cas de dĂ©ficit postural avĂ©rĂ©, un examen proprioceptif peut ĂȘtre menĂ© car un dĂ©faut sensitif peut ĂȘtre Ă lâorigine dâun trouble de la posture. En effet, les travaux de lâĂ©quipe de Sirin et al en 2020 (31) qui retrouvent dans les capsules articulaires des MTP1 de sujets souffrants dâHV plus de terminaisons nerveuses libres que chez des sujets ne souffrant pas de la dĂ©formation. Cela pourrait conduire, selon les auteurs, Ă une apparition de douleur et d'une instabilitĂ© articulaire cliniquement observable pouvant se traduire par un dĂ©faut proprioceptif.
Ainsi, le test Joint Position Test, utilisĂ© spĂ©cifiquement pour lâhallux donne une image reprĂ©sentative de la capacitĂ© sensitive du sujet. Ce test est validĂ© dans son utilisation pour le membre infĂ©rieur prĂ©sentant une forte reproductibilitĂ© des rĂ©sultats dâaprĂšs les travaux dâArvin et al en 2015 (32).
â
â
MUSCULAIRE LâĂ©valuation de la force et endurance des muscles de la jambe peut ĂȘtre recommandĂ©e afin dâobjectiver une insuffisance musculaire des muscles assurant la suspension de la voĂ»te plantaire et la stabilitĂ© de lâarche mĂ©diale du pied, soit les muscles intrinsĂšques du pied et le couple formant lâĂ©trier du pied, tibial postĂ©rieur et long fibulaire. De ces deux derniers, la force est quantifiable par dynamomĂ©trie Ă main selon les travaux de Spink et al en 2010 (33) avec un indice de corrĂ©lation interclasse (ICC) intra-examinateur de [0,78-0,94] et inter-examinateur de [0 ,77-0,88], permettant de conseiller son utilisation en pratique clinique. Il est toutefois, en dynamomĂ©trie compressive, impossible dâisoler le muscle de son groupe fonctionnel, ainsi ce sont les fibulaires dâune part et les inverseurs dâautre part dont la force est estimĂ©e grĂące Ă cette technique. Sâil nâexiste pas Ă notre connaissance de valeur absolue dĂ©finissant la force minimale estimĂ©e pour la station debout ou la dĂ©ambulation, le praticien peut se rĂ©fĂ©rer Ă une valeur comparative en bilatĂ©ral et calculer un index de symĂ©trie qui sur les membres infĂ©rieurs du sujet sain est assimilable Ă 90%.Â
â
â
La tonicitĂ© de la voĂ»te plantaire peut ĂȘtre Ă©valuĂ©e par le Navicular Drop Test (NDT). Il est trĂšs difficile de mettre en place un test Ă©valuant de maniĂšre spĂ©cifique et chiffrĂ©e la force des muscles intrinsĂšques du pied, Ă©chappant Ă la dynamomĂ©trie. Aussi, le NDT permet de faire le lien entre force musculaire et action fonctionnelle du muscle.Â
Le test dĂ©marre alors que le sujet est assis, le praticien mesure la hauteur de la voĂ»te plantaire par son sommet : le naviculaire. Une fois la mesure faite, le sujet se lĂšve et le praticien reprend la mĂȘme mesure. Il sâagit ensuite de comparer les deux mesures prises en dĂ©charge puis en charge. Il existe une norme dĂ©finie par Brody en 1982 (34) :Â
<10mm = différence physiologique
[10 â 15mm] = instabilitĂ© fonctionnelle,Â
>15mm = instabilitĂ© vraieÂ
La reproductibilité de ce test est importante avec un ICC : 0,97-0,99 selon McPoil et al 2009 (35), offrant ainsi une confiance dans les résultats qui peuvent en découler pour le praticien.
â
â
MARCHE Lâanalyse de marche doit pouvoir mettre en Ă©vidence des dĂ©fauts, des Ă©carts Ă la norme, afin de permettre au clinicien dâen dĂ©duire les causes. Selon Viel (36), apprĂ©cier une marche ne peut se faire que par comparaison Ă une norme Ă©tablie. Les fourchettes de valeurs normatives fournissent une maniĂšre simple dâobjectiver les dĂ©fauts de marche les plus courants. La marche du patient souffrant dâHV est dĂ©gradĂ©e comme se lâaccordent Ă dire Klugarova et al ou encore Canseco et al (13,18).La dĂ©formation en HV peut avoir une influence nĂ©gative sur la fonction des membres infĂ©rieurs et peut Ă©galement entraĂźner une surcharge de ses segments selon les travaux de KozĂĄkovĂĄ et al en 2011 (37). Ainsi lâanalyse de marche ne peut se borner Ă lâobservation des paramĂštres cinĂ©tiques et cinĂ©matiques des pieds, lâensemble du membre infĂ©rieur doit ĂȘtre considĂ©rĂ© comme le conseille les conclusions de la revue systĂ©matique de Rosemberg et al en 2023 (38).Â
Pour ce faire, le praticien peut utiliser lâanalyse observationnelle mĂ©thodique, soumise Ă la subjectivitĂ© et Ă lâexpĂ©rience de chacun dont la fiabilitĂ© et la validitĂ© restent faible selon les travaux de Toro et al de 2003 (39), ou bien se fier Ă des outils dâanalyse fonctionnelle par le biais de capture vidĂ©o et dâapplications dâanalyse du mouvement ou bien de capteurs embarquĂ©s. Ces derniers vont prĂ©senter des paramĂštres clinimĂ©triques de plus grande fiabilitĂ© et dont les mesures objectives permettront de suivre lâĂ©volution de lâĂ©tat clinique du patient, de quantifier les progrĂšs.
â
â
POST-OPERATOIRE Le suivi post-opĂ©ratoire suit les mĂȘmes items que le bilan prĂ©-opĂ©ratoire en prenant en compte lâaspect chirurgical et ses consĂ©quences du point de vue trophique principalement. Les consignes post-opĂ©ratoires imposent lâutilisation de chaussure type Barouk durant 4 Ă 6 semaines en fonction de la procĂ©dure utilisĂ©e, dissipant lâappui antĂ©rieur du pied et permettant une mise en charge immĂ©diate du membre infĂ©rieur. Outre le bĂ©nĂ©fice en termes de qualitĂ© de vie pour le patient qui se trouve peu immobilisĂ© dans les suites de sa chirurgie, lâutilisation de cette chaussure permet la rĂ©duction du risque thrombo-embolique par un appui prĂ©coce, dĂšs le lendemain de lâintervention.Â
â
â
DOULEUR Si les douleurs prĂ©-opĂ©ratoires pouvaient ĂȘtre dâorigine mĂ©canique, du fait de lâinstabilitĂ© de la 1Ăšre colonne du pied, voire tirant leur origine de lâarthrose de lâarticulation mĂ©tatarso-phalangienne de lâhallux, la douleur post-opĂ©ratoire sâen distingue. Celle-ci est inflammatoire dâabord, dâhoraire nocturne, gĂ©nĂ©rant des sensations dâĂ©lancement. Et se complĂšte dâune douleur mĂ©canique, consĂ©quence du traumatisme chirurgical sur les structures osseuses et articulaires qui se dissipe avec la consolidation.Â
â
MORPHOSTATIQUE Lâaspect morphostatique du pied est modifiĂ© par la chirurgie dans le sens oĂč lâangle mĂ©tatarso-phalangien sâest rĂ©duit. La hauteur du naviculaire peut avoir Ă©tĂ© modifiĂ©e, ce nâest pas une certitude absolue, dĂ©pendant principalement de la technique utilisĂ©e et le raccourcissement Ă©ventuel du 1er mĂ©tatarse car cela aura un impact direct dans lâarchitecture de la 1Ăšre colonne du pied. Lâobservation frontale de la position des pieds par lâangle du tendon achillĂ©en et le « too many toes sign », reste conseillĂ©e pour comprendre la stratĂ©gie posturale des membres infĂ©rieurs et sa potentielle Ă©volution post-chirurgie.
â
ARTICULAIRE Le bilan articulaire se concentre autour de la restitution de mobilitĂ© de la 1Ăšre colonne, et principalement de lâarticulation mĂ©tatarso-phalangienne de lâhallux qui nĂ©cessite 70° dâextension pour offrir au sujet une dĂ©marche physiologique, la possibilitĂ© de port de talon haut, ou bien de descente des escaliers selon Maestro et al en 2018 (40). En cas dâarthrodĂšse de la MTP1, cette mobilitĂ© en extension se trouve reportĂ©e sur lâarticulation interphalangienne de lâhallux dont il sâagira de dĂ©velopper ce mouvement afin de permettre une propulsion plus physiologique.
â
SENSITIF ET POSTURAL Cet examen nĂ©cessite lâattente de lâabolition des douleurs post-opĂ©ratoires pour ĂȘtre fiable, celle-ci pouvant induire un biais de perception sensitive. Ainsi selon Sadra et al (30), lâĂ©quilibre serait amĂ©liorĂ© de 63% aprĂšs une intervention corrective de la dĂ©formation en HV. En fonction de la position prĂ©-opĂ©ratoire du centre de pression dans le polygone de sustentation Ă©valuĂ©e par stabilomĂ©trie, lâexamen post-opĂ©ratoire se doit dâobserver une normalisation de ces donnĂ©es par une modification de la position de ce centre, pour se trouver au milieu de lâaxe frontal, illustrant ainsi une Ă©quitĂ© des pressions entre les deux membres infĂ©rieurs.Â
â
MUSCULAIRE Entre les examens prĂ©-opĂ©ratoire et post-opĂ©ratoire prĂ©coce, peu de variabilitĂ© des rĂ©sultats des Ă©valuations musculaires est attendue. Il sâagit de renouveler ce bilan une fois le protocole de renforcement musculaire rĂ©alisĂ©. Ce dernier cible toutefois comme vu prĂ©cĂ©demment, et en fonction de lâexamen clinique, les muscles intrinsĂšques du pied assurant la sustentation de la voĂ»te, les muscles de lâĂ©trier du pied formĂ© des fibulaires et des inverseurs, ainsi que les propulseurs qui nous fait adjoindre le triceps sural.Â
â
MARCHE La littĂ©rature tend Ă montrer que les patients opĂ©rĂ©s dâune correction de lâHV prĂ©sentent une vitesse de marche et une longueur du pas rĂ©duites comparativement Ă une population saine, selon Canseco et al ou encore Moerenhout et al plus rĂ©cemment (18,41) mais la chirurgie tendrait Ă normaliser les temps dâappui et surtout la cinĂ©matique de lâhallux. Ainsi, une fois les douleurs de la chirurgie passĂ©e, lâanalyse des paramĂštres cinĂ©tiques de la marche et la cinĂ©matique du pied durant ce geste reste un examen Ă conseiller.Â
EVALUATION DE SUIVI Quel que soit le motif de consultation, le praticien doit sâintĂ©resser Ă la qualitĂ© de vie de son patient avant comme aprĂšs intervention. Cette qualitĂ© de vie peut sâĂ©valuer au moyen de questionnaires comme le SF-36, issu du questionnaire de lâĂ©tude Medical Outcomes Study (MOS). Câest un questionnaire robuste et fiable destinĂ© Ă obtenir une mesure gĂ©nĂ©rique de lâĂ©tat de santĂ© perceptuelle selon Ware et Sherbourne (42). Le SF-36 comporte 36 questions permettant dâĂ©valuer la qualitĂ© de vie liĂ©e Ă la santĂ© gĂ©nĂ©rale : le fonctionnement physique, la limitation des rĂŽles en raison de problĂšmes physiques, la limitation des rĂŽles rĂ©sultant de problĂšmes Ă©motionnels, la vitalitĂ© (Ă©nergie/fatigue), le bien-ĂȘtre Ă©motionnel, le fonctionnement social, les douleurs corporelles, la perception de la santĂ© gĂ©nĂ©rale et mentale. Il existe une version abrĂ©gĂ©e du test, le SF-12, ne comportant que 12 questions sur les 36. Ces Ă©chelles ne sont pas spĂ©cifiques Ă la qualitĂ© de vie de patient souffrant de la dĂ©formation en HV ou ayant bĂ©nĂ©ficiĂ© dâune chirurgie correctrice.
La qualitĂ© de vie du patient est en lien direct avec leur capacitĂ© Ă utiliser le membre prĂ©sentant la dĂ©formation en HV. Dans le but dâinvestiguer le retentissement fonctionnel de cette dĂ©formation et de quantifier lâĂ©volution post-chirurgie, certaines Ă©chelles peuvent ĂȘtre utilisĂ©es. Les rĂ©cents travaux de Chausse et al en 2023 (43) concluent que le score EFAS est plus adaptĂ© que le score SF36 car il prĂ©sente une meilleure sensibilitĂ© au changement. Le score EFAS est un score issu dâun auto-questionnaire, Ă©ditĂ© par la SociĂ©tĂ© europĂ©enne du pied et de la cheville (European Foot and Ankle Society). Il a Ă©tĂ© validĂ© en langue française et dans 9 autres langues. Il comporte 6 questions, sur une Ă©chelle de 0 Ă 4, et peut sâappliquer aux pathologies de lâavant-pied, de lâarriĂšre-pied ou de la cheville. Il peut ĂȘtre complĂ©tĂ© par un score EFAS spĂ©cifique Ă la pratique sportive, en 4 questions.Â
â
â
RECIDIVE La rĂ©cidive aprĂšs chirurgie de correction de lâHV nâest pas nulle. En effet, dans la revue systĂ©matique de Ezzatavar et al en 2021 (44), vingt-trois Ă©tudes ont Ă©tĂ© incluses, portant sur un total de 2 914 personnes. La prĂ©valence groupĂ©e de la rĂ©currence de lâHV Ă©tait de 24,86 %. L'angle de la MTP1 prĂ©opĂ©ratoire et post-opĂ©ratoire ainsi que lâangle IMA et la position des sĂ©samoĂŻdes sont des facteurs de risque significatifs pour la rĂ©cidive de l'HV. Lâassociation de ces facteurs avec la rĂ©cidive est influencĂ©e par l'Ăąge.
La douleur dans le cadre d'une dĂ©formation rĂ©currente est la principale indication de la chirurgie de rĂ©vision de l'HV dâaprĂšs Clarke et Platt en 2021 (45). Il est important d'identifier correctement la localisation de la douleur. La douleur mĂ©diale peut ĂȘtre la consĂ©quence d'une rĂ©section inadĂ©quate de l'Ă©minence, tandis que la douleur plantaire peut ĂȘtre due Ă une sĂ©samoĂŻdite, une arthrite sĂ©samoĂŻdienne ou une mauvaise rĂ©duction des sĂ©samoĂŻdes lors de l'intervention de rĂ©fĂ©rence. En fonction des cas, une nouvelle chirurgie pourrait ĂȘtre proposĂ©e.
Bibliographie 1.   Mickle KJ, Munro BJ, Lord SR, Menz HB, Steele JR. ISB Clinical Biomechanics Award 2009. Clin Biomech. dĂ©c 2009;24(10):787â91.
2.   Coughlin MJ, Saltzman CL, Nunley JA. Angular Measurements in the Evaluation of Hallux Valgus Deformities: A Report of the Ad Hoc Committee of the American OrthopĂŠdic Foot & Ankle Society on Angular Measurements. Foot Ankle Int. janv 2002;23(1):68â74.
3.   Carvalho CE, Da Silva RA, Gil AW, Oliveira MR, Nascimento JA, Oliveira DAAP. Relationship between foot posture measurements and force platform parameters during two balance tasks in older and younger subjects. J Phys Ther Sci. 2015;27(3):705â10.
4.   Nix S, Smith M, Vicenzino B. Prevalence of hallux valgus in the general population: a systematic review and meta-analysis. J Foot Ankle Res. 27 sept 2010;3:21.
5.   Cai Y, Song Y, He M, He W, Zhong X, Wen H, et al. Global prevalence and incidence of hallux valgus: a systematic review and meta-analysis. J Foot Ankle Res. 20 sept 2023;16(1):63.
6.   Abhishek A, Roddy E, Zhang W, Doherty M. Are hallux valgus and big toe pain associated with impaired quality of life? A cross-sectional study. Osteoarthritis Cartilage. juill 2010;18(7):923â6.
7.   Barouk L, Barouk P, Baudet B, Toullec E. OstĂ©otomie scarf du premier mĂ©tatarsien et de la premiĂšre phalange pour la correction de lâhallux valgus. Cah Enseign Sofcot. 1 janv 2005;89:59â82.
8.   Hecht PJ, Lin TJ. Hallux Valgus. Med Clin North Am. mars 2014;98(2):227â32.
9.   King DM, Toolan BC. Associated Deformities and Hypermobility in Hallux Valgus: An Investigation with Weightbearing Radiographs. Foot Ankle Int. avr 2004;25(4):251â5.
10.  Nix SE, Vicenzino BT, Collins NJ, Smith MD. Characteristics of foot structure and footwear associated with hallux valgus: a systematic review. Osteoarthritis Cartilage. oct 2012;20(10):1059â74.
11.  Arinci Ä°ncel N, Genç H, Erdem HR, Yorgancioglu ZR. Muscle Imbalance in Hallux Valgus: An Electromyographic Study. Am J Phys Med Rehabil. mai 2003;82(5):345â9.
12.  Glasoe WM, Nuckley DJ, Ludewig PM. Hallux Valgus and the First Metatarsal Arch Segment: A Theoretical Biomechanical Perspective. Phys Ther. 1 janv 2010;90(1):110â20.
13.  Klugarova J, Janura M, Svoboda Z, Sos Z, Stergiou N, Klugar M. Hallux valgus surgery affects kinematic parameters during gait. Clin Biomech. dĂ©c 2016;40:20â6.
14.  Nix SE, Vicenzino BT, Smith MD. Foot pain and functional limitation in healthy adults with hallux valgus: a cross-sectional study. BMC Musculoskelet Disord. déc 2012;13(1):197.
15.  Koller U, Willegger M, Windhager R, Wanivenhaus A, Trnka HJ, Schuh R. Plantar pressure characteristics in hallux valgus feet: Hallux Valgus Feet. J Orthop Res. dĂ©c 2014;32(12):1688â93.
16.  Wen J, Ding Q, Yu Z, Sun W, Wang Q, Wei K. Adaptive changes of foot pressure in hallux valgus patients. Gait Posture. juill 2012;36(3):344â9.
17.  Mickle KJ, Munro BJ, Lord SR, Menz HB, Steele JR. Gait, balance and plantar pressures in older people with toe deformities. Gait Posture. juill 2011;34(3):347â51.
18.  Canseco K, Long J, Smedberg T, Tarima S, Marks RM, Harris GF. Multisegmental Foot and Ankle Motion Analysis After Hallux Valgus Surgery. Foot Ankle Int. fĂ©vr 2012;33(2):141â7.
19.  Hurn SE, Vicenzino B, Smith MD. Functional Impairments Characterizing Mild, Moderate, and Severe Hallux Valgus. Arthritis Care Res. janv 2015;67(1):80â8.
20.  Sadra S, Fleischer A, Klein E, Grewal GS, Knight J, Weil LS, et al. Hallux valgus surgery may produce early improvements in balance control: results of a cross-sectional pilot study. J Am Podiatr Med Assoc. dĂ©c 2013;103(6):489â97.
21.  Saad A, Iyengar KP, Fitzpatrick J, Azzopardi C, Panchal H, Botchu R. The Linear Hallux Valgus Offsetâ A novel way to measure Hallux Valgus. J Clin Orthop Trauma. juill 2022;30:101898.
22.  Nair A, Bence M, Saleem J, Yousaf A, Al-Hilfi L, Kunasingam K. A Systematic Review of Open and Minimally Invasive Surgery for Treating Recurrent Hallux Valgus. Surg J. oct 2022;08(04):e350â6.
23.  Gribbin CK, Ellis SJ, Nguyen J, Williamson E, Cody EA. Relationship of Radiographic and Clinical Parameters With Hallux Valgus and Second Ray Pathology. Foot Ankle Int. janv 2017;38(1):14â9.
24.  Zirngibl B, Grifka J, Baier C, Götz J. [Hallux valgusâŻ: Etiology, diagnosis, and therapeutic principles]. Orthopade. mars 2017;46(3):283â96.
25.  Blackwood S, Gossett L. Hallux Valgus/Medial Column Instability and Their Relationship with Posterior Tibial Tendon Dysfunction. Foot Ankle Clin. juin 2018;23(2):297â313.
26.  Bubra P, Keighley G, Rateesh S, Carmody D. Posterior tibial tendon dysfunction: An overlooked cause of foot deformity. J Fam Med Prim Care. 2015;4(1):26.
27.  Gagey PM, Gentaz R, Guillamon J, Bizzo G, Bodo-BrĂ©aeard C, Debruille C, et al. Etudes statistiques des mesures faites sur lâhomme normal Ă lâaide de la plate-forme de stabilomĂ©trie clinique normalisĂ©e. I) ParamĂštres spatiaux. Association française de posturologie. Agressol Rev Int Physio-Biol Pharmacol AppliquĂ©es Aux Eff Agression. janv 1986;27(1):69â72.
28.  Bryant A, Tinley P, Singer K. Plantar pressure distribution in normal, hallux valgus and hallux limitus feet. The Foot. sept 1999;9(3):115â9.
29.  Koller U, Willegger M, Windhager R, Wanivenhaus A, Trnka HJ, Schuh R. Plantar pressure characteristics in hallux valgus feet: Hallux Valgus Feet. J Orthop Res. dĂ©c 2014;32(12):1688â93.
30.  Sadra S, Fleischer A, Klein E, Grewal GS, Knight J, Weil LS, et al. Hallux Valgus Surgery May Produce Early Improvements in Balance Control. J Am Podiatr Med Assoc. 1 nov 2013;103(6):489â97.
31.  Ćirin E, Kandemir C, Yılmaz B, Ăzdemir G, Akakın D, Muratlı HH. Histopathological Evaluation of Mechanoreceptors in the Metatarsophalangeal Joint Capsule in Hallux Valgus. J Foot Ankle Surg. mai 2020;59(3):518â21.
32.  Arvin M, Hoozemans MJM, Burger BJ, Verschueren SMP, Van DieĂ«n JH, Pijnappels M. Reproducibility of a knee and hip proprioception test in healthy older adults. Aging Clin Exp Res. avr 2015;27(2):171â7.
33.  Spink MJ, Fotoohabadi MR, Menz HB. Foot and Ankle Strength Assessment Using Hand-Held Dynamometry: Reliability and Age-Related Differences. Gerontology. 2010;56(6):525â32.
34.  Brody DM. Techniques in the evaluation and treatment of the injured runner. Orthop Clin North Am. juill 1982;13(3):541â58.
35.  McPoil TG, Vicenzino B, Cornwall MW, Collins N, Warren M. Reliability and normative values for the foot mobility magnitude: a composite measure of vertical and medial-lateral mobility of the midfoot. J Foot Ankle Res. déc 2009;2(1):6.
36.  Viel E. La marche humaine, la course et le saut - biomecanique, explorations, normes et dysfonctionnements. Elsevier Masson; 2000.
37.  KozakovĂĄ J, Janura M, Svoboda Z, Elfmark M, Klugar M. The influence of hallux valgus on pelvis and lower extremity movement during gait. Acta Gymnica. 1 sept 2011;41(4):49â54.
38.  Rosemberg DL, Gustafson JA, Bordignon G, Bohl DD, Leporace G, Metsavaht L. Biokinetic Evaluation of Hallux Valgus during Gait: A Systematic Review. Foot Ankle Int. aoĂ»t 2023;44(8):763â77.
39.  Toro B, Nester C, Farren P. A review of observational gait assessment in clinical practice. Physiother Theory Pract. janv 2003;19(3):137â49.
40.  Maestro M, Leemrijse M, Rivet JJ. Anatomie et biomécanique du gros orteil ou hallux. EMC - Podol. 2018;27-010-A-50.
41.  Moerenhout K, Chopra S, Crevoisier X. Outcome of the modified Lapidus procedure for hallux valgus deformity during the first year following surgery: A prospective clinical and gait analysis study. Clin Biomech Bristol Avon. janv 2019;61:205â10.
42.  Ware JE, Sherbourne CD. The MOS 36-item short-form health survey (SF-36). I. Conceptual framework and item selection. Med Care. juin 1992;30(6):473â83.
43.  Chausse T, Ledru T, Subtil F, TournĂ© Y, Fessy MH, Besse JL. CinĂ©tique de rĂ©cupĂ©ration fonctionnelle aprĂšs chirurgie du pied et de la cheville. Comparaison des scores EFAS et SF36. Rev Chir OrthopĂ©dique Traumatol. 1 dĂ©c 2023;109(8):1197â203.
44.  Ezzatvar Y, López-Bueno L, Fuentes-Aparicio L, Dueñas L. Prevalence and Predisposing Factors for Recurrence after Hallux Valgus Surgery: A Systematic Review and Meta-Analysis. J Clin Med. 9 déc 2021;10(24):5753.
45.  Clarke TAC, Platt SR. Treatment of hallux valgus by Scarf osteotomy â rates and reasons for recurrence and rates of avascular necrosis: A systematic review. Foot Ankle Surg. 1 aoĂ»t 2021;27(6):622â8.