L’Osgood-Schlatter est l'une des affections les plus courantes chez les jeunes. Ce trouble est entouré de nombreuses incertitudes quant à sa gestion, utilisant des stratégies allant de l'immobilisation et du repos à des approches plus actives comme l'étirement ou d'autres méthodes plus dynamiques. Dans cette présentation, je vais discuter des défis physiques communs rencontrés par ces jeunes, car cela est essentiel pour leur prise en charge. Je vais également aborder le pronostic de l'Osgood-Schlatter chez les adolescents, une question cruciale pour eux, qui se demandent souvent quand ils pourront reprendre le sport, quand ils seront libérés de la douleur et quel impact cela aura sur leur succès sportif à long terme.
Je suis originaire du Danemark et l'anglais est ma deuxième langue. La gestion pratique chez les adolescents atteints d'Osgood-Schlatter sera le troisième volet abordé, avec un accent particulier sur l'utilisation des exercices physiques qui, en plus de leur intérêt pour la santé, pourraient également présenter des avantages spécifiques pour ces jeunes. Nous examinerons également la gestion de la charge, un terme à la mode souvent peu défini. Je tenterai de préciser ce concept en discutant des aspects comme le volume et l'intensité de l'activité, et peut-être apporter des données récentes sur les éléments essentiels à surveiller, que ce soit le volume, l'intensité ou le type de sport pratiqué.
En complément de cette conférence, vous aurez également la possibilité de télécharger du matériel supplémentaire et de consulter des articles que nous avons publiés dans ce domaine, incluant des annexes qui pourraient vous être utiles pour imprimer des brochures utilisables dans votre pratique clinique.
Un cas classique serait celui d’un jeune pratiquant un sport impliquant beaucoup de sauts, comme le handball ou le basketball. Ces jeunes, souvent spécialisés dans un seul sport, semblent présenter un risque accru d’Osgood-Schlatter. Parfois, l’apparition des symptômes est progressive, mais il arrive aussi qu’ils ne se rappellent pas exactement quand les symptômes ont commencé, évoquant parfois un début suite à un événement particulier, comme un camp d’entraînement intensif suivi d’un retour immédiat à l'école et à l'activité physique régulière, sans repos adéquat. Cette condition est généralement localisée autour de la tubérosité tibiale et est souvent reconnue par les parents et autres jeunes sportifs, rendant le diagnostic parfois évident dès la première consultation.
En tant que physiothérapeute, il est courant d'entendre des jeunes patients, surtout au Danemark, dire qu'ils souffrent de "genoux en compote", un terme couramment utilisé pour désigner la maladie d'Osgood-Schlatter.
Il s'agit d'une apophysite au niveau de l'insertion du tendon rotulien sur la tubérosité tibiale, entraînant une inflammation de l'os et du cartilage associé. Les patients présentent souvent un gonflement localisé autour de cette zone, avec parfois une proéminence visible.
Cette affection est fréquemment associée à des sports sollicitant fortement le genou, tels que les sports de saut ou de sprint, où la prévalence peut atteindre un enfant sur cinq. À l'inverse, chez les enfants plus sédentaires, elle est beaucoup plus rare.
La principale conséquence de cette pathologie est qu'elle peut limiter la participation des jeunes aux activités physiques. Certains sont contraints d'arrêter le sport en raison de la douleur. À mesure que nous comprenons mieux les effets négatifs de l'inactivité physique à long terme chez les enfants, il devient essentiel de prendre en charge ces pathologies de surcharge pour qu'ils puissent continuer à être actifs.
Lors de l'examen clinique, un gonflement et une sensibilité sont souvent observés au niveau de la tubérosité tibiale, bien que l'amplitude de mouvement passif reste généralement complète. La douleur survient lors d'activités qui sollicitent le genou, comme monter des escaliers, se lever ou courir. Cependant, chez certains jeunes athlètes de haut niveau, les symptômes ne se manifestent que lors d'activités plus intenses comme le sprint, ce qui montre une grande variabilité dans la sensibilité à la charge du genou. Une manière simple de suivre la progression de la maladie est d'évaluer la quantité de charge nécessaire pour provoquer des symptômes.
Il est aussi crucial de rester vigilant face à certains signaux d'alerte, comme des douleurs nocturnes ou des douleurs sans lien apparent avec des activités sollicitant le genou. D'autres diagnostics différentiels fréquents chez les adolescents actifs incluent la douleur fémoro-patellaire et le syndrome de Sinding-Larsen-Johansson.
Nous avons récemment mis au point des schémas décisionnels simples pour aider à établir un diagnostic différentiel basé sur vos observations cliniques. Ces outils permettent de distinguer les douleurs antérieures du genou chez les adolescents, notamment entre la douleur fémoro-patellaire, la tendinopathie rotulienne, le syndrome de Sinding-Larsen-Johansson et la maladie d’Osgood-Schlatter. Ces outils sont particulièrement utiles pour les jeunes cliniciens, afin de mieux apprendre à différencier ces pathologies.
Pourquoi est-il important de poser un diagnostic clair ? Nos recherches montrent que donner un nom à la pathologie et expliquer son origine aux adolescents est essentiel pour leur adhésion au traitement et leur engagement dans le processus de réhabilitation. Si l'explication n'est pas claire, cela peut devenir un obstacle à la gestion autonome de la condition. Vers la fin de cette discussion, je propose quelques idées pour mieux expliquer cette pathologie, en m’appuyant sur des recherches récentes.
En résumé, la maladie d’Osgood-Schlatter est une apophysite, et notre revue systématique récente, publiée dans Translational Sports Medicine, a examiné les études d'imagerie qui analysent la pathophysiologie de cette maladie, en étudiant l'implication des os, du cartilage et des tissus mous entourant le genou.
Les recherches récentes montrent que la maladie d’Osgood-Schlatter est plus complexe qu’on ne le pensait initialement. Traditionnellement décrite comme une apophysite, elle semble impliquer d'autres types de tissus autour du genou. Parmi les principales altérations, on observe un gonflement des tissus mous et une fragmentation osseuse, mais aussi des changements notables dans le tendon rotulien, tels qu’un épaississement distal et une perte d’homogénéité, des caractéristiques souvent retrouvées dans les tendinopathies. Il semble donc que, pour certains adolescents, cette pathologie touche également le tendon rotulien, en plus de l’os, ce qui remet en question l'idée que ce soit uniquement une épiphysite.
Plus la maladie progresse, plus les altérations tissulaires se multiplient, ce qui pourrait expliquer une intensité accrue de la douleur lors des activités sollicitant le genou.
Concernant le pronostic de la maladie d'Osgood-Schlatter, la littérature est partagée. Sur Internet, on trouve souvent que cette pathologie est "auto-limitée", avec un pronostic généralement favorable, et qu’elle se résout spontanément avec la fermeture de la plaque de croissance tibiale. Cependant, notre expérience clinique avec des patients montre une réalité parfois différente.
Une étude menée au sein de notre groupe par Christian Lund a interrogé 250 professionnels de santé, dont la majorité pensaient que la pathologie se résoudrait en six mois. Certains estimaient un délai d’un an, et très peu pensaient qu’il fallait attendre jusqu’à deux ans. Aucun n’a cependant suggéré que les symptômes persisteraient au-delà de deux ans ou qu'ils pourraient ne jamais disparaître complètement.
En revanche, en examinant la littérature scientifique...
...nous avons découvert que même des patients considérés comme "sans symptômes" après un suivi de deux ans présentaient encore des déficits fonctionnels importants. Par exemple, une étude a comparé les performances de saut vertical d'enfants ayant souffert d'Osgood-Schlatter à celles de leurs pairs, deux ans après la disparition des symptômes. Les résultats montrent un déficit de près de 10 cm dans la hauteur de saut chez ces patients, malgré l'absence de douleur. Cela soulève la question : est-ce vraiment suffisant d’être considéré comme sans symptômes si les performances physiques restent altérées de manière significative ?
En approfondissant, on constate qu'un tiers des enfants n'ont effectivement plus de douleur, mais beaucoup continuent à ressentir une légère gêne, et certains ont dû abandonner le sport. Ces observations suggèrent que le pronostic pourrait ne pas être aussi favorable qu’on le pensait, et qu’il nécessite une évaluation plus nuancée. L'objectif est d'améliorer la pratique clinique, en particulier pour les enfants atteints de la maladie d'Osgood-Schlatter, et de comprendre ce que nous pourrions faire de mieux.
Nous avons réalisé une étude pour analyser les résultats à long terme, menée par Clara de notre équipe de recherche. Elle a étudié 84 jeunes patients vus dans notre hôpital local, référés par des médecins de soins primaires.
Quatre ans après leur diagnostic, plus de la moitié d'entre eux continuaient à ressentir des douleurs au genou. La durée médiane de la douleur était de 42 mois après l’apparition des symptômes. Ce chiffre souligne que, contrairement à ce que l'on croit souvent, le pronostic de cette maladie n'est peut-être pas aussi favorable qu'espéré.
Pour renforcer ces résultats, nous avons mené une étude prospective, où nous avons constaté des résultats similaires : environ 40 % des adolescents continuaient à éprouver des douleurs, et ceux-ci avaient également de moins bonnes performances sportives et récréatives, certains étant même contraints d'abandonner le sport.
Cela remet en question l’idée largement répandue que la maladie est "auto-limitée" et que la douleur disparaîtra en six mois. Il est important d’être honnête avec les patients et leurs parents : certains d’entre eux peuvent continuer à ressentir des douleurs sur le long terme, bien que nous ne devions pas non plus présenter un pronostic trop pessimiste.
En ce qui concerne la gestion de la maladie, la littérature disponible est incohérente. Les revues narratives suggèrent des approches très variées, allant de la réduction des activités et de l’utilisation d’anti-inflammatoires à la physiothérapie, en passant par l'immobilisation ou même la chirurgie.
Pourtant, lorsqu’on interroge des professionnels de santé, la majorité préconise des approches actives telles que l'éducation du patient, les exercices et les étirements, plutôt que le repos strict. Cela montre un décalage entre les recommandations issues des revues et la pratique clinique actuelle.
Malheureusement, les preuves scientifiques solides sur la gestion de cette maladie restent limitées.
Une revue systématique que nous avons menée avec une équipe d’Oxford, dirigée par Benjamin Dean, a révélé qu’il n’existait que deux essais randomisés sur la maladie d’Osgood-Schlatter : l’un portait sur la thérapie par injection et l’autre sur une intervention chirurgicale. Heureusement, plusieurs essais cliniques de grande envergure sont actuellement en cours, et d’ici un an, la base de données probantes devrait s’améliorer considérablement.
Une question fréquemment débattue est l’efficacité du repos et de l'immobilisation. L’idée que l’implication osseuse et cartilagineuse nécessite un repos complet pour permettre la guérison est souvent avancée. Cependant, certaines études récentes suggèrent que l'immobilisation par plâtre n’a pas d’impact significatif sur la récupération et ne prévient pas la formation d’un excès de matière autour de la tubérosité tibiale. Ces résultats incitent à repenser l’approche de l’immobilisation pour cette pathologie.
Cette étude, l'une des premières sur l'histoire naturelle de la maladie d'Osgood-Schlatter, suggère que l'immobilisation n'est pas une méthode efficace.
En effet, immobiliser les jeunes patients ou les empêcher de participer à des activités sportives peut nuire à leur qualité de vie. Personnellement, je pense qu'il est essentiel de maintenir les jeunes actifs, non seulement pour leur santé physique mais aussi mentale, tant qu'aucune preuve solide ne démontre que l'activité peut aggraver leur pronostic à long terme.
Je propose donc une stratégie de gestion axée sur le maintien maximal de l'activité. Cette approche nécessite un équilibre délicat entre les charges d'entraînement et la capacité à les supporter. J'utilise souvent l'analogie du bascule pour expliquer aux patients que leur niveau d'activité actuel peut être légèrement supérieur à leur capacité à gérer cette charge. Il pourrait donc être nécessaire d'augmenter leur capacité tout en réduisant temporairement la charge d'entraînement. De plus, divers facteurs comme le stress ou le manque de sommeil peuvent aggraver l'expérience de la douleur et compliquer la gestion de la condition.
L'"échelle d'activité" est un outil que j'utilise pour aider les patients à évaluer leur propre activité, pour savoir s'ils en font trop peu ou trop, et s'ils peuvent avancer ou doivent ralentir. Cette méthode a prouvé son utilité, surtout quand il s'agit de jeunes souffrant de douleurs qui, dès une légère amélioration, ont tendance à reprendre trop rapidement des sports exigeants physiquement. L'objectif est de favoriser une augmentation graduelle de l'activité.
Je pense qu'il est crucial de se concentrer sur la gestion de la charge plutôt que de prescrire uniquement des exercices. En tant que physiothérapeute, bien que nous aimions prescrire des exercices pour toute condition, il est essentiel ici de prendre en compte le niveau d'activité élevé de ces adolescents ainsi que leurs déficits fonctionnels, notamment la force d'extension du genou qui est souvent réduite. Nous devons stimuler physiquement ces jeunes pour améliorer leur force tout en leur permettant de gérer eux-mêmes leur progression.
Cette approche de gestion de la charge et d'exercice devrait être prescrite dans un cadre d'autogestion, pour éviter que les jeunes ne deviennent trop dépendants des thérapeutes. Cette méthode semble être très efficace, d'après mon expérience et les études que nous avons menées.
Nous fournissons donc aux jeunes patients les outils nécessaires pour qu'ils sachent comment agir sans devenir dépendants de nous. Malgré les interventions passives souvent suggérées dans la littérature, telles que l'application de glace ou les médicaments contre la douleur, qui peuvent affecter l'intensité de la douleur, celles-ci n'ont pas d'impact sur le déficit fonctionnel. Elles n'enseignent pas aux adolescents à équilibrer leurs activités, ce qui est crucial.
Si les adolescents trouvent que l'application de glace après un match ou l'utilisation d'une genouillère leur est bénéfique, je n'y vois aucun inconvénient, tant que les deux composants essentiels de notre stratégie sont respectés.
En ce qui concerne l'étude que je propose, nous avons suivi un groupe de 51 adolescents atteints de la maladie d'Osgood-Schlatter, âgés de 10 à 14 ans, lors de quatre visites chez le physiothérapeute sur une période de 12 mois. Le critère principal de réussite était l'amélioration significative de leur condition, et non de simples améliorations mineures.
Toutes les stratégies de gestion que nous avons appliquées sont expliquées en détail dans un dépliant remis aux patients. L'objectif était de les autonomiser, de leur expliquer clairement la situation et de renforcer leur capacité à se gérer eux-mêmes.
L'échelle d'activités que nous avons mise en place pour ces adolescents était légèrement différente de celle utilisée pour la douleur fémoro-patellaire, avec 11 étapes spécifiques à franchir.
Pour les adolescents pratiquant un sport spécifique, il serait judicieux de personnaliser cette échelle avec eux, en classant les activités de la moins à la plus provocatrice de douleur, depuis la marche légère jusqu'à la compétition. Cela rend l'échelle plus pertinente pour eux. L'idée est de ne pas progresser à l'étape suivante avant d'avoir atteint certains jalons avec des exercices spécifiques.
Par exemple, nous exigeons que les adolescents soient capables de réaliser des fentes avant de passer à la course à haute vitesse et, plus tard, à la compétition. Ce processus comprend des exercices débutant par des maintiens isométriques et des ponts, puis évoluant vers des squats contre un mur, des squats normaux, et enfin, des fentes.
Cette approche combine la gestion de la charge, en permettant une progression graduelle, avec des exercices physiques spécifiques, afin de garantir que les jeunes progressent de manière mesurée et sécuritaire, sans précipitation, ce qui est crucial pour cette tranche d'âge qui est souvent très passionnée par le sport et désireuse de reprendre rapidement.
Nous avons recruté 51 adolescents âgés de 10 à 14 ans, considérés comme étant à l'extrémité sévère du spectre des symptômes : 74 % étaient actifs dans les sports, 26 % avaient été contraints d'arrêter en raison de la douleur, et 50 % avaient déjà réduit leur participation sportive à cause de douleurs au genou. Ils souffraient en moyenne depuis 21 mois, avec des douleurs assez intenses.
Lorsque nous les avons soumis à cette stratégie de gestion et utilisé l'indice global de changement, nous avons constaté que, trois mois après, environ 80 % se considéraient comme nettement améliorés ou améliorés, un chiffre qui est monté à plus de 90 % après 12 mois. Cependant, seulement 16 % étaient de retour dans les sports après trois mois, ce qui peut sembler faible. Ceci est dû au fait que le retour au sport ne pouvait se faire qu'après avoir atteint certains critères d'exercice. Ainsi, 64 % étaient de retour après six mois et 70 % après 12 mois. Parmi ceux qui n'étaient pas revenus, certains avaient perdu l'intérêt pour leur sport. Néanmoins, 71 % étaient satisfaits du résultat du traitement et 96 % le recommanderaient à un ami souffrant d'un type similaire de douleur au genou.
Nous avons également mesuré leur niveau d'activité physique. Après leur recrutement, nous leur avons demandé de faire une pause dans le sport avant de reprendre progressivement en se basant sur l'échelle d'activité. Nous avons observé une réduction de leur activité physique de près de deux heures par semaine au début, et de cinq heures après 12 semaines pour les activités physiques modérées à intenses. Ces adolescents étaient extrêmement actifs, cumulant jusqu'à 250 minutes d'activité physique modérée à intense par jour. Même avec une réduction d'une heure par jour, ils restaient bien au-dessus du seuil recommandé par les autorités nationales.
Malgré cette réduction, nous avons constaté, après 12 semaines de stratégie de gestion, une augmentation significative de la force de l'extension de la hanche et de l'abduction, d'environ 30 %, revenant au niveau de contrôles sans douleur. La stratégie de gestion a non seulement réduit la douleur, mais a également amélioré substantiellement la fonction du genou en termes de force isométrique et de fonction rapportée par le patient, ainsi que la capacité de sauter en distance et en hauteur, se rapprochant beaucoup de leurs pairs sans douleurs au genou.
Ce constat montre que, bien que la réduction d'activité soit acceptable, certains aspects de notre protocole, notamment les exercices requis, ont peut-être empêché certains adolescents de progresser dans leur sport aussi rapidement qu'ils l'auraient souhaité. Cela souligne l'importance d'équilibrer la gestion de la charge et l'activité physique pour maintenir l'engagement sportif des adolescents tout en traitant leurs déficits fonctionnels.
Selon nos observations, environ 40 % des adolescents seront complètement libérés de leur douleur au genou après quatre semaines de gestion de la charge et d'exercices spécifiques. Après 12 mois, ce chiffre monte à environ 70 %. De plus, une proportion allant jusqu’à 81 % ressent une nette amélioration, même s'ils continuent à éprouver de légères douleurs. Cependant, il est important de souligner que ces résultats proviennent d'une étude de cohorte unique, sans groupe témoin. Par conséquent, nous ne pouvons pas dire avec certitude ce qui se serait passé si ces adolescents avaient simplement attendu sans intervention active, ce qui souligne la nécessité de prudence dans l'interprétation des résultats.
Actuellement, nous menons une étude comparant la stratégie de modification de l'activité et d'exercices à une approche d'attente passive, pour mieux comprendre les avantages spécifiques de cette stratégie de gestion.
Dans cette étude, nous avons retiré les adolescents de leurs activités sportives jusqu'à ce qu'ils atteignent certains jalons d'exercices. Vous pouvez trouver plus de détails à ce sujet dans le dépliant que nous avons mis à disposition. Nous avons également mené d'autres études pour déterminer si c'est le volume ou l'intensité de l'activité qui provoque le plus de douleur au genou. Il semble que l'intensité joue un rôle plus important que le volume.
Une idée que nous explorons est de modifier les activités qui exacerbent la douleur, tout en augmentant celles qui ne posent pas de problème. Par exemple, si un adolescent souffre pendant le sprint, nous pourrions constater que la douleur survient principalement lors du démarrage rapide ou à la fin d'une session. Dans ce cas, nous ne recommandons pas d'arrêter le sprint, car il est bénéfique pour la santé, mais plutôt de réduire la vitesse maximale. Le but est de maintenir l'activité tout en adaptant les parties qui aggravent la douleur.
Dans nos études, les activités les plus intenses, comme les sprints et les changements rapides de direction, semblent être les plus problématiques. C'est pourquoi une approche en deux volets peut être utile : une combinaison d'exercices ciblant les déficits fonctionnels, souvent présents, et une gestion progressive de la charge.
En pratique clinique, nous voyons souvent des adolescents qui ont des douleurs depuis plusieurs mois. Cependant, si vous êtes entraîneur et travaillez avec des jeunes qui développent des symptômes depuis quelques semaines seulement, je ne recommanderais pas de trop insister sur les exercices dès le départ. Dans ces cas récents, il est préférable de se concentrer d'abord sur la gestion de la charge et de garder les interventions simples, sans compliquer les choses inutilement.
Dans les cas de douleurs récentes, je recommande de commencer par une approche de gestion de la charge. Si cela ne suffit pas, on peut envisager d'ajouter des exercices. C'est basé sur mon expérience clinique personnelle, car il n'existe pas de données concrètes à l’appui. Mon objectif est de ne pas sur-traiter ces jeunes patients.
J'ai également mentionné que l'explication est un aspect important. Nous venons de publier une étude dirigée par Chris Sturtoft et Melene Brun, dans laquelle nous avons développé du matériel d'information pour expliquer la maladie d’Osgood-Schlatter de manière alignée avec les preuves scientifiques. Nous avons testé ces explications auprès d'adolescents souffrant de cette pathologie et d'autres douleurs au genou pour voir comment ils les percevaient et s'ils comprenaient bien leur condition. Ce projet visait à créer des explications crédibles, et c'est un domaine intéressant, surtout si vous vous intéressez à la communication avec les adolescents atteints de pathologies comme l’Osgood-Schlatter ou la douleur fémoro-patellaire. L'étude inclut également des annexes avec des documents que vous pouvez imprimer et utiliser en clinique, comme des brochures d'information destinées aux patients.
Pour conclure, il s'agit d'un domaine en plein développement avec encore peu de preuves solides, bien que plusieurs essais cliniques randomisés soient en cours. Actuellement, les cliniciens utilisent diverses interventions, y compris le repos, mais je pense qu'il est essentiel de se concentrer sur des stratégies qui maintiennent les jeunes actifs. Une idée serait d’inclure des exercices progressifs de renforcement du genou dans une approche à deux volets pour gérer la maladie d'Osgood-Schlatter.
Un autre point clé concerne l'aspect mental et émotionnel de ces adolescents. Bien que cette présentation se soit concentrée principalement sur l'aspect biologique, il ne faut pas oublier que ces jeunes peuvent aussi faire face à des peurs et des inquiétudes, comme la crainte d’être écartés de leur équipe. Cela s'applique à toutes les pathologies, qu’il s’agisse de l’Osgood-Schlatter ou de la douleur fémoro-patellaire. Les adolescents sont souvent entourés de parents, d’entraîneurs, et d’amis, et ces dynamiques peuvent également jouer un rôle important. Il est donc crucial de ne pas se limiter à l’aspect physique du genou.
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