Croyances sur la lombalgie : Comment elles façonnent notre approche du mouvement ?

Masterclass
Publiée le
28/3/2024
Musculo-squelettique
Kinésithérapie
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À propos

Les croyances délétères sur les douleurs de dos ont été identifiées de manière fréquente dans la population générale, chez les patients et mêmes chez les professionnels de santé. Ces croyances peuvent favoriser de la kinésiophobie et des comportements d’évitement, ainsi que des stratégies thérapeutiques inadaptées. Lors de cette présentation, les interactions entre les croyances, la kinésiophobie et le mouvement seront discutées en lien avec les dernières recherches sur le sujet. De plus, des stratégies thérapeutiques intégrables en rééducation seront présentées.

Introduction

Les croyances sur la lombalgie sont très présentes en clinique, tant chez la population générale que chez les patients. Une étude a révélé des résultats similaires à l'échelle internationale, soulignant la forte prévalence de croyances selon lesquelles le dos est fragile et nécessite une protection. De nombreux individus croient que le dos est facilement blessé et doit être préservé par une bonne posture, des mouvements prudents et des muscles forts. Par ailleurs, beaucoup pensent que les douleurs lombaires indiquent des problèmes graves nécessitant des examens radiologiques approfondis, ce qui renforce l'idée de protéger la structure du dos pour prévenir les lésions. Ces croyances ont des conséquences négatives importantes.

Croyances et douleur

Une étude menée par Moseley (2017) a démontré l'influence significative des croyances sur la perception de la douleur. Les participants ont été exposés à un stimulus douloureux tout en regardant une lumière de couleur différente. Ceux qui ont vu la lumière rouge ont interprété la sensation comme une brûlure intense, tandis que ceux exposés à la lumière bleue l'ont perçue comme plus froide et moins douloureuse, bien que le stimulus soit identique. Cette expérience met en lumière l'impact de notre interprétation des sensations sur la perception de la douleur. Les croyances, en particulier les croyances négatives, sont directement liées à l'intensité des symptômes.


Croyances, kinésiophobie et évitement

Les croyances influencent également notre comportement, en particulier nos mouvements et nos activités. Le modèle de la peur-évitement montre que des croyances négatives sur la douleur, telles que le catastrophisme, favorisent la kinésiophobie et les comportements d'évitement, entraînant un cercle vicieux qui renforce le handicap et les symptômes. Ces comportements d'évitement résultent d'un apprentissage conditionné, similaire à l'expérience du chien de Pavlov, où les individus associent des expériences douloureuses à certaines actions, renforçant ainsi ces comportements. Les croyances jouent un rôle crucial dans ces processus.

Évitement du mouvement

L'évitement du mouvement est fréquent chez les personnes souffrant de lombalgies chroniques. Les études montrent qu'elles présentent généralement une amplitude de mouvement réduite, une vitesse angulaire plus lente et une activité musculaire accrue au niveau lombaire lors de mouvements fonctionnels tels que le port de charges ou la montée d'escaliers. Ces comportements d'évitement sont associés à une rigidité du mouvement, influencée en partie par la kinésiophobie et les croyances négatives. Ainsi, conseiller aux patients de protéger leur dos ou de maintenir une posture rigide peut renforcer des comportements délétères plutôt que de favoriser une récupération fonctionnelle.

Croyances et activité

Les croyances des patients sur le dos sont souvent en contradiction avec les connaissances actuelles. Par exemple, la croyance que l'utilisation excessive du dos mène à une détérioration est remise en question par des études sur les disques intervertébraux. Une étude a comparé trois groupes : des personnes sédentaires, des coureurs de 20 à 40 km par semaine et des coureurs de plus de 50 km par semaine. Les résultats ont montré que les coureurs avaient des disques intervertébraux plus épais et mieux hydratés, ce qui suggère que l'activité physique peut favoriser la santé du dos plutôt que de l'endommager, contredisant ainsi la croyance répandue selon laquelle l'utilisation excessive du dos entraîne sa détérioration.

Les croyances selon lesquelles il faut maintenir le dos droit et éviter la flexion sont remises en question par des études. Certaines recherches n'ont pas démontré de lien entre le fait de se pencher en avant et le développement de la lombalgie. De plus, des études en laboratoire contredisent l'idée que la flexion du dos entraîne des charges plus importantes sur les disques intervertébraux. Les programmes d'ergonomie visant à promouvoir le maintien du dos droit n'ont pas non plus montré d'efficacité pour réduire les douleurs lombaires. Ainsi, ces croyances traditionnelles ne sont pas alignées avec les connaissances actuelles et peuvent contribuer à la peur du mouvement et aux comportements d'évitement.

Les 4 étapes

Donc qu'est-ce qu'on peut faire par rapport à ces croyances, cette kinésiophobie et ces comportements d'évitement ? La stratégie que je vous propose, c'est d'utiliser quatre étapes, l'exploration des croyances et des comportements, l'exposition progressive, l'éducation et l'empowerment. On va brièvement aborder ces quatre parties. 

Explore

Lors de l'anamnèse et des échanges avec le patient, il est primordial d'aborder ouvertement ses croyances et ses perceptions concernant son dos et sa condition. Explorer ces aspects dès le début permet de mieux comprendre les représentations du patient sur sa douleur et son fonctionnement physique. Les discussions peuvent révéler des croyances délétères, telles que la fragilité du dos ou la nécessité de le protéger excessivement.

Une évaluation des mouvements fonctionnels est également cruciale. En demandant au patient de démontrer des activités de la vie quotidienne, comme porter une caisse ou ramasser un objet, les cliniciens peuvent observer les comportements d'évitement du mouvement. Ces comportements peuvent différer des mouvements actifs évalués lors des tests cliniques standard. Les activités fonctionnelles révèlent souvent des stratégies de protection que les patients utilisent inconsciemment pour éviter les mouvements qui leur semblent menaçants.

Dans cette phase d'évaluation, il est essentiel de créer un environnement de non-jugement. Les cliniciens doivent valider les expériences et les perceptions du patient sans critiquer ou invalider ses sentiments. Reconnaître la réalité de la douleur et de la détresse du patient est crucial pour établir une relation thérapeutique solide et de confiance. Cette relation est fondamentale pour assurer l'engagement du patient dans son traitement et favoriser des résultats positifs à long terme.

Expose

La deuxième étape du processus implique une exposition graduelle aux mouvements redoutés pour modifier les croyances du patient. Par exemple, si le patient craint de se pencher en avant de peur d'aggraver sa lombalgie, l'exposition progressive consiste à l'inviter à expérimenter ce mouvement tout en favorisant des expériences positives.

L'objectif est de créer une divergence entre les attentes négatives du patient concernant le mouvement et les résultats réels de l'expérience. Par exemple, le patient peut découvrir qu'il peut se pencher en avant sans augmenter sa douleur ou même en ressentant un soulagement. Cette divergence entre les attentes et les expériences réelles contribue à modifier progressivement les croyances du patient.

Il est important de noter que simplement dire au patient que le mouvement n'est pas nocif ne suffit pas à changer ses croyances. L'exposition progressive et l'expérimentation active sont nécessaires pour désamorcer la kinésiophobie et modifier les perceptions du patient. Cette approche doit être réalisée de manière progressive et avec des expériences positives pour éviter de renforcer les croyances négatives existantes.

La construction d'une relation thérapeutique solide dès le début est essentielle pour accompagner le patient tout au long de ce processus d'exposition graduelle et pour l'aider à surmonter ses craintes tout en favorisant des expériences positives.

La progression dans l'exposition graduelle peut se faire de différentes manières pour s'approcher progressivement des mouvements redoutés par le patient. Par exemple, on peut commencer avec une amplitude de mouvement limitée en position assise, puis augmenter progressivement cette amplitude en passant à la position debout. On peut également introduire des mouvements supplémentaires comme des rotations pour ajouter de la complexité au mouvement.

D'autres paramètres tels que la charge, la vitesse et la direction du mouvement peuvent également être ajustés pour progresser vers une exposition plus proche des craintes du patient. En adaptant la progression de manière à ce qu'elle corresponde aux appréhensions du patient, on favorise des expériences positives et une modification progressive des croyances.

Éduque

Pour compléter l'expérimentation, l'éducation thérapeutique joue un rôle crucial en expliquant les bienfaits du mouvement pour le dos, en rassurant et en transmettant un message positif. Il est essentiel d'expliquer que l'utilisation progressive et régulière du dos est bénéfique et que cela contribue à la détente des muscles douloureux. Les explications fournies doivent être adaptées à la réalité du patient, et des ressources telles que le site infomalededo.ch peuvent être utiles pour fournir des informations complémentaires rassurantes.

Empower

L'objectif est de responsabiliser le patient en favorisant son auto-efficacité et en encourageant des prises en charge actives. Il est important de souligner que l'amélioration de l'état de santé du patient est le résultat de ses propres actions. Pour renforcer l'auto-efficacité, il est recommandé de varier les exercices et d'introduire progressivement des charges. Le fait que le patient puisse réaliser des exercices avec succès, même avec une charge légère, peut considérablement accroître sa confiance en ses capacités.

Il est également crucial d'encourager le patient à adopter des stratégies d'auto-soins et de gestion autonome, en l'aidant à retrouver des activités agréables qu'il peut pratiquer seul, à la maison ou avec ses proches. De plus, il est important d'enseigner au patient des stratégies pour mieux gérer les périodes où ses symptômes sont exacerbés, étant donné que la lombalgie est souvent une problématique récurrente. En lui fournissant les outils nécessaires pour faire face à ces moments, on favorise une meilleure gestion à long terme de sa condition.

Résumé

En résumé, les croyances délétères sur le dos sont courantes et ont un impact direct sur les comportements d'évitement et la douleur. Il est essentiel de les modifier. L'exposition graduelle et l'expérimentation sont des stratégies clés pour induire ce changement, plutôt que de simplement transmettre un message. Il est important de promouvoir une vision positive du dos, soulignant son potentiel de résilience et d'encourager un traitement actif qui sollicite progressivement le dos. En mettant en pratique ces principes, nous pouvons aider les patients à reconstruire une relation saine avec leur dos et à adopter des comportements et des attitudes bénéfiques pour leur rétablissement.

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