Les tests neuro-dynamiques du membre supérieur, aussi appelés ULTT, sont couramment utilisés dans le diagnostic d’une radiculopathie cervicale. La radiculopathie est communément définie comme une douleur irradiante ressentie dans un dermatome, ou un myotome, suite à la compression ou à l'inflammation d'un nerf rachidien ou d'une racine nerveuse (Apelby-Albrecht et al. 2013). La radiculopathie cervicale est donc, par définition, un trouble de la racine d’un nerf cervical (Wainneret al. 2003). Les patients souffrant d'une radiculopathie cervicale présentent souvent des douleurs au cou et au bras, une perte de sensibilité et une faiblesse motrice du membre supérieur (Davis et al. 2008, Apelby-Albrecht et al. 2013).
Plusieurs études ont montré qu'une combinaison de mouvements corporels spécifiques pouvait créer une tension et un glissement des tissus neuronaux dans les limites du système musculo-squelettique. En cas d’inflammation ou de dommage d’un nerf ou d’une racine nerveuse, des mouvements fonctionnels normaux peuvent alors produire ou exacerber des signes ou des symptômes d’origine nerveuse.
Par conséquent, les tests de tension neurale qui placent une tension mécanique sur le système nerveux ont le potentiel de servir de test clinique utile pour aider à identifier une sensibilité mécanique du nerf (Davis et al. 2008, Jull et al. 2021).
Afin d’obtenir une tension progressive des nerfs, des mouvements passifs, ordonnés et spécifiques au nerf ulnaire, radial et médian sont effectués (Thoomes et al. 2018).
En termes de nomenclature, on retrouve fréquemment l’utilisation des ULTT A et B ou 1 et 2 pour le nerf médian, l’ULTT C ou 3 pour le nerf radial et l’ULTT D ou 4 pour le nerf ulnaire (Apelby-Albrecht et al. 2013,Thoomes et al. 2018).
L’interprétation des tests neuro-dynamiques doit être faite avec précaution puisque les réponses sensitives et protectrices des muscles pendant ces tests sont aussi présentes chez des sujets asymptomatiques (Hall et Elvey, 1999, Butler, 2000, Jull et al. 2021).
Pour réaliser ces tests, le côté non affecté est testé en premier afin de servir de référence.
Bien entendu, à chaque étape du test, le thérapeute demandera au patient son ressenti. Il sera donc inutile d’aller plus loin dans le test si les symptômes sont reproduits lors des premières étapes.
Pour réaliser l’ULTT A spécifique au nerf médian, le thérapeute abaisse l'épaule, place le bras à 110° d’abduction, en rotation externe d’épaule, coude fléchi et l’avant-bras en supination. Le poignet et les doigts sont ensuite étendus. L’étape suivante consiste à effectuer une extension lente du coude tout en gardant les composantes précédentes. Enfin le patient est invité à effectuer une inclinaison controlatérale de la tête.
Le thérapeute peut utiliser la différenciation structurelle pour tenter de différencier une réponse neurodynamique d'une réponse musculo-squelettique. Une réponse musculo-squelettique reste constante pendant la différenciation, tandis qu'une réponse neurodynamique est présente lorsque les symptômes, l'amplitude du mouvement ou la résistance au mouvement changent au cours de la différenciation structurelle (Davis et al. 2008, Apelby-Albrecht et al. 2013, Jull et al. 2021).
Pour réaliser la différenciation structurelle le patient effectue une inclinaison homolatérale de la tête et le thérapeute évaluera l’impact de ce mouvement sur les symptômes et l’amplitude du coude (Davis et al. 2008, Apelby-Albrecht et al. 2013).
Pour réaliser l’ULTT B spécifique au nerf médian, le thérapeute abaisse l'épaule, place le bras à 10° d’abduction, en rotation externe, coude fléchi et l’avant-bras en supination. Le kiné amène alors le poignet et les doigts du patient en extension puis étend lentement le coude. Le patient est ensuite invité à effectuer une inclinaison controlatérale de la tête. Enfin la différenciation structurelle sera réalisée en demandant une inclinaison homolatérale de la tête.
Pour réaliser l’ULTT C spécifique au nerf radial, le thérapeute abaisse l'épaule, place le bras à 10° d’abduction, en rotation interne, coudé fléchi et l’avant-bras en pronation. Le kiné fléchit le poignet et les doigts du patient puis réalise une extension lente du coude. Le patient est alors invité à effectuer une inclinaison controlatérale de la tête. Le thérapeute procédera à la différenciation structurelle en demandant au patient une inclinaison homolatérale de la tête.
Pour réaliser l’ULTT D spécifique au nerf ulnaire, le thérapeute abaisse l'épaule, place le bras à 110° d’abduction, en rotation externe d’épaule, coude fléchi et l’avant-bras en pronation. Le poignet et les doigts sont ensuite étendus. L’étape suivante consiste à réaliser une flexion lente du coude puis le patient est invité à effectuer une inclinaison controlatérale de la tête. Comme pour les tests précédents le kiné demandera au patient une inclinaison homolatérale de la tête pour la différenciation structurelle (Elvey, 1997, Apelby-Albrecht et al. 2013, Thoomes et al. 2018).
Chacun de ces tests de mise en tension est positif s’il répond à ces trois critères :
- La douleur neurogène est reproduite dans le cou et le bras
- Les symptômes changent au cours de la différenciation structurelle
- Une différence de rayonnement douloureux est constatée entre le côté droit et le côté gauche (Apelby-Albrecht et al. 2013, Thoomes et al. 2018).
Le test combiné des quatre ULTT est considéré comme positif si au moins un d’entre eux est positif, et au contraire négatif si les quatre sont négatifs (Apelby-Albrecht et al. 2013). L'utilisation combinée des quatre ULTT a montré une sensibilité de 97% et une spécificité de 69% (Apelby-Albrecht et al. 2013).
Koulidis et al. précisent dans leur étude en 2019 que l’utilisation du test combiné des ULTT serait surtout efficace pour exclure une radiculopathie cervicale en cas de test négatif.
Apelby-Albrecht, Martina, Linda Andersson, Ingrid W. Kleiva, Kristian Kvåle, Eva Skillgate, et Anna Josephson. « Concordance of Upper Limb Neurodynamic Tests With Medical Examination and Magnetic Resonance Imaging in Patients With Cervical Radiculopathy: A Diagnostic Cohort Study ». Journal of Manipulative & Physiological Therapeutics 36, no 9 (1 novembre 2013): 626‑32.
Butler D; The sensitive nervous system. Abelaide : NOIgroup Publications ; 2000
Davis, D. Scott, Ila Beth Anderson, Mary Grace Carson, Caroline L. Elkins, et Lindsey B. Stuckey. « Upper Limb Neural Tension and Seated Slump Tests: The False Positive Rate among Healthy Young Adults without Cervical or Lumbar Symptoms ». The Journal of Manual & Manipulative Therapy 16, no 3 (2008): 136‑41.
Elvey, Robert L. « Physical Evaluation of the Peripheral Nervous System in Disorders of Pain and Dysfunction ». Journal of Hand Therapy 10, no 2 (avril 1997): 122‑29.
Gwendolen Jull, Deborah Falla, Julia Treleaven, Shaun O'Leary, prise en charge des cervicalgies, paru le 1 septembre 2021
Hall T, Elevey R. Nerve trunk pain : physical diagnosis and treatment. Man Ther 1999; 4:63-73
Koulidis, Konstantinos, Yannis Veremis, Christina Anderson, et Nicola R. Heneghan. « Diagnostic Accuracy of Upper Limb Neurodynamic Tests for the Assessment of Peripheral Neuropathic Pain: A Systematic Review ». Musculoskeletal Science and Practice 40 (1 avril 2019): 21‑33.
Thoomes, Erik J., Sarita van Geest, Danielle A. van der Windt, Deborah Falla, Arianne P. Verhagen, Bart W. Koes, Marloes Thoomes-de Graaf, Barbara Kuijper, Wendy G. M. Scholten-Peeters, et Carmen L. Vleggeert-Lankamp. « Value of Physical Tests in Diagnosing Cervical Radiculopathy: A Systematic Review ». The Spine Journal: Official Journal of the North American Spine Society 18, no 1 (janvier 2018): 179‑89
Wainner, Robert S., Julie M. Fritz, James J. Irrgang, Michael L. Boninger, Anthony Delitto, et Stephen Allison. « Reliability and Diagnostic Accuracy of the Clinical Examination and Patient Self-Report Measures for Cervical Radiculopathy ». Spine 28, no 1 (1 janvier 2003): 52‑62.
Les tests neuro-dynamiques du membre supérieur, aussi appelés ULTT, sont couramment utilisés dans le diagnostic d’une radiculopathie cervicale. La radiculopathie est communément définie comme une douleur irradiante ressentie dans un dermatome, ou un myotome, suite à la compression ou à l'inflammation d'un nerf rachidien ou d'une racine nerveuse (Apelby-Albrecht et al. 2013). La radiculopathie cervicale est donc, par définition, un trouble de la racine d’un nerf cervical (Wainneret al. 2003). Les patients souffrant d'une radiculopathie cervicale présentent souvent des douleurs au cou et au bras, une perte de sensibilité et une faiblesse motrice du membre supérieur (Davis et al. 2008, Apelby-Albrecht et al. 2013).
Plusieurs études ont montré qu'une combinaison de mouvements corporels spécifiques pouvait créer une tension et un glissement des tissus neuronaux dans les limites du système musculo-squelettique. En cas d’inflammation ou de dommage d’un nerf ou d’une racine nerveuse, des mouvements fonctionnels normaux peuvent alors produire ou exacerber des signes ou des symptômes d’origine nerveuse.
Par conséquent, les tests de tension neurale qui placent une tension mécanique sur le système nerveux ont le potentiel de servir de test clinique utile pour aider à identifier une sensibilité mécanique du nerf (Davis et al. 2008, Jull et al. 2021).
Afin d’obtenir une tension progressive des nerfs, des mouvements passifs, ordonnés et spécifiques au nerf ulnaire, radial et médian sont effectués (Thoomes et al. 2018).
En termes de nomenclature, on retrouve fréquemment l’utilisation des ULTT A et B ou 1 et 2 pour le nerf médian, l’ULTT C ou 3 pour le nerf radial et l’ULTT D ou 4 pour le nerf ulnaire (Apelby-Albrecht et al. 2013,Thoomes et al. 2018).
L’interprétation des tests neuro-dynamiques doit être faite avec précaution puisque les réponses sensitives et protectrices des muscles pendant ces tests sont aussi présentes chez des sujets asymptomatiques (Hall et Elvey, 1999, Butler, 2000, Jull et al. 2021).
Pour réaliser ces tests, le côté non affecté est testé en premier afin de servir de référence.
Bien entendu, à chaque étape du test, le thérapeute demandera au patient son ressenti. Il sera donc inutile d’aller plus loin dans le test si les symptômes sont reproduits lors des premières étapes.
Pour réaliser l’ULTT A spécifique au nerf médian, le thérapeute abaisse l'épaule, place le bras à 110° d’abduction, en rotation externe d’épaule, coude fléchi et l’avant-bras en supination. Le poignet et les doigts sont ensuite étendus. L’étape suivante consiste à effectuer une extension lente du coude tout en gardant les composantes précédentes. Enfin le patient est invité à effectuer une inclinaison controlatérale de la tête.
Le thérapeute peut utiliser la différenciation structurelle pour tenter de différencier une réponse neurodynamique d'une réponse musculo-squelettique. Une réponse musculo-squelettique reste constante pendant la différenciation, tandis qu'une réponse neurodynamique est présente lorsque les symptômes, l'amplitude du mouvement ou la résistance au mouvement changent au cours de la différenciation structurelle (Davis et al. 2008, Apelby-Albrecht et al. 2013, Jull et al. 2021).
Pour réaliser la différenciation structurelle le patient effectue une inclinaison homolatérale de la tête et le thérapeute évaluera l’impact de ce mouvement sur les symptômes et l’amplitude du coude (Davis et al. 2008, Apelby-Albrecht et al. 2013).
Pour réaliser l’ULTT B spécifique au nerf médian, le thérapeute abaisse l'épaule, place le bras à 10° d’abduction, en rotation externe, coude fléchi et l’avant-bras en supination. Le kiné amène alors le poignet et les doigts du patient en extension puis étend lentement le coude. Le patient est ensuite invité à effectuer une inclinaison controlatérale de la tête. Enfin la différenciation structurelle sera réalisée en demandant une inclinaison homolatérale de la tête.
Pour réaliser l’ULTT C spécifique au nerf radial, le thérapeute abaisse l'épaule, place le bras à 10° d’abduction, en rotation interne, coudé fléchi et l’avant-bras en pronation. Le kiné fléchit le poignet et les doigts du patient puis réalise une extension lente du coude. Le patient est alors invité à effectuer une inclinaison controlatérale de la tête. Le thérapeute procédera à la différenciation structurelle en demandant au patient une inclinaison homolatérale de la tête.
Pour réaliser l’ULTT D spécifique au nerf ulnaire, le thérapeute abaisse l'épaule, place le bras à 110° d’abduction, en rotation externe d’épaule, coude fléchi et l’avant-bras en pronation. Le poignet et les doigts sont ensuite étendus. L’étape suivante consiste à réaliser une flexion lente du coude puis le patient est invité à effectuer une inclinaison controlatérale de la tête. Comme pour les tests précédents le kiné demandera au patient une inclinaison homolatérale de la tête pour la différenciation structurelle (Elvey, 1997, Apelby-Albrecht et al. 2013, Thoomes et al. 2018).
Chacun de ces tests de mise en tension est positif s’il répond à ces trois critères :
- La douleur neurogène est reproduite dans le cou et le bras
- Les symptômes changent au cours de la différenciation structurelle
- Une différence de rayonnement douloureux est constatée entre le côté droit et le côté gauche (Apelby-Albrecht et al. 2013, Thoomes et al. 2018).
Le test combiné des quatre ULTT est considéré comme positif si au moins un d’entre eux est positif, et au contraire négatif si les quatre sont négatifs (Apelby-Albrecht et al. 2013). L'utilisation combinée des quatre ULTT a montré une sensibilité de 97% et une spécificité de 69% (Apelby-Albrecht et al. 2013).
Koulidis et al. précisent dans leur étude en 2019 que l’utilisation du test combiné des ULTT serait surtout efficace pour exclure une radiculopathie cervicale en cas de test négatif.
Apelby-Albrecht, Martina, Linda Andersson, Ingrid W. Kleiva, Kristian Kvåle, Eva Skillgate, et Anna Josephson. « Concordance of Upper Limb Neurodynamic Tests With Medical Examination and Magnetic Resonance Imaging in Patients With Cervical Radiculopathy: A Diagnostic Cohort Study ». Journal of Manipulative & Physiological Therapeutics 36, no 9 (1 novembre 2013): 626‑32.
Butler D; The sensitive nervous system. Abelaide : NOIgroup Publications ; 2000
Davis, D. Scott, Ila Beth Anderson, Mary Grace Carson, Caroline L. Elkins, et Lindsey B. Stuckey. « Upper Limb Neural Tension and Seated Slump Tests: The False Positive Rate among Healthy Young Adults without Cervical or Lumbar Symptoms ». The Journal of Manual & Manipulative Therapy 16, no 3 (2008): 136‑41.
Elvey, Robert L. « Physical Evaluation of the Peripheral Nervous System in Disorders of Pain and Dysfunction ». Journal of Hand Therapy 10, no 2 (avril 1997): 122‑29.
Gwendolen Jull, Deborah Falla, Julia Treleaven, Shaun O'Leary, prise en charge des cervicalgies, paru le 1 septembre 2021
Hall T, Elevey R. Nerve trunk pain : physical diagnosis and treatment. Man Ther 1999; 4:63-73
Koulidis, Konstantinos, Yannis Veremis, Christina Anderson, et Nicola R. Heneghan. « Diagnostic Accuracy of Upper Limb Neurodynamic Tests for the Assessment of Peripheral Neuropathic Pain: A Systematic Review ». Musculoskeletal Science and Practice 40 (1 avril 2019): 21‑33.
Thoomes, Erik J., Sarita van Geest, Danielle A. van der Windt, Deborah Falla, Arianne P. Verhagen, Bart W. Koes, Marloes Thoomes-de Graaf, Barbara Kuijper, Wendy G. M. Scholten-Peeters, et Carmen L. Vleggeert-Lankamp. « Value of Physical Tests in Diagnosing Cervical Radiculopathy: A Systematic Review ». The Spine Journal: Official Journal of the North American Spine Society 18, no 1 (janvier 2018): 179‑89
Wainner, Robert S., Julie M. Fritz, James J. Irrgang, Michael L. Boninger, Anthony Delitto, et Stephen Allison. « Reliability and Diagnostic Accuracy of the Clinical Examination and Patient Self-Report Measures for Cervical Radiculopathy ». Spine 28, no 1 (1 janvier 2003): 52‑62.