Le cluster de tests suivant est couramment utilisé dans le diagnostic d’une instabilité lombaire.
La lombalgie n'est pas un état homogène et la différenciation de sous-groupes de lombalgie est souvent nécessaire pour aider à la prise de décisions cliniques. L’instabilité lombaire est un sous-groupe important de lombalgie (Areeudomwong et al. 2020). Elle peut être classée en deux types : d’une part l'instabilité lombaire radiologique qui est identifiée par les radios en flexion-extension ; et d’autre part l'instabilité lombaire clinique qui est une cause importante de lombalgie et qui est souvent non visible sur les examens radiologiques (Panjabi, 2003, Cook et al. 2006). Cette entité clinique est définie comme une diminution de la capacité du système de stabilisation du rachis à maintenir la zone neutre de la colonne dans les limites physiologiques. De cette manière, ce système stabilisateur protège des déficits neurologiques, des déformations majeures ou des douleurs incapacitantes (Panjabi,1992, Areeudomwong et al. 2020).
La zone neutre est une région autour de la position neutre où les structures passives de la colonne vertébrale offrent le moins de résistance au mouvement intervertébral (Panjabi, 1992, Hicks et al. 2003). Cette zone semble être une mesure cliniquement importante de la stabilité de la colonne vertébrale. Elle peut augmenter en cas de blessure du rachis ou de faiblesse musculaire, ce qui peut entraîner une instabilité de la colonne et des douleurs lombaires (Panjabi, 1992, Yue et al. 2007). Le système de stabilisation de la colonne vertébrale s'ajuste pour que la zone neutre reste dans certains seuils physiologiques afin d'éviter une instabilité clinique. Elle peut ainsi être diminuée, et ramenée dans les limites physiologiques, par la formation d'ostéophytes, le renforcement musculaire ou la fixation chirurgicale (Panjabi, 1992, Panjabi, 2003, Yue et al. 2007).
Une augmentation du balancement du corps a été trouvée chez les patients souffrant de lombalgie. Cette observation témoigne d’un système de contrôle neuro-musculaire moins efficace avec une capacité réduite à maintenir la stabilité vertébrale nécessaire. On pourrait parler alors d’instabilité clinique (Panjabi, 2003).
En 2020, une étude a révélé que l'utilisation d'un groupe de tests produisait des résultats plus précis qu’un test seul pour identifier une instabilité lombaire. Ainsi, quatre tests ont été proposés afin d’augmenter la fiabilité du diagnostic et un score de trois tests positifs sur quatre aurait une sensibilité de 47,8% et une spécificité de 91,7% (Areeudomwong et al. 2020). Ce cluster est composé de l’apprehension sign, de l’instability catch sign, du painful catch sign et du prone instability test.
L’apprehension sign se produit lorsque le patient ressent une sensation d'affaissement du bas du dos avec l'apparition soudaine d'une douleur lombaire pendant les mouvements de la vie quotidienne. Si ce signe d'appréhension est présent au moins une fois sur les sept derniers jours, le résultat du test est considéré comme positif.
Les auteurs ont ajouté la contraction du transverse à l’instability catch sign et au painful catch sign. Cette contraction semble permettre de réduire de manière significative l'intensité de la douleur liée à l'activité et pourrait servir de facteur de soulagement lorsqu'il est couplé à ces tests (Areeudomwong et al. 2020).
Pour réaliser l’instability catch sign, le patient est debout. Il est invité à se pencher le plus loin possible vers l’avant puis à revenir à la position de départ. Le thérapeute analyse la capacité du patient à revenir sans douleur à la position debout érigée. Les patients présentant une instabilité lombaire auront tendance à ressentir une douleur soudaine lors du mouvement de retour.
La même manœuvre est ensuite réalisée en ajoutant une contraction du transverse. Le test est considéré comme positif si le patient est limité par la douleur lors de l’extension sans contraction du transverse mais qu’il est capable de revenir à la position érigée avec la contraction du transverse.
Pour réaliser le painful catch sign, le patient est en couché dorsal. Il est invité à lever les deux jambes tendues aussi loin que possible puis à les abaisser lentement et revenir à la position de départ. Ensuite, le patient réalise ce test avec la contraction du transverse.
Le résultat du test est considéré comme positif si les jambes du patient tombent soudainement sur la table à cause d'une douleur lombaire dans la première étape, mais qu'il est capable de revenir à la position de départ lors de la deuxième étape avec la contraction du transverse.
Enfin pour réaliser le prone instability test, le patient est en procubitus avec le haut du corps sur la table jusqu’aux EIAS. Ses jambes dépassent du bord de la table, ses genoux sont fléchis et ses pieds reposent sur le sol. Pendant que le sujet est dans cette position, le thérapeute applique un mouvement de glissement intervertébral passif postéro-antérieur sur chaque segment de la colonne lombaire. Il est demandé au patient de signaler toute provocation de la douleur.
Ensuite, le thérapeute demande au sujet de contracter les muscles de la colonne lombaire et de soulever les jambes du sol. Il peut s'accrocher à la table avec ses mains pour maintenir la position. Des glissements postéro-antérieurs sur les processus épineux sont de nouveau appliqués sur tous les segments préalablement identifiés comme douloureux.
Le test est positif lorsqu'une douleur est provoquée pendant la première partie du test mais qu'elle disparaît lorsque le patient effectue une contraction active des muscles extenseurs lombaires (Hicks et al. 2003, Areeudomwong et al. 2020).
En théorie, il est possible que lorsque les muscles para-spinaux sont relâchés dans l’étape une, le thérapeute puisse produire une force de cisaillement antérieure sur chaque vertèbre et ainsi déterminer la réponse symptomatique du patient. Lors de la deuxième étape du test, l'activation des muscles para-spinaux lombaires empêcherait le cisaillement antérieur des vertèbres lombaires. Si le cisaillement antérieur était à l'origine des symptômes dans la première position, il devrait alors être atténué dans la deuxième étape du test (Ravenna et al. 2011).
Dans leur étude en 2003, Hicks et al. ont trouvé une fiabilité élevée du prone instability test dans le diagnostic de l’instabilité lombaire (Hicks et al. 2003).
Par ailleurs, en 2005 Hicks et al. ont proposé une règle de prédiction du succès d’un programme d’exercice de stabilisation chez un patient lombalgique. Cette règle de prédiction comprenait un prone instability test positif, un âge inférieur à 40 ans, un SLR actif positif supérieur à 91° et la présence d’un mouvement aberrant lors de l’analyse des ROM lombaires. La présence de trois de ces critères ou plus est un indice de succès d’un tel programme d’exercice avec une sensibilité de 56% et une spécificité de 86% (Hicks et al. 2005).
Areeudomwong, P., Jirarattanaphochai, K., Ruanjai, T., & Buttagat, V. (2020). Clinical utility of a cluster of tests as a diagnostic support tool for clinical lumbar instability. Musculoskeletal Science and Practice, 102224. doi:10.1016/j.msksp.2020.102224
Cook, C., Brismée, J.-M., & Sizer, P. S. (2006). Subjective and objective descriptors of clinical lumbar spine instability: A Delphi study. Manual Therapy, 11(1), 11–21. doi:10.1016/j.math.2005.01.002
Hicks, G. E., Fritz, J. M., Delitto, A., & Mishock, J. (2003). Interrater reliability of clinical examination measures for identification of lumbar segmental instability11No commercial party having a direct financial interest in the results of the research supporting this article has or will confer a benefit upon the author(s) or upon any organization with which the author(s) is/are associated. Archives of Physical Medicine and Rehabilitation, 84(12), 1858–1864. doi:10.1016/s0003-9993(03)00365-4
Hicks, G. E., Fritz, J. M., Delitto, A., & McGill, S. M. (2005). Preliminary Development of a Clinical Prediction Rule for Determining Which Patients With Low Back Pain Will Respond to a Stabilization Exercise Program. Archives of Physical Medicine and Rehabilitation, 86(9), 1753–1762. doi:10.1016/j.apmr.2005.03.033
Panjabi, Manohar M. « Clinical Spinal Instability and Low Back Pain ». Journal of Electromyography and Kinesiology: Official Journal of the International Society of Electrophysiological Kinesiology 13, no 4 (août 2003): 371‑79.
Panjabi, Manohar M. « The Stabilizing System of the Spine. Part II. Neutral Zone and Instability Hypothesis ». Clinical Spine Surgery 5, no 4 (décembre 1992): 390–397.
Ravenna, Margaret M., Shannon L. Hoffman, et Linda R. Van Dillen. « Low Inter-rater Reliability of Examiners Performing the Prone Instability Test, a Clinical Test for Lumbar Shear Instability ». Archives of physical medicine and rehabilitation 92, no 6 (juin 2011): 913‑19.
Yue, J. J., Timm, J. P., Panjabi, M. M., & La Torre, J. J.-D. (2007). Clinical application of the Panjabi neutral zone hypothesis: the Stabilimax NZ posterior lumbar dynamic stabilization system. Neurosurgical Focus, 22(1), 1–3. doi:10.3171/foc.2007.22.1.12
Le cluster de tests suivant est couramment utilisé dans le diagnostic d’une instabilité lombaire.
La lombalgie n'est pas un état homogène et la différenciation de sous-groupes de lombalgie est souvent nécessaire pour aider à la prise de décisions cliniques. L’instabilité lombaire est un sous-groupe important de lombalgie (Areeudomwong et al. 2020). Elle peut être classée en deux types : d’une part l'instabilité lombaire radiologique qui est identifiée par les radios en flexion-extension ; et d’autre part l'instabilité lombaire clinique qui est une cause importante de lombalgie et qui est souvent non visible sur les examens radiologiques (Panjabi, 2003, Cook et al. 2006). Cette entité clinique est définie comme une diminution de la capacité du système de stabilisation du rachis à maintenir la zone neutre de la colonne dans les limites physiologiques. De cette manière, ce système stabilisateur protège des déficits neurologiques, des déformations majeures ou des douleurs incapacitantes (Panjabi,1992, Areeudomwong et al. 2020).
La zone neutre est une région autour de la position neutre où les structures passives de la colonne vertébrale offrent le moins de résistance au mouvement intervertébral (Panjabi, 1992, Hicks et al. 2003). Cette zone semble être une mesure cliniquement importante de la stabilité de la colonne vertébrale. Elle peut augmenter en cas de blessure du rachis ou de faiblesse musculaire, ce qui peut entraîner une instabilité de la colonne et des douleurs lombaires (Panjabi, 1992, Yue et al. 2007). Le système de stabilisation de la colonne vertébrale s'ajuste pour que la zone neutre reste dans certains seuils physiologiques afin d'éviter une instabilité clinique. Elle peut ainsi être diminuée, et ramenée dans les limites physiologiques, par la formation d'ostéophytes, le renforcement musculaire ou la fixation chirurgicale (Panjabi, 1992, Panjabi, 2003, Yue et al. 2007).
Une augmentation du balancement du corps a été trouvée chez les patients souffrant de lombalgie. Cette observation témoigne d’un système de contrôle neuro-musculaire moins efficace avec une capacité réduite à maintenir la stabilité vertébrale nécessaire. On pourrait parler alors d’instabilité clinique (Panjabi, 2003).
En 2020, une étude a révélé que l'utilisation d'un groupe de tests produisait des résultats plus précis qu’un test seul pour identifier une instabilité lombaire. Ainsi, quatre tests ont été proposés afin d’augmenter la fiabilité du diagnostic et un score de trois tests positifs sur quatre aurait une sensibilité de 47,8% et une spécificité de 91,7% (Areeudomwong et al. 2020). Ce cluster est composé de l’apprehension sign, de l’instability catch sign, du painful catch sign et du prone instability test.
L’apprehension sign se produit lorsque le patient ressent une sensation d'affaissement du bas du dos avec l'apparition soudaine d'une douleur lombaire pendant les mouvements de la vie quotidienne. Si ce signe d'appréhension est présent au moins une fois sur les sept derniers jours, le résultat du test est considéré comme positif.
Les auteurs ont ajouté la contraction du transverse à l’instability catch sign et au painful catch sign. Cette contraction semble permettre de réduire de manière significative l'intensité de la douleur liée à l'activité et pourrait servir de facteur de soulagement lorsqu'il est couplé à ces tests (Areeudomwong et al. 2020).
Pour réaliser l’instability catch sign, le patient est debout. Il est invité à se pencher le plus loin possible vers l’avant puis à revenir à la position de départ. Le thérapeute analyse la capacité du patient à revenir sans douleur à la position debout érigée. Les patients présentant une instabilité lombaire auront tendance à ressentir une douleur soudaine lors du mouvement de retour.
La même manœuvre est ensuite réalisée en ajoutant une contraction du transverse. Le test est considéré comme positif si le patient est limité par la douleur lors de l’extension sans contraction du transverse mais qu’il est capable de revenir à la position érigée avec la contraction du transverse.
Pour réaliser le painful catch sign, le patient est en couché dorsal. Il est invité à lever les deux jambes tendues aussi loin que possible puis à les abaisser lentement et revenir à la position de départ. Ensuite, le patient réalise ce test avec la contraction du transverse.
Le résultat du test est considéré comme positif si les jambes du patient tombent soudainement sur la table à cause d'une douleur lombaire dans la première étape, mais qu'il est capable de revenir à la position de départ lors de la deuxième étape avec la contraction du transverse.
Enfin pour réaliser le prone instability test, le patient est en procubitus avec le haut du corps sur la table jusqu’aux EIAS. Ses jambes dépassent du bord de la table, ses genoux sont fléchis et ses pieds reposent sur le sol. Pendant que le sujet est dans cette position, le thérapeute applique un mouvement de glissement intervertébral passif postéro-antérieur sur chaque segment de la colonne lombaire. Il est demandé au patient de signaler toute provocation de la douleur.
Ensuite, le thérapeute demande au sujet de contracter les muscles de la colonne lombaire et de soulever les jambes du sol. Il peut s'accrocher à la table avec ses mains pour maintenir la position. Des glissements postéro-antérieurs sur les processus épineux sont de nouveau appliqués sur tous les segments préalablement identifiés comme douloureux.
Le test est positif lorsqu'une douleur est provoquée pendant la première partie du test mais qu'elle disparaît lorsque le patient effectue une contraction active des muscles extenseurs lombaires (Hicks et al. 2003, Areeudomwong et al. 2020).
En théorie, il est possible que lorsque les muscles para-spinaux sont relâchés dans l’étape une, le thérapeute puisse produire une force de cisaillement antérieure sur chaque vertèbre et ainsi déterminer la réponse symptomatique du patient. Lors de la deuxième étape du test, l'activation des muscles para-spinaux lombaires empêcherait le cisaillement antérieur des vertèbres lombaires. Si le cisaillement antérieur était à l'origine des symptômes dans la première position, il devrait alors être atténué dans la deuxième étape du test (Ravenna et al. 2011).
Dans leur étude en 2003, Hicks et al. ont trouvé une fiabilité élevée du prone instability test dans le diagnostic de l’instabilité lombaire (Hicks et al. 2003).
Par ailleurs, en 2005 Hicks et al. ont proposé une règle de prédiction du succès d’un programme d’exercice de stabilisation chez un patient lombalgique. Cette règle de prédiction comprenait un prone instability test positif, un âge inférieur à 40 ans, un SLR actif positif supérieur à 91° et la présence d’un mouvement aberrant lors de l’analyse des ROM lombaires. La présence de trois de ces critères ou plus est un indice de succès d’un tel programme d’exercice avec une sensibilité de 56% et une spécificité de 86% (Hicks et al. 2005).
Areeudomwong, P., Jirarattanaphochai, K., Ruanjai, T., & Buttagat, V. (2020). Clinical utility of a cluster of tests as a diagnostic support tool for clinical lumbar instability. Musculoskeletal Science and Practice, 102224. doi:10.1016/j.msksp.2020.102224
Cook, C., Brismée, J.-M., & Sizer, P. S. (2006). Subjective and objective descriptors of clinical lumbar spine instability: A Delphi study. Manual Therapy, 11(1), 11–21. doi:10.1016/j.math.2005.01.002
Hicks, G. E., Fritz, J. M., Delitto, A., & Mishock, J. (2003). Interrater reliability of clinical examination measures for identification of lumbar segmental instability11No commercial party having a direct financial interest in the results of the research supporting this article has or will confer a benefit upon the author(s) or upon any organization with which the author(s) is/are associated. Archives of Physical Medicine and Rehabilitation, 84(12), 1858–1864. doi:10.1016/s0003-9993(03)00365-4
Hicks, G. E., Fritz, J. M., Delitto, A., & McGill, S. M. (2005). Preliminary Development of a Clinical Prediction Rule for Determining Which Patients With Low Back Pain Will Respond to a Stabilization Exercise Program. Archives of Physical Medicine and Rehabilitation, 86(9), 1753–1762. doi:10.1016/j.apmr.2005.03.033
Panjabi, Manohar M. « Clinical Spinal Instability and Low Back Pain ». Journal of Electromyography and Kinesiology: Official Journal of the International Society of Electrophysiological Kinesiology 13, no 4 (août 2003): 371‑79.
Panjabi, Manohar M. « The Stabilizing System of the Spine. Part II. Neutral Zone and Instability Hypothesis ». Clinical Spine Surgery 5, no 4 (décembre 1992): 390–397.
Ravenna, Margaret M., Shannon L. Hoffman, et Linda R. Van Dillen. « Low Inter-rater Reliability of Examiners Performing the Prone Instability Test, a Clinical Test for Lumbar Shear Instability ». Archives of physical medicine and rehabilitation 92, no 6 (juin 2011): 913‑19.
Yue, J. J., Timm, J. P., Panjabi, M. M., & La Torre, J. J.-D. (2007). Clinical application of the Panjabi neutral zone hypothesis: the Stabilimax NZ posterior lumbar dynamic stabilization system. Neurosurgical Focus, 22(1), 1–3. doi:10.3171/foc.2007.22.1.12