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La scoliose idiopathique - Traitement & Prise en charge

EBP Module
Updated
5/25/2024
Philipe Mahaudens
Docteur en sciences de la motricité et kinésithérapeute
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3 - Traitement - Prise en charge

À noter : Retrouvez des exemples de prises en charge en vidĂ©os en fonction de l'irritabilitĂ© du patient en bas de cette page

Vous pouvez télécharger ici une fiche pratique vous permettant de prescrire des exercices à votre patient.

a - Objectifs de la rééducation

De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, au terme de la premiĂšre consultation, le thĂ©rapeute peut soit possĂ©der suffisamment d’élĂ©ments permettant de prendre une dĂ©cision thĂ©rapeutique soit programmer une autre consultation pour Ă©valuer l’évolution de la dĂ©formation rachidienne. Si l’enfant ou l’adolescent se trouve dans une phase de croissance rapide, on conseillera aux parents une consultation de suivi tous les 4 mois. Si l’enfant ou l’adolescent se trouve dans une phase de croissance plus lente, on pourra alors conseiller 1 ou 2 consultations par an.

D’une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, nos objectifs en kinĂ©sithĂ©rapie seront les suivants :

- Essayer d’éviter que l’aggravation ne s’installe.

- Éducation à la position correcte.

- Augmenter le tonus postural.

- Si c’est nĂ©cessaire, augmenter la fonction respiratoire.

- Augmenter la force et l’endurance des muscles du tronc.

- Entretenir la souplesse et la mobilité.

- Augmenter la condition physique.

La rĂ©Ă©ducation en kinĂ©sithĂ©rapie fait partie intĂ©grante du traitement de la scoliose et ce quel que soit le stade. DĂšs lors que la dĂ©tection de la scoliose a Ă©tĂ© faite, il est permis de penser qu’on peut influencer son Ă©volution avec des exercices de rĂ©Ă©ducation adaptĂ©s, sans mĂȘme l’utilisation d’autres adjuvants mĂ©caniques comme le corset (Negrini et al., 2005).

Toutefois, pour Ă©viter toute dĂ©ception ultĂ©rieure, il sera important d’expliquer au patient que la kinĂ©sithĂ©rapie ne peut permettre Ă  elle seule d’arrĂȘter l’aggravation d’une scoliose fortement Ă©volutive (Biot et al. 2001).

En pratique, la rééducation en kinésithérapie du scoliotique reposera sur les éléments suivants :

- Des exercices d’assouplissement.

- Une Ă©ducation posturale.

- Une rééducation proprioceptive.

- Une tonification musculaire.

- Une réadaptation dans les AVJ (ergonomie).

- Une pratique sportive.

- Une surveillance.

b - Exercices d'assouplissement

Il est couramment reconnu que les dĂ©formations scoliotiques crĂ©ent des zones de raideur segmentaire que le kinĂ©sithĂ©rapeute devra assouplir (CharriĂšre et Roy, 1980 ; Negrini et al. 2005). En consĂ©quence, l’assouplissement permet la mise en place progressive d’une nouvelle posture (Becker, 1978 ; CharriĂšre et Roy, 1980 ; Souchard et Ollier, 2002 ; Weiss et al. 2006). Ces exercices d’assouplissement se rĂ©alisent hors corset et touchent les muscles du rachis et des ceintures (massage, Ă©tirements, postures, exercices gymniques) (Mahaudens, 2005) mais aussi les structures articulaires intervertĂ©brales.

En termes d’assouplissement, le thĂ©rapeute cherchera Ă  assouplir la colonne dans les 3 plans de l’espace : en flexion et extension du tronc, en rotations gauche et droite, en inclinaison latĂ©rale gauche et droite. Ces assouplissements peuvent ĂȘtre effectuĂ©s au moyen de postures de dĂ©rotation qui sont spĂ©cifiques de la dĂ©formation tridimensionnelle du rachis. Ces postures effectuĂ©es en position couchĂ©e doivent ĂȘtre douces et durer environ 30 secondes, elles sont rĂ©alisĂ©es de maniĂšre progressive de maniĂšre Ă  ne pas provoquer de contraction de dĂ©fense chez le patient. La simple pesanteur peut parfois ĂȘtre suffisante mais gĂ©nĂ©ralement le recours au thĂ©rapeute sera nĂ©cessaire accentuer la posture et associer cette derniĂšre Ă  des massages et Ă  un travail respiratoire.

En fonction des raideurs musculaires mises en Ă©vidence lors du bilan, on pourra effectuer des Ă©tirements plus analytiques, comme par exemple des Ă©tirements du psoas iliaque, des ischio-jambiers, des triceps suraux, du carrĂ© des lombes, du piriforme
 Ces Ă©tirements peuvent ĂȘtre tenu trois fois pendant 20 secondes (Portero et al. 2010) ou bien par contractĂ©-relachĂ© pour faire prendre conscience au patient l’importance de la relaxation.  

Pour cela, le membre Ă  Ă©tirer est placĂ© en position maximale d’étirement : on demande ensuite au patient une contraction isomĂ©trique de 6 secondes de ces muscles Ă  laquelle le thĂ©rapeute rĂ©siste.  Le patient relĂąche ensuite la contraction pendant que le thĂ©rapeute augmente l’étirement. Cette manƓuvre est rĂ©alisĂ©e autant de fois que nĂ©cessaire.

c - Éducation posturale

Une fois qu’on a effectuĂ© ces exercices d’assouplissement, il est important de faire prendre conscience au patient de sa posture aussi bien dans le plan sagittal que plan frontal, et dans le plan transversal.

Pour ce faire le thĂ©rapeute va donc s’appuyer sur les principes suivants :

- Travail de verrouillage dorso-lombaire avec respect des courbures sagittales.

- Contraction des muscles adducteurs des scapulas et épaules relùchées.

- Repositionnement correct de la tĂȘte sur l’axe sagittal.

- Auto-allongement axial actif.

- Translation latérale vers la concavité.

- Prise de conscience de la respiration.

Lors des exercices, il peut donc ĂȘtre intĂ©ressant d’offrir un feedback visuel avec par exemple un miroir ou l’utilisation de photographies pour aider le patient Ă  prendre conscience de ses asymĂ©tries de face (du pli de taille, du tronc, du bassin, des Ă©paules), de profil (dĂ©sĂ©quilibre gravitaire antĂ©rieur ou postĂ©rieur) ou encore lors de la marche (asymĂ©trie du ballant des bras, dĂ©faut rotatoire des membres infĂ©rieurs). On commencera toujours par corriger le plan sagittal, puis le plan frontal et dans un 3e temps le plan transversal.

Une fois que le patient a pris conscience des dĂ©fauts, le thĂ©rapeute pourra lui enseigner les corrections actives sensorielles d’abord dans une idĂ©e de progression segmentaire : du bassin Ă  la tĂȘte puis dans une progression spatiale en partant du dĂ©cubitus dorsal puis de la position quadrupĂ©dique, puis assis, puis debout et lors de la marche.  

Pour mettre en place cette correction, le thérapeute pourra proposer au patient des repÚres tactiles (main du thérapeute, bùton...), des repÚres auditifs (voix du thérapeute, métronome
), des repÚres visuels (photographie, vidéos, miroir
).

Des exercices de mobilitĂ© du bassin sur un Swiss ball peuvent Ă©galement ĂȘtre proposĂ©s, notamment en antĂ©version et rĂ©troversion, dans un premier temps induit par la thĂ©rapeute puis le patient lui-mĂȘme.

Progressivement, ces corrections sensitivomotrices pourront ĂȘtre intĂ©grĂ©es dans un programme de proprioception dans un premier temps avec le corset (fuites des points d’appui) et puis sans corset.

d - RĂ©Ă©ducation proprioceptive

De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, le travail de proprioception reposera sur des exercices d’équilibre sur plan stable puis sur plan instable en suivant Ă  chaque fois la mĂȘme progression :

- Exercices statiques

- Exercices de redressement

- Exercices d’équilibration

Il est couramment admis depuis plusieurs annĂ©es que les patients scoliotiques prĂ©sentent des troubles de l’équilibre postural. Le dĂ©sĂ©quilibre postural chez les scoliotiques se traduit par une plus grande variation du centre de pression du corps dans les dĂ©placements (Chen et al. 1998 ; Nault et al. 2002).

Certains auteurs ont soulignĂ© l’importance du contrĂŽle visuel lors de la rĂ©Ă©ducation des scoliotiques. Ils prĂ©conisent donc d’utiliser une perturbation visuelle (yeux ouverts, yeux fermĂ©s) lors de l’exĂ©cution d’exercices (CharriĂšre et Roy, 1980 ; Rainault, 1984 ; Souchard et Ollier, 2002).

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e - Tonification musculaire

On va Ă©galement effectuer un programme de tonification musculaire qui peut ĂȘtre global ou analytique. On limitera le renforcement musculaire analytique pour les courbures de faible angulation (<30°). Le travail de renforcement plus global du tronc sera principalement rĂ©alisĂ© pour tout type de courbure, quelle que soit sa sĂ©vĂ©ritĂ©.

Ce renforcement musculaire a pour principaux objectifs (Mahaudens et al. 2005) :

- Le maintien de la position corrigĂ©e tridimensionnelle et la tonification des muscles du tronc Ă  visĂ©e d’endurance.

- La lutte contre le dos creux grĂące Ă  des exercices en cyphose.

- La prévention des inconvénients induits par le corset.

Un des grands principes du renforcement musculaire est qu’il s’effectue toujours dans la position corrigĂ©e. Ce renforcement se basera principalement sur des exercices statiques, isomĂ©triques et symĂ©triques des :

- Érecteurs du rachis

- Muscles inter-scapulaires

- Muscles stabilisateurs du bassin : abdominaux et grands fessiers.

Ces muscles seront principalement renforcés en endurance dans des situations avec corset dans un premier temps puis hors corset.

Selon les travaux de Chavanel et al. en 2002, il semble intĂ©ressant de travailler en endurance isomĂ©trique et dynamique. Afin d’obtenir une progression et sachant que les sujets scoliotiques tiennent moins longtemps que les sujets non scoliotiques, il va ĂȘtre nĂ©cessaire de travailler l’endurance statique le plus longtemps possible et l’endurance dynamique avec le plus grand nombre de rĂ©pĂ©titions possible. Le temps de repos doit ĂȘtre Ă©quivalent ou supĂ©rieur au temps de travail. On peut par exemple travailler l’endurance des abdominaux et des muscles du rachis avec les « tests » de Shirado Ito et de Sorensen respectivement.

Concernant les muscles postĂ©rieurs, le thĂ©rapeute peut proposer par exemple un renforcement isomĂ©trique des muscles paravertĂ©braux : le patient se place en bout de table, debout. On lui demande dans un premier temps de placer son bassin contre le bord de la table et d’incliner le tronc vers l’avant. De cette maniĂšre ses muscles paravertĂ©braux sont activĂ©s. Selon le profil du patient, on modifiera la position de ses membres supĂ©rieurs : si celui-ci prĂ©sente une perte de cyphose, on lui conseillera de placer ses mains croisĂ©es aux Ă©paules. Si au contraire, le patiente prĂ©sente une cyphose associĂ©e, on lui conseillera de placer ses bras en chandelier. Des haltĂšres pourront ĂȘtre utilisĂ©es pour complexifier l’exercice.

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Concernant les muscles antĂ©rieurs, le profil rachidien du patient va Ă©galement dĂ©terminer la position de dĂ©part du travail des abdominaux. Par exemple, si le patient prĂ©sente une lordose lombaire importante, on va conseiller au patient de travailler avec un faible bras de levier fĂ©moral. On demande par exemple au patient de placer sa hanche Ă  90° et d’effectuer des mouvements de types pĂ©dalage ou ciseaux. En revanche, si le patient prĂ©sente un effacement de la lordose physiologique, on conseillera au patient d’effectuer les exercices avec un plus grand bras de levier fĂ©moral.

Si le patient prĂ©sente une hypocyphose, le patient sera autorisĂ© Ă  effectuer un renforcement des abdominaux par le levier supĂ©rieur (soulĂšvement des Ă©paules et enroulement antĂ©rieur). En revanche, si la cyphose est trĂšs prononcĂ©e, le renforcement se fera davantage par le levier infĂ©rieur dans une position longue d’ouverture thoracique.

Mis Ă  part le renforcement du grand droit, un travail du transverse lors de l’expiration et le travail des obliques sera Ă©galement intĂ©ressant.

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f- RĂ©adaptation

Le travail de rĂ©adaptation en kinĂ©sithĂ©rapie doit permettre au patient de maintenir une posture correcte tout au long de la journĂ©e. Il sera donc intĂ©ressant de prolonger l’action rĂ©Ă©ducative par une adaptation du patient et de son environnement personnel et professionnel : par exemple adaptation du plan de travail, des activitĂ©s sportives, des loisirs etc
 (Mahaudens, 2005)

Le kinĂ©sithĂ©rapeute doit enseigner au patient les rĂšgles d’ergonomie rachidienne Ă  propos :

- Du port de charges lourdes (maniĂšre de porter le cartable)

- Des positions ergonomiques : triple flexion, fentes, chevalier servant, mouvement de balancier


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Il existe diffĂ©rentes mĂ©thodes et exercices spĂ©cifiques Ă  la scoliose (ESS) ayant montrĂ© des preuves d’efficacitĂ© dans la littĂ©rature (niveau B) pour leur capacitĂ© Ă  empĂȘcher l’aggravation de la scoliose. On retrouve par exemple la mĂ©thode de Schroth, la mĂ©thode de l’école de Lyon, la mĂ©thode de Dobosiewicz (Dobomed), la mĂ©thode side-shift, etc
 (Negrini et al. 2012 ; Bringtown J. 2017). Nous n’allons aborder dans ce module que la mĂ©thode de Schroth.

1 - MĂ©thode de Schroth

La mĂ©thode Schroth est utilisĂ©e pour le traitement en kinĂ©sithĂ©rapie de la scoliose idiopathique dans le but d’amĂ©liorer la courbure thoracique, la rotation vertĂ©brale et la capacitĂ© vitale (Weiss et al. 1991 ; Weiss et al. 1992). D’aprĂšs la revue systĂ©matique rĂ©alisĂ©e par Ceballos Laita et son Ă©quipe en 2018, il semblerait qu’une prise en charge basĂ©e sur des exercices de stabilisation et sur la mĂ©thode de Schroth soit bĂ©nĂ©fique pour rĂ©duire les symptĂŽmes et amĂ©liorer la fonction, les angles vertĂ©braux et les asymĂ©tries du tronc chez les sujets scoliotiques. En revanche, des Ă©tudes supplĂ©mentaires sont nĂ©cessaires pour dĂ©terminer le moment idĂ©al de l’intervention, ainsi que le nombre de sĂ©ances hebdomadaires Ă  rĂ©aliser et leur durĂ©e. La mĂ©ta-analyse rĂ©alisĂ©e en 2018 par Park et al. prĂ©sente des conclusions similaires et recommande l’utilisation de la mĂ©thode Schroth dans la prise en charge des patients atteints de scoliose. Toutefois, elle indique que ces exercices seraient probablement plus bĂ©nĂ©fiques pour les patients atteints d’une scoliose avec un angle de Cobb compris entre 10° et 30° que pour ceux avec un angle de Cobb > 30°. L’étude indique Ă©galement que les patients doivent pratiquer les exercices pendant au moins un mois afin d’obtenir de meilleurs rĂ©sultats. Les amĂ©liorations observĂ©es les plus significatives ont concernĂ© la force musculaire du tronc et la dĂ©formation structurelle. Par ailleurs, d’aprĂšs une Ă©tude contrĂŽlĂ©e randomisĂ©e datant de 2016 (Kuru et al. 2016), le programme d’exercices de Schroth rĂ©alisĂ© en clinique sous la supervision d’un thĂ©rapeute serait plus efficace que la rĂ©alisation de ces exercices Ă  domicile par le patient, sans supervision.

Enfin, dans cette mĂȘme Ă©tude, leurs rĂ©sultats ont montrĂ© une progression de la scoliose dans leur groupe qui n’avait reçu aucun traitement, contrairement Ă  leurs deux autres groupes (« groupe exercices de Schroth supervisĂ©s » et « groupe exercices de Schroth Ă  domicile »). En conclusion, la mĂ©thode Schroth semble efficace dans la prise en charge des patients scoliotiques.

En quoi consiste la méthode Schroth ?

Cette méthode a été inventée par Katharina Schroth en 1921 en Allemagne et est largement étudiée dans la littérature et utilisée depuis (Monticone et al. 2014 ; Schreiber et al. 2015 ; Weiss et al. 2011).

Le principe de cette mĂ©thode est de rĂ©aliser une correction tridimensionnelle Ă  l’aide de la respiration et de la perception de sa propre posture (principes sensorimoteurs et kinesthĂ©siques). Le programme de traitement comporte une correction de la posture au moyen de stimulations proprioceptives et extĂ©roceptives, et un travail de contrĂŽle du plan sagittal Ă  l’aide d’un miroir par exemple, le tout accompagnĂ© de schĂ©mas respiratoires bien spĂ©cifiques (Kalichman et al. 2016). C’est une technique asymĂ©trique et spĂ©cifique Ă  la scoliose permettant d’apprendre au patient comment obtenir une posture en alignement. La rĂ©pĂ©tition des exercices permet un renforcement qui rĂ©Ă©quilibre la posture scoliotique vers une posture verticale plus correcte (Monticone et al. 2014). Par ailleurs, la respiration est au cƓur de cette mĂ©thode car elle permet un remodelage interne. En effet, avant de rĂ©aliser les exercices posturaux, des exercices d’auto-Ă©longation sont pratiquĂ©s et tout au long de la rĂ©Ă©ducation, une technique respiratoire est intĂ©grĂ©e : on appelle cette mĂ©thode « RAB » pour Rotational Angular Breathing. C’est une technique qui consiste Ă  cibler la respiration du cĂŽtĂ© de la concavitĂ© thoracique (rapprochement des cĂŽtes) afin de crĂ©er une expansion costale sĂ©lective qui tend vers une dĂ©rotation des corps vertĂ©braux (Hennes, T. 2011). En plus des exercices, les patients sont suivis psychologiquement et pratiquent des activitĂ©s physiques pour favoriser l’intĂ©gration sociale, qui peut ĂȘtre un rĂ©el problĂšme chez les adolescents (Hennes, T. 2011).

PratiquĂ©e en centre, cette mĂ©thode de Schroth est plutĂŽt intensive et dure plusieurs semaines (4 en gĂ©nĂ©ral). Les patients ont des sessions d’exercices en groupe et en individuel plusieurs fois par jour et 5 jours par semaine. Des sĂ©ances de relaxation et de mobilisations (relĂąchement myofaciaux, massages, etc..) sont Ă©galement dispensĂ©es, ainsi que des cours d’anatomie humaine abordant Ă©galement la dĂ©formation rachidienne et les principes posturaux de la thĂ©rapie afin qu’ils comprennent les bienfaits de la rĂ©alisation des exercices (Hennes, T. 2011). L’objectif final est qu’ils puissent intĂ©grer la posture corrigĂ©e dans leurs AVJ et qu’ils amĂ©liorent leur confiance en soi (Hennes, T. 2011).

g - Pratique sportive

Il est important de garder Ă  l’esprit qu’il n’existe aucune contre-indication sportive chez un patient prĂ©sentant une scoliose idiopathique. Au contraire, la pratique sportive de l’adolescent scoliotique est indispensable Ă  la rĂ©Ă©ducation pour soutenir la musculation et la dynamisation de l’adolescent.

Toutefois, il existe 3 rùgles d’or (Mahaudens et al. 2005) :

- Éviter le surdosage sportif.

- Inciter les jeunes à pratiquer plusieurs sports, différents et complémentaires optimisant ainsi le développement de toutes les caractéristiques physiologiques et morphologiques.

- Le geste sportif doit ĂȘtre effectuĂ© aprĂšs un apprentissage sĂ©rieux et avec le respect des positions corrigĂ©es.

Ces activitĂ©s sportives doivent au dĂ©part ĂȘtre effectuĂ©es avec corset puis sans corset en fonction des indications du mĂ©decin.

h - Surveillance

Il est important de rappeler que le thĂ©rapeute doit contrĂŽler tout au long de la rĂ©Ă©ducation la tolĂ©rance physique et psychologique, ainsi que l’observance du patient vis-Ă -vis du traitement. Par ailleurs, faire une sĂ©ance de kinĂ© par semaine n’est pas utile si le patient ne prolonge pas son traitement :

- Par une activitĂ© sportive oĂč il intĂšgre les corrections apprises en kinĂ©

- Et par la rĂ©alisation quotidienne d’exercices de mobilisations du rachis et d’exercices de renforcement en endurance des muscles du tronc (soit minimum 20 minutes par jour).

i - Corset

Le port d’un corset permet de maintenir le rachis en position partiellement corrigĂ©e tout au long de la croissance afin que la scoliose ne s’aggrave plus aprĂšs celle-ci. Il est surtout efficace lorsqu’il est combinĂ© Ă  de la kinĂ©sithĂ©rapie. Cependant, chez certaines personnes ayant une scoliose raide et/ou sĂ©vĂšre, le corset ne permet pas d’obtenir une rĂ©duction de la courbure. Il reste tout de mĂȘme trĂšs important car il empĂȘche la dĂ©gradation de la scoliose. Il existe diffĂ©rents types de corset en fonction de la forme de la scoliose, de l’ñge du sujet, de la raideur du dos. Pour dĂ©couvrir les diffĂ©rents types de corset et obtenir davantage d’informations Ă  leur sujet, nous vous invitons Ă  consulter la page internet suivante : www.orthopedie-pediatrique.be

Il est intĂ©ressant de noter qu’une Ă©tude prospective contrĂŽlĂ©e randomisĂ©e (Gao et al. 2019) a montrĂ© que l’association d’une intervention orthopĂ©dique et d’exercices spĂ©cifiques Ă  la scoliose a apportĂ© une meilleure correction de l’angle de Cobb et une amĂ©lioration significative des paramĂštres respiratoires et de l’endurance de la musculature du dos chez des adolescents atteints de scoliose idiopathique par rapport Ă  une intervention orthopĂ©dique seule. La combinaison du port d’un corset et de la pratique d’exercices semble donc primordiale dans la prise en charge des patients scoliotiques.

j - Chirurgie

Parfois, malgrĂ© une prise en charge en kinĂ© bien suivie et le port d’un corset, une scoliose sĂ©vĂšre peut continuer de s’aggraver et nĂ©cessiter une intervention chirurgicale, gĂ©nĂ©ralement prĂ©vue en fin de croissance. Au-delĂ  de l’esthĂ©tisme, le but principal de l’opĂ©ration est la rĂ©duction de la douleur chez les sujets scoliotiques. Par ailleurs, comme nous l’avons vu plus haut, le corset reste tout de mĂȘme utile car il permet de limiter l’aggravation de la courbure en attendant l’intervention.

L’opĂ©ration consiste Ă  rĂ©duire la dĂ©viation le plus possible Ă  l’aide d’arthrodĂšses (tiges et crochets mĂ©talliques) et d’une greffe osseuse pour fixer les vertĂšbres entre elles dans la zone bloquĂ©e par les tiges et faire en sorte que la dĂ©formation ne s’aggrave plus. Cette fusion est solide gĂ©nĂ©ralement 1 an aprĂšs l’opĂ©ration. Habituellement, l’opĂ©ration permet de corriger environ 60% de la courbure. Il est donc nĂ©cessaire de retenir que plus elle est importante avant l’opĂ©ration, plus il restera de courbure aprĂšs l’intervention. D’oĂč la nĂ©cessitĂ© du port d’un corset jusqu’à l’intervention.

KinĂ©sithĂ©rapie post-opĂ©ratoire (D’aprĂšs « Groupe Chirurgical Thiers, 2019) :

Le premier lever s’effectue normalement le lendemain de l’opĂ©ration, selon l’état gĂ©nĂ©ral du patient. La marche est reprise progressivement avec l’aide du kinĂ©sithĂ©rapeute. La durĂ©e d’hospitalisation varie entre 1 et 2 semaines, en fonction de la douleur ressentie par le sujet et de son niveau d’autonomie retrouvĂ©. En effet, les premiers jours suivant l’intervention peuvent ĂȘtre douloureux et trĂšs souvent le transit est ralenti donc des douleurs abdominales peuvent survenir. Une prise d’antalgiques puissants et une alimentation adaptĂ©e pourront soulager le patient. AprĂšs l’opĂ©ration, le port d’un corset n’est bien souvent plus nĂ©cessaire.

- Pendant environ 45 jours, la seule kiné à pratiquer est la marche afin de réactiver les muscles du dos et des jambes.

- Les efforts sont Ă  Ă©viter, y compris le port de charges « lourdes » (dĂšs 4kg) et les flexions vers l’avant pendant 6 mois - 1 an.

- AprÚs ces 45 jours, le kinésithérapeute pourra commencer à effectuer des massages doux, puis des étirements et enfin des exercices de re-musculation. Chaque intervention doit se faire sous le seuil de la douleur et de maniÚre progressive.

- C’est seulement Ă  partir du 3e mois environ que le sujet peut reprendre des activitĂ©s comme la natation, le vĂ©lo d’appartement, le footing ou les activitĂ©s mĂ©nagĂšres et d’entretien du domicile.

- A terme, en fonction des progrĂšs et des capacitĂ©s du sujet, et surtout une fois la greffe consolidĂ©e, toutes les activitĂ©s pourront ĂȘtre reprises.

Pour information, les agrafes qui ont Ă©tĂ© posĂ©es dans le dos sont retirĂ©es environ vers le 15e jour. La cicatrice reste souvent sensible quelques mois et il est dĂ©conseillĂ© de l’exposer au soleil pendant 1 an.

Exemples d'exercices

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Bibliographie

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