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Le test isocinétique de genou

Masterclass
Published
5/25/2024
Musculo-squelettique
Kinésithérapie
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Découvrez notre toute dernière Masterclass sur le test isocinétique du genou avec Guillaume Vassout, kinésithérapeute au Centre Médical Clairefontaine et membre de l'équipe de France.

Au cours de cette captivante masterclass, Guillaume répondra à des questions essentielles telles que :

Qu'est-ce que l'isocinétisme exactement ?

Quelle est l'origine de l'isocinétisme et quel est son avenir aujourd'hui ?

Quelles sont les évolutions techniques majeures dans ce domaine ?

L'isocinétisme est-il toujours considéré comme le "Gold Standard" ? Découvrez la réalité derrière cette affirmation.

Quelles sont les conditions nécessaires pour maintenir ce "Gold Standard" ?

Ne manquez pas cette opportunité de plonger dans le monde passionnant des tests isocinétiques, réputés pour leur fiabilité, leur reproductibilité, et surtout, leur sécurité pour les patients lorsqu'ils sont correctement réalisés.

Fonctions

Cette masterclass ne se focalise pas sur une revue exhaustive de la littérature concernant le test isocinétique du genou, mais vise à souligner ce qui est essentiel pour réaliser un test isocinétique efficace, incluant des rappels physiologiques cruciaux. L'origine de l'isocinétisme remonte aux années 70, développé initialement par la NASA pour évaluer les astronautes en l'absence d'inertie de masse dans l'espace, rendant les évaluations musculaires conventionnelles inapplicables.

Avec le temps, cette technologie s'est étendue au-delà de son usage initial d'évaluation pour devenir un outil de renforcement et de rééducation musculaire. Aujourd'hui, l'accent est mis sur son potentiel en tant qu'outil d'évaluation des qualités neuromusculaires plutôt que sur la seule force musculaire. Cette nuance est importante car, bien que les résultats des tests isocinétiques fournissent des données sur la force du quadriceps et des ischio-jambiers, l'analyse approfondie des courbes de performance peut révéler des insights plus nuancés sur les capacités neuromusculaires du sujet.

Cette session se penche sur l'essence de l’isocinétisme, son origine, son évolution, et interroge son avenir dans le domaine de la rééducation musculaire. Développé dans les années 70 par Hislop et Perrine pour évaluer la fonction musculaire sans masse inertielle, l'isocinétisme a connu une diffusion et des évolutions techniques significatives, notamment l'intégration de l'évaluation du travail excentrique depuis les années 80-90, crucial en rééducation.

L'isocinétisme est souvent cité comme la référence (gold standard) pour l'évaluation musculaire, grâce à sa capacité à fournir un feedback précis et objectif, notamment utilisé dans le suivi post-opératoire du LCA pour évaluer le retour au sport et orienter la rééducation. Cependant, pour maintenir son statut de référence, il est crucial d'assurer la fiabilité et la reproductibilité des tests isocinétiques. Cette nécessité souligne l'écart entre la théorie et la pratique clinique, et l'importance d'appliquer des protocoles stricts et précis lors de l'utilisation de cette technologie.

Les avantages

L'isocinétisme est reconnu pour ses multiples avantages dans l'évaluation et la rééducation musculaire. Ce système permet une sollicitation maximale du muscle sur toute son amplitude de mouvement grâce à l'accommodation de la résistance, qui ajuste la force exercée par le dynamomètre à celle du patient à chaque instant du mouvement. Cette méthode offre une évaluation précise et personnalisée de la force musculaire.

Les modes de travail disponibles, incluant les modes concentrique, excentrique, isométrique, et le mode CPM (Continuous Passive Motion) pour un travail passif ou actif aidé, enrichissent l'application de l'isocinétisme, particulièrement en rééducation. La sécurité est un autre avantage clé, avec des dispositifs permettant de calibrer les amplitudes de travail et de garantir une pratique sans risque pour le patient.

L'isocinétisme est également apprécié pour la fiabilité et l'objectivité de ses résultats, offrant un feedback précieux pour le suivi de la progression du patient. Sa capacité à être corrélatif avec d'autres tests fonctionnels ouvre de nouvelles perspectives pour affiner les critères de retour au sport ou à l'activité.

Malgré la dépendance de la reproductibilité à l'opérateur, l'isocinétisme fournit des données essentielles pour la compréhension et l'amélioration des capacités neuromusculaires. En résumé, l'isocinétisme est un outil polyvalent et sécurisé pour la rééducation et l'évaluation musculaire, offrant une approche personnalisée et précise pour le traitement des troubles musculosquelettiques.

Modalités de la contraction musculaire

Dans le cadre des contractions musculaires, on distingue principalement deux types de contractions dynamiques et les contractions isométriques. Les contractions dynamiques se divisent en contractions où la vitesse peut varier, communément appelées contractions iso-inertielles ou isotoniques. Cependant, cette dernière appellation peut prêter à confusion, car elle implique une constance du tonus musculaire alors que, même avec une charge fixe, la force nécessaire pour déplacer cette charge varie au cours du mouvement.

À l'opposé, les contractions isocinétiques se caractérisent par une vitesse constante et contrôlée par l'évaluateur, offrant ainsi une modalité unique pour l'évaluation et la rééducation musculaire. Dans ce mode, la résistance s'adapte pour maintenir une vitesse prédéfinie tout au long de l'amplitude de mouvement, permettant une analyse précise de la force musculaire à différentes vitesses. 

Pour mieux comprendre la contraction excentrique, il est essentiel de se pencher sur le modèle de Hill, qui décompose le muscle en plusieurs composantes. La première, la composante contractile, est représentée par les interactions entre les filaments d'actine et de myosine, responsables de la génération de la force musculaire. Ensuite, la composante élastique parallèle comprend tous les tissus conjonctifs et le sarcolemme qui entourent les fibres musculaires, permettant au muscle de s'étendre et de revenir à sa forme initiale.

Enfin, la composante élastique en série inclut des éléments comme la titine, une protéine structurale au sein du muscle, et les tendons, qui ajoutent une dimension d'élasticité supplémentaire et influencent la capacité du muscle à résister et à générer de la force lors des mouvements excentriques. Ces différents éléments travaillent ensemble pour permettre les contractions musculaires, y compris excentriques, où le muscle s'allonge tout en générant de la force.

Dans l'étude de la courbe tension-longueur, on distingue deux composantes principales : la composante active (représentée en bleu), qui reflète la force générée par la contraction des fibres musculaires (composante contractile), et la composante passive (en rouge), qui représente la résistance fournie par les éléments élastiques du muscle, tels que les tissus conjonctifs et les tendons (composantes élastiques série et parallèle). La tension totale générée par le muscle est illustrée par la courbe noire, résultant de la somme des composantes active et passive.

Cette courbe est cruciale pour comprendre le phénomène observé lors d'une contraction excentrique, comme celle des ischio-jambiers lors d'un test isocinétique, où le pic de force enregistré, en particulier en fin de mouvement (course externe), résulte de l'interaction entre ces deux composantes. La force maximale observée dans cette phase est donc due à l'addition de la tension générée activement par les fibres musculaires et de la tension passive liée à l'élasticité des composants du muscle.

La courbe de Hill illustre la relation entre la vitesse de contraction musculaire et la force développée, avec une distinction claire entre les phases de contraction concentrique et excentrique. L'aspect clé à retenir est que, dans un contexte isocinétique, augmenter la vitesse lors d'une contraction concentrique entraîne une diminution de la force développée par le muscle. À l'inverse, lors d'une contraction excentrique, augmenter la vitesse conduit à une augmentation de la force produite.

Ce principe est fondamental pour orienter efficacement la rééducation, soulignant l'importance d'ajuster la vitesse des exercices isocinétiques en fonction des objectifs spécifiques de renforcement musculaire ou de rééducation.

Princicipes du mouvement isocinétique

Il existe divers types de machines isocinétiques utilisées pour les tests et la rééducation musculaire, notamment Biodex, Con-trex, et Cybex. Chacune de ces machines présente des avantages et des inconvénients spécifiques. La présentation se concentrera sur l'utilisation de la machine Con-trex, choisie pour sa fiabilité en termes de reproductibilité et sa rigueur dans l'exécution des tests, sans préférence ou conflit d'intérêt pour un fabricant particulier.

Il est crucial de reconnaître que les résultats des tests isocinétiques ne sont pas directement comparables entre différentes machines, car chacune peut fournir des valeurs absolues spécifiques et distinctes. Cette distinction est essentielle pour l'interprétation correcte des données et évite de comparer inappropriément les performances mesurées sur des équipements différents.

Le principe du mouvement isocinétique repose sur la capacité de contrôler précisément la vitesse de mouvement, exprimée en degrés par seconde, grâce à l'auto-asservissement de la résistance offerte par le dynamomètre. Ce système permet d'adapter automatiquement la résistance pour maintenir une vitesse constante tout au long de l'exercice, à condition que le sujet initie un mouvement. Si aucune vitesse n'est atteinte (vitesse nulle), la machine ne résiste pas, ce qui peut être visualisé dans l'analyse graphique par la présence de concavités, indiquant une inhibition musculaire. Cette inhibition, observée surtout chez les muscles extenseurs en mode concentrique, révèle un moment où le muscle ne répond pas comme attendu, mais cela ne signifie pas nécessairement la présence de douleur. Ce concept souligne l'importance de comprendre et d'interpréter correctement les données fournies par les tests isocinétiques pour évaluer la fonction musculaire et guider la rééducation.

L'isocinétisme, combinant les termes grecs "iso" (même) et "kinétique" (vitesse), décrit un processus d'exercice où la vitesse est maintenue constante malgré les variations de force appliquée par l'individu. Ce processus se divise en trois phases claires : l'accélération, où la vitesse cible (par exemple, 90 degrés par seconde) est progressivement atteinte ; la phase asymptotique, où la vitesse isocinétique est maintenue, représentant le cœur de l'exercice isocinétique ; et enfin, la décélération, marquant la fin du mouvement. La durée de la phase isocinétique pure varie en fonction de la vitesse : à des vitesses plus basses, cette phase est plus longue, offrant une meilleure évaluation de la capacité musculaire dans des conditions isocinétiques.

En revanche, à des vitesses élevées, la portion effective du mouvement réalisée à la vitesse cible est réduite, rendant l'évaluation isocinétique moins précise. Par exemple, à 240 degrés par seconde, seulement 40 à 50% des individus peuvent réellement atteindre et maintenir cette vitesse. Ainsi, l'ajustement de la vitesse est essentiel pour s'adapter à divers groupes, tels que les enfants ou les sportifs, afin d'optimiser l'efficacité et la pertinence des tests isocinétiques.

Principes physiques

Les principes physiques liés à l'isocinétisme, comme l'étude de Bernoulli, démontrent que l'augmentation de la vitesse entraîne une diminution de la pression intra-articulaire, ce qui peut être avantageux dans le traitement de pathologies telles que l'arthrose fémoro-patellaire ou fémoro-tibiale, en réduisant les forces de compression.

De plus, le principe d'Overflow permet des gains de force dans des vitesses proches grâce au débordement d'énergie, particulièrement utile pour les syndromes fémoro-patellaires. Le crossing effect, utilisé notamment dans la rééducation post-ligamentoplastie du croisé antérieur (RLCA), indique que travailler le membre sain peut également entraîner des gains de force dans le membre contralatéral, une notion essentielle dans l'entraînement neuromusculaire.

Concernant le choix des vitesses d'exercice isocinétique, des orientations spécifiques sont recommandées pour cibler différents objectifs d'entraînement :

Pour la force, travailler à des vitesses inférieures à 90°/seconde est préconisé.

Les vitesses supérieures à 240°/seconde sont idéales pour développer l'explosivité.

Les vitesses intermédiaires, situées entre 90° et 240°/seconde, sont recommandées pour améliorer la puissance musculaire.

Ces stratégies permettent d'adapter précisément l'entraînement isocinétique aux besoins spécifiques des patients ou athlètes, en fonction de leur condition physique et de leurs objectifs de rééducation ou de performance.

L'analyse graphique

L'analyse graphique d'un test isocinétique offre plusieurs indicateurs clés pour évaluer les performances musculaires. Voici les principaux éléments analysés :

Pic de Couple (Torque): Il représente le moment de force maximale mesuré en newton-mètre et se trouve au sommet de la courbe de force. Pour une analyse plus pertinente, il est souvent rapporté au poids du corps de l'individu, offrant une évaluation relative plutôt qu'absolue de la force musculaire.

Travail Total: Mesuré en joules, le travail total représente l'aire sous la courbe de force. Cet indicateur reflète l'effort total fourni pendant le test. Cependant, sa reproductibilité dépend de la constance de l'exécution du test entre les différentes tentatives ou côtés du corps.

Puissance: Exprimée en watts, la puissance est calculée comme le produit de la force par la vitesse. Bien qu'elle semble être un indicateur reproductible, la présence de phases d'accélération et de décélération au sein du mouvement isocinétique peut affecter sa constance.

Angle de Pic de Couple: Aussi connu sous le nom d'angle d'efficacité maximale, cet indicateur est particulièrement pertinent lors de l'évaluation en mode excentrique, notamment pour les muscles ischio-jambiers. Il indique l'angle auquel la force maximale est produite, ce qui est crucial pour cibler les exercices de renforcement sur des amplitudes spécifiques.

Amplitudes de Mouvement: L'analyse des amplitudes de mouvement vise à comparer la symétrie des mouvements entre les côtés droit et gauche du corps, assurant que les tests soient réalisés dans des conditions identiques.

Ces indicateurs fournissent une analyse détaillée des capacités musculaires et permettent d'adapter spécifiquement les programmes de rééducation ou d'entraînement en fonction des besoins individuels et des objectifs thérapeutiques ou de performance.

L'analyse numérique

L'analyse numérique dans un test isocinétique est réalisée grâce à des logiciels spécialisés qui fournissent une quantité importante de données. Voici les principaux indicateurs numériques souvent exploités et leur pertinence :

Moment de Force Maximale: Indique la force maximale générée par le muscle durant le test, mesurée en newton-mètre. C'est un indicateur direct de la capacité de force musculaire.

Moment de Force Maximal par rapport au Poids du Corps: Ce ratio, exprimé souvent en pourcentage ou en valeur relative, permet de contextualiser la force musculaire par rapport au poids de l'individu, offrant une perspective plus individualisée de la performance musculaire. Il est considéré comme particulièrement pertinent, car il reflète mieux la capacité fonctionnelle du sujet.

Angle du Moment de Force Maximale: Cet indicateur est crucial lors des évaluations en mode excentrique, car il spécifie l'angle articulaire auquel la force maximale est produite. Il est essentiel pour cibler les exercices de renforcement musculaire sur des angles spécifiques qui peuvent nécessiter une attention particulière lors de la rééducation.

Travail Total: Bien que mentionné, cet indicateur qui représente l'énergie totale dépensée (exprimée en joules) durant le test est peu utilisé, probablement en raison de sa moindre reproductibilité et de sa sensibilité aux variations de performance entre les tentatives.

Puissance: La puissance, exprimée en watts, est calculée comme le produit de la force par la vitesse de contraction. Bien qu'offrant des informations sur la capacité de production d'effort rapide du muscle, cet indicateur est moins fréquemment utilisé, possiblement en raison de la complexité de son interprétation dans un contexte clinique ou de rééducation.

En somme, l'analyse numérique fournit des mesures précises qui, bien interprétées, peuvent grandement influencer le diagnostic, la planification de la rééducation, et l'évaluation des progrès. La sélection des indicateurs à utiliser dépend des objectifs spécifiques de l'évaluation et doit être guidée par la pertinence clinique et la spécificité des besoins du patient.

Le moment de force maximale on l'a dit c'est le paramètre le plus reproductible, il a été prouvé par la littérature à de nombreuses reprises. 

Reproductibilité et standardisation

Pour garantir la reproductibilité et la standardisation d'un test isocinétique, plusieurs éléments clés doivent être pris en compte :

Étalonnage régulier de l'appareil: Les machines isocinétiques, de par leur complexité, requièrent un étalonnage fréquent pour assurer la précision des mesures. Cela inclut à la fois l'entretien par l'opérateur et les vérifications techniques par le service de maintenance.

Uniformisation des conditions de test: La position du sujet, l'amplitude de mouvement, la vitesse et le nombre de répétitions doivent être constants d'un test à l'autre pour permettre des comparaisons fiables, que ce soit en pré-saison ou suite à une blessure.

Utilisation de la même machine: Les comparaisons entre tests doivent se faire sur le même appareil, car chaque machine peut fournir des résultats légèrement différents en raison de spécificités techniques.

Rôle crucial de l'opérateur: La compétence de l'opérateur, notamment sa capacité à stimuler vocalement le sujet de manière adéquate, influence significativement la qualité du test. Une formation adéquate est donc essentielle.

Alignement de l'axe du dynamomètre avec l'axe articulaire: Bien que l'alignement soit effectué en position passive, il est important de le réaliser avec la plus grande précision possible pour minimiser les erreurs potentielles dues au mouvement du sujet durant le test.

Gestion des compensations: Selon la préférence de l'opérateur, les compensations peuvent être limitées ou non. Toutefois, il est essentiel de maintenir une certaine cohérence dans cette approche pour chaque test effectué sur un même sujet.

Apprentissage et compréhension du protocole par le sujet: Il est primordial d'expliquer clairement et simplement les attentes du test sans surcharger le sujet d'informations inutiles. La consigne principale devrait se concentrer sur l'effort maximal à fournir, en utilisant une stimulation vocale adaptée et synchronisée avec le test.

En résumé, la standardisation et la reproductibilité d'un test isocinétique nécessitent une attention particulière à plusieurs facteurs techniques et humains. Un protocole rigoureusement appliqué et compris à la fois par l'opérateur et le sujet est essentiel pour obtenir des résultats fiables et significatifs.

Le coefficient de variance

Le coefficient de variance est un indicateur crucial en isocinétisme car il évalue la régularité et la sincérité de l'effort fourni par le patient durant le test. Ce coefficient, exprimé en pourcentage, mesure la dispersion des moments de force maximaux obtenus tout au long du test par rapport à leur moyenne. Une valeur inférieure à 10% indique que le patient a maintenu un niveau d'effort maximal relativement constant, ce qui est essentiel pour l'interprétation fiable des résultats du test isocinétique.

En pratique, un faible coefficient de variance signifie que le patient a réussi à reproduire un effort similaire à chaque tentative, garantissant ainsi que les données recueillies reflètent véritablement sa capacité musculaire maximale. À l'inverse, un coefficient élevé suggère une variabilité dans l'effort, pouvant indiquer des efforts sous-maximaux ou une difficulté à maintenir l'effort maximal, ce qui peut fausser l'évaluation de la force musculaire.

Il est donc essentiel d'expliquer clairement au patient l'importance de fournir un effort maximal et constant à chaque répétition du test pour obtenir des données précises et fiables. Le contrôle du coefficient de variance permet aux praticiens d'assurer la qualité et la validité des tests isocinétiques réalisés.

Lorsqu'on observe graphiquement le coefficient de variance d'un test isocinétique, cela permet d'évaluer visuellement la régularité de l'effort fourni par le patient tout au long des répétitions. Un exemple typique peut montrer un patient qui démarre le test avec des efforts maximaux sur les premières répétitions mais dont l'intensité diminue progressivement, peut-être à cause d'une stimulation insuffisante ou d'une incompréhension des instructions, indiquant qu'il ne réalise pas un effort musculaire maximal constant.

À l'inverse, un graphique montrant un coefficient de variance faible illustrera des moments de force maximaux assez uniformes, indiquant que le patient a réussi à maintenir un niveau d'effort constant et maximal à travers toutes les répétitions. Cette régularité dans l'effort est essentielle pour une évaluation précise de la force musculaire, car elle montre que les résultats du test reflètent véritablement la capacité musculaire maximale du patient sans être faussés par des variations d'intensité.

Les rations conventionnels

Dans les tests isocinétiques, on peut analyser différents types de ratios. Les plus courants sont les ratios conventionnels, qui comparent la force musculaire en utilisant le même mode de contraction (typiquement concentrique) et à des vitesses identiques, comme 60°/s ou 240°/s.

Ces ratios permettent de mesurer l'équilibre musculaire au sein d'une articulation, évaluant ainsi la relation entre les muscles opposés, tels que les quadriceps et les ischio-jambiers. Cette approche aide à identifier les déséquilibres qui pourraient nécessiter une attention particulière durant la rééducation ou l'entraînement.

Les ratios fonctionnels

Les ratios fonctionnels, développés pour évaluer les relations agonistes-antagonistes dans les mouvements fonctionnels, jouent un rôle clé dans l'analyse des tests isocinétiques. Un exemple courant est le ratio mixte de Croisier, particulièrement utile pour comparer la capacité des ischio-jambiers à freiner (en mode excentrique) face à la force concentrique des quadriceps. Ce ratio est souvent utilisé pour évaluer le risque de blessure aux ischio-jambiers, avec une valeur inférieure à 0,9 indiquant potentiellement un risque accru.

Toutefois, cette mesure ne devrait pas être utilisée isolément mais plutôt en complément d'autres évaluations, telles que des tests fonctionnels, des examens cliniques et une évaluation de la stabilité pelvienne. Il est aussi mentionné que des ratios supérieurs à 1,4 peuvent indiquer une probabilité réduite de blessure, soulignant l'importance de développer des ischio-jambiers forts. Il est crucial de ne pas se limiter à une interprétation négative et de considérer ces ratios dans un contexte plus large d'évaluation de la condition physique et des risques de blessure.

Valeurs normatives des ratios ?

La question des valeurs normatives pour les ratios isocinétiques est essentielle, surtout dans le contexte sportif. La recherche suggère que chaque sport pourrait nécessiter ses propres valeurs de référence, adaptées aux exigences physiques spécifiques et au niveau de compétition. Ces valeurs normatives, basées sur des ratios conventionnels et fonctionnels, permettent d'établir des benchmarks pour les athlètes dans divers domaines sportifs. Il est crucial de contextualiser ces ratios selon la population étudiée, car ils varient selon le sport pratiqué et le niveau de performance.

Cette approche individualisée aide à fournir des évaluations plus précises et pertinentes pour la préparation et la réhabilitation des athlètes, en s'assurant que les critères utilisés sont alignés sur les spécificités de leur discipline et leur niveau d'activité.

Le Lime Symétrique Index (LSI)

Le Lime Symétrique Index est un outil couramment utilisé dans l'évaluation isocinétique, permettant de comparer le pourcentage de force entre un côté considéré comme sain et un côté réhabilité, souvent dans le contexte post-opératoire, comme après une reconstruction du LCA. Cependant, il est essentiel de traiter cet index avec prudence. En effet, lors de la rééducation d'un LCA, il est fréquent que le côté non opéré subisse également une perte de force.

Par exemple, un test isocinétique réalisé six mois après l'opération montrant un déficit de 20% par rapport au côté sain pourrait être trompeur. La force absolue du côté sain peut avoir diminué, rendant le déficit moins significatif que prévu. Pour les athlètes professionnels, qui ont l'avantage d'être testés en début de saison, il est recommandé d'évaluer la force par rapport à des valeurs absolues prises à un moment de pleine capacité physique, plutôt qu'à un instant de la rééducation, où la condition du côté sain peut ne pas refléter sa force réelle.

Le ratio au poids de corps

L'avenir de l'évaluation isocinétique au Centre National du Football à Clairefontaine inclut l'accent sur l'évaluation du rapport entre le moment de force maximal et le poids du corps du patient, une approche adaptée à une population spécifique. Un exemple pertinent est une étude qui a identifié un seuil de 1,45 Newton par kilo comme indicateur de la capacité à reprendre le jogging trois mois après une reconstruction du LCA.

Toutefois, cette valeur seuil peut ne pas être représentative pour des athlètes professionnels, pour qui 1,45 Newton par kilo pourrait être considéré comme relativement faible à trois mois post-opération. Malgré cela, cette mesure peut être suffisante pour la reprise de la course à pied, qui ne demande pas nécessairement un couple de forces maximal entre les quadriceps et les ischio-jambiers. Dans ce contexte, l'accent est mis davantage sur des critères de qualité du mouvement plutôt que sur la force pure.

L'évaluation de la reprise de la course à pied après une blessure ou une opération, notamment dans le contexte du football professionnel, implique une analyse approfondie incluant les ratios du moment de force maximal par rapport au poids du corps. Une étude réalisée sur des footballeurs professionnels de Ligue 2 a mis en lumière l'importance de considérer ces ratios pour différentes vitesses et modes de contraction (concentrique ou excentrique) ainsi que pour différents groupes musculaires.

Il est crucial de comprendre que, même si un joueur peut présenter un indice de symétrie latérale (LSI) qui semble idéal, cela ne signifie pas nécessairement qu'il possède la force requise pour son niveau de compétition ou pour les exigences spécifiques de son sport. Ainsi, l'évaluation doit prendre en compte non seulement la symétrie entre les membres mais aussi la force relative du joueur en comparaison avec les normes établies pour sa population sportive spécifique.

Un test isocinétique qualitatif

Un test isocinétique de qualité se distingue par plusieurs critères essentiels. Premièrement, il repose sur la qualité des courbes obtenues, qui peuvent être améliorées grâce à l'application de filtres adaptés sur la machine. De plus, la définition de limites de couple appropriées est cruciale ; ces dernières doivent être suffisamment élevées pour ne pas restreindre artificiellement la performance du patient lors du test. Il est important de veiller à ce que ces limites ne limitent pas la capacité réelle du patient, évitant ainsi des résultats faussés ou une apparente absence de déficit entre les côtés droit et gauche.

Le coefficient de variance joue également un rôle majeur en quantifiant l'engagement du patient dans l'effort, avec une importance particulière accordée à maintenir ce coefficient en dessous de 10% pour assurer la fiabilité des résultats. Finalement, l'uniformité des paramètres tels que l'amplitude de mouvement, la vitesse d'exécution, l'étalonnage régulier de l'appareil, une stimulation vocale efficace et la constance de la machine utilisée, sont tous des facteurs contribuant à la reproductibilité et la qualité du test isocinétique.

En pratique

Le test isocinétique effectué à Clairefontaine débute par un échauffement sur vélo pendant 15 minutes, avec une intensité de 1 à 2 watts par kilo, adaptée selon le profil sportif du patient. Cet échauffement vise principalement l'activation cardio-musculaire, pouvant amener la fréquence cardiaque jusqu'à 85% de son maximum. Le test se déroule ensuite en trois étapes distinctes pour évaluer différentes capacités musculaires :

Phase d'Essai : Cette étape permet au patient de se familiariser avec le test, où il réalise déjà 50% de son effort maximal. Elle consiste en des contractions concentriques pour les quadriceps et les ischio-jambiers à une vitesse de 60° par seconde, suivies d'une courte pause de 30 secondes avant de procéder au test effectif.

Evaluation de l'Explosivité : Cette seconde phase se concentre sur la capacité explosive des muscles, testée à une vitesse de 240° par seconde, toujours en mode concentrique pour les quadriceps et les ischio-jambiers. Une récupération de 90 secondes est prévue entre les sessions pour optimiser la performance.

Evaluation Ischio-Jambiers en Excentrique : La dernière phase cible spécifiquement les ischio-jambiers en mode excentrique à une vitesse de 30° par seconde. Le retour du mouvement se fait de manière passive, sans sollicitation active du muscle.

L'analyse graphique d'un test isocinétique à 60° par seconde comprend trois répétitions, évaluant le sujet de 0° à 90° d'amplitude. Ce test permet d'identifier le pic de couple maximal en extension et en flexion du genou, illustrant la force maximale que le sujet peut générer. On note également l'amplitude entre 90° et 89° pour préciser la portée du mouvement.

Un aspect crucial de l'analyse est l'angle d'efficacité maximale, qui indique à quel moment du mouvement le sujet atteint sa force maximale. Les coefficients de variance, mesurant la constance de l'effort, sont particulièrement importants. Pour l'extension, on observe des coefficients de 2.80 et 1.06, et pour la flexion, de 7.60 et 0.22, tous inférieurs à 10%, indiquant une bonne fiabilité du test pour ce sujet. Ces données assurent la validité du test, confirmant la reproductibilité et la sincérité des efforts fournis par le sujet durant l'évaluation.

Lors de l'analyse d'un test isocinétique réalisé à une vitesse de 240° par seconde, les paramètres évalués restent similaires à ceux du test à 60° par seconde. Cela inclut le couple maximal (moment de force) atteint en extension et en flexion, le nombre de répétitions effectuées pendant le test, ainsi que les coefficients de variance, qui mesurent la constance de l'effort fourni par le sujet.

Il est important de noter une spécificité dans le calcul des données par la machine, qui utilise par défaut le format 2 sur 1 pour le pic de couple maximal. Pour assurer la cohérence et éviter toute confusion entre le côté droit et gauche durant l'analyse, il est recommandé d'adopter systématiquement l'ordre 1 pour le côté droit et 2 pour le côté gauche. Cette méthode de convention garantit une interprétation correcte et uniforme des résultats obtenus lors du test isocinétique à 240° par seconde.

La dernière étape du test isocinétique peut parfois prêter à confusion, notamment concernant le mouvement de flexion qui est réalisé de manière passive. Il est donc normal de constater un coefficient de variance en flexion élevé, comme un exemple à 12,14%, sans que cela ne reflète une anomalie dans le test. L'attention se porte principalement sur la phase d'extension durant laquelle les ischio-jambiers sont sollicités en mode excentrique.

Un coefficient de variance de 1,29% pour cette phase, indiquant un pic de force de 203 Newtons, montre la fiabilité de l'effort fourni par le sujet. Il est crucial d'assurer que le pic de force excentrique atteint par les ischio-jambiers se trouve à leur amplitude de mouvement maximale, garantissant ainsi la précision de la mesure de leur capacité de force dans les conditions les plus critiques.

Pour optimiser l'analyse des résultats du test isocinétique, l'idéal est d'utiliser des tableaux personnalisés, comme nous le faisons à Clairefontaine. En saisissant les données recueillies lors des tests isocinétiques à différentes vitesses (60° et 240° par seconde en mode concentrique pour les quadriceps et les ischio-jambiers, et 30° par seconde en mode excentrique pour les ischio-jambiers uniquement), y compris le poids du sujet, le tableau calcule automatiquement divers ratios : conventionnels, le ratio mixte de Croisier, et les ratios par rapport au poids du corps.

Pour les athlètes professionnels, nous avons établi des normes spécifiques pour ces ratios, basées sur une étude auprès des footballeurs de Ligue 2, permettant d'évaluer la performance musculaire en fonction du sport et du niveau d'activité. En remplissant ce tableau, un diagramme radar est généré, illustrant visuellement les potentiels déficits musculaires et guidant ainsi de manière précise la rééducation nécessaire.

Conclusions

La réalisation fiable et sans risque des tests isocinétiques dépend entièrement de leur bonne exécution. Cela requiert une rigueur absolue dans la préparation, la fiabilité et la reproductibilité du test. Une communication efficace et ciblée avec le patient est essentielle pour assurer qu'il comprenne l'importance de maximiser son effort musculaire pendant le test. L'opérateur doit se concentrer pleinement sur le test, en créant un environnement propice à la performance maximale du patient.

La clé du succès réside également dans une stimulation vocale adéquate, synchronisée avec l'exécution du test, pour encourager l'effort maximal. Ce niveau de rigueur et de communication permettra de standardiser les tests isocinétiques pour une meilleure comparabilité et reproductibilité des résultats. À l'avenir, cela pourrait faciliter l'évaluation de ratios liés au poids du corps et enrichir la recherche avec de nouvelles données pertinentes pour les décisions concernant le retour à l'activité ou au sport.

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