Le drop arm sign est souvent utilisé pour mettre en évidence une déchirure de la coiffe des rotateurs.
Parmi les patients souffrant de douleurs à l'épaule, la déchirure de la coiffe des rotateurs est l'une des causes les plus fréquentes de leurs symptômes. Malgré la large prévalence des déchirures de la coiffe des rotateurs chez les patients souffrant de douleurs à l'épaule, leur diagnostic basé sur l'examen clinique reste difficile, et les cliniciens ont recours à l'imagerie par résonance magnétique, coûteuse, pour établir un diagnostic.
En 2024, l'étude de Gowda et al. montre que l'IRM est une investigation de choix et que ses résultats sont comparables à ceux de l'arthroscopie, qui est la référence.
Bien que l'IRM ait une sensibilité et une spécificité élevées pour le diagnostic de déchirure de la coiffe des rotateurs, il est bien documenté que les déchirures de la coiffe des rotateurs sont présentes même chez les individus asymptomatiques. Ainsi, les résultats de l'imagerie ne suffisent pas à eux seuls à constituer le diagnostic d'une déchirure de la coiffe des rotateurs cliniquement symptomatique.
En tant que kiné, nous avons souvent besoin de nous assurer que cette déchirure est bien la cause des douleurs et des symptômes du patient, et nous effectuons alors des manœuvres et tests cliniques.
Plusieurs manœuvres sont décrites pour aider au diagnostic d'une déchirure de la coiffe des rotateurs. Parmi ces tests spéciaux, on retrouve le drop arm test. Nous avons été surpris de la grande variabilité existante dans l'exécution de ce test car il n'a pas été clairement décrit dans sa source principale. De plus, dans la littérature, le drop sign fait aussi souvent référence à ce test, avec le coude fléchi et une rotation externe de l'épaule pour évaluer l'intégrité de l'infra-épineux. Ici, nous parlons du drop arm sign ou signe de Codman (1934).
On réalise ce test dans le plan de l'abduction, le bras du patient étant placé passivement au-dessus de 90° par le kiné… certains auteurs parlent d'abduction maximale passive (Penning et al. 2016). Puis on demande au patient de descendre activement et en contrôle le bras. Le résultat du test est interprété comme positif si le patient ne peut pas maintenir la position ou si le bras tombe brusquement lors de l'abaissement du bras dans le plan coronal (Hanchard et al. 2013; Codman, 1934).
Certains auteurs (Chen et al. 2021) amènent le bras du patient à plus de 90° et demandent simplement au patient de maintenir la position brièvement. Certains le décrivent avec une abduction dans le plan de la scapula, d'autres amènent l'épaule en rotation externe comme pour un full-can.
Dans tous les cas, on sera donc attentif à déceler tout signe de douleur, de faiblesse ou d'incapacité à d'abord tenir une position au-dessus des 90° d'abduction puis à contrôler la descente du bras.
Nous nous sommes penchés sur la valeur clinique de ce test. Toute la difficulté résidait dans le fait de savoir de quel test nous parlions et quelle était son exécution.
Pour diagnostiquer une déchirure de la coiffe des rotateurs, Yazigi et al. 2021 ont indiqué que ce test avait une très faible sensibilité de 16% mais une très forte spécificité de 98%, soit une spécificité comparable à celle obtenue par l'IRM et l'échographie dans certaines études (Lenza et al. 2013; Roy et al. 2015).
La même année, Chen et al. 2021 ont indiqué que parmi les examens de signes physiques évalués dans leur étude, le test du bras tombant présente la plus grande spécificité, 72,2%, et la plus grande sensibilité, 51,9%, pour le diagnostic de lésion de pleine épaisseur du tendon du sus-épineux.
Enfin, Nicolao et al. 2022 ont réalisé une étude pour comparer les valeurs diagnostiques de tests spécifiques de l'épaule avec l'IRM pour les déchirures du tendon du sus-épineux chez les patients subissant une arthroscopie de l'épaule.
Pour n'importe quel type de déchirure du supra-épineux, le drop arm avait une sensibilité très faible avec 0,19 mais il avait la même spécificité que l'IRM avec 0,98.
Les auteurs affirment que ce test est précieux pour confirmer les déchirures globales du sus-épineux avec une valeur prédictive positive de 0,97.
Les auteurs ajoutent qu'un facteur contribuant à la spécificité élevée de ces tests cliniques était l'association possible de déchirures du sus-épineux et de l'infra-épineux chez les patients inclus dans cette étude.
De manière générale, l'ensemble des conclusions convergent vers un même point : un cluster de tests ou une combinaison de tests est toujours plus intéressant qu'un seul test pour orienter notre diagnostic.
Anauate Nicolao, Fabio, Joao Alberto Yazigi Junior, Fabio Teruo Matsunaga, Nicola Archetti Netto, Joao Carlos Belloti, et Marcel Jun Sugawara Tamaoki. « Comparing shoulder maneuvers to magnetic resonance imaging and arthroscopic findings in patients with supraspinatus tears ». World Journal of Orthopedics 13, no 1 (18 janvier 2022): 102‑11.
Chen, Si, Yuanyuan Shi, Pan Xue, et Xue Chen. « Application Value of Magnetic Resonance Arthrography of the Shoulder in Nursing and Diagnosis of Patients with Shoulder Joint Injury ». Journal of Healthcare Engineering 2021 (2021): 3051578.
Codman, EA. The Shoulder: Rupture of the Supraspinatus Tendon and Other Lesions In or About the Subacromial Bursa. Boston Medical Library, 1934.
Gowda, Chiranjeevi S., Kiyana Mirza, et Dev A. Galagali. « Rotator Cuff Tears: Correlation Between Clinical Examination, Magnetic Resonance Imaging and Arthroscopy ». Cureus 16, no 3 (mars 2024): e56065.
Hanchard, Nigel C. A., Mário Lenza, Helen H. G. Handoll, et Yemisi Takwoingi. « Physical Tests for Shoulder Impingements and Local Lesions of Bursa, Tendon or Labrum That May Accompany Impingement ». The Cochrane Database of Systematic Reviews 2013, no 4 (30 avril 2013): CD007427.
Penning, L. I. F., R. A. De Bie, P. Leffers, R. E. Weijers, et G. H. I. M. Walenkamp. « Empty Can and Drop Arm Tests for Cuff Rupture : Improved Specificity after Subacromial Injection ». Acta Orthopaedica Belgica 82, no 2 (août 2016): 166‑73.
Yazigi Junior, João Alberto, Fábio Anauate Nicolao, Fábio Teruo Matsunaga, Nicola Archetti Netto, João Carlos Belloti, et Marcel Jun Sugawara Tamaoki. « Supraspinatus Tears: Predictability of Magnetic Resonance Imaging Findings Based on Clinical Examination ». Journal of Shoulder and Elbow Surgery 30, no 8 (août 2021): 1834‑43.
Le drop arm sign est souvent utilisé pour mettre en évidence une déchirure de la coiffe des rotateurs.
Parmi les patients souffrant de douleurs à l'épaule, la déchirure de la coiffe des rotateurs est l'une des causes les plus fréquentes de leurs symptômes. Malgré la large prévalence des déchirures de la coiffe des rotateurs chez les patients souffrant de douleurs à l'épaule, leur diagnostic basé sur l'examen clinique reste difficile, et les cliniciens ont recours à l'imagerie par résonance magnétique, coûteuse, pour établir un diagnostic.
En 2024, l'étude de Gowda et al. montre que l'IRM est une investigation de choix et que ses résultats sont comparables à ceux de l'arthroscopie, qui est la référence.
Bien que l'IRM ait une sensibilité et une spécificité élevées pour le diagnostic de déchirure de la coiffe des rotateurs, il est bien documenté que les déchirures de la coiffe des rotateurs sont présentes même chez les individus asymptomatiques. Ainsi, les résultats de l'imagerie ne suffisent pas à eux seuls à constituer le diagnostic d'une déchirure de la coiffe des rotateurs cliniquement symptomatique.
En tant que kiné, nous avons souvent besoin de nous assurer que cette déchirure est bien la cause des douleurs et des symptômes du patient, et nous effectuons alors des manœuvres et tests cliniques.
Plusieurs manœuvres sont décrites pour aider au diagnostic d'une déchirure de la coiffe des rotateurs. Parmi ces tests spéciaux, on retrouve le drop arm test. Nous avons été surpris de la grande variabilité existante dans l'exécution de ce test car il n'a pas été clairement décrit dans sa source principale. De plus, dans la littérature, le drop sign fait aussi souvent référence à ce test, avec le coude fléchi et une rotation externe de l'épaule pour évaluer l'intégrité de l'infra-épineux. Ici, nous parlons du drop arm sign ou signe de Codman (1934).
On réalise ce test dans le plan de l'abduction, le bras du patient étant placé passivement au-dessus de 90° par le kiné… certains auteurs parlent d'abduction maximale passive (Penning et al. 2016). Puis on demande au patient de descendre activement et en contrôle le bras. Le résultat du test est interprété comme positif si le patient ne peut pas maintenir la position ou si le bras tombe brusquement lors de l'abaissement du bras dans le plan coronal (Hanchard et al. 2013; Codman, 1934).
Certains auteurs (Chen et al. 2021) amènent le bras du patient à plus de 90° et demandent simplement au patient de maintenir la position brièvement. Certains le décrivent avec une abduction dans le plan de la scapula, d'autres amènent l'épaule en rotation externe comme pour un full-can.
Dans tous les cas, on sera donc attentif à déceler tout signe de douleur, de faiblesse ou d'incapacité à d'abord tenir une position au-dessus des 90° d'abduction puis à contrôler la descente du bras.
Nous nous sommes penchés sur la valeur clinique de ce test. Toute la difficulté résidait dans le fait de savoir de quel test nous parlions et quelle était son exécution.
Pour diagnostiquer une déchirure de la coiffe des rotateurs, Yazigi et al. 2021 ont indiqué que ce test avait une très faible sensibilité de 16% mais une très forte spécificité de 98%, soit une spécificité comparable à celle obtenue par l'IRM et l'échographie dans certaines études (Lenza et al. 2013; Roy et al. 2015).
La même année, Chen et al. 2021 ont indiqué que parmi les examens de signes physiques évalués dans leur étude, le test du bras tombant présente la plus grande spécificité, 72,2%, et la plus grande sensibilité, 51,9%, pour le diagnostic de lésion de pleine épaisseur du tendon du sus-épineux.
Enfin, Nicolao et al. 2022 ont réalisé une étude pour comparer les valeurs diagnostiques de tests spécifiques de l'épaule avec l'IRM pour les déchirures du tendon du sus-épineux chez les patients subissant une arthroscopie de l'épaule.
Pour n'importe quel type de déchirure du supra-épineux, le drop arm avait une sensibilité très faible avec 0,19 mais il avait la même spécificité que l'IRM avec 0,98.
Les auteurs affirment que ce test est précieux pour confirmer les déchirures globales du sus-épineux avec une valeur prédictive positive de 0,97.
Les auteurs ajoutent qu'un facteur contribuant à la spécificité élevée de ces tests cliniques était l'association possible de déchirures du sus-épineux et de l'infra-épineux chez les patients inclus dans cette étude.
De manière générale, l'ensemble des conclusions convergent vers un même point : un cluster de tests ou une combinaison de tests est toujours plus intéressant qu'un seul test pour orienter notre diagnostic.
Anauate Nicolao, Fabio, Joao Alberto Yazigi Junior, Fabio Teruo Matsunaga, Nicola Archetti Netto, Joao Carlos Belloti, et Marcel Jun Sugawara Tamaoki. « Comparing shoulder maneuvers to magnetic resonance imaging and arthroscopic findings in patients with supraspinatus tears ». World Journal of Orthopedics 13, no 1 (18 janvier 2022): 102‑11.
Chen, Si, Yuanyuan Shi, Pan Xue, et Xue Chen. « Application Value of Magnetic Resonance Arthrography of the Shoulder in Nursing and Diagnosis of Patients with Shoulder Joint Injury ». Journal of Healthcare Engineering 2021 (2021): 3051578.
Codman, EA. The Shoulder: Rupture of the Supraspinatus Tendon and Other Lesions In or About the Subacromial Bursa. Boston Medical Library, 1934.
Gowda, Chiranjeevi S., Kiyana Mirza, et Dev A. Galagali. « Rotator Cuff Tears: Correlation Between Clinical Examination, Magnetic Resonance Imaging and Arthroscopy ». Cureus 16, no 3 (mars 2024): e56065.
Hanchard, Nigel C. A., Mário Lenza, Helen H. G. Handoll, et Yemisi Takwoingi. « Physical Tests for Shoulder Impingements and Local Lesions of Bursa, Tendon or Labrum That May Accompany Impingement ». The Cochrane Database of Systematic Reviews 2013, no 4 (30 avril 2013): CD007427.
Penning, L. I. F., R. A. De Bie, P. Leffers, R. E. Weijers, et G. H. I. M. Walenkamp. « Empty Can and Drop Arm Tests for Cuff Rupture : Improved Specificity after Subacromial Injection ». Acta Orthopaedica Belgica 82, no 2 (août 2016): 166‑73.
Yazigi Junior, João Alberto, Fábio Anauate Nicolao, Fábio Teruo Matsunaga, Nicola Archetti Netto, João Carlos Belloti, et Marcel Jun Sugawara Tamaoki. « Supraspinatus Tears: Predictability of Magnetic Resonance Imaging Findings Based on Clinical Examination ». Journal of Shoulder and Elbow Surgery 30, no 8 (août 2021): 1834‑43.