Ces tests permettent d’évaluer un éventuel dysfonctionnement du contrôle moteur chez des patients souffrant de lombalgie non spécifique.
Dans un premier temps, le contrôle moteur pourrait être défini comme la façon dont le système nerveux central régit, contrôle les postures et les mouvements afin de permettre d’effectuer une tâche motrice qui prend en considération tous les aspects moteurs, sensoriels et tous les processus intégratifs au niveau du cerveau (Shumway-Cook et al. 1995).
Depuis les premières observations des différences d’activation musculaire chez les personnes atteintes de lombalgie, il a été généralement considéré que beaucoup voire la totalité de ces patients présentaient un certain changement au niveau de leur contrôle moteur.
En effet, les modèles théoriques et les observations empiriques indiquent que les effets à la fois excitateurs et inhibiteurs sur l’activité musculaire peuvent être la conséquences de blessures et de nociception, ainsi que d’anticipation ou de peur de la douleur. (Moseley et al, 2004) (Hulst et al, 2010)
Il existe des preuves considérables de changement dans l’activité musculaire et la morphologie musculaire chez des personnes ayant des antécédents de lombalgie. en revanche, dans son étude de 2019, Van Dieen et al mettent en avant la grande variabilité existante au sein des patients lombalgiques concernant le contrôle moteur.
Par exemple, certaines études rapportent une activité musculaire des extenseurs lombaires plus élevés, d’autres ne rapportent aucune différence et d’autres encore ont rapportés une activité plus faible chez les patients lombalgiques.
Lorsqu’on observe la mise à jour du système de classification basé sur le traitement (TBC) en 2015, on retrouve 3 approches de rééducation des patients lombalgiques (Alrwaily et al. 2015). Parmi elles, une approche basée sur le contrôle moteur est adaptée aux patients présentant un niveau faible à modéré de douleur et d’incapacité. L’examen clinique peut révéler chez ces patients des déficits du contrôle moteur, d’activation musculaire, des mouvements aberrants et une perte de souplesse.
En effet, souvent, malgré l’absence de problèmes structurels, des patients lombalgiques ont simplement perdu le contrôle de certains mouvements, pouvant conduire à des douleurs de dos. Des tests cliniques peuvent être utilisés pour déterminer plus précisément dans quelle catégorie se trouve le patient afin de lui proposer le traitement le plus adapté. L’échelle de Luomajoki semble particulièrement intéressante à utiliser chez des patients présentant des lombalgies chroniques et également chez les sportifs de haut niveau afin de déceler d’éventuels déficits du contrôle moteur.
Cet outil développé par Luomajoki en 2007, est composé de 7 tests. Le but de ces tests est d’observer comment le patient effectue lui-même l’exercice. Donc dans un premier temps il s’agit plutôt de lui donner des instructions verbales, s’il ne comprend pas l’exercice, on peut ajouter de nouvelles instructions et seulement s’il ne comprend toujours pas, on pourra alors lui faire une démonstration. De plus, pour chaque test, si le contrôle du mouvement s'améliore après instruction et correction, il est convenu que le test n’indique pas de dysfonctionnement pertinent du mouvement. N’oublions pas que des sujets sains peuvent également présenter des problèmes de contrôle moteur, pas seulement des patients lombalgiques.
1) Waiter’s bow :
Il est utilisé pour évaluer le contrôle de la colonne lombaire lors de la flexion du tronc. On va demander au patient de se pencher en avant, en essayant de garder la colonne lombaire dans une position neutre. Le patient doit effectuer une flexion au niveau des hanches et non au niveau du dos. Pour cela, il peut bien sûr déverrouiller les genoux. Le patient qui a un bon contrôle moteur doit être capable de faire cette flexion des hanches jusqu’à un angle compris entre 50 et 70°. Le test n’est pas correct si le patient fléchit le dos ou ne parvient pas à atteindre 50° de flexion de hanche en gardant le dos droit. Le test peut être effectuer plusieurs fois par le patient.
- Fiabilité inter-examinateur : 0.62
- Fiabilité intra-examinateur : 0.88
2) Posterior Tilt of pelvis :
- Le patient est invité à effectuer une bascule du bassin vers l’arrière, autrement dit une rétroversion, qui va induire une flexion de la colonne lombaire. Le thérapeute doit être attentif à ce que le mouvement se fasse uniquement au niveau lombaire et non au niveau thoracique. Pour plus de facilité d’exécution, le patient peut bien évidemment déverrouiller les genoux. Le mouvement doit être engendré principalement par l’activation des muscles fessiers. Le test n’est pas correct si le bassin ne s’incline pas, s’il y a une compensation du tronc, s’il n’y a aucune activation des fessiers et que le bas du dos part vers l’arrière.
- Fiabilité inter-examinateur : 0.65
- Fiabilité intra-examinateur : 0.80
3) Single leg stance :
- Le patient se tient debout, avec un écartement des pieds équivalent à 1/3 de la distance inter-trochantérienne. Par exemple, si la distance inter-trochantérienne est de 36cm, la distance entre les pieds sera de 12cm. Le thérapeute vient ensuite placer une règle ou l’équivalent au niveau du nombril du patient et l’invite à fléchir hanche et genou du même côté. Le thérapeute va évaluer visuellement s’il y a une déviation latérale du nombril dans le plan frontal. Le test est incorrect si le patient shift d’un des 2 côtés de plus de 10 cm ou s’il y a une différence de plus de 2cm entre les 2 côtés.
- Fiabilité inter-examinateur (droit) : 0.43
- Fiabilité intra-examinateur (gauche) : 0.67
- Fiabilité inter-examinateur (droit) : 0.65
- Fiabilité intra-examinateur (gauche) : 0.84
4) Sitting knee extension :
- Pour ce test, le patient est assis en bord de table avec les jambes pendantes. Le thérapeute lui donne comme consigne de garder le dos en position érigée et lui demande de placer les mains sur les genoux. Il invite le patient à étendre un des 2 genoux devant lui le plus loin possible sans faire de mouvement du bas du dos, plus particulièrement sans faire de flexion. Le patient doit être capable d’effectuer cette extension du genou jusqu’à un angle de -30° tout en étant capable de maintenir sa position initiale. Le test n’est pas correct si le bas du dos bouge en flexion ou si le patient ne parvient pas à atteindre les 30° d’extension sans compenser.
- Fiabilité inter-examinateur : 0.72
- Fiabilité intra-examinateur : 0.95
5) Rocking Foreward :
- Le patient se place en position quadrupédique sur la table. Il doit avoir les hanches à l’aplomb des genoux et les épaules à l’aplomb des mains. Dans cette position-ci, le thérapeute lui demande de déplacer le poids de son corps vers l’avant, de manière à atteindre 60° de flexion de hanche, sans mouvement d’extension du bas du dos. Donc le patient part de 90° de flexion de hanche et doit faire un mouvement de 30° vers l’avant. Le test n’est pas correct si le mouvement du bassin conduit à une extension lombaire. Si le patient présente des difficultés à effectuer ce test, on peut tolérer qu’il avance légèrement les mains vers l’avant.
- Fiabilité inter-examinateur : 0.68
- Fiabilité intra-examinateur : 0.51
6) Rocking Backward :
- Il est identique au test Rocking Foreward, à la différence qu’ici le patient transfert son poids du corps vers l’arrière et non vers l’avant. À nouveau, le patient part de 90° de flexion de hanche pour atteindre cette fois-ci 120° de flexion de hanche, tout en gardant la colonne lombaire en position neutre. Le test n’est pas correct si la flexion de hanche provoque une flexion lombaire. Le patient ne s’en rend généralement pas compte. Le patient peut effectuer ce test plusieurs fois de suite pour permettre au thérapeute d’observer d’éventuelles compensations comme par exemple une rétroversion du bassin qui signerait un test positif.
- Fiabilité inter-examinateur : 0.57
- Fiabilité intra-examinateur : 0.72
7) Prone knee bend :
- Le patient se place en procubitus sur la table. Le thérapeute invite celui-ci à réaliser une flexion de genou active de minimum 90° sans mouvement d’extension du bas du dos ou de rotation du bassin. Le test n’est donc pas correct si le thérapeute observe des mouvements du dos ou du bassin.
- Fiabilité inter-examinateur : 0.47 (Extension) - 0.58 (Rotation)
- Fiabilité intra-examinateur : 0.70 (Extension) - 0.78 (Rotation)
D’après une étude d’O’Sullivan, on peut faire un lien entre les tests positifs de la batterie de test de Luomajoki et le pattern de mouvement reconnu chez le patient lombalgique. Pour rappel, il existe 3 grands patterns de mouvement : le pattern d’extension active, le pattern de flexion passive et le pattern en shift latéral.
Même si dans la vie de tous les jours, c’est souvent mixte, il peut être intéressant de garder en tête ces 3 patterns.
Le pattern d’extension active, ce sont ces patients qui ont du mal à se relâcher, qui ont des tensions et des co-contractions musculaires excessives. Ce sont des patients qui vont continuer leur activité mais qui vont éviter les mouvements douloureux. Ils vont être particulièrement vigilant quant à la douleur et vont avoir peur du mouvement. On parle ici de movement impairment.
Chez eux, l’approche thérapeutique basée sur le contrôle moteur et le core stability n’est pas pertinante.
Pour les patients présentant un pattern en flexion passive, on peut retrouver une hypermobilité segmentaire, par exemple ces patients pourraient présenter un PIT positif. Le déficit, la douleur ou le problème de contrôle moteur a lieu pendant le mouvement, pendant le maintien de la position, par exemple le patient qui préfère ne pas rester debout trop longtemps, ou bien en fin d’amplitude.
En général, ce sont des patients qui n’ont pas vraiment conscience du mauvais contrôle de leur mouvement. Au niveau des muscles stabilisateurs, on peut tout aussi bien retrouver un déficit ou bien une hyperactivité mais dans tous les cas, on est bien dans un comportement mal adaptatif. Ce sont des patients qui vont éviter l’activité car ça leur fait mal.
O’Sullivan a remarqué que les patients qui présentaient un pattern d’extension avaient des difficultés à réaliser le posterior tilt of pelvis, le rocking forward et le prone knee bend. Les patients qui présentaient un pattern de flexion avaient davantage de difficultés lors du Waiter’s bow, du sitting Knee extension et du Rocking Backward. Enfin les patients qui présentaient un pattern en shift latéral avaient typiquement des difficultés lors du single leg stance.
Cette batterie de tests a une fiabilité intra et inter examinateur d’une valeur kappa > 0,6. Dans leur étude en 2008, Luomajoki et al ont constaté une différence significative dans la réalisation des tests entre les patients lombalgiques et les patients sains.
De plus, il semble que plus les symptômes de la lombalgie durent longtemps, plus le contrôle des mouvements devient mauvais. Il y a une absence de cut off concernant les tests positifs pour conclure qu’il y a bel et bien un problème de contrôle moteur. On peut donc partir du principe que plus le patient a des difficultés lors de la réalisation des tests, au plus il a de risques d’avoir un problème de contrôle moteur.
Alrwaily, M., Timko, M., Schneider, M., Stevans, J., Bise, C., Hariharan, K., & Delitto, A. (2016). Treatment-Based Classification System for Low Back Pain: Revision and Update. Physical Therapy, 96(7), 1057–1066. doi:10.2522/ptj.20150345. Lien article.
Delitto, A, Erhard, RE, Bowling, RW. A treatment-based classification approach to low back syndrome: identifying and staging patients for conservative treatment. Phys Ther. 1995;75:470–485; discussion 485–479.
Hulst, Marije van der, Miriam M. Vollenbroek-Hutten, Karlein M. Schreurs, Johan S. Rietman, et Hermanus J. Hermens. « Relationships between coping strategies and lumbar muscle activity in subjects with chronic low back pain ». European Journal of Pain 14, no 6 (2010): 640‑47. Lien article.
Jaap H. van Dieën; Luc P.J. Selen; Jacek Cholewicki (2003). Trunk muscle activation in low-back pain patients, an analysis of the literature. , 13(4), 0–351. doi:10.1016/s1050-6411(03)00041-5
Luomajoki, Hannu, Jan Kool, Eling D. de Bruin, et Olavi Airaksinen. « Reliability of movement control tests in the lumbar spine ». BMC Musculoskeletal Disorders 8, no 1 (12 septembre 2007): 90. Lien article.
Luomajoki, Hannu, Jan Kool, Eling D. de Bruin, et Olavi Airaksinen. « Movement control tests of the low back; evaluation of the difference between patients with low back pain and healthy controls ». BMC Musculoskeletal Disorders 9, no 1 (24 décembre 2008): 170. Lien article.
O’Sullivan, P. B. « Lumbar Segmental “Instability”: Clinical Presentation and Specific Stabilizing Exercise Management ». Manual Therapy 5, no 1 (février 2000): 2‑12. Lien article.
Moseley, G. Lorimer, Michael K. Nicholas, et Paul W. Hodges. « Does Anticipation of Back Pain Predispose to Back Trouble? » Brain: A Journal of Neurology 127, no Pt 10 (octobre 2004): 2339‑47. Lien article.
Shumway-Cook, Anne, et Marjorie H. Woollacott. Motor Control: Theory and Practical Applications. Williams & Wilkins, 1995.
VAN DIEËN, JAAP H., N. PETER REEVES, GREG KAWCHUK, LINDA R. VAN DILLEN, et PAUL W. HODGES. « Motor Control Changes in Low Back Pain: Divergence in Presentations and Mechanisms ». The Journal of orthopaedic and sports physical therapy 49, no 6 (juin 2019): 370‑79. Lien article.
Ces tests permettent d’évaluer un éventuel dysfonctionnement du contrôle moteur chez des patients souffrant de lombalgie non spécifique.
Dans un premier temps, le contrôle moteur pourrait être défini comme la façon dont le système nerveux central régit, contrôle les postures et les mouvements afin de permettre d’effectuer une tâche motrice qui prend en considération tous les aspects moteurs, sensoriels et tous les processus intégratifs au niveau du cerveau (Shumway-Cook et al. 1995).
Depuis les premières observations des différences d’activation musculaire chez les personnes atteintes de lombalgie, il a été généralement considéré que beaucoup voire la totalité de ces patients présentaient un certain changement au niveau de leur contrôle moteur.
En effet, les modèles théoriques et les observations empiriques indiquent que les effets à la fois excitateurs et inhibiteurs sur l’activité musculaire peuvent être la conséquences de blessures et de nociception, ainsi que d’anticipation ou de peur de la douleur. (Moseley et al, 2004) (Hulst et al, 2010)
Il existe des preuves considérables de changement dans l’activité musculaire et la morphologie musculaire chez des personnes ayant des antécédents de lombalgie. en revanche, dans son étude de 2019, Van Dieen et al mettent en avant la grande variabilité existante au sein des patients lombalgiques concernant le contrôle moteur.
Par exemple, certaines études rapportent une activité musculaire des extenseurs lombaires plus élevés, d’autres ne rapportent aucune différence et d’autres encore ont rapportés une activité plus faible chez les patients lombalgiques.
Lorsqu’on observe la mise à jour du système de classification basé sur le traitement (TBC) en 2015, on retrouve 3 approches de rééducation des patients lombalgiques (Alrwaily et al. 2015). Parmi elles, une approche basée sur le contrôle moteur est adaptée aux patients présentant un niveau faible à modéré de douleur et d’incapacité. L’examen clinique peut révéler chez ces patients des déficits du contrôle moteur, d’activation musculaire, des mouvements aberrants et une perte de souplesse.
En effet, souvent, malgré l’absence de problèmes structurels, des patients lombalgiques ont simplement perdu le contrôle de certains mouvements, pouvant conduire à des douleurs de dos. Des tests cliniques peuvent être utilisés pour déterminer plus précisément dans quelle catégorie se trouve le patient afin de lui proposer le traitement le plus adapté. L’échelle de Luomajoki semble particulièrement intéressante à utiliser chez des patients présentant des lombalgies chroniques et également chez les sportifs de haut niveau afin de déceler d’éventuels déficits du contrôle moteur.
Cet outil développé par Luomajoki en 2007, est composé de 7 tests. Le but de ces tests est d’observer comment le patient effectue lui-même l’exercice. Donc dans un premier temps il s’agit plutôt de lui donner des instructions verbales, s’il ne comprend pas l’exercice, on peut ajouter de nouvelles instructions et seulement s’il ne comprend toujours pas, on pourra alors lui faire une démonstration. De plus, pour chaque test, si le contrôle du mouvement s'améliore après instruction et correction, il est convenu que le test n’indique pas de dysfonctionnement pertinent du mouvement. N’oublions pas que des sujets sains peuvent également présenter des problèmes de contrôle moteur, pas seulement des patients lombalgiques.
1) Waiter’s bow :
Il est utilisé pour évaluer le contrôle de la colonne lombaire lors de la flexion du tronc. On va demander au patient de se pencher en avant, en essayant de garder la colonne lombaire dans une position neutre. Le patient doit effectuer une flexion au niveau des hanches et non au niveau du dos. Pour cela, il peut bien sûr déverrouiller les genoux. Le patient qui a un bon contrôle moteur doit être capable de faire cette flexion des hanches jusqu’à un angle compris entre 50 et 70°. Le test n’est pas correct si le patient fléchit le dos ou ne parvient pas à atteindre 50° de flexion de hanche en gardant le dos droit. Le test peut être effectuer plusieurs fois par le patient.
- Fiabilité inter-examinateur : 0.62
- Fiabilité intra-examinateur : 0.88
2) Posterior Tilt of pelvis :
- Le patient est invité à effectuer une bascule du bassin vers l’arrière, autrement dit une rétroversion, qui va induire une flexion de la colonne lombaire. Le thérapeute doit être attentif à ce que le mouvement se fasse uniquement au niveau lombaire et non au niveau thoracique. Pour plus de facilité d’exécution, le patient peut bien évidemment déverrouiller les genoux. Le mouvement doit être engendré principalement par l’activation des muscles fessiers. Le test n’est pas correct si le bassin ne s’incline pas, s’il y a une compensation du tronc, s’il n’y a aucune activation des fessiers et que le bas du dos part vers l’arrière.
- Fiabilité inter-examinateur : 0.65
- Fiabilité intra-examinateur : 0.80
3) Single leg stance :
- Le patient se tient debout, avec un écartement des pieds équivalent à 1/3 de la distance inter-trochantérienne. Par exemple, si la distance inter-trochantérienne est de 36cm, la distance entre les pieds sera de 12cm. Le thérapeute vient ensuite placer une règle ou l’équivalent au niveau du nombril du patient et l’invite à fléchir hanche et genou du même côté. Le thérapeute va évaluer visuellement s’il y a une déviation latérale du nombril dans le plan frontal. Le test est incorrect si le patient shift d’un des 2 côtés de plus de 10 cm ou s’il y a une différence de plus de 2cm entre les 2 côtés.
- Fiabilité inter-examinateur (droit) : 0.43
- Fiabilité intra-examinateur (gauche) : 0.67
- Fiabilité inter-examinateur (droit) : 0.65
- Fiabilité intra-examinateur (gauche) : 0.84
4) Sitting knee extension :
- Pour ce test, le patient est assis en bord de table avec les jambes pendantes. Le thérapeute lui donne comme consigne de garder le dos en position érigée et lui demande de placer les mains sur les genoux. Il invite le patient à étendre un des 2 genoux devant lui le plus loin possible sans faire de mouvement du bas du dos, plus particulièrement sans faire de flexion. Le patient doit être capable d’effectuer cette extension du genou jusqu’à un angle de -30° tout en étant capable de maintenir sa position initiale. Le test n’est pas correct si le bas du dos bouge en flexion ou si le patient ne parvient pas à atteindre les 30° d’extension sans compenser.
- Fiabilité inter-examinateur : 0.72
- Fiabilité intra-examinateur : 0.95
5) Rocking Foreward :
- Le patient se place en position quadrupédique sur la table. Il doit avoir les hanches à l’aplomb des genoux et les épaules à l’aplomb des mains. Dans cette position-ci, le thérapeute lui demande de déplacer le poids de son corps vers l’avant, de manière à atteindre 60° de flexion de hanche, sans mouvement d’extension du bas du dos. Donc le patient part de 90° de flexion de hanche et doit faire un mouvement de 30° vers l’avant. Le test n’est pas correct si le mouvement du bassin conduit à une extension lombaire. Si le patient présente des difficultés à effectuer ce test, on peut tolérer qu’il avance légèrement les mains vers l’avant.
- Fiabilité inter-examinateur : 0.68
- Fiabilité intra-examinateur : 0.51
6) Rocking Backward :
- Il est identique au test Rocking Foreward, à la différence qu’ici le patient transfert son poids du corps vers l’arrière et non vers l’avant. À nouveau, le patient part de 90° de flexion de hanche pour atteindre cette fois-ci 120° de flexion de hanche, tout en gardant la colonne lombaire en position neutre. Le test n’est pas correct si la flexion de hanche provoque une flexion lombaire. Le patient ne s’en rend généralement pas compte. Le patient peut effectuer ce test plusieurs fois de suite pour permettre au thérapeute d’observer d’éventuelles compensations comme par exemple une rétroversion du bassin qui signerait un test positif.
- Fiabilité inter-examinateur : 0.57
- Fiabilité intra-examinateur : 0.72
7) Prone knee bend :
- Le patient se place en procubitus sur la table. Le thérapeute invite celui-ci à réaliser une flexion de genou active de minimum 90° sans mouvement d’extension du bas du dos ou de rotation du bassin. Le test n’est donc pas correct si le thérapeute observe des mouvements du dos ou du bassin.
- Fiabilité inter-examinateur : 0.47 (Extension) - 0.58 (Rotation)
- Fiabilité intra-examinateur : 0.70 (Extension) - 0.78 (Rotation)
D’après une étude d’O’Sullivan, on peut faire un lien entre les tests positifs de la batterie de test de Luomajoki et le pattern de mouvement reconnu chez le patient lombalgique. Pour rappel, il existe 3 grands patterns de mouvement : le pattern d’extension active, le pattern de flexion passive et le pattern en shift latéral.
Même si dans la vie de tous les jours, c’est souvent mixte, il peut être intéressant de garder en tête ces 3 patterns.
Le pattern d’extension active, ce sont ces patients qui ont du mal à se relâcher, qui ont des tensions et des co-contractions musculaires excessives. Ce sont des patients qui vont continuer leur activité mais qui vont éviter les mouvements douloureux. Ils vont être particulièrement vigilant quant à la douleur et vont avoir peur du mouvement. On parle ici de movement impairment.
Chez eux, l’approche thérapeutique basée sur le contrôle moteur et le core stability n’est pas pertinante.
Pour les patients présentant un pattern en flexion passive, on peut retrouver une hypermobilité segmentaire, par exemple ces patients pourraient présenter un PIT positif. Le déficit, la douleur ou le problème de contrôle moteur a lieu pendant le mouvement, pendant le maintien de la position, par exemple le patient qui préfère ne pas rester debout trop longtemps, ou bien en fin d’amplitude.
En général, ce sont des patients qui n’ont pas vraiment conscience du mauvais contrôle de leur mouvement. Au niveau des muscles stabilisateurs, on peut tout aussi bien retrouver un déficit ou bien une hyperactivité mais dans tous les cas, on est bien dans un comportement mal adaptatif. Ce sont des patients qui vont éviter l’activité car ça leur fait mal.
O’Sullivan a remarqué que les patients qui présentaient un pattern d’extension avaient des difficultés à réaliser le posterior tilt of pelvis, le rocking forward et le prone knee bend. Les patients qui présentaient un pattern de flexion avaient davantage de difficultés lors du Waiter’s bow, du sitting Knee extension et du Rocking Backward. Enfin les patients qui présentaient un pattern en shift latéral avaient typiquement des difficultés lors du single leg stance.
Cette batterie de tests a une fiabilité intra et inter examinateur d’une valeur kappa > 0,6. Dans leur étude en 2008, Luomajoki et al ont constaté une différence significative dans la réalisation des tests entre les patients lombalgiques et les patients sains.
De plus, il semble que plus les symptômes de la lombalgie durent longtemps, plus le contrôle des mouvements devient mauvais. Il y a une absence de cut off concernant les tests positifs pour conclure qu’il y a bel et bien un problème de contrôle moteur. On peut donc partir du principe que plus le patient a des difficultés lors de la réalisation des tests, au plus il a de risques d’avoir un problème de contrôle moteur.
Alrwaily, M., Timko, M., Schneider, M., Stevans, J., Bise, C., Hariharan, K., & Delitto, A. (2016). Treatment-Based Classification System for Low Back Pain: Revision and Update. Physical Therapy, 96(7), 1057–1066. doi:10.2522/ptj.20150345. Lien article.
Delitto, A, Erhard, RE, Bowling, RW. A treatment-based classification approach to low back syndrome: identifying and staging patients for conservative treatment. Phys Ther. 1995;75:470–485; discussion 485–479.
Hulst, Marije van der, Miriam M. Vollenbroek-Hutten, Karlein M. Schreurs, Johan S. Rietman, et Hermanus J. Hermens. « Relationships between coping strategies and lumbar muscle activity in subjects with chronic low back pain ». European Journal of Pain 14, no 6 (2010): 640‑47. Lien article.
Jaap H. van Dieën; Luc P.J. Selen; Jacek Cholewicki (2003). Trunk muscle activation in low-back pain patients, an analysis of the literature. , 13(4), 0–351. doi:10.1016/s1050-6411(03)00041-5
Luomajoki, Hannu, Jan Kool, Eling D. de Bruin, et Olavi Airaksinen. « Reliability of movement control tests in the lumbar spine ». BMC Musculoskeletal Disorders 8, no 1 (12 septembre 2007): 90. Lien article.
Luomajoki, Hannu, Jan Kool, Eling D. de Bruin, et Olavi Airaksinen. « Movement control tests of the low back; evaluation of the difference between patients with low back pain and healthy controls ». BMC Musculoskeletal Disorders 9, no 1 (24 décembre 2008): 170. Lien article.
O’Sullivan, P. B. « Lumbar Segmental “Instability”: Clinical Presentation and Specific Stabilizing Exercise Management ». Manual Therapy 5, no 1 (février 2000): 2‑12. Lien article.
Moseley, G. Lorimer, Michael K. Nicholas, et Paul W. Hodges. « Does Anticipation of Back Pain Predispose to Back Trouble? » Brain: A Journal of Neurology 127, no Pt 10 (octobre 2004): 2339‑47. Lien article.
Shumway-Cook, Anne, et Marjorie H. Woollacott. Motor Control: Theory and Practical Applications. Williams & Wilkins, 1995.
VAN DIEËN, JAAP H., N. PETER REEVES, GREG KAWCHUK, LINDA R. VAN DILLEN, et PAUL W. HODGES. « Motor Control Changes in Low Back Pain: Divergence in Presentations and Mechanisms ». The Journal of orthopaedic and sports physical therapy 49, no 6 (juin 2019): 370‑79. Lien article.