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La rupture de la coiffe des rotateurs - Bilan diagnostic

Module EBP
Mis Ă  jour le
19/5/2024
Kevin Lemarié
Kinésithérapeute spécialiste de l'épaule
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INTRODUCTION :

Toute prise en charge se doit de commencer par un bilan. Le but reste avant tout de trier : quel patient est Ă©ligible Ă  la kinĂ©sithĂ©rapie ? (Lafrance & al. 2023). Un bilan est une enquĂȘte au cours de laquelle on Ă©met des hypothĂšses que l’on teste. Le thĂ©rapeute relĂšve le plus objectivement possible des indices, des arguments lui permettant d’orienter ses conclusions.

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Plusieurs types de diagnostics existent : Les diagnostics structurels ou pathoanatomiques, et les diagnostics cliniques ou fonctionnels. 

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Le diagnostic structurel n’a d’intĂ©rĂȘt que dans la mesure oĂč il modifie la prise en charge. Il est assez compliquĂ© Ă  Ă©tablir et malgrĂ© les examens complĂ©mentaires souvent prescrits il n’est pas toujours Ă©vident de pouvoir faire le lien entre l’examen clinique et les observations Ă  l’imagerie lorsque l’on parle de douleurs d’origine sous-acromiale.

La problĂ©matique pour nous sera d’établir les conditions pour lesquelles, une consultation spĂ©cialisĂ©e et/ou une imagerie sont nĂ©cessaires.

L’ANAMNÈSE :

Avant mĂȘme l’interrogatoire, laissons le patient s’exprimer et nous relater son expĂ©rience. Les termes employĂ©s par le patient sont des indicateurs parfois non-anodins. Il s’agit d’un temps d’échange brut oĂč le thĂ©rapeute peut commencer Ă  Ă©mettre des hypothĂšses. 

Une partie des informations attendues avec l’interrogatoire sont dĂ©jĂ  rĂ©coltĂ©es avec ce premier temps. Ensuite, les questions posĂ©es permettent soit d’affiner les rĂ©ponses soit d’orienter le diagnostic.

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L’INTERROGATOIRE :

Le profil du patient est un premier Ă©lĂ©ment important Ă  prendre en compte. Quel Ăąge a-t-il ? En effet, une personne jeune (<60-65 ans) dans l’incapacitĂ© de lever le bras prĂ©sente peu de risques d’avoir une rupture de coiffe en l’absence de traumatisme (Cadogan & al. 2013 ; Hegedus & al. 2014). Dans ce cas, cela ne peut-il pas ĂȘtre un problĂšme neurologique ? Dans le cas contraire avec un patient plus ĂągĂ© (>60-65 ans) avec une attitude pseudo-paralytique, on pensera prĂ©fĂ©rentiellement Ă  une rupture de coiffe. Mais, attention aux raccourcis ! 

Le contenu de l’interrogatoire reste classique et vise la comprĂ©hension de la plainte du patient : douleur et/ou fonction ? Cela commence par la comprĂ©hension du mĂ©canisme d’apparition des symptĂŽmes : Soudainement, progressivement, suite Ă  un Ă©vĂšnement particulier, suite Ă  un traumatisme, etc. 

Le patient prĂ©sente-t-il des douleurs ? Si oui de quel type : au repos et/ou mĂ©canique ? sur quels mouvements ? Quelle est la localisation des symptĂŽmes ? Etc. Cette partie se veut commune Ă  d’autres bilans orthopĂ©diques du moins dans le contenu. 

Dans le cas d’une douleur d’origine sous-acromiale, les symptĂŽmes sont localisĂ©s au niveau du moignon d’épaule et peuvent irradier dans le bras, notamment dans le V-deltoidien (Zadro & al. 2023). Toute douleur irradiant vers le rachis cervical ou au-delĂ  du coude, doit nous laisser suspecter une implication d’autres structures que celles situĂ©es dans l’espace sous-acromial. Il en est de mĂȘme en cas de paresthĂ©sies ou de troubles neurologiques.

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Dans le cas oĂč la plainte du patient est davantage fonctionnelle, on suspecte une rupture de coiffe des rotateurs, et ce d’autant plus si le profil du patient semble cohĂ©rent avec cette hypothĂšse. En effet, les ruptures de coiffe seraient plus marquĂ©es par l’altĂ©ration de la fonction et notamment de l’élĂ©vation du bras plus que la douleur (Hsu & al. 2015 ; Moosnmayer & al. 2017). Comme Ă©voquĂ© prĂ©cĂ©demment, il n’existe pas de corrĂ©lation entre la douleur et l’altĂ©ration de l’état tendineux. La douleur serait plus liĂ©e Ă  un Ă©tat inflammatoire (Lo & al. 2022) potentiellement liĂ©e Ă  la bourse ou encore le long biceps plus qu’à l’altĂ©ration de l’état de la structure tendineuse. En outre, comme dit prĂ©cĂ©demment, les facteurs psychosociaux sont Ă©galement des Ă©lĂ©ments trĂšs importants Ă  relever, Ă  Ă©valuer car ils peuvent parfois amplifier les symptĂŽmes.

EXAMEN CLINIQUE :

Avant toute chose, en cas de traumatisme et notamment de chute, d’autant plus si le patient est ĂągĂ©, on ne peut pas faire l’impasse sur une imagerie. Dans ces cas-lĂ , la radio doit ĂȘtre rĂ©alisĂ©e en premiĂšre intention. La kinĂ©sithĂ©rapie restant prescripteur-dĂ©pendant, la plupart des patients auront dĂ©jĂ  passĂ© une radio. 

Une fois l’intĂ©gritĂ© osseuse confirmĂ©e, nous commençons l’examen clinique.

Dans un premier temps, nous observons et recherchons toute dĂ©formation ou modification cutanĂ©-trophique. En cas d’hĂ©matome avec ou sans traumatisme, nous sommes d’autant plus vigilants. 

Sur le plan trophique, nous observons le volume musculaire du trapĂšze supĂ©rieur, du deltoĂŻde mais aussi et surtout en cas de suspicion d’atteinte de la coiffe, le volume des fosses supra et infra-Ă©pineuses. Une amyotrophie dans cette rĂ©gion chez un patient ĂągĂ© (> 65 ans) signe vraisemblablement une rupture ancienne. 

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Dans un second temps, nous Ă©valuons les mobilitĂ©s actives d’épaule : de l’élĂ©vation du bras aux rotations. Dans la vidĂ©o ci-dessous, le patient ne peut pas lever le bras et prĂ©sente un shrug sign qui se caractĂ©rise par une exagĂ©ration de l’élĂ©vation du moignon d’épaule (Jia & al. 2008). Ce signe est couramment observable mais n’est pas spĂ©cifique d’une perte de force ; on peut le retrouver Ă©galement en cas de raideur glĂ©no-humĂ©ral.

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En premiĂšre intention, on ne connaĂźt pas l’origine de cette perte d’amplitude active. Il peut s’agir soit d’un dĂ©ficit de force soit d’une raideur d’épaule. Dans cette seconde situation, la plupart du temps, nous retrouverons une raideur glĂ©no-humĂ©rale globale. 

Pour distinguer une perte d’amplitude articulaire d’une perte de force, le patient peut s'auto mobiliser en s’aidant du cĂŽtĂ© sain. Modifier l’installation est Ă©galement une stratĂ©gie intĂ©ressante permettant de modifier/neutraliser les effets de la pesanteur. Dans les deux cas, si le patient est en mesure d’explorer l’entiĂšretĂ© de son amplitude, il ne prĂ©sente pas de raideur. 

Toutefois, les deux dĂ©ficits ne sont pas incompatibles et peuvent parfois ĂȘtre concomitants. Un patient avec des dĂ©ficits de mobilitĂ© active de longue date peut prĂ©senter un enraidissement articulaire.

Plusieurs hypothÚses existent pour expliquer un déficit de force : 

  • DĂ©ficit neurologique
  • AltĂ©ration intĂ©gritĂ© tendineuse de la coiffe des rotateurs
  • Inhibition neuro-musculaire

Déficit neurologique : 

Chez un patient jeune, en l’absence de tout traumatisme, en cas de perte de force Ă  l’élĂ©vation du bras, on pourra suspecter une neuropathie avec soit une origine cervicale soit une origine pĂ©riphĂ©rique. 

Dans le cas d’une radiculopathie cervicale, l’évolution sera insidieuse avec une douleur et une perte de force concomitante. Le plus souvent les douleurs irradient dans toute la rĂ©gion du membre supĂ©rieur et les symptĂŽmes sont modulĂ©s par le rachis cervical.

À l’inverse dans une neuropathie de Parsonage Turner, l’évolution est soudaine sans traumatisme associĂ©. La faiblesse apparaĂźt dans un second temps une fois la phase douloureuse rĂ©volue ou en cours de rĂ©solution. Ici, l’atteinte ne se situe pas au niveau des racines nerveuses mais plus distalement au niveau du tronc supĂ©rieur du plexus brachial. Ainsi, le rachis cervical n’influence pas la symptomatologie (Silverman & al. 2022). Le nerf thoracique long est le plus souvent touchĂ© avec en consĂ©quence une atteinte sĂ©vĂšre du serratus (ou dentelĂ© antĂ©rieur).

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Le nerf supra-scapulaire peut Ă©galement ĂȘtre atteint. Deux sites de compression sont possibles : l’un au niveau du ligament spino-glĂ©noidale en contournant l’épine de la scapula et l’autre sous le ligament transverse de la scapula (Prenaud & al. 2021). Les sports tels que le volleyball, le tennis ou encore la natation augmentent le risque d’irritation par micro-traumatismes rĂ©pĂ©tĂ©s avec par consĂ©quence une dĂ©myĂ©linisation progressive du nerf (Leider & al. 2021).

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Altération intégrité tendineuse de la coiffe des rotateurs :

Coiffe postérieure : 

En cas de suspicion de rupture du supra-Ă©pineux et/ou de l’infra-Ă©pineux, plusieurs tests ou signes cliniques existent et peuvent ĂȘtre utilisĂ©s notamment le drop sign ou les lag sign (ou signes de retard). 

En cas de suspicion de rupture de coiffe des rotateurs, la perte de force est un signe plus pertinent Ă  rechercher que la douleur (Sgroi & al. 2019). Les ratios de vraisemblances sont meilleurs pour le critĂšre force lors des tests de Patte et la recherche des lag sign.

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Dans l’étude de Colin & al. (2014) prĂ©sentĂ©e prĂ©cĂ©demment, il est constatĂ© qu’en cas de rupture massive de coiffe postĂ©ro-supĂ©rieure, la rotation externe en position basse (R1) Ă©tait plus altĂ©rĂ©e qu’en position haute. Ainsi, l’évaluation de la force des rotateurs externes en dĂ©cubitus latĂ©ral pourrait s’avĂ©rer pertinente.

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Coiffe antérieure :

L’intĂ©gritĂ© du sub-scapulaire s’évalue avec un autre cluster de tests :

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Un autre test Ă©valuant l’intĂ©gritĂ© du sub-scapulaire peut ĂȘtre mentionnĂ© : le Supine Napoleon test. Il s’agit d’une version modifiĂ©e du Belly press test (BPT) rĂ©alisĂ©e en dĂ©cubitus dorsal (Takeda & al. 2016). 

Alors que le patient est allongĂ© sur le dos, on lui demande de relever le coude vers le plafond. Le thĂ©rapeute maintient la main du patient sur son ventre et ainsi que le moignon d’épaule contre le support. Le test est considĂ©rĂ© comme positif par la distance entre le coude et la table est infĂ©rieure Ă  5 cm. 

Les valeurs clinimĂ©triques de ce test semblent trĂšs intĂ©ressantes : RV+ = 21,9 / RV- = 0,16. Ces rĂ©sultats supĂ©rieurs au BPT conventionnel pourraient s’expliquer par la limitation des compensations ainsi que l’utilisation de la gravitĂ© comme rĂ©sistance.

Encore une fois, l’utilisation combinĂ©e des tests prĂ©sente des scores intĂ©ressants. La combinaison du BPT  (appelĂ© parfois Napoleon test), du Lift off test (ou “Gerber test”) et du Bear hug test permet d’obtenir un RV+ de 7,2 et un RV- de 0,2 quelque soit le type de lĂ©sion du sub-scapulaire (Ercan & al. 2021).

Un parallĂšle peut encore ĂȘtre fait avec l’étude de Colin & al. (2014). En effet, en cas de rupture massive de la coiffe antĂ©ro-supĂ©rieure, la perte d’élĂ©vation active du bras est significativement plus dĂ©ficitaire avec une amplitude infĂ©rieure Ă  90°. 

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Les tests cliniques ne permettent pas de distinguer une rupture partielle, d’une rupture transfixiante, d’une douleur d’origine sous-acromiale non-spĂ©cifique. Les lag sign pourraient permettre d’affiner le diagnostic mais leur ratio de vraisemblance nĂ©gatif (Rv-) n’est pas trĂšs bon ce qui ne permet pas d’exclure une rupture de coiffe. En fait, il est difficile d'exclure ou de confirmer une rupture de la coiffe des rotateurs avec simplement un examen clinique (Dickinson & al. 2023).

Les tests ne se suffisent pas eux-mĂȘmes. Leur utilisation devrait se faire sous forme de cluster dont le rĂ©sultat est Ă  mettre en corrĂ©lation avec le contexte et l’anamnĂšse relatĂ©e par le patient. En cas d’ñge supĂ©rieur Ă  65 ans, de douleur nocturne et d’une faiblesse en rotation externe, il existe une forte suspicion de rupture de tendon de la coiffe des rotateurs le ratio de vraisemblance positive s’élĂšve Ă  9,84 (RV- = 0,54). Dans un autre cluster ciblant les ruptures transfixiantes proposĂ© par Park et al. (2005), le RV+ s’élĂšve Ă  28,0 (RV- = 0,09) (Hegedus & al. 2015). 

En cas de doute, il est nĂ©cessaire de confirmer ou d’infirmer l’hypothĂšse diagnostique retenue en ayant recours Ă  une imagerie.

Inhibition neuro-musculaire :

Dans certains cas, les symptĂŽmes seront modifiables en rĂ©fĂ©rence aux procĂ©dures de modification de symptĂŽmes initiĂ©es par Lewis, il y a quelques annĂ©es. La mobilisation active du rachis cervical ou bien l’activation de la coiffe des rotateurs ou encore des muscles scapulaires sont autant d’exemples de paramĂštres pouvant influencer la mobilitĂ© active du bras. Parfois de simples manƓuvres de “rĂ©gression” ou de “facilitation” permettent le mouvement. Cela peut se faire par l’ajout d’un support pour un mouvement de rotation ou d’élĂ©vation, ou par la rĂ©duction d’un bras de levier.

En cas de difficultĂ©s Ă  lever les bras, nous pouvons adopter une stratĂ©gie de “rĂ©gression”. En effet, en cas d’incapacitĂ© Ă  lever, on peut demander au patient de plier les coudes pour se faire. En cas d’amĂ©lioration incomplĂšte, on peut lui proposer de faire glisser les mains contre un mur. Dans ce cas de figure, on dĂ©leste de maniĂšre artificielle le poids du bras. À cette stratĂ©gie, nous pouvons associer Ă©galement l’activation de certains muscles comme celle des rotateurs externes.

Pour des difficultĂ©s Ă  rĂ©aliser un mouvement de rotation (R2), l’ajout d’un support afin de diminuer la sollicitation de la coiffe peut ĂȘtre une stratĂ©gie intĂ©ressante.

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De cette réflexion clinique peut aboutir une premiÚre base de traitement avec des exercices facilement reproductibles pour le patient. 

L’inhibition neuromusculaire peut ĂȘtre un dĂ©ficit pĂ©riphĂ©rique (spinal) ou bien le rĂ©sultat de facteurs centraux (cortical). Est-ce que les inhibitions prĂ©cĂšdent les symptĂŽmes ou est ce qu’ils en sont la consĂ©quence ? Cela n’est pas Ă©vident  (Vila-Dieguez & al. (2023). En effet, ces dĂ©ficits neuro-musculaires pourraient prĂ©cĂ©der la lĂ©sion en cas de tĂąches rĂ©pĂ©titives (fatigue, surcharge) par exemple. Mais, ils pourraient ĂȘtre une consĂ©quence d’une inflammation (ou gonflement local) induite notamment en cas de traumatisme. Entre l'Ɠuf et la poule, difficile de s’y retrouver. Mais peu importe car si nous restons pragmatiques, nous savons que c’est quelque chose qu’il va potentiellement falloir traiter si l’on souhaite aider le patient. 

En outre, il ne faut pas oublier que ces perturbations neuro-motrices peuvent ĂȘtre le fruit de facteurs psychosociaux sous-jacents. Le simple fait de rĂ©assurer un patient sur l’intĂ©gritĂ© structurelle de ses tendons pourra amener spontanĂ©ment Ă  une amĂ©lioration des symptĂŽmes. Chez des patients avec antĂ©cĂ©dent d’instabilitĂ© glĂ©no-humĂ©rale, l’apprĂ©hension et la kinĂ©siophobie induisent l’activation de certaines rĂ©gions corticales contrĂŽlant l’anxiĂ©tĂ© et le stress, l’anticipation nĂ©gative de certaine situation, et des comportements moteurs inadaptĂ©s (LĂ€dermann & al. 2018). La rĂ©assurance du patient par la communication et par la rĂ©alisation d’exercices adaptĂ©s est parfois suffisante. 

Pour terminer cette partie, les questionnaires tels que le Constant ou le Quick DASH (les seuls traduits en français) sont de bons outils de suivi mais n'ont aucune valeur diagnostique.

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IMAGERIE :

En premiÚre intention, surtout en cas de traumatisme, la radio sera indispensable pour écarter toute fracture. 

Radiologiquement, il est admis qu’une distance acromio-humĂ©rale infĂ©rieure Ă  7 mm est prĂ©dictive d’une rupture massive de la coiffe des rotateurs (Kaur & al. 2019). Cependant, du fait des variations anatomiques et de la dĂ©formation possible de l’examen radiographique, la notion d’index de migration supĂ©rieure (Upward Migration Index) est prĂ©fĂ©rĂ©e Ă  celle de distance acromio-humĂ©rale (Zhang & al. 2022). Ainsi, un index infĂ©rieur Ă  1,3 serait prĂ©dictif d’une rupture transfixiante. Toutes les ruptures complĂštes isolĂ©es de la coiffe des rotateurs (mise Ă  part celle du petit rond du fait de la raretĂ© de son atteinte isolĂ©e) sont susceptibles de mener Ă  une diminution significative de l’espace sous-acromial. Ceci est d’autant plus vrai en cas d’atteinte isolĂ©e ou non impliquant l’infra-Ă©pineux. (Siow & al. 2021).

Cependant, les auteurs rappellent la nécessité de confronter ces résultats à un examen clinique complet (Zhang & al. 2022). 

Pour rappel, selon Loew & al. (2015), la radio ne permet pas de distinguer une rupture dĂ©gĂ©nĂ©rative d’une rupture traumatique. Cette derniĂšre, en fonction de sa taille et du nombre de tendons impliquĂ©s, peut imiter une lĂ©sion dĂ©gĂ©nĂ©rative.

Ces notions radiographiques ne nous intĂ©ressent qu’à la condition oĂč l’on suspecte en amont une rupture de coiffe des rotateurs. Il ne s’agit que d’un argument/indice en plus dans notre rĂ©flexion. Ceci est d’autant plus vrai que la distance acromio-humĂ©rale n’est pas corrĂ©lĂ©e Ă  la fonction ou Ă  la douleur du patient (Park & al. 2020).

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L’échographie, l’IRM ou l’ARM sont les examens complĂ©mentaires les plus communs pour le diagnostic d’une rupture de coiffe. Bien que l’ARM soit l’examen avec la plus haute valeur diagnostique (Liu & al. 2020), l’échographie est souvent rĂ©alisĂ©e en premiĂšre intention. Son accessibilitĂ©, son moindre coĂ»t, sa technologie non-irradiante et enfin sa fiabilitĂ© Ă©quivalente pour la dĂ©tection d’une rupture de coiffe (Lenza & al. 2013 ; Lafrance & al. 2022) en font un outil de choix. L’échographie n’en reste pas moins opĂ©rateur-dĂ©pendant avec une faible fiabilitĂ© inter-examinateur (Liu & al. 2020). La courbe d’apprentissage pour une bonne maĂźtrise de cet examen est extrĂȘmement longue.

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RÉORIENTATION :

Comme Ă©noncĂ© dans l’introduction de cette partie, le premier objectif du bilan est de trier : quel patient est Ă©ligible Ă  la rĂ©Ă©ducation et quel patient faut-il rĂ©orienter pour imagerie ou avis spĂ©cialisĂ© ? 

Cette rĂ©orientation se voudra relativement prĂ©coce pour un patient jeune (<65 ans) avec une rupture transfixiante avec historique de traumatisme, en l’absence d’infiltrats graisseux Ă  l’IRM, et ce d’autant plus si la rupture est massive (Lafrance & al. 2022).

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RÉFLEXION :

À partir de quand estimer qu’une rupture est symptomatique ? Cela demeure une question compliquĂ©e. Nous savons dĂ©sormais que le critĂšre douleur n’est pas suffisant. Nous savons Ă©galement  que le critĂšre fonction est intĂ©ressant mais ne se suffit pas Ă  lui-mĂȘme.

25 à 30% des patients opérés récidivent sur le plan structurel sans pour autant avoir de moins bons résultats sur le plan symptomatique (Kuhn & al. 2023). Aussi, les attentes du patient vis-à-vis du traitement restent un facteur trÚs important à prendre en compte.

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