INTRODUCTION : Toute prise en charge se doit de commencer par un bilan. Le but reste avant tout de trier : quel patient est Ă©ligible Ă la kinĂ©sithĂ©rapie ? (Lafrance & al. 2023) . Un bilan est une enquĂȘte au cours de laquelle on Ă©met des hypothĂšses que lâon teste. Le thĂ©rapeute relĂšve le plus objectivement possible des indices, des arguments lui permettant dâorienter ses conclusions.
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Plusieurs types de diagnostics existent : Les diagnostics structurels ou pathoanatomiques, et les diagnostics cliniques ou fonctionnels.Â
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Le diagnostic structurel nâa dâintĂ©rĂȘt que dans la mesure oĂč il modifie la prise en charge. Il est assez compliquĂ© Ă Ă©tablir et malgrĂ© les examens complĂ©mentaires souvent prescrits il nâest pas toujours Ă©vident de pouvoir faire le lien entre lâexamen clinique et les observations Ă lâimagerie lorsque lâon parle de douleurs dâorigine sous-acromiale.
La problĂ©matique pour nous sera dâĂ©tablir les conditions pour lesquelles, une consultation spĂ©cialisĂ©e et/ou une imagerie sont nĂ©cessaires.
LâANAMNĂSE : Avant mĂȘme lâinterrogatoire, laissons le patient sâexprimer et nous relater son expĂ©rience. Les termes employĂ©s par le patient sont des indicateurs parfois non-anodins. Il sâagit dâun temps dâĂ©change brut oĂč le thĂ©rapeute peut commencer Ă Ă©mettre des hypothĂšses.Â
Une partie des informations attendues avec lâinterrogatoire sont dĂ©jĂ rĂ©coltĂ©es avec ce premier temps. Ensuite, les questions posĂ©es permettent soit dâaffiner les rĂ©ponses soit dâorienter le diagnostic.
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LâINTERROGATOIRE : Le profil du patient est un premier Ă©lĂ©ment important Ă prendre en compte. Quel Ăąge a-t-il ? En effet, une personne jeune (<60-65 ans) dans lâincapacitĂ© de lever le bras prĂ©sente peu de risques dâavoir une rupture de coiffe en lâabsence de traumatisme (Cadogan & al. 2013 ; Hegedus & al. 2014 ). Dans ce cas, cela ne peut-il pas ĂȘtre un problĂšme neurologique ? Dans le cas contraire avec un patient plus ĂągĂ© (>60-65 ans) avec une attitude pseudo-paralytique, on pensera prĂ©fĂ©rentiellement Ă une rupture de coiffe. Mais, attention aux raccourcis !Â
Le contenu de lâinterrogatoire reste classique et vise la comprĂ©hension de la plainte du patient : douleur et/ou fonction ? Cela commence par la comprĂ©hension du mĂ©canisme dâapparition des symptĂŽmes : Soudainement, progressivement, suite Ă un Ă©vĂšnement particulier, suite Ă un traumatisme, etc.Â
Le patient prĂ©sente-t-il des douleurs ? Si oui de quel type : au repos et/ou mĂ©canique ? sur quels mouvements ? Quelle est la localisation des symptĂŽmes ? Etc. Cette partie se veut commune Ă dâautres bilans orthopĂ©diques du moins dans le contenu.Â
Dans le cas dâune douleur dâorigine sous-acromiale, les symptĂŽmes sont localisĂ©s au niveau du moignon dâĂ©paule et peuvent irradier dans le bras, notamment dans le V-deltoidien (Zadro & al. 2023) . Toute douleur irradiant vers le rachis cervical ou au-delĂ du coude, doit nous laisser suspecter une implication dâautres structures que celles situĂ©es dans lâespace sous-acromial. Il en est de mĂȘme en cas de paresthĂ©sies ou de troubles neurologiques.
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Dans le cas oĂč la plainte du patient est davantage fonctionnelle, on suspecte une rupture de coiffe des rotateurs, et ce dâautant plus si le profil du patient semble cohĂ©rent avec cette hypothĂšse. En effet, les ruptures de coiffe seraient plus marquĂ©es par lâaltĂ©ration de la fonction et notamment de lâĂ©lĂ©vation du bras plus que la douleur (Hsu & al. 2015 ; Moosnmayer & al. 2017) . Comme Ă©voquĂ© prĂ©cĂ©demment, il nâexiste pas de corrĂ©lation entre la douleur et lâaltĂ©ration de lâĂ©tat tendineux. La douleur serait plus liĂ©e Ă un Ă©tat inflammatoire (Lo & al. 2022) potentiellement liĂ©e Ă la bourse ou encore le long biceps plus quâĂ lâaltĂ©ration de lâĂ©tat de la structure tendineuse. En outre, comme dit prĂ©cĂ©demment, les facteurs psychosociaux sont Ă©galement des Ă©lĂ©ments trĂšs importants Ă relever, Ă Ă©valuer car ils peuvent parfois amplifier les symptĂŽmes.
EXAMEN CLINIQUE : Avant toute chose, en cas de traumatisme et notamment de chute, dâautant plus si le patient est ĂągĂ©, on ne peut pas faire lâimpasse sur une imagerie. Dans ces cas-lĂ , la radio doit ĂȘtre rĂ©alisĂ©e en premiĂšre intention. La kinĂ©sithĂ©rapie restant prescripteur-dĂ©pendant, la plupart des patients auront dĂ©jĂ passĂ© une radio.Â
Une fois lâintĂ©gritĂ© osseuse confirmĂ©e, nous commençons lâexamen clinique.
Dans un premier temps, nous observons et recherchons toute dĂ©formation ou modification cutanĂ©-trophique. En cas dâhĂ©matome avec ou sans traumatisme, nous sommes dâautant plus vigilants.Â
Sur le plan trophique, nous observons le volume musculaire du trapĂšze supĂ©rieur, du deltoĂŻde mais aussi et surtout en cas de suspicion dâatteinte de la coiffe, le volume des fosses supra et infra-Ă©pineuses. Une amyotrophie dans cette rĂ©gion chez un patient ĂągĂ© (> 65 ans) signe vraisemblablement une rupture ancienne.Â
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Dans un second temps, nous Ă©valuons les mobilitĂ©s actives dâĂ©paule : de lâĂ©lĂ©vation du bras aux rotations. Dans la vidĂ©o ci-dessous, le patient ne peut pas lever le bras et prĂ©sente un shrug sign qui se caractĂ©rise par une exagĂ©ration de lâĂ©lĂ©vation du moignon dâĂ©paule (Jia & al. 2008) . Ce signe est couramment observable mais nâest pas spĂ©cifique dâune perte de force ; on peut le retrouver Ă©galement en cas de raideur glĂ©no-humĂ©ral.
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En premiĂšre intention, on ne connaĂźt pas lâorigine de cette perte dâamplitude active. Il peut sâagir soit dâun dĂ©ficit de force soit dâune raideur dâĂ©paule. Dans cette seconde situation, la plupart du temps, nous retrouverons une raideur glĂ©no-humĂ©rale globale.Â
Pour distinguer une perte dâamplitude articulaire dâune perte de force, le patient peut s'auto mobiliser en sâaidant du cĂŽtĂ© sain. Modifier lâinstallation est Ă©galement une stratĂ©gie intĂ©ressante permettant de modifier/neutraliser les effets de la pesanteur. Dans les deux cas, si le patient est en mesure dâexplorer lâentiĂšretĂ© de son amplitude, il ne prĂ©sente pas de raideur.Â
Toutefois, les deux dĂ©ficits ne sont pas incompatibles et peuvent parfois ĂȘtre concomitants. Un patient avec des dĂ©ficits de mobilitĂ© active de longue date peut prĂ©senter un enraidissement articulaire.
Plusieurs hypothĂšses existent pour expliquer un dĂ©ficit de force :Â
DĂ©ficit neurologique AltĂ©ration intĂ©gritĂ© tendineuse de la coiffe des rotateurs Inhibition neuro-musculaire DĂ©ficit neurologique : Chez un patient jeune, en lâabsence de tout traumatisme, en cas de perte de force Ă lâĂ©lĂ©vation du bras, on pourra suspecter une neuropathie avec soit une origine cervicale soit une origine pĂ©riphĂ©rique.Â
Dans le cas dâune radiculopathie cervicale, lâĂ©volution sera insidieuse avec une douleur et une perte de force concomitante. Le plus souvent les douleurs irradient dans toute la rĂ©gion du membre supĂ©rieur et les symptĂŽmes sont modulĂ©s par le rachis cervical.
Ă lâinverse dans une neuropathie de Parsonage Turner, lâĂ©volution est soudaine sans traumatisme associĂ©. La faiblesse apparaĂźt dans un second temps une fois la phase douloureuse rĂ©volue ou en cours de rĂ©solution. Ici, lâatteinte ne se situe pas au niveau des racines nerveuses mais plus distalement au niveau du tronc supĂ©rieur du plexus brachial. Ainsi, le rachis cervical nâinfluence pas la symptomatologie (Silverman & al. 2022). Le nerf thoracique long est le plus souvent touchĂ© avec en consĂ©quence une atteinte sĂ©vĂšre du serratus (ou dentelĂ© antĂ©rieur).
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Le nerf supra-scapulaire peut Ă©galement ĂȘtre atteint. Deux sites de compression sont possibles : lâun au niveau du ligament spino-glĂ©noidale en contournant lâĂ©pine de la scapula et lâautre sous le ligament transverse de la scapula (Prenaud & al. 2021). Les sports tels que le volleyball, le tennis ou encore la natation augmentent le risque dâirritation par micro-traumatismes rĂ©pĂ©tĂ©s avec par consĂ©quence une dĂ©myĂ©linisation progressive du nerf (Leider & al. 2021).
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AltĂ©ration intĂ©gritĂ© tendineuse de la coiffe des rotateurs :Coiffe postĂ©rieure :Â
En cas de suspicion de rupture du supra-Ă©pineux et/ou de lâinfra-Ă©pineux, plusieurs tests ou signes cliniques existent et peuvent ĂȘtre utilisĂ©s notamment le drop sign ou les lag sign (ou signes de retard).Â
En cas de suspicion de rupture de coiffe des rotateurs, la perte de force est un signe plus pertinent Ă rechercher que la douleur (Sgroi & al. 2019) . Les ratios de vraisemblances sont meilleurs pour le critĂšre force lors des tests de Patte et la recherche des lag sign.
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Dans lâĂ©tude de Colin & al. (2014) prĂ©sentĂ©e prĂ©cĂ©demment, il est constatĂ© quâen cas de rupture massive de coiffe postĂ©ro-supĂ©rieure, la rotation externe en position basse (R1) Ă©tait plus altĂ©rĂ©e quâen position haute. Ainsi, lâĂ©valuation de la force des rotateurs externes en dĂ©cubitus latĂ©ral pourrait sâavĂ©rer pertinente.
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Coiffe antĂ©rieure : LâintĂ©gritĂ© du sub-scapulaire sâĂ©value avec un autre cluster de tests :
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Un autre test Ă©valuant lâintĂ©gritĂ© du sub-scapulaire peut ĂȘtre mentionnĂ© : le Supine Napoleon test. Il sâagit dâune version modifiĂ©e du Belly press test (BPT) rĂ©alisĂ©e en dĂ©cubitus dorsal (Takeda & al. 2016) .Â
Alors que le patient est allongĂ© sur le dos, on lui demande de relever le coude vers le plafond. Le thĂ©rapeute maintient la main du patient sur son ventre et ainsi que le moignon dâĂ©paule contre le support. Le test est considĂ©rĂ© comme positif par la distance entre le coude et la table est infĂ©rieure Ă 5 cm.Â
Les valeurs clinimĂ©triques de ce test semblent trĂšs intĂ©ressantes : RV+ = 21,9 / RV- = 0,16. Ces rĂ©sultats supĂ©rieurs au BPT conventionnel pourraient sâexpliquer par la limitation des compensations ainsi que lâutilisation de la gravitĂ© comme rĂ©sistance.
Encore une fois, lâutilisation combinĂ©e des tests prĂ©sente des scores intĂ©ressants. La combinaison du BPT (appelĂ© parfois Napoleon test), du Lift off test (ou âGerber testâ) et du Bear hug test permet dâobtenir un RV+ de 7,2 et un RV- de 0,2 quelque soit le type de lĂ©sion du sub-scapulaire (Ercan & al. 2021).
Un parallĂšle peut encore ĂȘtre fait avec lâĂ©tude de Colin & al. (2014). En effet, en cas de rupture massive de la coiffe antĂ©ro-supĂ©rieure, la perte dâĂ©lĂ©vation active du bras est significativement plus dĂ©ficitaire avec une amplitude infĂ©rieure Ă 90°.Â
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Les tests cliniques ne permettent pas de distinguer une rupture partielle, dâune rupture transfixiante, dâune douleur dâorigine sous-acromiale non-spĂ©cifique. Les lag sign pourraient permettre dâaffiner le diagnostic mais leur ratio de vraisemblance nĂ©gatif (Rv-) nâest pas trĂšs bon ce qui ne permet pas dâexclure une rupture de coiffe. En fait, il est difficile d'exclure ou de confirmer une rupture de la coiffe des rotateurs avec simplement un examen clinique (Dickinson & al. 2023).
Les tests ne se suffisent pas eux-mĂȘmes. Leur utilisation devrait se faire sous forme de cluster dont le rĂ©sultat est Ă mettre en corrĂ©lation avec le contexte et lâanamnĂšse relatĂ©e par le patient. En cas dâĂąge supĂ©rieur Ă 65 ans, de douleur nocturne et dâune faiblesse en rotation externe, il existe une forte suspicion de rupture de tendon de la coiffe des rotateurs le ratio de vraisemblance positive sâĂ©lĂšve Ă 9,84 (RV- = 0,54). Dans un autre cluster ciblant les ruptures transfixiantes proposĂ© par Park et al. (2005), le RV+ sâĂ©lĂšve Ă 28,0 (RV- = 0,09) (Hegedus & al. 2015 ).Â
En cas de doute, il est nĂ©cessaire de confirmer ou dâinfirmer lâhypothĂšse diagnostique retenue en ayant recours Ă une imagerie.
Inhibition neuro-musculaire : Dans certains cas, les symptĂŽmes seront modifiables en rĂ©fĂ©rence aux procĂ©dures de modification de symptĂŽmes initiĂ©es par Lewis, il y a quelques annĂ©es. La mobilisation active du rachis cervical ou bien lâactivation de la coiffe des rotateurs ou encore des muscles scapulaires sont autant dâexemples de paramĂštres pouvant influencer la mobilitĂ© active du bras. Parfois de simples manĆuvres de ârĂ©gressionâ ou de âfacilitationâ permettent le mouvement. Cela peut se faire par lâajout dâun support pour un mouvement de rotation ou dâĂ©lĂ©vation, ou par la rĂ©duction dâun bras de levier.
En cas de difficultĂ©s Ă lever les bras, nous pouvons adopter une stratĂ©gie de ârĂ©gressionâ. En effet, en cas dâincapacitĂ© Ă lever, on peut demander au patient de plier les coudes pour se faire. En cas dâamĂ©lioration incomplĂšte, on peut lui proposer de faire glisser les mains contre un mur. Dans ce cas de figure, on dĂ©leste de maniĂšre artificielle le poids du bras. Ă cette stratĂ©gie, nous pouvons associer Ă©galement lâactivation de certains muscles comme celle des rotateurs externes.
Pour des difficultĂ©s Ă rĂ©aliser un mouvement de rotation (R2), lâajout dâun support afin de diminuer la sollicitation de la coiffe peut ĂȘtre une stratĂ©gie intĂ©ressante.
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De cette rĂ©flexion clinique peut aboutir une premiĂšre base de traitement avec des exercices facilement reproductibles pour le patient.Â
Lâinhibition neuromusculaire peut ĂȘtre un dĂ©ficit pĂ©riphĂ©rique (spinal) ou bien le rĂ©sultat de facteurs centraux (cortical). Est-ce que les inhibitions prĂ©cĂšdent les symptĂŽmes ou est ce quâils en sont la consĂ©quence ? Cela nâest pas Ă©vident (Vila-Dieguez & al. (2023) . En effet, ces dĂ©ficits neuro-musculaires pourraient prĂ©cĂ©der la lĂ©sion en cas de tĂąches rĂ©pĂ©titives (fatigue, surcharge) par exemple. Mais, ils pourraient ĂȘtre une consĂ©quence dâune inflammation (ou gonflement local) induite notamment en cas de traumatisme. Entre l'Ćuf et la poule, difficile de sây retrouver. Mais peu importe car si nous restons pragmatiques, nous savons que câest quelque chose quâil va potentiellement falloir traiter si lâon souhaite aider le patient.Â
En outre, il ne faut pas oublier que ces perturbations neuro-motrices peuvent ĂȘtre le fruit de facteurs psychosociaux sous-jacents. Le simple fait de rĂ©assurer un patient sur lâintĂ©gritĂ© structurelle de ses tendons pourra amener spontanĂ©ment Ă une amĂ©lioration des symptĂŽmes. Chez des patients avec antĂ©cĂ©dent dâinstabilitĂ© glĂ©no-humĂ©rale, lâapprĂ©hension et la kinĂ©siophobie induisent lâactivation de certaines rĂ©gions corticales contrĂŽlant lâanxiĂ©tĂ© et le stress, lâanticipation nĂ©gative de certaine situation, et des comportements moteurs inadaptĂ©s (LĂ€dermann & al. 2018). La rĂ©assurance du patient par la communication et par la rĂ©alisation dâexercices adaptĂ©s est parfois suffisante.Â
Pour terminer cette partie, les questionnaires tels que le Constant ou le Quick DASH (les seuls traduits en français) sont de bons outils de suivi mais n'ont aucune valeur diagnostique.
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IMAGERIE : En premiĂšre intention, surtout en cas de traumatisme, la radio sera indispensable pour Ă©carter toute fracture.Â
Radiologiquement, il est admis quâune distance acromio-humĂ©rale infĂ©rieure Ă 7 mm est prĂ©dictive dâune rupture massive de la coiffe des rotateurs (Kaur & al. 2019) . Cependant, du fait des variations anatomiques et de la dĂ©formation possible de lâexamen radiographique, la notion dâindex de migration supĂ©rieure (Upward Migration Index) est prĂ©fĂ©rĂ©e Ă celle de distance acromio-humĂ©rale (Zhang & al. 2022) . Ainsi, un index infĂ©rieur Ă 1,3 serait prĂ©dictif dâune rupture transfixiante. Toutes les ruptures complĂštes isolĂ©es de la coiffe des rotateurs (mise Ă part celle du petit rond du fait de la raretĂ© de son atteinte isolĂ©e) sont susceptibles de mener Ă une diminution significative de lâespace sous-acromial. Ceci est dâautant plus vrai en cas dâatteinte isolĂ©e ou non impliquant lâinfra-Ă©pineux. (Siow & al. 2021).
Cependant, les auteurs rappellent la nĂ©cessitĂ© de confronter ces rĂ©sultats Ă un examen clinique complet (Zhang & al. 2022) .Â
Pour rappel, selon Loew & al. (2015), la radio ne permet pas de distinguer une rupture dĂ©gĂ©nĂ©rative dâune rupture traumatique. Cette derniĂšre, en fonction de sa taille et du nombre de tendons impliquĂ©s, peut imiter une lĂ©sion dĂ©gĂ©nĂ©rative.
Ces notions radiographiques ne nous intĂ©ressent quâĂ la condition oĂč lâon suspecte en amont une rupture de coiffe des rotateurs. Il ne sâagit que dâun argument/indice en plus dans notre rĂ©flexion. Ceci est dâautant plus vrai que la distance acromio-humĂ©rale nâest pas corrĂ©lĂ©e Ă la fonction ou Ă la douleur du patient (Park & al. 2020).
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LâĂ©chographie, lâIRM ou lâARM sont les examens complĂ©mentaires les plus communs pour le diagnostic dâune rupture de coiffe. Bien que lâARM soit lâexamen avec la plus haute valeur diagnostique (Liu & al. 2020) , lâĂ©chographie est souvent rĂ©alisĂ©e en premiĂšre intention. Son accessibilitĂ©, son moindre coĂ»t, sa technologie non-irradiante et enfin sa fiabilitĂ© Ă©quivalente pour la dĂ©tection dâune rupture de coiffe (Lenza & al. 2013 ; Lafrance & al. 2022) en font un outil de choix. LâĂ©chographie nâen reste pas moins opĂ©rateur-dĂ©pendant avec une faible fiabilitĂ© inter-examinateur (Liu & al. 2020). La courbe dâapprentissage pour une bonne maĂźtrise de cet examen est extrĂȘmement longue.
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RĂORIENTATION : Comme Ă©noncĂ© dans lâintroduction de cette partie, le premier objectif du bilan est de trier : quel patient est Ă©ligible Ă la rĂ©Ă©ducation et quel patient faut-il rĂ©orienter pour imagerie ou avis spĂ©cialisĂ© ?Â
Cette rĂ©orientation se voudra relativement prĂ©coce pour un patient jeune (<65 ans) avec une rupture transfixiante avec historique de traumatisme, en lâabsence dâinfiltrats graisseux Ă lâIRM, et ce dâautant plus si la rupture est massive (Lafrance & al. 2022) .
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RĂFLEXION : Ă partir de quand estimer quâune rupture est symptomatique ? Cela demeure une question compliquĂ©e. Nous savons dĂ©sormais que le critĂšre douleur nâest pas suffisant. Nous savons Ă©galement que le critĂšre fonction est intĂ©ressant mais ne se suffit pas Ă lui-mĂȘme.
25 à 30% des patients opérés récidivent sur le plan structurel sans pour autant avoir de moins bons résultats sur le plan symptomatique (Kuhn & al. 2023) . Aussi, les attentes du patient vis-à -vis du traitement restent un facteur trÚs important à prendre en compte.
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