Spécificité des exercices pour les TMS : Doit-on modifier nos pratiques ?

Masterclass
Publiée le
12/2/2024
Musculo-squelettique
Kinésithérapie
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À propos

Les troubles musculo-squelettiques (TMS) représentent un défi de taille pour les kinésithérapeutes et les professionnels de la santé. Au cœur de cette problématique, émerge une question cruciale : Comment devrions-nous revoir nos approches en matière d'exercices pour le traitement des TMS ? Devrions-nous opter pour des exercices généraux, des exercices de renforcement, ou des exercices de contrôle moteur ? Quels sont les plus efficaces pour réduire la douleur et accroître la capacité des patients ? En d'autres termes, la spécificité est-elle la clé ?

Dans cette masterclass passionnante, François Desmeules, un expert en la matière, partage les résultats des études menées par son équipe. Au fil de cette présentation, vous découvrirez que l'enseignement et les conseils prodigués aux patients jouent un rôle souvent plus prépondérant dans la réduction des symptômes que nous ne le supposions.

Contexte

Dans cette présentation, je vais explorer l'efficacité des exercices dans le traitement des TMS et discuter si nos méthodes doivent évoluer en fonction des dernières recherches. Je tiens à remercier mes collaborateurs, Simon Lafrance, Marc-Olivier Dubé, étudiants au doctorat, et le professeur Jean-Sébastien Roy de l'Université Laval, pour leur contribution à cette recherche. À l'heure actuelle, en 2023, nous disposons de solides preuves et recommandations de diverses sources prônant l'usage des exercices pour atténuer la douleur et les limitations fonctionnelles liées à divers TMS, affectant le dos, les membres supérieurs ou inférieurs. 

Lorsqu'on examine les types d'exercices prescrits par les physiothérapeutes, on peut les classer en trois grandes catégories. Premièrement, il y a les exercices de contrôle moteur, ensuite, nous avons les exercices de renforcement, et finalement, il existe des exercices plus généraux, qui ne sont pas toujours prescrits de manière spécifique mais qui contribuent également à la rééducation.

Exercices de contrôle moteur

Pour cette présentation, définissons précisément les différents types d'exercices. Les exercices de contrôle moteur ciblent spécifiquement les déficiences, mettant l'accent sur le contrôle moteur, la proprioception et la coordination. Bien qu'ils incluent parfois des éléments de résistance, comme soulever des charges, leur but principal est d'améliorer la qualité du mouvement ou l'activation de muscles spécifiques. Ceci englobe les exercices de contrôle neuromusculaire fréquemment utilisés en physiothérapie, les exercices de stabilisation musculaire et les exercices proprioceptifs, qui visent à maîtriser des mouvements ou des schémas biomécaniques précis chez les patients.

Exercices de renforcement

Les exercices de renforcement se concentrent exclusivement sur l'augmentation de la force musculaire et tendineuse sans mettre l'accent sur le contrôle ou la coordination des mouvements. Ils peuvent être de nature concentrique, isométrique ou excentrique, visant à charger progressivement les tendons, les muscles et les tissus adjacents. Ces exercices, couramment utilisés dans la pratique clinique, peuvent être réalisés avec des bandes élastiques, des poids libres, ou simplement en utilisant le poids du corps.

Exercices généraux

Les exercices généraux se caractérisent par leur non-spécificité à une pathologie, déficience ou région corporelle ciblée. Ils englobent des activités comme la marche, le vélo, la natation, ainsi que des pratiques telles que le tai chi, le yoga et le pilates. Ces exercices tirent parti des effets systémiques et globaux bénéfiques de l'activité physique et sont valorisés pour leur accessibilité et la facilité avec laquelle ils peuvent être intégrés de manière régulière dans le quotidien des patients. Ils présentent également l'avantage de susciter un niveau de motivation plus élevé chez certains patients, ce qui en fait une option attrayante et potentiellement plus durable pour l'intégration de l'exercice dans les programmes de réadaptation.

Synthèses des données probantes

Dans cette présentation, l'objectif est d'examiner les preuves scientifiques soutenant l'efficacité de différents types d'exercices pour les patients souffrant de TMS, en se concentrant sur la réduction de la douleur et l'amélioration fonctionnelle. L'analyse débute par une comparaison entre les exercices de contrôle moteur et les exercices de renforcement, en évaluant leur impact sur les conditions lombaires, ainsi que sur les troubles du membre supérieur et inférieur. Ensuite, l'efficacité des exercices spécifiques à une région atteinte est comparée aux bénéfices des exercices généraux, non spécifiques à une pathologie particulière. Cette démarche permet d'identifier les stratégies d'exercice les plus efficaces pour améliorer la condition des patients avec des TMS.

Contrôle moteur : rachis

Concernant l'efficacité des exercices de contrôle moteur pour les atteintes du rachis, des revues systématiques et méta-analyses Cochrane ont été réalisées. La revue de Macedo en 2016, focalisée sur la lombalgie aiguë, a analysé deux essais cliniques randomisés incluant 116 patients. Ces études comparaient le contrôle moteur à d'autres types d'exercices, tels que le renforcement lombo-pelvien ou les exercices de direction préférentielle. Les résultats ont montré qu'il n'y avait pas de différence significative entre les approches en termes de réduction de la douleur et de l'incapacité. Ainsi, bien que les deux types d'exercices se soient révélés efficaces, aucun n'a démontré de supériorité par rapport à l'autre, avec un niveau de preuve considéré comme faible.

Pour la lombalgie chronique, une revue systématique de la collaboration Cochrane réalisée par Saragiotto en 2016 a analysé 16 essais cliniques randomisés. Cette étude se concentrait sur les patients souffrant de douleurs persistantes et comparait les exercices de contrôle moteur à divers autres types d'exercices, incluant des exercices généraux, du renforcement avec étirements, des exercices de direction préférentielle, ou des approches basées sur le "movement system impairment approach". La conclusion de cette analyse a révélé des différences statistiquement significatives en faveur des exercices de contrôle moteur pour la réduction de la douleur et l'amélioration de la capacité fonctionnelle. Cependant, ces différences, bien que significatives sur le plan statistique, étaient considérées comme mineures et pas nécessairement importantes d'un point de vue clinique. En résumé, bien qu'une légère supériorité ait été observée pour les exercices de contrôle moteur, l'impact clinique global n'était pas jugé significatif pour les patients souffrant de lombalgie chronique.

Une revue systématique récente, incluant une méta-analyse publiée dans le Journal of Pain, s'est intéressée à la lombalgie chronique, comparant les exercices de contrôle moteur à d'autres types d'exercices individualisés. Cette étude a révélé des résultats légèrement différents des précédentes, suggérant une supériorité du contrôle moteur sur d'autres approches pour réduire la douleur associée à la lombalgie chronique, avec des différences statistiquement significatives et potentiellement importantes sur le plan clinique, mais uniquement à court terme. En ce qui concerne la réduction des incapacités, aucune différence notable n'a été observée entre les différents types d'exercices examinés.

Contrôle moteur vs renforcement : MS et MI

Les données récentes suggèrent que les exercices de contrôle moteur peuvent être légèrement plus efficaces que les exercices de renforcement pour réduire la douleur à court terme, en particulier pour les troubles du rachis. Toutefois, lorsqu'il s'agit de TMS du membre supérieur et inférieur, les revues systématiques antérieures n'offraient pas de conclusions robustes faute de données consolidées. De nouvelles analyses permettent désormais d'examiner l'efficacité comparative du contrôle moteur par rapport au renforcement pour ces zones spécifiques, ouvrant la voie à une meilleure compréhension de leur impact sur la rééducation musculosquelettique.

Une récente revue systématique avec méta-analyse publiée dans "Physical Therapy and Rehabilitation" par mon équipe apporte des résultats actualisés sur l'efficacité comparative des exercices de contrôle moteur et de renforcement pour le traitement des TMS. Cette étude fournit des éclairages importants sur les approches de rééducation les plus bénéfiques pour les patients souffrant de ces affections.

Dans cette étude, nous avons évalué l'efficacité des exercices de contrôle moteur par rapport aux exercices de renforcement pour divers TMS affectant à la fois le membre supérieur et le membre inférieur. Avec un total de 21 essais cliniques randomisés incluant 1244 patients, nous avons exploré les impacts sur des conditions telles que les atteintes de la coiffe des rotateurs, l'instabilité gléno-humérale, l'arthrose du pouce, l'arthrose du genou, le syndrome fémoro-patellaire et les douleurs à la hanche. Les interventions de contrôle moteur comprenaient des programmes axés sur le contrôle neuromusculaire, la proprioception, la coordination et l'équilibre. Ces derniers étaient comparés à des programmes d'exercices centrés sur le renforcement musculaire pour évaluer leur impact sur la réduction de la douleur et des incapacités.

Nous avons inclus 21 études dans notre analyse, englobant 1244 patients, et avons constaté que la majorité des études présentaient un niveau de qualité méthodologique modéré à élevé. Seulement 5 études avaient une qualité méthodologique considérée comme faible.

Les résultats indiquent qu'à court terme, pour 626 patients à partir de 11 essais cliniques randomisés (ECR), la réduction moyenne de la douleur, mesurée sur une échelle visuelle analogue de 10, était de 2,76 pour les exercices de renforcement et de 3,20 pour les exercices de contrôle moteur. La différence entre les deux, de 0,41, était statistiquement significative en faveur du contrôle moteur, mais cette différence n'est pas jugée cliniquement significative. Aucune différence significative n'a été observée à moyen terme entre les deux approches.

Cependant, en excluant les études portant sur les patients souffrant d'arthrose, les résultats montrent une réduction de la douleur plus importante pour le contrôle moteur comparé au renforcement, avec une différence de 0,74, ce qui pourrait être cliniquement significatif pour les conditions excluant l'arthrose. Cette analyse révèle un léger avantage pour le contrôle moteur dans ces conditions spécifiques, avec un niveau de certitude modéré.

Pour l'arthrose du genou spécifiquement, aucune différence significative n'a été trouvée entre les deux approches, suggérant que les deux sont utiles cliniquement pour la réduction de la douleur à court terme. À moyen terme, aucune différence significative n'a été observée pour la réduction de la douleur entre les exercices de contrôle moteur et de renforcement.

Concernant la fonction et la réduction de l'incapacité, les données indiquent des résultats similaires à ceux observés pour la douleur. À court terme, une réduction moyenne normalisée de l'effet de 0,28 a été observée, indiquant une réduction statistiquement significative de l'incapacité, bien que la magnitude de cet effet soit considérée comme petite et non cliniquement importante. Aucune différence significative n'a été constatée à moyen terme entre les exercices de contrôle moteur et de renforcement en termes de réduction de l'incapacité.

Toutefois, en excluant les études portant sur des patients souffrant d'arthrose, un effet de traitement plus marqué a été observé, avec une différence moyenne normalisée (SMD) de 0,40, suggérant une réduction cliniquement importante de l'incapacité pour les conditions non arthrosiques. Cette constatation indique que, bien que les deux approches soient efficaces pour réduire l'incapacité, les exercices de contrôle moteur pourraient avoir un avantage cliniquement significatif dans les conditions non arthrosiques. À moyen terme, les deux types d'exercices se sont avérés efficaces sans différence notable entre eux.

Le niveau de preuve pour ces conclusions est considéré comme modéré, soulignant l'efficacité des deux approches pour la réduction de l'incapacité, particulièrement dans le contexte de conditions non arthrosiques où le contrôle moteur peut offrir un bénéfice légèrement supérieur.

En conclusion, lors de la comparaison entre les exercices de contrôle moteur et de renforcement, il apparaît que le contrôle moteur peut offrir des avantages supplémentaires en termes de réduction de la douleur et de l'incapacité à court terme. Ces bénéfices peuvent être considérés comme cliniquement significatifs pour les conditions qui excluent l'arthrose. Cette observation souligne l'importance de sélectionner des approches de rééducation spécifiques en fonction de la condition du patient, en particulier pour ceux qui ne sont pas affectés par l'arthrose, où le contrôle moteur pourrait fournir des améliorations notables à court terme.

Exercices spécifiques VS exercices généraux

L'équipe de recherche s'est intéressée à l'efficacité comparée d'exercices spécifiques, tels que le contrôle moteur ou le renforcement, face à des exercices généraux pour les patients souffrant de TMS. Cette interrogation a conduit à la publication d'une revue systématique accompagnée d'une méta-analyse visant à évaluer si les exercices ciblés offrent une meilleure efficacité en termes de réduction de la douleur et des incapacités que des exercices plus généraux. Les résultats de cette analyse pourraient influencer les recommandations pratiques concernant les prescriptions d'exercices dans le traitement des douleurs musculosquelettiques.

Dans cette étude approfondie, l'équipe de recherche a analysé 18 essais cliniques randomisés englobant 1719 participants, majoritairement atteints de lombalgie chronique, cervicalgie ou arthrose du genou, avec des symptômes persistants au-delà de 12 semaines. L'étude visait à comparer l'efficacité de programmes spécifiques de renforcement ou de contrôle moteur, incluant la proprioception et les exercices de direction préférentielle, face à des exercices généraux tels que le yoga, la marche, le vélo, le tai-chi, le pilates, et le Qigong. L'objectif était de déterminer quelle approche était la plus efficace pour réduire la douleur et l'incapacité chez les patients souffrant de douleurs musculosquelettiques chroniques.

Dans cette méta-analyse, 18 essais cliniques randomisés (ECR) ont été inclus, la majorité étant de qualité modérée, avec seulement un jugé de qualité inférieure. Cette analyse a pour but d'évaluer l'efficacité des approches thérapeutiques pour les TMS, sans inclure d'essais de haute qualité.

Lorsqu'on compare l'efficacité des exercices spécifiques et des exercices généraux pour la réduction de la douleur à court terme chez les patients souffrant de TMS, on observe une légère amélioration de la douleur pour les exercices spécifiques (1,55 sur 10) par rapport aux exercices généraux (1,36 sur 10), avec une différence moyenne de 0,47 sur 10. Cette différence n'est cependant pas statistiquement significative, suggérant une équivalence entre les deux types d'approches en termes de réduction de la douleur à court, moyen et long terme. De même, aucune différence significative n'a été trouvée entre les deux approches pour la réduction des incapacités à tout terme. Les résultats indiquent donc que les exercices spécifiques et les exercices généraux peuvent être considérés comme équivalents pour ces patients, bien que l'incertitude demeure en raison de la qualité modérée des études incluses. Des recherches supplémentaires pourraient potentiellement modifier ces conclusions.

Les résultats de l'étude révélant l'équivalence entre exercices spécifiques et exercices généraux pour traiter les TMS, notamment la lombalgie et la cervicalgie chroniques, ont été surprenants. Traditionnellement, on pourrait s'attendre à ce que les exercices ciblés offrent de meilleurs résultats. Cependant, les données actuelles suggèrent que les deux méthodes sont comparables en efficacité, bien que la qualité des preuves soit modérée. Cette constatation souligne l'importance de ne pas sous-estimer le potentiel des exercices généraux dans la gestion de conditions chroniques, tout en reconnaissant la nécessité de recherches supplémentaires pour affiner les recommandations de traitement.

Mécanismes derrière l'efficacité des exercices

L'effet transversal des différents types d'exercices, qu'ils soient spécifiques comme le contrôle moteur ou le renforcement, sur l'amélioration des conditions musculosquelettiques s'explique par les multiples bénéfices que l'exercice apporte à plusieurs niveaux. Bien que les approches spécifiques visent à améliorer des aspects biomécaniques précis, comme la coordination musculaire, il est noté que les programmes de contrôle moteur, légèrement plus efficaces selon certaines études, tendent à être progressifs et à éviter la douleur. Par exemple, dans le cas de la tendinopathie de la coiffe des rotateurs ou du syndrome fémoro-patellaire, on incite les patients à effectuer des mouvements dans des amplitudes non douloureuses. Cependant, il est crucial de reconnaître que les améliorations observées chez les patients ne découlent pas uniquement de la restauration de la force ou du contrôle moteur. Les études montrent des corrélations faibles entre l'amélioration des performances physiques et les résultats cliniques, suggérant que les bénéfices de l'exercice ne se limitent pas à ces aspects biomécaniques.

Lorsque l'on discute des bénéfices des exercices physiques, il est essentiel de reconnaître qu'ils vont bien au-delà des seuls effets biomécaniques. Les exercices induisent également des effets neurophysiologiques et psychologiques significatifs, contribuant à la réduction de la douleur et de l'incapacité chez les patients. Parmi ces effets, on note la libération d'endorphines, substances naturelles liées au bien-être et à la diminution de la douleur, ainsi que la réduction de la kinésophobie, c'est-à-dire la peur du mouvement qui peut aggraver ou maintenir les symptômes de douleur. Ces avantages sont observables à travers différents types d'exercices, soulignant l'importance d'intégrer l'activité physique dans le traitement des TMS.

En plus des effets neurophysiologiques et psychologiques bénéfiques des exercices, d'autres facteurs cruciaux doivent être pris en compte pour optimiser le traitement des TMS. Les interactions sociales, par exemple, jouent un rôle significatif dans le succès des programmes d'exercices. Les exercices réalisés en groupe peuvent offrir des avantages supplémentaires par rapport aux séances individuelles, grâce au soutien social et à la motivation accrue qu'ils procurent. De même, l'alliance thérapeutique, qui correspond à la relation de collaboration entre le patient et le thérapeute, est essentielle pour répondre aux attentes du patient et influencer positivement les résultats.

De plus, l'efficacité des exercices peut varier considérablement en fonction du profil du patient. Pour les individus très actifs ou les athlètes, les bénéfices des exercices pourraient différer de ceux observés chez les personnes sédentaires. Ainsi, personnaliser le type et l'intensité des exercices en fonction de l'activité et des besoins spécifiques de chaque patient peut significativement améliorer l'efficacité du traitement. Reconnaître ces divers facteurs et les intégrer dans la prescription d'exercices est fondamental pour une prise en charge plus efficace et personnalisée des TMS.

L'effet de l'enseignement et des conseils

Dans cette étude portant sur des coureurs souffrant de douleur fémoro-patellaire, l'effet de l'enseignement et des conseils a été isolé pour évaluer leur impact direct sur la gestion de la douleur et de l'incapacité. L'étude a divisé les participants en trois groupes : le premier groupe a reçu uniquement des conseils de base sur la gestion de la charge et l'amélioration de la technique de course ; le deuxième groupe a bénéficié de ces conseils plus un programme d'exercices ciblant le contrôle moteur et le renforcement musculaire ; et le troisième groupe a reçu les mêmes conseils accompagnés d'une rééducation spécifique visant à modifier le patron de course des coureurs. Cette approche a permis d'évaluer l'efficacité de l'enseignement et des conseils en tant qu'intervention isolée par rapport à leur combinaison avec des exercices ou une rééducation du style de course, offrant ainsi une perspective précieuse sur l'importance de l'éducation du patient dans la prise en charge des TMS.

Dans cette étude, les participants ont été divisés en trois groupes pour évaluer l'impact de différents types d'interventions sur la douleur fémoro-patellaire et la fonction chez des coureurs. Les résultats ont montré une amélioration significative et cliniquement pertinente de la fonction et de la douleur dans tous les trois groupes, sans différence notable entre eux. Cela indique que l'enseignement et les conseils de base, les exercices de contrôle moteur et de renforcement, ainsi que la rééducation spécifique du patron de course ont tous contribué de manière similaire à la réduction de la douleur et à l'amélioration de la fonction chez les participants. Les graphiques de l'étude illustrent que les courbes représentant la réduction de la douleur et de l'incapacité se chevauchent, suggérant que ces différentes interventions offrent des bénéfices comparables.

Les conclusions de cette étude indiquent qu'il n'y avait pas d'avantages additionnels à combiner un programme d'exercices ou une correction du patron de course à des conseils éducatifs seuls. L'enseignement thérapeutique, par lui-même, a permis une réduction significative et cliniquement importante de la douleur et de l'incapacité chez les coureurs souffrant de douleur fémoro-patellaire. Cela suggère que l'éducation thérapeutique joue un rôle crucial dans la gestion de la douleur et peut être un élément efficace de traitement par elle-même, sans nécessité d'ajouter des interventions plus complexes ou spécifiques.

Dans cette étude, récemment publiée dans le British Journal of Sports Medicine par notre équipe, l'objectif était d'évaluer l'effet isolé de l'éducation par rapport à un programme de contrôle moteur et à un programme de renforcement.

Dans cette étude, tous les participants ont reçu de l'éducation initiale. Ensuite, il y avait deux groupes supplémentaires: l'un recevait un programme de contrôle moteur et l'autre un programme d'exercices de renforcement sur plusieurs semaines. Les résultats, mesurés par le QuickDASH et le WORC (indicateurs de douleur et d'incapacité à l'épaule), ont montré que sur une période de 24 semaines, les trois groupes ont progressé de manière similaire. Ainsi, l'éducation seule s'est avérée aussi efficace que les programmes de contrôle moteur et de renforcement, avec un léger avantage pour le contrôle moteur qui était à la limite de l'importance clinique.

Dans cette étude portant sur des patients souffrant de tendinopathies de la coiffe des rotateurs, l'ajout d'un programme de contrôle moteur et d'exercices à un programme d'éducation n'a pas montré de bénéfices supplémentaires en termes de résolution des symptômes ou d'amélioration fonctionnelle. Cette conclusion souligne l'importance d'un programme d'enseignement et de conseils bien structurés pour les patients avec des TMS. Cela ne signifie pas qu'il ne faut plus prescrire d'exercices, mais plutôt qu'il est crucial de bien intégrer l'enseignement et les conseils dans la prise en charge, en complément de programmes d'exercices spécifiques.

Autres interrogations

Dans cette revue de la littérature sur les exercices pour les TMS, l'orateur met en lumière le manque de réponses claires concernant la manière la plus efficace de prescrire des exercices pour ces patients. Plusieurs facteurs tels que l'âge, la durée des symptômes, et les attentes des patients jouent un rôle significatif dans l'efficacité des programmes d'exercices. Il reste encore à déterminer si certaines sous-populations de patients bénéficient davantage de types spécifiques d'exercices. De plus, la progression des programmes d'exercices et la manière de gérer la douleur pendant ces exercices restent des sujets ouverts à débat. La question de si les patients peuvent ou doivent ressentir une certaine douleur pendant les exercices n'est pas encore résolue, soulignant la nécessité de poursuivre la recherche pour optimiser les recommandations d'exercices pour cette population.

Indications cliniques et conclusions

Pour conclure, la littérature confirme l'efficacité des trois types d'exercices - contrôle moteur, renforcement, et généraux - dans la gestion des TMS, avec des effets allant de modérés à petits. Le contrôle moteur pourrait être privilégié dans certains cas grâce à ses bénéfices légèrement supérieurs et son niveau de preuve croissant. Pour les populations chroniques, un programme d'exercice général peut suffire, soulignant l'importance de l'accessibilité et de la simplicité dans les soins de santé musculosquelettique. La prise en charge doit être centrée sur le patient, en tenant compte de ses attentes et préférences, et pourrait débuter par une approche éducative simple, suivie d'exercices généraux, avant de recourir à des soins plus spécialisés si nécessaire. Cette stratégie vise à optimiser l'efficacité des soins, en commençant par des interventions moins coûteuses et moins contraignantes, et en réservant les approches plus intensives et spécifiques aux cas où elles sont vraiment nécessaires. La clé de la prise en charge reste l'éducation et les exercices, soutenus par la littérature, bien que d'autres techniques puissent être ajoutées en complément. Les exercices se révèlent efficaces pour réduire la douleur et l'incapacité, soulignant l'importance d'une prescription d'exercice réfléchie et adaptée aux besoins individuels.

Les troubles musculo-squelettiques (TMS) représentent un défi de taille pour les kinésithérapeutes et les professionnels de la santé. Au cœur de cette problématique, émerge une question cruciale : Comment devrions-nous revoir nos approches en matière d'exercices pour le traitement des TMS ? Devrions-nous opter pour des exercices généraux, des exercices de renforcement, ou des exercices de contrôle moteur ? Quels sont les plus efficaces pour réduire la douleur et accroître la capacité des patients ? En d'autres termes, la spécificité est-elle la clé ?

Dans cette masterclass passionnante, François Desmeules, un expert en la matière, partage les résultats des études menées par son équipe. Au fil de cette présentation, vous découvrirez que l'enseignement et les conseils prodigués aux patients jouent un rôle souvent plus prépondérant dans la réduction des symptômes que nous ne le supposions.

Contexte

Dans cette présentation, je vais explorer l'efficacité des exercices dans le traitement des TMS et discuter si nos méthodes doivent évoluer en fonction des dernières recherches. Je tiens à remercier mes collaborateurs, Simon Lafrance, Marc-Olivier Dubé, étudiants au doctorat, et le professeur Jean-Sébastien Roy de l'Université Laval, pour leur contribution à cette recherche. À l'heure actuelle, en 2023, nous disposons de solides preuves et recommandations de diverses sources prônant l'usage des exercices pour atténuer la douleur et les limitations fonctionnelles liées à divers TMS, affectant le dos, les membres supérieurs ou inférieurs. 

Lorsqu'on examine les types d'exercices prescrits par les physiothérapeutes, on peut les classer en trois grandes catégories. Premièrement, il y a les exercices de contrôle moteur, ensuite, nous avons les exercices de renforcement, et finalement, il existe des exercices plus généraux, qui ne sont pas toujours prescrits de manière spécifique mais qui contribuent également à la rééducation.

Exercices de contrôle moteur

Pour cette présentation, définissons précisément les différents types d'exercices. Les exercices de contrôle moteur ciblent spécifiquement les déficiences, mettant l'accent sur le contrôle moteur, la proprioception et la coordination. Bien qu'ils incluent parfois des éléments de résistance, comme soulever des charges, leur but principal est d'améliorer la qualité du mouvement ou l'activation de muscles spécifiques. Ceci englobe les exercices de contrôle neuromusculaire fréquemment utilisés en physiothérapie, les exercices de stabilisation musculaire et les exercices proprioceptifs, qui visent à maîtriser des mouvements ou des schémas biomécaniques précis chez les patients.

Exercices de renforcement

Les exercices de renforcement se concentrent exclusivement sur l'augmentation de la force musculaire et tendineuse sans mettre l'accent sur le contrôle ou la coordination des mouvements. Ils peuvent être de nature concentrique, isométrique ou excentrique, visant à charger progressivement les tendons, les muscles et les tissus adjacents. Ces exercices, couramment utilisés dans la pratique clinique, peuvent être réalisés avec des bandes élastiques, des poids libres, ou simplement en utilisant le poids du corps.

Exercices généraux

Les exercices généraux se caractérisent par leur non-spécificité à une pathologie, déficience ou région corporelle ciblée. Ils englobent des activités comme la marche, le vélo, la natation, ainsi que des pratiques telles que le tai chi, le yoga et le pilates. Ces exercices tirent parti des effets systémiques et globaux bénéfiques de l'activité physique et sont valorisés pour leur accessibilité et la facilité avec laquelle ils peuvent être intégrés de manière régulière dans le quotidien des patients. Ils présentent également l'avantage de susciter un niveau de motivation plus élevé chez certains patients, ce qui en fait une option attrayante et potentiellement plus durable pour l'intégration de l'exercice dans les programmes de réadaptation.

Synthèses des données probantes

Dans cette présentation, l'objectif est d'examiner les preuves scientifiques soutenant l'efficacité de différents types d'exercices pour les patients souffrant de TMS, en se concentrant sur la réduction de la douleur et l'amélioration fonctionnelle. L'analyse débute par une comparaison entre les exercices de contrôle moteur et les exercices de renforcement, en évaluant leur impact sur les conditions lombaires, ainsi que sur les troubles du membre supérieur et inférieur. Ensuite, l'efficacité des exercices spécifiques à une région atteinte est comparée aux bénéfices des exercices généraux, non spécifiques à une pathologie particulière. Cette démarche permet d'identifier les stratégies d'exercice les plus efficaces pour améliorer la condition des patients avec des TMS.

Contrôle moteur : rachis

Concernant l'efficacité des exercices de contrôle moteur pour les atteintes du rachis, des revues systématiques et méta-analyses Cochrane ont été réalisées. La revue de Macedo en 2016, focalisée sur la lombalgie aiguë, a analysé deux essais cliniques randomisés incluant 116 patients. Ces études comparaient le contrôle moteur à d'autres types d'exercices, tels que le renforcement lombo-pelvien ou les exercices de direction préférentielle. Les résultats ont montré qu'il n'y avait pas de différence significative entre les approches en termes de réduction de la douleur et de l'incapacité. Ainsi, bien que les deux types d'exercices se soient révélés efficaces, aucun n'a démontré de supériorité par rapport à l'autre, avec un niveau de preuve considéré comme faible.

Pour la lombalgie chronique, une revue systématique de la collaboration Cochrane réalisée par Saragiotto en 2016 a analysé 16 essais cliniques randomisés. Cette étude se concentrait sur les patients souffrant de douleurs persistantes et comparait les exercices de contrôle moteur à divers autres types d'exercices, incluant des exercices généraux, du renforcement avec étirements, des exercices de direction préférentielle, ou des approches basées sur le "movement system impairment approach". La conclusion de cette analyse a révélé des différences statistiquement significatives en faveur des exercices de contrôle moteur pour la réduction de la douleur et l'amélioration de la capacité fonctionnelle. Cependant, ces différences, bien que significatives sur le plan statistique, étaient considérées comme mineures et pas nécessairement importantes d'un point de vue clinique. En résumé, bien qu'une légère supériorité ait été observée pour les exercices de contrôle moteur, l'impact clinique global n'était pas jugé significatif pour les patients souffrant de lombalgie chronique.

Une revue systématique récente, incluant une méta-analyse publiée dans le Journal of Pain, s'est intéressée à la lombalgie chronique, comparant les exercices de contrôle moteur à d'autres types d'exercices individualisés. Cette étude a révélé des résultats légèrement différents des précédentes, suggérant une supériorité du contrôle moteur sur d'autres approches pour réduire la douleur associée à la lombalgie chronique, avec des différences statistiquement significatives et potentiellement importantes sur le plan clinique, mais uniquement à court terme. En ce qui concerne la réduction des incapacités, aucune différence notable n'a été observée entre les différents types d'exercices examinés.

Contrôle moteur vs renforcement : MS et MI

Les données récentes suggèrent que les exercices de contrôle moteur peuvent être légèrement plus efficaces que les exercices de renforcement pour réduire la douleur à court terme, en particulier pour les troubles du rachis. Toutefois, lorsqu'il s'agit de TMS du membre supérieur et inférieur, les revues systématiques antérieures n'offraient pas de conclusions robustes faute de données consolidées. De nouvelles analyses permettent désormais d'examiner l'efficacité comparative du contrôle moteur par rapport au renforcement pour ces zones spécifiques, ouvrant la voie à une meilleure compréhension de leur impact sur la rééducation musculosquelettique.

Une récente revue systématique avec méta-analyse publiée dans "Physical Therapy and Rehabilitation" par mon équipe apporte des résultats actualisés sur l'efficacité comparative des exercices de contrôle moteur et de renforcement pour le traitement des TMS. Cette étude fournit des éclairages importants sur les approches de rééducation les plus bénéfiques pour les patients souffrant de ces affections.

Dans cette étude, nous avons évalué l'efficacité des exercices de contrôle moteur par rapport aux exercices de renforcement pour divers TMS affectant à la fois le membre supérieur et le membre inférieur. Avec un total de 21 essais cliniques randomisés incluant 1244 patients, nous avons exploré les impacts sur des conditions telles que les atteintes de la coiffe des rotateurs, l'instabilité gléno-humérale, l'arthrose du pouce, l'arthrose du genou, le syndrome fémoro-patellaire et les douleurs à la hanche. Les interventions de contrôle moteur comprenaient des programmes axés sur le contrôle neuromusculaire, la proprioception, la coordination et l'équilibre. Ces derniers étaient comparés à des programmes d'exercices centrés sur le renforcement musculaire pour évaluer leur impact sur la réduction de la douleur et des incapacités.

Nous avons inclus 21 études dans notre analyse, englobant 1244 patients, et avons constaté que la majorité des études présentaient un niveau de qualité méthodologique modéré à élevé. Seulement 5 études avaient une qualité méthodologique considérée comme faible.

Les résultats indiquent qu'à court terme, pour 626 patients à partir de 11 essais cliniques randomisés (ECR), la réduction moyenne de la douleur, mesurée sur une échelle visuelle analogue de 10, était de 2,76 pour les exercices de renforcement et de 3,20 pour les exercices de contrôle moteur. La différence entre les deux, de 0,41, était statistiquement significative en faveur du contrôle moteur, mais cette différence n'est pas jugée cliniquement significative. Aucune différence significative n'a été observée à moyen terme entre les deux approches.

Cependant, en excluant les études portant sur les patients souffrant d'arthrose, les résultats montrent une réduction de la douleur plus importante pour le contrôle moteur comparé au renforcement, avec une différence de 0,74, ce qui pourrait être cliniquement significatif pour les conditions excluant l'arthrose. Cette analyse révèle un léger avantage pour le contrôle moteur dans ces conditions spécifiques, avec un niveau de certitude modéré.

Pour l'arthrose du genou spécifiquement, aucune différence significative n'a été trouvée entre les deux approches, suggérant que les deux sont utiles cliniquement pour la réduction de la douleur à court terme. À moyen terme, aucune différence significative n'a été observée pour la réduction de la douleur entre les exercices de contrôle moteur et de renforcement.

Concernant la fonction et la réduction de l'incapacité, les données indiquent des résultats similaires à ceux observés pour la douleur. À court terme, une réduction moyenne normalisée de l'effet de 0,28 a été observée, indiquant une réduction statistiquement significative de l'incapacité, bien que la magnitude de cet effet soit considérée comme petite et non cliniquement importante. Aucune différence significative n'a été constatée à moyen terme entre les exercices de contrôle moteur et de renforcement en termes de réduction de l'incapacité.

Toutefois, en excluant les études portant sur des patients souffrant d'arthrose, un effet de traitement plus marqué a été observé, avec une différence moyenne normalisée (SMD) de 0,40, suggérant une réduction cliniquement importante de l'incapacité pour les conditions non arthrosiques. Cette constatation indique que, bien que les deux approches soient efficaces pour réduire l'incapacité, les exercices de contrôle moteur pourraient avoir un avantage cliniquement significatif dans les conditions non arthrosiques. À moyen terme, les deux types d'exercices se sont avérés efficaces sans différence notable entre eux.

Le niveau de preuve pour ces conclusions est considéré comme modéré, soulignant l'efficacité des deux approches pour la réduction de l'incapacité, particulièrement dans le contexte de conditions non arthrosiques où le contrôle moteur peut offrir un bénéfice légèrement supérieur.

En conclusion, lors de la comparaison entre les exercices de contrôle moteur et de renforcement, il apparaît que le contrôle moteur peut offrir des avantages supplémentaires en termes de réduction de la douleur et de l'incapacité à court terme. Ces bénéfices peuvent être considérés comme cliniquement significatifs pour les conditions qui excluent l'arthrose. Cette observation souligne l'importance de sélectionner des approches de rééducation spécifiques en fonction de la condition du patient, en particulier pour ceux qui ne sont pas affectés par l'arthrose, où le contrôle moteur pourrait fournir des améliorations notables à court terme.

Exercices spécifiques VS exercices généraux

L'équipe de recherche s'est intéressée à l'efficacité comparée d'exercices spécifiques, tels que le contrôle moteur ou le renforcement, face à des exercices généraux pour les patients souffrant de TMS. Cette interrogation a conduit à la publication d'une revue systématique accompagnée d'une méta-analyse visant à évaluer si les exercices ciblés offrent une meilleure efficacité en termes de réduction de la douleur et des incapacités que des exercices plus généraux. Les résultats de cette analyse pourraient influencer les recommandations pratiques concernant les prescriptions d'exercices dans le traitement des douleurs musculosquelettiques.

Dans cette étude approfondie, l'équipe de recherche a analysé 18 essais cliniques randomisés englobant 1719 participants, majoritairement atteints de lombalgie chronique, cervicalgie ou arthrose du genou, avec des symptômes persistants au-delà de 12 semaines. L'étude visait à comparer l'efficacité de programmes spécifiques de renforcement ou de contrôle moteur, incluant la proprioception et les exercices de direction préférentielle, face à des exercices généraux tels que le yoga, la marche, le vélo, le tai-chi, le pilates, et le Qigong. L'objectif était de déterminer quelle approche était la plus efficace pour réduire la douleur et l'incapacité chez les patients souffrant de douleurs musculosquelettiques chroniques.

Dans cette méta-analyse, 18 essais cliniques randomisés (ECR) ont été inclus, la majorité étant de qualité modérée, avec seulement un jugé de qualité inférieure. Cette analyse a pour but d'évaluer l'efficacité des approches thérapeutiques pour les TMS, sans inclure d'essais de haute qualité.

Lorsqu'on compare l'efficacité des exercices spécifiques et des exercices généraux pour la réduction de la douleur à court terme chez les patients souffrant de TMS, on observe une légère amélioration de la douleur pour les exercices spécifiques (1,55 sur 10) par rapport aux exercices généraux (1,36 sur 10), avec une différence moyenne de 0,47 sur 10. Cette différence n'est cependant pas statistiquement significative, suggérant une équivalence entre les deux types d'approches en termes de réduction de la douleur à court, moyen et long terme. De même, aucune différence significative n'a été trouvée entre les deux approches pour la réduction des incapacités à tout terme. Les résultats indiquent donc que les exercices spécifiques et les exercices généraux peuvent être considérés comme équivalents pour ces patients, bien que l'incertitude demeure en raison de la qualité modérée des études incluses. Des recherches supplémentaires pourraient potentiellement modifier ces conclusions.

Les résultats de l'étude révélant l'équivalence entre exercices spécifiques et exercices généraux pour traiter les TMS, notamment la lombalgie et la cervicalgie chroniques, ont été surprenants. Traditionnellement, on pourrait s'attendre à ce que les exercices ciblés offrent de meilleurs résultats. Cependant, les données actuelles suggèrent que les deux méthodes sont comparables en efficacité, bien que la qualité des preuves soit modérée. Cette constatation souligne l'importance de ne pas sous-estimer le potentiel des exercices généraux dans la gestion de conditions chroniques, tout en reconnaissant la nécessité de recherches supplémentaires pour affiner les recommandations de traitement.

Mécanismes derrière l'efficacité des exercices

L'effet transversal des différents types d'exercices, qu'ils soient spécifiques comme le contrôle moteur ou le renforcement, sur l'amélioration des conditions musculosquelettiques s'explique par les multiples bénéfices que l'exercice apporte à plusieurs niveaux. Bien que les approches spécifiques visent à améliorer des aspects biomécaniques précis, comme la coordination musculaire, il est noté que les programmes de contrôle moteur, légèrement plus efficaces selon certaines études, tendent à être progressifs et à éviter la douleur. Par exemple, dans le cas de la tendinopathie de la coiffe des rotateurs ou du syndrome fémoro-patellaire, on incite les patients à effectuer des mouvements dans des amplitudes non douloureuses. Cependant, il est crucial de reconnaître que les améliorations observées chez les patients ne découlent pas uniquement de la restauration de la force ou du contrôle moteur. Les études montrent des corrélations faibles entre l'amélioration des performances physiques et les résultats cliniques, suggérant que les bénéfices de l'exercice ne se limitent pas à ces aspects biomécaniques.

Lorsque l'on discute des bénéfices des exercices physiques, il est essentiel de reconnaître qu'ils vont bien au-delà des seuls effets biomécaniques. Les exercices induisent également des effets neurophysiologiques et psychologiques significatifs, contribuant à la réduction de la douleur et de l'incapacité chez les patients. Parmi ces effets, on note la libération d'endorphines, substances naturelles liées au bien-être et à la diminution de la douleur, ainsi que la réduction de la kinésophobie, c'est-à-dire la peur du mouvement qui peut aggraver ou maintenir les symptômes de douleur. Ces avantages sont observables à travers différents types d'exercices, soulignant l'importance d'intégrer l'activité physique dans le traitement des TMS.

En plus des effets neurophysiologiques et psychologiques bénéfiques des exercices, d'autres facteurs cruciaux doivent être pris en compte pour optimiser le traitement des TMS. Les interactions sociales, par exemple, jouent un rôle significatif dans le succès des programmes d'exercices. Les exercices réalisés en groupe peuvent offrir des avantages supplémentaires par rapport aux séances individuelles, grâce au soutien social et à la motivation accrue qu'ils procurent. De même, l'alliance thérapeutique, qui correspond à la relation de collaboration entre le patient et le thérapeute, est essentielle pour répondre aux attentes du patient et influencer positivement les résultats.

De plus, l'efficacité des exercices peut varier considérablement en fonction du profil du patient. Pour les individus très actifs ou les athlètes, les bénéfices des exercices pourraient différer de ceux observés chez les personnes sédentaires. Ainsi, personnaliser le type et l'intensité des exercices en fonction de l'activité et des besoins spécifiques de chaque patient peut significativement améliorer l'efficacité du traitement. Reconnaître ces divers facteurs et les intégrer dans la prescription d'exercices est fondamental pour une prise en charge plus efficace et personnalisée des TMS.

L'effet de l'enseignement et des conseils

Dans cette étude portant sur des coureurs souffrant de douleur fémoro-patellaire, l'effet de l'enseignement et des conseils a été isolé pour évaluer leur impact direct sur la gestion de la douleur et de l'incapacité. L'étude a divisé les participants en trois groupes : le premier groupe a reçu uniquement des conseils de base sur la gestion de la charge et l'amélioration de la technique de course ; le deuxième groupe a bénéficié de ces conseils plus un programme d'exercices ciblant le contrôle moteur et le renforcement musculaire ; et le troisième groupe a reçu les mêmes conseils accompagnés d'une rééducation spécifique visant à modifier le patron de course des coureurs. Cette approche a permis d'évaluer l'efficacité de l'enseignement et des conseils en tant qu'intervention isolée par rapport à leur combinaison avec des exercices ou une rééducation du style de course, offrant ainsi une perspective précieuse sur l'importance de l'éducation du patient dans la prise en charge des TMS.

Dans cette étude, les participants ont été divisés en trois groupes pour évaluer l'impact de différents types d'interventions sur la douleur fémoro-patellaire et la fonction chez des coureurs. Les résultats ont montré une amélioration significative et cliniquement pertinente de la fonction et de la douleur dans tous les trois groupes, sans différence notable entre eux. Cela indique que l'enseignement et les conseils de base, les exercices de contrôle moteur et de renforcement, ainsi que la rééducation spécifique du patron de course ont tous contribué de manière similaire à la réduction de la douleur et à l'amélioration de la fonction chez les participants. Les graphiques de l'étude illustrent que les courbes représentant la réduction de la douleur et de l'incapacité se chevauchent, suggérant que ces différentes interventions offrent des bénéfices comparables.

Les conclusions de cette étude indiquent qu'il n'y avait pas d'avantages additionnels à combiner un programme d'exercices ou une correction du patron de course à des conseils éducatifs seuls. L'enseignement thérapeutique, par lui-même, a permis une réduction significative et cliniquement importante de la douleur et de l'incapacité chez les coureurs souffrant de douleur fémoro-patellaire. Cela suggère que l'éducation thérapeutique joue un rôle crucial dans la gestion de la douleur et peut être un élément efficace de traitement par elle-même, sans nécessité d'ajouter des interventions plus complexes ou spécifiques.

Dans cette étude, récemment publiée dans le British Journal of Sports Medicine par notre équipe, l'objectif était d'évaluer l'effet isolé de l'éducation par rapport à un programme de contrôle moteur et à un programme de renforcement.

Dans cette étude, tous les participants ont reçu de l'éducation initiale. Ensuite, il y avait deux groupes supplémentaires: l'un recevait un programme de contrôle moteur et l'autre un programme d'exercices de renforcement sur plusieurs semaines. Les résultats, mesurés par le QuickDASH et le WORC (indicateurs de douleur et d'incapacité à l'épaule), ont montré que sur une période de 24 semaines, les trois groupes ont progressé de manière similaire. Ainsi, l'éducation seule s'est avérée aussi efficace que les programmes de contrôle moteur et de renforcement, avec un léger avantage pour le contrôle moteur qui était à la limite de l'importance clinique.

Dans cette étude portant sur des patients souffrant de tendinopathies de la coiffe des rotateurs, l'ajout d'un programme de contrôle moteur et d'exercices à un programme d'éducation n'a pas montré de bénéfices supplémentaires en termes de résolution des symptômes ou d'amélioration fonctionnelle. Cette conclusion souligne l'importance d'un programme d'enseignement et de conseils bien structurés pour les patients avec des TMS. Cela ne signifie pas qu'il ne faut plus prescrire d'exercices, mais plutôt qu'il est crucial de bien intégrer l'enseignement et les conseils dans la prise en charge, en complément de programmes d'exercices spécifiques.

Autres interrogations

Dans cette revue de la littérature sur les exercices pour les TMS, l'orateur met en lumière le manque de réponses claires concernant la manière la plus efficace de prescrire des exercices pour ces patients. Plusieurs facteurs tels que l'âge, la durée des symptômes, et les attentes des patients jouent un rôle significatif dans l'efficacité des programmes d'exercices. Il reste encore à déterminer si certaines sous-populations de patients bénéficient davantage de types spécifiques d'exercices. De plus, la progression des programmes d'exercices et la manière de gérer la douleur pendant ces exercices restent des sujets ouverts à débat. La question de si les patients peuvent ou doivent ressentir une certaine douleur pendant les exercices n'est pas encore résolue, soulignant la nécessité de poursuivre la recherche pour optimiser les recommandations d'exercices pour cette population.

Indications cliniques et conclusions

Pour conclure, la littérature confirme l'efficacité des trois types d'exercices - contrôle moteur, renforcement, et généraux - dans la gestion des TMS, avec des effets allant de modérés à petits. Le contrôle moteur pourrait être privilégié dans certains cas grâce à ses bénéfices légèrement supérieurs et son niveau de preuve croissant. Pour les populations chroniques, un programme d'exercice général peut suffire, soulignant l'importance de l'accessibilité et de la simplicité dans les soins de santé musculosquelettique. La prise en charge doit être centrée sur le patient, en tenant compte de ses attentes et préférences, et pourrait débuter par une approche éducative simple, suivie d'exercices généraux, avant de recourir à des soins plus spécialisés si nécessaire. Cette stratégie vise à optimiser l'efficacité des soins, en commençant par des interventions moins coûteuses et moins contraignantes, et en réservant les approches plus intensives et spécifiques aux cas où elles sont vraiment nécessaires. La clé de la prise en charge reste l'éducation et les exercices, soutenus par la littérature, bien que d'autres techniques puissent être ajoutées en complément. Les exercices se révèlent efficaces pour réduire la douleur et l'incapacité, soulignant l'importance d'une prescription d'exercice réfléchie et adaptée aux besoins individuels.

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