De nombreux outils d’évaluation, protocoles et tests ont été décrits au cours des dernières années pour évaluer la force, la puissance, la mobilité, la fonctionnalité ou encore la proprioception de l’épaule chez le sportif « overhead ». Cependant, il n’est pas toujours facile de faire un choix entre les différents tests, de les utiliser dans des protocoles validés ou encore de les interpréter.
Parmi les outils d’évaluation/tests décrits dans la littérature, certains nécessitent peu de matériel et sont peu coûteux tandis que d’autres, souvent présents en laboratoires, demandent un coût et une expertise supplémentaires, ce qui rend leur utilisation plus complexe et moins accessible à tout un chacun.
L’objectif de cette Masterclass est de présenter des outils ainsi que des tests de terrain, accessibles à tous, qui ont été validés à l’heure actuelle pour évaluer l’épaule d’un sportif. En pratique, l’ensemble de ces tests aura un intérêt tant dans la prévention lésionnelle que dans la performance sportive. Ils pourront également être utilisés en prévention secondaire afin de déterminer si un athlète est prêt à retourner sur le terrain ou non après blessure/chirurgie.
Pourquoi évaluer l'épaule d'un sportif ?
Pour comprendre l'importance de l'évaluation de l'épaule chez les sportifs, il est essentiel de distinguer deux axes principaux : la prévention primaire et la prévention secondaire.
Prévention primaire :
Cet axe s'adresse aux sportifs qui n'ont jamais subi de blessure à l'épaule. L'objectif ici est de mettre en place un programme de prévention lésionnelle personnalisé. Pour ce faire, il est crucial d'effectuer diverses évaluations afin de déterminer les mesures spécifiques qui aideront à concevoir des exercices adaptés pour renforcer l'épaule et prévenir d'éventuelles lésions. Ces évaluations permettent d'identifier les besoins spécifiques du sportif et d'ajuster le programme de prévention en conséquence.
Prévention secondaire :
Ce deuxième axe concerne les sportifs en phase de retour au sport après une blessure. L'objectif est de minimiser le risque de récidive. Des évaluations rigoureuses sont nécessaires pour s'assurer que le sportif est prêt à reprendre la compétition sans risque accru de nouvelles blessures. Ces évaluations visent à vérifier l'absence de facteurs de risque persistants qui pourraient prédisposer le sportif à de nouvelles lésions.
Dans le cadre de l'évaluation de l'épaule chez les sportifs pratiquant des sports overhead, ou sports à mouvements de lancer, il est primordial de comprendre les sollicitations spécifiques de cette articulation en termes de vitesse et d'amplitude des gestes.
Vitesses gestuelles élevées :
Par exemple, au tennis, les vitesses gestuelles peuvent dépasser 2000 degrés par seconde, tandis qu'au baseball, elles atteignent 6000 à 7000 degrés par seconde. Ces vitesses extrêmes exposent l'épaule à des contraintes importantes, augmentant sa vulnérabilité et rendant nécessaire l'adaptation de l'articulation à ces conditions extrêmes.
Amplitude des mouvements :
Outre la vitesse, l'épaule est également soumise à une amplitude de mouvement extrême. Cette combinaison de vitesse et d'amplitude élevées peut rendre l'épaule particulièrement fragile et susceptible à des adaptations à moyen et long terme qui doivent être évaluées et gérées de manière proactive pour prévenir les blessures.
Répétitions fréquentes :
Dans le contexte de la natation, en particulier chez les sprinteurs, même si les vitesses gestuelles ne sont pas aussi élevées, le nombre de répétitions des mouvements de l'épaule est considérable. Des nageurs de niveau national peuvent réaliser plus de 2500 rotations par jour. Cette fréquence élevée de mouvements peut conduire à des micro-sollicitations répétées, entraînant diverses adaptations articulaires et musculaires, augmentant ainsi le risque de blessures à long terme.
L'évaluation de l'épaule chez les sportifs ne se limite pas uniquement aux sports overhead. Elle s'étend également à une variété d'autres disciplines où l'épaule est sollicitée de manière différente, notamment à travers des positions d'instabilité et de maintien.
Instabilité et maintien :
Dans des sports comme le rugby, les mouvements tels que le plaquage exigent une stabilisation importante de l'épaule. Cette nécessité de maintien est également cruciale dans des disciplines comme le breakdance et la gymnastique, où les athlètes doivent non seulement répondre aux chocs mais aussi réaliser des réceptions dynamiques. Ces activités mettent l'épaule à rude épreuve, nécessitant une capacité à absorber et à réagir à des sollicitations variées et parfois imprévisibles.
Réactions aux sollicitations :
L'épaule doit être capable de supporter et de réagir correctement à une multitude de sollicitations pour prévenir les blessures. Ce besoin transcende les mouvements à haute vélocité et à haute amplitude observés dans les sports overhead, touchant une gamme plus large de disciplines sportives où les mouvements peuvent être moins prévisibles mais tout aussi exigeants.
Évaluation par des tests spécifiques :
Pour comprendre et anticiper les risques de blessures, divers tests sont utilisés pour évaluer la résilience et la réactivité de l'épaule dans ces contextes variés. Ces tests, que nous allons explorer aujourd'hui, permettent de mesurer la capacité de l'épaule à gérer des charges, à maintenir la stabilité, et à résister aux impacts dans différentes conditions sportives.
L'évaluation de l'épaule chez les sportifs nécessite de prendre en compte les facteurs de risque intrinsèques et extrinsèques. Les facteurs intrinsèques sont propres à chaque individu, comme la physiologie ou les antécédents de blessures, tandis que les facteurs extrinsèques comprennent l'environnement et l'équipement utilisé. La combinaison de ces facteurs n'induit pas systématiquement une blessure, mais elle peut augmenter la susceptibilité à se blesser. Évaluer ces risques est crucial pour protéger la santé des athlètes à tous les termes et prévenir les blessures.
La littérature a examiné de près les facteurs de risque associés aux lésions de sur-sollicitation chez les athlètes pratiquant des sports overhead. Une étude récente, menée par une équipe de chercheurs, met en lumière ces facteurs de risque spécifiques. Ces résultats sont utilisés pour justifier les critères d'évaluation appliqués dans les programmes de prévention. Pour ceux intéressés par une compréhension plus approfondie de ces risques et de leur gestion, la lecture de l'article mentionné peut être très bénéfique.
Dans la gestion des athlètes, on distingue deux types de prévention : la prévention primaire, où l'on évalue les risques de blessure avant qu'ils ne surviennent, et la gestion de l'athlète déjà blessé, visant à réduire le risque de récidive. Plusieurs modèles de retour au sport après blessure ont été explorés dans la littérature. Ces modèles ne sont pas spécifiques à une discipline particulière mais sont plutôt globaux, intégrant des tests fonctionnels, psychologiques, examens médicaux et tests cliniques. L'ensemble de ces tests aide à prendre des décisions éclairées concernant le retour au jeu, évaluant si le risque de récidive est gérable lors de la réintroduction de l'athlète en compétition.
Bien que la prévention soit cruciale, l'aspect performance est également fondamental et doit être évalué chez les sportifs. Il s'agit de trouver un équilibre optimal entre prévenir les blessures et maximiser la performance. Cette évaluation se fait à travers divers tests, y compris des tests de force et des tests fonctionnels, comme ceux d'endurance. Ces évaluations sont essentielles non seulement pour les kinésithérapeutes mais aussi pour les entraîneurs, car elles offrent des perspectives importantes sur la capacité et le potentiel d'amélioration des athlètes. Cela permet de guider les stratégies d'entraînement pour optimiser à la fois la sécurité et la performance des sportifs.
Différents axes d'évaluation
L'évaluation des athlètes comprend plusieurs axes et, bien que la liste des paramètres à examiner ne soit pas exhaustive, elle inclut une gamme étendue de facteurs à prendre en compte. Il est important de noter que tous les paramètres ne sont pas constamment évalués chez tous les athlètes; ils varient en fonction des objectifs spécifiques. Par exemple, dans le cadre de la prévention primaire, la douleur n'est généralement pas un paramètre inclus, tandis que pour la prévention secondaire, elle peut être considérée. L'approche doit également être adaptée à la gestuelle spécifique du sport, au sportif lui-même, et au contexte dans lequel il évolue. Ces nuances seront abordées et développées progressivement tout au long de cette présentation.
Évaluation de la douleur
La douleur est un indicateur essentiel, particulièrement dans le contexte de la prévention secondaire où il est crucial de suivre la progression de la guérison post-lésion. L'évaluation de la douleur repose souvent sur le témoignage du patient, malgré son caractère subjectif. Il est courant de demander aux patients de décrire l'intensité de leur douleur, s'ils en ressentent toujours ou non depuis leur lésion.
Pour quantifier de manière plus objective cette douleur, des outils tels que l'échelle visuelle analogue ou l'échelle numérique sont utilisés, où la douleur est notée sur une échelle de 0 à 10, 10 représentant la pire douleur imaginable. Il existe également des échelles multifactorielles plus complexes qui fournissent une évaluation plus détaillée mais requièrent plus de temps pour être appliquées. Ces outils permettent d'apporter une dimension quantitative à la perception subjective de la douleur, facilitant ainsi le suivi et la gestion de la douleur chez les athlètes.
Mobilité Gléno-humérale
La mobilité de l'épaule, particulièrement au niveau de l'articulation gléno-humérale, est un paramètre crucial pour évaluer le risque de blessure chez les athlètes. La mesure de cette mobilité se fait à travers différents plans et mouvements spécifiques :
Rotation interne : Une rotation interne limitée, souvent désignée sous le terme GIRD (Glenohumeral Internal Rotation Deficit), est considérée comme un facteur de risque. Une limitation de plus de 13 degrés, ou selon certaines études, de plus de 7,5 degrés (dans le cas des handballeurs), indique une réduction significative de cette rotation et, par conséquent, un risque accru de blessure.
Rotation externe : À l'inverse, une rotation externe excessive peut entraîner une instabilité de l'épaule, tandis qu'une rotation externe insuffisante peut causer des compensations musculaires. Une amplitude de rotation externe entre 93 et 100 degrés est généralement considérée comme optimale pour minimiser le risque de blessure.
Rotation totale : La différence bilatérale de rotation totale entre les deux bras est un point de controverse. Bien que certains auteurs suggèrent qu'une différence de 10 à 20 degrés peut augmenter le risque de blessure, d'autres n'ont pas trouvé de lien significatif entre la variation de la rotation totale et la survenue de blessures.
Abduction horizontale : Chez les athlètes pratiquant des sports overhead, une abduction horizontale limitée ou une différence bilatérale marquée peut également augmenter le risque de blessure.
L'évaluation de ces différents aspects de la mobilité articulaire permet d'identifier les déséquilibres potentiels et de prendre des mesures préventives ou correctives pour maintenir la santé et la performance de l'épaule chez les athlètes.
Force de la coiffe des rotateurs
La force est l'un des facteurs clés souvent démontré comme étant directement lié à un risque accru de blessure chez les athlètes. L'évaluation de la force peut se faire de deux manières principales :
- Dynamomètres manuels : Ces appareils portables sont très pratiques car ils peuvent être utilisés directement sur le terrain. Ils nécessitent cependant une évaluation en mode isométrique pour assurer une fiabilité élevée des résultats. Cette méthode permet une évaluation rapide et accessible de la force musculaire sans avoir besoin d'infrastructures lourdes.
- Isocinétisme : Considéré comme le standard d'or pour l'évaluation de la force, l'isocinétisme fournit une mesure précise de la capacité musculaire dans différents modes de contraction. Toutefois, en raison de son caractère stationnaire et de la lourdeur de l'équipement nécessaire, cette méthode est moins flexible et ne peut être employée sur le terrain, limitant ainsi la fréquence des évaluations. Malgré ces contraintes, l'isocinétisme est extrêmement utile au début de la saison sportive ou dans le cadre du retour au sport après une blessure, notamment pour identifier les déficits spécifiques dans des modes de contraction précis, comme le mode excentrique, qui est crucial pour prévenir les lésions.
Chaque méthode a sa place dans un programme complet d'évaluation et de préparation physique, permettant aux professionnels de santé sportive de choisir l'outil le plus approprié en fonction des besoins spécifiques et du contexte de chaque athlète.
Lors de l'évaluation de la force musculaire en isométrique, il est crucial de connaître et d'interpréter correctement les valeurs seuils (cut-off) pour déterminer si un athlète se trouve dans la norme ou s'il présente un déficit potentiel nécessitant un travail spécifique. Cette analyse est souvent réalisée en utilisant un ratio de force entre les rotateurs externes et les rotateurs internes de l'épaule.
Importance du ratio des rotateurs : Dans les sports à mouvements de lancer (sports overhead), il est fréquent que les rotateurs externes soient significativement moins puissants que les rotateurs internes, ce qui peut augmenter le risque de blessures. Pour évaluer ce risque et ajuster les programmes d'entraînement, il est essentiel de comprendre et d'appliquer correctement les ratios suivants dans différentes positions :
- Position neutre (bras le long du corps) : Dans cette position moins fonctionnelle, on s'attend à un ratio d'environ 70-75%.
- Position à 90° d'abduction et 0° de rotation externe : Dans cette posture, le ratio attendu se situe entre 90-100%.
- Position de 90° d'abduction et 90° de rotation externe (position d'armée) : Cette position, plus spécifique aux gestes de lancer, présente un ratio plus variable, typiquement entre 60 et 85%, selon les études.
Ces valeurs seuils permettent de contextualiser les résultats obtenus lors des tests et d'identifier les déséquilibres musculaires qui pourraient prédisposer l'athlète à des blessures, offrant ainsi une base pour des interventions ciblées et personnalisées.
L'utilisation d'un dynamomètre manuel pour mesurer la force de la coiffe des rotateurs est une méthode directe et pratique. Cependant, cette technique peut introduire certains biais, notamment l'influence de la force de l'examinateur, qui peut altérer la précision des résultats.
Réduire les biais dans l'utilisation du dynamomètre : Pour minimiser ces biais et améliorer la fiabilité des mesures, plusieurs stratégies peuvent être adoptées :
- Stabilisation du dynamomètre : Une méthode consiste à fixer le dynamomètre à une structure immobile telle qu'un mur, le sol, ou une table, selon la position de l'athlète durant le test. Le mur est généralement l'option la plus simple et la plus pratique pour réaliser cette stabilisation.
- Utilisation de sangles : Une autre technique, non illustrée dans la diapositive mais très efficace, est l'utilisation de sangles. Les sangles permettent de maintenir le dynamomètre en place, offrant une résistance stable sans que la force de l'examinateur n'interfère avec l'évaluation.
Et puis le deuxième point, tout ce qu'est l'isocinétisme, avec des ratios qui sont bien définis, mais pour lesquels il faut une certaine expertise d'utilisation, une certaine habitude au niveau de la machine.
Dyskinésie scapulaire
La dyskinésie scapulaire, un désordre dans le mouvement de la scapula soit au repos soit lors du mouvement du bras, est un facteur clé à évaluer chez les athlètes. Cette condition peut affecter la mécanique de l'épaule et augmenter le risque de blessure.
Méthodes d'évaluation de la dyskinésie scapulaire :
- Évaluation au repos :some text
- Mesure de la hauteur de la scapula relative à des points de repère fixes.
- Évaluation de l'écartement par rapport à la colonne vertébrale.
- Observation de décollements éventuels, particulièrement au niveau de l'angle inférieur ou du bord médial de la scapula.
- Détection d'une ascension anormale de la scapula, ce qui peut indiquer un déséquilibre musculaire ou une tension excessive.
- Évaluation dynamique :some text
- Exécution de 10 élévations du bras dans le plan sagittal puis dans le plan frontal, effectuées avec et sans charge. Cette approche permet d'observer le rythme scapulaire et d'identifier toute anomalie telle que:some text
- Décollements répétés de la scapula lors du mouvement.
- Troubles du mouvement comme une sonnette (rotation de la scapula) interne ou externe précoce.
- Exécution de 10 élévations du bras dans le plan sagittal puis dans le plan frontal, effectuées avec et sans charge. Cette approche permet d'observer le rythme scapulaire et d'identifier toute anomalie telle que:some text
Cette évaluation est importante tant pour la prévention primaire que pour la prévention secondaire. Elle aide à identifier les problèmes potentiels avant qu'ils ne conduisent à des blessures et permet d'ajuster les programmes de rééducation pour les athlètes déjà blessés. En observant comment la scapula se comporte à la fois au repos et sous contrainte, les thérapeutes peuvent élaborer des stratégies plus ciblées pour renforcer la région, améliorer la mobilité et corriger les mouvements anormaux, réduisant ainsi le risque de complications futures.
Vous voyez ici différentes évaluations qui peuvent être effectuées. On essaye de quantifier la dyskinésie. Est-ce que c'est plutôt une dyskinésie subtile ? Une dyskinésie plutôt modérée ? Importante ?
Fatalement, il y a une notion de subjectivité qui existe, mais une bonne reproductibilité en intra-évaluateur a été montrée par rapport à cette évaluation.
Tests cliniques (instabilité)
Dans le cadre de la prévention secondaire, mais aussi parfois chez certains athlètes présentant une rotation externe très prononcée, il est essentiel de réaliser des tests cliniques pour évaluer l'instabilité de l'épaule. Ces tests permettent d'identifier les risques de dysfonctionnement et d'ajuster les interventions pour éviter les blessures futures. Trois tests principaux sont couramment utilisés :
- Test d'Appréhension :some text
- Le patient est positionné en "position d'armée" (épaule en abduction et rotation externe).
- L'examinateur applique une force pour provoquer une translation antérieure de la tête humérale.
- On demande au patient s'il ressent une appréhension ou une douleur, indiquant une instabilité potentielle.
- Relocation Test :some text
- Suite au test d'appréhension, l'examinateur accentue la manipulation pour voir si cela augmente l'appréhension.
- Ce test aide à confirmer la présence d'une instabilité antérieure.
- La réaction du patient (douleur ou appréhension marquée) aide à évaluer l'instabilité.
- Sulcus Test :some text
- Ce test évalue la présence d'un sulcus ou d'une dépression sous-acromiale lorsque l'examinateur tire le bras du patient vers le bas.
- Une apparition visible du sulcus indique une laxité ligamentaire ou une instabilité inférieure.
Ces tests, bien validés dans la littérature scientifique, sont cruciaux pour diagnostiquer l'instabilité de l'épaule chez les athlètes, en particulier ceux qui présentent des symptômes d'instabilité ou des antécédents de luxations. Ils fournissent des informations précieuses pour la planification de programmes de rééducation ou de renforcement spécifiques à chaque athlète.
Proprioception
La proprioception, ou la perception de la position et du mouvement du corps dans l'espace, joue un rôle crucial dans le contrôle moteur et la stabilité articulaire. Bien que la relation entre la proprioception et l'apparition de blessures ne soit pas encore pleinement établie par la recherche (avec peu d'études confirmant un lien direct), son évaluation reste pertinente, particulièrement dans un contexte de prévention secondaire.
Méthodes d'évaluation de la proprioception :
- Repositionnement à l'aide d'un dynamomètre isocinétique :some text
- Cette méthode utilise un protocole standardisé et reproductible pour évaluer la capacité du sportif à repositionner une articulation dans une position prédéterminée après un mouvement.
- Le dynamomètre isocinétique offre une grande précision et peut fournir des données quantitatives précises sur la proprioception.
- Évaluation manuelle :some text
- Alternativement, la proprioception peut être évaluée visuellement ou à l'aide d'outils plus simples comme un goniomètre ou un inclinomètre.
- Bien que ces méthodes soient moins coûteuses et plus pratiques, elles sont susceptibles de présenter une variabilité plus importante en termes de reproductibilité, en fonction de la précision de l'outil et de l'expérience de l'examinateur.
Ces évaluations permettent de détecter d'éventuels déficits proprioceptifs qui pourraient affecter la capacité de l'athlète à contrôler et stabiliser ses mouvements, ce qui est crucial pour prévenir les récidives de blessures et optimiser le retour à la compétition.
Puissance - endurance - chaîne cinétique
L'utilisation des tests fonctionnels en clinique sportive représente une tendance montante, reconnue pour sa valeur ajoutée significative dans l'évaluation des athlètes. Ces tests sont conçus pour évaluer diverses qualités physiques, telles que la puissance, l'endurance, et l'efficacité de la chaîne cinétique, parmi d'autres aspects de la performance sportive.
Méthodologie des tests fonctionnels : Une étude récente utilisant la méthode DELPHI, basée sur le consensus d'experts du domaine clinique et de la recherche, illustre bien l'approche actuelle. Cette étude a impliqué 22 experts internationaux qui ont participé à une série de quatre questionnaires afin d'atteindre un consensus sur diverses questions relatives à l'utilisation pratique de ces tests.
Objectifs de l'étude DELPHI :
- Identification des tests utilisés en pratique : Quels tests sont couramment utilisés pour évaluer les athlètes et pourquoi.
- Avantages et inconvénients : Analyse des points forts et des limites de chaque test.
- Interprétation des résultats : Comment comprendre et utiliser les données obtenues pour améliorer les performances et la prévention des blessures.
- Spécificité par rapport aux gestuelles sportives : Évaluer si les tests sont pertinents pour certaines actions spécifiques à différents sports.
Cette étude offre une perspective globale sur l'efficacité des tests fonctionnels et leur application dans le milieu sportif, aidant les cliniciens à choisir les outils les plus appropriés en fonction des besoins spécifiques de chaque athlète. Pour ceux intéressés par une compréhension plus profonde de ces méthodes, la consultation de l'article de l'étude DELPHI est vivement recommandée.
Les tests fonctionnels sont des outils polyvalents qui évaluent simultanément plusieurs qualités athlétiques comme la stabilité, la proprioception, la mobilité, et la force. Leur principal avantage réside dans leur capacité à fournir une vue d'ensemble des performances physiques de l'athlète. Toutefois, ils ne permettent pas d'isoler une qualité spécifique, ce qui peut nécessiter l'utilisation de tests complémentaires pour des analyses plus ciblées.
Basé sur le consensus de l'étude DELPHI et l'expérience clinique des experts, plusieurs tests pour évaluer la puissance dans des sports en chaîne ouverte ont été discutés :
- Sit it medicine ball throw : Ce test implique de lancer un médecine ball depuis la poitrine aussi loin que possible. Cependant, il n'a pas été recommandé par les experts car il est peu spécifique à la gestuelle sportive et montre peu de corrélation avec la force de l'épaule.
- Shot put test : Recommandé par les experts, ce test est unilatéral, permettant de comparer les performances entre le côté blessé et le côté sain, ou entre le côté dominant et non-dominant. Il a montré un lien direct avec la performance, en particulier dans des sports comme le softball.
- Single arm medicine ball throw : Ce test se fait en position debout et est plus fonctionnel. Cependant, il implique aussi les membres inférieurs, ce qui peut introduire un biais, affectant la force et la distance parcourue par le ballon. Il est crucial de stabiliser en position d'armée au début du mouvement avant de lancer, évitant ainsi un stretch reflex inopportun.
Pour évaluer la puissance et la stabilité dans les sports en chaîne fermée, deux tests principaux ont été considérés :
- One Arm Hop Test : Ce test implique de monter et descendre cinq fois le plus rapidement possible d'un step. Il est utile pour évaluer la réactivité et la résilience face aux chocs et réceptions dans les sports, particulièrement lors du retour au sport après une blessure. Cependant, sa complexité le rend moins accessible au grand public et il n'a pas été recommandé par l'étude Delphi.
- Counter-Movement Push-Up : Actuellement en développement, ce test évalue la puissance explosive à travers un mouvement de push-up avec un contre-mouvement. Bien que prometteur, il présente l'inconvénient de nécessiter l'utilisation de plateformes de force ou d'autres équipements sophistiqués pour une interprétation précise, ce qui limite son accessibilité en dehors d'un environnement bien équipé.
Ces tests, bien qu'utiles dans des contextes spécifiques, montrent les défis liés à leur mise en œuvre pratique pour un usage général, notamment en termes de coût et de complexité technique.
Pour évaluer la stabilité dans les sports en chaîne fermée, deux tests principaux ont été distingués :
- Y-Balance Test Adapté pour le Membre Supérieur :some text
- Ce test mesure la capacité à atteindre trois indicateurs positionnés médialement, supérolatéralement et inférolatéralement, en poussant le plus loin possible dans ces trois directions.
- Bien qu'amplement exploré dans la littérature, les liens entre les résultats de ce test et la force ou le risque de blessure restent limités. Il n'est donc pas fortement recommandé, sauf pour évaluer l'endurance des muscles du tronc, avec laquelle il montre des corrélations modérées.
- Close Kinetic Chain Upper Extremity Stability Test (CKCUEST) :some text
- Ce test, très utilisé et apprécié, implique de toucher rapidement et autant de fois que possible deux lignes espacées, dans un temps limité à 15 secondes.
- Initialement conçu avec une distance fixe de 91,4 centimètres, une version adaptée par Decleve et son équipe ajuste cette distance à la largeur bi-achromiale, rendant le test plus approprié pour les adolescents et les femmes pour lesquels la distance standard n'était pas adaptée.
- Un lien significatif a été établi entre les performances à ce test et le risque de blessure, particulièrement si le score est inférieur à 21, ce qui le rend très recommandé par les experts.
Ces tests offrent des méthodes précieuses pour évaluer la stabilité dans les sports impliquant des mouvements en chaîne fermée, fournissant des informations clés pour la prévention des blessures et la préparation physique.
Pour compléter l'évaluation de la stabilité dans les sports en chaînes fermées, un test innovant mélangeant les principes des chaînes ouvertes et fermées est actuellement en développement :
Upper Limb Rotation Test :
- Développé par Decleve et son équipe, ce test implique un mouvement dynamique de rotation et d'armement sur une période de 15 secondes, durant laquelle le participant doit toucher le tapis le plus de fois possible.
- Bien que toujours en phase expérimentale et malgré le manque actuel de données établies sur son lien avec les facteurs de risque ou la performance, ce test est considéré comme prometteur pour les futures applications en termes d'évaluation de la stabilité dans le sport.
Ce test représente une approche novatrice pour mesurer la stabilité et pourrait potentiellement offrir de nouvelles perspectives sur la préparation physique et la prévention des blessures chez les athlètes, en attendant des recherches plus approfondies pour valider son efficacité et ses applications spécifiques.
La fatigue pendant la rééducation
Quantifier et monitorer la fatigue pendant la rééducation ou après des séances d'entraînement est essentiel pour une rééducation efficace. Un test particulièrement intéressant, décrit par Ashworth et son équipe, est l’Athletic Shoulder Test. Ce test consiste en une évaluation de la force isométrique dans trois positions différentes :
- 180 degrés d'élévation du bras
- 135 degrés d'élévation du bras en plan frontal
- 90 degrés d'élévation en plan frontal
Inconvénient : Ce test nécessite l'utilisation de plateformes de force, ce qui peut être un obstacle pour certains praticiens.
Pour rendre ce test plus accessible, une version modifiée a été développée par notre équipe. L'objectif était de le rendre utilisable par M. et Mme Tout-Monde, c'est-à-dire les professionnels de terrain, tels que les préparateurs physiques, les entraîneurs et les kinésithérapeutes. Cette adaptation permet d'utiliser un dynamomètre manuel à la place des plateformes de force.
Avantages de la version modifiée :
- Bonne reproductibilité entre la plateforme de force et le dynamomètre manuel
- Évaluation précise et rapide de la force de l'athlète
- Minimisation de l'influence de la force de l'examinateur, puisque le dynamomètre est posé sur le sol
Ce test est particulièrement recommandé par les experts du Delphi pour monitorer la fatigue. Des études ont montré des différences significatives entre les mesures pré- et post-blessure, avec parfois des déficits de 30 à 40 % chez certains joueurs de rugby au moment de reprendre leur sport.
L'article sur la version modifiée de ce test a été publié et est recommandé pour ceux qui souhaitent approfondir leur compréhension de cette méthode.
Pour évaluer l'endurance de l'épaule, plusieurs tests peuvent être utilisés. Voici deux tests clés :
1. Test d'endurance de la partie postérieure de l'épaule
- Principe : Surélever un poids correspondant à 2 % du poids du corps en abduction horizontale, aussi longtemps que possible, à un rythme constant.
- Objectif : Atteindre une fatigue maximale pour comparer la performance des deux bras.
- Limite : Après ce test, l'épaule est trop fatiguée pour effectuer d'autres évaluations.
- Application : Ce test est particulièrement pertinent pour des sports comme la natation, où les muscles postérieurs de l'épaule sont fortement sollicités.
2. Shoulder Endurance Test (Test d'endurance de l'épaule)
- Développé par : L’équipe de Declève et collaborateurs.
- Principe :some text
- Position initiale : Bras en élévation antérieure à 90 degrés, bras pendus.
- Exécution : Effectuer des mouvements en position d'armée, avec un rythme qui augmente progressivement.
- Particularité : Nécessite une coordination accrue du patient pour suivre le rythme changeant.
- Limite : Test relativement récent avec peu de données de background, nécessitant davantage d'exploration.
Questionnaires
Après avoir effectué les différents tests fonctionnels, il est crucial de considérer d'autres paramètres importants pour une évaluation complète. Parmi eux, les questionnaires occupent une place essentielle.
Utilité des questionnaires :
- Facilité d'utilisation : Les questionnaires peuvent être donnés au patient à la fin de la séance pour être remplis pour la prochaine visite.
- Types de variables évaluées :some text
- Capacité physique à reprendre le sport : Ces questionnaires sont davantage orientés vers le retour au sport que vers la prévention primaire.
- Capacité psychologique à reprendre le sport : Un aspect crucial souvent négligé. Il existe un lien clair entre la préparation psychologique du patient et la récidive des blessures.
Types de questionnaires :
- Capacité physique :some text
- Divers questionnaires sont disponibles pour évaluer cette capacité, offrant un aperçu des conditions physiques du patient.
- Capacité psychologique :some text
- SIRSI (Sports Injury Rehabilitation Scale Inventory) : Le plus classique pour évaluer la préparation psychologique.
- Échelles de kinésiophobie : Évaluent la peur du mouvement, un paramètre crucial dans la rééducation des athlètes.
Importance de la capacité psychologique : Un patient qui n'est pas prêt psychologiquement est plus susceptible de récidiver au niveau des blessures. Il est donc indispensable de prendre en compte ces paramètres lors de l'évaluation et de la rééducation des athlètes.
Importance de la charge de travail
La charge de travail est un aspect crucial à évaluer et à monitorer, tant pour la performance sportive que pour la rééducation. Bien que souvent associée à l'entraînement et à la performance, il est également essentiel de la considérer dans la prévention primaire et secondaire.
Objectifs du monitorage de la charge de travail :
- Préparer l'athlète à la charge à laquelle il sera confronté dans son sport.
- Assurer une progression correcte pour éviter les pépins de rééducation.
- Limiter le risque de récidive en ajustant la charge de manière appropriée.
Outils et variables pour évaluer la charge de travail :
- Consensus de Bern (Schwank et Collaborateur) : Décrit comment évaluer la charge pour le membre supérieur.
- RPE (Rating of Perceived Exertion) : Échelle subjective spécifique à l'épaule, en plus de l'échelle RPE globale.some text
- RPE épaule : Mesure subjective de l'effort spécifique à l'épaule.
- RPE global : Mesure subjective de l'effort général.
- Nombre de lancers : Utile pour des sports comme le baseball.
- Vitesse et volume : Important pour la natation et le water-polo.some text
- Volume en natation : Mesure de la distance et du nombre de sessions.
- Water polo : Mesure du nombre de matchs et d'heures d'entraînement.
- Questionnaires de bien-être : Évaluations subjectives du bien-être de l'athlète.
- Évaluations de force : Permettent de quantifier la charge de travail en termes de force musculaire.
Prendre du recul et considérer le sportif dans sa globalité
Un point essentiel à retenir dans l'évaluation des douleurs à l'épaule chez les sportifs est de prendre du recul. Bien que les différentes évaluations soient cruciales, il est important de se rappeler que la douleur à l'épaule peut être influencée par de nombreux facteurs autres que l'épaule elle-même.
Approche holistique :
- Évaluer le sportif dans sa globalité : Il est important de considérer tous les paramètres physiques et psychologiques qui peuvent affecter la douleur et la performance.
- Discussions avec le patient : Avoir des conversations approfondies avec le patient peut révéler des informations essentielles qui guideront la prise en charge.
- Prévention primaire et secondaire : Une évaluation globale aide à mieux structurer les stratégies de prévention, tant pour éviter la première apparition des blessures que pour prévenir leur récidive.