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L'hallux valgus - Diagnostic & Bilan

EBP Module
Updated
6/20/2024
Maude Traullé
Kinésithérapeute spécialisée dans le traitement de la cheville et du pied
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Bilan-Diagnostic

OBJECTIFS DE L’EXAMEN CLINIQUE 

L’objectif de l’examen clinique est de dresser un Ă©tat des lieux le plus objectif et chiffrĂ© possible afin d’en faire dĂ©couler un plan de soin adaptĂ© et de pouvoir par la suite s’y rĂ©fĂ©rer pour comparer l’évolution clinique du patient au dĂ©cours de la chirurgie ou de la rĂ©Ă©ducation.

ANAMNÈSE

L’anamnĂšse doit s’intĂ©resser en premier lieu au dĂ©but et Ă  l’évolution des symptĂŽmes afin d’en comprendre le retentissement fonctionnel : la gĂȘne au chaussage, Ă  la station debout et Ă  la marche voire douleur dans ces mĂȘmes conditions, selon les travaux de Nix et al (14). Les consĂ©quences de ses gĂȘnes Ă  douleurs peuvent conduire le patient Ă  trouver des stratĂ©gies d'esquive qui seront Ă  examiner durant le bilan-diagnostic MK.

Le thĂ©rapeute doit s’enquĂ©rir des antĂ©cĂ©dents mĂ©dicaux et chirurgicaux du patient pouvant avoir un rapport avec les retentissements fonctionnels d’un HV : posture et station debout, marche et Ă©quilibre. Ainsi, il s’agit de chercher les lĂ©sions orthopĂ©diques ou neurologiques du membre infĂ©rieur voire les atteintes des circuits de l’équilibration dont l’HV pourrait amplifier les symptĂŽmes. 

Le constat de gĂȘne au chaussage et Ă  la station debout peut immĂ©diatement conduire le thĂ©rapeute Ă  prodiguer des conseils de port de chaussures : pas ou peu de talon, extrĂ©mitĂ© non pointue et large
 afin de permettre au patient de se tenir debout et de marcher en rĂ©duisant l’embarras causĂ© par la dĂ©formation, d’aprĂšs les travaux de Hecht et Lin en 2014 (8).

EXAMENS COMPLEMENTAIRES & DIAGNOSTIC 

Le diagnostic est couramment clinique tandis que l’évaluation de la sĂ©vĂ©ritĂ© se fait usuellement grĂące Ă  la radiographie. En outre, la radiographie permet d’évaluer de la prĂ©sence Ă  l’étendue de l’arthrose pouvant ĂȘtre trouvĂ©e sur la tĂȘte du 1er mĂ©tatarsien accompagnant la dĂ©formation, Gribbin et al 2017 (23). 

Dans de rare cas, l’HV peut ĂȘtre une complication de pathologie rhumatismale systĂ©mique dont l’exemple le plus frĂ©quent est la polyarthrite rhumatoĂŻde, Gribbin et al 2017 (23). L’instabilitĂ© du tarse, causĂ© par la formation de pannus rhumatoĂŻdes est Ă  l’origine de la dĂ©formation de l’avant-pied, qui peut en outre se compliquer d’une arthrose de l’articulation mĂ©tatarso-phalangienne. 

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TRAITEMENT PRÉVENTIF

Les mesures orthopĂ©diques conservatrices ne peuvent prĂ©venir la dĂ©tĂ©rioration de l'hallux valgus qu'Ă  un stade prĂ©coce de la maladie d’aprĂšs Zirngibl et al en 2017 (24). Il s’agit tantĂŽt d’orthĂšses de maintien ou de correction. Le podologue peut ĂȘtre consultĂ© afin de rĂ©aliser une orthĂšse sur mesure voire une semelle modifiant les points d’appuis. 

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De la kinĂ©sithĂ©rapie peut ĂȘtre prescrite dans de rare cas afin d’apaiser les douleurs et de proposer un travail de renforcement musculaire stabilisateur de la voĂ»te plantaire et du tibial postĂ©rieur, muscle incriminĂ© dans l’instabilitĂ© de la 1Ăšre colonne par les travaux de Blackwood et Gossett (25) en 2018 comme facteur de risque de pied plat et d’effondrement de l’arche mĂ©diale. 

A notre connaissance, aucun traitement prĂ©ventif n’a prouvĂ© son efficacitĂ© dans le retard d’apparition de la dĂ©formation ni rĂ©ellement dans la gestion des symptĂŽmes de l’HV.

EXAMEN CLINIQUE

PRE-OPERATOIRE

DOULEUR 

La douleur peut ĂȘtre le motif de consultation selon Nair et al en 2022 (12). Cela justifie de s’y intĂ©resser lors de l’examen clinique prĂ©-opĂ©ratoire ou en dehors du parcours opĂ©ratoire. Il n’existe pas de consensus quant au mode d’évaluation de la douleur, mais il est judicieux de conseiller une Ă©valuation quantitative type Échelle Visuelle Analogique (EVA) ou Échelle NumĂ©rique (EN), en plus de donnĂ©es qualitatives (localisation, sensation, horaires
). 

Il est judicieux de questionner le patient afin de comprendre ses sensations et de faire le lien avec l’anamnĂšse et l’imagerie pour lier les douleurs avec une potentielle arthrose, par exemple. Cela permet une meilleure comprĂ©hension de ses douleurs par le patient et de dĂ©finir, avant l’intervention, la stratĂ©gie de prise en charge. 

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MORPHO-STATIQUE 

L’examen morpho-statique se rĂ©alise dans un but postural, il s’agit de comprendre quelles sont les consĂ©quences sur la posture du membre infĂ©rieur de la dĂ©formation. Ainsi il s’agit d’observer et lorsque cela est rendu possible de mesurer : 

  • Angle mĂ©tatarso-phalangien
  • Hauteur du naviculaire 

Ces mesures doivent ĂȘtre comparatives afin de comprendre la posture du membre concernĂ© mais surtout de mettre en lumiĂšre d’éventuelles compensations que l’on pourrait retrouver sur le membre controlatĂ©ral.

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La posture du pied est observable dans le sens oĂč elle permet de comprendre la stratĂ©gie Ă©volutive de la dĂ©formation et les consĂ©quences fonctionnelles de la potentielle douleur ou gĂȘne Ă  l’appui. Ainsi on distingue deux principales stratĂ©gies : l’évitement de l’appui, qui creuse la voĂ»te plantaire et engendre un varus de l’arriĂšre-pied et au contraire, la consĂ©quence majeure de l’instabilitĂ© cunĂ©o-mĂ©tatarsienne, l’effondrement de l’arche mĂ©diale qui est Ă  l’origine d’un valgus plus ou moins marquĂ© de la subtalaire. Ces notions d’axe verticaux peuvent s’observer et se mesurer par l’angle que forme le tendon achillĂ©en avec le calcanĂ©um, nommĂ© axe achillĂ©en, cet axe est directement corrĂ©lĂ© avec l’angle valgisant/varisant du genou.

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Un signe objectivant la dysfonction du tibial postĂ©rieur et reliĂ© Ă  l’imagerie diagnostiquant un pied plat est le « too many toes sign », traduisible par le signe des orteils qui dĂ©passent, selon Bubra et al en 2015 (26) et observable dans le cercle vert dans l’image ci-dessus (ici le test est nĂ©gatif, le valgus reste physiologique et l’arche mĂ©diale fonctionnelle). Ce test permet de facilement mettre en Ă©vidence un faux pied-plat valgus pathologique, soulignant l’impotence fonctionnelle du tibial postĂ©rieur, et par consĂ©quent l’instabilitĂ© cunĂ©o-mĂ©tatarsienne, aux stades prĂ©coces de la dĂ©formation.

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ARTICULAIRE

Le bilan articulaire s’intĂ©resse prĂ©cisĂ©ment Ă  la colonne de l’hallux. Il n’existe pas de test diagnostic particulier, ni de symptĂŽme articulaire Ă  rechercher. L’attention du thĂ©rapeute se doit d’ĂȘtre globale. Il s’agit de mettre en Ă©vidence l’instabilitĂ© cunĂ©o-mĂ©tatarsienne par des mobilisations passives comparative au cĂŽtĂ© opposĂ© (pris en rĂ©fĂ©rence) et une sensation douloureuse voire d’apprĂ©hension du sujet. 

Par la suite, le thĂ©rapeute prospectera autour de la rĂ©ductibilitĂ© de la dĂ©formation de la MTP1 et recueillera l’ensemble de ses mobilitĂ©s, se comparant ainsi au cĂŽtĂ© controlatĂ©ral, si celui-ci ne prĂ©sente pas de dĂ©formation, ou bien aux normes de mobilitĂ©s Ă©tablies en cas d’atteinte bilatĂ©rale. 

La mobilitĂ© de l’articulation inter-phalangienne de l’hallux peut aussi faire l’objet d’un examen, plus utile en cas de prĂ©sence d’une arthrose marquĂ©e de la MTP1 et dans le cas oĂč le chirurgien envisagerait plutĂŽt une arthrodĂšse qu’un protocole de chirurgie de correction prĂ©cĂ©demment citĂ©. 

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SENSITIF & POSTURAL

La baro-podomĂ©trie offre la possibilitĂ© au clinicien d’observer la rĂ©partition des appuis plantaires autant que la forme de ceux-ci. Une rĂ©partition Ă©quivalente du poids du corps entre les deux membres infĂ©rieurs est attendue, une rĂ©partition inĂ©gale serait signe d’esquive de l’appui. La stabilomĂ©trie permet l’analyse du positionnement du centre de pression, assimilable au centre de masse projetĂ© au sol, selon les normes 85 dĂ©terminĂ©e par Gagey et al (27). 

Les travaux de Bryant et al en 1999 (28) montrent une mĂ©dialisation du centre de pression observĂ© sur plateforme de force suggĂ©rant que l’effondrement de l’arche mĂ©diale du pied et donc sa pronation serait intimement liĂ©e au dĂ©veloppement de la dĂ©formation. Ainsi l’observation de l’empreinte plantaire offrira au praticien une empreinte Ă©largie.

Cette mĂ©dialisation du centre de pression ne s’observe qu’en l’absence de douleur, auquel cas ce sera plutĂŽt une latĂ©ralisation du centre de pression qui sera observĂ©, consĂ©quence d’une esquive de l’appui comme l’observent Koller et al en 2014 (29). Dans cette situation, l’empreinte observĂ©e donnera lieu Ă  une empreinte rĂ©duite dont la charge sera marquĂ©e sur le bord latĂ©ral du pied, comme le serait celle d’un pied ayant une tendance creuse.

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Ces conclusions confirment le travail de Mickle et al en 2011 (17) qui observaient alors un transfert postĂ©rieur des appuis plantaires, soulignant de ce fait une esquive de l’appui sur la partie antĂ©rieure du pied ou la palette mĂ©tatarsienne. Cette esquive peut ĂȘtre la rĂ©sultante de douleurs ou d’apprĂ©hension de celle-ci. 

Si l’HV conduit Ă  une perte d’équilibre selon les travaux de Sadra et al (30), il convient au kinĂ©sithĂ©rapeute d’investiguer cette fonction dans toutes ses dimensions pouvant ĂȘtre impliquĂ©e : tant selon l’aspect sensitif que dans l’aspect moteur. La douleur dĂ©crite par Abhishek et al en 2010 (6) est un frein Ă  la sensation extĂ©roceptive comme proprioceptive, les voies sensorielles Ă©tant partagĂ©es. 

En cas de dĂ©ficit postural avĂ©rĂ©, un examen proprioceptif peut ĂȘtre menĂ© car un dĂ©faut sensitif peut ĂȘtre Ă  l’origine d’un trouble de la posture. En effet, les travaux de l’équipe de Sirin et al en 2020 (31) qui retrouvent dans les capsules articulaires des MTP1 de sujets souffrants d’HV plus de terminaisons nerveuses libres que chez des sujets ne souffrant pas de la dĂ©formation. Cela pourrait conduire, selon les auteurs, Ă  une apparition de douleur et d'une instabilitĂ© articulaire cliniquement observable pouvant se traduire par un dĂ©faut proprioceptif.

Ainsi, le test Joint Position Test, utilisĂ© spĂ©cifiquement pour l’hallux donne une image reprĂ©sentative de la capacitĂ© sensitive du sujet. Ce test est validĂ© dans son utilisation pour le membre infĂ©rieur prĂ©sentant une forte reproductibilitĂ© des rĂ©sultats d’aprĂšs les travaux d’Arvin et al en 2015 (32).

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MUSCULAIRE

L’évaluation de la force et endurance des muscles de la jambe peut ĂȘtre recommandĂ©e afin d’objectiver une insuffisance musculaire des muscles assurant la suspension de la voĂ»te plantaire et la stabilitĂ© de l’arche mĂ©diale du pied, soit les muscles intrinsĂšques du pied et le couple formant l’étrier du pied, tibial postĂ©rieur et long fibulaire. De ces deux derniers, la force est quantifiable par dynamomĂ©trie Ă  main selon les travaux de Spink et al en 2010 (33) avec un indice de corrĂ©lation interclasse (ICC) intra-examinateur de [0,78-0,94] et inter-examinateur de [0 ,77-0,88], permettant de conseiller son utilisation en pratique clinique. Il est toutefois, en dynamomĂ©trie compressive, impossible d’isoler le muscle de son groupe fonctionnel, ainsi ce sont les fibulaires d’une part et les inverseurs d’autre part dont la force est estimĂ©e grĂące Ă  cette technique. S’il n’existe pas Ă  notre connaissance de valeur absolue dĂ©finissant la force minimale estimĂ©e pour la station debout ou la dĂ©ambulation, le praticien peut se rĂ©fĂ©rer Ă  une valeur comparative en bilatĂ©ral et calculer un index de symĂ©trie qui sur les membres infĂ©rieurs du sujet sain est assimilable Ă  90%. 

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La tonicitĂ© de la voĂ»te plantaire peut ĂȘtre Ă©valuĂ©e par le Navicular Drop Test (NDT). Il est trĂšs difficile de mettre en place un test Ă©valuant de maniĂšre spĂ©cifique et chiffrĂ©e la force des muscles intrinsĂšques du pied, Ă©chappant Ă  la dynamomĂ©trie. Aussi, le NDT permet de faire le lien entre force musculaire et action fonctionnelle du muscle. 

Le test dĂ©marre alors que le sujet est assis, le praticien mesure la hauteur de la voĂ»te plantaire par son sommet : le naviculaire. Une fois la mesure faite, le sujet se lĂšve et le praticien reprend la mĂȘme mesure. Il s’agit ensuite de comparer les deux mesures prises en dĂ©charge puis en charge. Il existe une norme dĂ©finie par Brody en 1982 (34) : 

<10mm = différence physiologique

[10 – 15mm] = instabilitĂ© fonctionnelle, 

>15mm = instabilité vraie 

La reproductibilité de ce test est importante avec un ICC : 0,97-0,99 selon McPoil et al 2009  (35), offrant ainsi une confiance dans les résultats qui peuvent en découler pour le praticien.

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MARCHE 

L’analyse de marche doit pouvoir mettre en Ă©vidence des dĂ©fauts, des Ă©carts Ă  la norme, afin de permettre au clinicien d’en dĂ©duire les causes.  Selon Viel (36), apprĂ©cier une marche ne peut se faire que par comparaison Ă  une norme Ă©tablie. Les fourchettes de valeurs normatives fournissent une maniĂšre simple d’objectiver les dĂ©fauts de marche les plus courants. La marche du patient souffrant d’HV est dĂ©gradĂ©e comme se l’accordent Ă  dire Klugarova et al ou encore Canseco et al (13,18).La dĂ©formation en HV peut avoir une influence nĂ©gative sur la fonction des membres infĂ©rieurs et peut Ă©galement entraĂźner une surcharge de ses segments selon les travaux de KozĂĄkovĂĄ et al en 2011 (37). Ainsi l’analyse de marche ne peut se borner Ă  l’observation des paramĂštres cinĂ©tiques et cinĂ©matiques des pieds, l’ensemble du membre infĂ©rieur doit ĂȘtre considĂ©rĂ© comme le conseille les conclusions de la revue systĂ©matique de Rosemberg et al en 2023 (38). 

Pour ce faire, le praticien peut utiliser l’analyse observationnelle mĂ©thodique, soumise Ă  la subjectivitĂ© et Ă  l’expĂ©rience de chacun dont la fiabilitĂ© et la validitĂ© restent faible selon les travaux de Toro et al de 2003 (39), ou bien se fier Ă  des outils d’analyse fonctionnelle par le biais de capture vidĂ©o et d’applications d’analyse du mouvement ou bien de capteurs embarquĂ©s. Ces derniers vont prĂ©senter des paramĂštres clinimĂ©triques de plus grande fiabilitĂ© et dont les mesures objectives permettront de suivre l’évolution de l’état clinique du patient, de quantifier les progrĂšs.

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POST-OPERATOIRE 

Le suivi post-opĂ©ratoire suit les mĂȘmes items que le bilan prĂ©-opĂ©ratoire en prenant en compte l’aspect chirurgical et ses consĂ©quences du point de vue trophique principalement. Les consignes post-opĂ©ratoires imposent l’utilisation de chaussure type Barouk durant 4 Ă  6 semaines en fonction de la procĂ©dure utilisĂ©e, dissipant l’appui antĂ©rieur du pied et permettant une mise en charge immĂ©diate du membre infĂ©rieur. Outre le bĂ©nĂ©fice en termes de qualitĂ© de vie pour le patient qui se trouve peu immobilisĂ© dans les suites de sa chirurgie, l’utilisation de cette chaussure permet la rĂ©duction du risque thrombo-embolique par un appui prĂ©coce, dĂšs le lendemain de l’intervention. 

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DOULEUR 

Si les douleurs prĂ©-opĂ©ratoires pouvaient ĂȘtre d’origine mĂ©canique, du fait de l’instabilitĂ© de la 1Ăšre colonne du pied, voire tirant leur origine de l’arthrose de l’articulation mĂ©tatarso-phalangienne de l’hallux, la douleur post-opĂ©ratoire s’en distingue. Celle-ci est inflammatoire d’abord, d’horaire nocturne, gĂ©nĂ©rant des sensations d’élancement. Et se complĂšte d’une douleur mĂ©canique, consĂ©quence du traumatisme chirurgical sur les structures osseuses et articulaires qui se dissipe avec la consolidation. 

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MORPHOSTATIQUE 

L’aspect morphostatique du pied est modifiĂ© par la chirurgie dans le sens oĂč l’angle mĂ©tatarso-phalangien s’est rĂ©duit. La hauteur du naviculaire peut avoir Ă©tĂ© modifiĂ©e, ce n’est pas une certitude absolue, dĂ©pendant principalement de la technique utilisĂ©e et le raccourcissement Ă©ventuel du 1er mĂ©tatarse car cela aura un impact direct dans l’architecture de la 1Ăšre colonne du pied. L’observation frontale de la position des pieds par l’angle du tendon achillĂ©en et le « too many toes sign », reste conseillĂ©e pour comprendre la stratĂ©gie posturale des membres infĂ©rieurs et sa potentielle Ă©volution post-chirurgie.

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ARTICULAIRE 

Le bilan articulaire se concentre autour de la restitution de mobilitĂ© de la 1Ăšre colonne, et principalement de l’articulation mĂ©tatarso-phalangienne de l’hallux qui nĂ©cessite 70° d’extension pour offrir au sujet une dĂ©marche physiologique, la possibilitĂ© de port de talon haut, ou bien de descente des escaliers selon Maestro et al en 2018 (40). En cas d’arthrodĂšse de la MTP1, cette mobilitĂ© en extension se trouve reportĂ©e sur l’articulation interphalangienne de l’hallux dont il s’agira de dĂ©velopper ce mouvement afin de permettre une propulsion plus physiologique.

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SENSITIF ET POSTURAL

Cet examen nĂ©cessite l’attente de l’abolition des douleurs post-opĂ©ratoires pour ĂȘtre fiable, celle-ci pouvant induire un biais de perception sensitive. Ainsi selon Sadra et al (30), l’équilibre serait amĂ©liorĂ© de 63% aprĂšs une intervention corrective de la dĂ©formation en HV. En fonction de la position prĂ©-opĂ©ratoire du centre de pression dans le polygone de sustentation Ă©valuĂ©e par stabilomĂ©trie, l’examen post-opĂ©ratoire se doit d’observer une normalisation de ces donnĂ©es par une modification de la position de ce centre, pour se trouver au milieu de l’axe frontal, illustrant ainsi une Ă©quitĂ© des pressions entre les deux membres infĂ©rieurs. 

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MUSCULAIRE 

Entre les examens prĂ©-opĂ©ratoire et post-opĂ©ratoire prĂ©coce, peu de variabilitĂ© des rĂ©sultats des Ă©valuations musculaires est attendue. Il s’agit de renouveler ce bilan une fois le protocole de renforcement musculaire rĂ©alisĂ©. Ce dernier cible toutefois comme vu prĂ©cĂ©demment, et en fonction de l’examen clinique, les muscles intrinsĂšques du pied assurant la sustentation de la voĂ»te, les muscles de l’étrier du pied formĂ© des fibulaires et des inverseurs, ainsi que les propulseurs qui nous fait adjoindre le triceps sural. 

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MARCHE 

La littĂ©rature tend Ă  montrer que les patients opĂ©rĂ©s d’une correction de l’HV prĂ©sentent une vitesse de marche et une longueur du pas rĂ©duites comparativement Ă  une population saine, selon Canseco et al ou encore Moerenhout et al plus rĂ©cemment (18,41) mais la chirurgie tendrait Ă  normaliser les temps d’appui et surtout la cinĂ©matique de l’hallux. Ainsi, une fois les douleurs de la chirurgie passĂ©e, l’analyse des paramĂštres cinĂ©tiques de la marche et la cinĂ©matique du pied durant ce geste reste un examen Ă  conseiller. 

EVALUATION DE SUIVI

Quel que soit le motif de consultation, le praticien doit s’intĂ©resser Ă  la qualitĂ© de vie de son patient avant comme aprĂšs intervention. Cette qualitĂ© de vie peut s’évaluer au moyen de questionnaires comme le SF-36, issu du questionnaire de l’étude Medical Outcomes Study (MOS). C’est un questionnaire robuste et fiable destinĂ© Ă  obtenir une mesure gĂ©nĂ©rique de l’état de santĂ© perceptuelle selon Ware et Sherbourne (42). Le SF-36 comporte 36 questions permettant d’évaluer la qualitĂ© de vie liĂ©e Ă  la santĂ© gĂ©nĂ©rale : le fonctionnement physique, la limitation des rĂŽles en raison de problĂšmes physiques, la limitation des rĂŽles rĂ©sultant de problĂšmes Ă©motionnels, la vitalitĂ© (Ă©nergie/fatigue), le bien-ĂȘtre Ă©motionnel, le fonctionnement social, les douleurs corporelles, la perception de la santĂ© gĂ©nĂ©rale et mentale. Il existe une version abrĂ©gĂ©e du test, le SF-12, ne comportant que 12 questions sur les 36. Ces Ă©chelles ne sont pas spĂ©cifiques Ă  la qualitĂ© de vie de patient souffrant de la dĂ©formation en HV ou ayant bĂ©nĂ©ficiĂ© d’une chirurgie correctrice.

La qualitĂ© de vie du patient est en lien direct avec leur capacitĂ© Ă  utiliser le membre prĂ©sentant la dĂ©formation en HV. Dans le but d’investiguer le retentissement fonctionnel de cette dĂ©formation et de quantifier l’évolution post-chirurgie, certaines Ă©chelles peuvent ĂȘtre utilisĂ©es. Les rĂ©cents travaux de Chausse et al en 2023 (43) concluent que le score EFAS est plus adaptĂ© que le score SF36 car il prĂ©sente une meilleure sensibilitĂ© au changement. Le score EFAS est un score issu d’un auto-questionnaire, Ă©ditĂ© par la SociĂ©tĂ© europĂ©enne du pied et de la cheville (European Foot and Ankle Society). Il a Ă©tĂ© validĂ© en langue française et dans 9 autres langues. Il comporte 6 questions, sur une Ă©chelle de 0 Ă  4, et peut s’appliquer aux pathologies de l’avant-pied, de l’arriĂšre-pied ou de la cheville. Il peut ĂȘtre complĂ©tĂ© par un score EFAS spĂ©cifique Ă  la pratique sportive, en 4 questions. 

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RECIDIVE 

La rĂ©cidive aprĂšs chirurgie de correction de l’HV n’est pas nulle. En effet, dans la revue systĂ©matique de Ezzatavar et al en 2021 (44), vingt-trois Ă©tudes ont Ă©tĂ© incluses, portant sur un total de 2 914 personnes. La prĂ©valence groupĂ©e de la rĂ©currence de l’HV Ă©tait de 24,86 %.  L'angle de la MTP1 prĂ©opĂ©ratoire et post-opĂ©ratoire ainsi que l’angle IMA et la position des sĂ©samoĂŻdes sont des facteurs de risque significatifs pour la rĂ©cidive de l'HV. L’association de ces facteurs avec la rĂ©cidive est influencĂ©e par l'Ăąge.

La douleur dans le cadre d'une dĂ©formation rĂ©currente est la principale indication de la chirurgie de rĂ©vision de l'HV d’aprĂšs Clarke et Platt en 2021 (45). Il est important d'identifier correctement la localisation de la douleur. La douleur mĂ©diale peut ĂȘtre la consĂ©quence d'une rĂ©section inadĂ©quate de l'Ă©minence, tandis que la douleur plantaire peut ĂȘtre due Ă  une sĂ©samoĂŻdite, une arthrite sĂ©samoĂŻdienne ou une mauvaise rĂ©duction des sĂ©samoĂŻdes lors de l'intervention de rĂ©fĂ©rence. En fonction des cas, une nouvelle chirurgie pourrait ĂȘtre proposĂ©e.

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