Les athlètes pratiquant des sports avec les bras au dessus de la tête, comme les joueurs de volley-ball, peuvent présenter une altération de la mobilité et de la souplesse de l’articulation gléno-humérale (GH) au niveau de l’épaule dominante, ce qui entraîne une rotation médiale (RM) beaucoup moins importante et une rotation latérale (RL) plus importante, classée comme déficit de rotation interne gléno-humérale (GIRD) (Rose et al. 2018 ; Keller et al. 2018 ; Baltaci et al. 2001 ; Almeida et al. 2013 ; Noonan et al. 2015).
Deux types différents de GIRD ont été décrits : anatomique et pathologique.
Le GIRD anatomique a été décrit comme une perte de moins de 18 à 20 ° de RM gléno-humérale par rapport à l’autre côté ; ou bien une différence de moins de 5° lorsqu’on compare l’arc de rotation gléno-humérale totale (par exemple, somme de la RE + somme de la RM) de l’épaule impliquée avec l’autre épaule.
Le GIRD pathologique a été identifié comme une perte de rotation médiale gléno-humérale supérieure à 18–20 ° avec une perte correspondante de la rotation totale supérieure à 5 ° observée dans l'épaule de lancement par rapport à l’autre épaule (Rose et al. 2018 ; Manske et al. 2013).
Comment survient ce GIRD ?
Il est couramment admis que le GIRD est dû à une adaptation, on ne naît pas avec un GIRD. Il semblerait que la répétition de mouvements de lancer fréquents (sur des années) puisse engendrer certaines adaptations de l’épaule. Par exemple, des adaptations osseuses ont pu être observées et associées à l’apparition d’un GIRD (Wilk et al. 2010 ; 2012).
En effet, la répétition de mouvement de lancer et plus particulièrement chez des jeunes sportifs en pleine maturation, peut engendrer une réaction de l’os et créer une adaptation structurelle. Les résultats ont montré que ces athlètes peuvent présenter une rétroversion de la tête humérale avoisinant les 12° en moyenne (Whiteley et al. 2009). Certaines études parlent même d’une rétroversion de 17°, d’autres 10°…(Crockett et al. 2002). Quoiqu’il en soit, cette rétroversion de 12° n’est pas un élément sur lequel nous autres kinésithérapeutes devons et pouvons agir. De plus, si notre patient présente simplement une rétroversion de la tête humérale de 12°, il présentera probablement un déficit de RM de 12°, ce qui ne constitue pas un GIRD pathologique en soit selon les définitions sus-mentionnées.
Généralement, dans la pratique clinique, on retrouve ces GIRD chez des jeunes athlètes qui pratiquent très fréquemment des sports de lancer depuis leur plus jeune âge. À noter également qu’il sera inutile de vouloir à tout prix savoir si notre patient présente ou non une rétroversion de la tête humérale dans la mesure où les imageries sont à éviter le plus possible chez cette population.
En fin de compte, cette rétroversion de 12° en moyenne, ne semble pas expliquer à elle seule le GIRD pathologique (GIRD pathologique = une différence de 18-20° entre les 2 côtés).
Le déficit de RM restant pourrait être expliqué par la musculature postérieure, qui peut devenir tendue en raison des contractions et des forces musculaires excentriques élevées (microtraumatismes répétitifs) au cours de la phase de décélération du mouvement de lancer (Wilk et al. 2010 ; 2012).
Dans un premier temps, l'évaluation du GIRD est effectuée en mesurant l'amplitude de la rotation médiale de l’articulation gléno-humérale, de préférence en position couchée sur le dos, avec l'épaule en abduction à 90° et la scapula stabilisée contre la table.
L'évaluation goniométrique / inclinométrique ainsi que l'interprétation de la sensation d’arrêt (mou / dur) sont décrites comme des critères d'évaluation du GIRD. Comme nous l’avons mentionné ci-dessus, une différence de 18-20° entre les 2 côtés est considérée comme positive pour le GIRD (Cools et al. 2016). Cependant, compte tenu d'un possible déplacement de l'amplitude de rotation dû aux adaptations osseuses, le GIRD peut être associé à un gain de l'amplitude de rotation latérale.
Par conséquent, il est impératif de mesurer la rotation médiale ainsi que la rotation latérale, en interprétant l'amplitude totale du mouvement (TRM).
Notez que pour la mesure de la RM, le thérapeute fixe la scapula en palpant la coracoïde avec le pouce et l'épine de la scapula avec les doigts, en contrôlant le mouvement scapulaire en bascule antérieure. L'application de la main sur la tête humérale pour fixer l'épaule contre la table n'est pas conseillée, car elle pourrait éventuellement influencer la cinématique gléno-humérale (glissements dorsaux), modifiant ainsi la ROM. Pour la RL, aucune fixation externe n'est nécessaire, puisque la scapula repose sur la table. En plus de la mesure en position d'abduction, une évaluation supplémentaire du GIRD avec l'épaule en flexion avant de 90° peut même donner au clinicien une meilleure impression de la raideur postérieure, car il y a davantage d'étirement sur la face postérieure de l'épaule. Sur la diapositive suivante, la main de fixation évite une élévation excessive du sommet de l'épaule pendant la RM de l'épaule.
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Almeida, Gabriel Peixoto Leão, Paula Fiquetti Silveira, Nathália Polisello Rosseto, Gisele Barbosa, Benno Ejnisman, et Moisés Cohen. « Glenohumeral Range of Motion in Handball Players with and without Throwing-Related Shoulder Pain ». Journal of Shoulder and Elbow Surgery 22, no 5 (mai 2013): 602‑7.
Baltaci, G., R. Johnson, et H. Kohl. « Shoulder Range of Motion Characteristics in Collegiate Baseball Players ». The Journal of Sports Medicine and Physical Fitness 41, no 2 (juin 2001): 236‑42.
Cools, Ann M., Dorien Borms, Birgit Castelein, Fran Vanderstukken, et Fredrik R. Johansson. « Evidence-Based Rehabilitation of Athletes with Glenohumeral Instability ». Knee Surgery, Sports Traumatology, Arthroscopy: Official Journal of the ESSKA 24, no 2 (février 2016): 382‑89.
Crockett, Heber C., Lyndon B. Gross, Kevin E. Wilk, Martin L. Schwartz, Jamie Reed, Jay O’Mara, Michael T. Reilly, et al. « Osseous Adaptation and Range of Motion at the Glenohumeral Joint in Professional Baseball Pitchers ». The American Journal of Sports Medicine 30, no 1 (février 2002): 20‑26.
Keller, Robert A., Anthony F. De Giacomo, Julie A. Neumann, Orr Limpisvasti, et James E. Tibone. « Glenohumeral Internal Rotation Deficit and Risk of Upper Extremity Injury in Overhead Athletes: A Meta-Analysis and Systematic Review ». Sports Health 10, no 2 (30 janvier 2018): 125‑32.
Manske, Robert, Kevin E. Wilk, George Davies, Todd Ellenbecker, et Mike Reinold. « Glenohumeral Motion Deficits: Friend or Foe? » International Journal of Sports Physical Therapy 8, no 5 (octobre 2013): 537‑53.
Noonan, Thomas J., Ellen Shanley, Lane B. Bailey, Douglas J. Wyland, Michael J. Kissenberth, Richard J. Hawkins, et Charles A. Thigpen. « Professional Pitchers With Glenohumeral Internal Rotation Deficit (GIRD) Display Greater Humeral Retrotorsion Than Pitchers Without GIRD ». The American Journal of Sports Medicine 43, no 6 (juin 2015): 1448‑54.
Rose, Michael B., et Thomas Noonan. « Glenohumeral Internal Rotation Deficit in Throwing Athletes: Current Perspectives ». Open Access Journal of Sports Medicine 9 (2018): 69‑78.
Whiteley, Rod J., Karen A. Ginn, Leslie L. Nicholson, et Roger D. Adams. « Sports Participation and Humeral Torsion ». The Journal of Orthopaedic and Sports Physical Therapy 39, no 4 (avril 2009): 256‑63.
Wilk, Kevin E., Leonard C. Macrina, et Christopher Arrigo. « Passive Range of Motion Characteristics in the Overhead Baseball Pitcher and Their Implications for Rehabilitation ». Clinical Orthopaedics and Related Research 470, no 6 (juin 2012): 1586‑94.
Wilk, Kevin E., Leonard C. Macrina, Glenn S. Fleisig, Ronald Porterfield, Charles D. Simpson, Paul Harker, Nick Paparesta, et James R. Andrews. « Correlation of Glenohumeral Internal Rotation Deficit and Total Rotational Motion to Shoulder Injuries in Professional Baseball Pitchers ». The American Journal of Sports Medicine 39, no 2 (1 février 2011): 329‑35.
Les athlètes pratiquant des sports avec les bras au dessus de la tête, comme les joueurs de volley-ball, peuvent présenter une altération de la mobilité et de la souplesse de l’articulation gléno-humérale (GH) au niveau de l’épaule dominante, ce qui entraîne une rotation médiale (RM) beaucoup moins importante et une rotation latérale (RL) plus importante, classée comme déficit de rotation interne gléno-humérale (GIRD) (Rose et al. 2018 ; Keller et al. 2018 ; Baltaci et al. 2001 ; Almeida et al. 2013 ; Noonan et al. 2015).
Deux types différents de GIRD ont été décrits : anatomique et pathologique.
Le GIRD anatomique a été décrit comme une perte de moins de 18 à 20 ° de RM gléno-humérale par rapport à l’autre côté ; ou bien une différence de moins de 5° lorsqu’on compare l’arc de rotation gléno-humérale totale (par exemple, somme de la RE + somme de la RM) de l’épaule impliquée avec l’autre épaule.
Le GIRD pathologique a été identifié comme une perte de rotation médiale gléno-humérale supérieure à 18–20 ° avec une perte correspondante de la rotation totale supérieure à 5 ° observée dans l'épaule de lancement par rapport à l’autre épaule (Rose et al. 2018 ; Manske et al. 2013).
Comment survient ce GIRD ?
Il est couramment admis que le GIRD est dû à une adaptation, on ne naît pas avec un GIRD. Il semblerait que la répétition de mouvements de lancer fréquents (sur des années) puisse engendrer certaines adaptations de l’épaule. Par exemple, des adaptations osseuses ont pu être observées et associées à l’apparition d’un GIRD (Wilk et al. 2010 ; 2012).
En effet, la répétition de mouvement de lancer et plus particulièrement chez des jeunes sportifs en pleine maturation, peut engendrer une réaction de l’os et créer une adaptation structurelle. Les résultats ont montré que ces athlètes peuvent présenter une rétroversion de la tête humérale avoisinant les 12° en moyenne (Whiteley et al. 2009). Certaines études parlent même d’une rétroversion de 17°, d’autres 10°…(Crockett et al. 2002). Quoiqu’il en soit, cette rétroversion de 12° n’est pas un élément sur lequel nous autres kinésithérapeutes devons et pouvons agir. De plus, si notre patient présente simplement une rétroversion de la tête humérale de 12°, il présentera probablement un déficit de RM de 12°, ce qui ne constitue pas un GIRD pathologique en soit selon les définitions sus-mentionnées.
Généralement, dans la pratique clinique, on retrouve ces GIRD chez des jeunes athlètes qui pratiquent très fréquemment des sports de lancer depuis leur plus jeune âge. À noter également qu’il sera inutile de vouloir à tout prix savoir si notre patient présente ou non une rétroversion de la tête humérale dans la mesure où les imageries sont à éviter le plus possible chez cette population.
En fin de compte, cette rétroversion de 12° en moyenne, ne semble pas expliquer à elle seule le GIRD pathologique (GIRD pathologique = une différence de 18-20° entre les 2 côtés).
Le déficit de RM restant pourrait être expliqué par la musculature postérieure, qui peut devenir tendue en raison des contractions et des forces musculaires excentriques élevées (microtraumatismes répétitifs) au cours de la phase de décélération du mouvement de lancer (Wilk et al. 2010 ; 2012).
Dans un premier temps, l'évaluation du GIRD est effectuée en mesurant l'amplitude de la rotation médiale de l’articulation gléno-humérale, de préférence en position couchée sur le dos, avec l'épaule en abduction à 90° et la scapula stabilisée contre la table.
L'évaluation goniométrique / inclinométrique ainsi que l'interprétation de la sensation d’arrêt (mou / dur) sont décrites comme des critères d'évaluation du GIRD. Comme nous l’avons mentionné ci-dessus, une différence de 18-20° entre les 2 côtés est considérée comme positive pour le GIRD (Cools et al. 2016). Cependant, compte tenu d'un possible déplacement de l'amplitude de rotation dû aux adaptations osseuses, le GIRD peut être associé à un gain de l'amplitude de rotation latérale.
Par conséquent, il est impératif de mesurer la rotation médiale ainsi que la rotation latérale, en interprétant l'amplitude totale du mouvement (TRM).
Notez que pour la mesure de la RM, le thérapeute fixe la scapula en palpant la coracoïde avec le pouce et l'épine de la scapula avec les doigts, en contrôlant le mouvement scapulaire en bascule antérieure. L'application de la main sur la tête humérale pour fixer l'épaule contre la table n'est pas conseillée, car elle pourrait éventuellement influencer la cinématique gléno-humérale (glissements dorsaux), modifiant ainsi la ROM. Pour la RL, aucune fixation externe n'est nécessaire, puisque la scapula repose sur la table. En plus de la mesure en position d'abduction, une évaluation supplémentaire du GIRD avec l'épaule en flexion avant de 90° peut même donner au clinicien une meilleure impression de la raideur postérieure, car il y a davantage d'étirement sur la face postérieure de l'épaule. Sur la diapositive suivante, la main de fixation évite une élévation excessive du sommet de l'épaule pendant la RM de l'épaule.
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Almeida, Gabriel Peixoto Leão, Paula Fiquetti Silveira, Nathália Polisello Rosseto, Gisele Barbosa, Benno Ejnisman, et Moisés Cohen. « Glenohumeral Range of Motion in Handball Players with and without Throwing-Related Shoulder Pain ». Journal of Shoulder and Elbow Surgery 22, no 5 (mai 2013): 602‑7.
Baltaci, G., R. Johnson, et H. Kohl. « Shoulder Range of Motion Characteristics in Collegiate Baseball Players ». The Journal of Sports Medicine and Physical Fitness 41, no 2 (juin 2001): 236‑42.
Cools, Ann M., Dorien Borms, Birgit Castelein, Fran Vanderstukken, et Fredrik R. Johansson. « Evidence-Based Rehabilitation of Athletes with Glenohumeral Instability ». Knee Surgery, Sports Traumatology, Arthroscopy: Official Journal of the ESSKA 24, no 2 (février 2016): 382‑89.
Crockett, Heber C., Lyndon B. Gross, Kevin E. Wilk, Martin L. Schwartz, Jamie Reed, Jay O’Mara, Michael T. Reilly, et al. « Osseous Adaptation and Range of Motion at the Glenohumeral Joint in Professional Baseball Pitchers ». The American Journal of Sports Medicine 30, no 1 (février 2002): 20‑26.
Keller, Robert A., Anthony F. De Giacomo, Julie A. Neumann, Orr Limpisvasti, et James E. Tibone. « Glenohumeral Internal Rotation Deficit and Risk of Upper Extremity Injury in Overhead Athletes: A Meta-Analysis and Systematic Review ». Sports Health 10, no 2 (30 janvier 2018): 125‑32.
Manske, Robert, Kevin E. Wilk, George Davies, Todd Ellenbecker, et Mike Reinold. « Glenohumeral Motion Deficits: Friend or Foe? » International Journal of Sports Physical Therapy 8, no 5 (octobre 2013): 537‑53.
Noonan, Thomas J., Ellen Shanley, Lane B. Bailey, Douglas J. Wyland, Michael J. Kissenberth, Richard J. Hawkins, et Charles A. Thigpen. « Professional Pitchers With Glenohumeral Internal Rotation Deficit (GIRD) Display Greater Humeral Retrotorsion Than Pitchers Without GIRD ». The American Journal of Sports Medicine 43, no 6 (juin 2015): 1448‑54.
Rose, Michael B., et Thomas Noonan. « Glenohumeral Internal Rotation Deficit in Throwing Athletes: Current Perspectives ». Open Access Journal of Sports Medicine 9 (2018): 69‑78.
Whiteley, Rod J., Karen A. Ginn, Leslie L. Nicholson, et Roger D. Adams. « Sports Participation and Humeral Torsion ». The Journal of Orthopaedic and Sports Physical Therapy 39, no 4 (avril 2009): 256‑63.
Wilk, Kevin E., Leonard C. Macrina, et Christopher Arrigo. « Passive Range of Motion Characteristics in the Overhead Baseball Pitcher and Their Implications for Rehabilitation ». Clinical Orthopaedics and Related Research 470, no 6 (juin 2012): 1586‑94.
Wilk, Kevin E., Leonard C. Macrina, Glenn S. Fleisig, Ronald Porterfield, Charles D. Simpson, Paul Harker, Nick Paparesta, et James R. Andrews. « Correlation of Glenohumeral Internal Rotation Deficit and Total Rotational Motion to Shoulder Injuries in Professional Baseball Pitchers ». The American Journal of Sports Medicine 39, no 2 (1 février 2011): 329‑35.