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Les dysfonctions temporo-mandibulaires - Diagnostic & Bilan

Module EBP
Mis Ă  jour le
29/6/2024
Lucie Malivoir
Kinésithérapeute spécialisée dans la rééducation oro-maxillo-faciale
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II - Diagnostic - Bilan

Avant propos : 

Comme nous venons de le voir, les dysfonctions temporo-mandibulaires (DTM) représentent un ensemble de troubles complexes affectant les muscles masticateurs, les articulations temporo-mandibulaires (ATM) et les structures environnantes. Leur étiologie multifactorielle et leur variabilité clinique posent des défis significatifs en termes de diagnostic et de prise en charge. Dans ce contexte, la kinésithérapie joue un rÎle crucial en offrant des approches diagnostiques précises et des interventions thérapeutiques ciblées. Nous allons voir dans cette partie les méthodes de diagnostic des DTM en kinésithérapie, dans nos cabinets libéraux.

Nous ne pouvons commencer cette partie diagnostic - bilan sans parler du DC/TMD. C’est LA classification des critĂšres diagnostic des DTM. C‘est un systĂšme trĂšs largement utilisĂ© pour diagnostiquer les troubles temporo-mandibulaires et Ă©valuer leur sĂ©vĂ©ritĂ© comme le montre List & Jensen en 2017.  Elle a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©e pour standardiser le processus de diagnostic et faciliter la recherche clinique et Ă©pidĂ©miologique dans le domaine des DTM. Cette classification repose sur une approche multidimensionnelle, prenant en compte Ă  la fois les symptĂŽmes cliniques et les rĂ©sultats des examens cliniques et radiographiques. 

Il convient de noter que la classification DC/TMD est un outil clinique et de recherche en constante Ă©volution, avec des mises Ă  jour rĂ©guliĂšres pour reflĂ©ter les avancĂ©es dans la comprĂ©hension et la prise en charge des DTM. Il faudra ĂȘtre familiarisĂ© avec les derniĂšres directives pour assurer une Ă©valuation et une prise en charge appropriĂ©es des patients.

Dans cette classification on retrouve un protocole d’examen clinique de 91 pages que nous allons rĂ©sumer et simplifier dans cette prĂ©sentation. L’objectif de ce protocole est de fournir une procĂ©dure efficace et complĂšte pour rĂ©soudre les problĂšmes de fiabilitĂ© et de validitĂ©. Cependant, il est important de prĂ©ciser que c’est un outil Ă©laborĂ© par (et pour) des Ă©quipes composĂ©es d'experts scientifiques, de chercheurs et de mĂ©decins, son utilisation peut demander quelques adaptations pour une pratique en cabinet de kinĂ©sithĂ©rapie. Je me permets donc dans cette prĂ©sentation de vous faire part de mon expĂ©rience et de mes prises de libertĂ© concernant certaines pratiques.

Voici le lien oĂč le trouver : DC-TMD | International RDC-TMD Consortium

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I) L’entretien clinique

L'entretien clinique est une étape cruciale pour obtenir une compréhension complÚte et holistique du patient, ce qui est essentiel pour un diagnostic précis, une planification efficace du traitement et l'établissement d'une relation thérapeutique de confiance. 

Dans un premier temps laissons le patient nous expliquer ses motifs de consultations. Il n’est pas rare d’ĂȘtre surpris par la prĂ©cision des informations et des ressentis dĂ©crits par le patient concernant la mĂ©canique de sa douleur. Cette premiĂšre Ă©tape nous permet de connaĂźtre les signes cliniques prĂ©dominants : douleurs, bruits articulaires, limitations d’amplitude, localisation des signes cliniques. Profitez de ce temps d’expression pour apprĂ©cier les gestes du patients, sa posture, son Ă©locution, ses parafonctions.

Dans un second temps, nous guiderons le patient avec des questions prĂ©cises afin d’obtenir une Ă©valuation complĂšte des DTM, permettant un traitement efficace et personnalisĂ©.

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1) Douleur

Le bilan de la douleur évalue les paramètres suivants : durĂ©e, localisation, intensitĂ©.

- Depuis combien de temps la douleur Ă©tait-elle prĂ©sente? Le DC/TMD s'intĂ©resse particuliĂšrement Ă  la douleur “au cours des 30 derniers jours” qui est jugĂ©e plus pertinente sur le plan clinique. Compte tenu de l’errance thĂ©rapeutique encore prĂ©sente dans la prise en charge des DTM, nous devrons ĂȘtre attentifs en cabinet Ă  des douleurs trĂšs souvent prĂ©sentes depuis bien plus longtemps. Nous essaierons de centrer le patient sur son ressenti des 30 derniers jours, en tenant compte de l’évolution depuis l’apparition de la douleur.

- Quelle est sa localisation : prétragienne (proche tragus), pseudo-otalgique, régions dentaires, sinusienne, rétro-orbitaire, temporale, péri-auriculaire, frontale, occipitale, hémifaciale,  angulo-mandibulaire, unilatérale ou bilatérale,

- Est-ce une douleur musculaire? plutĂŽt articulaire?

- Quel est le type de douleur : lancinante, sourde, aigüe, paroxystique, névralgique,

- Quelle est sa fréquence : occasionnelle (stress) ou constante,

- Quel est le rythme, l’évolution de la douleur : diurne, matinale, en fin de journée, ou nocturne,

- Y-a-t-il des facteurs dĂ©clenchants : bâillement, mastication, parole, ouverture buccale normale, forcée ou prolongée, spontanĂ©ment

- Les circonstances d’apparition : stress ou traumatisme,

- L’intensité : cotée de 0 à 10 à l’aide d’une échelle visuelle analogique, ce qui nous permettra d’avoir un point de dĂ©part prĂ©cis.


Plus nous avons de dĂ©tails sur cette douleur, plus nous aurons d’élĂ©ments de comparaison pour les consultations ultĂ©rieures. Les DTM sont des pathologies plurifactorielles, il n’est pas toujours facile pour le patient de comparer ses gĂšnes d’une sĂ©ance Ă  l’autre, suivant sa situation psycho-sociale. Nous devons pouvoir nous appuyer sur des rĂ©ponses prĂ©cises et dĂ©taillĂ©es pour observer une amĂ©lioration anatomique malgrĂ© des difficultĂ©s Ă©motionnelles par exemple.

Si vous souhaitez plus de prĂ©cisions concernant les douleurs oro-faciales vous trouverez l’International Classification of Orofacial Pain, 1st edition (ICOP) publiĂ©e en janvier 2020, qui se dĂ©crit comme un “manuel complet de recherche et de diagnostic” et qui se veut “particuliĂšrement utile lorsque le diagnostic est incertain”.

2) Troubles mécaniques

Le bilan des troubles mécaniques recherche plusieurs éléments :

- Les bruits articulaires ou gnathosonies = claquements, crépitements, crissements.

Depuis quand sont-ils prĂ©sents? Sont-ils unilatéraux ou bilatéraux (rares). Quelles sont les circonstances d’apparition : sont-ils précoces ou tardifs lors de l’ouverture buccale, d’un bâillement ou de la fermeture buccale, Ă  la mastication? Sont-ils accompagnĂ©s de sensation de blocage Ă  l’ouverture ou Ă  la fermeture de bouche? 

Les claquements sont caractéristiques d’une luxation discale réductible. Ils surviennent à l’ouverture, lorsque le condyle recapture le disque articulaire, placé dans une position trop antérieure ; puis à la fermeture quand le condyle repasse en arrière du disque. Le claquement correspond au passage du bourrelet postérieur du disque articulaire. Les crépitations, type sable mouillé, sont eux caractéristiques de modifications morphologiques des surfaces articulaires, comme le dĂ©crit Duminil G dans un article en 2013.

- La cinĂ©tique mandibulaire =  l’ouverture buccale. Elle peut être déviée, en baïonnette, sinusoïdal ou arciforme. Est-elle fluide ou avec ressaut ? Un ressaut à l’ouverture ou à la fermeture buccale, unilatéral ou bilatéral.

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- Les amplitudes articulaires =  ouverture buccale, diduction droite & gauche, propulsion. Est-ce que l’ouverture de bouche se fait dans l’axe, avec une dĂ©viation puis un recentrage, une dĂ©viation simple? Les diductions sont-elles Ă©quivalentes? La propulsion est-elle suffisante ? L’évaluation prĂ©cise (avec mesures) de la mĂ©canique de la mĂąchoire se fera lors de l’examen de la mobilitĂ© dans la partie II. Lors de l’entretien, on observe les mouvements de la mĂąchoire pour noter les premiers Ă©lĂ©ments que le patient dĂ©crit comme importants, en lien avec sa plainte initiale.

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3) Signes musculaires

Le bilan musculaire se fait dans un second temps lors de la palpation. Cependant lors de l’entretien clinique nous pouvons dĂ©jĂ  demander au patient s’il ressent des tensions, au niveau des muscles masticateurs (massĂ©ters, temporaux principalement) mais aussi au niveau des muscles du rachis cervical. 

Le patient peut prĂ©ciser qu’il serre les dents volontairement, que c’est une habitude. Il peut Ă©galement serrer simplement quand il est concentrĂ©, quand il fait une activitĂ© physique ou encore lorsqu’il stresse uniquement
 ou de façon totalement involontaire et presque inconsciente.

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4) Parafonctions et habitudes nocives

Le bilan et notamment l’interrogatoire peuvent mettre en évidence des parafonctions et des habitudes nocives qui peuvent impacter la prise en charge. Certaines de ces habitudes ne sont pas faciles Ă  observer ou mĂȘme difficiles Ă  avouer pour le patient. Nos questions peuvent surprendre et paraĂźtre hors de propos mais il faut expliquer au patient que l’on utilise beaucoup sa bouche quotidiennement, parfois sans s’en rendre compte mais que toute action, trop rĂ©pĂ©tĂ©e ou non, peut avoir un impact nĂ©gatif sur les ATM et tend Ă  entretenir les dysfonctions.

Les tics buccaux sont souvent prĂ©sents et importants Ă  dĂ©cĂ©ler dĂšs le dĂ©part :  mordillements labiaux, digitaux ou encore d’objets, onychophagie (se ronger les ongles ou les peaux), chewing-gum, mâchonnementm de la langue ou de la muqueuse juguale.

La succion du pouce ou de la langue sera Ă  noter, elle peut ĂȘtre encore prĂ©sente chez les patients adultes, plus ou moins facile Ă  avouer. 

Le bruxisme : il peut ĂȘtre centré, excentré, diurne ou nocturne.

La mastication : si elle n’est pas bilatérale alternée (unilatĂ©rale, inefficace ou absente) cela peut crĂ©er des asymĂ©tries musculaires.

Les habitudes positionnelles : ordinateur, jeux-vidéos, instruments à vent ou violon.

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5) Autres manifestations

D’autres manifestations peuvent être rencontrées lors du bilan comme des signes otologiques (acouphènes, bourdonnements, sensation d’oreille bouchée) ou des troubles de la convergence oculaire, des céphalées de tension, des vertiges, des cervicalgies, un stress ou encore un Ă©tat Ă©motionnel instable
 Autant de dĂ©tails qui peuvent ĂȘtre en lien avec les DTM ou influencer le traitement. Notons les pour en suivre l’évolution parallĂšlement Ă  notre prise en charge. 

Nous chercherons Ă©galement Ă  recueillir d’autres informations plus gĂ©nĂ©rales mais pouvant aussi impacter l’ATM ou les sphĂšres psycho sociales :

-  le patient a-t-il dĂ©jĂ  eu des traitements antérieurs pour ce problème?

-  le patient a-t-il eu un traitement orthodontique, pendant sa croissance ou Ă  l’ñge adulte? A-t-il Ă©tait long, douloureux? Les rĂ©sultats ont-ils bougĂ©?

-  y a-t-il des antĂ©cĂ©dents traumatiques  (accidents, intervention chirurgicale, intubation, chute à cheval/vĂ©lo
)?

-  le patient a-t-il une pratique sportive? Certains sports auront un impact plus important sur les ATM que d’autres (boxe, natation (respiration buccale quasi exclusive))

-  des manipulations cervicales ont-elles été faites?

-  quelle est la profession du patient? Un professeur qui parle toute la journĂ©e n’aura pas la mĂȘme utilisation de ses ATM qu’un patient programmeur informaticien en tĂ©lĂ©travail, de mĂȘme qu’un patient musicien (Ă  vent ou Ă  corde, violoniste notamment). Ă©tude d’isabelle breton?

De nombreuses Ă©tudes (citation) ont dĂ©montrĂ© le lien entre un sommeil de mauvaise qualitĂ© et l’installation de douleurs chroniques et de DTM. S'intĂ©resser au sommeil de son patient peut se faire simplement en lui demandant son ressenti sur la qualitĂ© de son sommeil, son Ă©tat de fatigue au rĂ©veil et pendant la journĂ©e, ou grĂące Ă  des questionnaires de rĂ©fĂ©rence, communs aux mĂ©decins spĂ©cialisĂ©s dans le sommeil.

- Pour la qualitĂ© du sommeil : l’index de Pittsburgh (PSQI, Pittsburgh Sleep Quality Index) : permet d’évaluer la qualitĂ© du sommeil de maniĂšre gĂ©nĂ©rale.‹

- l'index de sévérité de l'insomnie (ISI,InsomniaSeverityIndex).

- l’échelle de somnolence d’Epworth (ESS, Epworth Sleepiness Scale).

- le questionnaire de Berlin pour les dĂ©pister les risques de SAHOS (syndrĂŽme d’apnĂ©e hypopnĂ©e du sommeil). Ce questionnaire ne permet pas de faire le diagnostic, mais permet de classifier un risque et d'Ă©valuer la nĂ©cessitĂ© de rĂ©aliser une polysomnographie.

Vous pouvez retrouver ces diffĂ©rents tests sur le site “rĂ©seau morphĂ©e”, ainsi qu’un questionnaire assez complet qui regroupe de nombreux items des diffĂ©rents index, Ă©chelle et questionnaires citĂ©s ci-dessus.

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GrĂące Ă  toutes ces questions vous avez maintenant un meilleur aperçu de l’état gĂ©nĂ©ral de votre patient. Le stress auquel le patient est exposĂ© (dans la vie professionnelle mais aussi personnelle) et sa gestion (sport, mĂ©ditation, prise en charge psy
) sont des points importants. Comme nous l’avions dĂ©jĂ  Ă©voquĂ©, de nombreuses Ă©tudes ont prouvĂ© le lien important entre les DTM et les facteurs psycho sociaux. De façon simple un patient dĂ©pressif, stressĂ© ou peu compris, aura une rĂ©Ă©ducation plus longue et un rĂ©tablissement plus tardif. 

Pour aller plus loin dans l’analyse de ces facteurs psycho sociaux vous pouvez vous reporter à la partie V de ce module.

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6) Praxies oro-faciales et respiration

Le bilan des praxies oro-faciales explore la langue, les lèvres, et la ventilation. Il est Ă  mi-chemin entre l’entretien clinique et l’examen clinique.

L’objectif est de mettre en Ă©vidence de possibles dyspraxies qui auraient un impact nĂ©gatif sur les DTM.

Isabelle Breton explique le lien entre la posture, les dyspraxies et les DTM dans deux articles sortis en 2016. De façon simplifiĂ©e, si le patient a une respiration buccale, sa langue sera en position basse, donc moins tonique, ses lĂšvres seront entrouvertes (moins toniques Ă©galement) et sa mĂąchoire n’aura pas d’autre force de maintien que celle des muscles masticateurs. Le manque de tonicitĂ© labiale et linguale va augmenter le travail des muscles du rachis cervical et impacter sa posture la journĂ©e mais aussi la nuit. Cela crĂ©e plus de tensions au niveau des ATM avec un risque de compression dans l’articulation. “Une posture prolongĂ©e en bascule de la mandibule et en extension cervicale entraĂźne des raccourcissements uni ou bilatĂ©raux des muscles digastriques et des muscles extenseurs cervicaux ce qui provoque une augmentation uni ou bilatĂ©rale de la pression au niveau des ATM”.

Nous observerons la respiration du patient puis nous évaluerons la langue, sa position de repos, sa force, sa mobilité, sa coordination, son contrÎle et ses fonctions (déglutition, phonation, mastication). La langue est le pilier central de la bouche, si elle ne remplit pas ses fonctions les muscles masticateurs et du rachis cervical devront compenser.

→ DĂ©glutition : on demande au patient d’avaler sa salive, rien ne doit bouger.

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→ Mastication : la mastication est-elle efficace et unilatĂ©rale alternĂ©e. Le patient peut ĂȘtre particuliĂšrement lent (toujours le dernier Ă  table = langue inefficace) ou au contraire trĂšs rapide (tendance Ă  gober = langue qui ne travaille pas)

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→ Phonation : faire rĂ©pĂ©ter certains sons (sons palatins “LA-NA-DA-TA”, la langue doit toucher le palais) sans que la langue ne s’interpose entre les arcades dentaires.

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II) L’examen clinique

‍1) Examen musculaire

Le bilan musculaire se fait par la palpation des muscles à la recherche de tensions et de contractures. Nous Ă©tudions des muscles exo buccaux et endo buccaux (masséters, temporaux, ptĂ©rygoĂŻdiens mĂ©diaux et latĂ©raux, sterno-cléido-mastoïdiens, trapèzes supérieurs et des muscles cervicaux profonds). L’objectif est de localiser la douleur et de noter son intensitĂ©. Schimann & cie, dans leur rĂ©sumĂ© du DC/TMD paru en 2016, prĂ©cisent que la palpation doit comprendre au minimum les massĂ©ters et les temporaux. Les autres muscles masticateurs peuvent ĂȘtre plus difficiles Ă  palper et les rĂ©sultats de leur palpation restent peu fiables selon certaines Ă©tudes telles que Conti & cie en 2008.

La palpation se fait muscle au repos puis muscle contracté (on demande au patient de contracter : “serrez les dents”). Enfin la palpation se fait en Ă©tirant passivement le muscle. Nous comparons toujours les deux cĂŽtĂ©s du visage.
La pression est ferme et de 1 à 2 secondes.
La palpation précise la localisation de la douleur, l'état de sensibilité ou de douleur, de contracture ou d’hypertrophie du muscle. Nous pouvons retrouver diffĂ©rents Ă©tats musculaires pouvant crĂ©er des dĂ©sĂ©quilibres : les cordons myalgiques souvent signes hypercontractilitĂ© (spasme), une hypocontractilitĂ© (faible contraction par rapport au cĂŽtĂ© opposĂ©), un retard de contraction ou encore des fibrillations. On demande au patient de quantifier sa douleur sur l’échelle EVA. Nous utilisons cette Ă©chelle analogique afin de comparer la sensibilitĂ© d’une sĂ©ance Ă  l’autre ou au bout de quelques sĂ©ances avant de revoir le prescripteur par exemple.

Attention, en cas de douleur il faudra bien demander au patient s’il y a similarité entre la douleur de la palpation et le symptôme douloureux liĂ© au motif de consultation.

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2) Examen articulaire

Nous recherchons ici les bruits articulaires, les gnathosonies.

Le claquement pourra ĂȘtre un signe de dĂ©sunion discale rĂ©ductible (DDR) ou de subluxation. 

Les crépitements marquent une atteinte articulaire. Ils peuvent signifier une désunion discale irréductible (DDI) ancienne ou une maladie dégénérative.

Les crissements ou bruits de sable sont des signes d'arthrose.

Pour objectiver au mieux l’examen nĂ©cessite une palpation en regard de l’articulation, le patient est alors allongĂ©, la palpation est bilatĂ©rale et symĂ©trique. Le patient fait des sĂ©ries d’OB/OF et des mouvements de latĂ©ralitĂ©. L’utilisation d’un stĂ©thoscope est possible mais non obligatoire. Nous cherchons Ă  Ă©valuer le caractĂšre synchrone et symĂ©trique ou les diffĂ©rences qu’il peut y avoir entre les deux ATM. Un ressaut est-il observĂ©? Si oui Ă  quel degrĂ© d’OB/FB se manifeste-t-il? Y a-t-il un claquement ou un crĂ©pitement ?

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3) Examen de la mobilité

L’ouverture buccale :

Nous mesurons l’ouverture buccale grñce à un pied à coulisse, son amplitude normale est de 40 mm, +/- 12mm. Elle est normalement rectiligne.

Dans les DTM les dyskinĂ©sies sont trĂšs frĂ©quentes. Elles s’étudient en prenant pour repĂšre les points inter-incisif supĂ©rieur et infĂ©rieur (soit le repĂšre entre les deux incisives maxillaires et mandibulaires), lorsqu’ils sont bien alignĂ©s en position d’occlusion.

Il existe diffĂ©rents cas possibles en ce qui concerne l’ouverture buccale :

→ Trajectoire du point inter-incisif inférieur rectiligne : trajectoire verticale droite que l’on peut tracer lors de l’OB entre les deux points inter-incisif.

S’il est rectiligne sagittal il s’agit d’OB normale.

S’il est rectiligne mais avec ressaut bilatéral synchrone et une amplitude normale il s’agit d’une DDR bilatérale et synchrone.

Si le mouvement est bloqué avec une ouverture réduite rectiligne (les deux condyles sont bloqués) il s’agit d’une DDI bilatérale ou d’une contracture musculaire bilatérale.

→ Trajectoire du point inter-incisif inférieur déviée (latérodéviation) :

Si la trajectoire est déviée sans ressaut, avec limitation de l’OB (LOB) : DDI unilatérale ou dysfonction/douleur musculaire unilatérale (contracture sévère unilatérale). Nous demanderons au patient s’il y a des antĂ©cĂ©dents de claquement.

Si la trajectoire est déviée avec ressauts bilatéraux (d'un côté puis de l'autre) il s’agit d’une DDR asynchrones.

Si la trajectoire est déviée avec ressaut unilatéral (mouvement d’ouverture en baïonnette) il s’agit d’une DDR unilatérale.

Nous détaillerons les désunions dans la partie III.

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La propulsion :

Nous demandons au patient d’avancer la mĂąchoire du bas. Elle se mesure Ă©galement au pied à coulisse, entre la face vestibulaire (face de la dent situĂ©e Ă  la partie externe de l’arcade dentaire, en contact avec les joues et les lĂšvres) de l’incisive maxillaire et le bord libre de l'incisive mandibulaire. Elle est gĂ©nĂ©ralement entre 8 et 10 mm. Elle peut ĂȘtre axĂ©e ou dĂ©viĂ©e, douloureuse ou non, fluide ou saccadĂ©e.

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Les diductions :

Nous demandons au patient de partir en position d’occlusion puis de dĂ©caler sa mandibule Ă  droite puis Ă  gauche. L’amplitude est mesurée entre les 2 points inter-incisifs quand ils coïncident, sinon tracer la ligne verticale médiane entre le maxillaire et la mandibule. En moyenne les diductions sont de 4 Ă  5 mm. Elles peuvent ĂȘtre symĂ©triques ou inĂ©gales. Un cĂŽtĂ© peut ĂȘtre plus simple, plus confortable, plus mobile.

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Dans l’examen clinique des DTM nous nous retrouvons parfois avec des cas oĂč il peut ĂȘtre difficile de faire la diffĂ©rence entre trouble musculaire et articulaire, surtout s’il n’y a pas de bruit articulaire. Des tests cliniques peuvent alors nous aider.


4. Tests cliniques

Il existe plusieurs tests cliniques pour différencier les composantes musculaires et articulaires.

Test de Krogh-Poulsen : 

Le test de morsure se réalise à l’aide d’un bâton en bois ou de trois abaisses langues. On fait mordre le patient sur cet élément d’un côté, en secteur molaire. La morsure provoque une augmentation de la pression au niveau de l’articulation controlatérale et une diminution de cette pression dans l’homolatérale.

Le soulagement de la douleur dans l’articulation du côté testé est un signe pathognomonique d’une pathologie articulaire.

Au contraire, l’augmentation de la douleur du cĂŽtĂ© de la morsure signe une pathologie d’origine musculaire.

Si la morsure dĂ©clenche des douleurs du cĂŽtĂ© opposĂ© Ă  la morsure c’est le signe d’une inflammation intracapsulaire.

C’est le test le plus utilisĂ©, il est dĂ©crit par Cazals G et Fleiter B. en 2017.

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Test de comparaison des mouvements actifs et passifs :

Nous pouvons tester l’OB et la FB en passif et en actif.

Un mouvement passif indolore et actif douloureux orientera vers une atteinte musculaire.

Un mouvement passif et actif douloureux signera une atteinte articulaire.‍

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Test de résistance élastique en ouverture forcée :

‍Ce test est peu pratiquĂ© de maniĂšre gĂ©nĂ©rale, encore plus lorsque le patient est trĂšs douloureux.

En ouverture maximale, le praticien exerce un appui digital sur les incisives mandibulaires.

-  si l’augmentation de l’ouverture maximale de 1 à 2 mm est possible sans douleur l’ATM semble saine.

-  s’il apparaĂźt une résistance dure, la limitation est d’origine articulaire.

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5. Examens complémentaires

La Radiographie :‍

Un panoramique permet de visualiser des anomalies morphologiques ou structurelles (telles qu’un petit condyle ou une asymĂ©trie des branches mandibulaires). Il peut Ă©galement nous permettre de voir des asymĂ©tries cranio-faciales (hypo ou hyperplasie du condyle, du col ou de la branche mandibulaire), des fractures ou des formes inhabituelles. On ne peut pas observer le disque articulaire avec cet examen.

L’axiographie :‍

L’axiographe est un instrument de mesure permettant l’enregistrement graphique des mouvements du condyle mandibulaire. Il permet de suivre l’excursion mandibulaire dans les diffĂ©rents plans de l’espace. La cinĂ©matique condylo-discale est alors visualisĂ©e dans les mouvements d’ouverture, fermeture et de propulsion essentiellement. L’axiographie est utile pour la caractĂ©risation des troubles de la mĂ©canique articulaire mais il ne permet pas de poser un diagnostic Ă  lui tout seul. Il est aujourd’hui bien moins utilisĂ© que l’imagerie.


La Tomographie :

Elle permet de visualiser l’espace articulaire (bouche fermée et bouche ouverte), les anomalies morphologiques et structurelles des tissus durs (fractures, hypo ou hyperplasies) et la cinématique : bouche ouverte et bouche fermée. Les images anatomiques de cet examen manquent de prĂ©cision comparĂ©es Ă  celles obtenues par un scanner ou une IRM

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La Tomodensitométrie ou scanner :

Le scanner permet de visualiser les altérations morphologiques et structurelles, les anomalies squelettiques ainsi que la cinématique mandibulaire. Cet examen permet d’analyser l’espace articulaire mais reste moins performant que l’IRM pour l’analyse des tissus mous.

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Cone Beam :

Il permet de visualiser une possible évaluation morphologique, la cinématique mandibulaire et l’état de surface des condyles, l’usure ou la fracture.

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IRM : Imagerie par résonance magnétique nucléaire :

L’IRM est le seul examen qui permet de visualiser les tissus mous et le disque. On peut Ă©galement observer la cinématique mandibulaire et les altérations morphologiques et structurelles. Une Ă©tude menĂ©e par Ahmad et al. en 2018 a dĂ©montrĂ© l'efficacitĂ© de l'IRM dans l'Ă©valuation des structures anatomiques de l'ATM, permettant une visualisation prĂ©cise des disques articulaires et des tissus environnants. C’est vraiment l’examen radiologique de choix lors de dysfonctionnements de l’appareil manducateur d’origine articulaire. Il faudra rĂ©aliser diffĂ©rentes coupes Ă  diffĂ©rents degrĂ©s d’OB (bouche fermée, bouche semi ouverte et bouche complètement ouverte) pour observer la course du disque articulaire.

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Tous les patients qui arrivent au cabinet n’ont pas forcĂ©ment fait d’examen complĂ©mentaire. Cela dĂ©pend beaucoup du prescripteur et ce n’est pas un problĂšme pour rĂ©aliser notre bilan et commencer notre rĂ©Ă©ducation. Si malgrĂ© un traitement conservateur bien menĂ© le patient ne ressent pas d’amĂ©lioration, un examen complĂ©mentaire pourra ĂȘtre utile. De plus, on se souvient qu’il y a de nombreux diagnostics diffĂ©rentiels dans le cadre des DTM. Si vous avez un doute et que les rĂ©sultats des soins ne sont pas satisfaisants, l’imagerie permettra d’éliminer d’autres causes de douleurs qui pourraient ne pas rĂ©pondre au traitement kinĂ©.

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III) Les différents DTM

Nous avons vu dans la premiĂšre partie qu’un groupe d’experts avait, grĂące au RDC/TMD, classĂ© en 4 groupes les DTM simples et complexes. Nous allons dĂ©tailler ici les DTM du groupe I, les dĂ©sordres articulaires et plus spĂ©cifiquement, les dĂ©sunions condylo-discales, catĂ©gorie que l’on rencontre souvent en cabinet.

Petites prĂ©cisions : Lorsque les pressions intra-articulaires augmentent de façon excessive, le nerf auriculo-temporal est excité, provoquant une contracture réflexe du muscle ptĂ©rygoidien latĂ©ral. Ce spasme irradie dans l’ensemble des muscles masticateurs, provoquant un cercle vicieux de compression articulaire. Lors d’une dĂ©sunion discale, réductible ou non, on observe un étirement voire une rupture du frein méniscal postérieur et du ligament méniscal postérieur. Ces deux structures étant innervées, leur détérioration est à l’origine de douleurs qui s’auto-entretiennent par voie réflexe. 

Le diagramme de FARRAR est un schĂ©ma qui reprend l’amplitude et la linĂ©aritĂ© de la propulsion et des latĂ©ralitĂ©s, montrant les diffĂ©rentes trajectoires possibles.

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1) DĂ©sunion Discale RĂ©ductible DDR

Bouche fermée, le disque se trouve en antéposition par rapport à la tête condylienne, il est recaptĂ© au sommet du condyle lors de l’ouverture buccale. Des claquements, sauts ou craquements peuvent être perçus lors de la réduction. Un historique décrivant des blocages en position bouche fermée avec des problèmes de mastication exclut ce diagnostic.

Il faut la présence d’un ou plusieurs bruits articulaires lors des mouvements de la mĂąchoire dans les 30 derniers jours ou lors de l’examen. Lors de l’examen il faut un bruit au moins une fois sur trois lors des mouvements d’ouverture-fermeture buccale +/- lors d’un mouvement de diduction ou de propulsion.

A noter que sans imagerie, la sensibilité est de 0,34 et la spécificité de 0,92.

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2) DDR avec blocage intermittent

Bouche fermĂ©e, le disque est en antĂ©ro position par rapport Ă  la tĂȘte condylienne, il effectue une rĂ©duction de façon intermittente lors de l’OB. Lorsque le disque ne fait pas cette rĂ©duction (ne se replace pas au dessus de la tĂȘte), une limitation d’amplitude survient. Des dĂ©placements mĂ©diaux et latĂ©raux peuvent Ă©galement ĂȘtre prĂ©sents. Des bruits articulaires peuvent ĂȘtre dĂ©crits lors de la rĂ©duction.

CritĂšres Ă©noncĂ©s lors de l’entretien : il faut qu’il y ait des bruits articulaires lors des mouvements de la machoire dans les 30 derniers jours ou le jour de l’examen. Ou un Ă©pisode de blocage avec limitation de l’OB puis libĂ©ration de l’articulation. Comme pour la DDR il faut Ă  l’examen un bruit articulaire prĂ©sent au moins une fois sur trois lors des mouvements de l’ATM.

La sensibilité est de 0,38 et la spécificité de 0,98 sans imagerie. 

Les rĂ©sultats Ă  l’imagerie dĂ©pendent de l’état de l’articulation Ă  ce moment-lĂ . Si le blocage est prĂ©sent l’imagerie conclura la prĂ©sence d’une dĂ©sunion discale sans rĂ©duction et l’examen clinique sera nĂ©cessaire pour marquer le cĂŽtĂ© intermittent du blocage. A contrario si pas de blocage pendant l’imagerie elle montrera une dĂ©sunion rĂ©ductible.

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3) Désunion Discale Irréductible (DDI) avec limitation OB

Bouche fermĂ©e le disque est en antĂ© position par rapport Ă  la tĂȘte condylienne et il n’y a de rĂ©duction lors de l’OB. Le dĂ©sordre est associĂ© Ă  une limitation d’amplitude persistante, il n’y a pas de rĂ©duction possible hors chirurgie.

Le patient dĂ©crit deux situations : sa machoire s’est bloquĂ©e crĂ©ant une OB limitĂ©e et/ou une limitation d’OB impactant mĂȘme sa capacitĂ© Ă  s’alimenter. L’OB maximale passive est infĂ©rieure Ă  40 mm.

La sensibilité est de 0,80 et la spécificité de 0,97.

Lors d’une DDI l’IRM montrera en OIM, le bourrelet postérieur du disque situé antérieurement à la position 11:30, et/ou  la zone intermédiaire du disque est située antérieurement à la tête condylienne.

Attention, la présence de bruits articulaires (par exemple un claquement lors de l’ouverture) n’exclut pas ce diagnostic.

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4) DDI sans limitation OB

Bouche fermĂ©e le disque est en antĂ©ro position par rapport Ă  la tĂȘte condylienne, il n’y a pas de rĂ©duction lors de l’OB et il n’y a pas de limitation d’amplitude sur l’OB.

Le patient dĂ©crit des antĂ©cĂ©dents de DDI avec limitation d’amplitude ayant impactĂ© ou non l’alimentation. L’OB est normale, autour de 40 mm.

Sans imagerie, la sensibilité est de 0,54 et la spécificité de 0,79.

Lorsqu’il y a besoin de confirmer le diagnostic, les critères à l’imagerie IRM sont les mêmes que lors d’une désunion sans réduction avec limitation d’ouverture buccale.

La présence de bruits articulaires Ă  l’OB n’exclut pas ce diagnostic.

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Petite parenthÚse pour aller encore plus loin : 

Cette dernière classification est très utilisée mais il semble que la distinction ne soit pas faite entre les DD de grade I (désunions disco-condyliennes partielles avec réunion) et de grade II (désunions disco-condyliennes totales avec réunion) : elle distingue uniquement les désunions discales avec réunion et les désunions discales avec réunion et blocages occasionnels. L’étude de Litko M. de 2017 prĂ©cise que les désunions disco-condyliennes peuvent être partielles ou totales, multidirectionnelles, avec ou sans ‘‘réduction’’ en position bouche ouverte ; bien qu’il y ait un certain flou concernant la définition de « partiel » et « total » : il est rappelé que la DC-TMD ne comporte pas la catégorie diagnostique « désunion partielle », alors que certains auteurs effectuent bien une différence entre les grades I et II selon les données apportées par l’imagerie et les analyses anatomiques.

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Grade I – DDR partielle

Structurellement et IRM : La tête du condyle est uniquement en rapport avec le bourrelet postérieur du disque en occlusion d’intercuspidie maximale (OIM).
Cliniquement : Présence d’un claquement précoce, au premier quart de l’ouverture, au moment de la réunion entre la tête condylienne et le bourrelet, de faible intensité, sans claquement de retour et non observé en diduction.

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Grade II – DDR totale

Structurellement et IRM : En OIM, le condyle est en arrière du disque.
Cliniquement : Présence d’un double claquement constant, à l’ouverture et à la fermeture, ainsi qu’à la diduction.

IV) Diagnostics différentiels

Il existe de nombreux diagnostics diffĂ©rentiels. Le premier motif de consultation Ă©tant le plus souvent la douleur il nous faut garder en tĂȘte certaines pathologies.

L’odontalgie (douleur dentaire) est la 2Ăšme cause de douleur oro-faciale. GĂ©nĂ©ralement, le patient qui souffre d’une dent consultera un dentiste en premiĂšre intention. Mais il peut arriver qu’un patient souffrant des cervicales nous parle d’une gĂȘne dentaire, ce qui peut nous faire penser Ă  une douleur rĂ©fĂ©rĂ©es d’un muscle masticateur. En fonction des circonstances d’apparition et des explications donnĂ©es par le patient, la cause dentaire sera Ă  Ă©liminer.

L’otalgie (douleur Ă  l’oreille) peut amener un patient Ă  prendre rdv. Si aucun mĂ©decin ni ORL n’a examinĂ© son oreille et que l’examen clinique ne met rien en Ă©vidence, il se peut que la rĂ©ponse soit simplement une douleur en lien avec l’oreille uniquement.

Des patients atteints de certaines pathologie/syndromes (tels que la polyarthrite rhumatoĂŻde ou le syndrĂŽme d’Ehlers danlos) peuvent dĂ©crire des douleurs aux ATM sans que l’on parle de DTM. De mĂȘme pour la maladie de Horton, les nĂ©vralgies (du V, du IX ou d’arnold).

En cabinet nous recevons un certain nombre de patients migraineux ou souffrant de cĂ©phalĂ©es (post taumatique ou cĂ©rĂ©bro-vasculaire) qui peuvent se plaindre de douleurs aux ATM sans que cela rentre dans la catĂ©gorie des DTM forcĂ©ment. Un patient migraineux peut avoir une vraie DTM en plus de ces douleurs faciales mais il faudra la prĂ©sence de dyskinĂ©sies +/- avec bruits articulaires. Dans ces cas-lĂ  il faudra traiter la dysfonction en prenant en compte les facteurs dĂ©clenchants et aggravants de la migraine pour ne pas ĂȘtre dĂ©lĂ©tĂšre.

Dans certains cas plus rares les patients souffrant de douleurs oro-faciales peuvent avoir des troubles morphologiques non encore objectivĂ©s (hypo ou hyperplasie condylienne notamment). Des examens complĂ©mentaires tels qu’un panoramique pourront aider.

Notons aussi le syndrome de Eagle, rare et trùs algique, il correspond à la calcification du ligament stylo-hyoïdien. Et le psoriasis qui a parfois l’ATM comme primo localisation.

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V) L’axe II du DC/TMD

Pour aller plus loin dans l’évaluation de notre patient il nous faut parler de l’AXE II 

L'évaluation de l'Axe II analyse les facteurs psychosociaux, tels que l'anxiété, la dépression et la douleur  catastrophique. 

Ces facteurs peuvent avoir un impact sur le développement, la progression ou le maintien des symptÎmes des   DTM. En incluant l'évaluation de l'Axe II dans le diagnostic des DTM, nous pouvons développer un plan de traitement complet qui prend en compte les facteurs physiques et psychosociaux. 

DiffĂ©rents questionnaires existent pour Ă©valuer l’état de nos patients. Si vous souhaitez approfondir cette dimension dans vos sĂ©ances voici une liste d’échelle et de questionnaires. 

  • État psychosocial (PHQ-4) et évaluation dépression (PHQ9) et anxiété (GAD7)
  • Localisation, intensité et handicap liés à la douleur (échelle GCPS, « pain drawing »)
  • Limitations fonctionnelles (échelle JFLS)
  • Fréquence des comportements oraux parafonctionnels (OBC)
  • Echelle EDAS-21, dĂ©pression, anxiĂ©tĂ© et stress en 21 questions

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Nous pouvons également poser au patient quelques questions simples sur son état de stress, sa gestion du stress, son ressenti général. En fonction des réponses nous pourrons proposer des thérapeutes spécialisés pour aider au mieux le patient. 

Le fait de rĂ©orienter le patient est important dans la prise en charge des DTM. En effet, l’impact de l’état Ă©motionnel du patient sur ces douleurs oro-faciales est trĂšs marquĂ© comme l’ont montrĂ© de nombreuses Ă©tudes avant et depuis la crĂ©ation du DC/TMD. Que ce soit vers un psychologue, un sophrologue, un professeur de yoga ou autre, la rĂ©orientation permettra au patient de mieux gĂ©rer son Ă©tat Ă©motionnel, en parallĂšle de la prise en charge kinĂ©sithĂ©rapique pour des rĂ©sultats optimum et pĂ©rennes.

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VI) Conclusion 

Les dysfonctions temporo-mandibulaires reprĂ©sentent un ensemble complexe de troubles affectant l'ATM, les muscles masticateurs et les structures associĂ©es. Leur diagnostic n’est pas toujours simple, nous devons garder une approche bio-psycho-sociale complĂšte pour Ă©tablir un diagnostic prĂ©cis. Schiffman et son Ă©quipe en 2014 ont dĂ©montrĂ© que l'anamnĂšse et l'examen clinique sont les piliers du diagnostic des DTM, permettant de recueillir des informations sur les symptĂŽmes du patient, ses antĂ©cĂ©dents mĂ©dicaux et dentaires, ainsi que d'identifier les signes cliniques caractĂ©ristiques. Nous pourrons nous rĂ©fĂ©rer au questionnaire clinique du DC/TMD ainsi qu’aux diffĂ©rents tests de l’axe II. Nous pourrons Ă©galement nous appuyer sur des examens complĂ©mentaires tels que l’imagerie. En cas de doute, sur le diagnostic mais aussi sur l’importance du contexte psycho-social, nous pourrons rĂ©-orienter vers un spĂ©cialiste (chirurgien maxillo-facial, dentiste, psychologue
).

Le diagnostic prĂ©coce des DTM revĂȘt une importance particuliĂšre, car il permet d'initier rapidement une prise en charge appropriĂ©e et de prĂ©venir la progression des symptĂŽmes. Une intervention prĂ©coce peut Ă©galement rĂ©duire le besoin de traitements invasifs Ă  long terme. 

Nous aborderons les différents traitements possibles pour les DTM dans la 3Úme partie.

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VII) Bibliographie

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Breton-Torres I, Jammet P. (2016). Dysfonction de l’appareil manducateur : Comprendre et rĂ©Ă©duquer. kinĂ©sithĂ©rapie Scientifique, 23‑25.

Breton-Torres, I., Trichot, S., Yachouh, J., & Jammet, P. (2016). Dysfonction de l’appareil manducateur : Approches rĂ©Ă©ducative et posturale. Revue de Stomatologie, de Chirurgie Maxillo-faciale et de Chirurgie Orale, 117(4), 217‑222. 

Cazals G, & Fleiter, B. (2017). DĂ©pistage des dysfonctionnements de l’appareil manducateurs et keurs facteurs de risque. ID magazine, 42‑49.

Duminil G, Laplanche O, RĂ© JP, Carlier. (2013). L’occlusion tout simplement. L’information dentaire, 224.

dysfonctionnements temporo-mandibulaires—Comprendre, identifier, traiter. (2017). Information dentaire.

Eric Schiffman, Richard Ohrbach, Edmond Truelove, John Look, Gary Anderson, Jean-Paul Goulet, Thomas List, Peter Svensson, Yoly Gonzalez, Frank Lobbezoo, Ambra Michelotti, Sharon L Brooks, Werner Ceusters, Mark Drangsholt, Dominik Ettlin, Charly Gaul, Louis J Goldberg, Jennifer A Haythornthwaite, Lars Hollender, Rigmor Jensen, Mike T John, Antoon De Laat, Reny de Leeuw, William Maixner, Marylee van der Meulen, Greg M Murray, Donald R Nixdorf, Sandro Palla, Arne Petersson, Paul Pionchon, Barry Smith, Corine M Visscher, Joanna Zakrzewska, Samuel F Dworkin; (2014). Diagnostic Criteria for Temporomandibular Disorders (DC/TMD) for Clinical and Research Applications : Recommendations of the International RDC/TMD Consortium Network* and Orofacial Pain Special Interest Group†. 

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Minervini, G., Marrapodi, M. M., Siurkel, Y., CicciĂč, M., & Ronsivalle, V. (2024a). Accuracy of temporomandibular disorders diagnosis evaluated through the diagnostic criteria for temporomandibular disorder (DC/TDM) Axis II compared to the Axis I evaluations : A systematic review and meta-analysis. BMC Oral Health, 24(1), 299. 

Paulo César Rodrigues Conti, DDS, PhD, Rafael Dos Santos Silva, DDS, MSc, Leylha Maria Nunes Rossetti, DDS, MSc, PhD, Renato De Oliveira Ferreira Da Silva, DDS, MSc, Accåcio Lins Do Valle, DDS, MSc, PhD, & Mariana Gelmini, DDS. (s. d.). Palpation of the lateral pterygoid area in the myofascial pain diagnosis. 

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Valesan, L. F., Da-Cas, C. D., RĂ©us, J. C., Denardin, A. C. S., Garanhani, R. R., Bonotto, D., Januzzi, E., & De Souza, B. D. M. (2021). Prevalence of temporomandibular joint disorders : A systematic review and meta-analysis. Clinical Oral Investigations, 25(2), 441‑453. 

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