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Utilisation du HIIT en rééducation

Masterclass
Publiée le
9/10/2024
Musculo-squelettique
Kinésithérapie
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Weston et al. ont défini le HIIT comme un exercice "quasi maximal" (en d'autres termes, "submaximal") généralement effectué à une intensité >80% (souvent 85-95%) de la fréquence cardiaque maximale (Weston et al. 2014).

Thompson a proposé une définition plus large du HIIT, selon laquelle le HIIT implique généralement de courtes rafales d'exercices de haute intensité suivies d'une courte période de repos ou de récupération et la durée de l'exercice est généralement inférieure à 30 minutes (Thompson. 2017).

Un des principaux avantages du HIIT, c’est que les protocoles de HIIT et les exercices associés peuvent être très variés ce qui peut amoindrir le côté répétitif des séances et cela pourrait jouer sur la compliance des patients (Shahidi et al. 2021 ; de-Oliveira et al. 2020). Par exemple dans le cas de longue prise en charge comme pour le patient scoliotique, post-ligamentoplastie du genou ou post rupture du tendon d’Achille et pleins d’autres pathologies encore, il pourra être intéressant de varier nos prises en charge avec ces protocoles HIIT.

Il existe en effet des études qui ont montré que la satisfaction directe après exercice est plus importante après un protocole HIIT qu’après un entraînement continu à intensité modérée ou ECIM, pour des adolescents âgés entre 14 et 18 ans (de Faria et al. 2022).

Il existe donc plusieurs protocoles que nous pouvons peut mettre en place avec nos patients. Parmi eux, nous allons nous pencher sur l’AMRAP, l’EMOM, le FT et enfin nous parlerons rapidement de la formule TABATA.

AMRAP : As Many Reps/Rounds as Possible.

EMOM :  Every Minute on the Minute

FT : For Time

Pour le protocole AMRAP, ici le nombre de répétitions dépends de la capacité du patient. Le participant effectue un circuit d’entraînement et doit essayer de le faire le plus de fois possible en un temps donné. Donc le patient doit vraiment se donner à fond pendant un temps déterminé. Ici la mesure de la performance pourra se faire de la manière suivante : imaginons qu’en semaine 0, j’arrive à faire 4 fois le circuit sur 10 minutes, semaine 6, j’arrive à le faire 7 fois.

Pour le EMOM, vous avez une minute pour faire un nombre de répétitions défini. Au plus l’athlète fera l’exercice intensément et rapidement, au plus il aura du temps de repos. Si je vous demande de faire 15 burpees en 1 minutes, vous allez le faire le plus rapidement possible, si vous les terminez en 30 secondes, vous avez  30 secondes de récupération avant le prochain exercice. Donc ce format incite le patient à aller vite pendant l’exercice.

Le For time peut être intéressant à prescrire à domicile. C’est très simple. Le patient peut se dire qu’il doit faire un circuit par exemple de 4 exercices et 7 tours à réaliser et il doit le faire le plus rapidement possible. À ce moment, la mesure de la performance sera le temps final pour réaliser ces 7 tours

Enfin un petit mot sur la formule TABATA,

L'entraînement Tabata est défini comme l'entraînement à l'intensité qui épuise les sujets au cours des 7e ou 8e séries d'exercices à vélo de 20 secondes avec un repos de 10 secondes entre les séries d'exercices (Tabata. 2019). Alors même si cet exercice/entraînement a été développé à l'origine pour les exercices de cyclisme (Tabata et al. 1997 ; Tabata et al. 1996), et est souvent étudié selon cette définition très précise, on peut bien évidemment extrapoler ce protocole à d’autres exercices en tout genre et faire varier le temps de travail et le temps de récupération.

Par ailleurs, il peut être important de faire un petit point sur la nomenclature entre l’intervalle et l’intermittent ; certains auteurs insistent sur le fait qu’on parle d’exercices par intervalles lorsqu’un individu s'exerce à faible intensité entre deux périodes d'exercice à intensité plus forte (Fox. 1974). En revanche, dans l'entraînement intermittent (y compris l'entraînement Tabata (Tabata et al. 1997 ; Tabata et al. 1996), les pratiquants arrêtent complètement l'exercice et se reposent pendant un certain temps.

Dans la littérature maintenant qu’est-ce qu’on retrouve comme preuves sur ces HIIT ?

Concernant la composition corporelle par exemple, quels sont les effets du HIIT ?

En 2017, Wewege et son équipe ont cherché à comparer les effets de l'entraînement HIIT et de l'entraînement continu à intensité modérée ou ECIM pour l'amélioration de la composition corporelle chez les adultes en surpoids et obèses.

Les auteurs ont conclu qu’un entraînement physique d'intensité modérée à élevée à court terme peut induire de modestes améliorations de la composition corporelle sans s'accompagner de changements de poids corporel. Le HIIT et l’ECIM montrent une efficacité similaire dans toutes les mesures de composition corporelle, ce qui suggère que le HIIT peut être un élément efficace en termes de temps des programmes de gestion du poids (Wewege et al. 2017).

La même année, Keating et ses collègues ont réalisé une revue systématique et méta-analyse pour comparer l’ECIM avec le HIIT ou l'entraînement par intervalles de sprint (SIT) pour la modulation de l'adiposité corporelle chez les humains (Keating et al. 2017).

Les auteurs ont également trouvé que l'entraînement HIIT et l'entraînement par intervalles de sprint semblent offrir des avantages similaires à ceux de l’ECIM en ce qui concerne la réduction de la graisse corporelle (Keating et al. 2017).

En 2018, une méta-analyse menée par Maillard et al ont montré que le HIIT est une stratégie efficace en termes de temps pour réduire les dépôts de masse grasse, y compris ceux de la masse grasse abdominale et viscérale. Les auteurs ajoutent que d’autres études sont nécessaires pour établir les meilleurs protocoles HIIT pour réduire la masse grasse en fonction des caractéristiques des sujets (Maillard et al. 2018).

Concernant la VO2 max

L’objectif de la méta-analyse de Milanovic et al en 2015 était d’évaluer les effets de l'entraînement d'endurance et du HIIT sur la VO2max d'adultes en bonne santé, jeunes à d'âge moyen.Ils ont conclu que l'entraînement en endurance et le HIIT entraînent tous deux d'importantes améliorations de la VO2max, les gains étant plus importants après le HIIT par rapport à l'entraînement en endurance (Milanovic et al. 2015).

Une étude de 2019 menée par l’équipe de Menz a cherché à évaluer si l'entraînement par intervalles à haute intensité (HIIT) utilisant des exercices fonctionnels tous exécutés avec le poids corporel est aussi efficace que le HIIT de course à pied traditionnel pour améliorer la VO2max et l'endurance musculaire (Menz et al. 2019).

En conclusion, les auteurs ont trouvé que la course à pied ou le HIIT fonctionnel à faible volume entraînent des améliorations similaires de la VO2 max et de certains aspects de l'endurance musculaire. Par conséquent, la modalité d'exercice ne semble pas affecter les réponses d'entraînement concernant la fonction cardiorespiratoire et l'endurance musculaire. Malgré une charge cardiovasculaire plus faible, le HIIT fonctionnel provoque des améliorations similaires au HIIT en course à pied. Les deux modalités peuvent être utilisées pour améliorer la VO2 max et certains aspects de l'endurance musculaire.

En 2020, Martin-Smith et al ont révélé que le HIIT avait un effet modéré statistiquement significatif sur l'amélioration de la fonction cardiorespiratoire chez les adolescents par rapport à l’ECIM et à l'absence d'exercice, indépendamment de la fonction cardiorespiratoire de base ou du poids corporel (Martin-Smith et al. 2020).

Concernant l’hypertension

En 2020, Leal et son équipe ont réalisé une revue systématique et méta-analyse afin de comparer les effets de l'ECIM et de l'entraînement HIIT sur la pression artérielle des personnes hypertendues. Les auteurs ont trouvé que l’ECIM et le HIIT semblent favoriser des réductions importantes de la pression artérielle systolique des adultes hypertendus, mais similaires entre elles. La pression artérielle diastolique a été réduite de façon plus importante dans le groupe HIIT. Ces réductions, en particulier de la pression systolique ont été associées à une réduction de 7 à 14% du risque de maladies cardiovasculaires et des causes totales de décès (Costa et al. 2018).

Plus récemment, en 2022 Carpes et al. ont indiqué que le HIIT réduit la tension artérielle chez les personnes âgées. Dans leur revue systématique et méta-analyse, le HIIT et l’ECIM ont fourni des réductions comparables de la pression artérielle dans cette population.

Ces résultats sont toutefois en contradictions avec la méta-analyse et revue systématique de Casaña et al. 2022 qui montrent que le HIIT n'a pas d'impact statistiquement significatif sur la pression artérielle systolique et diastolique au repos, à l'exception de la fréquence cardiaque au repos, chez les patients atteints de TMS. Les auteurs de cette revue soulignent qu’il est important de prendre ces résultats avec prudence en raison du petit nombre d'essais, de l'hétérogénéité des entraînements HIIT analysés, ainsi que du grand nombre de limitations signalées.

Chez les patients atteints de divers troubles chroniques, il a été démontré que l’entraînement HIIT avait le potentiel de réduire l'incapacité liée à ces troubles (Ross et al. 2016).

Concernant les douleurs chroniques maintenant, quels pourraient être les effets de l’entraînement HIIT ?C’était le sujet d’une revue narrative de 2022. Botta et ses collègues ont conclu que le HIIT est bénéfique pour plusieurs conditions de douleur chronique : pour cette raison, il pourrait représenter une aide valable aux thérapies médicamenteuses conventionnelles et peut être utile pour améliorer la qualité de vie des patients qui souffrent de ces conditions.

L'amélioration liée au HIIT pourrait non seulement s’expliquer par des effets hypoalgésiques (Belmonte et al. 2018) mais également par des changements macroscopiques : il peut améliorer la force musculaire globale et spécifique au site et la section musculaire ( Agten et al., 2021 ; Sabag et al., 2018 ), il pourrait avoir un impact positif sur les résultats des patients lombalgiques ( de Sousa et al., 2019 ); il peut améliorer l'amplitude des mouvements et la flexibilité des articulations ( Jiménez-García et al., 2019 ), entraîner potentiellement une diminution des troubles de l'équilibre chez les patients diabétiques ( François et Little, 2015 ); il peut comme nous l’avons dis précédemment, améliorer la condition cardiorespiratoire ( Ross et al., 2016 ), il peut également atténuer potentiellement les effets secondaires de la chimiothérapie ( Ferioli et al., 2018). Par conséquent, l'intérêt du HIIT pour la prescription d'exercices dans la littérature scientifique est croissant.

Pour l’effet du HIIT sur la douleur des patients chroniques, Botta et al.2022 soulignent tout de même que la qualité réelle des preuves reste très faible, et d'autres études à hautes preuves (telles que les ECR) sont nécessaires pour confirmer les résultats prometteurs rapportés dans cette revue.

Enfin terminons ce topo avec une méta-analyse de 2019 de 33 examens systématiques portant sur différents aspects de la vie (Martland et al. 2020). Les auteurs se demandaient si l'entraînement HIIT pouvait améliorer les résultats en matière de santé physique et mentale ?

Cette méta-analyse soutient l'utilisation du HIIT chez les personnes en bonne santé et celles souffrant de troubles de la santé physique, dans toute une gamme d'âge. Leurs données suggèrent que le HIIT améliore la condition cardiorespiratoire, les mesures anthropométriques, la glycémie et le contrôle glycémique, la compliance artérielle et la fonction vasculaire, la fonction cardiaque, la fréquence cardiaque, certains marqueurs inflammatoires, la capacité d'exercice et la masse musculaire, par rapport aux témoins non actifs. Par rapport aux témoins actifs, le HIIT a amélioré la forme cardiorespiratoire, certains marqueurs inflammatoires et la structure musculaire. Des améliorations de l'anxiété et de la dépression ont également été observées par rapport à la période précédant l'entraînement.

Bibliographie :

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