Nous allons aborder ici les thèmes 12 à 16 à savoir les problèmes d’épaule en pédiatrie, ****les facteurs psychosociaux, les blocs nerveux du suprascapulaire, les interventions chirurgicales vs conservatrices et enfin l’épaule du nageur.
Pour rappel, dans son livre publié en 2022, Jéremy Lewis relate pour ces sujets 3 strates d’incertitudes : ce que nous savons vraiment, ce que nous pensons savoir mais que nous ne savons pas actuellement et ce que nous ne savons vraiment pas et avons besoin de savoir.
Commençons donc avec ce 12ème thème : les problèmes d’épaule en pédiatrie
Ce que nous savons vraiment c’est qu'un enfant en pleine croissance a un système musculo-squelettique différent de celui des adultes.
Ce que nous pensons savoir mais que nous ignorons en réalité c’est l'évolution naturelle de l'instabilité atraumatique de l'épaule
Ce que nous ne savons pas vraiment et que nous devons savoir c’est l'expérience vécue d'enfants et d'adolescents ayant des problèmes d'épaule. Que comprennent-ils, quel est l'impact sur leur vie et quels résultats du traitement leur importent le plus ?
13ème thème : les facteurs psychosociaux.
Ce que nous savons vraiment c’est que les facteurs psychosociaux sont associés à la guérison et au pronostic d'une douleur à l'épaule.
Nous savons également que la douleur persistante à l'épaule est étroitement associée à la dépression et à l'anxiété.
Ce que nous pensons savoir mais que nous ne savons pas : nous pensons que les interventions psychosociales sont bénéfiques pour les personnes souffrant de douleur à l'épaule, mais nous ne le savons pas vraiment. Nous pensons que les patients n'aiment pas discuter des facteurs psychosociaux, mais il n'y a pas de preuve pour cela.
Ce que nous ne savons pas vraiment et que nous devons savoir : Les interventions psychosociales réduisent-elles la progression d'une douleur aiguë à une douleur persistante à l'épaule ?
Les interventions psychosociales améliorent-elles les résultats en présence de douleurs persistantes à l'épaule ?
14ème thème : les blocs nerveux suprascapulaires
Ce que nous savons vraiment aujourd’hui, c’est que les blocs nerveux suprascapulaires (SSNB) ne sont pas couramment utilisés dans la prise en charge de la douleur à l'épaule.
Ce que nous pensons savoir mais que nous ne savons pas : Nous pensons que ces blocs sont efficaces à court terme, mais nous ne le savons pas
Ce que nous ne savons vraiment pas et que nous devons savoir : Ces blocs sont-ils efficaces et sûrs, pour quels groupes de patients, à quel stade et pendant combien de temps en bénéficient-ils ? Quels sont les inconvénients définitifs de ces blocs ?
15ème thème : la chirurgie versus interventions non chirurgicales
Ce qui fait consensus aujourd’hui, c’est que la chirurgie de décompression sous-acromiale pour les personnes atteintes du syndrome de conflit de l'épaule n'a pas plus d'avantages qu'un traitement non chirurgical.
Également, nous savons que le traitement non chirurgical de nombreuses personnes présentant des déchirures atraumatiques de la coiffe des rotateurs, même de pleine épaisseur, peut produire des résultats cliniques comparables à la chirurgie.
Ce que nous pensons savoir mais que nous ne savons pas en réalité : toutes les interventions chirurgicales électives, l'exercice, la thérapie manuelle ou les techniques d'injection ont une efficacité au-delà de leurs effets contextuels.
Ce que nous ne savons pas vraiment et que nous devons savoir : Dans la prise en charge des lésions de l'articulation acromio-claviculaire de grade III, existe-t-il des facteurs de pronostic précoce permettant d'orienter le traitement vers une voie chirurgicale ou non chirurgicale ?
Comment devrions-nous adapter les traitements (chirurgicaux ou non chirurgicaux) à chaque patient ? Quels sont les déterminants pertinents dans les situations individuelles ?
Quelle doit être la spécificité de nos traitements ?
Nous ne connaissons pas le(s) mécanisme(s) précis par lequel les interventions thérapeutiques provoquent des changements. Nous sommes passés d'une explication principalement biomédicale concernant la modification de la biomécanique et la rigidité des tissus à une explication de la neuromodulation basée sur la neurotransformation.
Ni l'un ni l'autre ne doivent être entièrement acceptés ou rejetés car nous devons en savoir plus sur la contribution et l'interaction de ces différents mécanismes.
Enfin dernier thème : l’épaule du nageur
Ce que nous savons vraiment : La douleur à l'épaule chez les nageurs est un problème important.
Les nageurs dont la plage de rotation externe de l'épaule se situe en dehors de 93-100° risquent de développer des douleurs à l'épaule (Waler et al. 2012).
La modification tendinopathique du sus-épineux, subscapulaire, et la longue tête du biceps est le processus pathologique prédominant observé dans les épaules des nageurs (Porter et al. 2021 ; Sein et al. 2010)
Ce que nous pensons savoir mais que nous ne savons pas en réalité.
La douleur à l'épaule du nageur survient généralement lorsque les tendons de la coiffe des rotateurs ne s'adaptent pas au fur et à mesure de l'entraînement.
Le tendon du sous-scapulaire a la même réponse aiguë à l'entraînement que le sus-épineux.
La force musculaire des épaules peut protéger les épaules des nageurs.
Le changement de charge est un facteur de risque pour les douleurs d'épaule, mais un modèle de charge de travail aiguë à chronique est-il utile et quel est le ratio optimal ?
Ce que nous ne savons vraiment pas et que nous devons savoir :
Quelle est la quantité optimale de charge d'entraînement de natation pour différents âges/niveau ?
L'effet cumulatif de l'entraînement de natation sur l'épaisseur du tendon de la coiffe des rotateurs et le temps qu'il faut pour revenir à l'épaisseur de base.
Le suivi de l'épaisseur du tendon par échographie est-il utile dans un modèle de prédiction ?
La performance musculaire, y compris les paramètres tels que le taux de développement de la force, l'endurance et la production de force en relation avec la charge d'entraînement et la douleur à l'épaule chez les nageurs, nécessite une étude plus approfondie.
Pouvons-nous développer un programme efficace de prévention de la douleur à l'épaule pour les nageurs, et à quoi cela ressemble-t-il ?
Bibliographie :
Lewis, Jeremy, et Fernández-de-las-Peñas. The shoulder : Theory and Practice. Handspring., 2022.
Porter, Kirsten N., Scott Talpey, Deborah Pascoe, Peter D. Blanch, Helen M. Walker, et Anthony J. Shield. « The Effect of Swimming Volume and Intensity on Changes in Supraspinatus Tendon Thickness ». Physical Therapy in Sport: Official Journal of the Association of Chartered Physiotherapists in Sports Medicine 47 (janvier 2021): 173‑77.
Sein, Mya Lay, Judie Walton, James Linklater, Richard Appleyard, Brent Kirkbride, Donald Kuah, et George A. C. Murrell. « Shoulder Pain in Elite Swimmers: Primarily Due to Swim-Volume-Induced Supraspinatus Tendinopathy ». British Journal of Sports Medicine 44, no 2 (février 2010): 105‑13.
Walker, Helen, Belinda Gabbe, Henry Wajswelner, Peter Blanch, et Kim Bennell. « Shoulder Pain in Swimmers: A 12-Month Prospective Cohort Study of Incidence and Risk Factors ». Physical Therapy in Sport: Official Journal of the Association of Chartered Physiotherapists in Sports Medicine 13, no 4 (novembre 2012): 243‑49.