Le renforcement des muscles du pied est souvent négligé dans les programmes d'entraînement, mais il est essentiel pour améliorer la stabilité et la performance dans de nombreuses activités sportives, ainsi que pour prévenir les blessures.
Cette masterclass présente des exercices spécifiques pour renforcer les muscles du pied, tels que les muscles intrinsèques et les muscles extrinsèques. Ces exercices sont simples à réaliser et ne nécessitent souvent aucun équipement.
En renforçant les muscles du pied, les athlètes peuvent améliorer leur équilibre et leur proprioception, ce qui peut améliorer leur performance dans différents sports. De plus, le renforcement des muscles du pied peut aider à prévenir les blessures courantes telles que les entorses de la cheville et d'autres pathologies MSQ du membre inférieur.
Contexte
Le thème du « Foot Core » est abordé dans cette vidéo pédagogique avec Hélène Portefaix. Avant de plonger dans le sujet, contextualisons l'intérêt du « Foot Core » et évaluons où nous en sommes actuellement dans la recherche. En scrutant les publications sur PubMed, on constate que les premières études liées au « Foot Core » remontent à 2014 et 2015, grâce aux travaux de McKeon, figure de proue dans ce domaine. Cette notion de « Foot Core » est étroitement liée au concept plus ancien de « Core Stability », introduit dès les années 90 par Panjabi. Actuellement, le « Foot Core » n'est pas encore le sujet de recherche prédominant, mais il suscite un intérêt croissant, comme en témoignent les publications récentes.
Comparativement, le « Core Stability » a bénéficié d'un vaste corpus de recherches, avec plus de 2000 articles parus l'année dernière. Le « Foot Core », en tant que concept émergent, semble suivre la trajectoire ascendante du « Core Stability », offrant ainsi de nouvelles perspectives de recherche. En résumé, le « Foot Core », développé par McKeon, met en lumière les principes fondamentaux du « Core Stability », soulignant l'interconnexion entre les systèmes musculaire actif, passif et nerveux central dans le maintien de la stabilité et de la performance du corps.
Le concept de « Foot Core », initié par McKeon et ensuite étudié par des chercheurs tels que François Fourchet, Romain Tourillon et Brice Picot, remonte à 2014. Il repose sur une trilogie impliquant le système musculaire actif, comprenant les muscles intrinsèques et extrinsèques du pied, le système passif, englobant les structures osseuses et articulaires du pied (notamment les arches transversale, longitudinale et antérieure), ainsi que le système nerveux central, qui joue un rôle central dans cette interaction complexe.
Le concept de « Foot Core » sollicite les structures passives du pied et la préservation des arches. L'arche principale, l'arche longitudinale, est principalement influencée par le fascia plantaire. De plus, l'arche transversale, soutenue par le ligament profond, assure la liaison entre les différentes articulations métatarso-phalangiennes, permettant de maintenir l'arche antérieure. Initialement, on croyait que les muscles intrinsèques du pied assuraient seuls un bon alignement segmentaire et une articulation adéquate du pied.
Toutefois, on réalise progressivement que c'est l'interaction entre les muscles intrinsèques et extrinsèques du pied, tels que le long fléchisseur de l'hallux, le tibial postérieur et le triceps sural, qui garantit le maintien de ces arches, en particulier l'arche longitudinale. Cette découverte remet en question l'idée préconçue selon laquelle les muscles extrinsèques étaient uniquement responsables de la propulsion, tandis que les muscles intrinsèques régulaient la position du pied.
Donc tout ce concept et cette logique qui date de 2014 est repris régulièrement dans cet article de 2019 qui évalue la force du foot core pour les athlètes.
Mais également dans des articles plus récents avec cet article de 2022 qui va nous permettre qu'une revue systématique s'intéresse aux muscles intrinsèques du pied. On va retrouver vraiment ce concept et cette interaction entre les muscles intrinsèques et les muscles extrinsèques du pied.
Alors quand on parle des muscles intrinsèques, on parle principalement des muscles abducteurs de l’hallux, des muscles court-fléchisseurs des orteils, qui sont la continuité de l’aponévrose plantaire, et également du muscle carré plantaire. Ce sont vraiment les trois principaux muscles qui permettent de régir le foot core.
Quels exercices sont recommandés pour renforcer ce « Foot Core » ? Les travaux de McKeon et François Fourchet datant de 2015 ont démontré qu'en renforçant spécifiquement les muscles le long de l'arche longitudinale, notamment l'abducteur du gros orteil, on obtenait une amélioration significative de la stabilité posturale dynamique. Les recherches actuelles confirment que pour réaliser l'exercice du « short foot », il est essentiel de pré-activer ces muscles avec un contrôle adéquat.
Pour ce faire, l'utilisation de l'électrostimulation est préconisée, car elle permet de mieux prendre conscience de ces muscles. Étant donné que notre perception des sensations au niveau des pieds est relativement faible, l'électrostimulation peut jouer un rôle important dans la réactivation et le renforcement de ce système musculaire activo-passif.
Une fois que le patient a acquis la capacité d'activer correctement son abducteur du gros orteil, il est temps de passer à l'exercice du « short foot ». Des études récentes, notamment en 2022, ont révélé que ce n'est pas seulement l'activation des muscles intrinsèques qui est importante, mais également la coactivation des muscles intrinsèques et extrinsèques. Cette coactivation se produit principalement en position debout, mais surtout lors de la marche, de la course et du saut. Une fois que le patient maîtrise l'exercice du « short foot », il est crucial de le faire passer en position debout et de lui demander de solliciter ces muscles lors d'exercices de saut ou de course, afin de mettre le système sous contrainte.
En outre, il est essentiel de mettre en place un programme de renforcement musculaire qui cible à la fois les muscles intrinsèques et extrinsèques du pied, en mettant l'accent sur des exercices tels que le travail du triceps sural, tout en veillant à charger progressivement le patient. Une revue de 2022 a souligné l'importance de ces exercices dans l'influence sur le positionnement du pied et la préservation de l'arche longitudinale.
Les études récentes, telles que celle de 2022, ont démontré l'efficacité du renforcement des muscles intrinsèques du pied dans le traitement de diverses pathologies. En effet, le renforcement du « foot core » a montré des résultats positifs dans le traitement des récidives d'entorse de la cheville, des aponévrosites plantaires, de l'arthrose du premier rayon, des pieds plats, des tendinopathies achilléennes, du syndrome de stress tibial, ainsi que des pathologies du genou, notamment le syndrome fémoro-patellaire, comme l'ont révélé deux articles parus en 2022.
Une autre étude datant également de 2022 a mis en évidence une réduction du risque de blessure au niveau du pied dans le cadre des pathologies liées à la course. Bien que la recherche sur le « foot core » en soit à ses débuts, avec aucun article paru en 2023 contrairement au core stability qui compte plus de 600 articles, il est déjà évident que le renforcement de cette zone musculaire a un impact significatif sur un large éventail de pathologies.
Donc je vais laisser défiler cette vidéo pour vous montrer un petit peu comment on peut évaluer le foot core. Donc on peut évaluer le foot core en utilisant le star excursion balance test, qui peut être modifié en Y balance test ou simplement en SBT modifié
Une étude de 2022 a révélé qu'une différence de 4 cm entre le pied droit et le pied gauche augmentait de 2,5 fois le risque de blessure lorsqu'elle était associée à un pied plat. Cette constatation met en lumière l'importance de mesurer et de comprendre le contrôle du « foot core » chez les patients. Plusieurs tests, tels que le SBT (Single-leg Balance Test), le drop naviculaire, le foot posture index et la force des muscles du pied, notamment du long fléchisseur de l'hallux et des court fléchisseurs des orteils, sont utilisés pour évaluer le « foot core ».
Bien que les données sur le « foot core » soient encore limitées, avec aucune étude parue en 2023, contrairement aux 665 études sur le core stability, il est clair que cette composante musculaire est en train de suivre les pas du core stability. Dans les années à venir, de nouvelles découvertes sont attendues pour mieux comprendre son rôle et son développement optimal. François Fourchet souligne qu'actuellement, il est difficile de provoquer des courbatures dans les muscles intrinsèques du pied, ce qui suggère que des recherches supplémentaires sont nécessaires pour optimiser l'entraînement du « foot core ».